Je ne dis pas que 1973 c'était la fin de Merckx. Je dis que son ultra domination dans le Tour commence à s'amoindrir en 74. Sur le Tour de cette année-là, que je me rappelle avoir très bien suivi, celui qui m'a dit que Poulidor l'avait lâché dans toutes les étapes de montagne sauf une, c'est Poulidor lui même !!! (fin 2014, nous avions passé tout un week end ensemble, invités par la même personne). Tu t'appuies sur les victoires d'étape pour décréter match nul. Mais tu oublies que dans l'étape d'Aix les Bains, que Merckx gagne effectivement, Aja et Poupou l'avaient largué dans le mont du Chat (tellement dur avec les braquets de l'époque qu'on ne la plus monté dans le Tour avant 2017). Merckx n'est revenu que dans la descente avec Mariano Martinez (le grand-père de Lenny) dans la roue, et à Aix il gagne le sprint des 4. (Quand je lui ai dit que l''adolescent que j'étais avait été navré qu'il se fasse reprendre dans la descente, Poulidor m'a répondu modestement "je n'avais pas beaucoup d'avance..".). Et dans le Ventoux, c'est Aja qui gagne, mais Poupou arrive second détaché devant Merckx. Dans les Pyrénées, dans l'étape du Pla d'Adet que Poulidor gagne, Merckx se fait aussi lâcher par Lopez Carril. Crois-tu que le Merckx d'avant 74 se serait fait lâcher par Poulidor et Lopez Carril ? Je ne crois pas. Le lendemain, en haut du Tourmalet Poulidor arrive encore détaché, de lui, 2ème de l'étape derrière Danguillaume échappé. Enfin, pour finir avec le Tour 74, sur le dernier long CLM il est battu par Pollentier. (Daniel Pautrat qui commentait alors sur TF1 et que j'ai connu plus tard dans ma carrière lorsqu'il était DGA d'Eurosport m'a confié qu'il avait eu du mal à y croire. Avant cela il n'avait été battu que deux fois en CLM sur le Tour, par Altig lors du prologue du Tour 69 et par Gonzales Linares sur un prologue très court lors du Tour 70. Si Poulidor termine loin au CG c'est surtout parce qu'il a un énorme jour sans dans l'étape du Galibier, que gagne Lopez Carril (Poupou m'a dit qu'il ne s'était jamais expliqué ce jour sans).
Pour 75, comme je l'ai écrit, je n'ai pas de mémoire des classiques, ne pouvant les voir à la Tv là où j'habitais. Mais je crois que sur LBL il n'avait repris Thévenet (qui avait une culture des classiques proches de zéro) que près de l'arrivée. Quant au Tour, que j'ai cette année-là aussi très bien suivi, je pense que la lamentable affaire du Puy de Dôme n'est pas la seule responsable de sa défaillance de Pra Loup, qui ressemble quand même aussi à une fringale suite à une étape de folie ou il avait attaqué dès le début (Thévenet lui aussi avait fait une fringale dans le col précédent c'est pour cela qu'il était derrière avant la montée de Pra Loup). Et à Valloire, le Tour était déjà joué. Enfin il faut rappeler que cette année là il avait aussi été battu dans le CLM du prologue (qui se passait en Belgique) par un débutant du nom de Moser, dans le CLM en montée par Van Impe, et que dans le long CLM précédant les Pyrénées il n'avait devancé Thévenet que de 9s, après une première semaine où il n'avait cessé d'attaquer, créant 2 bordures le 1er jour (il y avait des demi-étapes) car il voulait d'une part reprendre le maillot jaune à Moser d'autre part prendre de l'avance sur Thévenet, Van Impe et Zoetemelk qu'il sentait désormais supérieurs à lui en haute montagne, car dans le Dauphiné précédent le Tour, il n'avait fini que 10ème, à 10 minutes de Thévenet, devancé aussi par Van Impe, Zoetemelk, Moser, Poulidor et quelques autres.
C'est peut être cette débauche d'énergie en 1ère semaine qui a aussi contribué à sa défaillance de Pra Loup. Et il ne faut pas oublier qu'avant le coup de poing, il avait été largué dans les 2 précédentes arrivées au sommet, à St Lary par Zoetemelk et Thévenet et au Puy de Dôme par Van Impe et Thévenet , le coup de poing ne lui ayant fait perdre aucun temps sur l'étape qu'il a fini avec Zoetemelk avec qui il avait fait toute la montée.
Pour avoir très bien suivi les 2 Tours 74 et 75 et pour avoir pu échanger longuement avec des personnes qui l'ont disputé ou commenté, ma convictions faite que le Merckx de 74 et après n'était plus au niveau des années précédentes, sur le Tour tout au moins.