Jacques LITAIZE

C'est curieux votre réaction, à toi et à Patrick. Rien ne me choque dans une telle décision de justice. Le nom patronymique est un attribut de la personne, inaliénable et imprescriptible, mais son exploitation commerciale doit respecter certaines règles, notamment celle de la protection des marques. Si tu t'appelles Maurice Chanel et que tu te mets à fabriquer et vendre des parfums sous la marque de ton nom patronymique, la maison Chanel (celle créée par Coco) sera parfaitement fondée à faire cesser la plaisanterie. Je ne connais pas les détails de l'affaire que tu évoques, mais si les juges ont rendu une telle décision, il y a tout lieu de penser qu'il pouvait y avoir une possibilité de confusion créant un préjudice.

Demande à quiconque si il préfère continuer à travailler avec une rémunération divisée par 60 ou 80, ou partir en retraite avec cette rémunération maintenue, tu auras la même réponse à 99,99 %. Je ne sais pas pour toi, peut-être ne travailles tu pas pour de l'argent, peut-être que l'argent c'est sale pour toi. Autant il est évident que l'argent entre pour beaucoup dans la motivation de faire carrière dans le vélo, et de continuer (mais c'est vrai pour toutes les professions), autant rien ne prouve que c'est la SEULE motivation. Et puis qu'est ce que ça peut bien faire que tel ou tel coureur coure avec l'argent pour seule motivation ? Tu y penses quand tu regardes une course, ça gâche ton plaisir ? Quelle curieuse obsession.

Aucune importance qu'ils fassent ce métier pour eux, pour la gloire ou pour l'argent. Que ce soit Froome, Sean Penn ou Tartempion, tout ce qui compte c'est le plaisir qu'ils procurent, grâce à leur talent, qui n'est donc pas égoïste puisque leur public en profite. Et tu es bien présomptueux pour décréter que ce plaisir procuré aux autres ne les intéresse que pour la gloire et l'argent. Moi je pense le contraire, vois tu. Sinon, je félicite quelqu'un pour m'associer à un évènement heureux, pas pour son talent.

On ne félicite pas, pas moi en tout cas, on admire, et on remercie si ce talent est mis au service de la société. Par exemple, malgré ton compliment, je n'ai certainement pas assez de talent pour être Ministre des Sports, alors je remercie celui qui a ce talent et qui se coltine le boulot. Toi, tu as pas mal de talent, mais je n'arrive pas à l'admirer, sûrement à cause de l'usage que tu en fait.

Le talent est inné, mais sans technique un don n'est qu'une sale manie, et ce n'est pas moi qui le dit, c'est un type qui en avait un peu et qui savait sans doute de quoi il parlait. Aucun mérite à féliciter celui qui en a ? Je remets les mots dans le bon ordre pour essayer de traduire ta pensée : celui qui en a ne mérite pas d'être félicité. J'ai bon ? Mais je ne félicite pas, j'admire (sport, arts, etc...). J'admire le talent, et le travail. Moins tu as de talent, plus tu as de travail pour arriver au sommet, c'est la somme que j'admire. L'argent du champion, je m'en fous royalement, il n'altère en rien le plaisir que ce dernier peut me procurer.

Je crois aussi beaucoup à Miguel Angel Lopez, encore plus jeune, et qui m'a scotché sur le Tour de Suisse.

Dans les leaders capables de gagner le Tour, il y a aujourd'hui incontestablement Froome et Quintana. Et c'est tout. Contador est sur la pente, Nibali (de toute façon moins fort que les deux cités) aussi. D'autres bien sûr peuvent gagner, "sur un malentendu" ou "par accident" comme tu dis. Et à ce jeu là, Bardet qui fini 2ème d'un TDF très relevé, en vaut bien un autre. Après tout, une chute de Froome (qu'évidemment je n'aurais jamais souhaité), et il gagnait le Tour "par accident" (en ayant quand même donné quelques coups de pédales).

La pression, c'est inhérent à la compétition, elle est la même pour tous, Français comme étrangers. Savoir la gérer, et même la transformer en atout, fait partie du talent d'un champion. Sinon, j'ai à peu près la même perception que toi des champions. D'abord, tout simplement, je les admire, c'est sans doute un peu puéril, mais si on se passionne pour les compétitions sportives, c'est qu'on est resté un grand enfant, car le plaisir qu'on y prend n'a rien de rationnel. Je suppose que c'est même totalement incompréhensible pour ceux qui n'adhèrent pas. Ensuite, je les respecte, car ils sont meilleurs dans leur domaine que je n'ai jamais été dans le mien. Je mesure la somme de talent et de travail au quotidien que cela représente, et dont beaucoup je crois n'ont pas idée. Pour ces raisons, je ne les critique jamais pour leurs performances, pour une défaite, pour une course ou un match raté. Je sais qu'ils sont bien plus déçus que moi. Mais seules critiques peuvent éventuellement porter sur des comportements, des tricheries, des renoncements (encore que...il faudrait être dans leurs têtes), ou des déclarations inappropriées, mais c'est rare. Je suis toujours sidéré par l'avalanche des critiques qui s'abattent sur celui qui n'a pas encore gagné, qui aurait "dû" gagner, qui ne gagne plus. La rançon de la gloire et de l'argent (quand il y en a !) me dira-t-on, mais je ne vois pas les choses comme ça. Déjà, se faire siffler, insulter, menacer parfois simplement parce que tu es l'adversaire (essentiellement dans les sports collectifs, le foot ayant le pompon), c'est difficilement supportable. Ensuite, quel que soit ton niveau, si tu n'es pas le meilleur au monde, tu finis toujours par te faire critiquer. Tu es 6ème mondial dans ta spécialité, pratiquée par des centaines de milliers ou des millions de personnes ? Plutôt qu'apprécier cette performance considérable, on va te demander pourquoi il y en a cinq devant toi (et pour les Français, on va te dire que tu manques de mental et que tu ne travailles pas assez). Tu es le meilleur au monde : on va te suspecter de tricher, surtout si tu es d'une autre nationalité. Finalement, tout ça fait peut-être que je les aime encore plus. Pour Pervis, c'est évidemment un grand champion dont la brutale baisse de niveau est surprenante. Il est possible que la Fédération n'ait pas mis les moyens nécessaires pour le mettre dans les meilleures conditions, et ce serait regrettable. Mais à vrai dire, je n'en sais rien, je ne suis pas qualifié pour me prononcer.

On peut comparer les palmarès de Landa et de Bardet si tu veux...

Tant qu'à faire, il vaut mieux écrire "Cher Maître", comme tu as dû l'apprendre dans ta jeunesse.

Dans le même registre, que n'a-t-on pas entendu sur la victoire de Marion Bartoli à Wimbledon (après avoir déjà été finaliste), sous prétexte qu'elle n'avait battu aucune Top 10 (qui étaient pratiquement toutes dans le tournoi). Fin de la parenthèse tennis.

Sauf que si tu remplaces politique par cyclisme et Europe par cyclistes français, eh bien justement, pour moi, tu n'as pas bon.

Tu as de solides références.

Tu sais, même le 2ème place de Bardet cette année c'est un malentendu qui a bénéficié à un second couteau, alors...

Exact, j'ai focalisé sur les abandons de Froome et Contador, et l'absence de Quintana.Valverde, c'est quand même un cran en dessous sur les grands tours.

Pinot et Péraud n'ont pas battu de cadors en 2014, d'accord. Bardet un malentendu ? Un peu facile, non ? Il me semble qu'il a fait une course intelligente et qu'il a appuyé sur les pédales suffisamment fort au bon moment. Quintana, Valverde, Aru et tutti quanti battus à la régulière. Moi aussi j'aimerais un super du type Froome ou Contador, (comme un Djokovic ou un Nadal en tennis), mais en attendant, parler de néant ou de deuxième division n'est pas correct.

Je ne pense pas être chauvin, mais il ne faut pas tomber dans l'excès inverse. Bardet finit 2 ème d'un TDF en battant tous les meilleurs sauf un. Démare gagne MSR. Alaphilippe additionne des deuxièmes places dans des grandes courses. Alors si nous ne sommes pas dans la dimension d'un Froome, d'un Contador, d'un Cancellara, d'un Sagan, je trouve que ces résultats méritent plus le respect que la condescendance si ce n'est le mépris. Sans même parler de l'espoir, car nos coureurs sont encore jeunes. Il y a dix ou quinze ans (depuis Jalabert en fait), il n'y avait presque rien.

Des podiums au TDF, des victoires et des podiums dans des classiques ou semi-classiques, des victoires en WT. Mieux en tout cas qu'il y a 10 ou 15 ans. Les salaires ne regardent que ceux qui les payent et ceux qui les touchent.

"Les Anglais se gaussent de leurs victoires..(.sous-entendu : les Français reçoivent la victoire avec classe et humilité), peu importe la manière (= tous les moyens sont bons), alors que nous bien sûr, artistes et chevaleresques, n'attachons d'importance qu'à la manière (comme Mekhissi-dont je peux comprendre la démarche-aux derniers JO). Pardonne-moi, il me semble quand même que tu nous donnes le beau rôle. Outre que ces affirmations ne sont pas confirmées par mes propres observations, j'y vois de l'arrogance, désolé. Chacun se fera sa propre opinion. Tu te contrefiches du comportement des sportifs, tu n'es pas le seul. Dès l'instant où ils représentent la France, ce comportement m'importe, et la sélection de certains me gêne un peu, je suis sûrement vieux jeu. Cela prouve en tout cas que même pour nous, seule la victoire est belle. Ta comparaison avec les Enarques et politiciens est amusante, dans la mesure où justement on leur demande à eux d'être exemplaires et irréprochables, et que leurs écarts sont immanquablement livrés à la vindicte populaire. Ce qui vaut pour les hauts fonctionnaires et politiciens ne vaut pas pour des sportifs qui représentent la France, soit. Mais hautement discutable. Tu distingues les Anglais des autres sujets de sa Gracieuse Majesté. Pas moi. L'éducation sportive est la même pour tous. La population d'un pays est sans rapport avec ses résultats sportifs. Voilà une bonne nouvelle pour Andorre et le Luxembourg, qui pourront truster les médailles à l'avenir. Bon, certains pays peuvent briller dans tel ou tel sport sans avoir une population importante, pour des raisons culturelles qui font qu'ils y consacrent l'essentiel de leur talent (rugby en NZ, ski en Autriche, etc...), mais quand même... L'obésité ? même si l'activité physique est importante, les habitudes alimentaires me semblent primordiales. Tu conclus en disant que si les Britanniques (pardon, seulement les Anglais) remportent des succès, c'est qu'ils concentrent d'énormes moyens sur une élite, alors qu'en France c'est le sport pour tous...Sérieux, tu crois que c'est difficile de faire du sport en Angleterre si tu n'es pas un champion ? Tu n'as pas l'impression que chez eux, le sport est plus important que chez nous à l'école et à l'Université ? Quant à notre système éducatif sacrément élitiste, alors qu'il faut maintenant faire une demande écrite pour ne pas avoir son bac, et que le mot "sélection" file des boutons à notre ministre de l'Education Nationale.... Bon, bref, des points de vue inconciliables, c'est la vie. Mais quand même une petite pointe de xénophobie dans tes propos, assez partagée il faut le dire sur ce forum (et sans doute ailleurs).

Ma formulation est certainement excessive et maladroite. Elle est due sans doute : - à un certain agacement - à l'impression laissée par les Britanniques aux JO, car comme le précise Vivien, je prends en compte le cyclisme sur piste. - au fait que sur route, nous n'avons pas eu depuis longtemps un coureur du calibre de Froome, Wiggins ou Cavendish. Pour autant, je ne suis pas de ceux qui disent que le cyclisme français, "c'est le néant", ni même "qu'il joue en 2ème division", surtout avec la génération actuelle.

Déjà, une petite remarque liminaire : je te parle des Britanniques, tu me parles des Anglais...c'est drôle d'ailleurs quand tu dis "Enlève l'Ecossais Murray et les Anglais etc..." Comparons donc ce qui est comparable : l'Angleterre a 10 millions d'habitants de moins que la France, il faut donc comparer notre pays avec la Grande-Bretagne qui a à peu près la même population, et dont l'EDUCATION sportive est sensiblement la même dans chacune de ses composantes. Observons cependant que dans les sports collectifs, la Grande-Bretagne divise ses forces ce qui l'affaiblit et diminue ses chances de victoires. Je ne vais pas reprendre tous les sports pour déterminer qui est meilleur en quoi, ce qui n'est d'ailleurs pas forcément significatif, tous les sports ne se valent pas en termes d'audience et de concurrence internationale. Quelques remarques cependant sur ceux que tu cites : - en rugby, les seuls Anglais sont nettement devant nous, historiquement, et actuellement. - volley, basket, handball (sport à l'audience régionale, dans lequel des pays comme le Danemark ou l'Islande apparaissent comme des cadors), ok : les Britanniques n'en n'ont pas la culture. - football : l'équipe de France a un plus beau palmarès incontestablement. Mais n'oublions pas la division des forces. Et au niveau des clubs, la France n'existe pas contre la seule Angleterre, même à une époque où les équipes n'étaient pas constituées à 90 ou 100 % par des étrangers. - tennis : d'accord sur le constat, pas sur la formulation, le tennis français, loin d'être ridicule, étant collectivement un des deux ou trois plus forts du monde depuis 25 ans, à défaut d'un champion de type Murray capable de gagner un GC masculin. Ce que je veux dire, c'est qu'en Grande-Bretagne (et en général dans les pays anglo-saxons) le sport fait partie de l'éducation de la personne, bien plus qu'en France, même si les choses évoluent favorablement dans notre pays. Chez eux, plus de tradition, plus de culture sportive (cf. les affluences dans les stades, et même, ô paradoxe, sur les routes du Tour de France lorsqu'il est passé chez eux). C'est comme ça , aucune auto-flagellation. Au contraire, je te rejoins pour me féliciter du rang tout-à-fait honorable de notre pays dans le concert mondial, et dont le mérite revient à nos champions (que je soutiens toujours alors qu'un de nos sports favoris est de les descendre en flammes après les avoir vénérés), mais aussi, quoi que tu en penses, à nos dirigeants qui ne doivent pas être si nuls que ça. J'ai connu le sport français au début des années 60, c'était le désert, et un très gros travail a été fait depuis. Après, c'est sûr que selon les époques, il y a des fédérations qui sont mieux gérées que d'autres. Pour en revenir au cyclisme, dans lequel nous n'existons plus devant les Britanniques, tu expliques toi-même que ces derniers ont pris la décision de promouvoir ce sport et d'y mettre les moyens. Eh bien ils ont réussi, il n'y a qu'à dire bravo sans être jaloux, et se prendre par la main pour essayer de faire mieux. Trois remarques pour terminer : - la GB nous a largement battu aux JO et aux Jeux Paralympiques. - je refuse le postulat, en dehors de toute preuve, selon lequel on gagne parce que nous sommes les meilleurs, et on perd parce que les autres ont triché. - ta dernière phrase est d'une arrogance confondante. Je ne vois pas en quoi Froome, par exemple, se gausse de ses victoires, pas plus d'ailleurs que les sportifs britanniques en général, mais ça m'a peut-être échappé. Quant à nous, nous avons certes des champions brillants et humbles, mais pour gagner à tout prix, on n'hésite pas par exemple à sélectionner des escrocs (les frères Karabatic), un voyou (N'Gapeth), et on ne crache pas sur une petite mimine de Titi Henry pour se qualifier en Coupe du Monde de foot. Toujours pour la manière, le jeu de la France 1998 par exemple, n'était pas des plus excitants, pas plus que celui de notre rugby depuis, depuis...longtemps ! Alors soyons fiers de nos champions, mais évitons de donner la leçon aux autres.

Je répondrai plus tard, mais ta dernière phrase m'a fait beaucoup rire.

Né et ayant grandi à Gérardmer, y ayant ensuite passé des vacances tous les ans, et y résidant actuellement plusieurs mois par an, je m'inscris en faux contre tes affirmations. Il fait toujours beau et chaud (contrepèterie belge...) à Gérardmer ! Sauf, peut-être, à la rigueur, parfois, fin octobre...

Dans ces conditions, pas étonnant que les Britishs, qui sont moins cons et qui mobilisent des moyens, nous mettent la pile. La GB, qui a inventé la moitié des sports, a une bien plus grande culture que la France dans ce domaine. Le sport est bien plus important chez eux que chez nous, il est normal que globalement, ils nous dominent.

Je suis de ton avis, ces "Championnats d'Europe" ne me semblent pas une bonne idée dans un calendrier déjà très chargé, qui ne manque pas de courses prestigieuses. J'ai d'ailleurs l'impression que l'écho médiatique reste modeste. Sans creuser, je ne sais pas si il y a un autre sport avec chaque année un championnat du monde et un championnat d'Europe (quid dans les autres continents ?), y compris dans les années olympiques. A multiplier les titres, on les dévalorise.