Jean GUY

Une ordonnance n'est pas une AUT. Pour obtenir une AUT, le chemin est bien plus complexe que les gens semblent le croire. Pour résumer, si tu es sportif, même amateur, que tu prends part à des compétitions, tu ne te soignes pas aux corticoïdes. Tu dois expliquer ton cas à ton médecin, et il doit te proposer un traitement de substitution. Même si c'est plus long à soigner. J'ai souffert pendant de longues années de bronchites asthmatiformes en début de saison, occasionnées par l'hyperventilation dans une atmosphère froide et sèche (en gros de février à mi-avril). Comme je ne pouvais pas me soigner normalement, eh bien je trainais ça pendant des semaines. Je ne marchais pas bien. Ma position dans mon équipe était parfois délicate à cause de ça, avec les risques de rupture de contrat qui peuvent s'ensuivre. Mais rien à faire, je ne pouvais pas obtenir d'AUT comme ça, puisque le premier des traitements est le repos, ou le fait de lever le pied. Ce que je fais maintenant, en évitant les efforts violents (et les courses) avant qu'il ne fasse doux. PS : pour une AUT, il faut faire une demande à l'AFLD, la FFC, et l'UCI, et démontrer par différents tests qu'il n'existe pas de traitement de substitution. PS2 : je me répète, mais pendant très longtemps ici j'ai essayé de préciser les conditions d'un contrôle, et la complexité de la réglementation. En plaidant parfois pour les coureurs positifs non pas l'absolution, mais au moins un peu de mesure quand certains ici voulaient les lapider sur la place publique.

J'ai eu un traitement aux corticoïdes. Traitement arrêté le jeudi, comment tu sais si le dimanche il te reste des traces ou pas ? C'est bien là le problème : tu ne sais pas. Et personne ne le sait, même pas le médecin qui t'a prescrit des corticoïdes, ni même le médecin susceptible de te contrôler le jour de ta course. Car oui, même en 3 FFC, même en Pass'Cyclime, même en cyclosportive, tu peux être contrôlé. Deux choses à faire pour les corticoïdes : soit trouver un traitement de substitution, soit ne pas courir pendant suffisamment longtemps pour ne pas risquer "des traces" dans les urines. Tu me diras que tu ressens cette dernière solution comme une injustice. Et tu as en quelque sorte raison. Mais comme il est impossible de différencier celui qui prend de la cortisone pour se soigner vraiment, et celui qui en prend pour se doper intentionnellement, cela occasionne un test positif, point barre. Ce casse-tête est celui de tous les sportifs de bon niveau depuis 2000. Et je ne compte pas les fois sur ce forum où des donneurs de leçons vont ensuite nous parler de la suspension à vie au premier contrôle positif...

Le problème aussi, c'est que les "amateurs" dont tu parles sont les premiers à s'acharner sur un pro, lorsqu'il y a une histoire. Pas mal de coureurs UFOLEP se retranchent derrière cette catégorie pour sous entendre que eux sont propres (puisqu'ils le font en loisir), mais que les coureurs d'un niveau supérieur sont forcément moins nets. Là ça fait désordre.

Oulà : Chapeau Joachim. Parfaitement écrit (et tu retombes bien sur tes pattes en plus !)

@Bernard : cette prohibition de façade et le trafic qui en découle arrange bien du monde. A commencer par les pouvoirs publics qui laissent ainsi se développer un commerce parallèle qui assure une certain "équilibre", dans les milieux défavorisés notamment...

@Eric : j'en ai bien conscience. Et c'est bien pour ça que je suis incapable d'idolâtrer ce genre de musique.

Prendre des produits illicites (drogues...), c'est illégal, même si en général le consommateur est peu inquiété. Mais tu as bien lu : c'est illégal, en plus d'être dangereux, et ça risque au final de coûter très cher à la société. Un musicien qui ne peut faire preuve de génie sans substance illicite dans le corps triche aussi avec la société. Il se positionne en quelque sorte au-dessus des lois, et se déshinibe grâce à ces drogues. En consommant des drogues, il fait fonctionner également un marché parallèle et mafieux, avec tout ce que ça comporte d'immoralité. Bref, celui qui se drogue est bien largement sur un pied d'égalité avec le sportif qui se dope. Et il serait hypocrite de dire le contraire. Armstrong prenait des produits, il a peut-être mis sa vie en danger, mais surtout, il a faussé la compétition sportive à laquelle il participait. Te rends-tu compte de ce que tu écris, et là où tu places le curseur de ce qui est important ou pas dans la vie (mettre sa vie en danger / fausser une compétition sportive) ?

C'est totalement interdit par le règlement, déjà. Sauf que sur les courses de haut niveau, il y a comme une "tolérance" parce qu'on considère d'une part que le retour permet de préserver les chances d'une victime d'un incident, et que d'autre part on considère que les pros savent rouler derrière un véhicule. Malheureusement, dans les courses d'un niveau moindre, c'est interdit, et le règlement est respecté, car tu as souvent un commissaire sur le dos après un incident, et qui t'interdit de le faire.

Adrien, tu te prends toujours trop la tête. Fais des bornes, alterne les sorties, longues avec du D+, courtes où tu joues avec la "moyenne", joues un peu avec les potes des sprints pancarte ou le premier arrivé en haut des bosses, augmente le volume, et tu gagneras en cylindrée. Si tu cherches une explication rationnelle autre qu'un manque de cylindrée à tes défaillances, tu ne t'en sortiras pas. Dans l'augmentation de la performance, tout est lié. Cela me rappelle une amie qui faisait du VTT, et qui me demandait comment gagner en puissance parce qu'elle avait mal aux jambes dans les côtes. Je lui ai simplement dit qu'en roulant un peu plus, elle serait en meilleure condition physique, et donc moins "entamée" au pied de la bosse, et qu'au final celle-ci passerait mieux. Tu n'en es pas là, mais le vélo c'est parfois aussi simple que ça. La fréquence cardiaque, ce n'est qu'un indication parmi d'autres. A la limite, en grande forme, tu peux être à 100 % de FC max (la connais-tu vraiment?), et pouvoir pousser encore plus. D'autres fois, le coeur montera moins, mais tu seras quand même à bloc, parce que musculairement fatigué ou limité. C'est marrant, parce que moi de mon côté, tout au long de ma carrière, j'ai toujours explosé musculairement, par accumulation de fatigue, ou par limitation de puissance, plutôt que par limitation du "moteur"...

Tu peux imaginer plusieurs types d'exercices. L'hiver, je pars sur une série de 10 minutes. Toutes les minutes, je fais un sprint de 7/8 secondes avec 53x11, et le reste en déroulant, ce qui fait que je redémarre à 25/27 km pour le sprint suivant. L'idéal est de faire ça à deux coureurs. C'est même amusant et motivant. Par contre, je fais quasiment toujours en danseuse. Cela dit, en termes de watts, ce n'est pas très productif. Moins en tout cas qu'en employant un braquet plus court (53x16/17). C'est pour cela qu'en saison, quand je fais de très brefs rappels de travail à I7, je le fais plutôt avec ce type de braquet.

Sa VO2 soit disant exceptionnelle (ce dont je ne doute pas) a été mesurée dans un laboratoire, qui utilise ses protocoles. Mais rien ne dit qu'un autre ou que d'autres cyclistes mesurés ailleurs avec une VO2 soit disant un peu plus basse n'aient pas en réalité un potentiel équivalent ou supérieur. Sans compter d'autres personnes dans le monde à qui on n'aurait jamais mesuré de VO2 max. Et puis, entre nous, s'il suffisait d'une VO2 exceptionnelle mesurée en laboratoire pour faire un champion, à quoi bon participer alors à des compétitions sur route, puisqu'il suffirait alors de comparer les chiffres annoncés pour établir une hiérarchie, et puis c'est tout. Cela manque un peu de romantisme, non?

Toutes les comparaisons d'époque n'ont aucun sens. Bon, mettons Hinault à la sauce d'aujourd'hui : - Soit il est à l'eau ou presque, et c'est un bon (avec matériel d'aujourd'hui, méthodes d'entraînement, etc.), disons dans les 15/20 meilleurs du monde (encore que j'ai du mal à avoir beaucoup de recul avec ce qui se passe aujourd'hui). - Soit il est comme ceux qui jouent la gagne dans les grands Tours (je ne te fais pas de dessin), et donc il gagne de grandes courses, mais en tout cas moins qu'à son époque parce que la concurrence s'est internationalisée, et l'Elite s'est resserrée. Je suis beaucoup plus réservé concernant Indurain, que je considère comme un des premiers rats de laboratoire de l'ère cycliste moderne 🆒

Même s'il fait souvent preuve d'une certaine mauvaise foi (pour provoquer j'en suis sûr), la démonstration de Jean Dupuis est imparable.🆒

Pfff... des tas. En premier je pense à Yvon Ledanois. A mes débuts en Cadets, il gagnait tout, mais absolument tout. Forcément ça marque. Il m'a bien plus marqué que Chris Froome par exemple... Comme quoi! Sinon, un peu plus prêt de nous : Andreï Kivilev, qui ne formait pas vraiment un duo avec Vinokourov, parce qu'à l'époque le réglement faisait qu'ils n'avaient pas le droit de courir sur la même course (même maillot pourtant).

SAlut Raphaël, J'ai fait trois fois le Tour de NC (en 2001, 2002 et 2004). Mais j'ai aussi une cousine de mon père qui habite à Nouméa (depuis 25 ans), et un de mes meilleurs amis y a vécu trois ans. Il est rentré l'hiver dernier. D'ailleurs, je suis sûr qu'il devait partager ses sorties tôt le matin avec toi ! Enfin, j'ai conservé plusieurs contacts là-bas. J'aimerais bien y retourner, mais vu la durée du voyage, ce serait pour plusieurs semaines.

Je ne suis pas retourné en NC depuis 9 ans, mais ce qui est sûr c'est que le VTT n'est pas obligatoire pour bien rouler là-bas. Il y a largement de quoi faire, sauf en ce qui concerne les longues montées, puisque les cols (ils appellent ça comme ça), ne font pas plus de 3 ou 4 km. Par contre ça peut être assez raide. Pour monter en "altitude", il faut emprunter des routes en terre battue, mais avec des pneus de 25 mm, ça passe sans soucis. A chaque fois sur le Tour de NC, nous avions une ou deux arrivée d'étape au sommet de ces mines de nickel, et ça monte jusqu'à 800/900 m d'altitude. Le problème de la NC pour l'entraînement, c'est peut-être le manque de variétés de routes. Donc tu seras souvent obligé de faire des allers-retour pour les belles sorties. Sinon, sur Nouméa, il me semble qu'il y a deux lieux de rassemblement pour les coursiers ou triathlètes du coin : le circuit du Mont-Dore (un circuit d'une trentaine de km, avec une belle bosse et une belle partie du circuit qui long la mer), et le bord de mer, du côté de la Baie des citrons, avec des gars qui roulent tôt le matin ou tard le soir sur un petit circuit. Amuse-toi bien et prévois la crème : il fait chaud et le soleil tape dur de novembre à février.

Oui, Nibali sans doute limité par rapport à d'autres grands coureurs. Mais quel panache. ça c'est un champion !

Ok pour dire qu'on est tous plus ou moins limités en progression par la génétique... Mais c'est une erreur de penser que c'est un domaine en particulier qui nous limite par rapport à l'autre. Donc le fait de progresser en force permet de progresser de façon globale aussi. Alors tu fais de la force sous-max ok (pour préparer aux tensions musculaires), mais la "vraie" force, elle se fait à I7, sur des efforts très courts. L'idée est d'aller chercher au plus profond des fibres... De ce fait, avec plus de force explosive et maximale, tu disposeras aussi d'une certaine réserve lors des phases très violentes d'accélération. Tu sais, le vélo c'est pas très compliqué : il faut savoir gicler pour prendre la bonne échappée, et ensuite disposer d'un fond de condition physique suffisant pour trouver le second souffle et ne pas s'en faire larguer.

Alors tu sais ce qu'il te reste à faire l'année prochaine!

Pour compléter mon travail de seuil à l'entraînement, pas de compétitions donc, et aussi beaucoup de travail de rythme derrière voiture. Il faut lire PLUS DE compétitions bien sûr...

C'est bien ce qu'on fait lors d'une sortie de 4/5h en montagne avec trois cols, non? ;o)

Peut-être que c'est là que le bas blesse. Tu devrais à mon avis travailler juste en dessous de ton entrée dans la zone I4. Mais sur des séries plus longues. Je suis persuadé que toutes les adaptations nécessaires à ce type d'exercice repoussent tous les seuils vers le haut, et même ta PMA, indirectement. Mais sans risque de "tasser" ton seuil".

Non, jamais de PMA spécifique autres qu'en course, ou parfois à l'entraînement lors des coups de bourre avec les copains (pour jouer). J'ai connu plusieurs périodes d'entraînement : -avant les années 90, ceux qui disposaient d'un cardio étaient rares. J'en étais, j'expérimentais, mais en gros je ne savais pas m'en servir (seulement des exercices de 3' à 170 plus, et je croyais que je bossais bien). Je suis monté en 1ere caté fin 90. - de 90 à 94, jamais de spécifique, mais plutôt adepte de sorties longues en endurance de base (2xsemaine au moins 6h), sauf en montagne une ou deux semaines par an, ou indirectement, je bossais le seuil. Et curieusement, en période de compétitions rapprochées (critérium), je sentais un vrai mieux sur ma condition. Une progression très lente durant cette période je précise. - changement de méthode radical pendant l'hiver 94/95, avec introduction de longues séries au seuil anaérobie (avec cardio) dès l'hiver, et sur le plat. On me prenait encore pour un dingue. Pourtant, j'ai carrément changé de catégorie (de cylindrée), en passant du ventre mou du peloton à une position plus intéressante dans les 10/20 premiers, avec tout ce que ça change sur la tactique de course, les bons coups, etc. L'enchaînement logique c'est : victoires, sélections, courses internationales, etc. Pour compléter mon travail de seuil à l'entraînement, pas de compétitions donc, et aussi beaucoup de travail de rythme derrière voiture. - Nouveau changement de méthode en 99/2000 avec une collaboration avec un entraîneur bien connu. Beaucoup plus de travail technique, beaucoup de seuil toujours, et introduction des exercices bien ciblés à I6. A partir de là, j'ai pu cibler et réussir presque tous mes objectifs en course. - Arrêt en 2007, mais poursuite d'un entretien correct de la condition physique avec un peu de seuil sur le vélo ou à pied. - Reprise en 2010, sur le fondement de mes anciennes méthodes, mais avec beaucoup moins de volume ('cause temps). Bon 2e caté FFC sans trop forcer à 40 ans. - Et cette année, remontée en 1ere, à 43 ans. Mais y a pas de secrets : plus de temps pour rouler, donc plus de volume, plus d'exercices, plus de récup. Mais mon seul travail à PMA, ce sont les KOM sur Strava sur les bosses courtes. -

Déjà, si tu développes vraiment 5 w/kg au seuil, tu n'as rien à faire en Pass'. Que ton seuil soit à 95% FCM ne veut pas dire grand chose. Mais en w/kg, ça parle déjà. Ensuite, il y a une différence entre faire du seuil en côte, et le faire sur du plat. C'est plus facile en côte, alors que sur le plat, cela demande plus d'engagement. Les exercices à I6 et I7 te permettront sans doute de progresser en puissance max, et donc de mieux répondre aux accélérations en course. Mais ces exercices sont moins exigeants que des exercices à I5. Ils sont difficiles nerveusement et psychologiquement, mais ils laissent moins de traces à mon avis (et donc plus de fraîcheur). Bon, il n'y a pas de règles absolues en matière d'entraînement, comme le précise Navi. J'ai couru 18 saisons en Elite sans jamais travailler spécifiquement ma PMA (autrement qu'en course, bien entendu), et pour un poids équivalent au tiens.

Si je peux me permettre, je pense que tu fais fausse route, et que tu veux mettre la charrue avant les boeufs. Si tu veux augmenter ta cylindrée et changer de catégorie, je pense que tu dois axer tes efforts sur les niveaux de puissance à I2/I3/I4. C'est la base. Je m'explique : si ton niveau de seuil est élevé, tu pourras certes rencontrer quelques sensations difficiles en début de course (l'impression de manquer de giclette), mais par contre tu t'envoleras en fin de course. Tout simplement parce que à chaque accélération, à chaque à-coups pendant la course, tu ne seras pratiquement jamais au dessus de ton seuil. Tu produiras donc moins de lactates que les copains, et tu seras plus frais à la fin. En introduisant l'entraînement dit moderne, on oublie souvent qu'il y a certaines bases auxquelles on ne peut pas déroger pour progresser à long terme. La première, c'est de s'obliger à une sortie longue par semaine (>4h). La seconde, c'est de chercher sans cesse à repousser le seuil anaérobie, et à faire progresser le rapport puissance/poids au seuil. Evidemment, à l'approche des premières compétitions ou à l'approche d'un objectif, on peut introduire quelques exercices en anaérobie lactique, tels que les 30/30 ou les 15/15 évoqués plus haut. Pour que ce soit efficace, il faut les faire à fond (donc séries relativement courtes, mais au taquet). Attention, car ce type d'exercice a tendance à écraser le seuil, donc il s'agit juste de quelques séances pour supporter les gros à-coups de début de course. Une fois le rythme de course acquis, ce n'est même plus essentiel, sauf tout prêt d'un objectif. Si tu tiens vraiment à progresser spécifiquement à PMA, inscris toi sur Strava, et sur une sortie par semaine maximum, tu vises trois ou quatre KOM sur des bosses de 2 à 4 minutes. C'est ce que je fais (par plaisir), mais je pense que ce n'est pas vraiment compatible avec le meilleur état de fraîcheur possible le dimanche. Quand je vois le programme que tu souhaites t'imposer, je me dit que tu risques de te dégoûter du vélo, ou alors d'y laisser des plumes et de limiter ta progression. Pour info, je ne connais que quelques rares coureurs pros qui font par exemple des Gimenez sur home-trainer. Mais ceux-ci le font parce qu'ils sont déjà pro d'une part (donc déjà très hautes valeurs au seuil), et aussi EN PLUS d'un très gros travail foncier à côté.