Franck PASTOR

Y a pire dans la vie, c'est sûr! Mais tourner les jambes à une vitesse aussi faible sur son braquet minimal, c'est d'une part se limiter dans sa marge de manœuvre, et d'autre part risquer de transformer l'escalade en galère, ou pire s'exposer à des problèmes musculaire et tendineux. Est-ce que ça en vaut vraiment la peine? Mais bon, moi j'ai déjà donné mon point de vue, à Emmanuelle de se forger le sien maintenant.

Ce n'est pas tant la force que la puissance qu'il faut travailler, et spécialement pour la montagne. Et puissance = force * vélocité. Il faut donc idéalement travailler ces deux aspects. En montagne également. Travailler la force pour pouvoir s'adapter à de braquets trop grands au départ, c'est mettre la charrue avant les bœufs, et s'exposer en plus à des problèmes musculaires et tendineux. Les braquets doivent s'adapter au cycliste, et non l'inverse. On commence donc idéalement avec les braquets aussi petits qu'il est nécessaire, et ensuite et au fur et à mesure des progrès on peut augmenter son braquet minimal. En réduisant sa cassette, ou éventuellement en se passant d'un plateau.

À tout hasard je rappelle mon petit calcul d'en haut : Emmanuelle grimpant le Ventoux à 7 km/h de moyenne, même avec un 34/32, elle ne tournera les jambes à 50 tours/minutes environ. C'est beaucoup trop forcer sur les pédales. Alors, avec un 34/29…

L'esthétique, c'est très relatif!

Je confirme, c'est facile de changer de plateau, si on a le bon outillage (correspondant à la marque). Il ne faut juste pas avoir à le faire trop souvent…

Par-contre un triple avec un 54, là je n'en vois pas l'utilité. Une personne qui arrive à "tirer" un 54 n'a pas besoin d'un 34 quand ça monte. À nuancer. L'usage de plateaux de 36, voire de 34, semble se répandre parmi les cyclosportifs de bon niveau. Et même chez les pros pour des pentes exceptionnelles comme celles de l'Angliru ou du Zoncolan. On voit alors certains d'entre eux monter des pédaliers de 52-34, pour ne pas trop perdre en grand braquet. J'ai même vu sur ce forum un participant envisager un 52-33. Tout ça nous donne des écarts de 18 dents, voire 19 dents!!!! Dans ces conditions-là, envisager un plateau intermédiaire est tout sauf absurde. Ce qui leur permettrait même d'augmenter leurs grands braquets, avec un triple genre 54-46-34. Je t'accorde cependant que si on a un compact équilibré du genre 46-34 et que si on n'est pas un cycliste de haut niveau, ajouter un grand plateau de 54 n'est certainement pas indispensable. Mais ça peut être utile, même pour ceux qui n'arrivent pas à tirer un 54 sur le plat en conditions normales. J'en fais d'ailleurs partie. Tu oublies les descentes. Moi qui ait un triple avec 46 comme grand plateau, il m'arrive dans certaines descentes rapides, comme celles du col du Coq et du col Porte près de Grenoble, de regretter de n'avoir pas plus grand que 46/11. C'est dire! Au point que j'envisage de monter un 48 pour cet été (le dérailleur avant ne permettra pas plus grand comme écart avec le 36 dents du milieu).

C'est peut-être de leur responsabilité personnelle, mais la nature humaine est ainsi faite que la très grande majorité ne rouleront pas à l'eau claire pour gagner. Il y a trop d'enjeu, et il suffit de quelques-uns qui se dopent pour que l'engrenage commence. Une fois que ces quelques dopés se mettent à gagner, les autres n'ont pas le choix, ils doivent se doper aussi pour avoir une chance de gagner à leur tour, et ainsi de suite, jusqu'à ce que quasi tout le monde doivent se doper seulement pour pouvoir suivre ! C'est comme ça que l'usage de l'EPO s'était généralisé, par exemple.

Comment peux-tu te payer le luxe de «mesurer tes efforts» alors qu'il faut que tu gagnes, et à tout prix? En effet, ce n'est pas la distance qui pousse au dopage. C'est la logique du sport de compétition (exacerbée par le professionnalisme et les enjeux en général). C'est elle qui pousse le sportif à dépasser ses capacités naturelles pour pouvoir vaincre d'autres sportifs.

Mine de rien, ça rejoint la "philosophie" du triple plateau que je préconise : pour avoir un triple bien conçu, c'est le grand plateau qu'on doit ajouter, pas le petit. Ton amie a préféré ne pas ajouter ce grand plateau, mais pour d'autres qui par exemple aiment tirer des "bouts droits" ou simplement pédaler dans les descentes, on pourrait concevoir des triples du genre 54-46-34. Je ne vois malheureusement que Spécialités TA, et peut-être Stronglight, pour permettre de concevoir de tels triples. C'est dommage, à mon avis ça aurait une clientèle.

Oui, c'est incontestablement mieux, mais à condition de passer avec le 36/28 en montagne, où Emmanuelle envisage d'aller cet été semble-t-il. Or elle nous dit qu'elle monte le Ventoux avec un 32/25 (équivalent au 36/28), mais à 7 km/h, ce qui implique qu'elle force beaucoup (43 tours/minutes en moyenne). Idéalement, il lui faudrait donc beaucoup plus petit qu'un 36/28 ou 32/25, je pense. Sachant que même avec le 34/32 de Sram, pour aller à 7 km/h elle devrait tourner à 52 tours/minutes, je ne vois pas comment raisonnablement éviter le triple (ou le super-compact) dans son cas, si elle veut bien grimper en montagne. Avec un petit plateau allant au dessous de 30 dents, de préférence. Maintenant que j'ai fait les calculs des cadences ci-dessous, même un 32 dents me paraît trop gros dans son cas.

Sauf que pour quelqu'un qui passe quasiment tout son temps cycliste sur le 42 dents de son triple 52-42-32 actuel, un compact 50-34 va l'obliger à faire une navette constante entre le 50 et le 34. Et lorsqu'il y a un tel écart(16 dents) entre les deux plateaux, ce n'est pas un détail à négliger. À moins de croiser la chaîne exagérément, ce que cette dernière n'apprécie jamais et ce qui diminue toujours le rendement. Donc, à ce niveau de pratique, le choix raisonnable me semble le triple. En dehors même du fait que je suis un partisan farouche des trois plateaux au pédalier en général, comme ça commence à se savoir sur ce site ! 😉 Ou alors, un ultra-compact genre 44-32 serait également raisonnable, mais il faudrait alors des plateaux personnalisés et il faudrait aussi vérifier que ça fonctionne au niveau du dérailleur avant. Et puis on pourrait regretter l'absence d'un plus grand plateau dans les descentes de montagne.

Salut Jean ! Pour ma part, un triple du genre 50-38-24 ne me conviendrait pas du tout car je ne supporte pas les grands écarts de dentures entre les plateaux. J'ai longtemps roulé avec un triple 48-38-24 et je n'ai jamais vraiment pu m'habituer au «gouffre" que représentait pour moi l'écart de 14 dents entre le 38 et le 24. Lorsque que le terrain était régulier (ascensions relativement longues), ça allait, mais c'était limite intolérable lorsque la pente du terrain variait sans cesse. Comme dans le sud de Bruxelles, par exemple (Forest, Uccle, la vallée de l'Ijse, Halle, Braine-le-Château, Ittre…): les côtes sont très courtes par rapport aux Ardennes, mais elles sont nombreuses et souvent abruptes, ce qui me contraignait à passer souvent du 38 au 24 et vice versa, et à pédaler dans le vide ou dans le dur pendant ce laps de temps. J'ai fini par en avoir assez et je suis d'abord passé au 48-38-28, et comme je trouvais le 28 trop "grand", aujourd'hui j'ai le 46-36-26. Un compromis à la belge, en somme!

À quoi tu penses précisément, quand tu dis qu'il est «un peu faux-cul»?

Il existe les pédaliers triple de VTT pour cela. Ou les pédaliers genre TA, tel le Carmina que j'utilise. Mais ce n'est pas si simple que ça. Ce genre de pédaliers n'est pas automatiquement compatible avec les dérailleurs avant route tels qu'ils sont proposés actuellement. J'ai pu voir que mon dérailleur avant Shimano Tiagra prévu pour dentures 52-42-30 avait du mal avec mon 46-36-26 actuel. Ça passe, mais les vis de réglages sont à leurs extrêmes… Et d'un autre côté (mais ça je ne l'ai pas vérifié moi-même) les dérailleurs avant VTT seraient incompatibles avec les manettes route, dixit mon vélociste. Si Shimano standardise ce genre de pédalier sur route, on sera assuré a priori qu'il n'y aura plus ce genre de problème. "SS and GS" signifie "petite et grande chape" donc une version pour double et une pour triple. Ça pourrait aussi signifier deux dérailleurs pour compact double, non? L'un pour les dentures normales, l'autre pour les grande dentures. Mais je ne souhaite que de me tromper, là.

OK. Par contre ils ne disent pas si ça concerne les dérailleurs arrières triples, dommage. Tiens, en surfant sur ce site, j'ai vu que je n'étais pas le seul à souhaiter des braquets standards encore plus petits de la part de Shimano : http://www.bikeradar.com/gear/category/components/product/review-shimano-tiagra-10-speed-transmission-12-45513 Shimano’s triples are a puzzle though. They provide a 30x30 low gear, which is only a fraction lower than SRAM Apex’s 34x32. For the extra complication, it’d be nice to get a really low bottom gear for very steep hills, carrying loads or when you’re simply knackered at the end of a ride. Shimano could provide that with, say, a 24-tooth inner ring and balance the range with a 38-tooth middle.

Où peut-on avoir plus de détails?

Cinq heures de sortie aujourd'hui dans le sud de Bruxelles. Quatre heures de vélo et au milieu une heure de pause café à Alsemberg chez des amis. C'est pendant cette pause que la pluie s'est mise à tomber, pour ne s'arrêter qu'à la fin de la sortie. La haine! Le but de la sortie était de grimper quelques casse-pattes du sud de Bruxelles, la partie la plus vallonnée de la région. Dans l'ordre, le Kattenberg à Boitsfort, le mur d'Alsemberg à… Alsemberg, le Bruine Put à Dworp, la Stationstraat à Linkebeek, la rue Gatti de Gamond à Uccle, la rue du Mystère à Forest et quelques autres côtes sans nom précis. Bonnes sensations dans toutes ces côte, température douce, peu de vent, mais voilà il fallait qu'il y ait toute cette flotte. Comme de juste en Belgique, les routes et pistes cyclables se sont instantanément recouvertes de boue et de sable dès les premières goutes de pluie, et le vélo s'est mis à grincer de partout au bout d'une demi-heure à ce régime. Ne vous étonnez plus que les Belges soient si bons en cyclo-cross: ils sont obligés d'en faire même sur leurs routes! Et j'ai maintenant mon spad à nettoyer de fond en comble, comme après chaque sortie depuis début janvier, exception faite mercredi dernier. Et dire qu'alors je croyais que des jours plus secs s'annonçaient…

75 € le pédalier complet??? Comment tu as fait?

Ça peut être l'une ou l'autre. Par exemple, ta selle est trop haute ou ton pied n'est pas assez avancé sur la pédale. Dans ces deux cas, ça peut faire travailler les mollets exagérément. Ça peut être également une hydratation insuffisante. Ou une alimentation carencée en magnésium ou sodium. Je conseillerais donc pour commencer de regarder au niveau de ton alimentation et ton hydratation, notamment sur le vélo. Pendant la sortie il faut boire idéalement une bouche pleine toutes les cinq à dix minutes, selon la température et l'intensité d'effort. Certaines boissons énergétiques du commerce sont conçues pour éviter les carences pouvant provoquer les crampes. Et si ça ne résout toujours pas le problème, fais examiner ta position sur le vélo par un spécialiste.

Autre idée : tout bêtement augmenter les dentures des plateaux du triple, le petit et le moyen dans ton cas. Par exemple un triple 52-42-34. Les plateaux adaptables sont faits pour ça et ça fonctionne en général nickel. Pas de trou prononcé entre les plateaux, contrairement à l'écart entre le 50 ou 48 et le 34 du compact. Le 42 tu l'utiliserais sur le plat et dans les ascensions et descentes pas trop prononcées, le 52 et le 34 dans les autres cas. Vérifier que l'entre-axe du petit plateau est standard (74), dans ce cas. Dans le dernier modèle Ultegra, Shimano a eu la "riche" idée de choisir un entre-axe non standard pour son petit plateau de triple…

Tu roules avec ce que tu veux, tu as tes arguments, mais toi au moins tu ne traites pas ceux qui font autrement de fillettes prépubères (variantes : ringard, asthmatique, moulin à vent…) et tu n'affirmes pas des contre-vérités grosses comme le poing comme celles de Sram. Ça fait une sacrée différence…

Typique que tu réagisses au point de vue de Thierry et du mien, et pas à celui de David qui parlait de «braquets de fillettes prépubères». Ce point de vue-là me paraît pourtant un peu plus sujet à remontrances que le nôtre. Personne n'apprécie d'être méprisé, y compris (surtout) pour une raison aussi peu capitale que de rouler en triple. Je suis étonné que cela t'étonne. La faute est-elle du côté du méprisé ou du méprisant? Quant à la partie «justification puérile», je te ferai remarquer que Sram s'en rend coupable le premier dans sa pub. Quand on répond à une justification d'un point de vue par la justification d'un autre, ça s'appelle un débat. Il me semble qu'un forum est la place adéquate pour cela. Il me semble aussi me rappeler qu'un certain Laurent ne laisse pas sa place aux chiens, par exemple quand il s'agit de débats pneus/boyaux…

Si mes infos sont justes, les « non-grimpeurs » avaient les mêmes braquets que les autres dans le Zoncolan. Simplement, ils les tournaient moins vite… Les braquets sont très standardisés dans le peloton.

Ben comme ils n'étaient pas fous, ils ne grimpaient tout simplement pas, nos aïeux, avec leurs trois vitesses. Sauf les super-cracks de l'époque. Et alors ils tiraient des braquets bien plus gros qu'aujourd'hui. Entre deux-guerres, Bartali et Vietto grimpaient les Alpes avec genre 47/22 comme plus petit braquet. Quel coureur pro d'aujourd'hui accepterait de faire une étape de montagne avec un braquet pareil? Ça ne les empêche d'aller nettement plus vite. Quant aux "braquets de fillettes prépubères", je te laisse la responsabilité de cette profonde pensée, et je continuerai à laisser sur place dans le Koppenberg, avec mon 26/32, certains cyclistes, des vrais, des tatoués avec les 39/23 et 34/25 dignes des vrais hommes.

Non, le "moteur" d'un triple a la même puissance qu'un double puisque les grands braquets peuvent être les mêmes. Et on peut s'arranger pour que les petits braquets soient quasiment les mêmes aussi : par exemple, avec une cassette 11-21, un 32/21 équivaut un 39/25, et la cassette est bien plus resserrée. Par contre, on va dire que le "moteur d'un triple" est un poil plus lourd et surtout que le poste de pilotage est forcément plus compliqué: le compétiteur doit jongler avec 3 plateaux au lieu de 2, pas évident en pleine lutte pour la victoire, surtout si on n'est pas habitué alors que le troisième plateau a été rajouté récemment.