Eddy avait une bonne équipe, comme l'explique Claude, juste ici. Par contre, non, pas du tout à la manière de Froome. En haute montagne, Merckx n'était jamais entouré comme Froome dans les grands cols et certainement pas dans la dernière grimpette : la plupart du temps, il était seul. Seul devant comme en 69 et 70 ; seul à essayer de limiter les dégâts dans ses TdF suivants. À l'époque, si un de ses équipiers avait été en mesure de remporter un grand tour, il serait parti dans une autre équipe. Les cyclistes ne gagnaient pas lourd, sauf les grands leaders qui s'en sortaient bien. Claude fait une comparaison intéressante, parce qu'il est très difficile de comparer les époques. Pour en revenir à Sagan lui-même, je suis admiratif. Quel talent, quel panache ! Une évidence, c'est que si tous ses meilleurs adversaires jouaient les premiers rôles aussi souvent que lui (autrement dit, étaient aussi généreux que lui dans l'effort tout au long de la saison), Sagan remporterait plus de courses. Sagan, il a la soif de gagner, la rage de vaincre, du panache. Cette comparaison-là, on peut la faire avec Merckx sans hésiter. La plupart des meilleurs aujourd'hui, ils ont surtout la soif de fric. C'est financièrement plus intéressant de rouler pour ne pas perdre un accessit que pour tenter de gagner une épreuve. Financièrement plus intéressant de mettre ses ambitions sportives sous l'éteignoir et de rester, bien payé, au service d'un champion. C'est ça qui a changé. Et c'est ce qui fait que Sagan suscite l'admiration : des coureurs comme lui, c'est devenu rare.