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Michel CREPEL

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Tout ce qui a été posté par Michel CREPEL

  1. Peugeot, Fiat et CetA et accessoirement Solo Superia lorsqu'il est passé pro ! Mais Peugeot, Molteni et Faema maillots mythiques ! Regardes aujourd'hui les maillots dignes de rentrer au sein de la confrérie des Brooklyn, Salvarini, Bianchi, Peugeot, Ti Raleigh, Flandria ...😉
  2. "plus que le palmarès, ce sont ses exploits que l'on retient, comme quand il gagne un Tour des Flandres avec plus de cinq minutes d'avance après une échappée de cent kilomètres". Eddy Merckx, un mythe est né : « Ronde Van Vlaanderen » 1969. Ce dimanche de mars 1969, l'atmosphère est à la morosité. Les conditions climatiques exécrables laissent augurer, si ce n'est une journée de dupes, tout le moins une course des plus sélectives, âpre et pour tout dire, contraignante à souhait. La bise du Nord, glaciale et revêche, tourbillonne aux faîtes des grands bouleaux qui ploient dangereusement. Le feuillage naissant frissonne ajoutant à l'austérité ambiante une touche macabre. En outre, une pluie ininterrompue, mêlée de neige fondue balaie l’assistance emmitouflée et promet, secrètement, aux flahutes un nivellement démentiel par élimination rédhibitoire. C'est dans ce climat de fin du monde que va s'élancer le Ronde Van Vlaanderen. Tous les artistes de la "petite reine" ont, néanmoins, répondu présent à la grande kermesse Flandrienne, notoriété oblige. Le jeune Eddy Merckx à tout juste vingt-quatre ans lorsqu'il se présente au départ de l'épreuve mais tous ses adversaires présumés connaissent, déjà, sa boulimie de succès et son appétit de victoires à venir. Il est vrai que, nanti, à cet âge, d'un titre de Champion du Monde (1967), d'un Giro (1968), d'un Paris Roubaix (1968), de trois "Primavera" (1966,67 et 69), d'une Flèche Wallonne (1967) et d'un Gand Wevelgem (1967), le jouvenceau de Meensel-Kiezegem est, non seulement, en train d'ébaucher la saison la plus accomplie de sa jeune carrière, mais pire, d'inspirer une trouille innommable, insidieuse et irréversible à un peloton proche de la soumission. La course, en fait, s'est déroulée en trois actes distincts. A l'approche de Rudderwoorde, tout d'abord, à deux encablures de Courtrai, une chute déconcertante dans son déroulement élimine, prématurément, un favori déclaré, en la personne de Walter Godefroot. Le "Finisseur", pourtant rompu à ce genre d'exercice, se trouvait, malencontreusement, à ce moment-là, au beau milieu du peloton. La punition est immédiate pour le Belge de Flandria. Elle se dessine sous la forme d’une vive accélération, légitime, des adversaires déclarés du futur ex-patron des T-Mobile. Un groupe d’une trentaine d’hommes se retrouvent, ainsi, au commandement d’une course qui est loin, très loin, d’avoir rendu son verdict. Tous les favoris, peu ou prou, figurent au sein de ce peloton réduit. Eddy Merckx, entouré de sa garde rapprochée, Spruyt, Stevens et Van de Kerckhove, n’est pas le dernier, loin s’en faut, à « visser la poignée ». Les compagnons d’échappée du futur « Cannibale » ne sont pas en reste et l’énoncé de leur nom laisse subodorer, aux suiveurs de tout poil, que nul ne les reverra avant le final de Meerbeke. En effet, sont présents, les Transalpins Felice Gimondi, Franco Bitossi, Marino Basso, Vittorio Adorni et Franco Zilioli et les Français, Raymond Poulidor, Jacques Cadiou et Crepel (Philippe). Merckx n’a pas attendu le secteur des Monts pour jauger ses adversaires potentiels et c’est dans son style caractéristique, arc bouté sur sa monture, que le Wallon se porte en tête du groupe afin d’imprimer un train d’enfer dans le but d’opérer un écrémage en règle. S’ensuit une accalmie salvatrice pour une partie du groupe des fuyards qui, toutefois, n’inspire rien de positif aux membres présents de la Faema. Le train de sénateur qui s’est instauré, depuis un moment déjà, rend les desseins velléitaires de Merckx plus qu’aléatoires. Bravant la torpeur de l’assemblée présente, le futur mythe de la « petite reine » porte une attaque du côté de Renaix, plus précisément au mont Cruche. Au Mur de Grammont le Belge voltige et n’aperçoit plus âme qui vive dans sa roue, si ce n’est le coureur au « cœur fou » Franco Bitossi déambulant, dans un rictus cadavérique, à une poignée de seconde au sommet du cauchemardesque « raidar Flandrien ». Dans le faux plat descendant, un regroupement partiel s’opère, néanmoins. Outre, Bitossi, la colonie Italienne est présente dans son ensemble ou presque. Le « Bergamasque » entraîne dans son sillage ses compères Basso et Zilioli, le « Show man » fermant la marche. Cette situation nouvelle et inespérée génère une suave délectation voir un soupçon de jouissance dans le camp, hilare pour la circonstance, Transalpin. Pensez donc, un Belge, fusse t’il Merckx, pris en tenaille au sein d’une squadra de feu … ! Les cinq roulent de concert et le Belge ne rechigne, nullement, à la tâche et c’est un euphémisme que de l’affirmer. Se présente, alors, au lieu-dit Vollezele, le bien nommé, un faux plat montant. Et alors, me direz-vous, le Tour des Flandres regorge de ce genre de difficultés et ce n’est pas une rampe de plus …excepté que le cap des deux cent bornes est depuis un moment, déjà, remisé au profit et perte. Honnête joueur de ballon rond, Eddy Merckx, produit une accélération anodine à l’endroit même, un stade municipal, où des marmots galopent à la poursuite d’un ballon capricieux. Tout un symbole. En réalité, le terme accélération semble galvaudé, ici, changement de rythme serait plus approprié à l’effet escompté. Toujours est-il que celui-ci a pour conséquence d’opérer un trou imperceptible, encore, mais inexorable, pour la suite. Les Italiens abasourdis par tant d’insolence se toisent, un instant, en « chien de faïence » en maugréant, dans leur patois latin, tout le mépris que leur inspirait le jeune présomptueux. Mal leur en prit, car au bout de cette interminable ligne droite, le jeune « pédant » pointait, déjà, avec vingt-cinq secondes d’avance sans avoir, réellement, donné l’impression d’être à bloc. L’entreprise était, tout de même, osée. Le contre la montre par équipe qui s’ébranlait, tel un train en recherche d’une vitesse de croisière, par les membres de la résistance Italienne, aurait, à un moment ou à un autre, raison de pareille forfanterie. C’est en tout cas ce que Guillaume Driessens a subodoré dans l’instant. Le « Directeur sportif - mentor - manager » du jeune Eddy, se porte, alors, à sa hauteur au volant de sa 404 et se met, soudain, à vilipender, vertement, l’insensé coupable de ce coup de folie. La réponse, de l’intéressé fuse, tel un boomerang, à l’encontre du jovial patron de la Faema, par l’entremise d’un bras d’honneur, du plus bel effet, que la décence m’interdit de reproduire ici. Tant et si bien que Merckx poursuit son cavalier seul, faisant fi, par la même occasion, des plus élémentaires règles de prudence. Durant vingt-cinq bornes, vent de face et malgré les averses incessantes qui perdurent et s’acharnent sur sa carcasse transie, le Bruxellois d’adoption, s’acharne à maintenir l’écart à une misérable minute. La qualité de l’opposition n’est, évidemment, pas étrangère à cet état de fait. Enfin, passé les longs bouts droits peu propices à la démarche entreprise, la course bifurque à Niederbrakel pour emprunter des portions de route plus favorables à sa chevauchée suicidaire. A ce moment-là, déchaîné, Eddy creuse un écart qui s’avérera, finalement, déterminant. En prenant connaissance des nouveaux écarts, le train des « azzuris », passablement harassé, prend, alors, un véritable « coup de blues ». La gamberge n’est pas bonne conseillère et a pour effet de rendre irrémédiable le simple vœu ou le misérable espoir de revoir le maillot Faema avant Meerbeke. Eddy Merckx, loin de toute cette philosophie latente, dominateur impitoyable, franchira la ligne d’arrivée plus de cinq minutes devant le « Bergamasque » qui avait faussé compagnie, dans les derniers hectomètres, à ses compagnons d’infortune. Ces derniers, afficheront un débours de plus de huit minutes sur le héros du jour. Pour la petite histoire, Marino Basso ne se formalisera pas en réglant Franco Bitossi au sprint. Ce jour de 69 est né, véritablement, le mythe et la légende du « Roi Eddy ». Non seulement il a démontré une supériorité insolente vis-à-vis d’une opposition de tout premier ordre mais, en outre, il a eu le bon goût d’y inclure un ingrédient déterminant et pour tout dire incontournable, dont tous les amoureux et passionnés de la « petite reine » sont friands et avares, à savoir le panache ! Cette saison 1969 le verra de surcroît, écrire la première de ses cinq pages Tour de France avec, au passage, un trust unique de tous les classements mis en jeu. Il triomphera, en outre, lors de la première de ses cinq « Doyenne » et inscrira son deuxième Gand Wevelgem à un palmarès, déjà, exceptionnel. Eddy Merckx terminera la saison en tête du classement Super Prestige Pernod, véritable Championnat du Monde par points. Michel Crepel
  3. Snober un coursier tel Philippe Gilbert tient de l'hérésie ! Avec Valverde c'est le plus grand chasseur d'"Ardennaises" de la décennie ! Et à l'instar de son ainé, il n'a pas clos sa moisson, loin de là ! Heureux le "DS" et la formation qui l'enrôleront ! Petit rappel : Philippe Gilbert et la Belgique au firmament d’une saison 2012 de cyclisme en tout point maîtrisée !! Lorsqu'il vous assène, lors d’un final enlevé, échevelé sa spéciale, meurtrière à souhait, cette estocade assassine à seulement quelques encablures de la fatidique ligne d’arrivée, l’appel d’air s’avère être monstrueux, l’aspiration vaine et le rhume garanti. L’attaque est tranchante, irradiante et la gestion de l’effort qui vient clore ce scenario bien huilé est un modèle de puissance progressive alliée à une résistance à l’effort hors du commun. S’éjecter ainsi, tel un diable de sa boîte, d’un raidar appréhendé à onze reprises au terme d’une joute épique de près de 270 bornes, de tensions palpables, de nervosité ambiante liée à la pression qu’engendre un tel évènement et prendre in extenso 10 puis 15 mètres et enfin la tangente tout en maintenant un « tout à droite » de « mammouth » durant un laps de temps frisant les trois minutes en apnée, représente un exploit retentissant. Cet exercice de haute voltige, seul le « môme » de Verviers, Philippe Gilbert possédait le pouvoir de le matérialiser du virtuel à la réalité. Absout plus que privé d’un second printemps de jouvence, le boulimique « prédateur » de la saison 2011 a enregistré, sans le vouloir vraiment, les erreurs d’un récent passé dévastateur qui lui a bouffé toute son énergie, son influx voir sa motivation lorsque les échéances de la fin de saison sont apparues. La décompression qui s’ensuivit, telle la « Sorcière aux dents vertes », toujours aussi rapace, acariâtre et avare de rédemption, s’est alors emparée de son corps meurtri. Celle-ci fut sans aucun doute âpre voir rude et, bien évidemment, incomprise des médias, avides de « manchettes à sensations » mais bénéfique et salvatrice pour le représentant d’Outre Quiévrain. Sa fin de saison en témoigne plus que de longs et vains discours. Cette fin d’exercice 2012 qui, d’ailleurs, comporte deux des épreuves les plus prisées par Philippe Gilbert à savoir, la « Classique d’Automne » suivie pour clore définitivement la saison, de la « Classique des Feuilles Mortes ». Le Champion du Monde figure en deux occasions au palmarès de Paris Tours et du Tour de Lombardie. Il ne tient qu’à lui, désormais, de dépasser les deux victoires d’Erik Zabel, dans la première et d’égaler les trois succès de Damiano Cunego, dans la seconde, victoires toutes acquises ces dix dernières années. Ceint du paletot irisé, le Belge n’en sera que plus redoutable et si le leader des BMC parvient à assouvir sa soif de lauriers pour 2012 en s’octroyant les deux dernières levées de notoriété mondiale, son pays, la Belgique aura bien mérité de cette saison. En effet, un printemps entièrement sous le joug implacable d’un Flandrien, Tom Boonen, plus flahute que jamais, redevenu le maestro des « Classiques du Nord » et un automne assommé et galvanisé par le retour en grâce et aux affaires d’un Wallon, Philippe Gilbert, lui aussi redevenu ce phénomène de promptitude au démarrage hors norme. Finalement lorsqu’une nation possède en son sein de tels « tracteurs » la motivation de la base s’élève au diapason des performances des figures de proue, véritables étendard à l’émulation. Celle-ci devient alors presque irréversible à mesure que les leaders officient au sommet de la hiérarchie. Ainsi hier, à Fauquemont aux confins du Limbourg Néerlandais, lors du final de cette 79ème édition des Championnats du Monde de cyclisme sur route, cinq représentants du royaume de sa Majesté Albert II appartenaient au groupe d’une quarantaine d’hommes qui s’étaient isolés à l’avant de la course à la faveur des diverses ascensions proposées dont le Cauberg, véritable et incontournable juge de paix de cette épreuve, au même titre qu’il l’est devenu dans la classique printanière l’ « Amstel Gold Race ». Philippe Gilbert, Tom Boonen, donc mais également, Greg Van Avermaet, lauréat 2011 de Paris Tours et accessoirement équipier de Gilbert chez BMC, Bjorn Leukemans, homme de devoir de 35 printemps, fidèle parmi les fidèles et Jurgen Roelandts, équipier modèle dont l’unique titre de gloire est d’avoir porté haut les couleurs de son pays en 2008, trônaient de concert aux avants postes de ce peloton réduit dès les premières escarmouches aux abords de l’ultime ascension. Ce sont les Italiens qui attaquent pied au plancher les premières rampes du Cauberg à la sortie du virage. Moreno Moser, bon sang ne saurait mentir, en danseuse a enclenché le turbo. Dans l’aspiration Bjorn Leukemans cajole son leader de l’instant, Philippe Gilbert en posture d’attente sur le porte bagage de son équipier. Aux deux bornes, peu ou prou, Gilbert déboîte soudain et place, alors, cette fameuse car unique mine irradiante, détonante et souvent décisive, dont il a le secret et le pouvoir de réaliser. Comme il est le seul à la maîtriser nanti d’un tel niveau de perfection, il en use à bon escient mais n‘en abuse que rarement. Le « Viking » Norvégien Edvald Boasson Hagen, tente bien un instant de créer l’illusion, en pure perte. Au tour d’Alexandr Kolobnev de s’extirper à son tour du groupe de poursuivants mais bientôt asphyxié, le Russe se relève, résigné. Résignés, tout comme Boasson Hagen et l’Espagnol Alejandro Valverde, troisième larron à tenter, en vain un rapproché. Sous la flamme rouge, le coureur de Verviers possède, désormais, cinquante mètres d’avance sur le trio Boasson Hagen - Valverde - Kolobnev, c’est-à-dire un gouffre, un océan de certitudes. Le représentant d’outre Quiévrain, au terme d’une journée maîtrisée de bout en bout, s'impose finalement pour la première fois et se pare du paletot aux liserés arc-en-ciel. Ce dernier succède au Britannique Mark Cavendish, sacré l'an dernier à Copenhague et victime aujourd‘hui, avant son abandon, d‘une pancarte récalcitrante. Derrière, pour le podium, le trio Boasson Hagen, Valverde et Kolobnev s’entredéchirent tels des chiffonniers afin d’arracher les deux accessits restants, synonymes de notoriété et contrats juteux. Ils termineront dans cet ordre. Ce final, je l’ai visionné sur RTBF et le patriotisme de Rodrigo Beenkens déclamer nanti d’autant d’amour-passion à l’attention et l’intention d’un coureur en l’occurrence Philippe Gilbert, n’est en aucun cas du chauvinisme, mais de l’art. Deux extraits marquants : Le virage précédant l’ascension du final « Messieurs les Champions, c’est à vous de jouer, que le spectacle commence ! » et enfin en guise d’apothéose « Je t’avais fait Champion du Monde par erreur, il y a sept ans, mon gamin mais cette fois ya pas d’erreur ! File, file, file qu’est-ce que tu nous fais là !! » Les sanglots ajoutés aux trémolos dans la voix de Rodrigo résonnaient comme un hommage à son Champion ! Michel Crepel
  4. C'est un peu de ma faute, "Mimile", en effet, il faut copier (et je le sais pourtant) toute l'adresse, or là j'ai cliquer sur la partie bleue soulignée. Un moment d'égarement du au téléphone ! 😉
  5. Ta page est vide, "Mimile" !😉
  6. Tu peux aller boire un coup, maintenant, "Mimi" !😉
  7. Conception et naissance et Tour de France 1903. La naissance du Tour de France, il y a eu cent ans en 2003, fait partie intégrante des grands chantiers et défis du XXème siècle. A l'instar des "Grands Aventuriers" qui ont sillonné le globe de long en large et que les nouvelles technologies vont encore sublimer, le monde sportif, balbutiant en cette époque agitée, va s'ouvrir au renouveau des disciplines mythologiques ancestrales. L'exemple le plus notoire, car le plus emblématique, de cette nouvelle réalité en marche est le réveil, suite à des siècles d'hibernation, des prestigieux Jeux Olympiques. Le mouvement Olympique mondialisé et remis aux goûts du jour par le "Baron" Pierre de Coubertin, va imprégner, au sein d'une mouvance et d'une spirale irréversible, et ainsi engendrer des émules. Cette manne providentielle encensera les imaginations les plus fertiles, les plus audacieuses. A l'orée du siècle dernier, le vélocipède, devenu bicyclette, est sur le point de subir une mutation à nulle autre pareille. Moyen de locomotion touchant toutes les couches sociales (Facteurs, médecins, prêtres, ouvriers, notables ...), ce nouvel artifice d'évolution et de déplacement est sur le point d’entraîner, pour ces précurseurs de l'"Embellie sportive», une réflexion et une attention de tous les instants. Profitant allègrement de l’énorme enthousiasme suscité par la renaissance des « Jeux », la « Petite Reine » va s’engouffrer dans la brèche béante afin d’opérer sa mue. De moyen de transport lambda, la bicyclette va dorénavant se transformer puis, après moult tergiversations, s’épanouir en formidable objet de compétition. Partout en France, on peut voir alors éclore les premières épreuves, dont certaines sont encore bien réelles aujourd’hui. Toutes ces courses précaires voir austères, mais énormément prisées, souffraient, néanmoins, de leur brièveté. Celles-ci étaient régentées et administrées par un journal, «L’Auto », qui avait à sa tête un fervent esthète des « missions nouvelles et impossibles ». Un jour de novembre 1902, un conciliabule eut lieu dans les locaux du quotidien entre le directeur, Henri Desgrange et son chef de rubrique « cyclisme » le bien nommé Géo Lefèvre. Ce bref échange donna ceci : « Aurais tu une idée ? … Pourquoi pas un Tour de la France cycliste ! … Une course de plusieurs jours, longue et plus dure que toutes celles qui existent déjà. Quelque chose comme les « Six Jours », mais sur route ! Pourtant, il est à noter qu’à cette époque « L’Auto » ne revendiquait aucunement le monopole de la bicyclette, le journal « Le Vélo », son grand rival, couvrait, en effet, pratiquement toutes les épreuves du calendrier. Affublé d’un tel « paquetage », l’inénarrable Henri Desgrange fomentait sa revanche. Cette dernière s’avérera, par la suite, éclatante car légendaire. Effectivement, l’idée qui avait germé puis éclos dans le crâne de Géo Lefèvre, devint, après maintes et maintes péripéties inhérentes à ce genre d’évènement, réalité en apparaissant à la « Une » dans la rubrique « Vélo » du quotidien « L’Auto ». Le Tour de France était né et ce même si toutes les conditions n’étaient pas encore réunies afin que la grande caravane s’ébranle sur les routes de France et de Navarre. Les grandes lignes trônaient, toutefois, en bonne place dans le journal et résumaient assez bien à quoi ressemblerait la future plus grande épreuve cycliste planétaire. L’épreuve se déroulerait sans l’assistance d’entraîneur et par addition des temps. Le lauréat de la course empocherait la coquette somme de 3000 Francs. Le peloton serait scindé en deux catégories bien distinctes : la première représentée par les coureurs effectuant tout le parcours qui seraient alors dignes de figurer au sein d’un classement général, la seconde comprendrait les « partiels » ou coureurs se contentant de participer aux étapes de leur choix. Il était stipulé, d’autre part, que l’épreuve serait estivale et se déroulerait du 1er au 19 juillet. Les six étapes du parcours se disputeraient sur deux jours pour un total de 2428 kilomètres. Il était enfin hautement recommandé aux participants de « Vérifier les freins, veillez à ne pas faire trop de bruit lors de la traversée des villes ou villages, la nuit ». Chaque étape serait suivie d’une période de repos de plusieurs jours. L’idée avait germé, donc, puis mûrie, le décor était planté, restait désormais à définir quand l’épreuve allait avoir lieu. Les contemporains de cette glorieuse époque n’eurent pas longtemps à patienter puisque le départ de la première édition du Tour de France fut décrété pour le 1er juillet 1903. Dès le baissé de fanion opéré par l’altier moustachu Georges Abran, secrétaire du journal « L’Auto » à l’occasion, les favoris se portent résolument en tête de peloton. On peut à loisir reconnaître Léon Georget, surnommé le « Père Bol d’Or » voir « Gros Rouge » ou « Le Brutal » spécialiste émérite de la piste, Jean-Baptiste Fischer, « Le Montagnard » vainqueur de Paris Tours 1901, Hyppolite Aucouturier, dit « Le Terrible » lauréat de Paris Roubaix et du « Derby » 1903 mais également l’incontournable vedette de la « Petite Reine », Maurice Garin. Ce dernier, natif de Arvier dans la Vallée d’Aoste et naturalisé en 1892 est le premier « fuoriclasse » du cyclisme. Surnommé le « Petit Ramoneur », en rapport au métier qu’il exerçait avant d’enfourcher un vélocipède, Maurice Garin se verra également affublé de pseudos tels « Le Petit Matelot » ou bien encore « Le Bouledogue Blanc ». Ses 162 centimètres et ses 60 kg expliquant sans doute cela. Mais Garin, c’est avant tout deux Paris Roubaix, un Bordeaux Paris, un Paris Brest Paris et nombres d’épreuves importantes ne figurant plus au calendrier aujourd’hui mais qui, au crépuscule du XIXème et à l’aube du XXème siècle, s’avéraient incontournables pour tous ceux qui espéraient, un jour, faire carrière et par voie de conséquence, être présent sur le Tour de France. Le peloton, qui s’achemine à vive allure en direction de Melun, a depuis un moment déjà oublié le « Réveil Matin », Villeneuve St Georges et tous les falbalas inhérents à cette grande première pour ne se concentrer que sur la course et seulement sur elle. La poussière est omniprésente, lors du passage de ces guerriers des temps modernes, et le spectateur doit écarquiller les yeux pour, ne serait-ce, qu’apercevoir le veston blanc, le collant noir et la large casquette dont sont accoutrés les « cracks » du peloton qui caracolent, désormais, à l’avant de la course. Déjà, dans la côte de Draveil, « Le Boule Dogue Blanc » et « Gros Rouge » dans sa roue, étirent vigoureusement le peloton. Celui-ci est déjà passablement réduit à Fontainebleau lorsque les premiers abordent la côte de Saint Herem, lieu de contrôle, où une foule en liesse s’est entassée. Léon Georget est le premier à basculer au somment bientôt suivit d’Hyppolite Aucouturier, Maurice Garin, Louis Barbrel, l’italien Rodolfo Muller, Marcel Kerff, Jean Fischer et quelques autres. Au passage à Montargis, après 100 bornes de course, la sélection s’est opérée. On note déjà de nombreux abandons et une mise hors course. En effet, sur le coup de 21h00 on apprend avec une certaine stupéfaction l’éviction de Fischer pour s’être volontairement abrité derrière un véhicule. A Nevers, seuls Maurice Garin et Emile Pagie, un adepte de Paris Roubaix, ouvrent la route. Nous sommes à mi-course, la nuit est bien avancée et pourtant le spectacle se situe dans la rue. Drapeaux, banderoles, guirlandes, lumignons à l’huile cadencent à l’unisson le passage des « saute ruisseau » fourbus. Georget passe douze minutes plus tard au contrôle puis Catteau dix minutes après, le trou est fait et c’est inexorable tant Garin apparaît serein et certain de son fait, de sa supériorité. Une heure du matin, Moulins, près de trois cent bornes ont été parcourues par le duo de tête qui franchit le point de contrôle où un ravitaillement frugal est à la disposition des coureurs. Georget accuse, désormais, un débours frisant le quart d’heure quant à Aucouturier, il navigue à une heure des fuyards. Epuisé, le Commentryen s’affale in extenso sur une chaise, la tête blottie entre ses mains et pleure, victime d’un estomac à l’agonie. Après un s’être alimenté tant bien que mal, Hyppolite tentera de reprendre sa progression mais bâchera à Lapalisse, terrassé par la douleur. A quelques encablures de l’ancienne capitale des Gaules, Garin distance enfin son jeune compagnon de galère, le Tourquennois, Pagie. Sur le coup de neuf heures, quai de Vaise à Lyon, le clairon retentit et annonce l’arrivée de Maurice Garin. La viabilité du chronométrage voir du kilométrage n’étant pas ce qu’elle est aujourd’hui, la précision des données sera parfois sujet à polémiques surtout dans les cas de mise hors course. Toujours est-il que si Pagie terminera à une minute du héros du jour, Georget accusera, lui, un retard de 35 minutes et pour Pothier et Augereau, arrivé dans cet ordre, la punition avoisinera l’heure. « Le Petit Ramoneur » aura parcouru les 467 km de cette première étape à la moyenne de 26,450 km/h, soit environ 18 heures en selle. On notera dès cette première étape que les écarts, enregistrés à l’arrivée, sont stratosphériques. François Beaugendre, dixième à Lyon arrive plus de deux heures après Garin, René Salais, vingtième à six heures et Eugène Brange, bon dernier termine à vingt et une heure du Valdôtain. Cette première étape fournira à Desgrange et Lefèvre des enseignements qu’ils n’imaginaient, bien évidemment, pas au départ de Paris. Ainsi, ils s’aperçurent que la moyenne de la course s’était avérée plus élevée que les prévisions les moins optimistes ce qui altéra tout naturellement la notion de fête à l’arrivée à Lyon sachant que Garin se présenta au bout de la dernière ligne droite en milieu de matinée. Après moult palabres, les organisateurs, hommes de consensus devant l’éternel, décidèrent après concertation que les coureurs quitteraient la cité Rhodanienne à 2h30, dans la nuit du 4 au 5 juillet pour arriver dans la ville Phocéenne à 16h30, 17h30 soit quatorze heures en selle voir plus. Après deux jours et demi d’un repos salutaire, amplement mérité, les rescapés se présentaient sur la place Bellecour, lieu de départ de cette deuxième étape. Etape qui, après un crochet vers Saint Etienne et les monts du Forez, conduirait le peloton, par une chaleur caniculaire, le long de la vallée du Rhône sur des routes poudreuses à souhait. Pas de grands changements allaient intervenir lors de cette seconde levée. Aucouturier, qui avait abandonné à Moulins et qui ne figurera donc pas au classement général de cette première édition, mais qui était autorisé à participer à la suite de l’épreuve, remportera, à l’issue d’un sprint échevelé de toute beauté au cours duquel il prit le meilleur sur Georget, cette seconde étape. Maurice Garin, en fin stratège, terminera quatrième à Marseille et conservera sa place de leader. Belle remontée de Georget, dorénavant dauphin à moins de neuf minutes du franco-italien. Henri Desgrange, de son bureau rue du faubourg Montmartre, avait délégué les pleins pouvoirs à Géo Lefèvre qui chaque jour résumait les situations de course à son patron. Les partiels à savoir, ceux qui avaient été éliminés au cours de l’épreuve, faussaient outrageusement la course, selon Desgrange. Cette situation avait le don d’ulcérer au plus haut point le « patron ». En effet, Aucouturier, débarrassé de toute pression, pouvait en toute quiétude et à loisir profiter d’un Georget, par exemple, pour remporter un succès de prestige à Marseille tout en favorisant les desseins de son comparse-complice fortement intéressé par une place au sommet de la hiérarchie du général. Lefèvre se retrouvait, durant les deux jours de repos dans la cité Phocéenne, abreuvé de réclamations plus légitimes les unes que les autres. Mettre sur pieds une telle entreprise n’est pas de tout repos, décidemment. Desgrange, de son côté, ne s’embarrassa pas de considérations superflues et tailla dans le vif les doléances intempestives des uns et des autres. Il intima l’ordre de décaler l’ordre des départs à savoir, les partiels s’élanceraient une heure après les coursiers couvrant toute l’épreuve. Cela indisposa fortement, bien évidemment, les adversaires de Garin même si le propre frère de ce dernier, Ambroise, appartenait aux partiels. Henri Desgrange décida alors de faire ses valises afin d’assister à l’arrivée de Toulouse, terme de la troisième étape. Cette décision n’est pas étrangère au fait d’avoir changé de manière impromptue les règles édictées initialement. Il se donnait le droit de revenir à de meilleurs sentiments au cas où les nouvelles donnes soulèveraient des élans de mutinerie. Le mercredi 8 juillet à 10h30 et 11h30, donc, la caravane de coureurs s’élance avec en point de mire la « Ville Rose ». Arles, Nîmes, Montpellier, Béziers, Narbonne, Carcassonne et Castelnaudary seront les passages obligés pour espérer pouvoir poursuivre l’aventure. Aucouturier désabusé, dépité, mais l’est-il réellement, clame haut et fort, à qui veut l’entendre, qu’on ne l’y reprendrait plus et que s’il prenait finalement le départ de cette troisième étape, c’était uniquement pour ne pas être définitivement éliminé. Garin, qui en a vu et connu d’autres, renifle l’intox à cent lieux et déclare au jeune Pothier qui s’interrogeait sur la situation qu’il fallait se méfier du « Terrible » qui tentait d’endormir l’adversité afin qu’on le laissa s’approprier une heure sans donner un coup de pédale superflus. Garin dirige de main de maître le groupe des « Tour complet » en direction de Nîmes. Derrière, Aucouturier épaulé par quatre compagnons seulement dont Pagie, complètement cuit, file bon train à tel point qu’il éparpille bientôt tout son monde aux quatre coins de la chaussée pour se retrouver seul. A l’avant, aux abords de la cité Cévenole, Jean Dargassies, l’enfant du pays, évalue mal un embranchement et emmène tout son monde, dont Garin, sur une mauvaise voie. Le « Forgeron de Grisolles », pour qui Garin vouait une confiance aveugle car étant de la région, constata bientôt son erreur et vociféra, à l’attention de l’ensemble du groupe, l’ordre à peine voilé de faire demi-tour. Ce qui fut fait prestement sous les jurons des coureurs lésés. Un quart d’heure de perdu bêtement pour le « Petit Matelot » sur « Le Terrible » qui, toute voile dehors, s’était rapproché à vingt-cinq minutes du groupe des « Tour complet ». Ce dernier perd bientôt Emile Georget. Le Bosséen qui connut son jour de gloire en étant le premier coureur au sommet du Galibier en 1911, fut pris soudain de maux d’estomac terribles. Les intestins en compote, une chute et trois crevaisons auront raisons de son courage et de sa volonté de monter sur le podium à Paris. L’aurore surprend bientôt les premiers coureurs dans les vignobles du côté de Lunel. Le contrôle de Béziers, Garin, Pothier, Brange et le Belge « Samson » signent de concert la feuille de pointage. Kerff suit de près mais omet d’apposer sa signature. Aucouturier fringant apparaît alors trente minutes après les premiers arrivants. Il a repris, à cet instant de la course, une demi-heure au « Tour complet ». C’est un Georget agonisant qui se pointe à son tour, une heure après le groupe auquel il appartenait il n’y a pas si longtemps. Le groupe, qui est devenu quatuor depuis peu, de Maurice Garin poursuit sa progression traversant Narbonne, Carcassonne, Castelnaudary puis Villefranche de Lauragais où Garin apprend nanti d’une certaine délectation que « Le Terrible » aurait abandonné onze minutes du côté de Montpellier. En revanche, on est sans nouvelle de Georget. A Toulouse, Eugène Brange s’impose devant Julien « Samson » Lootens et Maurice Garin. Un Garin qui fulmine de ne pas avoir passé la ligne en premier, lui, qui ouvre la route les trois quart du temps. Néanmoins, clairvoyant, le Parisien ne s’apitoie que succinctement sur son sort préférant et de loin se féliciter des deux heures emmagasinées suite au naufrage de Georget. Aucouturier arrive à son tour vingt-huit minutes après Brange et est donc déclaré vainqueur de l’étape ce qui n’affecte pas le moins du monde un « Petit Ramoneur » contrôlant parfaitement la situation. Après dix-huit heures et demie de selle sans discontinuer, il faut posséder un sacré gros moral et surtout une énorme confiance en soi pour appréhender avec une telle philosophie l’analyse d’une journée de galère pareille. A mi-parcours et à la veille de s’élancer à l’assaut de la Gironde, vingt-cinq coureurs demeurent désormais en lice au sein du groupe des « Tour complet ». Les abandons et ceux qui, par désinvolture ou suffisance, ont omis de signer la feuille de contrôle à Toulouse se retrouvent de fait reverser chez les partiels. Apparemment, les journées les plus éprouvantes ont été négociées par le peloton. Les 265 bornes de routes, plus aisées à appréhender, en direction de Bordeaux, ne devraient pas trop terrifier les rescapés de l’apocalypse. Ensuite la remontée sur Nantes puis la prise des entraîneurs apporte, ne serait-ce qu’au simple fait d’y songer, un peu de baume au cœur aux plus meurtris, aux plus désemparés des « saute ruisseau » encore en course. Ce samedi 11 juillet à 3h00 du matin, le café Sion est en effervescence. Le contrôle de départ vient d’ouvrir et un projectionniste officie en passant et repassant à satiété, à l’aide d’un drap blanc tendu à l’extrême pour la circonstance, les images sautillantes de l’arrivée des « gueules sales montés sur leur drôle de bécane » dans la « Ville Rose ». Nous étions aux prémices du cinématographe et une foule délirante se pressait dans et aux abords de l’estaminet ouvert pour l’occasion. L’enfant du pays, Jean Dargassies, celui-là même qui avait failli ruiner les espoirs de Maurice Garin quelques jours plus tôt du côté de Nîmes, était acclamé comme jamais par un public au bord de l’hystérie. Cette notoriété nouvelle et les élans d’enthousiasme poussés à l’excès qu’elle engendrait, inquiétaient Lefèvre qui subodorait, à juste titre, la marge étroite qui existe entre enthousiasme et égarement. Peu avant les 100 bornes, du côté de Moissac, une chute se produisit dans le groupe de tête et jeta à terre, outre Garin, Georget, Pothier, Muller et Fischer. Ce malheureux contre temps, à défaut de geler et d’annihiler les velléités offensives des « Tour complet » eu, à l’inverse, le don de lancer la course. Ce sont précisément les cinq hommes sus cités qui parviendront à s’extraire du groupe pour s’envoler définitivement. Seul, « Samson » qui chassera longtemps derrière le quintette, rejoindra les audacieux cent bornes plus loin à La Réole. A l’arrière, chez les partiels, la même mésaventure se produisit. Mais les conséquences furent tout autres. En effet, après qu’un chien errant eu fauché le pauvre Maisonneuve, Aucouturier, qui n’avait toujours pas digéré l’épisode Marseillais et que le faisait savoir haut et fort, se retrouva à son tour affalé sur le macadam la jambe endolorie. Se relevant furax, il balança à l’intention du petit comité : « Et puis, merde ! J’en ai marre de toujours partir avec des culs de plomb ! ». Il prit aussitôt le train pour Bordeaux. Bordeaux, le café du Petit Trianon attend ses héros. Il n’est pas loin de 14h00 et déjà le soleil au zénith crame les peaux les plus tendres. L’atmosphère est étouffante lorsque les six échappés se lancent dans un sprint débridé d’un autre âge. Un nuage de poussière embaume le groupe et bien malin celui qui désignera le vainqueur. Dans un premier temps, le chroniqueur Géo Lefèvre a cru apercevoir « Samson » franchir la ligne le premier. Or, certainement aveuglé par la poussière qui étendait son opacité sur toute la largeur de la chaussée et abusé par un angle de vue défavorable, le bras droit de Desgrange n’a pas vu ce roublard de Garin lui filer sous le nez, au grand désappointement d’un public qui, lui, avait assisté à toute la scène. Après avoir initialement déclaré la Belge vainqueur, il se ravisa sans tarder et rendit à « César-Garin » ce qui appartenait à Maurice à savoir, une deuxième victoire d’étape. Arrivé le 12 juillet, en début d’après-midi donc, le départ pour Nantes sera donné le lendemain 13, à 23h00. Aux abords de La Bastide, lieu où s’élancent bientôt les rescapés de cette première édition du Tour de France, les lampions et les illuminations diverses sont pléthores en ce 14 juillet 1903. Garin relaxe se montre disert auprès d’Amigues, un officiel, adjoint de Lefèvre. L’enfant d’Arvier estime, avec raison, que cette étape longeant l’océan sera très sélective et que la progression des coursiers, en direction du nord, se fera péniblement à cause d’un vent tourbillonnant assassin. Il subodore sincèrement que cette quatrième levée sera sans conteste la plus cruelle pour des organismes déjà passablement entamés. Sitôt le baissé de fanion, Jean Fischer tente de prendre la poudre d’escampette. Pour se faire, L’allemand entreprend de fausser compagnie au peloton en négociant un sprint du plus bel effet. En pure perte, hélas, car après s’être, effectivement, isolé à l’avant de la course pendant un assez court instant, il se fit bientôt rejoindre puis happé par l’avant-garde du peloton dans laquelle Garin impérial, régentait les moindres faits et gestes de ses membres. Plus tard, la nuit est avancée et si noire qu’au détour d’une courbe le groupe, lancé à vive allure, ne peut qu’apercevoir un fardier niché au beau milieu de la route. La chute évitée de justesse déclenche toute fois les hostilités. Et c’est bien évidemment Garin qui s’y colle. Après une échauffourée plus qu’une estocade, le leader de l’épreuve emmène dans sa roue, Georget, Pothier, Muller, Augereau, Kerff, Fischer, Pasquier, Dargassies et l’immuable et bien nommé « Samson ». Tous les « cadors », donc. Une attaque du Belge Kerff entame un peu plus la résistance de certains dont Georget, toujours en indélicatesse avec son estomac depuis Nîmes. « Samson » n’est pas au mieux. Pourtant, tout rentre dans l’ordre bientôt. A l’approche de Rochefort, lieu de contrôle, où une prime de 50 francs sera offerte lors d’un sprint intermédiaire, le groupe « Tour complet » est aux abois. En effet, tous sont intéressés et concentrés sur le gain de cette manne, cette offrande généreusement attribuée par l’organisation. Tous, excepté Garin qui, dans son coin, rumine un coup de Trafalgar dont il a le secret. L’emballage débute de manière tonitruante cinq bornes en amont de la ligne. Pure folie lorsqu’on imagine l’état de l’organisme des belligérants après autant d’heures de selle. Georget qui participe à l’opération dans un état second presque « comateux » réagit tel un automate. Au bout du rouleau le « Gros Rouge » qui laisse apparaître à la faveur d’un halo de lumière, une trogne aussi écarlate que son pseudo. Augereau s’offre le sésame et Garin rentre en scène. Il se place alors en tête du groupe et adopte un train d’enfer afin d’asphyxier ceux qui viennent de s’époumoner. A Rochefort, il fond sur la feuille de pointage, l’émarge, enfourche sa monture prestement et disparaît dans la nuit. Derrière, c’est la confusion. Tous s’arrachent le porte-plume ce qui génère un pugilat abracadabrantesque à la limite du burlesque. Finalement, seuls Pothier, la révélation, Augereau et Pasquier parviendront à rejoindre Garin au terme d’un « Barrachi » à trois qui laissera, néanmoins, des traces. Car devant, Maurice Garin, le nez dans le guidon, juché sur sa monture de 16 kg n’amuse pas le terrain, loin s’en faut. Le quatuor constitué arrive à La Rochelle après 250 bornes de course. Il est huit heures à l’horloge de la mairie pavoisée pour la Fête Nationale. Pour l’occasion le Maire avait interdit le vélo en ville, ce jour-là. Sous une bronca assourdissante et après maintes palabres il se verra contraint de changer son fusil d’épaule et accepta finalement que la population puisse se rendre à bicyclette sur le passage du cortège poussiéreux et crotté des « Géants de la Route ». Des dépêches émanant d’un peu partout dont Saintes annonçaient un Georget au bord de la rupture. On apprenait plus tard l’abandon définitif du « Père Bol d’Or » à Luçon. Georget, hors course, Pothier devient le dauphin de Garin. A l’avant, Augereau pioche et éprouve d’énormes difficultés à suivre l’allure soutenue de Garin, Pothier et Pasquier. Puis le Poitevin victime d’un nid-de-poule, décrochera définitivement. Sa paranoïa, ajouté à une grande lassitude, le rendant acariâtre, le futur lauréat du « Derby 1904 » s’en prendra nommément à ses trois compagnons de route, les accusant de s’être ligué contre lui. Dans un Nantes en folie, le trio se dispute une victoire emblématique sur la piste du vélodrome de la patrie de la Duchesse Anne de Bretagne. Maurice Garin manœuvre à merveille la concurrence et se joue de Pasquier dans le dernier virage pour s’adjuger son troisième bouquet. A sa descente de vélo, le Parisien se fend d’un : « A part Pothier, Pasquier, moi-même, plus Dargassies, Muller et Kerff, tous les autres sont vidés. Maintenant, c’est du tout cuit ! » Il n’est pas le seul à le penser. Après quatre jours passés à l’hôtel « Les Voyageurs », les vingt rescapés du groupe « Tour complet » apprennent non sans stupéfaction la décision du « patron » de ne pas faire appel aux entraîneurs pour cette dernière étape. Décision, lu dans le journal « L’Auto » par les protagonistes de la course. Finalement, cela n’émeut personne ou presque. Maurice Garin à l’instar de ses congénères avait trouvé le temps long et avait hâte d’en terminer. Il mettait les quatre journées de repos forcé sur le compte d’une astuce malicieuse du « patron » Desgrange qui, fin stratège, jubilerait si d’aventure son épreuve connaissait son épilogue, un dimanche dans la capitale. Sur la route d’Ancenis, le groupe restreint progresse à faible allure ce qui n’empêche aucunement les plus meurtris de déjà baisser pavillon. A 23h00, les premiers possèdent déjà une heure d’avance sur les premiers éclopés. A Tours, au lever du jour, puis Amboise, ils sont douze encore ensemble. Tous les favoris sont présents excepté Dargassies qui traîne à l’arrière mais qui apparaît peu après frais comme un gardon. Les villes et villages sont traversés par un peloton bon enfant et Garin échange des courtoisies en compagnie de Pasquier ou Augereau. Rien à signaler lors du passage du groupe de douze à Chartres puis Rambouillet. A Versailles, Garin passe devant Augereau et « Samson ». A Ville d’Avray, la foule énorme a envahi tous les lieux propices à une bonne vision du peloton. Il y en a partout, aux fenêtres, sur les toits, sur les arbres, les réverbères, ils sont venus en voiture, en train, à bicyclette, à cheval, c’est de la folie douce. Garin transporté par l’ambiance surréaliste fonce à corps perdu en direction de la banderole et la franchit, sous les « Allez Garin ! », dix seconde devant Augereau et « Samson ». Pendant ce temps lorsqu’au Parc des Princes on apprend par hauts parleurs la fuite en avant de Garin, un vrombissement empli l’enceinte copieusement garnie. Des cris, des hurlements hystériques jonchent la route qui mène au Parc. Les gendarmes à cheval dressent des haies humaines afin de protéger la progression les coureurs. Du jamais vu, de mémoire de Parisien qui n’était évidemment pas nés en juillet 1789. Garin apparaît enfin sur la piste. Vêtu de son maillot blanc immaculé cerclé d’une écharpe tricolore. Des centaines de cyclistes l’escortent casquettes à la main agitant celles-ci avec frénésie. Ils hurlent à plein poumon des « Garin » de circonstance. Son fils s’est joint à cette manifestation d’allégresse et se tient désormais, cramponné à son vélo, derrière son héros de « papa ». C’est fini, Maurice Garin descend définitivement de sa monture. La foule a enfourché ou détruit les futiles barrières et s’est précipité en vociférant sur la piste en ciment entourant le « gladiateur » puis se refermant sur lui. Maurice Garin aura parcouru 2428 kms du tracé en 94 heures et 33 minutes et réalisé la moyenne de 26,450 km/h. Son dauphin René Pothier aura concédé 2 heures 49 minutes, Fernand Augereau, 4 heures 29 minutes, les autres bien plus loin. En dehors de l’outrageante domination de Maurice Garin, on s’aperçoit, en parcourant le classement, que derrière les écarts entres les coureurs ne sont pas si abyssaux, ce qui amène à constater qu’outre le lauréat, tous les autres coureurs s’avèrent être très proches les uns des autres. C’est un gage de confiance et d’équité pour l’avenir. Le Tour de France est né et bien né, cela ne fait aucun doute dans l’esprit de Desgrange mais également des journalistes et du public. Des retouches seront nécessaires, bien évidemment, des règles beaucoup plus draconiennes seront édictées à l’avenir, cela ne fait aucun doute mais l’ossature est plantée et les racines commencent imperceptiblement à pénétrer le terreau qui l’a vu naître ce 1 juillet 1903 pour devenir un siècle plus tard cet arbre robuste et fier aux branches feuillues et aux racines profondément ancrées dans notre sol. Michel Crepel
  8. Moi je n'ai aucun problème avec ça ! D'ailleurs, il parle de Quintana plus haut ! D'autre part,Froome ne me gêne en aucun cas, il pourrait courir en calfouette ou le fion face à la route que cela ne dérangerait pas le moins du monde ! J'aimerai simplement que ce post de merde stoppe ses injures à propos d'un "gus" qui nous emmerde tous, quelques soient les pensées immondes diligentées par certains qui ne doivent pas souvent se regarder dans une glace ! 😉
  9. Qu'est ce qu'à donc fait de plus cette formation Sky que n'a fait Astana ou Tinkoff au Giro ?😉
  10. Pourquoi, se la poserait il puisqu'il n'a pas eu l'occasion, comme nous d'ailleurs, de l'avoir vu courir ! 😉
  11. Si, si c'est vrai et même que le Simon, il a un p'tit frère jumeau, Adam qui s'appelle, le gars ! Mais, the "King of the Apple"* est un peu à la traîne du frangin, vingtième à 22 piges, tout de même !!! Mais il y a fort à parier que si "les ch'tis pig" ne les bectent pas .... !😉😃 *"Roide la Pomme",d'Adam ! 😃😢
  12. Pour arranger le tout, voilà t'y pas qu'un jeune "branleur" de sa très, très "Gracieuse Majesté", Simon Yates, pour ne pas le nommé, vient, irrespectueusement, dans nos montagnes, de surcroît, chiper, des frêles épaules de Romain Bardet,,le chevalier blanc, la tunique immaculée !😃😉
  13. C'est sûr venant de Jalabert c'est poilant ! 😃😉 Moi, j'aurai plutôt envie de pleurer !😉
  14. Michel CREPEL

    Spartacus

    Alors mon "Mimile", TES Pyrénées adorées sont elles toujours aussi belles et accueillantes à l'approche de l'été, tes fiers destriers des époques glorieuses sont ils prêts à parcourir de nouveau le pays Béarnais à la plus grande joie des jeunes et des moins jeunes passionnés de la "Petite Reine" et des "Forçats de la Route" ? Il va bien falloir, lorsque j'irai tout à fait mieux, que je vienne, quelques jours, visiter ton "antre" intemporelle de la "bécane", mon ami !😉
  15. Michel CREPEL

    Spartacus

    Oui, en effet, après il est redescendu dans le sud de la France en pays gardois où il a rencontré Alphonse Daudet qui plus tard a rédigé les confidences de l'intéressé dans un recueil intitulé "Les lettres de Tom Dumoulin" !😉
  16. Michel CREPEL

    Spartacus

    Et puis on chante également, ' Meunier, tu dors, Tom Dumoulin, Tom Dumoulin, va trop vite, meunier ...."😉
  17. Michel CREPEL

    Spartacus

    Français aussi puisqu'on dit volontiers "être %@!? comme un moulin à vent" ! 😉
  18. Michel CREPEL

    Spartacus

    Vous avez l'air d'oublier que les Pays Bas sont (est) le pays des moulins à vent ! 😉
  19. Tu es un chanceux ! Profites et viens nous en CAUSER ! 😉
  20. Valverde en est un autre exemple même si sa propension à "tirer sur tout ce qui bouge" a nuit, inévitablement, à sa spécialisation dans les épreuves de longues haleines tel un "GT" et ce même s'il ne s'y montre jamais ridicule et qu'il a conquit une Vuelta. Maintenant, il ne doit avoir aucun regret, son palmarès parle pour lui !😉
  21. C'est pourquoi, mon cher "Jojo" que je n'ai jamais tiré de réelles enseignements, vis à vis de la "Kermesse de Juillet", des résultats du Dauphiné et cela depuis toujours ! Excepté les "journaleux"mais eux, ils en font leurs "choux gras" !😉
  22. Quoiqu'il verrait d'un bon oeil d'être le premier Transalpin à inscrire son nom au patrimoine de l'épreuve chère à Georges Cazeneuve.😉
  23. Tu es un inconditionnel des fuoriclasses de la "Botte", toi, non ? Ton avatar du "Campionissimo" le démontre !😉
  24. Pas faux même si j'ai été étonné que le sieur Benoot, à un moment donné, avait tellement de fourmis dans les guiboles qu'il s'est porté à l'avant et mis à rouler avec Tejay derrière le quatuor où se trouvait Tony ! Peu après, on imagine assez bien l'appel de son DS dans les oreillettes car in extenso, il s'écarte et se laisse choir en queue de groupe !😉
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