Je n'ai pas étudié les mécanismes de la société de consommation d'un manière aussi approfondie que toi, mais la description que tu en fais explique me semble-t-il le déclin de la "gauche" politique. A son origine, le mouvement socialiste s'enracinait dans les vrais besoins du peuple. Il s'agissait de sortir de l'exploitation par une minorité dominante pour seulement vivre décemment. Ce mouvement était capable de fédérer, la cohésion des membres était bénéfique à leur entreprise. L'enjeu est différent aujourd'hui : le niveau de vie est globalement correct pour le plus grand nombre dans les sociétés industrialisées et chacun vit dans le mirage de sa réussite individuelle. On nous assure aussi que nous traversons (continuellement ?) une crise économique et que le seul moyen de nous en sortir est la croissance. Le fossé continue de se creuser entre les riches et les pauvres, ça n'a pas changé, mais ce qui rapproche les riches et les pauvres, c'est l'illusion commune que le bonheur dépend de la croissance. Le souci des "pauvres" (des sociétés riches, j'insiste) n'est plus de survivre, mais d'avoir le sentiment de perdre au jeu face aux riches. Les pauvres ne réclament plus aux riches un partage plus équitable des richesses, ils déplorent de perdre à un jeu dont ils ne remettent pas les règles en question. Dès lors, quel pourrait être le sens des combats socialistes ? Que pourraient revendiquer les ouvriers qui se rendent à leur travail en Audi, BMW et autres Mercedes (j'exagère à peine à dessein) ? La quête du travailleur des pays riches est actuellement très proche de celle des grands patrons. Et celui qui se plaint du système actuel refuse le plus souvent de reconnaître qu'il en est complice. Je me distancie sur ce point de ta conviction que nous sommes "manipulés" à notre insu.