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Paris-Roubaix 1976


Imanol ALCANTARA

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Le cyclisme a t-il vocation à être moderne?

Il l'a toujours été en ce sens qu'en 1976 le vélo, les vélos, étaient à la pointe de la modernité.

Comme le vélo et les vélos actuels sont à la pointe de la modernité - actuelle. Et comme tels ils sont déjà symboles du passé pour le futur qui commence dès l'instant présent.

Mais il y a modernisme et modernisme et celui de 1976 n'était pas le même que celui de 2018.

Le cyclisme moderne de 1976 c'était un cyclisme encore amateur dans le sens amoureux du terme, même en professionnel.

Les intérêts financiers des équipes et sponsors étaient là, mais on peut penser que les intérêts d'une marque de fromage ou de guidoline étaient autres que ceux d'un établissement de crédit ou d'une banque.

De même qu'étaient déjà là les ego sur dimensionnés de quelques coureurs, mais comme la médiatisation, sans internet, sans les réseaux sociaux, sans l'importance des intérêts financiers précités était très différente et beaucoup moins globale ou mondialisée, moins d'efforts étaient faits par ces egocentrés pour sortir du lot.

Le cyclisme de 1976 était un reflet de cette époque comme celui de 2018 est un reflet de la sienne. Pour le meilleur et pour le pire .

Le meilleur de 1976 on le connait, c'est une vie en France sous le  signe de la liberté en général, d'action, de pensée (plus importante) d'inaction, de contestation et sous le signe d'une certaine solidarité et fraternité.

Le meilleur en 1976 en cyclisme on le connait aussi, ce sont de magnifiques coureurs, certains commençant à tirer leur révérence, Merckx, d'autres commençant à pointer leur nez, Hinault.

Ce sont des vélos magnifiques (subjectif) faits pour durer et capables de le faire, permettant à des coureurs comme Merckx, De Vlaeminck, Maertens etc. de marquer à jamais l'histoire de ce sport et la mémoire de milliers de jeunes qui viendront au cyclisme grâce à eux.

2018 c'est plutôt une France où la coopération a laissé la place à la compétition, placée sous le signe de la non liberté en général, d'action, de pensée (plus importante) de contestation et sous le signe de la haine de l'autre.

2018 en cyclisme ce sont des coureurs qui courent au millimètre, à la seconde pour préserver une place de vingtième pour glaner quelques points virtuels sensés satisfaire des employeurs et des sponsors timorés.

2018 ce sont des vélos qui n'en sont plus ou parodies de ce qu'ils furent, épures en plastique d'objets ultra pointus sensés plus satisfaire l'amateur en quête de signe extérieur de richesse que le cycliste proprement dit. Ce sont des vélos kleenex qu'on change comme on change de chemise quand changent les saisons et qui ne durent pas plus qu'elles, se brisant au moindre trottoir sauté ou nid de poule non évité.

Mais tout cela, le meilleur et le pire, est là car nous l'avons voulu.

Ou laissé faire, mais laissé faire est vouloir que ça se passe en fin de compte.

Comme certains ici parlent de 1976 avec entrain, nostalgie ou regret (ce sont de beaux sentiments n'en déplaise à certains qui n'ont pas la beauté d'âme pour s'en rendre compte), je ne sais pas si en 2058 les amateurs de cyclisme et les gens en général parleront de 2018 comme certains le faisons ici de 1976.

 

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Mon propos n'était pas de dire si le cyclisme était moderne en lui-même. Je voulais juste dire que la "société cycliste" de 1976 était très rurale, qu'on y évoluait sur des schémas datant de la première moitié du 20 ème siècle et tout cela était très en retard sur son époque. Et je ne parle pas vraiment du matériel ou des coureurs, mais plutôt de la micro-société qui était attirée par le vélo, des codes qui étaient en vigueur et des lieux ou ça se déroulait.

A l'époque, les plus modernes, c'étaient les coureurs, parce que c'étaient des jeunes. Mais autour, ça n'avait pas bougé depuis des lustres. Ce n'est plus vrai aujourd'hui, évidemment.

Aujourd'hui, les nostalgiques se plaignent qu'il n'y a plus personne dans les villages pour regarder les courses cyclistes. C'est juste parce que cette forme de société n'existe plus.

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J'ai utilisé 44 vélos depuis que j'ai pris ma première licence entre mes vélos perso et mes vélos de service, auxquels j'ajoute 2 VTT, un vélo de cyclo-cross, plus les dizaines et les dizaines de vélos avec lesquels j'ai roulé dans le cadre de mon travail. Je ne dois pas être loin des 800 000 bornes.

Eh bien je n'en ai cassé qu'un seul, sous la puissance de mes coups de pédale (😃) et c'était un acier Columbus.

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une photo sur miroir du cyclisme (ou ailleurs) m'avait frappée: on montrait le jeune (alors) bernard Thevenet, en compagnie de ses parents, devant leur ferme. des habits de vieux de l'epoque (beret et vieux pull pour le papa, blouse et foulard sur la tete pour la maman, et en prime de la crotte des poules sur les chaussures de jardin de maman. mon dieu, que les vieux etaient habillés moches à l'epoque (nous les jeunes un peu moins quand meme). oui cette forme de societé n'existe plus.

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Bonsoir,

La nostalgie est un sentiment complètement relatif, et même personnel. Pour la ressentir, il faut se retrouver dans une situation ou face à des images qui vous renvoient à du vécu. Si on ne se souvient pas, parce qu'on était trop jeune ou pas encore né, d'avoir vu en direct courir Merckx ou de Vlaeminck, ou plus généralement si on ne se souvient pas de ces années là, ce genre de film peut générer de l'intérêt, de la curiosité, et même de l'émotion si les images ou les histoires s'y prêtent, mais en aucun cas de la nostalgie.

A part cela, il est tout à fait vrai que les équipiers étaient littéralement des smicards, que les leaders se retrouvaient tout le temps esseulés en fin de course (c'était encore plus vrai en montagne), que les cadres en acier se tordaient de rire tellement ils étaient mous (j'ai encore le mien), et qu'Henni Kuiper courrait souvent comme un raton...

 

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C'est un des aspects je pense ou une conséquence de la société policée dans laquelle nous vivons, policée au sens de "tout doit être impeccable, rien ne doit dépasser, pas même un cheveu" et "policée" au sens de police, réglementations, obligations.

Les professionnels hier cheveux au vent étaient surtout des hommes reconnaissables à leurs signes distinctifs, leurs visages, leurs attitudes.

Je parlais de la beauté du diable de De Vlaeminck ou de l'air d'Elvis de Merckx ou de celui de Depardieu jeune de Maertens, Hinault jeune était aussi très beau. Si on imagine tous ces coureurs cachés par un casque et lunettes auraient-ils marqué autant les imaginations et les mémoires?

Les professionnels standardisés et uniformisés par le casque et les lunettes ont perdu l'humanité qui en faisaient des idoles pour se transformer en robots clones les uns-les-autres.

Tout s'est aseptisé, lavé, désinfecté, c'est propre et lisse comme une morgue d'hôpital alors que hier c'était sale, désordonné comme l'est la vie.

Les coureurs pros sont à l'image de la société dans laquelle ils vivent, ils ne sont pas responsables, le casque leur a été imposé par la crétinerie et les lunettes par l'économie.

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Le cyclisme est historiquement rural, tant le cyclisme professionnel que l'usage de la bicyclette dans les villages pour aller au marché par exemple ou à la poste.

Le cyclisme pro est avant tout européen, Français, Espagnol, Italien, Portugais pour l'essentiel, et ses coureurs venaient des champs pour éviter devoir aller à l'usine.

Les partenaires économiques étaient souvent familiaux ou régionaux, donc nous avions des coureurs ruraux courant pour des marques rurales.

Ca s'est développé mais les grandes pages de l'histoire du cyclisme ont été écrites par des coureurs européens venant des campagnes et courant pour des équipes régionales ou nationales.

C'est pourquoi le cyclisme pro ne suscite plus l'engouement qu'il suscitait hier, car jadis le vélo était populaire, avec des acteurs, des spectateurs, des équipes populaires. Ce n'est pas un hasard si le plus aimé était Poulidor, le paysan parfait.

Toute la France, rurale à l'époque, se retrouvait dans Poupou, les gens des villes aussi, car ils venaient eux aussi des campagnes ou leurs parents avant eux.

Le vélo pro ce n'est pas le tennis, le golf ou la F1, sports de tout temps riches pour gens riches, c'est un sport qui vient de la terre, après tout le vélo y roule dessus.

Vouloir le mondialiser au niveau économique est un dessein mais pas productif je pense, car les spectateurs "bourgeois" n'ont que faire du cyclisme, et les spectateurs populaires ne se retrouvent plus devant des coureurs qui ont tous le même casque, les mêmes lunettes et qui courent pour une place de trentième sur des vélos qui ont perdu tout rapport à la mécanique simple et robuste.

J'ai connu jeune le cyclisme d'hier et je connais adulte celui d'aujourd'hui, se promener autour des coureurs, des bus, des équipes avant un départ est toujours un peu la même chose. J'étais en 1985 devant Hinault comme j'étais l'an passé devant Froome, c'est la même chose.

Des coureurs affutés, muscles saillants et vélos rutilants, sentant la pommade, la sueur et les hormones excitées.

Des vélos bichonés, régler un dérailleur arrière Spidel ou un Shimano électrique est finalement la même chose dans le même but, rien n'a changé fondamentalement à ces niveaux.

Ce qui a changé et qui pour moi précipite ce sport vers sa fin c'est l'entourage financier.

Certains s'égarent en pensant que le vélo c'est la F1 ou le tennis du point de vue des retombées qu'ils en attendent et des business-plans qu'ils échafaudent à ces fins.

Il ne faut pas s'affranchir de l'humain dans le vélo car c'est lui qui est beau et qui compte dans ce sport.

Et électriser les machines, faire disparaitre les coureurs derrière des casques, des lunettes et des combinaisons, les faire pédaler pour des points, les faire monter des cols à fond un kilomètre et se ranger quitte à être dépassé par un papy à vélo, toutes ces petites choses sans importance à première vue, modernes donc forcément bien selon des esprits peu avisés sont celles qui mises bout à bout auront raison de notre sport.

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Je ne peux qu'abonder dans ton sens. J'avais 19 ans lorsque cette course a eu lieu. Et d'admirer Eddy Merckx m'a donné l'envie de faire du vélo, une envie toujours vivante aujourd'hui. De telles images ne peuvent me laisser indifférent.

Est-ce dû au talent du réalisateur ou à ma subjectivité ? Je me suis senti stressé comme si j'allais prendre part à la compétition... 

Une fabuleuse épopée où se mêlent l'envie de gagner des favoris, la terrible incertitude de la course, la fébrilité des journalistes, la joie bon-enfant des spectateurs...

Comme le temps a passé vite !

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Il y a quelques années j'ai côtoyé des groupes de bikers, la plupart avaient des situations professionnelles dites hautes, médecins, ingénieurs etc. pas tout jeunes, pas mal de jeunes retraités, des bourgeois qui s'encanaillaient.

Je suis de ton avis concernant le cyclisme son passé est rural et populaire, son avenir aussi.

Mais comme ce n'est pas le cas son avenir est compromis je pense.

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Biquet - Robic qui alourdissait ses bidons en descente pour compenser la gêne que son faible poids lui occasionnait en descentes après l'avoir avantagé lors des montées.

En parlant de grimpeurs d'exception, le plus grandiose surement d'entre-eux, Federico Bahamontes dit l'aigle de Tolède se verra dimanche dans cette même ville honorer par l'érection d'une statue à son effigie.

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J'avais ouï parler de bidons remplis de plomb à cette fin concernant Robic.

Pour Bahamontes le génial à ne pas confondre avec Bahamonde l'affreux, on me racontait qu'il avait peur des descentes, et prenant tellement d'avance dans les montées et ne voulant pas faire la descente seul il s'arrêtait en haut des cols et attendait les autres.

De conter qu'une fois il s'était mangé un cornet de glace, une autre s'était lavé les pieds dans cette attente des autres.

La télévision espagnole avait il y a peu réalisé un documentaire très beau sur Bahamontes, il est en espagnol mais les images se passent de commentaires:

http://www.rtve.es/alacarta/videos/conexion-vintage/conexion-vintage-federico-martin-bahamontes/4114658/

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L'anecdote de la glace est véridique selon Jean-Paul Ollivier et sa biographie de Bahamontes. C'était au sommet du col de Romeyère, dans le Vercors, pendant le Tour 54.

Pour l'anecdote, mon grand-père maternel, natif du coin, était au bord de la route ce jour-là, quelques kilomètres en contrebas du col (il n'a donc pas vu Bahamontes prendre la glace). Il racontait par la suite avoir été stupéfait par la vitesse à laquelle les coureurs montaient ce col, bien pentu sur ce versant (celui des Écouges, pour ceux qui connaissent).

C'était aussi le coureur favori de mon autre grand-père, pied-noir d'origine espagnole. Lui se plaisait à raconter que l'année où Bahamontes s'était décidé à faire les descentes de col, il avait gagné le Tour de France. 😃

Je verrai avec plaisir le documentaire sur ce grand coureur dès que j'ai un moment. Ça rafraîchira mon castillan, un peu rouillé car plus guère utilisé. 😳

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Oui pour la glace Delgado qui fait l'entrevue de Bahamontes dans ce documentaire lui demande des explications, car quelle est meilleure explication que celle contée par l'intéressé?

Donc Bahamontes explique que dans l'étape et le Tour dont tu parles, arrivé en haut du col de Romeyère il eut un problème mécanique, de dérailleur je crois et qu'il devait attendre la voiture du mécanicien.

C'est alors qu'il vit un camion qui vendait des glaces, alors il en prit une qu'il mit dans son bidon...

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