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Michel CREPEL

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Tout ce qui a été posté par Michel CREPEL

  1. 20 avril 1980, le « Blaireau » se joue de l’apocalypse lors de la 66ème « Doyenne » De tous temps les divers récits qui nourrissent les légendes les plus extraordinaires, les plus sensationnelles voir les plus épiques sont, pour la plupart, issues de l'imagination fertile et à fleur de peau de leurs auteurs respectifs. Elles vagabondent dans les esprits les plus réceptifs et viennent s'enraciner aux confins de l'imaginaire de chacun. Rares sont celles qui ne côtoient pas le virtuel. L'essence même de ces contes pour tous étant le rêve, il serait ardu voir vain de tenter de réaliser ou même de téléporter pareille épopée, quelle qu'elle soit, dans la réalité. Pourtant, il arrive parfois, au gré des époques traversées, des situations rocambolesques ou abracadabrantesques qui défient toutes logiques d'entendement et de compréhension. Ces faits irrationnels confèrent des environnements susceptibles de les générer avec des hommes hors du commun dont seul le sport, en général, et le cyclisme en particulier peut réellement y souscrire sans pour cela paraître suspecte aux yeux du commun des mortels. A l'instar des milliers de passionnés de la « Petite Reine » tétanisés, abasourdis, médusés et pantois (tous les superlatifs ne sauraient infléchir cette tendance à l‘extase) par le spectacle auquel ils venaient d’assister en ce dimanche 20 avril 1980, il m’a fallu un temps diablement long pour extérioriser tout le ressenti de pareil ensorcellement du à l’exploit, que dis-je à la prouesse d’anthologie perpétrée par un seul être. J’insiste sur le terme « être » car il ne faut, bien évidemment, pas être grand clerc pour affirmer que « celui » qui a conjuré de la sorte l’apocalypse dans tout ce qu’elle a de plus épouvantable voir de plus eschatologique était tout sauf humain. Mais que diable était-il venu faire dans cette galère ! A l’image d’un « Vieux Gaulois » arcbouté sur sa monture luttant tel un démon acariâtre dans une joute homérique et sans merci face à un Turchino majestueux, blanc, immaculé telle la ouate avant de se muer en linceul mortuaire, exactement sept décennie auparavant lors d‘une « Primavera » « stratosphérique ». Le « Blaireau » émergeant tout juste de l’état d’hibernation dont il s’était affublé les trois à quatre mois précédents cette échéance, fut confronté ce jour-là à un cataclysme identique, inouï et invraisemblable dont tous, coureurs, suiveurs, journalistes et passionnés se souviendraient des lustres après les faits. A l’aube d’un printemps encore frileux, la neige, depuis un moment déjà, errait un soupçon hostile et menaçant au sein d’un ciel gris inquiétant, chargé de rancœur. Celle-ci rôdait et vagabondait insidieusement dans le nord de la « Vieille Europe » en ce mois d’avril polaire. Liège, « La Rebelle » commençait à s’affubler de blanc lorsque le directeur de course de cette 66ème édition de la « Doyenne » rameuta ses troupes afin de lâcher enfin la bride aux cent soixante-quatorze héros de cette effroyable journée. Dès les premiers kilomètres, le peloton subit les foudres de « Chioné » sous la forme de denses averses de neige et de pluie mêlée puis de neige annonciatrice d’un blizzard gourmet et dévastateur. Un froid glacial s’installa peu à peu au sein d’un paysage d'une austérité alarmante et d'une désolation hallucinante. Puis le blizzard, à nouveau, redoubla d'effroi et la température avoisina bientôt l'insupportable. Le mercure enregistra, alors, une descente vertigineuse vers le néant, ce même néant qui transpire parcimonieusement dans le subconscient, fragilisé à l'extrême, de ces « Gladiateurs de l'apocalypse ». Le peloton, ou ce qu’il en reste progresse laborieusement, emberlificoté et emmitouflé tels des Inuits groggy. Peu avant midi, la neige cesse enfin de choir. L'atmosphère se réchauffe insensiblement. La pellicule encore vierge de toutes impuretés commence doucettement à fondre puis à se muer en d‘anonymes rus. En début d'après-midi, les routes, gorgées de neige en cours de liquéfaction, redeviennent presque praticables. À 140 bornes de l'arrivée, sur le plateau de Bastogne, balayé par le blizzard, la chaussée empruntée par la « Doyenne » est toujours à la limite du carrossable et les concurrents bâchent par dizaines. Pendant ce temps, la neige continue à s'accumuler sur les sommets de Wanne, Stockeu et Haute-Levée. Les « saute ruisseau » qui composent cette macabre procession, sorte d’enchevêtrement de corps désarticulés sont frigorifiés, les pieds deviennent insensibles, les muscles des jambes sont raidies et durcies par le froid enfin les mains sont crispées et épousent fiévreusement les cocottes de freins comme rarement. La course enregistre un retard abyssal sur l'horaire le moins rapide. À Stavelot, vers 15 ou 16 heures, sous des averses de neige fondue et de pluie capricieuse, moins de trente rescapés de la « Bataille des Ardennes » revue et corrigée , se présentent toujours affublés et empêtrés de leurs accoutrements polaires au pied du monstre représenté par le redoutable et redouté « Mur » de Stockeu. C’est au sein de ce décor et de cette atmosphère d’« Ere Glaciaire » post apocalyptique que le « Menhir d’Yffiniac » déambule tel le « Yéti ». Plus tôt dans la journée, aux abords du plateau de Sprimont dans ce brouillamini de crêtes et de tiges condruziennes, les abandons pleuvent et parmi celles-ci, des éminents flahutes pourtant rompus à ce genre de phénomène météorologique tels le besogneux grégario, accessoirement incontournable lieutenant de peu ou prou toutes les « campagnes » du « Cannibale », Joseph De Schoenmaecker, le « Lilliputien », lauréat de la « kermesse de Juillet 1976 », Lucien Van Impe, le puissant rouleur-poursuiteur Norvégien Knut Knudsen ou le tout frais émoulu vainqueur de la « Primavera », le Bresciani Pierino Gavazzi. D’autres, moins avares de leurs efforts bâchent quelques bornes plus avant comme le récent « Voltigeur du Mur d’Huy », le Novaresi Giuseppe « Beppe » Saronni vainqueur de la Flèche Wallonne, accompagné pour l’occasion par le porteur de la tunique de Champion de Belgique, Gery Verlinden voir le « renégat de l’Alpe d’Huez » Michel Pollentier et bien d‘autres encore. Les contreforts de la Côte de la Roche-en-Ardenne sont le théâtre d’une capitulation en règle d’une pléiade de « cadors » dont le Suédois Sven Ake Nilsson, intenable trois jours plus tôt sur la « Flèche », Giambatista « GB » Baronchelli, moins balbutiant cinq mois plus tard du côté de Domancy, ou le « Chamois Varesini » Wladimiro Panizza plus à son aise du côté de Maddalena ou confronté aux « labourés » ou enfin l‘éternel espoir d‘Herentals, Daniel Willems ceint de sa cohorte de légionnaires en pleine déconfiture. Au terme des deux premières heures d’errance « zombiesque », on notait déjà plus d’une centaine de redditions. A leur décharge, il faut vraiment avoir été à la place de ces « voltigeur du macadam » en ce dimanche 20 avril 1980 pour se rendre vraiment compte du calvaire enduré par ces « Forçats de la Route ». Personne sur le moment et encore moins après coup n'osera jeter la pierre à tous ceux qui se sont retirés ce jour-là. Le « Blaireau » en tête, après avoir été protégé, calfeutré un long moment, tel l’enfant qui vient de naître par le fidèle des fidèles Briochin Maurice Le Guilloux, fut tout prêt de jeter l'éponge à quelques encablures du ravitaillement. A ce propos, Bernard Hinault l'aurait volontiers fait si d'aventure il avait neigé de plus belle à ce moment-là, or cette dernière avait cessé de tourmenter ce qu’il restait de la meute en déroute et le soleil malicieux et somnolent clignait de l’œil insidieusement à l’attention des rescapés de l’enfer. Enfin débarrassé de son par trop encombrant imperméable, l’Yffiniacais put de nouveau respirer à pleins poumons et reprendre in extenso sa chevauchée héroïque en direction du redoutable « Mur » de Stockeu et des autres raidards de l‘épreuve. Le peloton est décimé au pied de ce dernier. Pas plus de trente silhouettes errantes zigzaguent à l’amorce des premiers pourcentages de la pente. Le Grammontois Rudy Pevenage, à deux pas de chez lui, caracole alors en tête avec près de trois minutes d’avance sur Bernard Hinault, reconnaissable à son bonnet de laine rouge et quelques autres coureurs dont Henk Lubberding (Ti-Raleigh), Silvano Contini (Bianchi) et « Didi » Thurau (Puch-Campagnolo-Sem). A la bascule, le natif de Moerbeke a « égaré » les deux tiers de son pécule. Une minute après le « Blaireau », le rude Batave de Noord Deumingen, Hennie Kuiper, s’offre une randonnée pédestre du plus bel effet. Victime d’une chute dans les pourcentages les plus abruptes (21%), le pourtant Champion des « Labourés » de son pays cinq ans plus tôt, ne parviendra jamais à relancer la machine. Déambulant plus que ne courant à côté de sa « bécane », le futur lauréat du « Ronde 1981 » parviendra tout de même à rejoindre le sommet, fourbu. Ereinté certes mais pas désespéré, le bougre. A l’avant, Rudy Pevenage poursuit sa progression même si celle-ci semble désormais sous la menace pressante de ses poursuivants. En effet, le trio composé d’Hinault, Lubberding et Contini reformé lors de la descente vers Stavelot, s’entend comme larron en foire et récupère même un Thurau en indélicatesse avec les changements de rythme sur la glace et un instant décramponné dans les derniers hectomètres de Stockeu. Pas le temps de conter fleurette que déjà se profilent les premiers contreforts de la Haute-Levée, rendant ainsi obsolète et vaine tout espoir de récupération. Au pied de la bosse, Pevenage fait toujours illusion trente secondes devant le quatuor lancé plein pot à ses trousses. Les premières dénivellations lui seront néfastes et à court terme fatales puisqu’il sera repris dans la foulée. A cet instant précis, la légende est en marche. Sans vraiment démarrer, sans vraiment donner le sentiment de vouloir asséner un uppercut assassin à ses compagnons de galère, le « Blaireau » abandonne, fort courtoisement d’ailleurs, un à un ces derniers. Inexorablement, Lubberding, Contini et Thurau lâchent prise sans pouvoir ne serait-ce qu’esquisser la moindre réaction de défense, encore moins de rébellion. Le Breton ne procèdera, d’ailleurs, pas autrement quelques six mois plus tard, mais avec un peloton des plus conséquents, néanmoins, sur les hauteurs de Domancy lors d’un autre chef d’œuvre du « bonhomme ». Dorénavant seul en tête s’échinant plus que virevoltant sur les pentes de « Haute-Levée », à quatre-vingt bornes de Liège, crapahutant dans un blizzard Sibérien ahurissant, Bernard Hinault ne distingue guère que des silhouettes ou formes fugaces, éthérées et suit tel un automate blasé la frêle trace laissée par les véhicules ouvreurs le précédant. Frisant l’hypothermie à tout instant le Costarmoricain bardé de givre n’en poursuit pas moins sa route infernale vers le néant. Imaginez, qu’à ce moment de la course, le « Blaireau » doit encore se coltiner les côtes du Rosier, de la Vecquée, de La Redoute, de Sprimont, de la Roche-aux-Faucon et enfin de Saint-Nicolas, excusez du peu. C’est nanti d’une totale béatitude hypnotique que le « naufragé de l‘apocalypse» appréhendera les ultimes difficultés du parcours. Il en conservera à jamais les séquelles. Gelé, c’est l’état de Bernard Hinault lorsqu’il parviendra enfin à Liège. Peu avant la ligne d'arrivée, cependant, le Breton, tel « César » saluant ses légions et ses centurions, aura un geste de gratitude envers ses équipiers regroupés derrière les baies vitrées de l'hôtel Ramada, dans lequel ils séjournaient. Frigorifié, l’une de ses phalanges bloquée par le froid et la glace accumulée sur un de ses doigts, Bernard Hinault ne dira mot. Le « Menhir d’Yffiniac » est un homme de terroir rompu, depuis sa plus tendre enfance, à l’absence chronique de plaintes futiles émanant de conditions atmosphériques exécrables voir abominables rencontrées ici et là. Pourtant, s’il n’est plus vraiment lui-même à l’arrivée, Bernard Hinault a tout de même fait du « Blaireau » sur sa « bécane ». C’est son label ce genre d’extravagante épopée. Le Batave Hennie Kuiper, que nous avions abandonné à Stockeu en proie à un destrier récalcitrant, coupera la ligne plus de neuf minutes (9’24’’) après le lauréat du jour, bien avant ceux, néanmoins, qui l’avaient précédé au sommet à savoir, Silvano Contini (12ème à 12'35") et Henk Lubberding (13ème à 16'03"). Pour la petite histoire, le Norvégien Jostein Willman sera le dernier classé…à la 21ème place à 27 minutes du Breton. Ce jour-là, Bernard Hinault est définitivement devenu « Grand », et entrera de plein pied dans la légende de son sport. Néanmoins, il serait quelque peu mesquin voir vil de ne pas associer à cet exploit hors norme les vingt et un « forçats de la route » qui sont parvenus tant bien que mal à négocier cette 66ème édition de Liège Bastogne Liège. C’est pourquoi je me permettrai de tous les citer : Bernard Hinault, Hennie Kuiper, Ronny Claes, Fons de Wolf, Pierre Bazzo, Ludo Peeters, Herman Van Springel, Guido Van Calster, Johan Vandevelde, Eddy Shepers, Gilbert « Gibus » Duclos Lassalle, Silvano Contini, Henk Lubberding, Stefan Muller, Pascal Simon, Jan Jonkers, Bert Oosterbosch, Paul Wellens, Frits Pirard, Jean Toso et Jostein Wilmann. En effet, si pour Bernard Hinault, le jeu en valait finalement la chandelle, pour les « saute ruisseau » arrivés à des années lumières, dans l’anonymat le plus complet voire le plus indécent, que pouvaient ils réellement espérer et retirer de pareille mésaventure. A l’instar, sans aucun doute des grognards de la « Grande Armée » fierté non feinte de Napoléon Bonaparte, en personne, au soir de la victoire d’Austerlitz, les vingt et un rescapés pourront alors s’exclamer à qui voudra bien les entendre, « Ce 20 avril 1980, j’y étais ! ». Quelques semaines plus tard, Bernard Hinault décrochera la première de ses trois victoires sur le Tour d’Italie. Mais une douleur au genou l’empêchera de remporter sa troisième « Kermesse de Juillet » d’affilée au cours de l’été. Revanchard, le Breton deviendra pour la première fois Champion du Monde, à Sallanches, réalisant à nouveau un sacré numéro sur les pentes monstrueuses de Domancy. Michel Crepel No comment
  2. Et oui mon "Mimile" et pas un mot sur 22 "blaireaux" qui, au même moment, sur les "stades Gaulois" courent tels des "dératés" deux fois plus que les autres, jamais épuisés et ce malgré nombreuses prolongations ............ 😉
  3. Pour la télé, en effet, cela dépend de l'opérateur et du bouquet qu'il te propose ! Perso, je suis chez Sfr et j'ai débranché la télé de la box, source de conflits intérieurs ! Bref, je ne regarde la télé que sur mon pc ! 😉
  4. L'opérateur n'a pas d'importance, Eric ! Dans ton navigateur, tu vas sur le site Eurosport et là, tu "clic" sur Europlayer et tu t'abonnes mensuellement ou annuellement ! Enfin, si tu désires suivre le vélo depuis ton pc !
  5. Pas du tout tombé à l'eau, désolé ! Un retard à l'allumage (sic), en quelque sorte ! En effet, son transfert de Ferrari chez McLaren lui "bouffe" tout son temps et son énergie, toutefois, il a promis au "Grillon" d'être toujours motivé et bientôt "dispo" !😉
  6. Michel CREPEL

    C

    C'est Chris Froome sur la bécane ! 😉 Les critiques des "journaleux" ont payé, apparemment !
  7. Michel CREPEL

    C

    Chaud devant ! http://lebuzz.eurosport.fr/best-of-web/une-descente-urbaine-en-vtt-completement-dingue-12202/?_ga=1.229864412.1799473748.1422187486
  8. Il y a quelque temps, je m'étais entretenu avec la mère d'Aurélien Rougerie, en charge de ce soucis, à la mairie de Clermont et je dois bien avouer que l'entretien ne s'était pas idéalement passé ! Le contentieux qu'elle génére et elle cultive à l'encontre de Christian Prudhomme est tel que même si la "crémaillière" n'avait jamais vu le jour, elle aurait opposé son véto ! Attendons, donc de prochaines élections favorables au changement d'administration. 😉
  9. Eurosport ne lâche pas le Tour d’Espagne cycliste. La chaîne vient en effet de prolonger son contrat de diffusion de la Vuelta jusqu’en 2020. Ce renouvellement de droits permet à Eurosport de diffuser en exclusivité l’intégralité de la compétition, comme lors de son précédent accord. La Vuelta fait partie des trois grandes courses cyclistes avec le Tour de France et le Tour d’Italie, le Giro, diffusé lui sur beIN Sports. En 2015, Eurosport pourra ainsi retransmettre sur son antenne près de 40 courses cyclistes comme le Tour de France, le Critérium du Dauphiné, Paris-Nice, Paris-Tours, etc.Avec l'arrivée de Discovery, Eurosport conserve son offre, en attendant de l'étendre prochainement...
  10. JP Mader, le chanteur ? 😉 Merci à toi !
  11. Tour 1969 : Eddy Merckx a marché sur sa Lune à lui ! Au crépuscule des années 50 et durant toutes la décennie des sixties, il n'était pas rare d'apercevoir au sein d'une foule vociférant, la désuète silhouette d'un gavroche, moins « Misérable » que son aïeul cependant, arpenter les travées d'un « Vel' d'Hiv » expirant ou d'un « Parc des Princes » agonisant dans l'attente proche de subir un sort identique. Au terme des années 60, donc et à l'approche des seventies, en effet, seule La Cipale trônant au sein de son écrin du Bois de Vincennes tenait lieu de rendez-vous aux « Ecureuils », pistards de tous horizons et professionnels de la route. Depuis 1967 et le triomphe de « Pinpon », Roger Pingeon, l'arrivée de la « Kermesse de Juillet » avait déserté la Porte de St Cloud pour celle de St Mandé et l'enceinte du vélodrome rebaptisé « Jacques Anquetil » , vingt années plus tard. C'est dans cet autre lieu mythique donc, que votre serviteur, devenu adolescent, allait assister, éberlué, à la révolution de la « Petite Reine ». Un an après « Mai 68 », l'assassinat de Martin Luther King et le duel à « fleuret moucheté » entre Jan Janssen et Herman Van Springel qui hissa le Néerlandais à lunettes, au détriment de « Buster Keaton », au sommet de la hiérarchie de la Grande Boucle, un « extra-terrestre » venu d'outre Quiévrain allait bouleverser toutes les idées préconçues, tous les préjugés et autre ordre établi s'apparentant au cyclisme et étendre, de par son écrasante et implacable domination, une chape de plomb sur un peloton apathique, trop souvent poussé à l'assujettissement, à l'asservissement. Depuis quelques saisons déjà, les prémices d'un cataclysme fait homme en la personne d'Edouard Louis Joseph Merckx, baron de son état s'il en est, plus connu sous le nom d'Eddy Merckx, hantaient insidieusement mais inexorablement les songes et rêves les plus cauchemardesques de la planète cyclisme dans son ensemble à savoir, « saute ruisseau », dirigeants, directeurs sportif, journalistes, suiveurs et consorts. Après trois saisons chez les professionnels, celui que l'on surnommera à juste titre, le « Cannibale » s'était déjà octroyé les plus belles épreuves du calendrier telles la « Primavera » à deux reprise, Gand Wevelgem, la Flèche Wallonne, l' « Enfer du Nord », entres autres mais également un Championnat du Monde et un Tour d'Italie au cours duquel, il réalisera, selon ses propres propos, le plus bel exploit de sa carrière au sommet enneigé des « Trois Cimes de Lavaredo ». L'année 1969 débutera pourtant par la plus grosse désillusion de sa carrière cycliste ainsi qu'il s'ingénue à le réitérer encore aujourd'hui. En effet, après un printemps rondement mené qui l'a vu dominer outrageusement voir impudemment partenaires et adversaires lors du premier de ses trois Paris Nice, dans lequel il surclassa un Jacques Anquetil vieillissant sur les pentes du col d'Eze, d'un « Ronde Van Vlaanderen » qu'il atomisa à soixante-dix bornes de Meerbeke pour gifler la banderole d'arrivée plus de sept minute avant un « Bergamasque » tétanisé et une « Doyenne », la première de ses cinq levées, que l' « Ogre de Tenuren » eu la civilité de clore à Rocourt en compagnie de l'un de ses fidèles parmi les fidèles, son compatriote Victor Van Schil, le jeune Eddy, pas encore âgé de 24 ans sera, à l'occasion de circonstances pour les moins troublantes, bouter sans autre forme de procès du « Giro » à Savonne. On ne saura jamais si cet épisode, qui l'aura n'en doutons pas un instant marqué à jamais au plus profond de ses entrailles, sera le déclencheur de sa boulimie « pantagruélique » de victoires mais il est d’ores et déjà certain que ce ténébreux épisode ne favorisera en aucun cas l'once de compassion voir d'empathie que Merckx éprouvait encore pour ses congénères. Blanchi in extenso ou peu ou prou par la Fédération Internationale de Cyclisme Professionnelle (FICP) qui lui accordera le bénéfice du doute, le gamin de Meensel-Kiezegem, toujours dans la « nébuleuse » de son éviction cavalière s'interrogeait sur le bien-fondé de s'aligner à Roubaix, lieu de départ de la 56ème édition de la « Kermesse de Juillet ». Cependant, happé par l'enthousiasme naissant, frémissant puis grondant d'un pays, la Belgique laquelle, de Gand à Bruxelles, pensait enfin et fermement détenir, en lui, le successeur à Sylvère Maès, Eddy Merckx se laissa gagner par le doute, le passage à Woluwé-Saint-Pierre, où les parents d'Eddy possédaient une épicerie achèvera de le convaincre. Le « Plat Pays » cher à l’ami Brel qui se consumait d'impatience pouvait alors enfin donner libre cours à l'espoir longtemps tari par l'absence de « champion caméléon » de mettre un terme à trente saisons d'attente. Outre la présence du leader de la Faema, celle de Raymond Poulidor, également incertaine depuis son abandon lors de l'exercice précédent, laissait augurer un malaise lié à cette incertitude au sein même de la maison Mercier chère à « Tonin » Magne. En revanche, le Bugiste Roger Pingeon, lauréat de l'épreuve en 1967 et tout frais émoulu vainqueur de la « Vuelta » sera bien au départ du prologue de son cinquième Tour de France le 28 juin 1969 à la tête des Peugeot de Gaston Plaud. De son côté, l'inénarrable et volubile « Grand Fusil », grand ordonnateur de la « maison Bic » avait éprouvé toutes les misères du monde à faire cohabiter sous le même toit, l'Azuréen Lucien Aimar et le tenant du titre, le « Sprinteur à lunettes » Batave, Jan Janssen. La force de persuasion de Raphael Geminiani étant du même acabit que l'âpreté légendaire des roches noires des volcans de sa mère patrie, l'Auvergne, on est en droit de subodorer que les deux « tourtereaux » récalcitrants n'ont pas dû mettre longtemps à se ranger aux ordres de « Gem ». Sachant, enfin, que les formations Belges et Transalpines se trouvaient sous la coupe de garçons tels Eddy Merckx, bien évidemment mais également d'Herman Van Springel et de Walter Godefroot, on imaginait fort bien les soucis qu'allaient éprouver les formations Françaises à tirer leur épingle du jeu. Tout ce « beau linge » allait rapidement nous donner un aperçu de leur talent respectif en se présentant sous les ordres du starter en ce 28 juin 1969 à Roubaix à l'occasion d'un prologue de 10,4 km dans les rues et faubourgs de l'ex cité mondiale du textile. Comme prévu, la préface de l'épreuve, bien que favorable aux desseins d'Eddy Merckx, allait nous conforter dans l'idée que le Belge n'était pas venu en touriste repentant voir expiatoire. Malgré le succès de prestige du « Colosse de Mannheim », le racé « Teuton », Rudy Altig, le leader des Faema, second à sept secondes de l'Allemand, ne tarda pas à montrer les crocs en « drivant » sa « dream team » au sommet de la hiérarchie, lors de la troisième étape qui servait de support au contre-la-montre par équipes, organisé sous les fenêtres du magasin parental du jeune prodige à Woluwé-Saint-Pierre. En jaune, nanti de huit secondes sur son vainqueur du premier jour et repoussant l'adversité au-delà des vingt secondes, Eddy Merckx venait de planter les premiers jalons d'un scenario immuable dans sa quête de l'absolu. Sa formation Italienne contrôlant parfaitement les velléités offensives de leurs adversaires, Eddy Merckx eu tout le loisir de « prêté » son beau paletot immaculé à son camarade Julien Stevens du côté de Maastricht et d'accéder au baroud d'honneur de son illustre prédécesseur, l' « Empereur d'Herentals », Rik Van Looy, malgré le vif ressentiment que ce dernier éprouvait à son égard. « Rik II », en effet, auteur ce jour-là, sur les routes Lorraines, d'une chevauchée épique de près de 115 bornes, voyait d'un très mauvais œil, ce présomptueux freluquet, ternir de la sorte sa sortie. De fait, l'ancien leader de la « Garde-Rouge » bâcha au terme de sa victoire de Nancy. Après le hors d'œuvre Vosgien ponctué par le col de la Schlucht qui vit le protégé du « Vicomte » De Gribaldy, le Lusitanien, Joaquim Agostinho, remporter, de haute volée, l'étape en solitaire, Eddy Merckx décida de passer à l'offensive dès le lendemain lors du deuxième volet Vosgien, sur les hauteurs du Ballon d'Alsace, plus précisément. Groupés en moins d'une minute, la présence d'une quinzaine de prétendants à la victoire finale agaçait quelque peu le nouveau « Roitelet ». Fort marri par cet état de fait, le belliqueux belligérant opta pour la manière forte. A l'approche de l'ultime difficulté du jour, le Ballon d'Alsace, Merckx s'éjecta du peloton somnolant telle une balle. Seuls quatre opportunistes, son compatriote et plus farouche ennemi, Roger De Vlaeminck, le rouleur Allemand Rudy Altig, le Néerlandais voltigeur « Rinus » Wagtmans et l'Ibère de service, Joaquim Galera parvinrent à se blottir sous son porte bagages. Dès les premiers lacets, néanmoins, à la faveur d'une accélération foudroyante dont il le secret, le jeune Eddy abandonne sans la moindre once d'amertume et encore moins de compassion ses quatre « vaniteux » fardeaux. Au sommet, le Bruxellois a fait le ménage. Galera, second est le seul à pointé sous la minute (55") et Altig complète la « boîte » du jour à près de deux minutes (1'55") du lauréat du jour. Derrière, c'est l'hallali, le « Gitan » se retrouve à plus de quatre minutes en compagnie de Jan Janssen, du « Bergamasque » Felice Gimondi, de Roger Pingeon entres autres. Quant au régent de l'épreuve, initié à ce rôle depuis la veille, le Breton Désiré Letort, son intérim fut de courte durée. Relégué à plus de sept minutes au sommet de ce col, peu avare en gentiane jaune et myrtilles, le gamin de Plancoët vécu, ce jour-là, une de ses plus grosses désillusions. Après avoir déclaré vouloir, dans sa démarche du jour, tenter de situer les relatives faiblesses des uns et des autres de ses adversaires, le Belge était sans nul doute fixé. Janssen, Gimondi, Pingeon, Poulidor, Aimar à plus de quatre minutes, Luis Ocana en instance de bâchage, suite à sa malencontreuse et douloureuse chute lors d'une descente abrupte, les jumelles s'étaient d’ores et déjà muées en longue vue. Après un détour dans le Jura qui verra la victoire de l'Espagnol de Fagor, Mariano Diaz aux Rousses, le maillot jaune remit les pendules à l'heure, en dominant Rudy Altig à l'occasion du contre-la-montre de Divonne les Bains. A la veille d'aborder les quatre étapes du massif Alpin, l'avance du maillot jaune est passée au-delà des cinq minutes. Seul, finalement, le « Colosse de Mannheim » fait encore, mais pour combien de temps encore, illusion à un peu plus de deux minutes du boulimique carnassier Belge. Au sortir des Alpes et malgré les maintes et vaines tentatives et victoires de prestige du « classicman » de grand talent Italien Michèle Dancelli au col de Cou, de « Pinpon » aux Montets, de « Buster Keaton » au sommet du Galibier et enfin de sa « Majesté » en personne à Digne à l'issue du triptyque Vars, Alos et Corobin aux confins de la route ... Napoléon, la rébellion vacillait dangereusement. A peu ou prou mi-course, l'accalmie ambiante ajoutée à la topographie du terrain permit aux sprinteurs et baroudeurs de réapparaître et de s'en donner à cœur joie sur les routes escarpés du Midi de la France baignée, comme il se doit, par un soleil agressif quoiqu'apaisant. En ces occasions, nous avons pu nous remémorer quel esthète demeurait le « Bergamasque », qui nous avait émerveillé trois saisons auparavant, en franchissant, lors de cette 12ème levée, l'Espigoulier en tête devant Gandarias, Merckx et Van Schil, combien véloce et puissant était le « bouledogue » de la Faema, le Brugeois Guido Reybrouck, vainqueur à La Grande Motte devant les « cadors » qu'étaient à l'époque, Jan Janssen et le fidèle parmi les fidèles de la formation Flandria, futur triple lauréat du « Ronde Van Vlaanderen », le Belge Éric Leman, respectivement second et troisième de l'étape du jour. Et enfin, cet intermède ensoleillé nous confirma combien grand était le talent de dénicheur de Jean De Gribaldy, lorsque le « Buffle » Portugais Joaquim Agostinho, s'offrit un second bouquet en solitaire à Revel. Aux pieds des Pyrénées, à Revel, le sujet de sa « Gracieuse Majesté » le Roi Baudoin, Eddy Merckx mit sous l'éteignoir tout désir d'insubordination en écrabouillant de sa classe naissante, certes mais ô combien implacable, partenaires et adversaires à la faveur de l'exercice en solitaire long de 18,5 km. Le leader des maillots à damiers, Roger Pingeon à 52'', celui des Mercier Raymond Poulidor à 55'' et le co-leader des Salvarini Rudy Altig rejeté, cette fois-ci, à 59'', étaient les seuls à se situer sous la minute. Le classement général provisoire, au soir de cette « étripage » en règle sur les bord de la bien nommée, Rigole de la Plaine qui traverse la cité du Lauragais, le despote éclairé s'est délesté de sa longue vue et s'accoutume désormais fort bien de son tout nouveau télescope. Effectivement, si Roger Pingeon et Felice Gimondi voisinent encore de concert entre les huit et neuf minutes, Raymond Poulidor et consorts sont dorénavant éjectés à plus de douze minutes du « Cannibale ». Le vain sursaut d'orgueil de Jan Janssen sur les pentes du Portillon, bien que battu par le Normand de Gaston Plaud, Raymond Delisle, lui-même, revigoré par le soufflet administré la veille par son leader en cuisine interne et bien meilleur « mouflon » que le puissant Batave, demeurera l'ultime secousse, le dernier souffle de vie perpétrés par les adversaires du prédateur d'outre Quiévrain à la veille d'irradier, nanti d'une inébranlable et invraisemblable autorité, la course, pour le compte. Nombre de journalistes et suiveurs présents lors de cette étape dantesque affubleront cavalièrement cette 17ème étape, Luchon - Mourenx, appréhendant puis empruntant les incontournables « Trois Mousquetaires » Peyresourde, Aspin et Aubisque avec en point d'orgue le « D'Artagnan » Tourmalet et ses 2115 mètres, d'apogée « Merckxienne ». Quelque peu « Franchouillard » voir désuet aux prémices de sa domination pas encore consommée, loin s'en faut, me direz-vous, sachant, qu'en outre, sa randonnée polaire sur les pentes enneigées des « Trois Cimes de Lavaredo », synonyme de triomphe, à l'occasion de son premier Giro 1968 voir plus récemment lors de son raid suicidaire de plus de soixante-dix bornes parmi les « bergs » et « pavetons » crasseux de l'abominable et tourmenté Tour des Flandres, au printemps 1969, devant une meute de flahutes déchaînés lancée à sa poursuite, peuvent légitimement arborer symboliquement ce terme des plus arbitraires. Non, Eddy Merckx, 23 ans au moment des faits, sera l'un des rares sportifs à « conjuguer » ce mot, trop souvent galvaudé, d'apogée au pluriel. L'Anversois, Martin Vandenbossche, l'un des lieutenants préférés du « tyran » dans ce genre d'exercice périlleux, ouvre la route et franchit Peyresourde et Aspin, seulement précédé par les chasseurs de points du classement des « Chamois virevoltants » tel l'intenable Andalous, Joaquim Galera. Tous les favoris, aux accessits, dirons-nous, plus qu'à la victoire finale, sont toujours concentrés et emboîtent toujours le pas quelque peu empressé du leader de l'épreuve dans la longue et usante spirale qui mène au sommet de l' « Ogre Pyrénéen », le Tourmalet. Seul, le « Bergamasque », épuisé, le teint blafard, souffrant d'un mystérieux mais insidieux ver solitaire contracté, la veille, sur les pentes du Portet-d'Aspet, sera décramponné et perdra toute chance, qu'il avait grande, de terminer sur le podium à La Cipale. Soudain, à quelques encablures du sommet, Eddy Merckx se dresse sur sa monture, martyrise son dérailleur et accélère vigoureusement. A ce moment précis, personne, du suiveur au journaliste en passant par le public au bord de la route, les téléspectateurs assidus et enfin par le peloton lui-même, personne ne savait ce que le maillot jaune manigançait. Songeait-il, lui le boulimiste récurrent, au classement de la montagne dont il était possesseur ou bien préférait il « faire la descente » et atténuer, ainsi, tous risques de chutes inhérentes à cette discipline enivrante, certes, mais par trop souvent ingrate. Finalement, c'est la deuxième réponse qu'il délivrera béatement et pas peu fier du tour qu'il venait de jouer, sans le vouloir vraiment, à ses adversaires, aux micros à Mourenx sitôt l'arrivée franchie. En descendeur hors norme, le maillot jaune, tel un funambule, s'était effectivement lancé dans la descente « à tombeau ouvert » sans se préoccuper le moins du monde de ses adversaires. Frisant l'inconscience, Eddy Merckx dégringolait la pente vertigineuse avec une rare audace, tutoyant la correctionnelle à chaque virage serré. Parvenu au terme de son exercice de style à savoir, dans la vallée qui menait à l'Aubisque, dernière difficulté de la journée, le « kamikaze » s'accorda un long moment de détente. En roue libre, le fessier relevé de sa selle et le regard rétroviseur, il scrutait consciencieusement et patiemment l'horizon attendant l'avant garde du peloton. Pensez, cent trente bornes restaient à parcourir. Ne voyant rien apparaître, l'intrépide mais ô combien flamboyant Belge décida d'asticoté un peu plus sérieusement la pédale et entama, alors, l'un de ses plus longs et plus extraordinaires contre-la-montre. Augmentant constamment et régulièrement, son avance dans le Soulor puis l'Aubisque qui surplombe ce dernier, Eddy Merckx était, à ce moment-là, en passe d'arriver à Mourenx-Ville Nouvelle avec un quart d'heure d'avance dans la musette, sur l'avant garde du peloton des battus. C'était sans compter sur les aléas de la physiologie humaine. En effet, à une quinzaine de bornes du but, la pédalée du maillot jaune se fait de plus en plus hésitante, les trajectoires sont moins linéaires, les épaules fléchissent, la sueur dégouline et ruisselle le long de ses joues, signes avant-coureur de la défaillance. A bout de force, il lancera à Guillaume Driessens, venu à sa hauteur, un cinglant et émouvant « Je suis mort ! ». On le serait à beaucoup moins. Ce dernier, fidèle à sa réputation d'aboyeur invétéré, assis sur le toit de son véhicule, exhorte alors son poulain, lui intimant d'achever son chef d'œuvre, coûte que coûte. Le « Tu n'y songes pas ! Derrière, ils sont encore plus morts que toi ! » vociféré à l'attention du récalcitrant par le directeur sportif aux vingt-trois casaques mettra un terme définitif à ce qui devait être initialement un conciliabule, entres gens de bonne compagnie et c'est dans un état « semi comateux », qu'Eddy Merckx, se ressaisissant quelque peu dans le final, reliera l'arrivée près de huit minutes, tout de même, avant Michèle Dancelli, dauphin du héros du jour. La chaleur omniprésente et suffocante, la distance ahurissante parcourue en solitaire et l'extrême difficulté du parcours n'auront, finalement, pas eu raison du courage assorti du panache de cet avide « Bouffeur de Macadam ». Roger Pingeon et Raymond Poulidor rejetés à près de huit minutes, au soir de cette 17ème étape, font la « bonne opération » du jour, si je puis dire, en s'installant confortablement et dans l'ordre aux deux premiers accessits, à des années-lumière, toutefois, de l'omnipotent prédateur Belge. Si, notre duo Franco-Français siègent, effectivement, sur la seconde et la troisième marche de la « Boîte » au terme du séisme de Mourenx, en revanche, les écarts enregistrés lors de cette curée s'avèrent être abyssaux. Jugez vous-même. Le résidant d'Hauteville-Lompnes, « Pinpon » accuse désormais un débours de plus de seize minutes sur le maillot jaune, quant au natif de Saint Léonard de Noblat, « Poupou », il a basculé au-delà des vingt minutes, après, c'est le néant. Au pied d'un podium qu'il n'aurait jamais dû quitter, Felice Gimondi traînera tant bien que mal sa misère jusqu'à l'arrivée finale à Vincennes qu'il franchira, au bout du rouleau, près d'une demi-heure après le « Cannibale ». Les deux jours suivant verront le fantaisiste sprinteur Britannique, Barry Hoban, amuseur public à ses heures, s'offrir, coup sur coup deux bouquets en disposant aisément de ses compagnons d'échappée nanti de la même maestria à Bordeaux qu'à Brive, le lendemain. L'avant-veille de l'arrivée dans la capitale, l'escalade finale du « Géant d'Auvergne », le Puy de Dôme, accoucha de l'exploit de cette 56ème édition. L'enfant de Verchers sur Layon, proche de Saumur, Pierre Matignon, sans grade parmi les sans grade, se paya le luxe de s'isoler seul à l'avant et de résister vaille que vaille au retour fulgurant du maillot jaune lancé tel un mort de faim à ses trousses. Piochant plus qu'avançant, titubant ivre de fatigue, à l'image d'un pantin désarticulé, le besogneux mais ô combien précieux équipier de Joaquim Agostinho, était sur le point d'offrir au « Vicomte » son troisième bouquet. Ce fut chose faite après quelques hectomètres qui parurent une éternité pour le clan des Frimatic. Après qu'Herman Van Springel eu ajouté un second succès, après sa démonstration du Galibier, dans son escarcelle du côté de Montargis, c'était au tour d'un autre Belge, Jozef Spruyt, cette fois, inamovible paravent lors des bordures enquiquinantes, de montrer sa faculté à s'extirper d'une échappée lancée à vive allure au km et résister jusqu'à la banderole, à la meute rageuse. Exercice osée, qu'il maîtrisa de fort belle manière, ma foi, sous l'œil amusé et protecteur de son leader de la Faema et accessoirement futur lauréat du premier de ses cinq levées de la « Kermesse de Juillet ». En attendant, Eddy Merckx mit un point d'honneur à achever son œuvre par un acte dont il a le secret à savoir, par une victoire convaincante ne souffrant aucune contestation. Pour cela, le « Cannibale » profita de son ascendant sur ses adversaires déjà passablement échaudés et de sa maitrise innée, jamais mis en doute, de spécialiste de l'effort solitaire pour réaliser une nouvelle, s'il en était encore besoin, démonstration de son implacable domination sur l'ensemble de ses « sujets ». Une fois n'est pas coutume, c'est Raymond Poulidor qui devancera pour la circonstance, Roger Pingeon. Demeurant, néanmoins, à bonne distance du Belge, à respectivement 53'' et 1'14", le duo tricolore terminera, finalement, sur le podium Vincennois dans un ordre différent. Quant au « Maître de Céans », au futur « taulier » de la planète cyclisme, Eddy Merckx, s’il a confirmé, au-delà de toutes espérances, son exceptionnel talent, il s’est doté, au sortir de cette 56ème édition du Tour de France, merveilleusement et subtilement bien ciselé, d’une marge d’avance inouïe sur ses adversaires les plus brillants. En outre, à tout juste 24 printemps, le potentiel du « bonhomme » demeure encore, et c’est bien naturel, insoupçonné. Dans les gradins, désormais, combles, le public bon enfant, quoiqu’un soupçon turbulent, ovationnait ou chahutait quelque peu, c’était selon, les arrivants de cet ultime contre-la-montre qui s’égrainaient sur l’anneau du plateau de Gravelle. Personnellement, rien ne transparaissait de ma personne, j’attendais, armé d’une impatience ajoutée à une excitation non feinte l’ « Ogre ». J’éprouvais une hâte indescriptible de voir puis d’admirer, en chair et en os ainsi qu’en couleur, celui qui, durant trois semaines durant, avait accaparé à lui tout seul ma « petite lucarne », alors en noir et blanc. Enfin, lorsque celui-ci apparut sur la piste, tout de jaune paré, un grondement sourd monta des tribunes puis, en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire, le silence se rompit soudain afin de laisser libre cours aux applaudissements nourris et aux hurlements hystériques des plus fanatiques partisans du Belge. Bouche bée, les yeux écarquillés, du gamin devant son premier sucre d’orge, j’enregistrais à l’infini le moment présent au plus profond de mon esprit. En une journée et une nuit, ce 20-21 juillet 1969, je venais d’assister à deux évènements qui marqueront à jamais l’histoire du monde à savoir, l’éclosion aboutie du plus grand « dévoreur d’espace » en deux roues de tous les temps et dans le même temps, l’aboutissement d’un utopique rêve Vernien, un homme venait de marcher sur la Lune. En apothéose de cette journée pas comme les autres, nous assistâmes émerveillés à une remise kaléidoscopique de maillots multicolores. Eddy Merckx aux anges, enfila de bonne grâce, en effet, tous les maillots mis en jeu au départ de la « Grande Boucle », trois semaines auparavant. Le « Cannibale » venait tout simplement de glaner l’ensemble les classements individuels ainsi que celui par équipes. Du sacré bel ouvrage. Michel Crepel
  12. Sachant que mes doutes concernant le dopage datent de ma lecture initiale des "Forçats de la Route" d'Albert Londres, Vychissois bon teint et du scenario lié à la mise hors course de la fratrie des Pélissier en gare de Coutances en 1969 ajouté à toutes mes lectures concernant à peu près toutes les Grande Boucle depuis sa création, je me suis fait une assez riche idée de ce qui pouvait se passer au sein du peloton. En réalité, je n'aurai jamais écrit, ne serait ce qu'une ligne, si je n'avais pas fait abstraction de mes doutes. Quant à mes actions "anti Françaises" elles sont volontaires, endossant la plupart du temps l'habit controversé d'avocat du diable, je tendais, bien volontiers le bâton .... avec grand succès ma foi. Mais comme le "Blaireau" ronchon, j'apprécie les cyclistes Français (Ils sont nombreux au sein de mes amis Facebook). Enfin pour la décennie 1990-2000, on m'a quémandé maintes et maintes fois des récits alors que j'avais jusqu'alors toujours refusé d'en rédiger. En effet, d'Indurain à Armstrong aucun coureur ne trouvait grâce à mes yeux si ce n'est peut être Michele Bartoli et Jan Ullrich, je l'avoue. Le "Rouquin" je l'ai "adoré" pour son moteur et son humilité. Plus bête que méchant, plus naif que calculateur, ce type manipulé à l'extrême a noyé un potentiel extraordinaire. C'est mon plus gros regret ! Pour terminer, la "Folie" concernant Cadel Evans, suggérait plutôt le grain de folie qui lui aurait permis d'user de plus de panache dans la quête de ses victoires, tout simplement !
  13. J'aime ta manière d'interpréter la pensée d'autrui en l'assaisonnant à ta sauce par trop souvent frelatée, néanmoins. Tu es coutumier du fait, d'ailleurs ! Je ne t'en blâme pas, Pour quelqu'un qui ose, sans osé, cela démontre un courage hors norme. Ma foi, errer sur la toile nanti d'un pseudonyme en jouant les "Chevaliers" Blancs", c'est aisé. Bref, cela fait déjà un bon moment que tu sembles m'affubler du "costards" pas trop seyant, je dois bien l'avouer, de "chantre voir apôtre de la défonce" ! Pas trop en forme, en ce moment certes mais pas encore en plein désarroi, je souhaiterais, si ce n'est pas trop meurtrir ton esprit chagrin, connaître les raisons d'un tel jugement arbitraire ? A propos, effectivement, tu as mal compris ! Apparemment, tu es le seul et saches que venant de toi, Bernard Moreau, alias Tartempion ..., cela ne m'étonne pas le moins du monde.
  14. Remarques, pour "Radio 51" je suis sensé (et je le fais) visionner toutes les fins de course des épreuves importantes. Donc je parviens à cibler les sites qui diffusent le plus promptement les arrivées quelque soit le "patois" ! J'ai l'habitude de traduire en fonction de la gestuelle des "gus" sur leur monture, depuis le temps ! Mais perso, ce sont toujours les mêmes "compèts" qui me chamboulent, des classiques et semi-classiques du Nord et d'outre Quiévrain aux "6 Légendes" en passant par la Strade Bianche, la Tirreno plutôt que Paris Nice, les trois "GT" avec une préférence pour le Giro, le Lombardie et les "Mondiaux" ! Le reste je peux le mater sur le site "Vidéo du Cyclisme" ! 😉
  15. Non, j'ai "TV sur PC" seulement comme tu parlais de sfr, je me demandais si cette application diffusait également le programme vélo de la box Sfr et son bouquet, c'est tout ! Sinon, je me démerde toujours pour choper les courses sur le***, comme le rappelle Didier !
  16. J'ajouterai que les quatre "saute ruisseau" sus cités par tes soins, ne sont en aucun cas des coursiers dignes de trôner au "Nirvana de la Petite Reine" ! Désolé !
  17. Je faisais abstraction de cette "parenthèse" par prudence ne sachant pas si l'Australien avait ou non franchit ce "Rubicon" là ! En revanche si "Mr Propre" alias Bernard Moreau est dans la confidence de l'"Aussie", je m'incline !
  18. Dis moi, "Mimi", que diffuse Sfr dans son bouquet ? Si ce sont les épreuves cyclistes, le fait elle, également, sur la "TV sur PC" ? Merci Michel
  19. Humilité, abnégation, sacrifice, travail et un courage hors norme plus qu'un "Fluoriclasse", voilà mon résumé succinct de l'avenant et affable Wallaby, Cadel Evans ! Toutefois, pas assez de "folie" en lui pour franchir le "Rubicon" qui mène au "Nirvana de la Petite Reine" !
  20. Merci "JP" ! Tu es pardonné ! 😉
  21. Pourquoi me ferai je vieux, mon cher Gérard ? Du fait que je préfère la "RAI" au Quatar ou bien me référer à "Dieu" plutôt qu'à ses "sous Saints" ? (o) En revanche, je subodore, volontiers, que le volubile et affable "El Diablo" doit damner le pion à nombre de ses congénères en matière de "Petite Reine" !
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