Mais attention, Jay Vine et Oliveira faisaient partie de l'échappée matinale et donc à ce moment de la course, ils étaient déjà bien fatigués. Cela ne remet donc pas à mal la théorie du complot d'équipe de marque. De plus, l'écart avec le peloton quand Pogacar a rejoint Sivakov (échappé un peu avant, contrairement aux échappés matinaux) n'était pas très grand (moins de 40 s). Donc dire que derrière, ils croyaient que le jeu était fait, y compris pour l'équipe de France, ne tient pas non plus la route. Si, dans l'équipe de France, le leader désigné, après l'abandon de Alaphilippe, était Romain Bardet, alors Sivakov devait, dès qu'il avait été rejoint par le grand favori de l'épreuve, se mettre au service de son équipe. Ce qui veut dire, couper son effort et attendre. C'est bien comme ça que cela se passe normalement, comme on l'a encore vu à la Vuelta, quand Landa a été en difficulté et que l'un de ses équipiers qui se trouvait dans l'échappée (je ne me souviens plus de son nom) s'est presque arrêté pour attendre son leader. Et rouler avec Pogacar pour avoir de bonnes relations à long terme ne tient pas non plus, puisqu'ils sont déjà dans la même équipe de marque.
Si je ne suis pas vraiment partisan de courses par équipes nationales (je comprends qu'en France, on le soit davantage qu'en Belgique, le sentiment national y étant plus fort - un exemple est Didier), c'est que c'est devenu anachronique et que cela crée souvent des situations dans lesquelles les équipiers de marque ne sont pas vraiment neutres (un exemple parmi d'autres est les JO de Tokyo lorsque Pogacar a arrêté tout relai derrière Carapaz, parce que celui-ci était accompagné d'un de ses équipiers de marque, alors qu'avant, il neutralisait toute attaque). Il y a longtemps que le Tour de France ne se dispute plus, avec raison, par équipes nationales. En outre, des petites nations comme le Luxembourg, n'ont pratiquement jamais eu aucune chance d'avoir un champion du monde, lorsque ces petites nations possédaient un ou deux très bons coureurs. Ce fut le cas des frères Schleck, lorsque ces derniers faisaient des podiums sur le Tour de France et remportaient des grandes classiques comme Liège-Bastogne-Liège et l'Amstel. Aucune formule n'est certes idéale, mais l'actuelle est loin d'être la meilleure.