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Tout ce qui a été posté par Michel CREPEL
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Vous vous écharpez pour pas grand chose finalement ! Il est vrai que nous, Français, longtemps privés de grands coursiers, nous nous montrons enthousiastes et parfois exaltés à l'extrême dès qu'un "journaleux", en mal de "papiers racoleurs" encense un "baby champion" encore en devenir ! Tellement impatient ? Il est vrai, également, que depuis deux-trois ans que l'on nous serine l'émergence de Pinot, Bardet, Barguil, Vichot, Simon, Bouhanni, Demare, Coquard et désormais Alaphilippe, l'horizon est toujours obstrué ! En dehors de Gallopin (un des rares qui ne dit mot et file son petit bonhomme de chemin) nous patientons dans l'attente de succès significatifs qui tardent à venir ! Et le Gaulois est tout excepté patient, il a souvent (trop ?) été habitué au meilleur, son passé est là pour nous le rappeler ! Bobet raccrochait, Anquetil émergeait, Anquetil bâchait, Poulidor, Aimar, Pingeon accédaient à la notoriété puis dans la foulée, Thevenet puis Hinault et Fignon, Mottet et "Jalabert" et enfin le néant ! Quarante années de trophées puis vingt piges de "pain noir" ! Né en 1953, date du premier de la triplette du "Boulanger de St Méen", Louison sur la Grande Boucle, j'ai, il est vrai, été gâté (trop ?) par nos champions tricolore de la "Petite Reine" ! J'ai de la peine pour les jeunes même si vous me trouvez ringard !! Un ringard qui a connu, lui, la "putain" de joie de voir un "Blaireau" faisant le show sur les "Champs" avec dans sa roue un "Batave Français" qui se demandait bien ce qu'il foutait en compagnie d'un "Roi Soleil" ! Un ringard qui a pris un "panard géant", en visionnant un "géant" semant tour après tour les sangsues agrippées à son porte bagage dans la côte de Domancy ! Et j'en passe et des pas moins sévères ! Je vous souhaite, sincèrement, de vivre cela ! Maintenant, sera ce avec cet échantillon de jeunes pousses actuelles ? Personnellement, 'en doute mais allez savoir .... EN SPORT, tout peut arriver ! Mais je préfère être dans votre peau que dans celle des fans de tennismen Français !😉
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Encore un sacré défi !
Michel CREPEL a répondu à un(e) sujet de Rémi ROCHELET dans Discussions Route
Entre réalité et fiction, parfois ... Il était une fois ….. Il y a 100 ans ! Tour de France 1910 Tour de France 1910. Sept éditions se sont déjà déroulées et le moins que l'on puisse en dire, c'est qu'Henri Desgrange n'a cessé, tout au long de ces années écoulées, de tenter d'apporter des améliorations bonifiantes et de dénicher des nouveautés digne de cet évènement devenu, lors d'un laps de temps aussi restreint, incontournable. Il aura, néanmoins, été nécessaire au "boss" de faire étalage de toute sa force de caractère et d'une abnégation et d'une persuasion sans borne pour faire perdurer une œuvre que certains de ses détracteurs les plus féroces, malveillants de surcroît, ne se contentant plus de critiques loyales et constructives, prenaient un malin plaisir d'honorer de leurs bassesses les plus immondes. En effet, ces derniers n'hésitant plus à s'attaquer à l'épreuve elle-même, lors de son évolution. Chacun garde en mémoire les agressions à l'encontre de nombreux coureurs et les manifestations de Nîmes, dès 1904. Ces incidents (sic) génèreront in extenso l'abandon des inscriptions étape par étape. Lors de l'exercice 1905, des clous parsemaient le parcours et des sabotages ponctuels, souvent ciblés voir pervers donnaient à la course un air de "Chevauchée Héroïque", chère au régiment du 4ème Hussards, qui sévit en juin 1940. Pourtant, Desgrange et ses acolytes poursuivaient inlassablement mais non aveuglément leurs innovations en élargissant, tout d'abord, le périmètre de jeu de l'épreuve. Ainsi, les Vosges coiffées du Ballon d'Alsace, les Alpes agrémentés de la côte de Laffrey, terrain d'entraînement de l'"Aigle de Vizille", et le col de Bayard s'invitaient à la kermesse dès 1905. En 1906, la flamme rouge simulant le dernier kilomètre était créée, le premier départ différé, instauré (Lille à Douai), et enfin le premier passage du peloton hors de nos frontière, franchit (Metz en Allemagne). Suivra la Suisse, l'année suivante. En 1907, toujours, apparaît le premier véhicule de dépannage et l'escalade du col de Porte. Enfin, lors des deux dernières éditions, on assiste à une évolution des vélos tels les pneus démontables, à la créations des équipes (avec obligation d'user de la même monture du départ à l'arrivée) et pour la petite histoire, à la première victoire étrangère de l'histoire de la Grande Boucle à savoir, le Luxembourgeois François Fabert, lauréat en 1909. 1910 n'allait, sur ce point, nullement déroger à la règle surtout à l'orée d'une nouvelle décennie. L'idée saugrenue à l'époque de s'attaquer au massif Pyrénéen trotte dans l'esprit de certains collaborateurs du "Boss" mais l'aventure paraît tellement rocambolesque que le seul fait de ruminer cette burlesque entreprise taraude et finit par se noyer dans l'imaginaire de ces derniers. En réalité tous excepté un, Alphonse Steines. L'avantage de Steines se situe dans sa fonction au journal "L'Auto". Plus proche de Desgrange que ses condisciples, il s'avère être le seul à pouvoir peaufiner, élaborer et réaliser pareil galère ébouriffante. Surtout le seul à parvenir à le faire admettre au patron du Tour de France. La première réaction de celui-ci fut un "Steines, vous devenez fou !" des plus sibyllins. Enigmatique s'il en est, l'exclamation de Desgrange pousse, néanmoins, Steines à organiser quelques jours plus tard une reconnaissance en bonne et due forme des Pyrénées. A peine arrivé dans le Béarn, il soudoie le responsable des Ponts et chaussées Palois en lui promettant, monts et merveilles si d'aventure ce dernier remettait en état la route conduisant au sommet du col d'Aubisque. Nullement dépité, Steines, devenu pour l'occasion politicard de bas étage, s'entêta à vouloir maintenant entreprendre une reconnaissance du Tourmalet. Acheminé de Ste Marie de Campan en voiture avec chauffeur, tous deux sont bientôt surpris par la nuit. A quatre bornes du sommet, un blizzard naissant enrobe les cimes voisines. Aucunement découragé et malgré les supplications d'un chauffeur empreint de couardise refusant catégoriquement de poursuivre, Alphonse Steines s'offrit alors une randonnée pédestre du plus bel effet. Intrépide et un soupçon suicidaire, inconscient de la réalité de l'instant, Steines frigorifié franchit le Tourmalet tel un fantôme déraciné et parvient non sans peine à rejoindre Barèges quelques lieues en aval du sommet. Il est alors trois heures du matin. Le lendemain, il adresse un télégramme à Henri Desgrange : "Passé Tourmalet. Très bonne route. Parfaitement praticable. Steines". Après que le "Boss" eu dévoilé les tours et contours de cette huitième édition, nombre de coursiers partis en reconnaissance des nouveautés revinrent effarés et même horrifiés à la vue de ce qu'ils venaient de découvrir. La conséquence d'une telle démarche s'avèrera cinglante pour Desgrange et compagnie. Effectivement, une quarantaine de ces éclaireurs consciencieux mais dépités renoncèrent à s'aligner au départ sur la place de la Concorde, trois mois plus tard. En l'absence de Maurice Garin, atteint par la limite d'âge et de René Pottier disparu prématurément peu après son triomphe de 1906, victime d'un geste insensé et demeuré inexpliqué (on le retrouvera, un matin de janvier 1907 pendu au crochet sur lequel le Morétains suspendait sa monture), tous les favoris seront présent en cette nuit du 3 juillet 2010. Malgré les défections des répulsifs "Steinistes", Henri Desgrange dispose, toutefois, d'un plateau de choix. Trois formations nommées les "groupés" regrouperont vingt-neuf "saute ruisseau", Alcyon, Le Globe et Legnano. Quatre-vingt-un coursiers, les "isolés" seront sous la férule d'Henri Menchon, soigneur en chef de la course s'il en est, et supervisés par ses soins. Tous les anciens lauréats de l'épreuve chère à Géo Lefèvre sont présents même Lucien Petit Breton qui, nanti d'une conviction de forcené en mal de liberté, vociférait à qui voulait l'entendre qu'on ne l'y reprendrait plus. L'homogénéité et le talent de l'équipe Alcyon inspire le respect et plus qu'un anxiogène, elle fait manifestement peur au reste du peloton. Le Luxembourgeois François Faber, Les Français Octave Lapize, Louis Trousselier et Gustave Garrigou ou le Belge Cyriel Van Hauwaert à laquelle appartiennent tous ces "cadors" y évoluent tels des poissons dans l'eau. Seule, sans doute, à pouvoir infléchir la tendance générale qui se dégage en faveur des "Alcyon", la puissance et l'expérience des "Legnano". Emmenés par un Lucien Petit Breton revanchard, un Emile Georget souvent placés rarement gagnant et un Jean Baptiste Dortignacq dont la fidélité et l'altruisme ne sont plus à louer, les "Italiens" ne seront certainement pas des proies aisées à maîtriser, amadouer à défaut de dompter voir d'asservir. Pour sa part, la formation "Le Globe" au sein de laquelle Henri Cornet, lauréat en 1904 fait figure d'ancêtre malgré ses 26 printemps, les espoirs reposeront, néanmoins, sur les frêles épaules de l'ambitieux Nordiste Charles Crupelandt. Enfin, au sein du conséquent groupe des "isolés", Jean Alavoine fait figure d'électron libre. Doté d'une machine poly multipliée, pédalier Tilhet conçu pour l'escalade des cols Pyrénéens, ce jeune Roubaisien de 22 ans, surnommé "Gars Jean", possède le talent inné d'un potentiel vainqueur du Tour de France. La firme Peugeot toujours en délicatesse avec la Grande Boucle perdure dans son entêtement à la snober. En revanche, le cyclisme est loin de s'endormir sur des lauriers chèrement acquis et poursuit sa quête d'embellissement en étendant son aura hors de nos frontières. Ainsi l'Algérie sera représentée par L'éminent Emile Godard, la Corse par l'affable Pierre Bordigoni et enfin l'Espagne par le Basque de la province de Biscaye, Vicente Blanco. Le favori de cette 8ème édition, Octave Lapize sort de deux Paris Roubaix remportés avec classe et autorité. "Le Frisé", a tout juste 21 ans, apparaît tel un roc, trapu et musculeux. Petit par la taille, il compense cette relative faiblesse par une énergie irradiante. Sa déconvenue lors de l'exercice précédent qui l'avait vu bâché aux pieds des Alpes, victime d'un souci à la selle, n'est plus qu'un mauvais souvenir. A la veille du départ, il transpire la confiance et le clame haut et fort faisant fi des mauvais coucheurs l'adjurant à plus d'humilité. Et pour cause, "Tatave" était sourd. Dès l'entame de la course, l'enfant de Wattrelos, Charles Crupelandt, régional de l'étape en quelque sorte, s'offre une chevauchée solitaire digne des plus grands. Arrivé à Roubaix, vingt minutes devant le trio maître des Alcyon, Cyriel Van Hauwaert, Octave Lapize et François Faber, classe son homme. Après une journée de détente, le peloton prend la direction de Metz accompagné, tout au long de sa progression, par une pluie diluvienne. Toujours à son aise lorsque le sol boueux et collants ne fait qu'un avec sa monture, le "Géant de Colombe" virevolte. C'est un Faber ruisselant de la tête aux pieds que l'on voit apparaître au bout de la dernière ligne droite et franchir la ligne d'arrivée, sept minutes devant l'avant garde d'un peloton clairsemé où figurent Garrigou, Lapize et Hauwaert. A ce moment de la course, Faber (5 pts) occupe la première place au général devant ses compagnons de route et d'équipe, Lapize et Hauwaert (tous deux 6 pts). Les "Legnano", sous l'éteignoir depuis le départ de Roubaix, dont les velléités offensives sont systématiquement annihilées de manière despotique par des "Alcyon" en pleine réussite, vont enfin sortir de leur réserve par l'entremise du plus entêté de leur représentant mais le plus aguerri aussi à ce genre de joute, le "vieux guerrier" Bosséen Emile Georget. Adepte du "Derby" Georget se paie le luxe de devancer à Belfort, après l'ascension du Ballon d'Alsace, des hommes de la trempe du "Géant de Colombe", leader de l'épreuve et de l'"Homme Pendule", l'inénarrable Garrigou. François Faber, toujours aux aguets et un soupçon revanchard, s'impose au sprint à Lyon et conforte sa position au sommet de la hiérarchie de l'épreuve. La traversée des Alpes, agrémentée de l'ascension du col de Porte au sommet duquel Crupelandt passera en tête, sera un tantinet escamotée et Octave Lapize s'imposera à Grenoble devant Charles Crupelandt. Sur la route de Nice, la côte de Laffrey et le col de Bayard qui faisaient office de juge de paix ne seront pas mieux appréhendés que le col de Porte, l'avant-veille. Julien Maitron, de la formation "Le Globe" devancera finalement l'incontournable Crupelandt, toujours à son aise lorsque les pourcentages s'élèvent. Après que François Faber eu ajouté un troisième bouquet à son escarcelle de victoires d'étape, du côté de Nîmes et que Georges Paulmier de la formation "Le Globe" eu, pour sa part, ouvert son compte de succès à Perpignan, les rescapés fourbus de la nouvelle décennie s'apprêtent à vivre désormais l'apocalypse. En effet, les futurs "Forçats de la Route" incrédules, sceptiques, perplexes à l'extrême se trouvent désormais en position inconfortable de s'élancer corps et âme dans l'inconnu, dans la "quatrième dimension". Et ce sera l'enfer ! L'Enfer avec un grand E, de celui dont on ne revient jamais exempt de maux tel un pantin hagard, exsangue de tout son être. Au soir de l'étape de Perpignan, le "Géant de Colombes" caracole toujours en tête de l'épreuve. Mais ses quinze points d'avance sur le "Frisé" ne le met nullement à l'abri, loin s'en faut, d'un retour musclé de ce dernier, autrement plus efficace lorsque les déclivités font rages. Maintenant, le plongeon dans l'inconnu relativise les données initiales et insinue le doute dans les esprits des plus audacieux. Pour la petite histoire, Lucien Petit Breton, le maître à tous, deux fois lauréat de la "Kermesse de Juillet", accidenté sur la route de Grenoble, a renoncé à poursuivre l'aventure. Il officie désormais pour le compte d'un quotidien où ses commentaires et analyses toujours pertinents feront, n'en doutons pas un seul instant, merveilles. Pour sa part, Gustave Garrigou, victime d'un déséquilibré notoire, s'est vautré assez sévèrement sur une route au revêtement des plus austères. Victimes de plaies et contusions multiples, l'"Homme Pendule" promène dorénavant son âme en peine au sein d'un peloton d'attardés. L'individu coupable de la détresse communicative du Vendéen s'était escrimé, nanti d'une dextérité frisant l'inconscience, à desserrer les contre-écrous de sa roue avant. Le résultat, ne faisait, bien évidemment et malheureusement, aucun doute quant à son issu. La voiture balai avait fait son office tout au long de cette première partie d'épreuve, elle allait se montrer déterminante et bientôt indispensable désormais. Toutefois, Desgrange s'était fait un plaisir de lui adjoindre un véhicule Peugeot qui évoluerait au sein du peloton afin d'y soustraire tous les resquilleurs et tricheurs invétérés, inhérents aux Tours et épreuves d'autrefois. Cette épée de Damoclès qui rôdait et était orchestré de main de maître par un certain J.C Sels, plus communément surnommé "Jules César", s'était avérée d'une efficacité absolument implacable, d'un pouvoir de dissuasion collégiale inouï. Les "Brûleurs de durs" à savoir, ceux qui, démotivés prenaient un malin plaisir à terminer l'étape confortablement lovés dans les sièges d'un train, avaient vécu. Quarante-huit coureurs ont à ce jour rendu les armes, soixante-trois demeurent donc aptes à poursuivre l'aventure et le long chemin de croix semé d'embûches qui les mènera en terre inconnue. Le malheureux Breton Georges Hélière, lui, n'aura pas cette chance de choisir cette option. Lors du repos à Noce, le Rennais fut victime d'une hydrocution alors qu'il prenait un bain sur la plage en face de l'Opéra. L'étape Perpignan Luchon, première étape Pyrénéenne empruntera les cols de Portel, de Port, de Portet d'Aspet et des Ares. Corsés mais pas rédhibitoires, elle fera office d'hors d'œuvre au plat Gargantuesque, Pantagruélique qui attend de pieds fermes les "saute ruisseau" lors de la 10ème étape. Cette étape démontre, si besoin était, la supériorité indiscutable et indiscutée de "Tatave" dès que les pentes s'élèvent. Nanti d'une facilité déconcertante voir insolente, "Le Frisé" éparpille tout son monde au gré des virages et lacets les plus exigeants à appréhender. A Luchon, Lapize franchit la ligne dix-huit minutes devant Emile Georget, pourtant loin d'être un faire-valoir dans cette discipline atypique qu'est la montagne et ses chemins de chèvres. François Faber limite la casse avec un débours de vingt minutes, tout de même. Cela promet ! 21 juillet 1910, à 3h30 du matin, les "Géants de la Route" se présentent, sous les ordres du stater, livides et paralysés par l'angoisse qui étreint tout homme au moment d'affronter le néant. La peur, l'anxiété que nombre d'autochtones, présents ce jour-là, eurent la divine chance de décrypter sur l'ingrat faciès de ces "gladiateurs des temps modernes", cette peur inavouable et insidieuse, née des reconnaissances, pour les uns, des commentaires peu engageants dispensés par les suiveurs ou journalistes de tous poils, pour les autres s'estompera, pensaient on, lors des premières rampes. Que nenni ! Déjà, durant la journée de repos qui précède cette journée d'anthologie, cette journée où seront escaladés les quatre "géants" Pyrénéens, une énorme appréhension règne au sein même de la caravane. Desgrange et ses acolytes ne sont pas les moins angoissés d'entre eux, d'ailleurs. Le "boss" illustre adepte du "deus ex machina" bénéficiera de l'occasion unique d'avaliser cette maxime. Pourtant, sujet à des angoisses chroniques, Desgrange est soudain pris d'une grande lassitude. Sans doute éreinté par son implication quasi perpétuelle depuis le départ de Paris ajouté à sa hantise d'un lendemain qui, de l’aveu de tous, s'avèrent des plus incertains, il n'en faut pas nécessairement plus pour que le "boss" craque. Il joint alors par téléphone, Victor Breyer, issu de son état-major demeuré à Paris et le prie instamment de venir le remplacer. Le "patron" prendra finalement quelques jours de repos à Luchon puis regagnera la capitale d'où il assistera à l'arrivée. Cette volte-face peu coutumière du personnage dénonce en fait un personnage assez énigmatique sur lequel je reviendrai par ailleurs. L'étrangeté du comportement dont il fait preuve à l'orée d'inaugurer l'un des monuments de sa carrière ainsi que du Tour de France à savoir, la première traversée des Pyrénées, laissera dubitatif, votre serviteur mais également nombre de témoins de l'époque. Contrairement à un Goddet, par exemple, véritable symbole du baroudeur acariâtre et opiniâtre qui précédaient sans cesse, animé d'une conviction peu commune, l'évènement qu'ils avaient érigé, souvent à la seule force de sa foi en la réussite et tout cela la plupart du temps contre vents et marées, Desgrange, pour sa part, avait tendance à le subir. Le premier tenait plus le rôle du pacha, proche de ses troupes, le second s'octroyant volontiers celui plus obscur de l'Amiral. Peyresourde (1545 m), Aspin (1497 m), Tourmalet (2122 m) et Aubisque (1918 m), ces quatre "géants" sommeillent encore à cette heure avancée de la nuit. Pourtant, quelque part on les subodore aux aguets tels des chats épiant et scrutant leurs proies avant de surgir et de les engloutir à jamais. Toujours est-il que la route qui s'élève en longs serpentins, Octave Lapize a pris la poudre d'escampette dès les premiers contreforts de Peyresourde. "Tatave" en pleine confiance s'est, en effet, extrait dès les premières pentes, abandonnant à leur triste sort ses compagnons de galère encore valides. Gustave Garrigou, tout juste remis de sa malencontreuse mésaventure provençale, résiste bon gré mal gré au prédateur Lapize, mieux même, l'Aveyronnais semble tenir la dragée haute à son leader déchaîné, quelques lacets en amont. Derrière, en revanche, c'est l'hallali. Le "Frisé", d'une efficacité implacable doublée d'une aisance frisant l'insolence, parviens à franchir les sommets de Peyresourde et d'Aspin seul en tête et plonge à la manière d'un funambule vers la vallée qui précède l'ascension de l'"ogre", synonyme de Tourmalet. Bientôt pourtant, « l’Homme Pendule », auteur d'une descente insensée souvent à la limite des trajectoires, parvient à rejoindre Lapize dans les premiers lacets du Tourmalet. On assiste alors à un mano a mano de grande classe entres deux phénomènes de la nature. Tout au long de la montée, chacun prend les commandes de la course à tour de rôle. Les pourcentages sont si impressionnants que le "Frisé" doit alterner course à pieds et séance de pédalage. C'est insoutenable. De son côté, l'ami Gustave, arc bouté sur sa monture s'est fait un devoir d'atteindre le sommet sans avoir été obligé de mettre pieds à terre. Une prime de 100 Francs lui sera octroyée pour cet exploit des plus singuliers. Son entêtement à vouloir demeurer sur sa "bécane" le handicapera aux abords du sommet où les pourcentages ahurissants le pénaliseront. Lapize passera seul au sommet du Tourmalet environ cinq cent mètres devant Garrigou. Le soleil est désormais à son zénith lorsque l'Aubisque apparaît majestueux. La chaleur accablante étreint maintenant les corps endoloris et la progression des coursiers devient de moins en moins efficace. L'étape semble alors promise à l'un de ces deux hommes qui ouvrent la route et caracolent en tête depuis Peyresourde. Pourtant à mi pente de l'Aubisque, au détour d'un lacet, un homme débouche, seul au monde, pareil à un fantôme des Highlands de Stonehaven. Le coureur à l'aspect lourd et mastoc brutalise sa monture en ahanant puissamment au rythme de sa lourde pédalée. Il progresse très lentement et de guingois mais il progresse. Allongé de tout son long, pour ne pas dire couché sur sa bécane, l'homme a les yeux rivés sur la route et rien ni personne ne parviendra à le sortir de sa torpeur. Bientôt, il disparaîtra à la faveur d'un lacet. On apprendra, bien plus tard que le "zombie" en question n'est autre que le Bayonnais des "isolés", François Lafourcade. Ce dernier, surgit du "Diable Vauvert" s'était offert le luxe, dans un premier temps, de rejoindre Garrigou puis Lapize et dans un second temps, de les déposer sans autre forme de procès. Du bel ouvrage. Un quart d'heure plus tard, Lapize apparaît furax. A pied, affalé sur son vélo qui le maintien encore debout, Lapize vocifère à l'unisson : "Vous êtes des assassins ! Oui, des assassins !". "Tatave" est remonté comme une horloge Helvète et menace de tout laisser tomber dès son passage à Eaux-Bonnes. Gustave Garrigou occupe toujours une flatteuse troisième place, malgré les stigmates de sa chute qui se rappellent à son bon souvenir mais à des années-lumière de la tête de course. A Eaux-Bonnes, devenue point stratégique de l'étape en rapport aux humeurs belliqueuses du "Frisé", Lafourcade possède toujours un gros quart d'heure d'avance. Toutefois, emprunt à une grosse fatigue, il s'autorise un repos salvateur au cours duquel il abandonnera une partie de son pécule. La descente semble avoir ragaillardi le Montrougien de telle sorte qu'il ne tarde pas à rejoindre un Lafourcade défaillant. A Mauléon, la bien nommée, le "Frisé" abandonne le Basque à son triste sort et s'envole vers la cité de l'Adour. Entre temps, l'Italien Pierino Albini venant d'on ne sait trop où s'est joint au trio avant d'accompagner Lapize dans sa folle chevauchée. Alors que le duo de tête cravache en parfaite harmonie en direction de Bayonne, Lafourcade à l'agonie est bientôt rejoint par Trousselier et Fabert. Celui-ci, déjà victime de trois crevaisons s'en offrira encore deux autres aux abords des faubourgs de Bayonne. Bayonne, le fief, la ville de Lafourcade au cœur de laquelle, l'inconnu qui franchit seul le sommet de l'Aubisque au nez et à la barbe de tous les "cadors", recevra l'hommage du à son exploit insensé car nullement envisagé le matin, au départ de l'étape. A Bayonne, Lapize règle son compagnon d'échappée Albini lors d'une parodie de sprint qu'il domine outrageusement. Il faudra patienter dix minutes pour voir enfin Faber franchir la ligne devant Trousselier et un Lafourcade liquéfié. Charles Crupelandt, sixième, déboursera la bagatelle de trente-cinq minutes, Gustave Garrigou en pleine déroute, huitième, cinquante-six minutes. Un océan ! Puis défile Cyriel Van Hauwaert et Ernest Paul à une heure et vingt minutes, le premier, les freins cassés, le second, la fourche brisée. Emile Georget apparaît alors vingt minutes plus tard, six crevaisons à son actif alors qu'Henri Cornet, 36 piges et lauréat en 1904 pointera à quatre heures et trente minutes du héros de jour, Octave Lapize. Pendant que Lapize et consorts festoient et s'accordent un repos bien mérité, nombre de leurs congénères arpentent encore les flancs abrupts de l'Aubisque à la nuit tombée. Ils ne seront que quarante-six à franchir la ligne d'arrivée de Bayonne dont dix, les dix premiers arrivants donc, dans les délais impartis. Victor Breyer décidera de ne disqualifier aucun concurrent, même ceux qui ont rejoint la ligne d'arrivée en voiture. Toujours aussi furieux, Octave Lapize réitérera à l'infini son, devenu célèbre "Desgrange est bien un assassin !". Au classement général, François Faber occupe toujours la première place, dix points devant Octave Lapize. Suivent, Hauwaert, Garrigou et Cruchon, ce dernier toujours leader des "isolés". Deux incidents vinrent perturbés et assombrir l'étape des Landes, Bayonne - Bordeaux. Tour d'abords, le vainqueur de l'étape, l'omniprésent Charles Crupelandt fut déclassé au profit de son dauphin, Ernest Paul. Les commissaires ayant jugé que le représentant de la formation "Le Globe" avait involontairement gêné celui des "isolés". Le second incident venait du fait qu'une grosse partie du peloton, dont les deux favoris Faber et Lapize, furent la proie d'énergumènes méprisables qui s'étaient ingéniés de parsemer la chaussée de clous et pointes de toutes natures. Entre Saint Vincent de Tyrosse et Dax les suiveurs assistèrent alors à un ballet effréné et échevelé de crevaisons à répétition. A Bordeaux, le "Frisé" avait tout de même réussit à grappiller trois points au "Géant de Colombes". Louis Trousselier s'adjugeait le sprint à Nantes devant Van Hauwaert, Garrigou et Lapize. Faber, renversé par un chien à la sortie de Marans abandonnera dans l'aventure onze minutes et des points précieux. A la veille du départ pour Brest, Faber ne dispose plus que d'un seul et misérable point d'avance sur Lapize. Garrigou gagnait à Brest, Lapize cinquième précédait encore un Faber mal en point depuis sa chute de Marans. Le "Frisé" passait le "Géant de Colombes" au classement général pour un malheureux point. Les deux étapes qui restaient à couvrir promettaient du spectacle. Il y en eu ! Brest - Caen, 424 kilomètres à parcourir, pas un de moins. IL est minuit lorsque Victor Breyer donne l'ordre aux rescapés de s'élancer dans la nuit. Profitant de cette dernière, Faber fausse compagnie au peloton et s'échappe sans demander son reste. La nuit est si noire qu'il faudra un certain moment aux protagonistes de la course pour s'apercevoir du subterfuge du Luxembourgeois. Parti pour, l'espère-t-il, un long raid, le "Grand" n'a jamais semblé aussi à l'aise sur sa monture et aussi résolu dans son esprit. Il fonce à travers la lande Bretonne dans le seul but de déboulonné Lapize de son piédestal provisoire. Son baroud d'honneur est désespéré mais pas nécessairement vain. A Morlaix franchit à vive allure vers deux heures du matin, Faber dispose d'un confortable matelas de dix minutes d'avance sur Lapize, Garrigou, Paul, Van Hauwaert, Albini et Saillot. Se relayant parfaitement, le groupe de poursuivants n'amuse pas le terrain, loin s'en faut. Pourtant, Faber à l'avant ne cède pas un pouce de terrain si ce n'est une minute à l'entrée de Guingamp. Malgré une poursuite effrénée, au paroxysme de l'effort, l'écart demeure inchangé lors de la traversée de Saint Brieuc. Faber peut encore rêvé légitimement à un renversement de situation. Hélas, peu après Lamballe, le groupe Lapize aperçoit soudain sur le bord de la route le malheureux Luxembourgeois dépité la chambre à air encore à la main, victime expiatoire d'une antépénultième crevaison. Deux cent bornes pour se voir ainsi rejoint, sans combattre, c'est affligeant, frustrant doit il marmonner en silence. A la sortie de Dinan c'est bientôt au tour de Van Hauwaert, le "poissard" de crever bientôt imiter par un Albini aux amples gestes communicatifs dénués de tout équivoque. Désormais, Lapize aidé, pour la circonstance de Garrigou, va tout faire pour décramponner Faber définitivement. Pour ce faire, les deux Français vont prendre un malin plaisir à harceler sans cesse le Luxembourgeois qui, démoralisé, éprouve de grandes difficultés à suivre le rythme endiablé et infernal de ses deux équipiers chez Alcyon. Faber plie mais ne rompt pas. Pourtant, à la faveur du raidard qui précède le lieu-dit Lartelly, Garrigou dépose une mine irradiante dont on ne se relève que rarement. Lapize se hisse dans la roue de l'Aveyronnais suivit un peu plus loin du courageux mais limité Ernest Paul, le propre demi-frère de Faber. Ce dernier, les yeux embués de larmes se cramponne tant bien que mal mais submergé par l'immense déception qui l'étreint de plus en plus finit par rendre les armes. Douze minutes à Granville, 23 à St Lô, l'inexorable est proche, la punition s'élèvera finalement à plus de 40 minutes à Caen. A l'arrivée, le "Géant de Colombes" ne décolérait pas. Plus que la victoire de Lapize, le "Grand François" ne supportait la manière avec laquelle sa défaite fut précipitée. L'ingérence de ses deux équipiers Van Hauwaert et Carrigou dans le duel d'hommes que Faber, en personne, avait ébauché, l'insupportait au plus haut point. Il éprouvait une grande amertume qu'Alcyon ait favorisé les desseins tricolores plutôt que la déontologie à savoir, l'esprit d'équipe. Une grande frustration, en outre, car il demeurait persuadé qu'à armes égales, il aurait fini par terrasser le "Frisé". Il est évident que sans cette crevaison inopportune et malencontreuse, survenue au pire moment de sa progression, que serait advenu, alors, des chances de Lapize de rejoindre son adversaire du jour ? La réponse restera à jamais en suspens, sans aucun doute. Malgré sa déception, bien légitime, François Faber remet le couvert dans l'ultime étape, Caen - Paris. Trois bornes après le départ et le Luxembourgeois se projette à l'avant. Il emmène sur son porte bagage son "Frérot" Ernest Paul, le seul des trois à ne pas avoir roulé et précipité sa perte l'avant-veille, l'Italien Ernesto Azzini et Constant Menager. Le "Frangin" se donne sans compter à tel point qu'hormis Faber, le reste du groupe éprouve les pires difficultés à demeurer dans les roues. A ce moment de la course, personne, vraiment personne ne peut affirmer avec certitude qui, de Lapize ou de Faber triomphera à Paris. C'est une situation incroyable, irréelle dans ce qu'elle a d'insupportable pour les formations des protagonistes et de magique pour les suiveurs, organisateurs et spectateurs de tous bords. Le train d'enfer imprimé par Paul se poursuit mais les écarts stagnent. On subodore volontiers que le quatuor de tête se situe à la limite. A Saint Nom la Bretèche, Ernst Paul perce de l'avant et tous les minces espoirs insensés qui tenaient la patrie en haleine depuis le matin se dégonflent à l'image du pneu du "Frangin" puis s'envolent immuablement et définitivement. La messe est dite ! Ernesto Azzini remportera cette dernière étape devant Paul, Ménager, Faber terminera en roue libre à une minute et cinquante secondes de ses compagnons de galère. Lapize franchira l'ultime ligne en sixième position à un quart d'heure du "Grand François". Octave Lapize s'adjuge cette 8ème édition du Tour de France, aux forceps. Il terminera quatre points devant François Faber et Gustave Garrigou, ce bon Gustave qui, sans sa mésaventure Marseillaise nous aurait certainement gratifié d'un sprint à trois, se hisse sur la troisième marche du podium à vingt-trois points du "Frisé". Une semaine plus tard, le 7 août, sera donné le départ du Tour de France réservé aux "indépendants". Quatorze étapes pour deux cents concurrents. La victoire reviendra au coureur de Chalon sur Marne, Guenot devant le Levalloisien Valotton. Le troisième a pour nom ............... Henri Pélissier. Michel Crepel -
Alexandre geniez
Michel CREPEL a répondu à un(e) sujet de Jean-charles PERRIER dans Discussions Route
😉 -
Alexandre geniez
Michel CREPEL a répondu à un(e) sujet de Jean-charles PERRIER dans Discussions Route
Ho la la, non "Réminou", juste u soupçon de cohérence ! -
T'es colère, "Mimi" ?😉
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Là, tu rêves !😉
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Alexandre geniez
Michel CREPEL a répondu à un(e) sujet de Jean-charles PERRIER dans Discussions Route
Tu es sur un forum FRANCAIS, David, nom d'une pipe ! 😉 -
La resurrection de ARU
Michel CREPEL a répondu à un(e) sujet de Claude CARRIES dans Discussions Route
Dense en vainqueurs potentiels ? La densité est peu ou prou toujours la même (même moindre si l'on prend sérieusement les forces en présence sur ce Giro où seul Contador faisait figure de vainqueur potentiel) seul la participation est plus "mondialisée" ! La mondialisation n'apporte pas nécessairement de la densité en coureur apte à remporter un "GT" ou glaner une Classique ! Et Contador aurait il remporté autant de Tour si d'aventure il avait réalisé à l'instar de ses condisciples toute une saison ? Pour les corps célestes, je ne devais pas être réveillé, en effet, je m'en excuse ! 😉 -
Alexandre geniez
Michel CREPEL a répondu à un(e) sujet de Jean-charles PERRIER dans Discussions Route
Non mais c'est pas grave ! En revanche, moi je salut la 15ème place d'Amael car il a souvent tenté l'étape ! -
Alexandre geniez
Michel CREPEL a répondu à un(e) sujet de Jean-charles PERRIER dans Discussions Route
T'es un marrant, toi, parce que tu crois que s'il pouvait entrer dans l'histoire, il s'en priverait ? 😉 -
Ok, moi cela ne me dérange pas si tu rajoutes les 7 du Texan et toutes les épreuves que l'on a supprimé à tous les autres ! 😉 Faut être cohérent !
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Oui, c'est sept, ou bien,alors, rendons à l'Américain ce qui appartient au Texan !😉
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Ce que certains ont tendance à oublier c'est la nature de l'adversité, je me répète mais c'est essentiel ! Contador préfère t'il comme cela se passe généralement sur le Tour de France une guerre entres les costauds, Nibali, Froome et Quintana lors des "5 bornes" des cols où bien comme sur ce Giro une guerre de tous les instants dans la montagne avec des "morts de faim" tels Aru, Landa, Hesjedal ou Kruijswijk ! Je ne suis pas certain qu'il ne soit pas plus à l'aise dans le premier cas !😉
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Prenez en de la graine en vue du Tour de France ! Ce qui a rendu l'épreuve échevelée parfois déroutante mais tellement plaisante c'est la nature de l'adversité en présence ! En effet, dès la prise de pouvoir de Contador, le formation Astana a joué Aru à fond ! Puis, Landa a intégré la partie ce qui a donné du volume à la bataille. Dans le même temps des garçons tels Hesjedal et Kruijswijk, par exemple mais aussi Trofimov, Uran ou Visconti, ne se satisfaisant pas de leur place d'honneur, se sont dépouillés et ont dégoupillé à maintes reprises risquant, par ailleurs, la correctionnelle à savoir l'implosion et le retour définitif au ventre mou du classement ! Ce sont toutes ses prises de risque des "sans grades" afin d'améliorer leur accessit (et non le préserver), que nous ne voyons que très rarement en juillet qui a rendu la course haletante et débridée ! Alors imaginez, si Porte, Uran ou Zakarin avait été au sommet de leur art ? 😉
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La resurrection de ARU
Michel CREPEL a répondu à un(e) sujet de Claude CARRIES dans Discussions Route
Dans l'esprit, certes mais dans la réalité il ne s'intercale nullement entre le "Maître" et le "Blaireau", puisqu'il n'en a remporté que sept (série en cours) officiellement ! Les deux Français ayant, en outre, remporté 23 et 42 étapes, respectivement et l'Espagnol 8 (ce qui tout de même abyssal, on en conviendra) si ma mémoire ne me fait pas défaut ! Enfin, la carrière des deux Français par rapport à celle de l'Espagnol pourrait s'apparenter à Vénus pour les uns et Neptune pour l'autre à savoir, à des années lumières ! Bref, laissons chacun à sa place et les époques également ! En revanche, ce Giro 2015, pourrait très bien faire l'objet d'un prochain récit, tant il a été ébouriffant en rapport à tous ceux auxquels nous avons pu assister depuis une vingtaine de piges ! 😉 -
La resurrection de ARU
Michel CREPEL a répondu à un(e) sujet de Claude CARRIES dans Discussions Route
29:05:2015 18h09 "superbE victoire d ARU car en fait il a passé une semaine en meforme a cause d'ennuis intestinaux(diarrhee)d apres ce que j ai cru comprendre de VINO?effectivement c est le genre d'ennuis qui te laisse sans jambe" 30:05:2015 " 06h33 "un moteur dans la roue avant,un dans la roue arriere et une flechette dans le cul;. il faut dire que des résurrections de ce type sont tres tres rares a ce niveau,ramer la veille,l avant veille et l avant l avant veille et puis d'un coup planter 2 démarrages dans les dents a hesjedal monter avec une aisance incroyable tient du miracle.Le probleme c est que je ne crois plus au miracle et je n ai toujours pas oublié la resurrection la plus marquante de l histoire du TDF qui s'est terminée en eau de boudin.Bien sur a nouveau un sujet polemique,mais ça m a fait gamberger car VINO a parlé de diarrhee pour donner une explication.Je ne crois pas que ce soit du coté du moteur que ca se passe; mais plutôt du coté de la chimie. alors bien sur comme a chaque fois ,on s'anthousiasme de ce type d'exploit surtout dans sa facilité;mais avouez que l on estsouvent d"ecu par la suite.Alors!!!!!!!!!!!!!!!!!pourtant ,j aime bien le temperament du coureur" Entres ces deux posts que s'est il donc passé, "Claudio" , "Mémère" n'a pas voulu ? 😉 -
Il était une fois ... La Rando de Bruno !
Michel CREPEL a répondu à un(e) sujet de Michel CREPEL dans Discussions Route
Bruno vient de temps à autres quant à ceux qui ont déserté, côté Français, ils sont légions et pas des moindres, de vrais "Dinosaures de la pédale" ! Je pourrai tous les citer mais .... En commençant par ton fiston !😉 -
La "Rando de Bruno" est devenue au fil du temps un passage, un séminaire incontournable à l'attention et l'intention des "Forumeurs de Vélo 101". Depuis quatre ans, ce Belge bon teint, hôte ô combien philanthropique, convie tous ses amis pour une partie de manivelles des plus "Rabelaisienne". Non content d'offrir gracieusement le gîte et le couvert à ses épicuriens invités, Bruno, homme de conviction s'il en est, s'entourent pour l'occasion de toute sa famille et belle-famille afin que l'accueil, l'organisation et la logistique s'avèrent sans faille. Du bel ouvrage. L'épreuve, proprement dite, copieuse à souhait en côtes et raidars, longue de cent quarante-quatre bornes et dotée d'une dénivellation de 1903 mètres, n'effraye nullement nos joyeux lurons. Vingt-cinq coursiers venus de tous horizons sont au départ de cette quatrième édition. De nombreux autochtones, bien évidemment, sont présents dont, outre Bruno Langen et ses amis, le "Cannibale" Régis Grégoire et son acolyte l'"Aristo" Renaud de Lidge. Le trio inébranlable des "Titis Parisiens" du forum, "Sergio" Delesalle, "Papy" Isaac Stene et Jean Louis "Jubilador" Castel, le plus Colombien des Français, dont les bielles usées donneraient encore des sueurs froides à notre présomptueuse jeunesse, arborent la mine épanouie et réjouit de "seniors" en plein épanouissement. Le tableau ne serait pas complet si une touche hispanisante ne venait apporter de l'authenticité aux convictions à l'hôte de cette contrée d'Outre Quiévrain. En effet, Osmar, Catalan pure souche, a délaissé ses "Ramblas" chéries pour rejoindre, in extenso, certains de ses compatriotes émigrés en Wallonie afin de participer à la "Fiesta". Le maître de céans, organisateur attentionné, propose tout d'abord au petit groupe un décrassage en règle de trente bornes afin de parfaire la condition des uns et des autres et d'échauffer les muscles des plus récalcitrants. Quatre crevaisons viennent, néanmoins, entacher le parfait ordonnancement de la troupe des joyeux drilles. Le petit peloton progresse à l'image d'un train de sénateur, cahin caha. Soudain, au détour d'un virage, la "Citadelle de Namur" dessine ses contours majestueux mais monstrueux, pour nombre de nos camarades forumeurs, les yeux exorbités par l'ampleur de la tâche qui les attend. Dès lors, les faciès hétéroclites des coursiers s'accommodent de fort belle manière à la topographie contrastée du parcours. Chacun se reconnaîtra, Un enchaînement de quatre-vingt bornes de côtes, berg et raidars (Bioul, Warnant, Dorine, Wépion, Citadelle (deux fois, sic), Rita, Tienne vont s'enchaîner à une cadence infernale. Déjà, devant apparaît le natif des lieux en la personne de Régis. Maître de ces lieux, le "Cannibale" ne laisse le soin à personne d'ouvrir la route de sa pédalée souple et harmonieuse. Dans son sillage son "siamois" Renaud l'"Aristo" semble à l'aise de même que Ludovic, sosie de Johan Van Der Velde ainsi que Bruno, qui s'était offert la bagatelle de soixante-quinze bornes à l'aube pour rejoindre la ligne départ ! L'hégémonie Belge par excellence. Derrière, c'est l'hallali ou peu ou prou. Nombres de coursiers digèrent de moins en moins bien la succession des ascensions. La route est parsemée de "fantômes" errant tels des marionnettes, que dis-je des pantins, désarticulées. Luc un ami cher à Bruno, exténué met pied à terre, non sans avoir pulvérisé son record de sortie (122 km contre 80, un océan !) et grimpe prestement et à son grand soulagement dans la voiture "balai" où il fera office de photographe occasionnel (merci pour les clichés). Mais voilà notre "Jubilador" national qui affronte comme un beau diable des rampes qui naguère ne lui aurait posé aucun souci. Aujourd'hui, le "Colombien" souffre le martyre et démontre, à ceux qui l'ignoreraient encore, combien l'amitié peut décupler les forces du commun des mortels. Le Catalan Osmar, quant à lui, sans doute en villégiature en compagnie de Ronaldinho sur les plages ibériques ces derniers temps, a omis à l'instar de son ami Carioca de s'entraîner et d'affiner sa condition physique. Aussi, il s'apparentera plus à un VIP en goguette qu'à un coursier teigneux et besogneux. Toutefois, ses remords tenaces le contraindront, bientôt, à ré enfourcher sa monture pour terminer le parcours au mépris de ses douleurs. Chapeau ! Deux ravitaillements, tout de même, (50km et 110km) viendront mettre un peu de baume au cœur et d'enthousiasme aux moins adeptes aux toboggans infernaux. Les trente dernières bornes débutent par un calvaire des plus effroyables, des plus impitoyables. La côte de Sainte Rita et son pourcentage gargantuesque de 14% se dresse tel un mur infranchissable devant des rescapés aux jambes flageolantes, au cœur palpitant et à l'œil hagard. Si je voulais être drôle, j'avancerai que Sainte Rita, la bien nommée, est recensée pour être la Sainte des "causes perdues", mais ils m'en tiendraient rigueur, les bougres, et pourtant ... L'idée d'aborder les derniers kilomètres et de rejoindre l'écurie où le foin ....pardon les spaghettis se mêlent et s'entremêlent dans l'eau bouillante et frémissante donnent du cœur à l'ouvrage aux plus "souffreteux". Le "Jubilador", fier et orgueilleux comme un paon Colombien s'est remis en selle afin de rééditer sa performance de 2007 à savoir, terminer premier Français. C'était sans compter sur le finish irréel de "Papy" Isaac. En effet, l'Angevin d'adoption plus svelte que jamais pose une mine monstrueuse aux deux bornes qui atomise et irradie tous les "gamins" présents ! Seul, le "Cannibale" demeurera hors de portée. Il est vrai que Régis, à 25 ans printemps est au sommet de son art. Isaac "terminator" terminera deuxième de cette "Rando", après avoir "cocufié" tout son monde lors de l'emballage final et ce, à soixante-treize piges !! Respect ! "Sergio", le "Dandy Parisien", l'homme du Stelvio, fera admirer sa tenue blanche "sexy" et son art du déhanchement lors des ascensions. Un spectacle à lui tout seul. Ce type est une "perle". Les retrouvailles sous une douche salvatrice et chaude à souhait seront émaillées de rires et de faits de courses toutes plus énigmatiques et humoristiques les uns que les autres. La Grande Rosière, sera alors le théâtre des festivités où apéritifs, repas, tombola, cadeaux, quolibets jaillissants, railleries bon enfants et anecdotes croustillantes cohabiterons en harmonie, convivialité et amitié ! Il n'y a que le vélo pour générer tant de générosité, de fraternité et de solidarité ! Le cyclisme est une école, merci Bruno pour la leçon ! Le mot de l'organisateur Bruno Langen : "Il est alors déjà l'heure du départ. Cette journée est passée vite. Nous avons eu une météo parfaite, un beau parcours, des participants super sympas. Bref, j'ai passé une superbe journée en tant que modeste organisateur. Une 5ème édition est bien entendu prévue. J'espère que cette « rando » aura plu à tous. Je remercie en tout cas tout le monde d'être venu, certains de bien loin pour une simple randonnée et je remercie bien entendu David mon fidèle adjoint pour l'encadrement de la « rando » et ma famille dont ma Zoé pour le précieux coup de main". Michel Crepel
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Du "Great" Gilbert ! 😉
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Et bien Etienne, au sujet des commentateurs de Bein, tu pourras y ajouter l'hypocrisie ainsi qu'une Franchouillardise primaire,ce soir !😉
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Outre ces hauts faits d'armes et alors que le terme anthologie se conjugue désormais au passé, il n'était pas nécessaire à une certaine époque que les protagonistes soient des "Fuoriclasses" invétérés, la preuve avec le "Roi René" que toi, "Papy" tu connais !😉 Tour 1934 : Magne - Vietto, la lutte fraternelle ! La 28ème édition de la Grande Bouche a toujours généré chez les suiveurs, chroniqueurs et exégètes de tous bords un regard, une attention toute particulière. Tout d'abord, l'épreuve de 1934 correspond à l'accomplissement, à l'aboutissement même de l'épanouissement d'un coursier adulé de l'entre deux guerres aussi bien sur la route que dans le cœur du public. Antonin Magne, puisque c'est de lui qu'il s'agit, personnage éminemment énigmatique, s'il en est, parapha de manière magistrale l'esquisse de son succès de 1931 sous la forme d'un triomphe, cette fois-ci, indiscutable et indiscuté. Rarement cité, trois ans auparavant, pour la victoire finale, "Tonin le Taciturne" démontrera, en pleine "Affaire Stavisky", toute l'étendue d'un talent pourtant jamais démenti et ce même si la versatilité légendaire du bon peuple Français n'est plus à vanter. Par ailleurs, cette kermesse de juillet 34 sera le théâtre de l'éclosion puis de l'avènement d'un jouvenceau pétri de classe d'à peine vingt printemps, René Vietto. Le "Roi René", auteur d'une vingt-deuxième place lors de son premier Giro à 19 ans, fit étalage de toute la palette du champion en devenir. Montagnard de haute lignée, le coureur méridional, cabochard en diable mais pitre émérite, fut pour beaucoup dans le succès sans appel d'Antonin Magne en cette année de premier sacre de la Squadra Azura lors d'un "Mondial" de football qu'elle organisait chez elle. Ce Tour de France fut, également, l'occasion d'assister à l'éclaboussante hégémonie de la formation tricolore et de son emprise gargantuesque, ou peu ou prou, sur le cyclisme planétaire de ces années-là. Enfin, côté direction de course, Henri Desgrange instaurera le premier contre-le-montre individuel ainsi que le classement distinctif du meilleur escaladeur à savoir, le Grand Prix de la Montagne. Ajoutez à cela, des bonifications beaucoup moins drastiques que de coutume et un nivellement des valeurs et un traitement plus équitable concernant les coursiers "individuels" ou "isolés" par rapport aux "Nationaux" et vous aurez un panel d'ensemble assez significatif de la mutation, toujours en effervescence, de la plus importante épreuve internationale. Il serait, néanmoins, réducteur, présomptueux et osé de mettre en exergue, avant les prémisses des hostilités, l'implacable chape de plomb "Bleu, blanc, rouge" qu'autorise l'inaltérable domination des Français sur l'épreuve chère à Géo Lefèvre. En effet, la participation est toute, excepté illusoire et l'adversité des plus exogènes devrait tendre à inverser la tendance, teintée d'un soupçon de "franchouillardise" aigue, des plus avertis. Il faut bien avouer, toutefois, que le clan tricolore a fière allure. Aux côtés de "Tonin le Taciturne" et du "Roi René" déjà cités, figurent, entre autres, "Le Placide", Roger Lapébie, qui, lui, connaîtra son heure de gloire trois ans plus tard, "Le Nabot", ce diable de Maurice Archambaud, premier lauréat des "Nations" et futur recordman de l'heure et le "Roi de Montlhéry", Georges Speicher, vainqueur sortant et affublé, pour l'occasion, d'un maillot irisé du plus bel effet. La concurrence sera essentiellement à chercher, comme de coutume, du côté des Belges et des Italiens. A ce propos, ce sont les deux seules nations, outre la France, à disposer chez les ténors d'une "Nationale", et ce même si les représentants d'Outre-Rhin auront également le privilège d'aligner huit compétiteurs. Les Espagnols et les Suisses, quant à eux, feront cause commune au sein d'une même formation où Vicente Trueba et à un degré moindre Mariano Canardo voir l'Helvète Albert Buchi auront les faveurs des pronostics. Les Belges emmenés par le duo infernal Félicien Vervaecke et Sylvere Maes annoncent des lendemains qui peuvent s'avérer douloureux pour l'équipe de France même si le "Père Futé", à 24 ans, apparaît encore un peu tendre. Le seul problème, pour les deux représentants d'Outre-Quiévrain, est qu'ils ne forment nullement l'ossature de la formation de leur pays mais qu'ils ont été reversés chez les "Individuels" au sein desquels fourmille une pléiade de coursiers dont l'altruisme n'est pas sensément la vertu première. Quant aux Belges, proprement dit, ils bénéficieront de la présence d'un futur lauréat de la Grande Boucle (1935) et homonyme du "Père Futé", Romain Maes. Enfin, les Transalpins joueront la carte de l'excellent escaladeur Giuseppe Martano mais plus sûrement celle des baroudeurs Adriano Vignoli et Eugenio Gestri ou encore Ambrogio Morelli membre, pour sa part, de la cohorte des "Individuels". Pour les bonifications, outre celles concernant les étapes en ligne, de nouvelles seraient attribuées aux sommets des cols. Henri Desgrange subodorait, à juste titre, que les "chamois" voltigeurs, véritables poids plumes des cimes, étaient par trop désavantagés par rapport aux puissants rouleurs dès que les déclinaisons s'évaporaient. Ces dynamiteurs de pentes basculaient presque immuablement en tête des cols mais trop rare était les fois où ils bénéficiaient encore d'un avantage, ne serait-ce que substantiel, en bas de la descente. Dans la même optique, les chocolats Meunier, qui faisait office depuis 1930 de parraineur en chef des montagnards en distribuant des primes aux plus assidus d'entres eux, se verra allouer un Grand Prix à son nom. Le Grand Prix de la Montagne était né. Enfin, après avoir satisfait aux exigences et souhaits des routiers-sprinters et des grimpeurs, demeurait une caste de coursiers dont on faisait peu de cas depuis la nuit des temps à savoir, les rouleurs patentés. Depuis 1932, Gaston Benac et Albert Baker d'Isy, journalistes attitrés du quotidien "Paris Soir", avaient fomenté puis élaboré avec audace puis succès le "Grand Prix des Nations", long contre-la-montre de 142 bornes entre Versailles et Montrouge. Cette épreuve atypique fournit alors l'occasion rêvée au perspicace et opportuniste, pour la circonstance, Desgrange de contenter tout son monde en intronisant dès 1934 le premier contre-la-montre individuel de l'ère moderne. Celui-ci aurait lieu, deux jours avant l'arrivée à Paris, entre La Roche sur Yon et Nantes distant de 90 bornes. Pour la petite histoire, on notera l'absence très remarquée, à l'aube du 3 juillet devant le siège du journal "L'Auto", de l'inénarrable "Dédé". André Leducq, double lauréat de l'épreuve, en 1930 et 1932, fut tout d'abord évincé de l'Equipe de France par le "Boss" pour une question de sous au profit de "Charlot". Le pétillant Audonien ne s'en laissa pas compté et opta pour la formation Mercier dirigée par le "Grand". Hors, entre Francis Pélissier et Henri Desgrange l'animosité était toujours palpable voir implacable à tel point que c'est au volant d'une luxueuse décapotable que "Dédé" assistera au départ de la 28ème édition du Tour de France. Cette anecdote fera, d'ailleurs, les choux gras de la presse dont le "Petit-Journal" et "Paris-Soir". Les tricolores ouvrirent les hostilités dès le départ. Fidèle à un adage toujours très usité de nos jours "La meilleur défense est encore l'attaque", l'Equipe de France embraya d'entrée et, à défaut de surprendre son monde, fit très mal, mais alors très mal aux formations balbutiants encore l'homogénéité de leur force collective. La démonstration s'avère édifiante. Après un premier succès de Speicher à Lille, où le "Nabot" avait triomphé un an auparavant, c'est Le Grevès qui remet le couvert à Charleville, lors de la deuxième étape. "Tonin le Taciturne", dauphin du Parisien, revêt la tunique jaune immaculé de leader de l'épreuve. Loin d'être rassasiés, les hommes du "Boss" poursuivirent avec le même enthousiasme, le même appétit de prédateur, leur boulimie de succès. Ainsi, Roger Lapébie bissera à Metz et Belfort tandis qu'à Evian, Le Grevès et Speicher se partageront les lauriers de la victoire car arrivés dans le même temps. Si l'on ajoute la nouvelle victoire du Champion du Monde à Grenoble, on aura un aperçu de la main mise gloutonne des "bleus-blancs-rouges" sur la kermesse de juillet. Néanmoins, cette débauche d'énergies et de sacrifices ne se déroulera pas sans heurt ni malheur. En effet, le clan tricolore abandonna prématurément sur le bord de la route, le "Nabot", victime d'une fracture de la clavicule à Belfort et le sprinter maison et leader de l'équipe, Charles Pélissier, malade à Evian, aux pieds des Alpes. A la veille de monter le Galibier pour une arrivée à Grenoble, terme de la septième étape, Antonin Magne possède un matelas conséquent de près de huit minutes sur le Transalpin de la squadra, Giuseppe Martano. C'est exactement en ces lieux divins qu'un Cannois ombrageux et belliqueux à la pédalée onctueuse, à l'assise parfaite, aux déhanchements de ballerines, en un mot, au style d'une élégance rare, allait forger les premiers exploits d'une légende dont Louis Nucera nous narrera avec brio et passion les grandes lignes dans une œuvre dédiée au méridional. René Vietto, bientôt idole de tout un peuple pour les raids solitaires voir suicidaires qu'il entreprenait et adulé comme rarement dès qu'il côtoya le firmament de la notoriété, fut affublé du pseudonyme significatif de "Roi René". Ce dernier va bientôt éclabousser de sa classe et de son altruisme le cyclisme de ces années-là. Apôtre de la "Joconde", il va jusqu'à l'imiter dans sa façon d'être et de paraître à tel point qu'un jour il se fendit de cette réflexion pour le moins flatteuse à l'égard du Transalpin : " Alfredo Binda est le plus grand de tous. Un styliste incomparable. Il pouvait partir dans une course avec un bol de lait sur le dos. Quand il arrivait le bol était encore plein. Aucun déhanchement. Nulle contorsion. Il ne faisait qu'un avec sa machine. L'élégance. La pureté. Un artiste. La beauté en action sur un vélo." Lors de cette étape Aix-les-Bains Grenoble, les coursiers devaient emprunter le Galibier, toit du Tour, toujours appréhendé par la face Nord, la plus ardue, à cette époque. Sous le tunnel qui jouxte le sommet le "lilliputien" Ibère de service, Ezquerra, bascule en tête, bientôt suivi pas René Vietto. Le virevoltant tricolore absorba sa proie dans la descente vers l'Oisans puis l'abandonna à ses trajectoires "olé, olé" pour gagner Grenoble en vainqueur trois minutes devant son compatriote et maillot jaune Antonin Magne et l'Italien Giuseppe Martano, dauphin de ce dernier. Le "Roi René" remit le couvert sans attendre le surlendemain à l'occasion de la neuvième étape Gap Digne. René Vietto prit son envol dès le col de Vars où il fit montre d'une facilité déconcertante voir insolente. Derrière c'est l'hallali. Tous sont logés à la même enseigne. Le Cannois caracole en tête sans faiblir, bien au contraire, impitoyablement il franchit le col d'Allos dans la foulée nanti de la même détermination et doté de la même impression de facilité. A Gap, il assomme un peu plus la concurrence. Trueba limite la casse à moins de trois minutes tandis que la doublette Magne - Martano débourse la bagatelle de plus de six minutes. Finalement, la chance de ces derniers, si je puis dire, a été de profiter, bien involontairement d'ailleurs, de la crevaison de Vietto lors de la première étape. En effet, cet incident de course rejettera le méridional dans les profondeurs du classement mais surtout il accumulera en la circonstance un retard conséquent et rédhibitoire. Après le triplé de René Le Grevès, sur les routes ensoleillés de l'arrière-pays Niçois, le peloton prenait la direction de Cannes. La Turbie ferait office de juge de paix au même titre que les cols de Braus et de Castillon. Ces routes vallonnées et escarpées sont très prisées de notre voltigeur des sommets. Vietto en connaît tous les coins et recoins. Ce sont ses lieux d'entraînement et le public chaleureux et enthousiaste de la région le sait mieux que quiconque. Il est venu en grand nombre encourager le "minot", il ne tombera pas sur un ingrat. A l'instar de ses deux apparitions lors des étapes alpestres, René Vietto écrabouillera la concurrence. Le "Roi René" se présentera au bout de la "Croisette", inondée d'une foule de fanatiques bon enfants et hilares, tel un "conquistador". Ce feu d'artifice, ce panache, cette outrageuse domination n'a, évidemment, pas laissé indifférent journalistes, suiveurs et inconditionnels du vélo de tous poils, à la fois stupéfaits et estomaqués de tant de maturité à un si jeune âge. Toujours est-il, que le leader Antonin Magne ne relâche en aucun cas son attention. Son principal soucis étant le représentant Italien, l'Auvergnat s'acheminait, cahin caha, vers les Pyrénées toutes proches, dernier bastion de la rébellion. Ces Pyrénées seront le théâtre de ce qui fait que le Tour est une épreuve à nulle autre pareille. La légende est en marche, ce qui va suivre marquera d'une empreinte indélébile tous les acteurs et suiveurs présents. L'étape Perpignan Ax- les-Thermes se déroule idéalement pour "Tonin". Le passage au sommet du Puymorens se passe sans incident notoire et en compagnie de Martano, invariablement vissé à son porte-bagages. Le natif d'Ytrac aborde alors la descente en direction de l'Hospitalet. Soudain, le Français, pour des raisons troubles et inexpliquées, perd le contrôle de sa machine et chute lourdement sur le macadam. Plus de peur que de mal, néanmoins, pour le coureur excepté que la jante en bois de sa roue s'est brisée sur un rocher. Pendant ce temps-là, Martano n'a pas demandé son reste et file tel un voleur de grand chemin vers Ax. Vietto est le premier à dépanner son capitaine de route, en pure perte, néanmoins, la roue du méridional n'étant pas doté du même axe, celle-ci refusa de s'emboîter. C'est finalement le Champion du Monde, Speicher, qui mit fin à l'interminable attente en lui cédant sa monture. Aidé de ses compatriotes et après une poursuite impitoyable, Antonin Magne ne déboursera en tout et pour tout que quarante-cinq misérables secondes à l'Italien par ailleurs copieusement conspué. Le lendemain, les rescapés de cette 28ème édition prennent la direction de Luchon. La chaleur étouffante qui règne sur ce Tour est toujours présente et pèse sur les organismes déjà passablement entamés. Dans les premiers lacets du col de Port le jeune espoir Renaud prend la poudre d'escampette. A Saint-Girons, son capital temps est de près de trois minutes sur un peloton amorphe toujours groupé. A moins de cent bornes de l'arrivée, dans les rampes abruptes du Portet d'Aspet un contre énergique se dessine à l'arrière. Vignoli, âme damné de Martano, joue les filles de l'air à l'intention de son leader, qui ne pipe mot, toujours scotché à la roue de l'Auvergnat. Au somment du Portet d'Aspet, Renaud bascule seul en tête devant Vignoli dans l'aspiration. Ce dernier précède alors Vietto et Gyssels de plus d'une minute, Martano et Geyet de deux minutes. Magne, accompagné de Lapébie, Vervaecke, Morelli, Maes et Franzil pointe vingt secondes derrière le leader Transalpin. Dans la descente le "Roi René" attend "Tonin le Taciturne" qui se colle à la roue arrière du Cannois. Requinqué Magne laisse filer Vietto à l'avant. La descente se poursuit sans heurt ni malheur. Pourtant, au bas de celle-ci, un nid de poule se présente devant la roue avant de l'Auvergnat comme par enchantement. Sous l'effet du choc violent et assourdissant, la chaîne a littéralement explosé. Non seulement elle a sauté de son support mais, comble de malchance, les maillons la constituant sont inexorablement et définitivement vrillés. Un long silence suit le drame qui se noue. Antonin Magne, le visage décomposé d'où perlent quelques larmes, demeure interdit, prostré le long de la route sur laquelle défilent toujours les retardataires insensibles à la détresse du persécuté. Vietto, qui ne soupçonne, apparemment, pas le moins du monde ce qui se passe à l'arrière, est loin devant. Quant aux autres tricolores, ils évoluent au trente sixième dessous, à des années lumières de la tête de course. Tout est perdu, se dit alors "Tonin". Malheureux, dépité et l'amertume à fleur de peau l'Auvergnat contemple une dernière fois son beau et futile dorénavant maillot jaune. Alors qu'il s'apprêtait à rebrousser chemin, "Tonin" aperçois une silhouette pédestre qui remonte la pente dans sa direction. Le flou s'estompe à mesure que l'homme se rapproche. Soudain, le visage du maillot jaune s'éclaircit, on voit alors poindre une esquisse de sourire puis ses yeux s'embrument de larmes. Le "Roi René", petit bonhomme altruiste et bourré d'un talent naissant, rejoint bientôt son compagnon d'infortune et lui offre gracieusement sa bicyclette. Le conciliabule qui s'ensuivra demeurera leur secret. Toujours est-il qu'Antonin Magne accompagné de Roger Lapébie, revenu de l'arrière, se lancera dans une poursuite effrénée et qu'il ne tardera pas, toute hargne dehors, à recoller au groupe de tête sous les yeux incrédules d'un Martano dépité. A l'arrière, le pauvre Vietto, attendant en vain une assistance qui ne viendra que très tardivement, sanglote et pleure, la tête entre ses mains tremblantes, une victoire d'étape à Ax-les-Thermes, qui lui était promise, ainsi qu'une probable troisième place sur le podium à Paris. A l'arrivée, le soir, les louanges et messages d'admiration adressés au "Roi René" à propos de son dévouement sans borne, de son don du sacrifice firent, évidemment, la une de toute la presse du lendemain. Un plébiscite légitime en faveur du Cannois tel que l'Auvergnat ne tardera pas à prendre ombrage. Il se promit d'inverser la tendance dans les prochains jours. "Tonin" monstre d'abnégation et d'orgueil, fit tout exploser dès l'étape de Luchon - Tarbes, du lendemain. Dès Peyresourde, il atomisera le peloton. Martano un moment dans sa roue, perdit pied sous les coups assénés avec rudesse par l'Auvergnat. Le maillot jaune transcendé poursuivit son envolée nanti d'une volonté farouche de clouer le bec à ses détracteurs. Au sommet, il précédait son dauphin au général d'un peu plus d'une minute. Peu enclin à ralentir, Magne accéléra encore dans la descente. La vallée, il l'absorbera tel un contre-la-montre en position bec de selle. Le col d'Aspin se présentera alors. "Tonin", coureur d'expérience, l'appréhendera avec une sobriété déconcertante. Montant au train sans à coup à son rythme, régulier et linéaire. Seul Trueba fera illusion sur Aspin lorsqu'il passa à une vingtaine de secondes du maillot jaune au sommet. Mais le sage et rusé Antonin Magne en avait gardé sous la socquette à l'inverse du Transalpin. Si bien que sous la banderole d'arrivée à Tarbes, l'Auvergnat coupera la ligne plus de six minutes devant Trueba. Quant à Martano, en perdition, il se présentera plus de treize minutes après notre héros du jour. Un camouflet. La messe était dite. Le lendemain, Vietto, poursuivra son festival et après un raid solitaire, dont il avait le secret, terminera en solitaire à Pau et s'installera définitivement à la cinquième place du général. "Tonin le Taciturne", pour sa part, enfoncera le clou en dominant aisément le premier contre-la-montre de l'histoire de la Grande Boucle. A cette occasion, l'Auvergnat devancera Lapébie de plus d’une minute sur les quatre-vingt-dix bornes entre La Roche sur Yon et Nantes. Finalement, Antonin Magne remportera son deuxième Tour de France, en ayant porté la tunique jaune dès le deuxième jour, avec une demi-heure d'avance sur Giuseppe Martano et plus de cinquante minutes sur Roger Lapébie. Le mot de la fin sera l'œuvre de Georges Briquet qui, répondant à ceux qui pensaient que sans ses sauvetages inespérés le "Roi René" aurait remporté ce Tour, analysera : " Vietto a pris la cinquième place du général avec une heure de retard sur Magne et il n'a jamais été en mesure de conquérir le maillot. Son retard a toujours été de trente à quarante minutes, et même de plus d'une heure. Mais une légende vient de naître, on n'osera pas y toucher elle est si émouvante !". Celui, dont la phrase mythique restera gravée dans les mémoires "Mais qui parle d'abandonner ? Un Vietto n'abandonne pas, il se retire..." ne sera jamais en mesure de remporter le Tour de France (2ème en 39 et encore 5ème en 47) mais demeurera dans le cœur des Français comme un homme hors du commun. Michel Crepel
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Chacun fait sa route avec ses moyens, le reste c'est de la littérature à deux balles de "pro-machins" contre d'autres "pro-machins" ! C'est ce qui fait avancé le "schmilblick", en l'occurrence, ici, le forum ! Dont raisonnement ainsi que ton analyse est des plus correctes, personne ne te contredira là dessus, car j'ai exactement vu la même chose que toi (trois fois) ! Cela n'empêchera pas les pro-Pistolero de traiter les Astana de "chiens" et Landa de "Pute à boyaux" ! Les Astana ? Les "pro-Kazakhs" peuvent toujours invoquer l'attitude de "Fanfaron estropié" adopté par Contador lors et bien après sa chute. Toutes ces péripéties sont l'essence même du sport et du cyclisme en particulier depuis la nuit des temps ! J'en relate depuis un moment et continuerai à en dispenser à ceux qui souhaiteront les parcourir, après ....qui vivra, verra.😉 http://www.radio51.eu/giro-les-trois-glorieuses-du-blaireau-bernard-hinault-au-giro.html
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Valverde a été suspendu de mai 2010 à 2012 ! Toutefois, tous les résultats de son début de saison 2010 ont été supprimer, cela fait donc deux ans ! Basso, mai 2006 à octobre 2008, et il conserve ses résultats de 2006 dont le Giro ! Pourquoi reporter votre frustration Basso sur les épaules de Valverde ? Ils ont payé tous les deux point barre ! Valverde possède sans doute plus de talent que Basso voilà tout !😉
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Tu as raison, Clément, chacun trouve son plaisir dans le vélo et il n'est pas nécessaire que le plateau soit dense. D'ailleurs souvent la densité des "cadors" ne fait pas la qualité du spectacle, loin de là ! Les forces en présence s'annihilent et cela tourne finalement souvent en eau de boudin ! Mais les "Bobos" passionnés (oui cela existe !!!) sont "joissent" car ils pourront raconter, plus tard, à leurs petits "pilons", et claironner, vociférer "J'y étais !". Oui, ils auront vu, c'est vrai, Nibali, Contador, Quintana et Froome se tirer la bourre durant 3 bornes,ensemble ! Quel panard ! 10 minutes de transe pour cinq heures de "cuvette" !😉