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Michel CREPEL

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Tout ce qui a été posté par Michel CREPEL

  1. Il apprend vite !!! Demeurer dans l'aspiration, ne pas s'éparpiller comme il avait trop souvent tendance à le faire lors de final en groupe. Désormais, il laisse le soin aux autres de colmater les brèches et prendre leurs responsabilités. Enfin, sur la course d'hier ! Pour Valverde, son erreur est son manque de compétition. Il aurait du s'aligner sur la "Brabançonne", sûr, qu'alors, il aurait contré au sommet du Cauberg !! Maintenant, sa volonté de vaincre une troisième fois à Liège est sans doute à ce prix ? 😉
  2. Maintenant, "Mimi", l'"Epée de Damoclès" de 2012, qui plane, telle "La Sorcière aux Dents Vertes" au dessus du casque de Greg, ne sied pas non plus à la concentration extrême d'un champion en quête du "Graal" ! Surtout au moment clé de la décision !!😉 Ceci expliquerait, cela (au moins en partie)
  3. En effet, au Cauberg oui mais l'arrivée avait lieu 1800 mètres plus tard et son exploit épique des Mondiaux 2012, ici même et dans cette même configuration, ça ne marche plus, ses adversaires ne sont pas amnésiques !😉
  4. Salut "Fanfan" ! En effet, et Nacer n'affirme pas remporter Paris Roubaix ou le "Ronde", bien heureux qu'il est à mettre fin à sa pénurie de victoire, il prend ce que son calendrier lui offre ! En outre, les victoires génèrent l'enthousiasme et la confiance du groupe qui lui permet de vaincre ! 😉
  5. Le jour où Raymond Poulidor devient « Poupou » : Tour 1962. L'éclosion de Raymond Poulidor, en ce printemps 1961, est tout excepté une mauvaise chose pour le cyclisme Français. Abondance de biens ne nuit nullement au bien être d'un sport avare en phénomènes rares. Hors, la France vient de se doter, outre le tout récent lauréat de la "Primavera", d'un fringuant Champion du Monde amateur de 19 ans, Jean Jourden et du retour étourdissant de l'"Aristocrate Normand" lors de la kermesse de juillet. "Maître Jacques" n'a certainement pas usurpé ce sobriquet pompeux. En effet, à l'instar d'Ottavio Bottecchia et de Romain Maes avant-guerre, le protégé du "Grand Fusil" a atomisé l'adversité en se délectant, chaque jour, du port de la tunique jaune. En l'absence de l'"Empereur d'Herentals", de l'"Aigle de Tolède" ou du "Lion de Mugello", Jacques Anquetil, pourvu d'une formation tricolore dont la maîtrise tactique n'avait d'égale que la classe de leur leader, s'est permis de cadenasser la course à la manière d'un despote régnant d'une monarchie absolue d'antan. Les «Nains jaunes" (dixit Goddet) ont œuvré, alors, en victimes serviles, habitées d'une obséquiosité affligeante car désarmante. Quatre ans après sa première banderille, le natif de Mont Saint Aignan venait d'injecter, avec fracas et sans une once de complaisance, le "curare" qui allait transformer les jours et les nuits de tous ses adversaires, rebelles ou non, en véritables délires cauchemardesques. L'antagonisme entre le Normand et le Limougeaud n'en était encore qu'à l'état embryonnaire lorsque le 1er avril de l'an 62, à l'occasion du Tour du Var, les évènements allaient prendre une tournure empreint de sentiments belliqueux de la part d'un des deux protagonistes et accélérer, ainsi, un processus dont les foules et les inconditionnels se gargariseront durant des lustres. Tout commence par le sympathique retour en grâce du Gone Jean Forestier dont les déboires caustiques à répétition de ces dernières saisons avaient occulté, un peu rapidement, le fait qu'il fut, il n'y a pas si longtemps, un flahute de haut rang en s'adjugeant l'"Enfer 55" et le "Ronde 56", par exemple. Le Lyonnais, du VC 12ème Leroux Gitane, remporte, comme à ses plus beaux jours, la première étape en solitaire. Cette phase de course pourrait paraître anecdotique si elle n'avait pas rejeté les autres favoris à des années lumières du vainqueur du Super Prestige Pernod 58. Si "Poupou", membre hyperactif du groupe des poursuivants, franchit la ligne trois minutes après le lauréat du jour, le peloton, quant à lui, où "séjourne" un certain Jacques Anquetil, passe la banderole d'arrivée nanti d'un débours avoisinant la vingtaine de minutes. Plus que l'écart rédhibitoire, c'est la manière dont il fut acquis qui n'a pas plu, mais alors pas plu du tout, au Normand. Anquetil, dans un accès de fureur, "avoine" adversaires, partenaires et ... les Mercier, coupable, selon lui, d'avoir délibérément obstrué la course. Un Jacques Anquetil prônant l'"immaculée conception", c'est assez cocasse, vous en conviendrez. Bref, notre Rouennais a la rancune tenace et il va le démontrer, à sa manière, les jours suivant. Le lendemain de cette déconvenue et malgré la présence de deux Mercier, Privat et Le Dissez, collés à ses basques, le Normand attaque, cravache à bloc et mène l'échappée à son terme. Le jour de l'arrivée, il récidive et remporte, tel un mort de faim, le sprint devant Jean Forrestier. Aux yeux des suiveurs, cette passe d'armes autant surprenante que vaine, dénonce un certain agacement du Normand à la montée en régime d'un certain Raymond Poulidor. Il est vrai qu'une telle débauche d'énergie lors d'une épreuve secondaire avalise grandement cet état de fait. Il ne fait aucun doute, néanmoins, qu'à l'aube de ce mois d'avril 1962, nous venions d'assister aux premiers soubresauts telluriques d'un séisme à venir, agrémenté d'éruptions explosives et récurrentes, qui va perdurer cinq longues mais passionnantes années. Le résidant de Saint Léonard de Noblat, loin de tout ce galimatias volcanique, va s'attacher à réaliser une Grande Boucle digne de sa notoriété grandissante. Cette année-là, Jacques Goddet, après avoir mûrement réfléchi, décide de faire la part belle aux équipes de marques et délaisse donc, pour un temps, les formations Nationales qui, selon le directeur du Tour lui-même, favorisaient par trop l'hégémonie et la boulimique de succès de "Maître Jacques" et de ses sbires. Effectivement, cette redistribution des cartes laisse augurer une bagarre acharnée et indécise de tous les instants tant et si bien que la mainmise du Normand sur le Tour, un an plus tôt, apparaît, à ce moment-là, des plus improbables. Anquetil, chez St Raphaël, dispose, toutefois, d'un groupe solide où figure, entres autres, le "Colosse de Mannheim" et "Stab", capitaine de route au longs cours. Poulidor immuable Mercier, néophyte et enthousiaste compte sur les baroudeurs Robert Cazala, le fidèle, accompagné du Belge Victor Van Schil afin d'engranger de l'expérience indispensable à défaut d'espérer remporter l'épreuve. La présence des Rik Van Looy, Vottorio Adorni, Henry Anglade, Joseph et Georges Groussard, André Darrigade, Frédérico Bahamontès, Ercole Baldini et Gastone Nencini ou Charly Gaul, têtes de liste des autres formations, préfigurera, c'est du moins le leitmotiv et le consensus collégial, une course ouverte et synonyme de dynamisme et d'envolées de hautes factures, tout ce qui avait nuit à la dernière édition. La préparation à la Grande Boucle emprunte le même cheminement que de nos jours et le Critérium du Dauphiné Libéré en est la pierre angulaire. L'épreuve, chère à Thierry Cazeneuve, placée un peu plus tôt dans la saison puisqu'il se déroule de fin mai à début juin, abouti, cette année-là, sur le triomphe de l'équipier émérite du "Basque Bondissant", Raymond Mastrotto. Si le Limougeaud a joué le jeu, lors de l'épreuve Alpine, terminant à un peu plus d'une minute trente de l'Auscitain, le Normand, lui, s'est contenté d'accumuler les bornes et se retrouve, par conséquent à près de vingt minutes du Gascon. Le dilettantisme dont fit preuve Anquetil, tout au long de la course, ulcéra, pourtant, un Raphaël Geminiani vert de rage, à tel point que le Rouennais intima, un moment, l'ordre de remplacer le "Grand Fusil" par Mickey Wiegant, boss chez Helyett. Après un simulacre de réunion, Place de la Bourse, une huitaine avant le départ de la Grande Boucle, Geminiani était conforté dans ses fonctions par un vote, pour le moins controversé. Potin et Augier, patron des Saint Raphaël, placèrent alors le Normand devant un dilemme. En effet, ce dernier disposait d'une semaine, et pas un jour de plus, pour faire la preuve de sa capacité à endosser la panoplie de leader de sa formation. Tout allait pour le mieux, et ce, dans le meilleur des mondes, donc, à la veille du "dépucelage" de l'enfant de Masharaud Mérignat. Tout allait pour le mieux, effectivement, car les algarades chroniques entre le "Grand Fusil" et "Maître Jacques" étaient monnaies courantes et vivifiantes pour les deux protagonistes. Elles ont émaillé chaque instant de leur collaboration frisant, parfois, le burlesque. Un grand respect mêlé à un caractère entier alimentait ces poussées de fièvre. Du côté du Limousin, une rumeur enfle concernant une chute accidentelle survenue, quatre jours avant l'échéance et qui impliquerait directement "Poupou". En vérité, après examens, le docteur Dumas décèle chez le patient une fracture de l'auriculaire de la main gauche. Première tuile, et non des moindres, pour notre Limougeaud. C'est donc, harnaché d'un plâtre, ceint d'un bandage, que notre imperturbable novice s'élancera de Lorraine. Tous ces ingrédients de circonstance ont le don d'irriguer, chez certains coursiers, un sentiment de jouissance à peine retenue. Rik Van Looy, le premier, suggère un dynamitage en règle dès l'entame de l'épreuve, en outre, un contre la montre par équipe inaugure le retour aux "Marques" dès la deuxième étape ce qui, évidemment, tend à servir les desseins belliqueux de la "Garde Rouge" et de son chef de file. En cela il est suivi par Rudy Altig, entres autres, pourtant membre de la formation du Normand. Les organisateurs, dans la confidence, qui se refusaient obstinément de revivre la procession lymphatique de la dernière édition, sont aux anges. On le serait à moins. Le décor est planté place aux actes ! Dès les premières étapes, l'"Empereur d'Herentals", comme annoncé, met le feu ce qui a pour conséquence de rejeter un Poulidor, passablement emprunter de sa main gauche, à neuf minutes des favoris, dès l'étape initiale. Malgré un harcèlement de tous les instants le natif de Grobbendonk, ceint de la tunique irisé, ne parvient pas, néanmoins, à décrocher Jacques Anquetil. Filou, le Normand montait en puissance malgré l'acharnement d'un Van Looy attaché à sa perte. Mieux, sa formation reprenait, incontestablement, espoir en son leader et le "Grand Fusil", malicieux et roublard, s'attacha alors à mettre son coureur emblématique dans des conditions optimales à son bien-être. Les coups de boutoir assénés par la "Garde Rouge" avaient généré un grand nombre d'abandons et certains leaders charismatiques, eux même, se retrouvaient reléguer à la portion congrue. Parmi eux, Raymond Poulidor souffrant le martyre à chaque accélération d'un peloton décimé. Bien qu’il présenta des circonstances atténuantes, qui auraient poussé bon nombre de ses congénères à l'abandon, le Limougeaud conservait, lui, une sérénité et une philosophie de bon aloi. La conjoncture n'apparaissait pourtant pas des plus favorables à notre champion en herbe. Le passage des Pyrénées fut fatal à notre trublion Belge. En effet, Rik Van Looy, victime d'un motard par trop entreprenant qui l'expédia à terre pour le compte, se vit contraint et forcé, de renoncer à son projet téméraire voir insensé de victoire finale à Paris. Transporté par hélicoptère, le Champion du Monde quittait la scène, qu'il avait monopolisée de sa classe jusque-là, bien malgré lui. Après des changements de leader parcimonieux depuis le départ de Nancy, l'aîné de la dynastie des Planckaert, Jozef, parvint à se hisser en jaune au sortir des Pyrénées. Les favoris patentés sont, néanmoins à ce moment de la course, en embuscade mais prématurément éreintés par une première semaine aliénantes. Pendant ce temps, Poulidor, niché dans le confort douillet d'un peloton bougrement restreint, se refait une santé bien à l'abri des supputations en tout genre émanant du désuet clan des pseudos favoris restant encore compétitifs. Les rescapés inaugurent les Alpes en empruntant les cols de Restefond, Vars et l'Izoard. Belle étape, au demeurant, excepté que l'ancien fraisieriste de Quincampoix se montre d'une intransigeance implacable. Il condamne, comme il l'avait entrepris avec succès douze mois plus tôt, toutes sorties intempestives pouvant nuire à ses ambitions. Sa volonté exacerbée et sa pugnacité à contrarier les velléités offensives de ses adversaires ont bientôt raison de la volonté du peloton à contrarier le "Maître". Cette démarche hétéroclite fonctionne à merveille à tel point que cette étape Antibes - Briançon accouche d'un vainqueur surprise en la personne du routier sprinter Belge de chez Philco, Emile Daems. Pendant ce temps, Poulidor apparaît de plus en plus en tête de la course et s'attire, sans le vouloir vraiment, la sympathie d'un public touché et ému des efforts surhumains consentis par ce jeune bougre meurtri au plus profond de sa chair. Dans son coin, "Tonin" se désespérait de voir, un jour, son coureur attaquer. Antonin Magne, vêtu de son éternel blouse blanche immaculée et dont le port du béret vissé sur le crâne nous renvoyait à l'époque noire et glauque de l'occupation, ne mâchait jamais ses "bons" mots qu'il comptabilisait puis diligentait au compte-goutte. Déjà un soupçon de "paranoïa" s'immisce dans le subconscient du jeune Limougeaud. Ce dernier se sent épié par ses adversaires ce qui l'amène, déclare-t-il, a refreiner son ardeur offensive. Pourtant il n'est plus temps de tergiverser, nous sommes à la veille de l'ultime étape de montagne et Poulidor est englué à la neuvième place du général à près de dix minutes de Planckaert. Jacques Anquetil, quant à lui, béat, navigue à vue à une minute du Belge et savoure déjà un succès final qu'il estime asseoir définitivement lors du dernier chrono, le lendemain, entre Bourgoin et Lyon. Les ascensions successives du Lautaret, du Luitel puis des cols de Porte, du Cucheron et du Granier devrait permettre, selon "Tonin", au Limougeaud de titiller le diable en tentant un baroud d'honneur du plus bel effet. C'est dans le col de Porte que Raymond Poulidor, délesté de son plâtre encombrant depuis la veille au soir, place une première mine ravageuse, au pied de celui-ci, plus précisément. Il y a tout dans cette attaque, la rage de vaincre, le culot de la jeunesse et l'appréhension de s'être fourvoyé dans une mission suicidaire. Pourtant, il y a mis tout son cœur, le Limougeaud, et tellement de hargne aussi que derrière c'est l'hallali pour l'"Aigle de Tolède" et "Maître Jacques" scotchés sur la pente, comme de vulgaires randonneurs, incapables de changer de rythme. Devant, trois hommes avaient faussé compagnie au peloton depuis un bon moment déjà. Les Français Anglade et Beuffeuil accompagnés de l'Ibère Campillo ouvraient la route, nantis d'un certain panache. A l'aube de la trentaine, le coureur de Thionville, Henry Anglade tenait une forme éblouissante sur ce Tour et projetait d'offrir, gracieusement, à son sponsor issu de la région, la victoire d'étape. Ses louables intentions s'évanouir soudain lorsque une casaque "Violine" le happa ainsi que ses deux compagnons d'infortunes. Au sommet du Cucheron, Poulidor déchaîné précédait le maillot jaune Jozef Planckaert, flanqué d'un Jacques Anquetil attentiste, de trois minutes. Ces deux-là, jouaient la gagne et la tension était palpable. Le Belge tenta à maintes reprises l'intox en incitant le Normand à emmener le duo. Son but était d'émousser le Français à la veille de l'épreuve de vérité où il se savait en grand danger. Toutefois, on n’apprend pas à un singe à faire la grimace et le Rouennais passé maître dans l'art de la mystification régula son rythme à sa mesure sans se soucier le moins du monde de son encombrant compagnon. Pas de relâchement laissant croire, au convive indésirable, à un certain désintérêt, certes, mais pas d'acharnement dans la poursuite, non plus. Inséparables les deux hommes cohabitaient tant bien que mal et le Belge subodorait à juste titre que, finalement, jamais il ne réussirait à décrocher le Français si proche d'une troisième levée. A l'avant, bien loin de tout ce brouhaha technico-tactique, Raymond Poulidor, acclamé comme jamais auparavant, s'échinait à creuser des écarts conséquents afin de grignoter quelques places au général. A Aix les Bains, Raymond Poulidor, devenu ce jour-là et pour l'éternité "Poupou", franchira la ligne en héros trois minutes devant Henry Anglade et Federico Bahamontès, roue dans roue, et trois minutes et quarante-cinq secondes devant Jacques Anquetil, Jozef Planckaert et Robert Cazala. "Poupou" se hissera sur la troisième marche du podium à Paris, deux jours plus tard. Des podiums, il en gravira un grand nombre, sans jamais, pourtant, atteindre le sommet de ceux-ci ! Raymond Poulidor, « Poupou », le Limougeaud entrait de plain-pied dans la légende du Tour de France. Michel Crepel Joyeux anniversaire "mon Poupou" !!! Le coureur adulé de notre ami et ancien forumeur de "101" Sergio "Ma Poule" Delesalle, le "Titi de Paname" ! 😉
  6. Ha oui, il est "collector" car rare et recherché !!! Après Bianchi et au même titre que Molteni, Salvarini, Brooklyn est un de mes maillots préférés !! En revanche, "professeur agrégé de français", ho que nenni ! 😉
  7. https://www.youtube.com/watch?v=59iDYFlOgUo 😉
  8. En effet, ils ne se sont que croisés (erreur effacée sur le bouquin)😉
  9. J'adore le "On the road again" de Willie !!! 😉
  10. Bonne idée !! On pourrait, également, interdire les trains sur tout le réseau Français, ainsi chacun circulerait en toute sécurité ! Pendant qu'on y est, on devrait interdire aux "zincs" de survoler les habitations, les routes, les stades, les piscines .... aux voitures de ne pas circuler aux même heures que les cyclistes, les trains et les piétons et réciproquement, aux cons de ne pas sortir lorsque les moins cons sont dehors .... et j'en passe et sans doute des meilleurs ! 😉
  11. Il ne devrait même pas y avoir matière à polémiques !!! Les passages à niveau ne sont là pour les chiens (quoique) ! Tout comme les stops et les feux de signalisation, ils doivent être respectés ! Les cyclistes ne sont pas les derniers à critiquer les fauteurs de troubles automobilistes qui les snobent sur leurs bécanes !! La télévision est le témoin privilégié de ce genre d'incident et l'organisateur, ASO, pour ne pas le nommer, devrait faire "marcher" la jurisprudence de 2006 sous peine de voir "Van Pet" et consorts porter plainte contre ce même organisateur et demander des dommages et intérêts ! 😉
  12. En 96 avec Museeuw, Bortolami et Tafi ! En 98, c'est "La Balle" qui arrive avec plus de 4' d'avance sur Tafi et Peeters, deux Mapei ! 😉
  13. En effet, et ce n'est que mon avis, cet "Enfer 2015" ne rentrera pas dans le millésime "Grand cru" mais son lauréat sans doute oui ! Personne, désormais, n'est apte à faire la différence sur les pavés, celle-ci s'est donc réalisée sur l'asphalte !! Un comble ! Même "Arenberg" ne créée plus d'écrémage ! Ni Mons en Pévèle et pas plus le "Carrefour du Saule" qui pleure ses "besogneux" disparus des pelotons d'aujourd'hui qui émergeaient seuls de ses entrailles pour vaincre sur le tourniquet de bitume incandescent de Roubaix !! Plus d'artistes des "pavetons" qui dominaient ceux-ci en les survolant au sommet et non sur les bas côtés ! https://www.youtube.com/watch?v=bFhT5KmDBYk On peut reconnaître les commentaires avisés de Richard Diot (spécialiste du basket à Stade 2 des "années Chapatte") Et notez le commentaire final d'Antoine Blondin !😄
  14. J'y ai songé mais je ne suis pas convaincu, je pense que le "Batave" était du même gabarit que le "Déménageur d'Yffiniac" !
  15. En effet, il n'a jamais percé ! Sur les 14 Paris Roubaix qu'il a disputé, il n'a jamais terminé au delà du septième accessit ! C'est un "gus" qui a remporté aussi bien la "Doyenne", que la "Flèche", le "Ronde", la "Primavera" ou le "Lombardie" mais également s'est imposé six fois consécutivement dans la "Course des Deux Mers" ! Enfin pour prouver la nature du "bonhomme", à 34 piges, le "Gitan" s'est payé le luxe de terminer 7ème du Championnat du Monde du "Blaireau" ! Il a grimpé Domancy autant de fois que le "Yéti" et fini à peu ou prou 4' !!! Il aurait pu abandonner ? Que nenni !!! Ce n'est pas pour rien que le "Gitan" est MON "saute ruisseau" préféré ! Certes, il a fait un peu de "chahut" avec son meilleur ennemi le "Cannibale" (Mon ami "Michou" aime a rappeler le coupe gorge de la fratrie "DV" sous un pont de la "Doyenne 70") mais sans le "Gitan", je n'ose imaginer le palmarès de Merckx revu et corrigé !😉
  16. Paris Roubaix 1919 : Naissance de l'"Enfer du Nord". En mars 1919, la "Grande Guerre" hante toujours les esprits et le moins que l'on puisse dire c'est que l'"Enfer du Nord", la reine, la revêche, n'a jamais aussi bien porté son nom. Une appellation au label contrôlé, par un journaliste Parisien lors de la reconnaissance du parcours, et déjà prémonitoire des ravages engendrés par la folie, l'hypocrisie et l'imbécillité humaine ? Toujours est il qu'en ce printemps 1919, la classique du Nord revêt à nouveau ses habits du dimanche pour la première fois depuis le conflit planétaire. Nombre d'irréductibles précurseurs de la discipline n'ont pu, hélas, franchir sans encombre ces quatre années de galère et ont été recensés, bien malgré eux, à l'article nécrologique au sein d'un panel de neuf millions d'âmes innocentes, victimes de la mégalomanie de certains gouvernants. Ainsi, le "Géant de Colombes", François Faber, lauréat en 1913, le "Frisé", le phénomène Octave Lapize vainqueur en 1909, 1910 et 1911 mais aussi l'"Argentin", Lucien Petit-Breton, Frank Henry, Marius Thé ou encore Léon Hourlier voir Emile Engel ne déambuleront plus, l'air goguenard, le regard malicieux, aux abords des ères de départ des classiques auxquelles ils ont participé et oeuvré, dans le même temps, à leur notoriété grandissante. La mémoire toujours en éveil résonne inlassablement aux noms de Verdun ou Douaumont mais semble réfractaire à ceux de Doullens ou Hénin. L'amnésie est d'autant plus perverse que les paysages environnants, d'où apparaissent encore les stigmates du chaos, décrivent plus que les mots, l'abomination. Les routes défoncées, les cratères laissés par les bombes, les ornières, les fossés maculés d'un sang indélébile et la végétation absente à certains endroits jalonnent le parcours et témoignent de l'âpreté et la violence des combats. L'atmosphère semble irréelle et lugubre en ce matin du 20 avril. Le peloton, quant à lui, à l'instar de la morosité ambiante et de l'architecture patrimoniale, est ravagé. Les maisons de cycles, véritables et uniques sponsors de ces temps immémoriaux, tentent, tant bien que mal, de reconstituer des formations faîtes la plupart du temps de bric et de broc. Cent trente courageux "mercenaires" sont présents, ce matin là. L'itinéraire initial a, toutefois, été quelque peu rafraîchit, si l'on ose dire. A la sortie de Doullens et après l'ascension de sa côte emblématique, le no mans land généré par le "séisme" est tel que les organisateurs ont décidé, d'un commun accord, de diligenter des émissaires afin d'emprunter le tronçon de Béthune plus approprié à la pratique de la "Petite Reine". Les mines déconfites des protagonistes à l'effort sont criantes de l'état de délabrement des corps et des âmes. Le faciès est buriné et trahi la souffrance engendrée depuis tant de saison à éviter le pire. Le "Basset" Belge, Philippe Thys est de ceux là. Lauréat des "Grande Boucle" 1913 et 1914, l'énigmatique représentant d'outre Quiévrain se tient là, prêt et apte enfin à réapprendre à combattre sans animosité, nanti d'un mental dénué de toute idée de revanche voir de vengeance. Le déluge de pluie et de vent qui accompagne la caravane ajoutent, s'il était besoin, à ce sentiment de désolation. L'indestructible maréchal ferrant Pyrénéen est également présent sous les ordres du starter. Le "Vieux Gaulois", Eugène Christophe a réussi a surfer sur ces quatre années avec la maestria qui le caractérise et non avec la poisse qui le poursuit depuis tant de saisons. "La Ficelle", Henri Pélissier, lui, auréolé de sa victoire lors de la "Primavera" 1912 et de son doublé "Lombard" de 1911 et 1913, revient entraînant avec lui le second de ses trois frangins, Francis. Henri, a pour le "Grand", les yeux de Chimène et nul doute qu'il mettra tout en oeuvre pour offrir un prénom à son cadet. Une interminable minute de silence, en l'honneur de ces "chers disparus" accroît, en outre, la tension déjà palpable avant que les guerriers de l'impossible ne s'élancent dans un combat douteux des plus improbables. Les conditions climatiques sont à l'image de l'atmosphère générale à savoir maussade. La pluie et le vent, vieux compagnons de route presque immuable des "gladiateurs", n'éprouvent aucun sentiment de complaisance envers les êtres médiocres. A l'inverse, ils auraient plutôt tendance à accabler, s'il était encore possible, l'anxiété et les interrogations de ces coursiers avides d'en découdre, certes, mais par trop meurtris par les joutes extra- sportives d'un passé récent pour être réellement serein. Toutefois, la motivation semble réellement au rendez vous et ce même si le début de course s'avère quelque peu balbutiant. Nombre de participants n'ont guère eut le privilège d'enchaîner les kilomètres et une course nerveuse dès l'entame de celle-ci risquerait à tout coup de nuire à leurs ambitions déclarées. L'épreuve est longue et ardu à négocier, en outre, la mutation de la topographie du terrain demeure un mystère insondable pour les coureurs. Pour toutes ces raisons la prudence est de mise au sein du peloton. Aucun soubresauts de viendra ternir le bel ordonnancement de ce serpentin multicolore jusqu'à une centaine de bornes du Parc Barbieux de Roubaix. Au lieu dit La Bessée, désolée, ravagée et dont les spectres architecturaux dignes d'un film d'épouvante font froid dans le dos, deux hommes prennent la poudre d'escampette. Les deux Pélissier, Henri le bourlingueur et Francis le jouvenceau et néo-pro se sont extirpés avec autorité et volonté du "patachon" en sommeil. A mesure que les kilomètres défilent les corps sont happés par l'humidité et le froid si bien que la réaction du peloton est sporadique. Transi, les muscles rompus à un tempo de deux cent bornes éprouvent alors une énorme difficulté à changer de rythme. Les deux frangins l'ont bien compris et rapidement ils creusent un écart conséquent de plus de deux minutes. Victime de trois crevaisons Francis souffre le martyre dans la roue aiguisée de son aîné plus expérimenté. Néophyte, "Le Grand" ne parvient pas, en outre, à s'alimenter normalement. Les routes défoncées, bouseuses et glissantes ne permettent que très rarement aux hommes de lâcher leur guidon pour se sustenter. Si bien que la "sorcière aux dents vertes", qui veille telle une auréole au dessus des âmes infidèles, ne tardera pas à s'emparer de celle du futur double lauréat du "Derby" (1922-24). Pourtant, Henri, qui n'a qu'une idée en tête, arriver à Roubaix en compagnie de sont petit frère, ralentit la cadence infernale qu'il imposait depuis leur escapade. Cette baisse de régime risque fatalement d'exposer le duo fratricide au retour inespéré de nombre d'adversaires. Le Belge Philippe Thys sera le premier à rentrer. Malin comme un singe, le coureur d’Anderlecht a rapidement compris le bénéfice qu'il pourrait tirer de pareille situation. A peine intégré au duettiste, Thys place une mine imparable. Enfin presque car si Francis ne peut réagir à ce coup fatal, Henri, lui, bondit rageusement et vigoureusement dans le sillage de celui qui vient de mettre un terme à son rêve d'emmener son cadet à Roubaix en sa compagnie. Et pour qui connaît "La Ficelle" ... Les deux hommes filent de concert vers la ligne d'arrivée ne subodorant aucunement un retour de l'arrière. Mais les aléas de la course ont ceci de surprenants c'est qu'ils surgissent souvent à des moments inopportuns. Comme ce passage à niveau fermé de Lesquin, par exemple. Honoré Barthélemy est le premier à rejoindre le duo franco-belge. Les autres vont suivre, c'est sûr, se dit Henri. Le comble est que le train a stoppé en gare et le convoi est si important qu'il fait le siège de la voie ce qui empêche toute ouverture des barrières. Dubitatif puis furibond, "La Ficelle" saute promptement la barrière, grimpe imprudemment dans un wagon, salue les voyageurs médusés, saute avec aisance de la rame, franchit prestement la barrière opposée, enfourche agilement sa monture et remet énergiquement le turbo. Demeurés prostrés et sidérés par le culot du Parisien, Thys et Barthélemy après un temps de réflexion tentent d'imiter ce dernier au moment même où le convoi s'ébranle de nouveau. Ils arrivent, à grand renfort d'énergie, à rejoindre Henri quelques kilomètres plus loin. Désireux de ne pas terminer ensemble, chacun tente à tour de rôle de fausser compagnie aux empêcheurs de tourner en rond. S'ensuit une véritable réunion sur piste de haute tenue. Ca explose de partout, un sublime feu d'artifice de giclettes. En vain, cependant, aucun des trois ne parviendra à tromper la vigilance des deux autres. Le sprint devient alors inéluctable, irrémédiable et Henri, qui a un compte à régler avec le Belge, apparaît alors remonté comme une pendule Helvète. Jamais le Wallon ne fera illusion tant l'aîné des Pélissier désirait effacer la déception de ne pas avoir accompli son rêve. Les larmes de Thys, à l'arrivée, en disent long sur l'amertume et le désarroi ressentit par le Belge à l'issue de sa défaite. "Je suis bien sûr heureux de ma victoire, cependant, elle n'est pas complète car j'espérais réaliser le doublé avec mon frère ...!" avouera Henri à sa descente de vélo. Michel Crepel
  17. Première édition de Paris Roubaix 1896 Au crépuscule du 19ème siècle, une trentaine d'années après l'apparition du vélocipède Michaux, qui hantait le tout Paris de l'époque, en général, et le Parc de Saint Cloud, en particulier, et la naissance du cyclisme par un certain René Olivier, deux filateurs de Roubaix eurent, durant l'hiver 1895, la riche idée d'organiser une épreuve reliant Paris à Roubaix. Ces deux "originaux", Théo Vienne et Maurice Perez ont le sentiment insidieux, à ce moment-là, que le cyclisme sur piste organisé par leurs soins dans leur sanctuaire du Nord ne lasse inexorablement les couples endimanchés. En effet, ces deux "renards" sont, également, en dehors de leur philanthropie notoire, propriétaire de l'inénarrable vélodrome du parc Barbieux où ils vénèrent, par des courses sur piste, l'éclosion de la "Petite Reine" qui n'en est, il faut bien l'avouer, qu'à ses premiers balbutiements. Les deux présomptueux eurent, alors, l'idée géniale et saugrenue à l'époque d'imaginer une épreuve qui relierait Paris, la capitale, à Roubaix, fief incontournable du textile. Le fait de voir apparaître dans leur cité des coureurs crottés et immaculés de boue offusqua au plus haut point la corporation ecclésiastique et la "Gentry" des biens pensants de cette fin de siècle. En outre, ces deux "empêcheurs de tourner en rond" poussèrent le blasphème jusqu'à organiser cette manifestation le dimanche de la Pâques chrétienne. L'itinéraire ne focalisera, pas plus que cela, l'attention de nos deux précurseurs de génie à savoir, "droit devant". De Paris à Roubaix en ligne droite ! Si ce tracé à pour point positif un kilométrage rationnel, il propose, en revanche des avatars liés à la configuration du terrain des plus incohérents. Sur les deux cents quatre-vingt kilomètres de l'épreuve, deux cent trente se feront sur des sentiers nantis d'ornières et de nids de poule. La distance restante étant confectionnée de pavés et trottoirs cyclables plus ou moins adaptés à la pratique de la discipline. La course peut, alors, se dérouler. Dès le drapeau abaissé, une échappée de sept hommes, sous l'impulsion du Britannique Linton, prend forme. Ce dernier place, alors, une attaque à l'orée de la forêt de Saint-Germain-en-Laye et s'achemine seul à travers la campagne nordiste. Le Gallois a pour entraîneur son frère Tom, ce qui confère à cette association une légitimité savoureuse pour une première sortie en solitaire. A la sortie de la forêt domaniale, les fuyards possèdent une avance respectable de 1'30" sur le Français Paul Guignard et un peu plus de 4' sur un autre tricolore (en devenir celui-là) Maurice Guarin. Le peloton navigue, déjà, à ce moment de la course à plus d'un quart d'heure de l'homme de tête. On verra par la suite que les écarts, en ce temps-là, étaient d'une élasticité extrême. Englué, jusqu'alors, au sein d'un peloton en "goguette", le Germain Joseph Fischer passa la surmultiplié et se dégagea, aisément, de cette "toile d'araignée" peu conventionnelle. Dans un "one man show" du plus bel effet, il reprend le trop boulimique Gallois au ravitaillement de Breteuil. Un moment dépité et ahuri, Linton, de bonne grâce, fait cause commune avec l'Allemand et les deux "compagnons de galères" fondent, maintenant, sur Amiens. Le Gallois en profite pour rafler l'important prime mise en jeu à cet endroit de la course, au cas où. Mal ou bien lui en pris, toujours est-il qu'à l'instar du "Blaireau" en 1981, un chien vient anéantir les illusions encore intactes du Britannique en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. La pauvre victime se jette sous la roue avant de Liton qui, aussi surpris que l'animal, réalise une "triple boucles piquées" au-dessus de sa monture pour s'en venir choir de toute sa carcasse sur le sol rocailleux de cette route d'un autre âge. Le temps d'enfourcher de nouveau la "ferraille" endolorie et Fischer a disparu à l'horizon sans fin des plaines immensément planes du Nord. Survolté et gangrené par l'idée d'arriver en solitaire, l'Allemand, appuie encore plus fort sur les pédales. Son corps est meurtri, ses jambes dures, les reins bloqués tels un pantin désarticulé il achemine sa silhouette bon-gré mal gré vers ce nouveau "Graal" tant convoité. Accompagné dans son "chemin de croix" par les musiques militaires, c'est au son du clairon que l'Allemand, fier Teuton, se refera une santé. Une santé si déconcertante voir insolente qu'il franchira la ligne d'arrivée sur le vélodrome éminemment serein et animé d'une joviale décontraction. Sa chevauchée aura duré neuf heures et dix-sept minutes soit une moyenne horaire d'un peu plus de 30 Km/h. L'autochtone, Maurice Guarin, le "Petit Ramoneur" "Chtimi", finira troisième de ce premier "monument du cyclisme" à vingt-huit minutes du vainqueur et héros du jour. Ainsi vit le jour la classique la plus prisée de l'histoire et la légende de la "Petite Reine". Michel Crepel
  18. Hommage à « La Balle » La malchance, Franco Ballerini en avait fait un moteur lorsqu'il était coureur à la lisière des années 80-90. Elle le rendait malheureux et chagrin et c'est souvent dépité et meurtri qu'il quittait la scène où celle-ci l'avait frappé malencontreusement ou bien insidieusement. Comme en cette année 1993 quand, les bras levés vers le ciel, on lui signifiait quelques instants plus tard que "Gibus" lui avait "volé" son rêve, son "Graal". Dominateur comme rarement tout au long de leur chevauchée en duo, Gilbert Duclos Lasalle n'avait du son salut qu'à cette hargne, cette abnégation qui caractérisait si bien le Béarnais. Dix fois, cent fois, il avait failli lâcher prise derrière la "grosse cylindrée" monstrueuse de puissance du Toscan qui avalait et digérait les "pavetons" nanti d'un appétit et d'une boulimie non feinte. Depuis le "Gitan", jamais je n'avais assisté à pareille domination que celle exercée par Franco Ballerini lors de tous les "Enfer du Nord" auxquels il participait. Sans cette malchance récalcitrante et les combines d'équipes auxquelles il appartenait, nul doute que son palmarès dans la "Reine des Classiques" aurait été tout autre. Cela vaut, également, pour Roger de Vlaeminck, bien évidemment. "Je ne reviendrai jamais !" Tels furent ses mots à sa descente de vélo. Deux ans plus tard pourtant, en 1995, Franco Ballerini croit enfin connaître la forme de sa vie et tous, suiveurs, journalistes et coureurs en font leur favori au même titre qu'Andrei Tchmil, impérial l'année précédente sous l'apocalypse. En guise d'épreuve préparatoire, l'Italien de la formation Mapei, s'adjuge le Het Volk avec maestria et autorité rejetant ses futurs adversaires du week end Pascal, Edwig Van Hooydonck, Andrei Tchmil, Johan Museeuw et autres Wilfried Nelissen ou Peter Van Petegem aux rôles de comparses. Or, quatre jours avant la date fatidique, lors de Gand Wevelgem remportée par le Danois Lars Michaelsen, Franco Ballerini est victime, en compagnie de Johan Museeuw et du Canadien Steve Bauer, d'une lourde chute qui le laissera l'épaule très endolorie. Appréhender les pavés dans un tel état relève de l'utopie, entendons nous ici ou là. Museeuw, quant à lui, souffre du genou et se retrouve, bien malgré lui, sensiblement dans la même galère que l'Italien. Patrick Lefévère, qui se veut optimiste, le sait mieux que quiconque, "il n'y a que trente pour cent de chances de le voir au départ de Compiègne. Cependant, mieux vaut pour nous un demi-ballerini que pas de Ballerini du tout !". C'est dire si le "boss" des Mapei avait foi en son coureur. Les favoris ou présumés tels pour la victoire sur le vélodrome sont peu ou prou les mêmes depuis l'aube des années 90. Seule la forme et la condition physique des uns et des autres permettent d'établir, bien arbitrairement toutefois, une hiérarchie. Si Andrei Tchmil apparaît encore plus costaud que lors de la dernière édition, où il s'était déjà montré impressionnant de puissance, Museeuw, lauréat du "Ronde" une semaine plus tôt et qui rêvait du doublé réalisé par le seul "Gitan" en 77, est dans l'expectative. Demeure les éternels "bouffeurs de pavés" que sont les Belges Johan Capiot, Wilfried Peeters, Jo Planckaert, Eric Vanderaerden, la cohorte Italienne, Fabio Baldato, Andrea Tafi, Stefano Zanini, Maximilian Sciandri ou Gianluca Bortolami, le Russe Vjatcheslav Ekimov, l'Allemand Olaf Ludwig voir les hexagonaux "Gibus" ou Frédéric Moncassin. Après une sortie de cent trente bornes du côté de Courtrai, la veille du départ de Compiègne, France Ballerini se déclare apte, de même que le "Lion des Flandres". Lefévère peut enfin dormir. Ce "Paris Roubaix" 1996 fut limpide comme rarement. Une centaine de coureur s'extirpe en tête à la sortie de la "Trouée d'Arenberg". Celle-ci rendue rapide, mais pas moins dangereuse, du fait de conditions climatiques favorables a été appréhendée et franchie tout en puissance. Sur les longs bouts droits qui mènent à Templeuve, l'Allemand Bert Dietz fausse compagnie à la meute. Le Telekom se voit bientôt adjoindre Ekimov, le revenant Vanderaerden et le Mapei de service Tafi. Alors que la formation de Patrick Lefévère, en tête de peloton, accélère l'allure, Capiot, en vieux filou leur file sous le nez au lieu dit Seclin. Pas pour très longtemps, néanmoins. Le Belge se voit, en effet repris, par la patrouille composée de Bortolami et Ballerini, en moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire. A Templeuve Johan Capiot chute et doit se contraindre à laisser filer le "baracchi" Transalpin lancé à toute vapeur. Le duo ne tarde pas à tomber sur le râble des quatre fuyards. Six coureurs en tête donc à ce moment de la course dont trois Italiens de la Mapei et quarante cinq secondes d'avance sur le gros de la troupe. A trente deux bornes du vélodrome, sur une anodine portion de pavés succédant à l'abominable laminoir de Templeuve, "La Balle" place une mine et s'envole. Bien protégé par Tafi et Bortolami, le Toscan avale le macadam à la manière d'un requin ses proies à savoir, un appétit " gargantuesque". Le festival Ballerini est en marche et personne, même pas la malchance, ne viendra contrarier la belle machine virevoltant de pavé en pavé à la manière de son idole, le "Cecco". Depuis Francesco Moser, effectivement, rares ont été ceux ayant laissé une telle impression de puissance et de virtuosité et déjoué de manière cynique les pièges et rets de l'"Enfer". Après six heures trente d'une course rondement menée, Franco Ballerini peut désormais donner libre cours à une joie non dissimulée. Il tenait enfin son "Graal" ! Tchmil et Museeuw, arrivés deux minutes après le héros du jour, complèteront un podium du plus bel effet. "C'est le plus beau jour de ma vie. Jamais jusqu'à aujourd'hui je n'ai oublié ma cruelle déception de 1993. J'aime Paris Roubaix et cette entrée sur le vélodrome est magique. C'est une chose réellement incroyable !" "Franco le Maudit" entrait de plein pied au Paradis. Le Toscan remettra le couvert de façon encore plus "arrogante" en 1998, puis qu'il laissera son second Andrea Tafi à plus de quatre minutes, puis arrêtera la compétition pour devenir bientôt sélectionneur de la Squadra Azura. A l'image d'une "Joconde" bien née, Alfredo Binda, il se montrera aussi réaliste et pugnace que sur sa monture puisqu'il mènera au maillot irisé des "fluoriclasse" tels le "Roi Lion" Mario Cipolinni, le "Grillon" Paolo Bettini, deux fois et Alessandro Ballan. Je le subodorai enfin épargné à jamais par la malchance ......................... Michel Crepel
  19. Paris Roubaix 1950 : Le « Campionissimo » se joue des Flahutes pour s’imposer dans l’ « Enfer du Nord ». Mais que venait faire Fausto Coppi dans cette galère. Que pouvait bien espérer ce "Goéland des cimes", ce parfait esthète du macadam, en venant défier, dans leur jardin, des flahutes rompus aux us et coutumes des bourbiers glauques et nauséabonds du Nord de la France, dans une épreuve aussi atypique que Paris Roubaix, en cette année 1950. Véritable héros d'une saison 1949 qui l'a vu ensorceler puis éclabousser de sa classe éblouissante, partenaires et adversaires lors du Giro et de la Grande Boucle, le "Campionissimo" aurait très bien pu se permettre d'éviter pareil écueil machiavélique. En outre, sa première expérience, en 1949, aurait du lui signifier qu'une "ballerine" ne se mue pas ainsi impunément en "rockeuse" patentée. A l'issue d'un "Enfer du Nord" dont l'arrivée fut un pur chef d'oeuvre de fantaisie alliant le rocambolesque au burlesque, Fausto Coppi fut d'une transparence et d'une impuissance telle que les suiveurs et organisateurs en demeurèrent muets de "convenance". Finalement seule la victoire conjointe mais très controversée de son frère Cerce, au détriment du seul André Mahé, aura permis aux préposés des communiqués de course de s'attarder sur le patronyme, emblématique et adulé au delà des massifs Alpins. Initialement peu enclin à renouveler une expérience dont il n'avait tiré aucun profit révélateur quant à ses prédispositions à "battre le pavé", le coureur de Castellania aura, en outre, la stupeur d'essuyer les foudres d'une presse peu amène envers un homme, selon eux, incapable et inapte à contrecarrer les assauts incessants des "martyres" invétérés des chemins de traverse. Malgré cet ouragan, ce déferlement de désaveux collégiaux qui aurait, sans aucun doute, anéanti pour le compte les prétentions et ambitions du plus entêté des kamikazes de l'inénarrable Hirohito, le tout frais émoulu Champion du Monde de poursuite, lui, s'imprégna, à l'inverse, de ce déchaînement unanime, de ce plébiscite contraire pour se blinder bien au delà de la désuète motivation et s'offrir un défi digne à ériger, si besoin était, plus haut, plus inaccessible encore, une domination implacable car totale. En cette année 50, Paris Roubaix s'est mis sur son "31" et s'est affublé de son habit du dimanche. Tout le Gotha s'est donné rendez-vous pour démontrer, par les faits plus que par les palabres, que tout Fausto Coppi qu'il était, la « frêle gazelle » n'était pas la bienvenue au pays des "besogneux cantonniers" du pavé. Sont, en effet, présent, entres autres le flamboyant "Rik 1er", lauréat deux ans plus tôt et héros malheureux d'une récente "Primavera" remportée, malgré sa position d'archi-favori, par "Gino le Pieux", l'Italien Fiorenzo Magni, la terreur des Flandres auteur d'un hat-trick qui le consacrera premier "Lion des Flandres" et le "Boulanger de St Méen" à l'aube d'une carrière qu'on lui prédisait, à l’époque, prometteuse. Toutefois, il serait hasardeux voir suicidaire de ne pas mentionner le contingent Français, riche des Maurice Diot, André Mahé, bien entendu ou Charles Coste, particulièrement remonté par la misérable farce dont fut victime André Mahé, un an auparavant. Les conditions météorologiques s'avèrent exécrables et le plafond nuageux semble épouser les cimes des habitations lors du départ de Saint Denis. En outre, une pluie diluvienne s'est invitée aux festivités, ce qui laisse augurer une bataille de tous les instants, âpre et incertaines. Le début de course est abordé prudemment par des hommes déjà trempés jusqu'aux os. Rien de bien conséquent pour soulever les foules si ce n'est les démarrages intempestifs mais rapidement annihilés du Belge Frans Gielen ou du Français Edouard Fachlietner tous deux avides de reconnaissance. Le peloton contrôle les moindres velléités offensives et les hommes de Van Steenbergen ou de Diot et Mahé cadenassent ce dernier tout le moins jusqu'à l'ascension de l'incontournable côte de Doullens, rampe de lancement originelle des hostilités. Dès son apparition les muscles tressaillent d'impatience et les choses s’accélèrent sous la houlette de Jacques-Jésus Moujica, le bien nommé. Le Français de Villaréal un moment seul aux avants postes voit soudain un grand escogriffe lui chatouiller la roue arrière puis le happer tel un vulgaire vermisseau. Le "Campionissimo" venait tout simplement de placer sa première banderille. Reçu, apparemment, cinq sur cinq, l'Italien franchit le sommet de la difficulté flanqué d'une demi-douzaine de "survivants" parmi lesquels Magni, Mahé mais dont, ô surprise, Rik Van Steenbergen se trouvait exclu. L'Anversois, atteint dans son orgueil, mettra plusieurs kilomètres pour résorber son amertume et colmater la brèche. Le coureur aux plus de mille victoires réintègrera finalement, en compagnie d'une quinzaine de coursiers, le groupe de tête. Sur la route menant les fuyards vers Arras, l'Italien Gino Sciardis accompagné du "bouffeurs de pavés" autochtone Maurice Diot prend, à leur tour, la poudre d'escampette. Derrière, la poursuite s'engage mais le ravitaillement vient malencontreusement troubler le bon ordonnancement de celle-ci. C'est alors que Fausto Coppi tente un coup de poker osé sous la forme d'un "grillage en règle" du poste aux agapes. En tête de colonne, il abandonne sa musette aux mains de son mécanicien éberlué et place un démarrage du feu de dieu qui le propulse une centaine de mètre devant le groupe d'une vingtaine d'unités un temps perplexes, puis furibards de s'être laissés ainsi piégés. Et quand le coureur de la Bianchi se poste ainsi résolument en tête d'une épreuve, il est extrêmement ardu voir irréalisable de, ne serait ce, que subodorer venir lui taquiner de nouveau le boyau arrière. Lancé, alors, à vive allure Fausto Coppi ne tarde pas à rejoindre Sciardis et Diot qui, un soupçon songeur, se laisse glisser dans le sillage du métronome Transalpin. Celui-ci enroule avec une aisance déconcertante un développement de 52x15 qui ne tarde pas à écoeurer ses deux compères. Le premier à sauter est son compatriote de Popciena incapable de suivre le train d'enfer imprimé par le belliqueux Champion d'Italie. Maurice Diot, quant à lui, entretient l'illusion en s'accrochant tant bien que mal à la locomotive bleue. Le râblé "Titi Parisien", tente même de temps en temps de se porter en tête pour esquisser un relais à la machine roulante. Ce qui a pour effet immédiat de faire sortir de ses gonds un "Tonin" Magne toujours aussi exubérant. Pensez donc ! Alors que le patron des Mercier, malin comme un ouistiti, échafaudait minutieusement la possibilité d'un hypothétique mais non irréalisable retour de son leader Van Steenbergen en tête de la course, voilà que son plus fidèle lieutenant se retrouve pris en flagrant délit de haute trahison. Fausto Coppi insensible aux atermoiements du Français et sevré des manigances du "sorcier" qui gesticulait dans son dos décida alors d'abandonner Diot à son triste sort. L'Italien n'éprouva même pas le besoin de placer une attaque tranchante et décisive, il s'autorisa, tout simplement, une longue et insidieuse accélération qui désarçonna définitivement un Maurice Diot ivre de fatigue. A moins de cinquante bornes de Roubaix, le "Campionissimo" apparaît désormais seul au monde. Derrière, c'est l'hallali pour tous les rescapés. Rik Van Steenbergen tente bien de sauver l'essentiel mais en pure perte. Le moral n'y est plus et l'aide que pourrait recevoir le Belge s'avère pour le moins hésitante pour ne pas dire nulle. Au rendez vous de Wattignies, Maurice Diot toujours en "chasse patate" parvient, à force de volonté et de courage, à conserver son honorable deuxième place au dépend du duo Fiorenzo Magni et Charles Coste qu'il précède d'environ trois minutes. Quant à Gino Sciardis, il navigue à vue du peloton cinq minutes derrière l'homme de tête. A vingt bornes de Roubaix, la messe est dite, Fausto Coppi file grand train vers son premier triomphe dans l'"Enfer du Nord". En effet, personne ne reverra le "Campionissimo", pas même lors de la traditionnelle douche salvatrice de la "troisième mi-temps" car le "bonhomme" est pressé et dès la ligne franchie, il s'engouffre dans un véhicule, direction Côme, pour une réunion su piste prévue le lendemain, qu'il remportera. Derrière c'est un Maurice Diot hilare et déchaîné qui coupera la ligne un peu moins de trois minutes derrière l'intouchable. Cette place de dauphin suffisait amplement au bonheur du Bourguignon d'adoption. Dès sa descente de monture, Diot se fendit d'un "J'ai gagné Paris Roubaix. Coppi est hors concours ..." démontrant ainsi et de manière formelle l'implacable et colossale domination du "Campionissimo" sur la "Reine des Classiques". Les avis à l'arrivée étaient unanimes. De Charles Pélissier, venu en voisin, à Rik Van Steenbergen, adversaire privilégié du Piémontais outrageusement dominé, tous louaient l'exploit de l'Italien, sa main mise sur la course et son aisance, sa faculté à déborder puis atomiser ses adversaires même les plus récalcitrants. Par cet acte de bravoure et de panache, le « Campionissimo » venait de clouer le bec à jamais, à tous ses détracteurs, et ce n’est pas le moindre de ses exploits. Michel Crepel
  20. Un pavé dans le ciel Irlandais : Sean Kelly, « Enfer » 1984. Carrick-on-Suir (Carraig na Siuire en irlandais) est une ville du comté de Tipperary en République d'Irlande. Comme son nom en irlandais l'indique, « rocher sur le Suir », la ville est située sur le fleuve Suir, à 21 km à l'est de Clonmel, et 27 km au nord-ouest de Waterford. La ville de Carrick-on-Suir compte 5 586 âmes qui vivent en harmonie et sise de la province de Munster que tout membre et inconditionnel du royaume d'Ovalie craint et abhorre comme la peste. C'est en ce lieu insoupçonnable, sujet aux grêles dévastatrices et aux tempêtes dantesques que ''Monsieur Jean'', le facétieux dénicheur de talents Bisontin s’en est allé, un beau matin de 1977, débusquer, plutôt qu’enrôler, un homme qui allait, lors de la décennie 80 - 90, révolutionner la sacro sainte spécialisation dans ce monde très compartimenté où trône le cyclisme. Sean Kelly, car c'est de lui qu'il s'agit, débarque alors sur le continent nanti de son baluchon et affublé d'une compréhension de la langue de Molière des plus succincts. Pour tout bagage, l'Irlandais arbore fermement un sac de toile clos d'une austère ficelle, accoutrement qui, paradoxalement interpella le ''Vicomte'' et lui suggéra in extenso cette remarque sibylline : ''C'est à ça que je reconnais les bons professionnels !'', soit ! Toujours est il que pour un homme qui s'apprêtait à demeurer 17 ans hors de sa patrie, Kelly ressemblait plus à un émigré, descendant de la déesse Eriu, embarqué à bord du Titanic afin de vivre, à New York au début du siècle, le rêve américain qu'à une cycliste en quête d'absolu. Ayant élu domicile chez nos voisins d'Outre Quiévrain, à Vilvoorde plus précisément, le jeune Sean a tout loisir d'agrémenter ses journées, hors cyclisme, d'un paradis visuel quelque peu désuet à savoir, une cohorte d'abominables et irrespectueuses cheminées vomissant à longueur de journée de la vapeur d'eau retraitée saumâtre et nauséabonde. Finalement, cette atmosphère glauque et rude à la fois n'était pas sans lui rappeler, à bien des égards, sa verte ''Erin'' ancestrale. Au fond, Sean Kelly éprouve des sensations similaires à celles qui étaient son quotidien jusqu'alors. Petites routes, pavés, rails de tramway, vent, pluie tous les ingrédients nécessaires à l'épanouissement d'un futur ''Flahutes''. En outre, comme tout Irlandais qui se respecte, l'élève de De Gribaldy se muait plus qu'à son tour en stakhanoviste des sorties d'entraînement par tous temps. Fidèle à son désir de parvenir un jour au firmament des chasseurs de classiques, Sean, assidu au travail et besogneux à souhait, se forgeait, bon gré mal gré, un moral d'acier alors que sa vélocité naturelle se transformait, immuablement et comme par enchantement, en arme fatale, imparable. Durant six longues années il rongera son frein à apprendre les rudiments du métier. Kelly, en homme intelligent apprendra rapidement de ses défaites et même si durant cette assez longue et fastidieuse période il ne se contentera que de miettes parcimonieuses, son orgueil et sa fierté exacerbée, d'Irlandais bon teint, ne tarderont pas à extérioriser une classe trop longtemps en sommeil. Et alors là. A partir, de 1982, Sean Kelly devient alors incontournable lors de communiqués de courses. Dans des registres pour le moins hétéroclites, il s'illustre aussi bien dans les sprints, comme le prouve ses trois maillots verts endossés au cours des Grande Boucle 1982, 83 et 85, que lors des courses d'une semaine, où sa panoplie de coureur complet fait merveille. Pour étayer cet état de fait, je rappellerai son hégémonie lors de ses sept ''Course au soleil'' glanées entre 1982 et 88. Cet homme au panache omnipotent et à la volonté inébranlable poussera l'ironie jusqu'à s'offrir trois Grands Tours dont deux Tour de Suisse montagneux à souhait et surtout une Vuelta endiablée. Toutefois, ses joyaux, ses lettres de noblesse, Sean Kelly les obtiendra dans sa quête des classiques. Son éclectisme, sa science de la course, son abnégation, sa classe, en un mot éclabousseront toutes les courses d'un jour du calendrier. De la ''Primavera'' qu'il domptera à deux reprises au ''Lombardie'' qu'il s'adjugera en trois occasions, en passant par quatre triomphes inoubliables et implacables dans l'''Enfer'' et la ''Doyenne'', l'Irlandais prédateur dominait à tel point son sujet, tout au long de la saison, que ses adversaires devaient bon gré mal gré se contenter de miettes désuètes et d'improbables accessits. 1984, année bénie qui débute par un séisme planétaire à Mexico. Loin du chaos provoqué par un quelconque tremblement de terre, hélas fréquent dans cette région où trône en maître telle une menace permanente le Popocatépetl, cette secousse d'un tout autre genre a pour théâtre le vélodrome en altitude de la ville Aztèque de Moctezuma. En ce lieu mythique le triple lauréat de Paris Roubaix, Francesco Moser s'offre le prestigieux record du monde de l'heure. En quatre jour, le ''Cecco'' a non seulement détrôné le ''monument'' Eddy Merckx, mais plus que le record du ''Cannibale'', le Transalpin s'est montré gargantuesque en franchissant pour la première fois la barre emblématique des cinquante bornes dans l'heure (51,151 km/h). Pourtant, malgré cet exploit et sa victoire deux mois plus tard lors de Milan San Remo, Francesco Moser ne participera pas à l'''Enfer du Nord'', véritable ''Terre Sainte'' de l'Italien. Le ''Cecco'' rejoint ainsi le contingent d'absents de marque tels le ''Blaireau'', ''Gibus'' et Jan Raas, victime, lui, d'une chute assez sérieuse à l'arrivée de la dernière ''Primavera''. Bien évidemment, ces défections font naître des ambitions nouvelles et légitimes chez certains aux premiers rangs desquels Sean Kelly, Laurent Fignon, Marc Madiot, Greg Lemond, Gregor Braun ou Hennie Kuiper, font figures d'épouvantail. Sean Kelly apparaît, néanmoins, le plus crédible. Sa boulimie de victoires en ce printemps lu offre inévitablement le siège, alléchant mais ô combien éjectable, de favori incontournable à la succession du Néerlandais Hennie Kuiper. En outre, dauphin de Francesco Moser sur la ''Primavera'' et de Johan Lammerts lors du ''Ronde'', l'Irlandais est apparu, comme rarement après une déconvenue, ulcéré et revanchard. Malgré ce plébiscite en faveur de l'Irlandais, deux poursuiteurs émérites vont s'ingénier à jouer les empêcheurs de tourner en rond. En effet, le Français Alain Bondue associé à l'Allemand Gregor Braun de la formation du Nord, La Redoute sous l'égide du ''Bourguignon'' et du ''Grand Fusil'', s'apprêtent à dynamiter, à emballer la course de manière débridée et échevelée. Rien de bien conséquent n'est à noter depuis le départ de Compiègne en dehors des traditionnelles et immuables chutes et crevaisons. Comme de coutume la traversée du boyau cauchemardesque de la forêt de Wallers-Arenberg va alors jouer son rôle de juge de paix. L'esthète Alain Bondue, dans sa position caractéristique de poursuiteur, le nez dans le guidon aborde la tranchée à une vitesse inouïe. Bien posé sur sa machine, le Nordiste est seul au monde et ne fait aucun cas de qui pourrait prendre sa roue, il fonce. Pourtant, à un moment donné Bondue ose un bref regard vers l'arrière nanti d'une certaine anxiété. Quelle n'est pas sa stupéfaction puis sa satisfaction lorsqu'il constate alors que seul son coéquipier et ami Gregor Braun demeure dans sa roue. Les deux hommes avalent de concert et à une cadence infernale le boyau pavé sans même se retourner. Derrière c'est l'enchevêtrement traditionnel et son cortège de chutes, de crevaisons et d'abandons. A la sortie de Wallers, le duo de tête possède dorénavant près d'une minute trente sur la première cohorte de poursuivants. Dans la foulée, les deux coureurs de La Redoute happent puis abandonnent à leur triste sort les deux rescapés de l'échappée matinale, Lang et Hoofeditz, en complète déconfiture. Les deux hommes s'entendent naturellement comme larrons en foire et filent bon train en direction du vélodrome de Roubaix. Toutefois, passés Orchies, le doute les envahi. Le nombre de bornes encore à effectuer et les secteurs pavés en nombre restants à appréhender suggèrent à nos deux héros un instant de réflexion. Finalement, nos deux fuyards décident d'un commun accord et in extenso de poursuivre l'aventure ainsi que leur cavale sans se préoccuper le moins du monde de ce qui pourrait leur arriver de fâcheux par la suite. Après tout, l'écart s'est stabilisé depuis un bon moment déjà à plus d'une minute trente et apparemment, à les voir de temps à autres s'encourager et s' « haranguer » mutuellement, les deux coureurs en ont encore sous la pédale. A l'arrière, Sean Kelly ne dit mot mais ne consent pas pour autant les agissements des deux présomptueux. Présomptueux, en effet, car notre Irlandais en fin tacticien subodore, à juste titre, que, face au vent, nos deux ''tourtereaux'', filants le parfait amour, ne vont pas tarder à ressentir les premiers symptômes de lassitude puis de fatigue liés à pareille chevauchée. En tête de la rébellion les Kwantum de Kuiper et de son compatriote de Germiny l'Evêque Zoetemelk ainsi que les Splendor de Dhaenens et Verluys assurent un train régulier quoique soutenu, Kelly, pour sa part, fait de la patinette, heureux comme un pape sur le chemin de Compostelle. A l'avant, l'Allemand, plus massif que la gazelle Française éprouve, soudain, quelques difficultés à aborder sereinement les secteurs pavés. En outre, Braun perce à hauteur du secteur de Mons en Pévèle, lieu des plus stratégiques s'il en est. Bondue, en sage, décide tout de même d'attendre son camarade de galère. L'avance de nos deux héros n'a, pour l'instant, aucunement subit l'érosion du temps. Le groupe de poursuivants, en revanche, a essuyé un sévère et impitoyable écrémage en règle. Seul huit coureurs demeurent désormais dans le sillage fuyant de Sean Kelly. On y recense, outre l'Irlandais, Kuiper, Verluys, Wijnants, Vandenbroucke, Van Der Velde, Hanegraaf et Rogiers. Kelly, s'est maintenant résolument porté en tête de la meute et assure un tempo d'enfer à moins de cinquante bornes de Roubaix. Derrière, ses compagnons commencent à s'affaisser et subir les pavés alors que lui voltige. Soudain, Sean Kelly dépose un missile irradiant qui congestionne et éparpille tout le groupe hormis Rogiers qui parvient au prix d’un effort effroyable à garder la roue du ''terroriste''. Déchaîné, l'Irlandais fond sur ses proies. Hallucinant, cette force, cette puissance. Les muscles saillants tremblent et tressautent sous l'impact des pavés, le regard lucide mais féroce est fixé à l'infini sur l'horizon, pas un trait, de son faciès ne bronche, le ''Viking'', le rictus guerrier, est en marche et dévore, broie le ''paveton'' à la manière du ''Gitan''. Après vingt cinq bornes de poursuite intensive, la jonction se produit à hauteur de Wannehain. Dès le regroupement effectué, Kelly produit une accélération brève mais ô combien insidieuse et perverse qui sonne le glas définitif des espoirs de Braun qui explose en plein vol, exténué, détruit pour le compte. Trois hommes en tête, donc, Kelly en maître d'oeuvre, Rogiers dans l'aspiration et Bondue qui se refait une santé à l'arrière du diabolique et tonitruant trio. Ce dernier, loin d'être découragé tente de se faire oublié afin d'endormir les soupçons, de velléités offensives, de Kelly à son égard car le Nordiste songe sérieusement à triompher de l'''Arme Fatale'' Irlandaise sur son vélodrome chéri. Le Carrefour de l'Arbre est survolé avec maestria par la triplette qui ne chôme pas en route. La présence en son sein de l'enfant du pays exhorte l'euphorie ambiante. Venue en masse comme à l'accoutumé, la foule des badauds n'a d'yeux et d'acclamations que pour son ressortissant qui, soyons honnête, tient formidablement bien son rang. Soudain, alors que les trois échappés abordent à vive allure l'avant dernier secteur sélectif, le double Champion du Monde de poursuite est victime d'une chute malencontreuse et dramatique à ce moment de la course. Abasourdi, tout d'abord et meurtri dans sa chair, le malheureux porte subrepticement ses mains sur ses hanches. A ce moment précis, tous les spectateurs du drame craignent le pire. La violence du choc a rendu, par la même occasion, sa monture hors d'usage. La solidarité n'est pas un vain mot dans le cyclisme à tel point que pendant que Bondue groggy tente tant bien que mal de reprendre ses esprits, un supporter zélé mais ô combien efficace d'Outre Quiévrain s'affaire sur le vélo de notre compatriote dans le but de l'aider à reprendre la course. Après une réparation de fortune, Alain Bondue enfourche prestement sa machine et repart tambour battant avec une minute et trente secondes de retard sur le désormais duo de tête. Adepte de l'effort solitaire, le Français s'arc-boute et martyrise alors son destrier à l'extrême limite de l'inconscience et malgré la douleur lancinante qui le tenaille dans tout le corps, sa foi est intacte. En dix bornes il reprend une minute à ses deux anciens compagnons de route. Trop tard toutefois pour troubler la quiétude et l'assurance de Sean Kelly, sûr de sa force. Entré en tête sur le vélodrome de Roubaix, Rogiers ne se fait néanmoins pas trop d'illusion sur le sort que lui réserve l'Irlandais. Et, effectivement, ce sera une formalité pour Sean Kelly que de déposer le Belge et d'inscrire, pour la première fois dans l'histoire du cyclisme, le nom d'un Irlandais au palmarès de la plus grande classique du calendrier. Une semaine plus tard, il récidivera sur la ''Doyenne''. Alain Bondue, à vingt cinq ans, troisième, pensera longtemps, qu'il dompterait un jour l'''Enfer'', en vain. Michel Crepel
  21. Peut être le "Gitan" ! C'est le seul que je vois, tous les autres sont des "monstres" !
  22. « Enfer 1981 » : Le « Blaireau » cloue, une bonne fois pour toute, le bec à ses détracteurs. "Cette course est une hérésie !", c'est en des termes peu élogieux teintés de mépris non feint que le "Blaireau" juge la présence de l'"Enfer du Nord", et à un degré moindre du "Ronde Van Vlaanderen", au sein du calendrier international. D'ailleurs, ses précédentes participations ne l'ont pas vraiment conforté dans son for intérieur à changer d'avis. Pourtant, malgré les incidents et aléas inhérents à ce type d'épreuve atypique et qui ont émaillés ses trois dernières apparitions, Bernard Hinault a toujours, à un moment ou à un autre, pesé sur le déroulement de la course. En outre, le Breton s'est amélioré à chaque sortie, treizième en 78, onzième en 79 et enfin au pied du podium en 80. Le paradoxe est saisissant, son aversion tenace et sans doute "indélébile" ne s’avère nullement rédhibitoires pour qui connaissent les volte-face et pirouettes du "Blaireau" dès que l'on titille son amour propre. En effet, le "Menhir d'Yffiniac" abhorre le fait même d'humer l'opprobre à son endroit, cela tend à exhorter une rage dévastatrice. Le granit qui fait office de crâne, chez cet Armoricain enraciné, est imperméable à tous sentiments de complaisance lorsqu'il s'agit de vaincre. Cet état de transe carnassière du "Blaireau" hante encore les chaumières des coursiers qui ont eu affaire à ce prédateur fulminant. C'est ceint du maillot irisé, conquit avec maîtrise et autorité six mois plus tôt, que Bernard Hinault se range donc sous les ordres du directeur de course au départ de Compiègne en ce printemps maussade du 12 avril 1981. Au départ de Compiègne, l'attention de tous se porte essentiellement et consensuellement sur le "maillot irisé". Un rictus, un regard du "Blaireau" permettrait, en effet, de déceler ses intentions, ses ambitions. Pourtant, le roublard Breton ô combien malicieux ne laisse rien transparaître. Marris de tant de sentiments déférents à leurs égards, ses adversaires feront acte, bon gré malgré, d'une défiance des plus acérées. Tout le Gotha du "Bouffeurs de pavés" s'est donné rendez-vous en ce dimanche 12 avril. Les inamovibles et incontournables "funambules des ornières" à savoir, le "Gitan" et le "Cecco" demeurent toujours mais néanmoins à juste titre en pôle lorsqu'il s'agit de ressortir un favori du lot. Derrière, ces deux monstres sacrés de l'"Enfer", une pléiade d'outsiders piaffent d'impatiente et rêvent en silence de détrôner leurs idoles devenues par trop encombrantes. Les plus présomptueux, à s'approprier in extenso et de facto le sceptre, se nomment Hennie Kuiper, Batave pur et dur et coursier ô combien complet, Gilbert Duclos Lassalle le jovial entêté, obnubilé par le défi nordiste, Marc Demeyer le puissant et imposant Flamand protecteur, en son temps, du bouillant Freddy Maertens et enfin l'acariâtre et belliqueux Néerlandais Jan Raas. D'autres, plus attachés aux sacro saintes lois du milieu ambiant apparaissent, apparemment, moins concernés, mais pas nécessairement complexés, par cette haute lutte de pouvoir. Au premier rang de ses jeunes loups figurent, tout d'abord, l'"Ange de Willebroeck", véritable archétype du champion de demain. Fons de Wolf, qui vient de s'adjuger la "Primavera"en solitaire devant son compatriote et "maître" Roger De Vlaeminck, possède, en effet, toutes qualités requises pour, à court ou moyen terme, succéder au "Gitan", à défaut de postuler "irrévérencieusement" au trône du "Cannibale". En outre, sa frimousse d'archange tombé des cieux un soir de Noël enneigé, fait se pâmer toute une génération de jeunes "damoiselles" de bonne famille d'Anvers, de Gand, de Bruges et d'ailleurs. Outre ce bourreau des coeurs, le Yankee Greg Lemond, tout droit débarqué de son Minnesota natal, le cadet de la très respectée fratrie Planckaert, Eddy, le jeune Irlandais, lauréat chez les amateurs, Stephen Roche et les Français Marc Madiot, également récompensé dans la catégorie inférieure et Alain Bondue voir René Bittinger ou encore Jean René Bernaudeau peuvent raisonnablement espérer profiter d'un hypothétique, mais nullement utopique, marquage draconien et impitoyable entre les costauds. Le début de course est traditionnellement le théâtre d'une procession en direction des premiers secteurs pavés. Cette édition n'échappant, évidemment, pas à la règle, c'est peu ou prou un peloton groupé qui aborde les faubourgs d'Atres, situés à une centaine de bornes de Roubaix. A partir de ce lieu prédestiné au nom prémonitoire, la course va prendre une tournure offensive où tour à tour les coursiers vont mettre le feu. Quatre hommes, Jean René Bernaudeau accompagné de son compatriote Frédéric Vichot, du Belge Gery Verlinden et de l'Italien Marco Cattanéo prennent la poudre d'escampette et creusent, immédiatement, un écart conséquent par rapport à un peloton piégé, certes, mais bigrement vigilant comme en atteste le tempo imposé par celui-ci. A Valenciennes, lieu de ravitaillement immuable, l'avance du quatuor s'est stabilisée à la minute. La progression du groupe de tête est désormais laborieuse. Les aspérités saillantes du macadam, le pavé glissant et les ornières gorgées d'eau freinent les ardeurs des plus intrépides. A l'arrière, les chutes et crevaisons, véritables fléaux inhérents à l'"Enfer du Nord", commencent à faire son office et opèrent parcimonieusement mais impitoyablement la sélection. Le Néerlandais à lunettes et favori patenté de nombre de suiveurs est un des premiers à en avoir fait l'amère expérience. Le tout frais émoulu lauréat du "Volk", victime d'une chute malencontreuse, bien avant les premières escarmouches pourtant, a été contraint à l'abandon. A soixante bornes de l'arrivée, le peloton est alors sujet à des soubresauts intempestifs, dont Roger de Vlaeminck et Gilbert Duclos Lassalle profitent pour s'extraire. "Gibus" et le "Gitan", tandem de choc, s'il en est, volent sur ces pavés d'un autre âge. Les deux hommes, maculés de boue de la tête aux pieds ont le masque. Le visage hagard, de l'homme faisant fi de ses réticences et de ses angoisses, ces deux gladiateurs des temps modernes roulent et roulent encore, virevoltant et aériens. Passés maîtres dans l'art de dompter et domestiquer les pièges, nasses et rets de tous genres, ils ne tardent pas à coller aux basques des quatre présomptueux, fourbus et crottés, à les rejoindre puis à les déposer, là, sans autre forme de procès. Durant vingt longs et fastidieux kilomètres le duo Franco-Belge s'escrime et progresse de concert avec panache et unité et font montre d'une parfaite harmonie, malgré les conditions exécrables. A ce moment là, "Monsieur Paris Roubaix" est victime d'un incident mécanique récalcitrant qui à pour effet de propulser seul le Français à l'avant de la course une minute devant la meute en chasse. Le Béarnais, débarrassé de cette chape de plomb que représentait le "Gitan", continue de résister, malgré tout, à des poursuivants de plus en plus velléitaires. Son avance fond à une cadence régulière mais inexorable. "Gibus" dépité doit rendre les armes à l'entrée du secteur pavé de Wannehain où, pas plus heureux que le "Gitan", il perce à son tour. Le Français parvient, néanmoins, tant bien que mal à prendre les roues d'une dizaine de coursiers lancés à vive allure vers Roubaix. Comble de malheur, le valeureux Béarnais chute du côté de Gruson et rend définitivement les armes. A ce moment là de la course, ils ne sont plus que six au commandement. Que du beau linge. La sélection a été impitoyable et drastique. Seuls les costauds sont parvenus à s'ériger en maîtres en ces lieux maudits et hais de tous. L'énumération des acteurs de ce final laisse augurer un final du "feu de dieu" ! En effet, sont présent, le Champion du Monde, notre "Blaireau" national, le "Baron des pavés" Roger de Vlaeminck, le "Cecco" Francesco Moser lauréat des trois dernières éditions, Marc Demeyer toujours placés jamais gagnant, Hennie Kuiper qui connaîtra son heure de gloire deux ans plus tard et enfin l'"intrus" de la bande le Belge Guido Van Calster rompu, toutefois, à ce genre combats douteux. Vous imaginez bien que nantie d'une telle représentation, cette échappée peut être qualifiée, sans trop de risque de se fourvoyer, de décisive. Toujours du côté de Gruson, la "maudite", un coup de Trafalgar se produit sous la forme d'une chute de Bernard Hinault. Le Breton, concentré plus que de raison, sans doute, sur son final est soudain victime d'un caniche qui, apeuré et laissé libre par "Mémère", plonge sous la roue avant de la malheureuse victime. Résultat, une chute sur le pavé, une vive douleur ressentie et une rage décuplée. La "bave aux lèvres", le rictus vengeur, le "Roc Breton" enfourche alors sa monture, fait sauter les pignons avec déraison et écrase les pédales avec force et conviction. Son regard de "killer" en dit long sur son désappointement. Le "Blaireau" ne mettra finalement que quelques centaines de mètres pour recoller au quatuor sur orbite terminale. Mais suite à ce coup du sort, les "mouches avait changé d'âne". En effet, si avant le "drame" tous semblaient se convaincre que la décision finale se circonscrirait autour du duel "Gitan" - "Cecco", les évènements subit par le "Blaireau", quelques instants plus tôt, firent que les affirmations et convictions précédentes s'avérèrent soudain moins catégoriques et plus nuancées quant aux chances des uns et des autres. Pour qui connaît le "Blaireau" nanti de cet état de transe innommable, la prudence tient lieu de raison. Depuis sa malencontreuse chute, le Breton s'est résolument installé en tête de colonne et imprime un train d'enfer à ses cinq acolytes. Sans un regard pour quiconque il martyrise sa machine tout en absorbant les difficultés de la chaussée avec délectation et jouissance. Même si le "Gitan" a perdu de sa verve d'autrefois, il demeure toujours bien présent dans la roue du Français. Le "Cecco", lui, contrairement à son habitude, attend et toise l'adversaire avec parcimonie puis d'un oeil inquisiteur scrute chaque faits et gestes du petit groupe. Hennie Kuiper pour sa part a pris, bien évidemment, fait et cause pour son leader de Daf-Trucks, le "Gitan" qui l'a fait sacrer "Empereur des Flandres", une semaine plus tôt lors du "Ronde Van Vlaanderen". Le puissant Marc Demeyer apparaît toujours aussi impressionnant sur les secteurs difficultueux et ne montre, comme de coutume, aucun signe de lassitude si ce n'est de l'impatience à en découdre. Enfin, Guido Van Calster se satisfait amplement de faire partie de pareille équipée et trône invariablement en queue d'alignement. Depuis longtemps déjà, tous subodorent bien volontiers que personne ne parviendra à s'extirper de celle toile d'araignée. La pression, le "Gitan" en est investie dès son entrée sur le vélodrome dans la roue de Kuiper. Un cinquième titre, ici, le hisserait sans doute à jamais "Roi de l'Enfer". Le Batave a, tout juste, le temps d'humer le parfum particulier des clameurs de la foule du "tourniquet" infernal que Bernard Hinault, avec sa hargne légendaire, s'est installé en tête du groupe. Nous sommes alors à quatre cent mètres de la ligne et nul doute que le "Blaireau" à l'intention de faire parler la puissance à défaut de la vélocité, apanage du "Gitan", par exemple. Dans sa tête, il s'imagine refaire le coup de la "Gold Race", dix jours auparavant, où lançant l'emballage de loin, personne n'était parvenu à le remonter totalement, pas même Roger De Vlaeminck, son dauphin ce jour là. Muni d'un 53x13, le "Blaireau" accélère progressivement alternant danseuse et bec de sel. Dans la ligne opposée, aux deux cent cinquante mètres il annihile une tentative du colosse de service, Marc Demeyer puis poursuit sans se désunir un seul instant son accélération régulière et meurtrière. A la sortie du dernier virage, à la corde puis pleine piste, il apparaît irrésistible et inabordable tant la puissance phénoménale qu'il dégage pour enrouler son braquet de mammouth est inouï et maîtrisée à la perfection. Seul, le "Gitan", placé à l'extérieur, parvient à faire illusion dans les derniers mètres en tentant, en vain, une remontée de la dernière chance. Trop tard en tous les cas pour déborder un homme orgueilleux et fier d'avoir cloué le bec à tous ceux qui lui reprochaient de ne pas aimer l'"Enfer" pour la seule et unique raison à savoir, son " incapacité à gagner une telle course". Ce monstre d'abnégation et de certitudes a, une nouvelle fois, prouvé que la vérité du terrain est la seule entité recevable du sport en général et du cyclisme en particulier. Michel Crepel
  23. Paris Roubaix 1972 : L’éclosion du « Maître de Enfer ». Eeklo est une « bourgade » néerlandophone d'Outre Quiévrain située en Région flamande. A l’instar de nombreuses de ses congénères, qui ont vu naître et éclore des champions toutes disciplines confondues, cette commune de Flandre Orientale s’enorgueillit d’être le berceau de deux spécimens de la bicyclette hors norme. Sise aux confins des provinces d'Anvers, du Brabant Flamand et du Hainaut, cette ancestrale contrée, longtemps territoire des placides et besogneux Ménapiens, offre tous les ingrédients rêvés aux extravagants et funambules de la "Petite Reine". Eric et Roger, son cadet de deux ans, de la fratrie De Vlaeminck, bercent très tôt au sein de cette atmosphère, austère par essence, mais "religieuse" quant à la passion sacerdotale de ce peuple Flamands rompus aux vicissitudes de ces gens du Nord ainsi qu'à la passion exacerbée qu'ils éprouvent envers le sacro saint vélocipède. Le cyclisme regorge depuis son émergence, c'est à dire depuis la nuit des temps, de coursiers d’exception aptes à tutoyer les plus grandes sommités d'une nation. La liste serait trop longue et fastidieuse à énumérer ici, en outre, la mémoire collective est à même de recenser tous les champions qui de par leurs exploits parfois surréalistes ont marqué les imaginations, de génération en génération. Si l'aîné Eric De Vlaeminck s'est montré un phénomène implacable au sein du royaume atypique des sous bois, Roger, lui, a épousé la carrière, plus lucrative et ô combien plus représentative aux yeux du public, de routier nanti d'un invraisemblable caractère de guerrier belliqueux. Coureur hybride, à la fois excellent sprinteur à la vélocité outrancière et excellent cyclo-crossman comme son titre de Champion du Monde 1975 le démontre, le "Flandrien" disposait d'un sens aigu des trajectoires les plus scabreuses et d'une maîtrise quasi chirurgicale des obstacles malencontreux et des rets en tous genres. Cet ensemble de qualités innées lui permettait alors, quand la majorité de ces adversaires tenaient maladroitement le haut du pavé à la limite de l'adhésion, d'opter pour les ornières les moins praticables mais les plus à même d'accélérer l'allure sans entamer son influx nerveux et son physique hors norme. Paris Roubaix, parce que c'est de la "Reine" dont il est question, ici, le « Gitan » l'a épousé très tôt et dans la foulée l'a amadoué puis apprivoisé et enfin dominée et adoptée comme nul autre pareil. L' « Enfer » telle une maîtresse exigeante et éternellement inassouvie se donne corps et âme et sans concession à tous coursiers qui l'honore de sa tendresse et de sa délicatesse. Disons, que Roger De Vlaeminck sera à jamais son plus fidèle et voluptueux amant. Le « Gitan », de par son côté bohème et introverti, n'entretenait guère pour ne pas dire pas du tout d'amitiés inconsidérés au sein du le peloton, hormis Jean Pierre Monséré, et ma foi, loin de le chagriner cette situation, que d'autres auraient traduit pour du rejet, de l'inimitié voire du mépris, avait le don de le motiver à l'extrême et de le rendre invulnérable et irascible à l'heure d'élaborer puis d'appliquer sa tactique de course. En outre, Roger De Vlaeminck apparaissait Irrésistible lorsqu'il décidait de passer la surmultiplié, il quittait alors sa position caractéristique, les mains sur les cocottes, les coudes plus bas que ses poignets afin de faire suspension, pour endosser celle de poursuiteur implacable, les mains en bas du cintre, le dos invariablement plat, tel un esthète de l'effort solitaire, qu'il n'était pas nécessairement lorsque le chronomètre s'avèrait être le seul maître à bord. Certes, le « Gitan » était l'archétype même, le leader patenté et maître incontestable et incontesté de ce genre d'exercice qu'est l' « Enfer du Nord » lors de la décennie 70-80 mais pas seulement. Le bougre possédait plus d'une corde à son arc et sa soif de vaincre, sa faculté d'adaptation à tous types de terrain en fit un caméléon rebelle et irritant voir agaçant pour sa majesté le « Roi Eddy » en personne. Leurs joutes opiniâtres et incessantes allaient jalonner toute cette période bénie où les "Flahutes" régnaient en maître à l'occasion des courses d'un jour. Outre ses quatre succès sur le vélodrome de Nord, Roger De Vlaeminck avait tissé une véritable hégémonie d'accessits lors de ce périple pavés. En dix participations à « l'Enfer du Nord » il terminera en chaque circonstance l'épreuve. Plus extraordinaire, il obtiendra à chaque édition une place dans les sept premiers et se hissera à neuf reprises sur le podium ! Fabuleux, lorsque l'on connaît le côté aléatoire et imprévisible de cette course impitoyable (pluie, crevaisons, chutes, boue, vent...). D'ailleurs son palmarès, dans l'épreuve chère à Théo Vienne et Maurice Perez, aurait pu être plus conséquent encore si son rôle d'équipier de luxe de Francesco Moser (Samson) ou de Freddy Maertens (Flandria) ne l'avait accaparé, plus qu'il ne le désirait néanmoins, à des moments clés de la course. Son altruisme permis, d'ailleurs, à l'Italien de triompher à trois reprises et consécutivement à Roubaix. Cet ombrageux et teigneux de nature était donc, également, un sprinter émérite, ses trois victoires dans la « Primavera » en font foi. En outre, à l'occasion du Giro 75, il s'offrira la bagatelle de sept étapes puis, dans la foulée, participera au Tour de Suisse, qu'il s'adjugera haut la main, non sans aller cueillir six bouquets aux arrivées synonymes de victoires d'étapes ! Auparavant il avait triomphé pour la cinquième fois consécutivement dans « La Course des Deux Mers », Tirreno-Adriatico, enlevant, au passage, toutes les étapes excepté une. Celle-ci revenant à Merckx dans un sursaut d'orgueil. Nanti du deuxième palmarès en matière de Classiques, conjointement avec Rik Van Looy, mais loin derrière le « Cannibale », il échouera, de justesse dans sa quête au maillot irisé, sur route à Yvoir, en Belgique, où il finira sur les talons du Néerlandais Hennie Kuiper, qu'il eu le tort de mésestimer… L’ « Ermite d’Eeklo » possède le deuxième palmarès, en matière de classiques, derrière le phénomène de Meensel-Klezegem et à hauteur de l’ « Empereur d’Herentals » qui, épaulé de son intraitable « Garde Rouge » écumait et martyrisait le macadam la décennie précédente. Depuis Gaston Rebry, l’enfant de Wevelgem, qui écumait de son immense talent les routes du Nord à l’orée des années 30, la « Reine des Classiques » se cherche toujours un lauréat qui marquerait celle-ci de son empreinte indélébile pour des siècles et des siècles. Au printemps de l’année 1972, Paris Roubaix prend son envol de Compiègne. Le plafond est bas, l’atmosphère semble chagrine et la bruine déverse sa lave glacée sur les carcasses grelottantes et les crânes hirsutes. L’attente accentue encore la fébrilité des « funambules des pavés » qui piaffent d’impatience de s’élancer. La course s’annonce impitoyable, échevelée et débridée. Certes, la participation, comme de coutume s’avère être riche et hétéroclite, mais surtout les conditions climatiques apocalyptiques donnent un aperçu succinct de ce que sera la suite de la journée. Le crachin poisseux qui tombent sans cesse et qui, insidieusement se dépose inexorablement sur les muscles saillants des acteurs mais également sur le haut du pavé et dans les ornières délimitant les portions difficultueuses génèrent l’angoisse et la morosité, à défaut de peur, au sein du peloton. En effet, pour nombre de « saute ruisseau » peu aguerris aux rudiments de la « Roubaix » , la perspective de « fouler » ces chemins de traverses dans des conditions aussi « dantesque » laisse un profond goût d’amertume au sein des esprits tourmentés. Les « cadors », quant eux sont à mille lieux de ces tiraillements infantiles et versent plutôt vers la rodomontade parfois présomptueuse, véritable source de motivation des « avaleurs de pavetons ». Bien évidemment, ce temps exécrable digne d’un cyclocross n’est pas pour déplaire à certains aux premiers rangs desquels Roger De Vlaeminck fait figure d’épouvantail. Ce dernier, peut très bien subodorer sans être grand clerc qu’un signe annonciateur d’un destin favorable plane au dessus de sa tête. Toujours est il que l’entame de course comporte son traditionnel lot de chutes et de crevaisons malencontreuses. Ainsi Frans Verbeeck, tout frais émoulu lauréat du « Volk », et donc favori légitime au départ de Compiègne est victime d’une fracture de la clavicule avant même d’avoir été confronté aux premières difficultés. Comme à l’accoutumé, allais je dire, Eddy Merckx, entame son travail de sape et tente de lancer la course dès le ravitaillement de Valenciennes en compagnie de ses compatriotes Eddy Peelman et Engelbert Opdebeek. Les trois hommes se dégagent avec autorité et la démonstration de puissance du « Cannibale » courbant l’échine comme à ses plus beaux jours laisse augurer une partie de manivelles du plus bel effet. Pourtant, à l’arrière le « Batave à lunettes » n’est pas dupe de la manœuvre du Belge et l’expérience aidant, il ne tarde pas à rejoindre le trio non sans avoir piocher dans ses réserves. Ce qu’il n’avait pas prévu, le farfadet, c’est que dans son empressement à recoller, le vainqueur du Tour 68 avait transporté « gratis » tout le peloton sur son porte baguage. Même si ce coup d’essai de Merckx ne s’était pas révélé un coup de maître, il avait néanmoins, eu l’avantage d’écrémé le peloton et de rejeter à l’arrière nombre de prétendants à la victoire finale. Désormais, le groupe de tête file à vive allure en direction du premier « juge de paix » de l’épreuve à savoir, la Tranchée de Wallers Arenberg, boyaux infecte et abominable où la « mort » rôde tel un charognard guettant sa proie. Les plus faibles, effectivement, ne sortiront pas indemne de « cette trouée à rats » et déjà les faciès se liquéfient comme des figues trop mûres. Dés l’entrée sur le boyau, la pluie a rempli son œuvre de destruction. La chaussée pavée à l’instar d’une patinoire n’autorise pas et ne pardonne jamais aux non-initiés de la dompter sans l’avoir auparavant amadouée et seuls les plus expérimentés parviennent, non sans mal, à s’extirper des chutes et des amoncellements de coureurs entremêlés. C’est une véritable foire d’empoigne où beaucoup ne verront jamais l’issue de l’orgie boueuse. Même, le « Roi Eddy », victime d’une chute, ne sortira pas ragaillardi d’Arenberg. A la sortie de la forêt, déjà Roger de Vlaeminck se sent des fourmis dans les jambes et soudain place une mine meurtrière et hargneuse afin de tester l’adversaire. Ayant jugé des forces en présence le « Gitan » se relève et réintègre le reste du groupe. A soixante dix bornes du vélodrome, dix sept rescapés s’ébrouent à l’avant. Eddy Merckx retardé en raison de son incident initial ne tardera pas à rejoindre ses compagnons. Tous les favoris figurent dans ce peloton ce qui condamne inévitablement et définitivement ceux qui n’ont pas su ou pu accrocher le bon wagon. Des banderilles commencent à jaillir comme celle de l’anodin Willy Van Malderghem qui, profitant du marquage au cuissard des cracks. tente de fausser compagnie à ses compagnons de route. Le Français Alain Santy profitant de l’hésitation ambiante saute dans la roue du fuyard et se porte résolument en tête du duo naissant. Les deux hommes s’entendent comme larrons en foire et portent leur avance du côté de Marchiennes à plus de quarante secondes. A Coutiches, l’écart est monté à deux minutes et cinquante kilomètres restent à parcourir. Survolté, l’enfant du pays qu’est Santy ne sent pas les pédales ovationnés qu’il est par tout un peuple « Ch’ti » tout acquis à sa cause. Le Belge, qui avait failli inscrire les « Quatre Jours » l’année d’avant à son palmarès n’est pas en reste et prend des vibrants relais de mammouth. Les fuyards semblent irrésistibles. Pourtant cette impression de fluidité et d’harmonie commence imperceptiblement à s’effriter. Alain Santy, petit gabarit, frêle et léger donne des signes alarmants de lassitude. Ses relais deviennent heurtés voir poussifs et d’une brièveté de mauvais aloi. Tant et si bien que Van Malderghe, toujours aussi puissant et volontaire, le dépose sans même accéléré l’allure à trente cinq bornes de Roubaix. Derrière la rébellion s’organise enfin. Eddy Peelman, omniprésent, Roger Rosiers, Roger De Vlaeminck, Eddy Merckx et notre « Poupou » national ne chôme pas et caracole en tête de colonne. A la hauteur du secteur de Templeuve, se joint au groupe de poursuivants d’autres favoris comme André Dierickx, Roger Swerts, Herman Van Springel, Barry Hoban, Gerben Kartens, Olle Ritter,et Willy Terlinck, que du beau linge. A l’entrée de Nomain, Willy Van Malderghem pioche et voit son avance fondre comme neige au soleil. Nanti d’une misérable minute d’avance sur un peloton en transe, on ne donne pas cher de sa peau à ce moment de la course. Cependant au lieu dit Bechy à une vingtaine de borne du but, le Belge ne faiblit plus. Aussi, Roger De Vlaeminck s’impatiente et le fait savoir. Le « Gitan » s’hérisse. Il doute des motivations de ses camarades de fortune à vouloir rejoindre l’homme de tête avant la ligne. Dans son style unique et inimitable le « Gitan » jaillit telle une balle du peloton. Profitant des bas côtés carrossables il impulse un rythme d’enfer à la course. Derrière c’est l’hallali. L’écart grandit de manière ébouriffante passant de gouffre à océan en moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire. A Cisoing, il happe Van Malderghe et le vomit aussitôt. C’est hallucinant, en dix bornes De Vlaeminck a infligé une véritable fessée à Merckx, en personne, et consorts. Deux minutes devant des poursuivants dépités, dégoûtés par tant d’impudence et finalement impuissants, le « Gitan » savoure à plein poumons son nouveau statut de « Bouffeurs de pavés » hors norme. Et il se régale le taciturne mais ô combien filou Flamand. Le nouveau maître de l’ « Enfer du Nord » pénètre maintenant sur le vélodrome de Roubaix sous des applaudissements nourris. La Belgique fête son héros et la Flandres s’enorgueillit de posséder pareil phénomène. Malgré cinq crevaison, André Dierickx prendra la seconde place à près de deux minutes du lauréat du jour. Eddy Merckx, pour sa part, meurtri pas sa chute d’Arenberg terminera au septième rang. Nullement favori, le matin à Compiègne, Roger De Vlaeminck, malin comme un singe, s’était évertué à ne pas dévoiler ses ambitions. Discret, tout au long du parcours, il a fait preuve de patiente son analyse de la course et des hommes fut parfaite. Désormais, le « Gitan » sera attendu comme le loup blanc à chaque édition future de Paris Roubaix et sa pancarte n’en sera que plus volumineuse. Mais ce que Roger De Vlaeminck nous a appris au fil du temps et des années c’est que ce phénoménal athlète savait plus que quiconque se rappeler à notre bon souvenir et être toujours présent là où il avait décidé de l’être. Pour le « Gitan », chaque épreuve ressemblait à un défi, en outre, jamais il n’a refusé la lutte avec des coursiers sensés être plus doués que lui, à l’image d’un Merckx ou d’un Maertens. La pugnacité était sa force, la classe son étendard. Roger De Vlaeminck demeurera, pour moi, le coureur par excellence. Michel Crepel
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