Nicolas JOARY

N'oublions pas non plus que de nombreux participants sortaient à moitié si pas complètement crames d'un TdF très animé.

Je trouve les médias étrangement calmes à ce sujet, en Belgique. C'est un effet de notre scepticisme habituel et de notre tendance à l'autoderision, peut-être... Et puis, dès que quelqu'un hasarde une comparaison avec Merckx, ne serait-ce que pour la manière, la plupart des gens haussent les épaules. Et moi aussi. Un nouveau phénomène de son acabit n'est pas impossible à imaginer, question talent, mais question palmarès, c'est autre chose. Les temps ont changé.

Quintana prenant de plus en plus d'avance, il me semble qu'inevitablement on aurait "mis en route" derrière. Que Movistar ait été la première équipe à s'en charger, ça faisait moche, en effet. On peut toujours penser qu'ils préféraient jouer la carte Landa... et que ça n'a pas payé.

Belle interview, de T.Pinot dans l'équipe de ce jour, où il affirme que la seule façon d'effacer cette tragédie personnelle sera de gagner le TDF et il sera là, l'an prochain et les saisons suivantes pour cela, il a compris que seule, la victoire sur le Tour le ferait entrer dans le gotha du cyclisme, et qu'à l'amorce de sa fin de carrière, il se concentrera essentiellement là-dessus. Oui, pourquoi pas ? Zoetemelk, par exemple, avait fini par en gagner meritoirement un après plusieurs tentatives et une série de 2e places. La différence est que le Hollandais était régulièrement battu par plus fort que lui, alors que Pinot doit avant tout se vaincre lui-même. Il revient aussi longuement sur sa blessure, et le fait qu'au soir de Valloire, il savait déjà que c'était plié pour lui, mais à l'arrache et sur une seule jambe, il avait quand même réussi à tenir les cadors, sauf Bernal... J'espère quand même qu'il n'a pas dit ça comme ça...

Moi, j'ai vu des coureurs qui se tenaient de très près. La preuve avec les écarts finaux entre les mieux classés. J'ai eu l'impression que bien souvent, en fin d'etape, tout le monde était à bloc. Le meilleur un jour n'était pas nécessairement le meilleur le lendemain. Sur trois semaines, il faut gérer la fatigue, la tactique, les faits de course... etc. Au final, c'est Ineos qui a le mieux géré. Sans gagner d'étape. Dommage pour le spectacle mais, heureusement, d'autres se sont chargés de le faire, ce qui fait qu'on a vu un beau TdF.

C'est fou qu'on ne peut pas parler de Pinot sans extrapoler avec des "si" et des "sans". Ce n'est pas interdit, évidemment, mais ce n'est pas une argumentation correcte quand elle est opposée à des faits avérés. Avec des suppositions tout est permis. Moi, je rapporte juste des faits : celui qui était devant les Ineos et les a empêchés de verrouiller le CG comme à leur habitude, c'est Alaphilippe. Pas les autres. Avec vos "si" et vos "sans", Pinot aurait déjà gagné trois TDF. Si pas plus.

Je suis en train de me demander, s'il n'y avait pas eu Pinot et Alaphilippe si le Tour n'aurait pas été autant insipide comme les autres... Ca fait un bout de temps que Bernal et Thomas étaient second et troisième au général... Tu prends le point de vue français en citant les deux coureurs. Le seul des deux qui a empêché Ineos de faire main basse sur le maillot jaune et de verrouiller la course très tôt, c'est Alaphilippe. Moi qui ne suis pas Français, j'ai trouvé le suspense au CG dans la performance d'Alaphilippe. C'est lui qui a retardé l'échéance. Par contre on a eu quelques belles étapes, à l'issue très indécise, grâce à un tas de concurrents audacieux.

Sans la bordure, sans la blessure, sans ceci, avec cela... On peut spéculer à l'envi sur tout cela, moi je ne le fais pas. J'ai dit que sur ce Tour Pinot s'était montré le meilleur un jour, sans conteste, comme Alaphilippe l'a fait plusieurs jours. Alors, sans les Alpes, Alaphilippe gagnait. Et sans seci, et sans cela... Le tour dure trois semaines et être le meilleur un jour ou deux peut suffire quand on en profite pour prendre assez d'avance pour résister aux adversaires le reste de la course. Pinot n'a donc jamais été en mesure - autrement qu'avec des "si" - de remporter ce Tour. Il n'a pas pris le maillot jaune, même virtuellement. Et le jour où il s'est montré le meilleur, il s'en est juste un peu rapproché. Les bordures, ça fait partie de la course. Ce n'est pas un incident, c'est du cyclisme pur jus.

On ne peut pas parler de mérite sans évoquer le boulot ingrat mais si précieux de certains équipiers...

Ça n'a pas de sens. Le tour dure 3 semaines. Pour le gagner, il ne suffit pas d'être le meilleur un jour si c'est pour le payer ensuite. Ton raisonnement consiste à extrapoler la vérité d'un jour (Pinot le meilleur) pour en faire une vérité sur trois semaines. Si Alaphilippe avait abandonné au moment où il était encore le meilleur, on pouvait extrapoler de la même manière. À aucun moment Pinot n'a été en mesure de gagner ce Tour. Il a juste été le meilleur un jour.

C'est pour cela que ça ne s'appelle pas meilleur grimpeur mais GP de la montagne.

Le vrai meilleur grimpeur, il est bien souvent en jaune à Paris. C'est pour ça qu'on parle de GP de la montagne. Le système reste contestable, mais ce n'est pas plus mal de voir plusieurs coureurs sur le podium qu'un seul endosser plusieurs maillots. Il me semble qu'il n'était même pas nécessaire que Bernal aille rechercher Nibali. Il finissait deuxième de l'étape et Bardet pouvait oublier les pois. Le seul objectif chez Ineos comme chez Sky auparavant, c'est le jaune à Paris. Le reste ne compte pas. Je suis persuadé que s'ils avaient eu en tête un brin de panache, ils auraient fait en sorte de remporter l'étape d'hier. D'un autre côté, en ne se montrant pas trop gourmands, ils ménagent les équipes adverses. Mieux vaut ne pas se faire trop d'ennemis. Cela dit, Bardet avec les pois, considérant le Tour médiocre dont il nous a gratifiés - tout étant relatif -, ça fait un peu hold-up. Wellens, qui s'est battu tous les jours avec ses moyens, est bien plus méritant. Mais les succès ne se font pas qu'au mérite, sinon Alaphilippe gagne haut la main. Cruel pour le meilleur acteur de ce tour à suspense de n'avoir pas droit au podium final. Je présume qu'il sera designe super combatif, petite consolation. A moins qu'il joue un vilain tour aux sprinters ce soir, évidemment !

Oui, d'accord avec toi. Sans le panache d'Alaphilippe, les Ineos prenaient le pouvoir dès le CLM ou les Pyrénées. Le suspense aurait été bien moindre pour le CG. Restait quelques belles victoires d'étape : Teuns, Pinot, Nibali, Yates, Quintana, Degendt...

Paradoxe, Bardet décevant fait un podium.

Les contrats, on les négocie, on les signe, on les prolonge en les renegociant, on les casse... Le Tour 2020 est encore loin.

Rowe disait de Bernal qu'il n'a peur de rien, et sûrement pas des étapes de plaine et des bordures. En outre, avec autant de haute montagne et si peu de CLM, le tour 2019 etait dans ses cordes. Le Cannibale disait que le Colombien pouvait déjà gagner cette année si son DS lui laissait le champ libre. Dommage qu'il n'ait pas eu droit à une arrivée triomphale hier. Il l'aurait méritée. Pour l'étape finale, c'est vrai que c'est pour un sprinter. Alaphilippe n'a-t-il pas un team taillé pour cela ? Une cassure n'est pas impossible, mais de là à refaire une minute sur les Ineos, jusqu'à présent très vigilants sur la chose, je pense que c'est difficile de l'espérer. L'étape rabotée d'aujourd'hui, avec presque une montée sèche pourrait être plus riche en surprises que l'étape de dimanche.

L'arrêt de l'étape a fait au moins l'affaire d'un coureur : Romain Bardet. Il aurait pu n'être que très provisoirement possesseur du maillot à pois, mais là, ça pourrait bien le faire...

Quel courage, Alaphilippe. C'est lui qui rend ce Tour grandiose.

Bernal sur son terrain.

Exactement. Si on se base sur ce qu'on a vu jusqu'à présent, Alaphilippe vend chèrement sa peau et presque aucun de ses rivaux ne s'est montré capable de lui prendre plus que ça en haut d'un grand col. Presque aucun, sauf Pinot une seule fois et Bernal une seule fois également. Le Colombien est assez proche pour espérer refaire son retard. Pinot, je n'y crois pas. Les deux prochains jours promettent !

Je remarque que chaque jour qui passe rapproche Alaphilippe de la victoire, mais que presque tout le monde se dit que non, il va craquer. C'est fort possible, mais le fait qu'on ne le voie toujours pas en favori l'arrange bien. Chapeau, en tout cas, car son équipe n'était pas constituee dans cette optique. Les deux Colombiens finissent très fort. Quintana était très bon aujourd'hui. Movistar se fiche de lui et c'est un tort, même si on peut les comprendre. Belle revanche pour lui quand même.

Deux journées à venir très dangereuses pour Alaphilippe, mais il garde une minute trente. Le plus dangereux, c'est Bernal.

Quintana souvent meilleur en troisième semaine. Pas aidé par son équipe aujourd'hui. Sans ça, il finit dans le top 5.

Alaphilippe, exceptionnel !

On dirait que les positions vont encore se resserrer ! Bon pour le suspense, non ?