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15 mars 1971, Jean Pierre Monséré nous quittait.


Michel CREPEL

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15 mars 1971, le jour où disparu Jean Pierre « Jempi » Monséré.


  


Il y a au fil du temps, dans l'existence, en générale, et dans le sport, en particulier, des destins tragiques qui relativisent toutes notions d'exploits, de courage et de dépassement de soi. Les tragédies bénéficient, si j'ose dire, d'une remise en cause, d'une prise de conscience collective, afin que de telles situations dramatiques ne se reproduisent pas. Parfois, ces drames peuvent être évités, c'est le cas qui nous occupe, d'autres fois c'est réellement le destin, les aléas de la vie et du sport, qui frappent ainsi au hasard.


 


Nous sommes à l'aube des années 70 en pleine hégémonie « Cannibaliste ». Le « Roi » Eddy Merckx règne, en maître sur le peloton, en despote insolent depuis bientôt trois saisons et l'avenir ne s'annonce pas sous les meilleures auspices pour les adversaires du Belge, étant donné le jeune âge du bonhomme (25 ans) et donc la grande marge de progression dont il doit bénéficier en rapport à son expérience future. Pourtant, dans les chaumières d'outre-quiévrain, il se murmure qu'un jeune présomptueux serait sur le point d'éclore.


 


La rumeur enfle et grossit en même temps que les exploits naissants d'un tout jeune garçon du nom de Jean Pierre Monséré. Le natif de Roulers, cité des Flandres Occidentale, vivier à champions tels Gilbert DesmetPatrick Sercu et aujourd’hui Jens Debusschere, n'est, d'ailleurs, pas sans rappeler, pour les jeunes d'aujourd'hui, un certain Franck Vandenbroucke. Même tempérament à la limite de l'insolence, mêmes revendications tonitruantes, même égoïsme exacerbé mais surtout même classe intrinsèque, deux purs diamants à l'état brut. Jean Pierre Monséré, se fait distinguer la première fois en devenant Champion de Belgique amateur en l'an 68. L'année suivante (1969), il devient le dauphin du Danois Leif Mortensen lors des Championnats du Monde amateurs. Nous sommes à la fin du mois d'août, date traditionnelle des Mondiaux d'antan. Le jeune homme passe professionnel dans la foulée et un mois plus tard, en octobre donc, il est déclaré vainqueur, à sa première participation à une classique, du Tour de Lombardie suite au déclassement du sprinter Hollandais Gerben Karstens, convaincu de dopage.


 


Le jeune prodige, alors, commence à inquiéter singulièrement son Altesse Eddy Merckx, mais aussi Walter Godefroot,Éric Leman et consorts, mais plus encore les adversaires des Belges en général, qui s'autorisent à penser, à juste titre d'ailleurs, que les miettes laissées, par ci, par-là, par les sujets de sa Majesté le Roi Baudouin, seront inévitablement happées, tel l'Ogre dans le « Petit Poucet » par ce nouveau « Conquistador ». Français, Italiens, Espagnols, Hollandais, Allemands et Suisses commence à voir, fatalement, d'un mauvais œil l'émergence de pareil trublion. Meilleur ami du« Gitan », il en avait la personnalité atypique, extraverti en diable, rusé, malin voir comédien à ses heures les plus fastueuses. En compagnie de Roger De Vlaeminck, donc, il échafaudait des plans drastiques pour stopper l'hémorragie« Merckxienne ».


 


Son premier titre de gloire, hormis son succès lors de la « Classique des Feuilles Mortes », en Lombardie et qui sera, hélas, son dernier, il l'obtiendra avec une maestria de vieux briscard lors des Championnats du Monde professionnels deLeicester, en Grande Bretagne fin 70. A cette occasion, il deviendra Champion du Monde au nez et à la barbe de tous les ténors du peloton de l'époque. Signe du destin, déjà ? Il coiffe à l'arrivée, celui-là même qui l'avait privé, un an plus tôt, de la tunique irisée amateur à savoir Leif Mortensen, le Viking ! Ce fut une course échevelée, sans réelle difficulté bouclée à plus de 41 cm/h de moyenne pour une distance conséquente de 272 bornes. Monsieur, échappée en compagnie de  « notoriétés » tels Gimondi (3ème), Godefroot (7ème), Bitossi (9ème), De Vlaeminck (11ème) ou encore Altig (15ème) et Guimard (14ème), fit preuve d'un culot hors norme pour venir châtier sur la ligne d'arrivée des coursiers plus aguerris à pareilles pressions.


 


On notera, pour la petite histoire (course d'équipe oblige), l'arrivée en 29ème position d'Eddy Merckx au sein d'un premier peloton réglé pour la circonstance par le lauréat de la Grande Boucle 68, le rapide Néerlandais à lunettes, Jan Janssen. De cette notoriété naissante, le Belge montrera, alors, un tempérament extravagant à la limite du supportable. Dénué de scrupule, il dénoncera des contrats pourtant dûment authentifiés, s'épanchera dans des déclarations irrévérencieuses à l'égard de son entourage. Il ira, même, jusqu'à s'enrôler en compagnie de sa formation dans des critériums se déroulant le même jour ... Pourtant, ses frasques inconsidérées trouveront un épilogue, sans commune mesure, néanmoins,  avec le drame du 15 mars 1971.


 


Ce jour-là a lieu un critérium et comme tant de critérium, la sécurité y est moindre. La circulation y est régulée en amont et en aval de la course. Toutefois ce jour-là, au cœur du peloton de ce Grand Prix de Retié, un irresponsable a démontré, une nouvelle fois, l’égoïsme et l’indiscipline chronique de nos contemporains, en général, et des automobilistes en particulier. Refusant de stopper à une intersection, le contrevenant vint percuter de plein fouet Jean Pierre Monséré qui, projeté sur le macadam, décèdera sur le coup victime d’une fracture du crâne. Le destin vous dis-je car, en effet, l’enfant de Roulers(prédestiné ?) avait longuement hésité avant de, finalement, se décider à prendre part à l’épreuve. Mal lui en prit, il venait de fêter (septembre) ses 22 ans ! Sa mort suscita un énorme traumatisme au « Royaume du Vélo » qu’est la Belgique à cette époque (elle l’est toujours rassurez-vous), car Monséré, en dehors d’un caractère trempé et l’insouciance d’un enfant, trop tôt, gâté réalisait, alors, un début de carrière exceptionnelle et nul doute que le paysage du cyclisme des années 70 en aurait été, inexorablement, bouleversé.


 


Personnellement, à cette époque bénie des dieux du cyclisme, je dénonçais vertement mais toujours sportivement l’hégémonie de Merckx (j’ai révisé mon jugement depuis fataliste et résigné devant tant de classe faite homme) et mon souhait le plus cher était de voir surgir un « clone » du « Cannibale » qui à l’instar d’un Roger De Vlaeminck, par exemple, viendrait tailler en pièce celle-ci. L’éclosion puis le décès de Jean Pierre, je l’ai ressenti, alors, comme une immense injustice envers l’homme, bien sûr, mais aussi envers le cyclisme car la Légende, la vraie ce sont les coureurs qui la font, la vivent, l’écrivent et la colportent de génération en génération, en aucun cas c’est le destin ! 


  


Michel Crepel

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merci Michel de nous rememorer ce souvenir qui m avait moi aussi affecté et rendu bien triste,a l aube de mes 18 ans Monseré etait un champion avant meme de l etre en devenir,il gagnait beaucoup a ses tous debuts et sa fin tragique me rappela celle de Stan Ockers qui lui etait bien plus avancé dans sa carriere.Sa me rappelle aussi la mort de Saint dont je ne me souviens plus le prenom et qui commençait sérieusement a menacer Anquetil;et puis il y eut Roger Riviere

que de champion au faite de leur gloire ont jalonné l histoire du cyclisme,faite de drames comme aucun autre sport n a eu a en subir.

tu viens de faire resonner dans mon cerveau le nom de Monseré que le temps avait effacé de ma memoire,tu m as replongé dans ma jeunesse;dans l ère d'un cyclisme different non asseptisé ou les champions ne craignaient pas le contre,et ou l attaque etait devenu,le but ultime de la plupart d entre eux.Dans Paris Nice dimanche,Contador m a rappelé a ce souvenir,car c est celui là le vrai cyclisme;celui qui a batti sa legende,c est celui que l on aime

merci encore MICHEL

 

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Destin tragique d'un jeune coureur très prometteur et dont la famille ne sera pas épargnée non plus.

Je recopie ce que j'en avais déjà dit, il y a longtemps:

Jempy Monseré: une carrière de grand champion brisée:

Vidéo principalement en néerlandais, mais les images parlent d'elles-mêmes.

Monseré, grand ami de Roger De Vlaeminck, était certainement une graine de grand champion. Un mois après être passé pro, il gagne le Tour de Lombardie, puis devient champion du monde l'année suivante. Avant son accident, il était prêt pour disputer Milan San Remo qu'il voulait gagner. Rapide au sprint, on aurait vu une belle bagarre avec Merckx.

Le jeune fils de JP Monseré, Giovanni, perdit la vie un peu plus plus tard dans un accident de voiture similaire avec un petit vélo de course offert par Freddy Maertens.

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