-
Compteur de contenus
2 919 -
Inscription
-
Dernière visite
Type de contenu
Forums
Galeries photos
Calendrier
Articles
Tout ce qui a été posté par Michel CREPEL
-
Merci 😉
-
Tu as raison "Chris", tu tiens trop à ton "minet" ! (o) Amitiés Michel
-
Aucune idée Christophe mais "perso" je visionne les épreuves qu'à partir de l'ancien "Het Volk" à savoir, l'ouverture outre Quiévrain !
-
Bonjour "Papy" ! Tu vas bien, ami ? Toujours affûté à l'aube de tes 8...... ans ? (o) Qui "cause" sur le "Giro" chez les Quataris ? J'ai regardé le Tour d'Italie sur la "Rai", l'an dernier ! J'aime les commentaires moins chauvins que chez nous (et oui !) et plus enthousiastes, plus passionnés (c'est pas franchement dur par rapport au duo Français de "FT") ! Quant à la langue, depuis le temps, je comprends tout ! Embrasses Bruno, pour moi et ta tribu ami ! Amitiés Michel
-
Moi, idem, Michel ! Cela prouve, au moins que nous sommes vivants ! (o) Maintenant, cela ne m'étonne pas que le final du "Lombardie" soit devenu aussi indigent tant les organisateurs ont "tué" le final afin de faire plaisir au "pétro-fric" !! Finalement, visionner http://videosdecyclisme.fr/ à l'issue de toutes les épreuves du calendrier évite de se fourvoyer ! le terme des classiques et même des étapes des "GT" ne vaut pas que je "vende ma peau au diable" ! ha ha ha ! Amitiés Michel Michel
-
Salut "JR" c'est, en effet, le meilleur "deal", le "player" d'Eurosport et comme toi, l'ami, je prends la période de fin février et le Omloop Het Nieuwsblad à début octobre et le "Lombardie" ! J'apprécie Jacky Durand et jamais je ne remplirai les caisses du Quatar ! Amitiés Michel
-
MES AMIS ! Je sais, c'est un peu prématuré ... mais pas tant que cela, voyez vous, mes amis ! Ce sera, sans doute, peut être, allez savoir, l'ultime fois que je vous infligerai cette "punition" annuelle ! Je m'apprête, en effet, à aller tutoyer, du moins effleurer les sensations ressenties par nombre de mes congénères frondeurs et autres empêcheurs de tourner en rond de l'univers du sport, en général et de la "Petite Reine", en particulier, qui, à un moment ou un autre ont été confrontés à pareil fléau (Cancer). Bien sûr, je pourrai, dans un avenir proche, pourquoi pas, à défaut d'y siéger, saluer la tablée rabelaisienne au bout de laquelle trônerait un Antoine Blondin toujours aussi acerbe que volubile en train de remémorer à ses petits camarades de ripailles que sont "Bob" Chapatte, Michel Audiard, "Dédé" Pousse, René Fallet, Louis Nucera, Alphonse Boudard, Georges Briquet, Jean Carmet, Maurice Biraud, "Gabin" et autres Abel Michéa, Pierre Chany, "Big Léon", Jean Paul Brouchon ... , que du beau linge, la voix teintée de nostalgie le "Pacte de Chiavari" édicté par la "Joconde" à l'attention de "Gino le Pieux" et le "Campionissimo" lors de l'étape de Sestrières du Giro 1949. J'aurai également, le loisir, de papoter à la table voisine, en compagnie des "Parigots" Laurent Fignon et Pascal Jules, toujours aussi complices et gouailleurs, occupés à chambrer copieusement le "Pirate" Marco Pantani accompagné pour l'occasion du premier lauréat de l'Angliru, "El Chava" José Maria Jimenez. Ces derniers, à des lieux de se muer en victimes expiatoires, se refaisant, néanmoins, la cerise en se la jouant "petite bracasse" mais gros fou rire communicatif. Au bar, les fenêtres embuées laisseraient peut être apparaître, au gré des perles et autres traces d'humidité, les silhouettes dégingandées de deux "saute ruisseau" rejouant pour le bonheur de l'assemblée au garde à vous, "La Joute Inachevée" que se livrent, depuis qu'ils se sont retrouvés, le "Roi du Vigorelli", le Stéphanois, Roger Rivière et son condisciple mais néanmoins récurrent adversaire, "Maître Jacques", le Normand, Jacques Anquetil. En toile de fond, un arc en ciel fait oeuvre de kaléidoscope géant d'où emergent des bribes de séquences de la carrière des deux "monstres sacrés", Perjuret, méchoui, Puy de Dôme .... Le Puy de Dôme, nous y voilà ! "Le peloton qui s'élance de Brive, ce 12 juillet 1964, a des allures de randonnée cyclotouriste en villégiature. Les Pyrénées absorbés, les sans grades hument, avec une certaine délectation, les toutes proches vapeurs de toxines des taxis de Paname. La satisfaction, du devoir accompli, empli de joie et de fierté ces "galériens" trop souvent méconnus. Dieu sait, pourtant, s'ils en ont bavé, les bougres. "Esclaves" invétérés de leaders charismatiques mais machiavéliques, ces besogneux ont oeuvré, sans cesse, dans l'ombre de leurs tortionnaires. La caricature est à peine teinté d'exagération, loin s'en faut. Le travail harassant de fourmi zélée qu'ils ont accompli sans rechigner, le sacrifice inhumain consenti, dont ils ont du faire preuve pour ne pas laisser tout choir au détours d'un lacet, ont permis à leurs "bourreaux" de se hisser au sommet de la hiérarchie des grands de ce Tour. Pour des émoluments finaux frisant, pour beaucoup, l'obole vespérale des "Culs Bénis" indécrottables, ces "miséreux" du macadam ont frôlé la correctionnelle, en de maintes occasions, sans jamais n'éprouver le moindre remord ni le plus petit soupçon d'amertume envers leurs "tortionnaires". Alors, oui ils s'abandonnent à leur "fôlatrie" Corrézienne et se laissent griser au son improbable de l' accordéon d'un Jean Ségurel, grand "Chambellan" d'un "Bol d'Or des Monédière", qui rugira bientôt à deux pas d'ici. Bien sûr, ils ont conscience de la présence du volcan impitoyable mais ils subodorent, avec malice et détachement, que les "cadors" préfèreront régler leur différent en petit comité. Il est vrai qu'il est imposant ce gigantesque gâteau d'anniversaire, comme le dépeint à merveille Pierre Chany. Cela étant, il est indéniable que son ascension est une affaire de "Pit Bull", eux, les "caniches" bien nés et dociles, ne possèdent, en aucun cas, la denture assez acérées pour se mêler à cette joute finale. Ils l'aborderont, donc, avec toute l'humilité qui sied à merveille, à leur modeste mais ô combien coriace talent de baroudeurs. Le soleil est, maintenant, à son zénith en cet après-midi d'été "meurtrier". La "mort" rôde et s'apprête, envoûtante et insidieuse, à frapper, sans scrupule aucun, l’un des deux protagonistes à la victoire finale. La France entière est en haleine. Un mélange de fièvre et de jouissance s'empare des deux communautés ambivalentes. Un homme politique très en vue, de l'agonisante cinquième république, vouait un véritable culte aux appellations "Noblesse" et «Tiers état ». Ce cliché n'a jamais été aussi présent que ce 12 juin 1964. Les sarcastiques et soucieux, néanmoins, suzerains "Anquetilistes" face aux "rustres" et "paysans" Poulidoristes". Le décor est planté, place aux actes. Le Puy de Dôme se dresse, maintenant, devant les "sautes ruisseau". Majestueux et fier, l’abrupt piton rocheux ne fera aucune concession aux faibles et aux inopportuns, qu'on se le dise. Hilare et jubilatoire, il énumère les carrières qu'il a brisé, les coups de pompe qu'il a asséné et les "sorcières aux dents vertes" qu'il a distribué sans préjugé des conséquences. Il se donnera, s'abandonnera puis enfin "épousera" le plus à même de le dompter. Déjà le peloton se trouve scindé en deux groupes. Les ténors, soucieux d'en finir au plus tôt, se sont poster aux avants postes afin d'éviter toutes mauvaises et désagréables surprises. Ce groupe d'une trentaine d'unités, tel un serpentin multicolore, flirte avec les premières rampes de l'"Ogre Bougnat". Ce sont les prémices d'un "carnage" annoncée. La foule dense et bruyante s'ouvre, telle des pétales, devant l'avant garde des "fantassins". Les "généraux", bien calfeutrés, au sein du contingent, se toisent furtivement, et se protègent des élans d'enthousiasme d'un public farceur et primesautier. L'expression faciale de ces coursiers pourrait s'apparenter à une palette de couleurs, d'un impressionniste anodin, où la peur, l'anxiété, la sérénité, l'angoisse y seraient mêlées. La chaleur a, depuis un moment déjà, oeuvré au détriment de ces "guerriers de l'apocalypse". La sueur, fidèle compagne de juillet, goutte puis ruisselle inexorablement le long de ces corps meurtris. Les maillots détrempés et souillés colle tels une seconde peau. Un désagrément suave, si l'on peut dire, avant la souffrance insoutenable proprement dite. En file indienne, debout sur leurs étriers, les éclaireurs progressent et ouvrent la route. Déjà, "Maître jacques" et "Poupou" ne se lâche pas et moulinent côte à côte. Le démarrage de Julio Jimenez a lieu à l'endroit même où la route se dresse comme un mur à l'embranchement de la montée vers l'observatoire. L'attaque est tranchante, incisive et sa fulgurance a le don de sortir le groupe, en état de somnolence, de sa torpeur. Aussitôt, l'"Aigle de Tolède" lui emboîte la roue arrière en gesticulant comme un damné. Les deux "mouflons Ibères" enivrés par le parfum des cimes, sont dans leur élément et ils le démontrent de fort belle manière. Derrière, le trou est ébauché, c'est la débandade. Le groupe est éparpillé sur tout le flan de la montagne vengeresse. Seuls, Anquetil et Poulidor ne se sont pas, encore, désunis. Ils peuvent même apercevoir les deux voltigeurs hispaniques au détour d'un virage. Derrière les deux belligérants, c'est la curée. Le "Colosse de Mannheim" tente bien un rapproché sur les deux Français mais les quatre vingt kilos, qu'il accuse sur toutes les balances de la planète, sont autant de handicaps rédhibitoires pour entretenir l'espoir d'un retour, quoique. Pendant que le duo Espagnol caracolent et virevoltent en amont de la course, nos deux "Chouchous" s'étalonnent courtoisement. Anquetil, prudent comme à son habitude, se trouve du côté de la paroi rocheuse, Poulidor, moins regardant mais tout aussi prudent, flirte dangereusement avec le précipice. En fait, le Limougeaud s'est octroyé la place que le Normand à bien voulu lui abandonner. Les deux "faux frères" sont, dorénavant épaule contre épaule, il s'effleure, se touchent, parfois, épisodiquement et imperceptiblement mais jamais ô grand jamais leur regard ne se rencontre. Chacun à son tour tente d'impressionner son compagnon de galère en le devançant d'un boyau à la faveur d'un lacet, par exemple, ou bien en se dressant prestement sur les pédales, mimant une probable et utopique attaque, en pure perte, cependant. Ils se connaissent parfaitement nos deux héros. Certains, et non des moindres, décèleront une once de bluff de la part d'un des deux ou des deux antagonistes lors de ce mano a mano. A scruter les visages décomposés des deux hommes, j'éviterai de souscrire à cette éventualité. A un peu plus d'un kilomètre du sommet, alors que les deux fuyards ont course gagnée, le Normand donne les premiers signes de l'homme qui va céder. Aplati, comme rarement, sur sa monture, le natif de Mont Saint Aignan commence à arpenter la chaussée avec difficulté. Poulidor, lui, poursuit à son rythme. Mètre après mètre l'écart évolue au bénéfice de l'enfant de Saint Léonard de Noblat. Ce dernier n'a nullement attaqué, ni même haussé la cadence à l'inverse Anquetil s'est littéralement liquéfié. Les mètres se sont transformés en hectomètres et le suspens est à son comble. La foule hystérique vocifèrent et gesticulent dans un galimatias sonore assourdissant. Le contraste entre les deux opposants est affligeant car il ne donne aucun signe distinctif sur l'état de fraîcheur des deux Français. En effet, les deux sont dans un état de fatigue très avancée. La défaillance a embrumé, un temps, la vision teinte d'opacité du Normand mais celle ci s'est évaporé avec décence. Le Limougeaud, quant à lui, le regard fixé sur l'horizon d'un énièmes virages laisse apparaître le rictus du "tueur". Les secondes s'égrainent, toutefois, en faveur du coureur de "Tonin". Aura t'il assez de ressources pour poursuivre son chemin de croix et ainsi revêtir le maillot jaune au sommet de l'épouvantable Puy de Dôme ? La France retient son souffle. A l'avant, Julio Jimenez a décramponné aisément son compatriote vieillissant, Frédérico Bahamontès, dans les ultimes kilomètres pour s'en aller cueillir une victoire de prestige devant tous le parterre de favoris. L'empoignade se poursuit à l'arrière. Poulidor, l'animal blessé, s'arc boute sur sa machine et brûle toutes les dernières cartouches qu'il possède encore en son sein. Cela suffira t'il ? Anquetil, le fier hidalgo, a perdu de sa superbe, l'instinct de survie lui permet de croire encore au miracle. Lui, l'esthète de l'effort solitaire a tout d’une fleur fanée qui ploie sur sa tige pour choir finalement, sans vie. Nos deux « Seigneurs » tels des duellistes, de la gardes des mousquetaires du temps jadis, s’escriment à fleuret non moucheté au paroxysme de l’effort, le coup de grâce comme vecteur commun, le Ko flotte dans l’air pur des monts environnant. L’oreille scotchée au transistor, le regard vissé au téléviseur, le versatile peuple « François » extrapole, fabule, exulte puis frémi, renâcle et soupire. Il trépigne, hurle son admiration ou sa haine. Du jamais vu dans les annales de la course. Enfin, quand Raymond Poulidor apparaît en vue de la ligne, c'est du délire orgiaque de la part de ses fans. Portés comme jamais auparavant, peut être, les dents serrées, la bouche béante il feint un semblant de sourire avant de s'affaler, épuisé, sur le guidon de son vélo. A quelques encablures en aval, Vittorio Adorni, le « Showman », un moment débordé par le rythme effréné des hommes de tête, parvient, dans son style pas très académique mais diablement efficace, à se ressaisir promptement. Apercevant Anquetil en point de mire malgré la foule envahissante, l’ancien confectionneur de macaroni chez Barilla, remonte irrésistiblement, se hisse à la hauteur du Normand et le dépose, là, dans la foulée, sans autre forme de procès. Quand, à son tour, Jacques Anquetil se libère de la marée humaine qui a pris possession de la route, il présente un visage déformé par l'effort, blême comme un linceul immaculée. Il accroche plus qu'il ne franchit la ligne d'arrivée salvatrice sous les encouragements chauds mais distingués de ses inconditionnels et les quolibets "poétiques" de ses détracteurs. Tout ça pour ça ! Pour quatorze secondes, le futur premier quintuple lauréat du Tour de France, poursuivra sa marche triomphale jusqu'à Paris. En effet, à sa descente de vélo, Anquetil eu cette phrase sibylline mais significative du combat dantesque livré et de l'animosité au caractère irascible qui règne entre les deux hommes : "Si Poulidor m'avait pris le maillot, je rentrais à la maison ce soir !" Quand on songe, pourtant, que le dernier chrono lui aurait sans doute permis de le récupérer, ses mots "violents" assénés dénotent une extrême lassitude physique et mentale. Poulidor, pour sa part, revendiquera une erreur de braquet pour tenter d'expliquer sa stagnation suite à son envolée improductrice. Lorsque "Tonin" lui demande, alors, pourquoi il n'était pas allé reconnaître, comme promis, l'ascension du Puy de Dôme, "Poupou" lui rétorquera, aussitôt, "En effet, je n'ai pas reconnu la montée, mais avant le départ de Rennes je m'y suis rendu, malheureusement, on m'a interdit de monter au dessus du péage ! C'est défendu en temps normal. Alors je ne savais pas exactement ce qui nous attendais !". Un bras de fer, un duel aux couteaux, un combat des chefs, voilà ce que les passionnés demandent et suggèrent à leurs héros. La dramaturgie au comble de l’étourdissement. Les radios reporters de l’époque ont su rendre du relief à l’évènement. A l’époque, ils maîtrisaient, à la perfection, l’art du commentaire. Ils n’omettaient jamais de dépeindre les moindres faits et gestes des acteurs en pleine lumière. Leur élocution sans faille, et leur profonde culture achevaient de les rendre indispensable au drame qui se nouait. Cette page d’anthologie a laissé des traces dans la mémoire collective. Elle éclabousse de son empreinte, malgré le poids des ans, chaque retour du Tour, en ce lieu saint. Citer le Puy de Dôme, à la ronde, et des milliers d’yeux émerveillés vous toiseront et vous répondront à l’unisson, « J’y étais ! » pareil à un remake des grognards de la grande armée impériale. Pourtant, l'affrontement n'a duré que quelques kilomètres, ne s’est déroulé que dans un laps de temps des plus restreint, alors ? Alors, l'atmosphère ambiant associé à deux combattants hors normes a fait le reste, dit on !" Soudain, tel un automate, ma main s'égare au sein de la poche de mon blazer et en soustrait une feuille de papier sur laquelle est notée les extraits un autre récit que j'avais rédigé, de mon vivant, quelques années auparavant et consacré à "Tonin le Taciturne" et au "Roi René" lors de leur Tour 1934. Pourquoi ce récit plutôt qu'un autre ? allez savoir : "... C'est exactement en ces lieux divins qu'un Cannois ombrageux et belliqueux à la pédalée onctueuse, à l'assise parfaite, aux déhanchements de ballerines, en un mot, au style d'une élégance rare, allait forger les premiers exploits d'une légende dont Louis Nucera nous narrera avec brio et passion les grandes lignes dans une œuvre dédiée au méridional. René Vietto, bientôt idole de tout un peuple pour les raids solitaires voir suicidaires qu'il entreprenait et adulé comme rarement dès qu'il côtoya le firmament de la notoriété, fut affublé du pseudonyme significatif de "Roi René". Ce dernier va bientôt éclabousser de sa classe et de son altruisme le cyclisme de ces années là. Apôtre de la "Joconde", il va jusqu'à l'imiter dans sa façon d'être et de paraître à tel point qu'un jour il se fendit de cette réflexion pour le moins flatteuse à l'égard du Transalpin : " Alfredo Binda est le plus grand de tous. Un styliste incomparable. Il pouvait partir dans une course avec un bol de lait sur le dos. Quand il arrivait le bol était encore plein. Aucun déhanchement. Nulle contorsion. Il ne faisait qu'un avec sa machine. L'élégance. La pureté. Un artiste. La beauté en action sur un vélo." Lors de cette étape Aix-les-Bains Grenoble, les coursiers devaient emprunter le Galibier, toit du Tour, toujours appréhendé par la face Nord, la plus ardue, à cette époque. Sous le tunnel qui jouxte le sommet le "lilliputien" Ibère de service, Ezquerra, bascule en tête, bientôt suivi pas René Vietto. Le virevoltant tricolore absorba sa proie dans la descente vers l'Oisans puis l'abandonna à ses trajectoires "olé, olé" pour gagner Grenoble en vainqueur trois minutes devant son compatriote et maillot jaune Antonin Magne et l'Italien Giuseppe Martano, dauphin de ce dernier. Le "Roi René" remit le couvert sans attendre le surlendemain à l'occasion de la neuvième étape Gap Digne. René Vietto prit son envol dès le col de Vars où il fit montre d'une facilité déconcertante voir insolente. Derrière c'est l'hallali. Tous sont logés à la même enseigne. Le Cannois caracole en tête sans faiblir, bien au contraire, impitoyablement il franchit le col d'Allos dans la foulée nanti de la même détermination et doté de la même impression de facilité. A Gap, il assomme un peu plus la concurrence. Trueba limite la casse à moins de trois minutes tandis que la doublette Magne - Martano débourse la bagatelle de plus de six minutes. Finalement, la chance de ces derniers, si je puis dire, a été de profiter, bien involontairement d'ailleurs, de la crevaison de Vietto lors de la première étape. En effet, cet incident de course rejettera le méridional dans les profondeurs du classement mais surtout il accumulera en la circonstance un retard conséquent et rédhibitoire. Après le triplé de René Le Grevès, sur les routes ensoleillés de l'arrière pays Niçois, le peloton prenait la direction de Cannes. La Turbie ferait office de juge de paix au même titre que les cols de Braus et de Castillon. Ces routes vallonnées et escarpées sont très prisées de notre voltigeur des sommets. Vietto en connaît tous les coins et recoins. Ce sont ses lieux d'entraînement et le public chaleureux et enthousiaste de la région le sait mieux que quiconque. Il est venu en grand nombre encourager le "minot", il ne tombera pas sur un ingrat. A l'instar de ses deux apparitions lors des étapes alpestres, René Vietto écrabouillera la concurrence. Le "Roi René" se présentera au bout de la "Croisette", inondée d'une foule de fanatiques bon enfants et hilares, tel un "conquistador". Ce feu d'artifice, ce panache, cette outrageuse domination n'a, évidemment, pas laissé indifférent journalistes, suiveurs et inconditionnels du vélo de tous poils, à la fois stupéfaits et estomaqués de tant de maturité à un si jeune âge. Toujours est il, que le leader Antonin Magne ne relâche en aucun cas son attention. Son principal soucis étant le représentant Italien, l'Auvergnat s'acheminait, cahin caha, vers les Pyrénées toutes proches, dernier bastion de la rébellion. Ces Pyrénées seront le théâtre de ce qui fait que le Tour est une épreuve à nulle autre pareille. La légende est en marche, ce qui va suivre marquera d'une empreinte indélébile tous les acteurs et suiveurs présents. L'étape Perpignan Ax- les-Thermes se déroule idéalement pour "Tonin". Le passage au sommet du Puymorens se passe sans incident notoire et en compagnie de Martano, invariablement vissé à son porte-bagages. Le natif d'Ytrac aborde alors la descente en direction de l'Hospitalet. Soudain, le Français, pour des raisons troubles et inexpliquées, perd le contrôle de sa machine et chute lourdement sur le macadam. Plus de peur que de mal, néanmoins, pour le coureur excepté que la jante en bois de sa roue s'est brisée sur un rocher. Pendant ce temps là, Martano n'a pas demandé son reste et file tel un voleur de grand chemin vers Ax. Vietto est le premier à dépanner son capitaine de route, en pure perte, néanmoins, la roue du méridional n'étant pas doté du même axe, celle-ci refusa de s'emboîter. C'est finalement le Champion du Monde, Speicher, qui mit fin à l'interminable attente en lui cédant sa monture. Aidé de ses compatriotes et après une poursuite impitoyable, Antonin Magne ne déboursera en tout et pour tout que quarante cinq misérables secondes à l'Italien par ailleurs copieusement conspué. Le lendemain, les rescapés de cette 28ème édition prennent la direction de Luchon. La chaleur étouffante qui règne sur ce Tour est toujours présente et pèse sur les organismes déjà passablement entamés. Dans les premiers lacets du col de Port le jeune espoir Renaud prend la poudre d'escampette. A Saint-Girons, son capital temps est de près de trois minutes sur un peloton amorphe toujours groupé. A moins de cent bornes de l'arrivée, dans les rampes abruptes du Portet d'Aspet un contre énergique se dessine à l'arrière. Vignoli, âme damné de Martano, joue les filles de l'air à l'intention de son leader, qui ne pipe mot, toujours scotché à la roue de l'Auvergnat. Au somment du Portet d'Aspet, Renaud bascule seul en tête devant Vignoli dans l'aspiration. Ce dernier précède alors Vietto et Gyssels de plus d'une minute, Martano et Geyet de deux minutes. Magne, accompagné de Lapébie, Vervaecke, Morelli, Maes et Franzil pointe vingt secondes derrière le leader Transalpin. Dans la descente le "Roi René" attend "Tonin le Taciturne" qui se colle à la roue arrière du Cannois. Requinqué Magne laisse filer Vietto à l'avant. La descente se poursuit sans heurt ni malheur. Pourtant, au bas de celle-ci, un nid de poule se présente devant la roue avant de l'Auvergnat comme par enchantement. Sous l'effet du choc violent et assourdissant, la chaîne a littéralement explosé. Non seulement elle a sauté de son support mais, comble de malchance, les maillons la constituant sont inexorablement et définitivement vrillés. Un long silence suit le drame qui se noue. Antonin Magne, le visage décomposé d'où perlent quelques larmes, demeure interdit, prostré le long de la route sur laquelle défilent toujours les retardataires insensibles à la détresse du persécuté. Vietto, qui ne soupçonne, apparemment, pas le moins du monde ce qui se passe à l'arrière, est loin devant. Quant aux autres tricolores, ils évoluent au trente sixième dessous, à des années lumières de la tête de course. Tout est perdu, se dit alors "Tonin". Malheureux, dépité et l'amertume à fleur de peau l'Auvergnat contemple une dernière fois son beau et futile dorénavant maillot jaune. Alors qu'il s'apprêtait à rebrousser chemin, "Tonin" aperçois une silhouette pédestre qui remonte la pente dans sa direction. Le flou s'estompe à mesure que l'homme se rapproche. Soudain, le visage du maillot jaune s'éclaircit, on voit alors poindre une esquisse de sourire puis ses yeux s'embrument de larmes. Le "Roi René", petit bonhomme altruiste et bourré d'un talent naissant, rejoint bientôt son compagnon d'infortune et lui offre gracieusement sa bicyclette. Le conciliabule qui s'ensuivra demeurera leur secret. Toujours est il qu'Antonin Magne accompagné de Roger Lapébie, revenu de l'arrière, se lancera dans une poursuite effrénée et qu'il ne tardera pas, toute hargne dehors, a recoller au groupe de tête sous les yeux incrédules d'un Martano dépité. A l'arrière, le pauvre Vietto, attendant en vain une assistance qui ne viendra que très tardivement, sanglote et pleure, la tête entre ses mains tremblantes, une victoire d'étape à Ax-les-Thermes, qui lui était promise, ainsi qu'une probable troisième place sur le podium à Paris ... " La légende du cyclisme a continuellement bercé mon existence et je pense que c'est dans l'abnégation, le courage, la résistance à la douleur, les tripes plus que le coeur, quatre traits de caractère dont j'ai nombre de fois affublé les "Forçats de la Route" qu'il me faudra aller chercher le droit de poursuivre la route en votre compagnie ! Emile "Mimile" Arbes, Karl "Carlito" Coudre, Daniel Beillard, Serge "Sergio" Delesalle, JF "Jef" Guiborel, Jean Guy "JG", Hervé "Docteur" Delebarre, Isaac "Papy" Stene, Bruno Stene, Isabelle "Zaza" Ramès, JL "Jubilador" Castel, Laeticia Baschieri, "Momo" Larbi Slimane, Bernard "Derby" Lecoanet, Jean Daniel "JD" Lotovic, Christian Moncassin, François "Fanfan" Perrin, Bertrand Petas, Eric "Ricky" Robin, "Seb" Pecqueur, Guido "Reybroeck" Speier, Stephane "Stef" Toupenet, Xavier Boileau, Christian "Cricri" Berthelet, Fabienne "Fab" Vidau, Bernerd "Nanard" Kimmes (ex-Cyclopedie), Bernard "Nanard" Vaillant, Bruno Barboille, Benoît Bastide, Christian Peru, Claude Moussu, Denis Tissinier, Dim "Ma Poule" Kosek, Eric Follebout, Eric "Rico" Marguerat, Daniel "Danilo" Graziano, Joachim "Jojo" Garreau, José Manuel "Oscar" Freire, JC Durban, Luigi "Bergamasque" Giacobetti, Patrice "Pat" Magin, Michel Glineur, Michel "Mimi" Roth, Nicolas Barattero, Patrick "Pat" Louis, Patrick "Patmouille" Mouillard, Philippe Auberger, Pierre Heroin, Pierre Yves "Nations" Archambault, Rémy "Réminou" Deutsch, Sébastien "Seb" Baudon, Roland Tissier, Stephan Zam, Michel Serres, Bernard "Valverde" Kuip, Marcel Ferran, Stephan Zamy, Max Medina, Stephane "Steph" Echardour, "JP" Martinez, Jean Marie "JM" Bessière, Cedric Lissonet, Renaud "Aristo" de Lidge, Régis "Cannibale" Gregoire, Laurent "Lolo" Teixidor, Jacques "Jacot" Dupont, Christian "Chris" Fontanella, Didier "Didi" Salembier, Christophe Capon, "FX" "Pilou" Beloeil, Serge Masselot, Michel Pelsener, Jean Pierre "JP" Not, Michel Dussun, Franck Steinel, Freddy Maertens, Robert "Bob" Develotte, Bernard "Nanard" Luc, Daniel Berton, Sylvain Karle, Eric Artus, Bernard Mischler, Jean Jacques "JJ" Delmas, La famille Bienfait, Pierre Rosec, Nicolas "Nico" Ozouf, Gérard "Gg" Miard, Michel "Mimi" Badard, Michel Penneteau, Edwige Leconte, Françoise Macel, Bruno "Rando" Langen, Dimiti "Dim" Di Luca, Patrick Carrignon, Alex Baron, Dominique Meuret, "Alex" Moreau, Olivier Blanc, Elie Richaud, Thibault Jolais, Rémi Loriot, Marc Ruwet, Samuel Mesnil. Les pronostiqueurs ..., Igor Beyer, Fabrice Deldongo, "JF" Adamski, Claude "Claudio" Carries, Franck Pastor, Steve Disalvo, Christian "Cricri" Landrain, Georges Maillet, Rémy Faure, Eric Mazare, Chris Albanel, Hervé Maxfly, Jean Marie "JM" Leblond, Sebastien "Seb" Marty, Pascal Delrivière, Frank Serr, Pierre Traversaz, Jean Roland "JR" Laisement, Jean Marc Mayer, François Baben, Michael Berthelot, Alain "Ribaudet" Ribaud, Marc Charpentier, Alain Cormary, Jean Pierre Mathelier, Rémi Duvernes, Henri Richard, Cédric Hugon, David Magentie, René Frederick, Olivier Comment .......... et tous mes amis de « Radio 51 » dont, bien évidemment Daniel « Danilo » Génon … ainsi que l’inénarrable Gary "Tartempion" et tous ceux que j'aurai omis de citer pour cause d'alzheimer précoce et pugnace ainsi que tous les nouveaux avec lesquels je n'ai pas eu le temps de lier connaissance et bien évidemment, Philippe Lesage et Julien Perrot les perpétuels et indéracinables duettistes de ce merveilleux site que je vénère depuis 2001 ! Michel Crepel (micwachow), webmaster de Radio 51, le seul média de la planète consacré à la "Petite Reine", auteur de trois ouvrages, "Ma Légende du Vélo 1, 2 et 3" sans prétention, et journaliste-pigiste à Vélo 101, Vélo Club, Mémoire du Cyclisme, les Actus du Cyclisme, webmaster de feu Cyclopédie et de Cyclisme au Jour le Jour ...... ! JE VOUS SALUE et vous adresse tous mes sincères voeux de bonheur pour les longues années à venir et un Joyeux Noel ! Michel Crepel
-
Abandon de cancellara
Michel CREPEL a répondu à un(e) sujet de Claude CARRIES dans Discussions Route
Heureusement que des "Mimi" Roth et "Jojo" Garreau sévissent toujours ici bas pour expliquer l'inexplicable aux plus démunis des forumeurs ! Effectivement l'Helvète avait prévu cela de longue date, en outre, s'il avait vraiment un complexe Martin sur les "longs bouts droits", il ne mettrait pas tout en oeuvre pour le culbuter de son piédestal lors des prochains "Mondiaux de Ponferrada". La présence des deux suscités ajoutée au retour de Bradley Wiggins donne un certain cachet d'authenticité que l'épreuve de vérité n'a jamais réussi à trouver lors des éditions passées à l'instar d'un "GP des Nations" de la grande époque, par exemple ! Quoiqu'un Jan Ullrich tous muscles bandés lancé, en pleine canicule, sur les routes Tarnaises du côté de Cap'Découverte n'était aucunement un leurre. -
Il a bien fait de laisser Bouhanni à la maison ...
Michel CREPEL a répondu à un(e) sujet de Arnaud HOMMELIER dans Discussions Route
Tu connais les choses du vélo toi, c'est fou ! Démare est un homme du Nord qui aime les épreuves du Nord contrairement au "Cav" ! Boonen n'est plus véritablement un sprinteur ! Démare aurait carte blanche sur certaines épreuves, c'est sur et son âge plaide en sa faveur ! Enfin c'est à lui de prouver et de bousculer les habitudes bordel ! C'est maintenant ou jamais avant que Lefevere ne s'offre le fils du "Kaiser Zabel" ! Si "Mimosa" n'avait pas tergiversé autant et perdu son temps chez Bernaudeau ....... il aurait peut être un ou deux "Ronde" .....😉 -
Plus que les chutes, l'important pour les favoris à la victoire finale sera le placement dans la file de leur voiture de dépannage, les enfants ! 😉
-
Qui peut m(instruire (Ter)
Michel CREPEL a répondu à un(e) sujet de Jacques MAILLET dans Discussions Route
Et toi avec le Colin de Maillard ? Amitiés "Patmouille" ! Michel -
Qui peut m(instruire (Ter)
Michel CREPEL a répondu à un(e) sujet de Jacques MAILLET dans Discussions Route
Et si on mettait un "Garreau" pour arrêter de dire des conneries ! 😃 Salut mon "Jojo" tu vas ? Amitiés michel -
Il a bien fait de laisser Bouhanni à la maison ...
Michel CREPEL a répondu à un(e) sujet de Arnaud HOMMELIER dans Discussions Route
Madiot a souvent bénéficié par le plus pur des hasards, d'ailleurs, de pépites au sein de sa formation la FDJ ! Or, et là ce n'est plus un hasard du tout, il n'a jamais su les polir et les convertir en diamant ! Ce sont les autres qui s'en sont chargés. Que Demare aille chez Lefevere et il apprendra à "frotter" ! Bouhanni, bon, sur le Giro lorsque Kittel était là, il n'a pas vu le jour ensuite, les finisseurs présents en Italie étaient d'une faiblesse par trop affligeante pour qu'on puisse avancer avec certitude que Nacer est un "fluoriclasse" de l'emballage. D'ailleurs j'ai rarement vu un Giro aussi pauvre en sprinteurs (le parcours sans doute). Enfin Coquard sera "cramé" au terme de la première semaine tant il court en dépit du bon sens ! Bernaudeau c'est l'école Madiot en plus "montagnard" (sic) mais le résultat est identique. Bref, on peut dire qu'en dehors de Vincent Lavenu, nos "DS" ne sont pas vraiment des orfèvres en matière de gestion du talent de leur troupe respective, c'est le moins qu'on puisse dire ! Et cela dure depuis des lustres ! Pour terminer si vous écoutez et prenez les "pronos" et commentaires "franchouillards" au premier degré hélas des "appâtés" du gain que sont Adam, Vasseur et "Jaja" vous irez droit dans le mur ! -
Concernant le doyen des grands Tours, il ne fait aucun doute, sauf accident, que la vcitoire se jouera entre le Britannique de Gand et l'Ibère Madrilène avec en troisième larron, trublion de service, le "Squale" de Sicile. Le Murcien "Ardennais" et le Catalan "Gicleur" seront des animateurs du "Top 10" voir du "Top 5", mais pas plus ! Le reste c'est de la littérature que vous pourrez à loisir feuilleter à la sortie de la "Kermesse de Juillet" ! Alors pourquoi se déroule t'elle ? Allez vous me rétorquer ? Et bien disons qu'il est nécessaire en cette période trouble d'occuper la France profonde avec du "Pain et des Jeux" ! Un Mondial et un Tour de France ? Que demande le peuple ! La France chante et danse et fait la cuisine, mate des scènes de crimes à la télé ! En outre elle se rassasie à satiété de "mégalos ceints de démagos" (type Hanouna et sa cour) à longueur de journée ! Mais je m'égare ....... Aller je vais au Zoncolan ha ha ha 😉
-
C'est certainement le dernier Tour ou El Imbatido sera le leader d'Eusebio Unzue (sur les épreuves de trois semaines s'entend) ! Pour tout ce qu'il a apporté à cette formation et à son pays, il le mérite d'autant plus qu'il a en effet démarré cette saison en lâchant les chevaux. Pour Nairo, en ravanche, après une place de dauphin surprise, l'an passé sur les "Champs" et à 24 piges il va s'octoyer son premier Tour et sera au summum de ses prétentions au départ de la "Kermesse 2015". Unzue est un sorcier pas un épicier ! Effectivement, Quintana s'il remporte ce Giro aura appris alors à gérer un grand Tour et supporté la pression d'un leader ce qui n'aurait pas été le cas cette saison et face au trident Foormey-Pistolero-Requin cela aurait été une erreur qu'il aurait peut être payé cash. Dans un an ............Bref, on verra !😠
-
Lettre ouverte au Modérateur
Michel CREPEL a répondu à un(e) sujet de Didier SALEMBIER dans Discussions Route
😉 -
Liège Bastogne Liège
Michel CREPEL a répondu à un(e) sujet de Olivier LEBOEUF dans Discussions Route
Si Gilbert et Valverde avaient été bredouille au départ de Liège, la physionomie de la course aurait été tout autre. Au lieu de cela, chacun s'était octroyé une "Ardennaise" et se sont sabordés au lieu de laisser parler leur tempérament d'attaquant ! Gerrans ? Jamais il ne doit arriver à Ans avec l'envie dans les "cannes" de lancer l'emballage ! Il doit en revanche être "cuit" ! 😉 La faute aux favoris (les vrais) ! -
Le « Blaireau » et la « Doyenne 80 »
Michel CREPEL a répondu à un(e) sujet de Michel CREPEL dans Discussions Route
C'est vrai mais pas uniquement en Belgique en général et lors de la "Doyenne" en particulier. En Italie, lors de la "Primavera", les conditions ont parfois été abominables comme je le laisse entendre au début du récit en citant Eugène Christophe ....... La légende du « Vieux Gaulois » : « Primavera » 1910. Eugène Christophe ne possède pas, loin s'en faut, le palmarès le plus représentatif ni le plus boulimique du cyclisme Français et encore moins du peloton international, en revanche, les épreuves qu'il s'ingénia à dompter le furent d'une manière tout à fait extraordinaire. Bien avant l'icône le représentant re-brasant sa fourche brisée, sous l'oeil "insalubre" d'un commissaire récalcitrant, du côté de Sainte Marie de Campan, au pieds des cimes Pyrénéennes lors de la Grande Boucle de 1913, le gamin de Malakoff s'était déjà distingué, de l'autre côté des Alpes, à l'occasion d'un Milan San Remo 1910 apocalyptique. Nous sommes le dimanche 3 avril 1910 et les soixante et onze courageux qui s'agglutinent, alors, sur la ligne de départ, ressentent, déjà et inexorablement, les prémices insidieuses du cauchemar qui les accompagnera toute la "sainte" journée. Les 290 bornes de l'épreuve s'annoncent, en effet, des plus dantesques. Le ciel bas, le froid glacial et la tempête de neige qui sévit lors de cette quatrième édition embrument les faciès congestionnés et éberlués des suiveurs, pourtant rares à cette époque, et des organisateurs locaux. Le train de sénateurs emprunté, pour la circonstance, par le serpentin humain, n'en est que plus irrationnel. Ainsi, se faufile t'il cahin caha, en ordre presque martial jusq'aux contreforts machiavéliques du Turchino. A l'approche de celui-ci, dans ce paysage d'une austérité alarmante et d'une désolation sans nom, le blizzard a redoublé d'"effroi" et la température avoisine l'insupportable. Le mercure enregistre, alors, une descente vertigineuse vers le néant, ce même néant qui transpire dans le subconscient, fragilisé à l'extrême, de ces "Gladiateurs de l'apocalypse". L'ascension du col, ultime rempart avant de fondre et de rejoindre le bord de mer, est toujours envoûté par les frimas et appréhendé, par un peloton transi, de façon collégiale. Les coursiers qui composent ce "macabre" enchevêtrement de corps désarticulés sont frigorifiés, les pieds deviennent insensibles, les jambes sont raidies et durcies par tant d'agonie et les mains sont crispées et épousent les cocottes de freins comme jamais auparavant. Eugène Christophe, quant à lui, ne fait pas exception à la règle et à l'instar de ses compagnons de galère, le "Vieux Gaulois", arc bouté, sur sa monture, se bat tel un démon, contre les éléments contraires. Au détour d'un lacet, le "Titi Parisien" saute de sa machine prestement, malgré l'engourdissement, et commence un étirement en règle. Le peloton a, depuis longtemps, volé en éclats et les rares coureurs qui n'ont pas encore bâchés sont, désormais, éparpillés au sein de ce "no man land" lunaire. Lorsque le Français franchi, enfin, le tunnel qui délimite le sommet du Turchino, la chaussée est absente car abondamment enneigée. Par endroit, des couches de poudre blanche de vingt centimètres rend caduque tout acheminement raisonnable. Il devient irréel de progresser à bicyclette. Christophe souffre le martyr, le froid le tenaille et les crampes commencent à diligenter leurs "poisons" dans son organisme passablement entamé et soumis à rude épreuve. Son estomac est victime de maux terribles et cruels dus à la malnutrition. La plupart du temps, à pied, il converge, aveugle, vers une destiné incertaine. Las, adossé à un rocher salvateur, le "Vieux Gaulois" attend. Quoi ? il n'en sait fichtrement rien ! Toujours est il qu'à un moment donné, il subodore plus qu'il n'aperçoit une ombre dans cette Sibérie Alpine. Cette ombre se libère, imperceptiblement, de sa chape opaque et ses contours apparaissent, enfin, rassurantes. "Gégène" hèle, alors, à pleins poumons ce sauveur venu du "diable vauvert". L'inconnu, paysan hirsute, conduit l'infortuné coursier jusqu'à une auberge bienvenue où le tenancier du lieu le fera se dévêtir afin de sécher ses vêtements souillés et trempés. Enroulé dans une couverture de laine, généreusement offert par son hôte providentiel, le "Vieux Gaulois", de nouveau guilleret, ingurgite, englouti même, un grog bouillant. Rasséréné et gonflé à bloc, par cette obole, improbable quelque instant auparavant mais ignorant tout de la situation de la course, le Français, tel un grognard lors d'un remake de la "Campagne d'Italie", chevauche, pour la énième fois, sa monture, rejoint le bord de mer et file ardemment et vaillamment vers San Remo. A 25 printemps, Eugène Christophe, remporte cette "Primavera' d'anthologie. Quatre rescapés, seulement, se présenteront sur la Via Roma, terme de cette course hallucinante. Un mois de soins dans une clinique lui seront nécessaire pour recouvrer l'intégralité de ses membres endoloris et deux longues années pour retrouver la plénitude de son potentiel initial. Ces deux saisons blanches lui permettront de se reforger une condition telle, qu'à l'aube de l'année 1913, un forgeron pyrénéen qui tenait boutique au pied du Tourmalet, verra apparaître, un jour de juillet, un coursier pas comme les autres ..... Michel Crepel -
Liège Bastogne Liège
Michel CREPEL a répondu à un(e) sujet de Olivier LEBOEUF dans Discussions Route
JAMAIS ô GRAND JAMAIS UN SIMON GERRANS NE DOIT REMPORTER UN LIEGE BASTOGNE LIEGE !!!!!! C'est une hérésie !!!!! La 100ème a accouchée de sept heures "d'emmerdement" ! C'est une ignominie faite à la "Petite Reine" et au palmares de la "Doyenne" ! Honte aux "saute ruisseau" ! Michel 😉 -
Le « Blaireau » et la « Doyenne 80 »
Michel CREPEL a répondu à un(e) sujet de Michel CREPEL dans Discussions Route
En effet, "Claudio" même si pour mapart j'ai connu le crépuscule du "Campionissimo", du "Boulanger de St Méen", l'avènement du prodige "Maître Jacques" et de son "farfadet", "Poupou" ainsi que celle du "Bergamasque" et de l'Espagnol de Mont de Marsan" sans omettre le "Lilliputien Belge" ...... Quelle époque !😉 -
Le « Blaireau » et la « Doyenne 80 »
Michel CREPEL a répondu à un(e) sujet de Michel CREPEL dans Discussions Route
Exact François, merci ! Le problème avec moi c'est que j'ai un mal fou à me relire et je ne trouve personne (je ne cherche pas non plus, d'ailleurs) pour le faire. Car comme tu le sais, parfois on peut se relire cent fois et ne pas s'apercevoir des fautes orthographiques ou de synthaxe que l'on fait. C'est comme les "bouquins", les "gus" te prennent 7euros la page. Imagines mon dernier livre faisait Plus de 500 pages ! 😉 Que deviens tu, à propos ! Amitiés Michel -
Le « Blaireau » et la « Doyenne 80 »
Michel CREPEL a répondu à un(e) sujet de Michel CREPEL dans Discussions Route
Voilà Igor « Sallanches 80 » : Jamais, sans doute, un coursier n’avait autant surclassé partenaires et adversaires, lors d’un Championnat du Monde, que le « Blaireau » ce jour là. Il était une fois, dans une contrée lointaine du royaume de France, une province à nulle autre pareille. Déjà, cette terre à l'appendice proéminent et qui semble, malgré toute les lois de dame nature, pourfendre ainsi les éléments contre vents et marées génère un sentiment profond d'irrationnelle et de mystère. Cette Armorique ancestrale trône depuis la nuit des temps revêche et rebelle à toute invasion non consentie. Elle s'hérisse souvent, plie parfois mais ne rompt jamais. Le caractère de ses indigènes a été de tout temps imprégné des blessures et des meurtrissures nées de leur volonté farouche à exister en conservant jalousement leur entité. Elles ne sont plus nombreuses dans ce cas aujourd'hui. Bretagne, terre et mer, deux identités mêlées pour un même amour fusionnel. De la côte d'Emeraudes à la côte des Mégalithes, en passant par celles du Goêlo, du Granit Rose, des Légendes, des Cornouailles, au delà de la Mer d'Iroise et des phares austères mais salvateurs de Seins, de Ouessant ou de l'archipel des Guenan à l'île de Groix ou Belle Ile en Mer, tout ici transpire le sacrifice, le courage et inspire la volonté et la solidarité. Ce kaléidoscope génétique et topographique par nature, se fond et se confond pour ériger à terme un individu, un roc, un menhir imperméable aux rigueurs et à l'adversité insidieuse, un Breton. Les clichés et autres images d'Epinal ne sauraient à elles seules orienter et axer nos consciences de candides invétérés concernant les us et coutumes ancestrales de la patrie de "Merlin". La Bretagne, microcosme et kolkhoze auréolée d'un patrimoine culturel et sportif rare a, de tout temps, engendré l'exception. L'exception de ses traditions, bien évidemment, mais aussi et surtout l'acuité physiologique de la plupart de ses enfants. Qui, n'a pas le souvenir d'un champion engendré et issu du "pays" de ces emblématiques Korrigans des grottes de la vallée verdoyante des Traouïero. Qui ne s'est jamais enthousiasmé, enflammé, extasié devant le courage, l'abnégation et le "Jusqu'au boutiste", parfois, de ces descendants d'Anatole le Braz, lui-même, digne dépositaire du "Yeun Ellez", de sinistre mémoire. Ce n'est faire injure à quiconque, ici, que d'affirmer sans trop risquer de se fourvoyer que nul ne s'est autant identifié à sa terre que le résidant des Monts d'Arrée, d'Huelgoat, de Bréhat, Roscoff, Paimpol, des forêts de Brocéliande ou de Paimpont. C'est au sein de ce pantagruélique, ce gargantuesque réservoir de "besogneux", d'hommes providentiels que va éclore le joyau qui allait éclabousser de sa classe une génération de "sautes ruisseau" et émerveiller une caste d'aficionados en mal de héros. Issu du septentrion de cette Armorique éternelle, royaume privilégié des Fest Noz et Pardon échevelés, Yffiniac, plus précisément, Bernard Hinault va générer un engouement, susciter une admiration que seuls nos "aïeux" peuvent se targuer, se vanter même, d'avoir éprouvé. Le but, aujourd'hui, n'est nullement de narrer sa carrière légendaire, ni même de conter la maestria et l'insolence dont fit preuve l'Yffiniacais lors de ses triomphes les plus emblématiques telles la "Doyenne 80", la "Lombardie 79", l'"Enfer 81" ou bien à l'occasion de ses cinq Grande Boucle, de ses trois Giro voir de ses deux Vuelta, non, ma démarche, et elle n'en est que plus atypique, est de m'attacher à la course, le chef d'oeuvre qui demeure et demeurera à jamais dans la mémoire collective à savoir, le Championnat du Monde sur route de Sallanches en 1980. Il s'avère rare, très rare dans l'histoire de ce sport qu'une course ait été autant maîtrisée, techniquement et tactiquement, qu'elle ait été, en outre, à ce point accomplie, aboutie. Ce fut une sorte de perfection linéaire au gré de son entière circonvolution. L'adaptation aux conditions climatiques déplorables, du début de course, fut également appréhendée à la fois sereinement et façonnée d'une manière frisant l'anecdotique. Si j'use d'une ébauche en règle de l'épreuve qui va suivre c'est uniquement pour avaliser la limpidité du cheminement de son évolution dans le temps. Les péripéties qui vont suivre, la stratégie mise en place, concoctée, mitonnée et réalisée tel un art sont l'oeuvre d'un seul et même homme. En effet, je ne suis pas loin de subodorer que seul le "Blaireau" possède l'ingéniosité d'esprit et de caractère, la volonté pour concrétiser dans les faits tout un plan de bataille savamment organisé en préambule de la course. Ajoutons que de mémoire de suiveurs, journalistes, inconditionnels de tous bords et champions de toutes générations, jamais peut être, un Championnat du Monde sur route n'avait et n'a, jusqu'alors, présenté un parcours aussi difficultueux, sélectif et piégeux que le parcours Haut Savoyard. La participation s'avère être à la hauteur du challenge à relever à savoir, royale. Egratigné, bafoué voir humilié par nombre de "journaleux" amnésiques, Bernard Hinault, dont le genou, en juillet du côté de Pau, s'est révélé être aussi médiatique et universel que le nez de Cléopâtre, ronge son frein depuis cette date et rumine en silence une vengeance qu'il subodore et espère secrètement éclatante et implacable. Lorsque l'on connaît un tant soit peu le "bonhomme", confronté qu'il est à l'adversité et à l'injustice, nul doute que l'on est en droit de s'attendre de sa part à un spectacle à la hauteur du préjudice subit à savoir, cauchemardesque pour ses détracteurs et adversaires. Le Colonel Richard Marillier n'en a pas pour autant opter pour une hégémonie Renault pourtant chère à Cyril Guimard, se contentant simplement d'adjoindre au "Blaireau" ses plus fidèles lieutenants tels Jean René Bernaudeau, André Chalmel et Pierre Raymond Villemiane. La Redoute Motobecane avec Robert Alban, Mariano Martinez et Bernard Vallet ainsi que les Miko Mercier de Raymond Martin et Christian Seznec seront les autres formations représentées en nombre au sein du groupe tricolore. Bernard Bourreau de Peugeot, Régis Ovion de Puch et Bernard Thevenet de Teka complèteront ce commando résolument tourné vers l'épreuve de force en haute altitude. Pour tenter de contrer cette armada avinée de revanche salvatrice les Italiens apparaissent alors comme les plus aptes à tirer leur épingle du jeu et ainsi contrecarrer les desseins de conquête du "Blaireau" et ses sbires. Giambattista GB Baronchelli omniprésent depuis le début de saison, Giovanni Battaglin troisième du dernier Giro remporté par Bernard Hinault, Mario Beccia lauréat du Tour de Suisse, Silvano Contini malheureux sur le Giro mais revanchard, Vladimiro Panizza dauphin du Breton en Italie, Giuseppe "Beppe" Saronni vainqueur au sommet d'Huy, Roberto Visentini, le "play boy" argenté et Francesco Moser auteur du triptyque lors de Paris Roubaix, seront à n'en pas douter à la hauteur de l'évènement. Les sélectionnés d'Outre Quiévrain présenteront une formation complète autour du vainqueur du "Ronde", Michel Pollentier. Claudy Criquelion, troisième de la Vuelta et toujours placé lors des "Ardennaises"et Johan de Muynck au pied du podium de la Grande Boucle et montagnard émérite qu'épauleront efficacement les jeunes loups Fons de Wolf et Daniel Willems devraient être d'une grande aide au coureur le moins esthétique du peloton depuis notre "Biquet" national. Côté Espagnol, Faustino Ruperez grand triomphateur de la Vuelta, Marino Lejarreta lauréat du Tour de Catalogne, Alberto Fernandez vainqueur, lui, du Tour du Pays Basque ainsi que son homonyme Juan ne manqueront pas, en excellents escaladeurs qu'ils sont, de s'immiscer au sein des échappées qui ne manqueront pas de se développer tout au long de ce tracé tumultueux. Enfin, les Pays Bas offriront une belle brochette de candidats potentiels au maillot irisé. A tout seigneur, tout honneur, Joop Zoetemelk, le tout frais émoulu lauréat de la Grande Boucle semble avoir retrouvé une seconde jeunesse sur les routes de juillet. Le résidant de Germiny l'Evêque sera entouré de belle manière par le vainqueur de Gand Wevelgem, le bouillonnant Henk Lubberding aidé, pour la circonstance, de son "frère siamois" Johan Van Der Velde impressionnant en juin lors du Dauphiné qu'il s'adjugea de toute sa classe. Ajouter au crédit des Néerlandais, l'expérience de baroudeurs tels Hennie Kuiper, véritable "4x4" de service, et de l'incontournable et inénarrable Jan Raas et vous aurez un aperçu des chances réelles des "Oranges Mécaniques". Demeurent les individualités des nations moins pourvues en nombre de coureurs compétitifs sur des terrains aussi escarpés et à ce petit jeu de chaises musicales d'un autre âge, certains possèdent de réelles chances de chambouler l'ordre établi. En vrac je citerai le teigneux et accrocheur Australien Phil Anderson, la "ballerine des cimes" l'Ecossais Robert MIllar, les Vikings rugueux et besogneux mais pétris de talent tels les Danois Kim Andersen et Jorgen Marcussen, le Suédois Sven Ake Nilsson ou le Norvégien Josten Wilmann et enfin les Helvètes Stefan Mutter, dauphin de "Gibus" sur la "Course au Soleil" et Ueli Sutter. Le plafond est bas, en ce dimanche 31 août au matin, le déluge s'est abattu toute la nuit et les séquelles de ces pluies diluviennes demeurent tenaces et ses effets insidieux augurent une entame de course des plus hasardeuse. La fraîcheur matinale ajoutée à l'atmosphère humide génère chez les coureurs une appréhension légitime et une prudence extrême dans l'optique et la manière d'appréhender la descente tourmentée et technique de "Domancy". Les coureurs scrutent de leurs regards déjà aiguisés l'horizon encore passablement embrumé et aux contours toujours incertains. Toutefois, la météorologie s'annonce optimiste et les risques inhérents aux ondées de la nuit devraient s'estomper et s'évaporer définitivement à mesure de l'évolution de la course. Ce sont donc cent sept courageux qui s'élancent ce matin- là pour ce qui sera l'un des, si ce n'est le, plus terrible et cruel Championnat du Monde sur route de l'histoire de la "Petite Reine". De par sa configuration, l'épouvantail "Domancy" effraie les hommes les plus rompus aux us et coutumes des dénivellations les plus insensées et la répétition de son ascension hante les esprits des plus aguerris. Il sera nécessaire d'être bougrement costaud pour parvenir sur la ligne d'arrivée sans encombre, soyons en certains. Les premiers tours sont le théâtre d'une attaque franche quoique hasardeuse à ce moment de la course de l’énigmatique Johan De Muynck. Cette accélération intempestive et présomptueuse suggère alors au Breton de revenir sur le vétéran d'Outre Quiévrain afin de tester opportunément un des favoris de ce Mondial. En outre, le froid ajouté à la chaussée trempée pouvait très bien, et pour cause, s'avérer piégeuse lors de la descente de "Domancy". Aussi, n'hésitera t'il pas un seul instant lorsque la possibilité lui sera donné à très peu de frais de se familiariser avec cette descente, seul à l'avant, afin de reconnaître sereinement la fiabilité ainsi que la dangerosité de celle-ci. Un peu plus d'une trentaine de secondes d'avance permettra au duo de s'aérer l'esprit en mémorisant les courbes sinueuses avant d'être repris vers le vingtième kilomètre. A l'entame du troisième tour, trois hommes prenaient soudain la poudre d'escampette. Figuraient désormais à l'avant, le rugueux Suisse Ueli Sutter, le jeune espoir Danois Kim Andersen et bien évidemment le Français de service en la personne du fidèle parmi les fidèles, Mariano Martinez, l'éminent mouflon de La Redoute. Au huitième tout, les choses demeurent en l'état et les trois fuyards caracolent toujours devant. La montée de "Domancy" devient, cependant, de plus en plus compliquée à appréhender pour le trio de tête et lors de cette antépénultième ascensions, l'Helvète Ueli Sutter, éreinté, est inexorablement décramponné pour le compte par le protégé du « Gicleur aux damiers » Jean Pierre Danguillaume, Kim Andersen et par son compagnon d'échappée, le plus Français des Ibères, Mariano Martinez. Les deux hommes de tête sont à bloc, vautrés sur leur monture et marqués par la violence de l’effort. Devant, le Danois file grand train assis bien calé sur sa selle, tout en puissance. Dans sa roue, le Français, averti de la stratégie mise en place par son leader en personne, ne prend aucun relais et dans son style si particulier arpente la chaussée en danseuse, balançant son buste désarticulé de gauche à droite, donnant l'impression bizarre mais néanmoins angoissante de pouvoir choir à tout moment. Lors des prémisses de ce Mondial, au cours des premières révolutions de ce terrible circuit, les abandons prématurés du roublard Jan Raas, du Brestois Christian Seznec et du Bourguignon Bernard Thévenet démontrèrent, si besoin était, que pour aborder ce type de circuit démoniaque, il était nécessaire d'être à cent pour cent de ses capacités. Apparemment aucun de ces trois ô combien talentueux coursiers n’affichaient une condition irréprochable, loin s’en faut. En outre, les excédents de poids ainsi que les coursiers à la morphologie par trop charpentée ne trouvèrent guère, à mesure que la sélection s’opérait, loisir à échafauder des plans de conquête. Un petit rappel pour nous montrer que Sallanches est bien une terre de champions puisque qu'en 1964, sur un parcours beaucoup moins capricieux qu'aujourd'hui, le Batave à lunettes Jan Janssen était devenu Champion du Monde des professionnels tandis que l'ogre Eddy Merckx débutait, par une titre amateur, sa moisson apocalyptique de victoires. Au sommet de "Domancy" Andersen passe devant Martinez dans la roue. Plus rien n'interviendra avant le douzième passage si ce n'est l'absorption des trois fuyards par un peloton glouton. A cent sept bornes de la banderole d'arrivée, l’esthète Francesco Moser et le plus Français des Néerlandais Joop Zoetemelk ont, à leur tour, jeté l'éponge. Le "Ceco" pas vraiment à son aise sur des pourcentages aussi abruptes et répétitifs sombre corps et âme tout comme le vainqueur « usurpateur » de la Grande Boucle qui, pourtant, faisait figure de légitime épouvantail ce matin encore. A l'avant de la course, une trentaine de coursiers se sont isolés. Tous les clients ou presque à la victoire finale figurent, bien évidemment, en son sein. Pèle mêle, les Transalpins Giovanni Battaglin, Vladimiro Panizza, Roberto Visentini et "GB" Baronchelli, les Français Bernard Hinault, André Chalmel, Bernard Vallet et Jean René Bernaudeau, les Belges Michel Pollentier, Johan Van Der Velde et Johan de Muynck, le Suédois Sven Ake Nilsson, le Norvégien Josten Wilmann ou encore l'Ecossais Robert Millar. Le "Blaireau" emmène ce groupe à vive allure sans même quémander un seul instant une aide bienfaitrice à défaut d'être salvatrice, tant le Breton apparaît impressionnant et virevoltant. Dans les premiers lacets de "Domancy" Bernard Hinault, plus acariâtre que jamais, toujours en pôle, imprime un rythme endiablé. En danseuse, comme à son habitude lorsqu'il impose son tempo, le "Blaireau" déploie son énorme puissance à une cadence infernale. L'écrémage du groupe s'effectue alors avec une régularité chirurgicale et une densité invraisemblable. Le Breton insolent de facilité impose son autorité implacable sur l'ensemble du peloton tel un despote des temps anciens. Au deux tiers de la pente, le Breton n'est plus suivi que des seuls Pollentier, Baronchelli et Van Der Velde. Tous ses adversaires sont éparpillés. C'est l'hallali ! Alors que nous apprenons l'abandon du "Beppe", Hinault poursuit son travail de sape, ne déléguant aucun relais à ses compagnons de route, sans doute bien trop heureux de, ne serait ce, que demeurer dans son sillage. A l'approche du sommet, le Breton relance encore l'allure et derrière tous sont à l'agonie. Exceptionnel, inouï ce que réalise Bernard Hinault lors de cette montée. Au sommet de ce treizième passage le Français passe en tête devant Pollentier, seul coursier à parcourir plus de kilomètres que ses camarades, et Baronchelli. Van der Velde est à une cinquantaine de mètres derrière et Battaglin puis Panizza passent avec un débours d'une quinzaine de secondes. Suivent Nilsson à vingt secondes précédant Wilmann et Millar de cinq secondes. Le peloton emmené par un Visentini inénarrable « Adonis » de ses dames et où l'on reconnaît entres autres De Muinck et Kuiper basculent avec un retard de quarante cinq secondes. Le Français Bernard Vallet accompagné de l'Américain Jonathan Boyer, chercheur de serpent en Californie, à ses heures, membre de US Créteil, à l’occasion, passent au sommet à près d'une minute. Au bas de la descente les quatre hommes de tête, Hinault, Pollentier, Baronchelli et Van Der Velde se sont regroupés. Derrière la paire Battaglin et Panizza entame un véritable "Baracchi" pour tenter de rejoindre de quatuor de tête. Les deux Transalpins, profitant du relâchement coupable des fuyards rentrent au passage sur la ligne annonçant le quatorzième tour. Il y a, désormais, trois Italiens devant. Ce nouveau groupe de six unités passe sur la ligne nantis de dix secondes d'avance sur le groupe Visentini, Ruperez, Marcussen, Nilsson et MIllar revenus comme des avions dans les faubourgs de Sallanches. Un autre groupe comprenant Kuiper, Criquelion, De Muynck, « Monsieur Paris – Roubaix » Roger De Vlaeminck, Vallet et Boyer passe avec une quarantaine de secondes de retard. Jean René Bernaudeau pour sa part franchit seul la ligne d'arrivée une minute pile après son leader. Les six hommes de tête se sont relevés un instant pour se ravitailler avant de se présenter pour la énième fois au pied du mur. Ce petit contre temps frugal permettra au groupe Visentini de recoller, mais pour combien de temps, au groupe Hinault. Onze hommes à l'avant de la course désormais. Dans la foulée on apprend l'abandon de Mariano Martinez tout simplement héroïque et fantastique en début de course. A moins de trois tours de l'arrivée, HInault remet le couvert. Marcussen est le premier largué dès les premiers lacets. Puis c'est l'explosion, le groupe subit le souffle, les radiations des bielles du "Blaireau". Seuls Baronchelli à l'ouvrage et Millar au "casse croûte" parviennent difficilement à s'agripper au porte baguage du prédateur Armoricain en goguette. Vingt deux "saute ruisseau" demeurent encore en course à cet instant de la course. Plus haut, Robert Millar a irrémédiablement dégoupillé et s'écroule en vue du sommet. Derrière, Van de Velde victime d'une chute abandonne enfumé et asphyxié par le rythme imprimé par le Breton. Millar, jeune teigneux de vingt deux printemps, recolle, néanmoins, au début de la descente. Ils sont désormais trois en tête. Dans la roue du Français "GB" apparaît facile. Le contraste est d'ailleurs saisissant entre les deux champions, tout en puissance pour le Français, coulé et en souplesse pour l'Italien. Le groupe des poursuivants comprenant Fernandez, De Vlaeminck, Boyer, Nilsson, Pronk, Panizza et Marcussen se retrouvent à présent à plus d'une minute et quarante secondes. A deux tours de l'épilogue aucun changement n'intervient dans "Domancy", Hinault, "GB" et Millar dans cet ordre montent au train, roue dans roue, sans à coup. Baronchelli donne l'impression de "tricoter", de faire de la patinette dans l'essieu huilé du monstrueux menhir Breton. C'est ahurissant le labeur qu'effectue le "Blaireau" depuis le départ. Pourtant, on ne peut s'interdire d'imaginer l'Italien placer une mine aux entournures. Millar est largué, cette fois ci pour le compte, à mi-pente sous une antépénultième accélération du "Blaireau". "GB", lui, est en danseuse un peu moins pimpant que quelques kilomètres plus tôt. Au sommet le Français simule une attaque pour jauger son adversaire, en vain. Pas un seul relais n'est effectué par le Transalpin, bien calé dans la roue de l'homme qui ouvre la route depuis des bornes et des bornes. Le Français esquisse un clin d'oeil, aux cameramen qui accompagnent la course, qui en dit long sur sa motivation, ses certitudes et son assurance. Outre MIllar en chasse patate mais en perdition, le groupe des derniers poursuivants regroupant Boyer, De Vlaeminck, Pronk, Panizza, Nilsson et Fernandez se trouve maintenant à plus de trois minutes des deux coursiers qui s'apprêtent, sans aucun doute bientôt, à se jouer le titre de Champion du Monde. Marcussen, pour sa part, se situe encore un peu plus loin. Avant dernier tour, Hinault et GB passe roue dans roue. Le Français mène depuis le départ ou presque de la course près de deux cent cinquante bornes et vingt ascensions en tête sans presque avoir aperçu le fessier d'un adversaire, c'est absolument phénoménal ! "Domancy mon Amour" pour l'avant dernière ascension. Bernard HInault devant toujours en danseuse, toujours en puissance, toujours devant tel un métronome têtu et viscéralement teigneux progresse toujours courageusement, inlassablement dans sa quête de revanche, "GB" inexorablement et imperturbablement dans la roue. Jamais, le "Blaireau" n'est apparu en difficulté, jamais, il n'a éprouvé le besoin pourtant légitime de souffler, jamais, il n'a, ne serait ce, que quémander un relais, jamais enfin, il n'est apparu aussi extraordinairement fort qu'aujourd'hui. Pas un regard du Français à l'arrière. Tout en puissance Bernard poursuit son one man show, Baronchelli toujours dans son sillage mais relativement moins "seigneur", moins aérien, moins tout, que précédemment. Alors que suiveurs et médias commencent à étaler leurs supputations à deux sous marocains et à ébaucher des plans foireux sur une explication finale à l'emballage, nous, les passionnés, nous nous intéressons aux sensations des deux hommes à leurs coups de pédales révélateurs. A ce petit jeu, on en arrive à soupçonner l'Italien au bout du rouleau. Malgré son port altier et sa pédalée oindée à l'extrême, les hochements intempestifs de son crâne suggèrent une lassitude inattendue bien que toutefois compréhensive. Le Transalpin tente pourtant de cacher, de terrer son désarroi en feignant des grimaces de circonstance et des rictus de souffrance digne de la Commedia Del Arte. Mais comme on n’apprend pas à un "Blaireau" à faire la grimace .... l'Italien en sera pour une bonne séance d'acuponcture sitôt sa course, son chemin de croix achevée. Le faciès des deux hommes démontrent, néanmoins, la souffrance endurée depuis le matin. La difficulté du parcours ajouté aux conditions climatiques déplorables a tôt fait de ravager les visages les plus burinés. La dernière montée de l'abominable raidar se présente, maintenant, sous les boyaux de nos deux héros. Seul le plus costaud brisera son adversaire et s’en ira quérir le « Graal ». Comme de coutume, Bernard Hinault décolle dès les premiers pourcentages et imprime une cadence de damné à GB Baronchelli. Le "Blaireau" toute hargne dehors, le visage déformé par la rage de vaincre se met en danseuse et appuie, appuie, appuie encore et encore et toujours sur les pédales sans aucun regard pour son adversaire. La foule en transe hurle et vocifère des "Hinault, Hinault ! " qui accompagnent et portent littéralement le Français vers le sommet de "Domancy". L'Italien fait encore illusion mais on subodore la saturation tant son aisance s'effrite. Changement soudain de braquet du "Blaireau" qui tombe deux dents pour une attaque tranchante mais feinte. Surpris, "GB" sursaute puis recolle. C'est à ce moment là, sans aucun doute, que Bernard Hinault a pris la décision d'en finir et d'achever le gibier. Pourtant, dans un dernier zeste de survie et d'orgueil, le Transalpin parvient à se hisser à la hauteur du Breton comme pour lui suggérer "Tu vois, je suis encore et toujours là !". Vexé, fouetté dans son amour propre, le "Blaireau" pose alors une mine incandescent et séismique du feu de dieu qui arrache littéralement le macadam. Ahuri, l'Italien est sur les fesses, dépité, cassé, planté sur place. Les yeux hagards fixés sur les hauteurs de l'horrible montagne, il aperçoit plus qu'il ne voit l'ombre du vautour géant qui s'envole irrésistiblement et définitivement vers les sommets de la gloire irisée. Bernard HInault pugnace et volontaire poursuit son travail de démolition en appuyant encore un peu plus fort sur les pédales. L'écart est impressionnant en si peu d'hectomètres. Au sommet, trente trois secondes séparent le Français de l'Italien qui s'est, tout de même, refait une petite mais vaine santé. La descente vertigineuse, appréhendée avec prudence et sérénité n'est plus qu'une formalité pour un funambule de la trempe du "Blaireau". La chevauchée triomphale du Breton en direction de Sallanches et de l'arrivée sera rythmée par l'enthousiasme communicatif d'une foule en délire scandant le patronyme du héros de tout un peuple à l'unisson. Tous ceux présents sur le parcours ce jour là, conservent à n'en pas douter l'émotion à fleur de peau dès qu'on leur remémore ces instants d'anthologie. L’émotion affichée par un Bernard Vallet en sanglots, qui abandonnera lors du dernier tour à seul fin de suivre l’arrivée triomphale de son leader, commentant l’arrivée du « Blaireau » en direct restera une image forte de cette journée unique pour tous les amoureux du cyclisme de l’hexagone. De mémoire de passionné, je n'ai jamais assisté, à ce jour, à pareille démonstration de puissance, de persévérance et de sérénité. Jamais, non plus, je n'ai connu un coureur armé d'autant de certitudes et de confiance en soi, en son potentiel physique et mentale, que le "Blaireau". En une année, entre la "Doyenne" 80 et l'"Enfer" 81, Bernard Hinault aura montré toutes les facettes d'un talent à nul autre pareil. J'ajouterai les "Nations 84" pour clore le chapitre des succès du "Blaireau" qui, pour moi, demeureront à jamais gravés dans ma mémoire. Pou la petite histoire, Giambattista Baronchelli terminera second à un peu plus d’une minute du Breton, l’Espagnol Juan Fernandez s’adjugeant, pour sa part, la médaille de bronze à plus de quatre minutes du nouveau Champion du Monde. Quinze rescapés franchiront, finalement, la ligne d’arrivée, exténués mais heureux et fiers d’avoir eu l’opportunité de dompter un tel circuit. Michel Crepel -
20 avril 1980, le « Blaireau » se joue de l’apocalypse lors de la 66ème « Doyenne » De tous temps les divers récits qui nourrissent les légendes les plus extraordinaires, les plus sensationnelles voir les plus épiques sont, pour la plupart, issues de l'imagination fertile et à fleur de peau de leurs auteurs respectifs. Elles vagabondent dans les esprits les plus réceptifs et viennent s'enraciner aux confins de l'imaginaire de chacun. Rares sont celles qui ne côtoient pas le virtuel. L'essence même de ces contes pour tous étant le rêve, il serait ardu voir vain de tenter de réaliser ou même de téléporter pareille épopée, quelle qu'elle soit, dans la réalité. Pourtant, il arrive parfois, au gré des époques traversées, des situations rocambolesques ou abracadabrantesques qui défient toutes logiques d'entendement et de compréhension. Ces faits irrationnels confèrent des environnements susceptibles de les générer avec des hommes hors du commun dont seul le sport, en général, et le cyclisme en particulier peut réellement y souscrire sans pour cela paraître suspecte aux yeux du commun des mortels. A l'instar des milliers de passionnés de la « Petite Reine » tétanisés, abasourdis, médusés et pantois (tous les superlatifs ne sauraient infléchir cette tendance à l‘extase) par le spectacle auquel ils venaient d’assister en ce dimanche 20 avril 1980, il m’a fallu un temps diablement long pour extérioriser tout le ressenti de pareil ensorcellement du à l’exploit, que dis je à la prouesse d’anthologie perpétrée par un seul être. J’insiste sur le terme « être » car il ne faut, bien évidemment, pas être grand clerc pour affirmer que « celui » qui a conjuré de la sorte l’apocalypse dans tout ce qu’elle a de plus épouvantable voir de plus eschatologique était tout sauf humain. Mais que diable était-il venu faire dans cette galère ! A l’image d’un « Vieux Gaulois » arcbouté sur sa monture luttant tel un démon acariâtre dans une joute homérique et sans merci face à un Turchino majestueux, blanc, immaculé telle la ouate avant de se muer en linceul mortuaire, exactement sept décennie auparavant lors d‘une « Primavera » « stratosphérique ». Le « Blaireau » émergeant tout juste de l’état d’hibernation dont il s’était affublée les trois à quatre mois précédents cette échéance, fut confronté ce jour là à un cataclysme identique, inouï et invraisemblable dont tous, coureurs, suiveurs, journalistes et passionnés se souviendraient des lustres après les faits. A l’aube d’un printemps encore frileux, la neige, depuis un moment déjà, errait un soupçon hostile et menaçante au sein d’un ciel gris inquiétant, chargé de rancœur. Celle-ci rôdait et vagabondait insidieusement dans le nord de la « Vieille Europe » en ce mois d’avril polaire. Liège, « La Rebelle » commençait à s’affubler de blanc lorsque le directeur de course de cette 66ème édition de la « Doyenne » rameuta ses troupes afin de lâcher enfin la bride aux cent soixante quatorze héros de cette effroyable journée. Dès les premiers kilomètres, le peloton subit les foudres de « Chioné » sous la forme de denses averses de neige et de pluie mêlée puis de neige annonciatrice d’un blizzard gourmet et dévastateur. Un froid glacial s’installa peu à peu au sein d’un paysage d'une austérité alarmante et d'une désolation hallucinante. Puis le blizzard, à nouveau, redoubla d'effroi et la température avoisina bientôt l'insupportable. Le mercure enregistra, alors, une descente vertigineuse vers le néant, ce même néant qui transpire parcimonieusement dans le subconscient, fragilisé à l'extrême, de ces « Gladiateurs de l'apocalypse ». Le peloton, ou ce qu’il en reste progresse laborieusement, emberlificoté et emmitouflé tels des Inuits groggy. Peu avant midi, la neige cesse enfin de choir. L'atmosphère se réchauffe insensiblement. La pellicule encore vierge de toutes impuretés commence doucettement à fondre puis à se muer en d‘anonymes rus. En début d'après-midi, les routes, gorgées de neige en cours de liquéfaction, redeviennent presque praticables. À 140 bornes de l'arrivée, sur le plateau de Bastogne, balayé par le blizzard, la chaussée empruntée par la « Doyenne » est toujours à la limite du carrossable et les concurrents bâchent par dizaines. Pendant ce temps, la neige continue à s'accumuler sur les sommets de Wanne, Stockeu et Haute-Levée. Les « saute ruisseau » qui composent cette macabre procession, sorte d’enchevêtrement de corps désarticulés sont frigorifiés, les pieds deviennent insensibles, les muscles des jambes sont raidies et durcies par le froid enfin les mains sont crispées et épousent fiévreusement les cocottes de freins comme rarement. La course enregistre un retard abyssal sur l'horaire le moins rapide. À Stavelot, vers 15 ou 16 heures, sous des averses de neige fondue et de pluie capricieuse, moins de trente rescapés de la « Bataille des Ardennes » revue et corrigée , se présentent toujours affublés et empêtrés de leurs accoutrements polaires au pied du monstre représenté par le redoutable et redouté « Mur » de Stockeu. C’est au sein de ce décor et de cet atmosphère d’« Ere Glaciaire » post apocalyptique que le « Menhir d’Yffiniac » déambule tel le « Yéti ». Plus tôt dans la journée, aux abords du plateau de Sprimont dans ce brouillamini de crêtes et de tiges condruziennes, les abandons pleuvent et parmi celles-ci, des éminents flahutes pourtant rompus à ce genre de phénomène météorologique tels le besogneux grégario, accessoirement incontournable lieutenant de peu ou prou toutes les « campagnes » du « Cannibale », Joseph De Schoenmaecker, le « Lilliputien », lauréat de la « kermesse de Juillet 1976 », Lucien Van Impe, le puissant rouleur-poursuiteur Norvégien Knut Knudsen ou le tout frais émoulu vainqueur de la « Primavera », le Bresciani Pierino Gavazzi. D’autres, moins avares de leurs efforts bâchent quelques bornes plus avant comme le récent « Voltigeur du Mur d’Huy », le Novaresi Giuseppe « Beppe » Saronni vainqueur de la Flèche Wallonne, accompagné pour l’occasion par le porteur de la tunique de Champion de Belgique, Gery Verlinden voir le « renégat de l’Alpe d’Huez » Michel Pollentier et bien d‘autres encore. Les contreforts de la Côte de la Roche-en-Ardenne sont le théâtre d’une capitulation en règle d’une pléiade de « cadors » dont le Suédois Sven Ake Nilsson, intenable trois jours plus tôt sur la « Flèche », Giambatista « GB » Baronchelli, moins balbutiant cinq mois plus tard du côté de Domancy, ou le « Chamois Varesini » Wladimiro Panizza plus à son aise du côté de Maddalena ou confronté aux « labourés » ou enfin l‘éternel espoir d‘Herentals, Daniel Willems ceint de sa cohorte de légionnaires en pleine déconfiture. Au terme des deux premières heures d’errance « zombiesque », on notait déjà plus d’une centaine de redditions. A leur décharge, il faut vraiment avoir été à la place de ces « voltigeur du macadam » en ce dimanche 20 avril 1980 pour se rendre vraiment compte du calvaire enduré par ces « Forçats de la Route ». Personne sur le moment et encore moins après coup n'osera jeter la pierre à tous ceux qui se sont retirés ce jour là. Le « Blaireau » en tête, après avoir été protégé, calfeutré un long moment, tel l’enfant qui vient de naître par le fidèle des fidèles Briochin Maurice Le Guilloux, fut tout prêt de jeter l'éponge à quelques encablures du ravitaillement. A ce propos, Bernard Hinault l'aurait volontiers fait si d'aventure il avait neigé de plus belle à ce moment là, or cette dernière avait cessé de tourmenter ce qu’il restait de la meute en déroute et le soleil malicieux et somnolent clignait de l’œil insidieusement à l’attention des rescapés de l’enfer. Enfin débarrassé de son par trop encombrant imperméable, l’Yffiniacais put de nouveau respirer à pleins poumons et reprendre in extenso sa chevauchée héroïque en direction du redoutable « Mur » de Stockeu et des autres raidars de l‘épreuve. Le peloton est décimé au pied de ce dernier. Pas plus de trente silhouettes errantes zigzaguent à l’amorce des premiers pourcentages de la pente. Le Grammontois Rudy Pevenage, à deux pas de chez lui, caracole alors en tête avec près de trois minutes d’avance sur Bernard Hinault, reconnaissable à son bonnet de laine rouge et quelques autres coureurs dont Henk Lubberding (Ti-Raleigh), Silvano Contini (Bianchi) et « Didi » Thurau (Puch-Campagnolo-Sem) . A la bascule, le natif de Moerbeke a « égaré » les deux tiers de son pécule. Une minute après le « Blaireau », le rude Batave de Noord Deumingen, Hennie Kuiper, s’offre une randonnée pédestre du plus bel effet. Victime d’une chute dans les pourcentages les plus abruptes (21%), le pourtant Champion des « Labourés » de son pays cinq ans plus tôt, ne parviendra jamais à relancer la machine. Déambulant plus que ne courant à côté de sa « bécane », le futur lauréat du « Ronde 1981 » parviendra tout de même à rejoindre le sommet, fourbu. Ereinté certes mais pas désespéré, le bougre. A l’avant, Rudy Pevenage poursuit sa progression même si celle-ci semble désormais sous la menace pressante de ses poursuivants. En effet, le trio composé d’Hinault, Lubberding et Contini reformé lors de la descente vers Stavelot, s’entend comme larron en foire et récupère même un Thurau en indélicatesse avec les changements de rythme sur la glace et un instant décramponné dans les derniers hectomètres de Stockeu. Pas le temps de conter fleurette que déjà se profilent les premiers contreforts de la Haute-Levée, rendant ainsi obsolète et vaine tout espoir de récupération. Au pied de la bosse, Pevenage fait toujours illusion trente secondes devant le quatuor lancé plein pot à ses trousses. Les premières dénivellations lui seront néfastes et à court terme fatales puisqu’il sera repris dans la foulée. A cet instant précis, la légende est en marche. Sans vraiment démarrer, sans vraiment donner le sentiment de vouloir asséner un uppercut assassin à ses compagnons de galère, le « Blaireau » abandonne, fort courtoisement d’ailleurs, un à un ces derniers. Inexorablement, Lubberding, Contini et Thurau lâchent prise sans pouvoir ne serait ce qu’esquisser la moindre réaction de défense, encore moins de rébellion. Le Breton ne procèdera, d’ailleurs, pas autrement quelques six mois plus tard, mais avec un peloton des plus conséquents, néanmoins,, sur les hauteurs de Domancy lors d’un autre chef d’œuvre du « bonhomme ». Dorénavant seul en tête s’échinant plus que virevoltant sur les pentes de « Haute-Levée », à quatre vingt bornes de Liège, crapahutant dans un blizzard Sibérien ahurissant, Bernard Hinault ne distingue guère que des silhouettes ou formes fugaces, éthérées et suit tel un automate blasé la frêle trace laissée par les véhicules ouvreurs le précédant. Frisant l’hypothermie à tout instant le Costarmoricain bardé de givre n’en poursuit pas moins sa route infernale vers le néant. Imaginez, qu’à ce moment de la course, le « Blaireau » doit encore se coltiner les côtes du Rosier, de la Vecquée, de La Redoute, de Sprimont, de la Roche-aux-Faucon et enfin de Saint-Nicolas, excusez du peu. C’est nanti d’une totale béatitude hypnotique que le « naufragé de l‘apocalypse» appréhendera les ultimes difficultés du parcours. Il en conservera à jamais les séquelles. Gelé, c’est l’état de Bernard Hinault lorsqu’il parviendra enfin à Liège. Peu avant la ligne d'arrivée, cependant, le Breton, tel « César » saluant ses légions et ses centurions, aura un geste de gratitude envers ses équipiers regroupés derrières les baies vitrées de l'hôtel Ramada, dans lequel ils séjournaient. Frigorifié, l’une de ses phalanges bloquée par le froid et la glace accumulée sur un de ses doigts, Bernard Hinault ne dira mot. Le « Menhir d’Yffiniac » est un homme de terroir rompu, depuis sa plus tendre enfance, à l’absence chronique de plaintes futiles émanant de conditions atmosphériques exécrables voir abominables rencontrées ici et là. Pourtant, s’il n’est plus vraiment lui-même à l’arrivée, Bernard Hinault a tout de même fait du « Blaireau » sur sa « bécane ». C’est son label ce genre d’extravagante épopée. Le Batave Hennie Kuiper, que nous avions abandonné à Stockeu en proie à un destrier récalcitrant, coupera la ligne plus de neuf minutes (9’24’’) après le lauréat du jour, bien avant ceux, néanmoins, qui l’avaient précédé au sommet à savoir, Silvano Contini (12ème à 12'35") et Henk Lubberding (13ème à 16'03"). Pour la petite histoire, le Norvégien Jostein Willman sera le dernier classé…à la 21ème place à 27 minutes du Breton. Ce jour-là, Bernard Hinault est définitivement devenu « Grand », et entrera de plein pied dans la légende de son sport. Néanmoins, il serait quelque peu mesquin voir vil de ne pas associer à cet exploit hors norme les vingt et un « forçats de la route » qui sont parvenus tant bien que mal à négocier cette 66ème édition de Liège Bastogne Liège. C’est pourquoi je me permettrai de tous les citer : Bernard Hinault, Hennie Kuiper, Ronny Claes, Fons de Wolf, Pierre Bazzo, Ludo Peeters, Herman Van Springel, Guido Van Calster, Johan Vandevelde, Eddy Shepers, Gilbert « Gibus » Duclos Lassalle, Silvano Contini, Henk Lubberding, Stefan Muller, Pascal Simon, Jan Jonkers, Bert Oosterbosch, Paul Wellens, Frits Pirard, Jean Toso et Jostein Wilmann. En effet, si pour Bernard Hinault, le jeu en valait finalement la chandelle, pour les « saute ruisseau » arrivés à des années lumières, dans l’anonymat le plus complet voire le plus indécent, que pouvaient ils réellement espérer et retirer de pareille mésaventure. A l’instar, sans aucun doute des grognards de la « Grande Armée » fierté non feinte de Napoléon Bonaparte, en personne, au soir de la victoire d’Austerlitz, les vingt et un rescapés pourront alors s’exclamer à qui voudra bien les entendre, « Ce 20 avril 1980, j’y étais ! ». Quelques semaines plus tard, Bernard Hinault décrochera la première de ses trois victoires sur le Tour d’Italie. Mais une douleur au genou l’empêchera de remporter sa troisième « Kermesse de Juillet » d’affilée au cours de l’été. Revanchard, le Breton deviendra pour la première fois Champion du Monde, à Sallanches, réalisant à nouveau un sacré numéro sur les pentes monstrueuses de Domancy. Michel Crepel
-
Pronostics 2014 : Paris-Nice prono du CG
Michel CREPEL a répondu à un(e) sujet de Guillaume LEROYER dans Les pronostics
1 Alberto Faria Rui Costa 2 Richie Porte 3 Vincenzo Nibali 4 Sylvain Chavanel 5 Tejay Van Garderen -
Pronostic 2014 : Omloop Het Nieuwsblad
Michel CREPEL a répondu à un(e) sujet de Guillaume LEROYER dans Les pronostics
1 Tom Boonen 2 Zdenek Stybar 3 Jurgen Roelandts 4 Sep Vanmarcke 5 Lars Boom