Olivier MILLIÈS-LACROIX

Dans cette étape dite Reine, la montagne a accouché de Ben O’Connor, superbe vainqueur. Je n’ai pu voir que les 60 derniers km, i.e à partir de la descente de la Madeleine. Je n’ai donc pas pu voir à l’œuvre le fameux « collectif de la Visma » dans le Glandon et la Madeleine, mais j’ai pu le voir courir à l’envers dans la vallée… L’étape avait beaucoup de dénivelé mais outre la piste cyclable cette montée de Courchevel n’était pas assez dure (5,6 % de moyenne,y compris les 5km de raidard…) pour départager les 2 cadors. Demain l’étape ne sera pas très longue, (129,9 km), avec les Saisies (sauf erreur pas pris par le côté le plus dur), le col du Pré (dur !), et la montée de La Plagne (que je ne connais pas…). Mais le Tour semble bien plié ce soir..

Super cette vidéo! Depuis que j’ai recommencé à suivre le vélo j’ai toujours apprécié l’équipe Trek, équipe cosmopolite (je me rappelle qu’une année sur leGiro il y avait 8 nationalités différentes dans leur équipe…), et qui affiche une image plutôt “cool” (même si Milan s’est parfois énervé sur ce Tour). Et leur équipe féminine n’est pas mal non plus… Je crois que la personnalité de leur patron, Luca Guercilena, y est pour quelque chose…

Je n’aimais déjà pas trop le parcours de cette année, mais en plus il s’avère dangereux. Une route qui se rétrécit, avec des virages, dans les 1500 derniers mètres, c’est déjà un problème, alors sous la pluie…. Lorsque la réalisation à montré le final, on ouvrait fortement craindre la chute et cela n’a hélas pas loupé…. Cela donne un sprint en petit comité et une arrivée faussée, mais surtout le pauvre Girmay, ainsi qu’un coureur de la FDJ avaient l’air bien touchés …Milan a eu lui la chance de passer, mais il mérite sa victoire, et il doit remercier Stuyven qui le remonte très vite alors qu’il était encore mal placé aux 1500/1800 m.

Oui, superbe, ce mano à mano tout au long de l’ascension entre Healy et Paret-Peintre. Un pur grimpeur celui-là, capable de changements de rythme comme on voyait plus beaucoup depuis que les rouleurs-grimpeurs ont pris la main sur les étapes de montagne. Et que dire de Healy, qui pourrait se retrouver dans le top huit, alors qu’il n’a pas vraiment ciblé le classement général sur ce Tour ! Par contre, quelle tristesse de voir celui qui portait aujourd’hui le maillot de «meilleur grimpeur » terminer 126e de l’étape, à peine devant les sprinteurs… Pour finir, je voudrais souligner le courage de Gachignard qui largué et seul à 100 km de l’arrivée ou presque, a réussi à rentrer dans les délais, à peine une minute après l’avant-dernier Démare.

Très belle victoire de Paret Peintre, avec la manière… Spectaculaires les peignées que lui et Healy se sont mis alors qu’ils étaient dans partie au dessus du Chalet où le vent était supposé rendre les attaques difficiles. (Peut être le vent était il moins fort que prévu). Et dans le dernier km, normalement très dur, ils se regardent comme des pistards … Sinon il y a pas mal de coureurs qui ont fait de très belles montées : Mas, Buitrago, Alaphillipe, Muhlberger… Une très belle étape, on en redemande.

Ça va bien, ce discours de Voeckler, mais il me semble que lui comme coureur n’était pas adoré dans le peloton.

Lors de la journée de repos, hier, l’équipe Alpecin Fenix a présenté un maillot hommage à Raymond Poulidor dans le cadre des activités caritatives de la fondation Merci Poupou, au bénéfice de laquelle ce maillot sera vendu, C’est une très jolie initiative, la fondation œuvrant à accompagner les enfants issus de milieux difficiles dans la pratique du sport. Il y a toutefois un léger anachronisme lorsqu’on relie ce maillot au 60ème anniversaire de la victoire de Poupou sur le Ventoux, car il portait alors le célèbre maillot mauve à parements jaunes de l’équipe Mercier, dont l’équipe de son petit fils a porté une réplique dans le Tour 2021. Le maillot présenté hier reprend les couleurs bleu et blanc de l’équipe Mercier lorsque GAN en a été le sponsor, à partir de 1972. Au vu du violet sur les manches on peut même dire qu’il réplique le maillot porté par Poulidor en 1976, lorsqu’il termine troisième à 40 ans de son dernier tour. Personnellement, j’aime beaucoup ce maillot GAN Mercier qui me ramène aux années où j’ai commencé le vélo. Je le porte chaque fois que je participe à l’Eroica, presque chaque année.

S’il y a des rafales trop fortes, n’y a t’il pas un risque de devoir arrêter la course au Chalet Reynard ?

Ok pour ce dernier point… Je n’y avais pas pensé. Si c’est ainsi je préfère, Campanerts est un coureur qui m’a toujours été sympathique.

Justement, du fait de sa supériorité, il pouvait collaborer, les groupes derrière étaient proches. Wellens est un coureur que j’appréciais beaucoup , je me rappelle de ses très belles victoires dans son tour national (qui a eu plusieurs noms). Hier je ne l’ai pas trouvé super élégant au vu de son talent , de son palmarès, et du statut de son équipe. J’ai le droit ?

Simmons a me semble t'il été le plus actif pour tenter de reprendre Wellens lors de son attaque. Il a échoué, et c'est peut être pour cela qu'il rouspète (à mon avis à tort) après la moto. Je ne suis pas le seul à avoir remarqué la passivité de Campenaert derrière Wellens parti. Cela n'a pas échappé à Jalabert, Pasteur et Rousse, et même si ce trio ne forme pas une équipe que j'apprécie, loin de là, il convient de le souligner. Sur l'autre sujet c'est bien Rodrigo Beeskens qui s'est fortement offusqué qu'un de ses compatriotes journalistes ne puisse interviewer Martinez lors de la journée de repos, n'est ce pas ? Quelles questions penses-tu qu'il voulait lui poser ?

Storer et Simmons, puisque tu les cites, ont certainement beaucoup moins ratonné que Wellens avant que ce dernier ne parte. Quant à ces histoires d'amende, (qui incidemment n'intéressent plus les médias belges depuis que Remco est rentré à la maison), leurs tentatives de justification s'appuyaient sur un article du code éthique de l'UCI qui ne détaille en rien les scénarios de course dans lequel il pourrait s'appliquer ou non. Article au demeurant très vague et au regard duquel chacun aura le loisir d'estimer ou non chaque situation.

Je n'ai pas vu qu'il y avait parmi ses compagnons d'échappée un coureur qui menaçait son leader au CG.

Et Campenaert derrière ne roule pas pour aider Wellens, pourtant dans l'équipe dans ce Tour qui est l'adversaire n°1 de la sienne. Ceux qui voulaient une amende pour Martinez dans l'histoire de l'"abri" au Mont Dore, là, ils disent quoi ?

A 3O km de l'arrivée, Wellens qui a ratonné toute la journée est parti pour gagner l'étape. Quand je vois cela je sais pourquoi je préfère les étapes de haute montagne. On n'y voit beaucoup moins ce genre de scénario.

Le Tour d'Evenepoel étant terminé et la date du 1er août approchant, on peut s'attendre à ce que le sujet de son éventuel transfert réapparaisse dans l'actualité. Outre l'aspect purement sportif du sujet, sur lequel chacun aura son avis, ce que je trouve le plus intéressant dans cet éventuel transfert c'est l'éventuelle l'apparition d'un modèle économique qu'on trouve dans le football dans lequel les équipes tire(raient) des bénéfices du transfert de coureurs déjà sous contrat. Y a t'il des précédents ? Le cas de Van Aert où les tribunaux ont été saisi ne me semble pas en être un. On peut se demander quel serait ou sera l'impact d'un tel modèle sur l'économie déjà un peu fragile du cyclisme pro. Il risque pour le moins d'accroitre les écarts qui existent entre les deux ou trois "top teams" et les autres. Votre avis ?

En effet, on ne se mettra pas d’accord. À la Planche des Belles-Filles en 2020 Dumoulin était bien deuxième, mais dans le même temps que Richie Porte qui lui avait fait la montée sur un Émonda (un vélo très loin d’être aéro, j’ai le même). Et sur la seule montée, Porte avait fait le deuxième temps, 22 secondes derrière Pogaçar et 20 secondes plus vite que Van Aert, troisième temps. J’ignore où était Dumoulin sur le seul temps de montée. Ce n’est donc pas cet exemple qui va me convaincre. Sinon, les équipes ont bien des outils de simulation, c’est ce qu’on comprend d’une interview donnée hier par Pogačar en anglais, je ne sais pas si elle est apparue traduite sur France Tv.

Que Ganna ou Tarling aiment rouler sur leurs vélos de CLM c’est une chose mais combien de « cronoscalate » à 10-12 % ont-ils gagné avec eux ? (désolé pour cette italianisme, que je m’autorise parce qu’on parle de Ganna)… Je veux bien croire que s’ils ont les jambes les différences seront faibles et pourront pencher d’un côté ou de l’autre selon les coureurs, mais s’ils ne les ont pas ils prendront plus cher avec un vélo de CLM qu’avec un vélo de route. Avec son vélo de chrono dans la rampe finale Remco était à l’arrêt… Sinon le vélo de route aéro avec prolongateurs était peut être en effet la meilleure solution, peut être n’est-elle plus autorisée. Je me rappelle que sur le Paris Nice de 2017, Contador avait fait le CLM du Mont Brouilly sur un Madone équipé de prolongateurs, il avait fait 2eme, devancé par le seul Alaphilippe.

Oui, mais les triathlètes de haut niveau aiment bien les vélos de CLM car le pédalage avec eux (jambes plus vers l’arrière)est moins antagoniste avec les gestes des 2 autres disciplines que le pédalage sur un vélo de route. Et la montée de l’Alpe n’a pas de passage à plus de 10%. Passé La Garde c’est même rarement plus de 8%. Pogacar II même a dit aujourd’hui en interview d’après course que le choix n’avait pas été évident, leurs calculs montraient que ça se valait, et que du coup il avait choisi le route car plus confortable.

Je ne comprends pas ces choix de vélo de CLM pour affronter des raidards à 12% voire plus. Je pense que Vingegaard, Roglic, Lipowitz et Jorgenson (sans parler de Remco, presque à l’arrêt dans les forts % finaux) auraient fait de meilleurs chronos avec des vélos de route… Et Lipowitz, qui m’a semblé mouliner un peu au départ, était même un peu en retrait au premier intermédiaire, là où le vélo aéro devait théoriquement l’avantager le plus. Pogacar, lui, ne s’est pas trompé dans son choix de matériel.

Le fameux « collectif Visma » dont on nous à rebattu les oreilles ces derniers jours et depuis l’abandon d’Almeida n’était tout simplement pas là. Benoot présent dans l’échappée, à la différence de Wellens n’a servi à rien, et Jorgenson, 4eme du général et Simon Yates, vainqueur du dernier Giro, ont été largués dès la moitié du Soulor sur le relais de leur équipier Sepp Kuss, et alors qu’il devait rester une trentaine de coureurs devant eux, certainement pas tous payés des fortunes comme le sous-entend l’article pour ce qu’il en est des coureurs d’UAE. Avant de rapporter dans un sensationnalisme grandiloquent que « Pogacar et UAE détruisent le cyclisme » l’article pourrait reconnaître qu’aujourd’hui c’est la Visma qui a détruit ses chances en courant à l’envers.

De lui même Merckx a avoué plus tard qu’il en avait rajouté en 70 dans la fatigue en haut du Ventoux —il était allé se réfugier dans l’ambulance, je me rappelle de la retransmission Tv— car il voulait que les journalistes le laissent tranquille. Et ce jour là il avait dû monter avec un braquet de 45x21…

Merckx pouvait mettre 10 min à son second sur une étape comme celle-ci, sans beaucoup d’aide de ses équipiers qui (outre Bruyère et dans une moindre mesure De Schoenmaker) n’étaient pas des cadors en montagne. A côté de cela Pogacar se contente de 2 mn 10 s.

Je vais être plus précis : le service presse de la Bahreïn a dû supposer que le journaliste voulait titiller Martinez sur l’ « abri » donné à Pogi et Vingegaard a l’arrivée du Mont Dore, un sujet qui incidemment semble n’avoir intéressé que les médias belges, et sur lequel son coureur n’avait aucune énergie à perdre. Après l’étape d’aujourd’hui, dans laquelle une certaine hiérarchie a été établie, la question va peut être moins intéresser le service des sports de la RTBF. Ceci dit le Tour est très loin d’être terminé et Remco est très loin d’être hors-jeu, il pourrait reprendre du temps des le chrono de demain.

Et les journalistes devraient comprendre que la journée de repos c’est une journée … de repos. Et que faire des interviews ce n’est pas du repos, surtout pour un sportif d’à peine 20 ans encore peu rompu à l’exercice…