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Tony Martin : selle recouverte de papier de verre !


Franck PASTOR

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Avez-vous remarqué comme moi que les coureurs de contre-la-montre font aujourd'hui systématiquement du bec de selle ?

Selon Claude Genzling, faire du bec de selle vient souvent d'une position trop avancée. Le secteur de puissance lors du pédalage est alors décalé vers le bas, ce qui déporte le cycliste vers l'avant de la selle lors d'efforts intenses.

Or la position de coureurs contre-la-montre est aujourd'hui particuliÚrement avancée, ce qui ne fait qu'accentuer cette tendance.

C'est certainement pour de bonnes raisons de rendement, mais le résultat, c'est que les coureurs glissent progressivement vers l'avant de la selle au cours des CLM. Tellement qu'ils doivent corriger trÚs souvent leur position vers l'arriÚre.

Pour Contador, par exemple, ça doit ĂȘtre toutes les quatre Ă  cinq secondes qu'il se repositionne sur le croissant de la selle dans les chronos qu'il court
 Et j'ai encore souvent vu ça chez beaucoup de coureurs, si ce n'est pas tous, dans le championnat d'hier.

Ça doit quand mĂȘme ĂȘtre nĂ©faste pour le rendement!

Ça ne convient pas en tout cas Ă  Tony Martin, qui a trouvĂ© une parade : recouvrir sa selle de
 papier de verre, comme ça il glisse moins vers le bec de selle.

Mais son cuissard, lui, ne dit pas merci. Témoins ces photos spectaculaires : 

http://sporza.be/cm/sporza/extra/opvallend/1.2451004

Ça me fait me poser des questions peut-ĂȘtre naĂŻves : ne pourrait-on pas gagner en stabilitĂ© sur la selle d'une autre maniĂšre ? En reculant la position par exemple ? Est-ce si capital que ça pour le rendement d'avoir des positions aussi avancĂ©es ?

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Il me semble que ce sont les triathlÚtes qui les premiers ont pris cette position trÚs avancée qui permet je crois d'optimiser la force appliquée aux pédales. 

Malheureusement je n'ai pas de rĂ©fĂ©rence Ă  te donner sur son intĂ©rĂȘt au point de vue du rendement, mais il faut bien voir qu'aujourd'hui il ne s'agit pas de produire le max de watts, mais de maximiser le rapport watts/SCx.

Donc, si on perd 5% de rendement, mais qu'on réduit le SCx de 10% c'est tout bénÚf.

Sans aller jusqu'à la toile émeri, d'autres utilisent diverses recettes anti-glisse.

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Etre aussi avancé permet d'appliquer la force sur la pédale dans l'axe vertical. Par ailleurs tu travailles plus avec les cuisses (plus de force dans les cuisses que dans les mollets). 

Les triathlÚtes avancent leur selle au maximum et n'ont pas besoin de faire du bec de selle... les cyclistes ont une réglementation différente avec un recul du bec de selle de 5 cm mini par rapport à l'axe du pédalier, du coup ils sont obliger de faire du bec de selle. 

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Cette position est adoptée pour des raisons de gains aéro.

En fait, avec une position "classique", il n'est pas possible de baisser le guidon plus que dans une certaine mesure, car cela modifie l'angle cuisse/tronc.

En revanche, en basculant tous les appuis sur l'avant, les coureurs conservent le mĂȘme angle cuisse/tronc, tout en baissant le guidon, et la tĂȘte.

Et si on raisonne en termes de recul de selle, finalement, ça ne change rien, puisque c'est tout le corps qui pivote autour du pédalier.

En revanche, ça modifie l'assiette de la selle bien sûr, qui n'est plus droite mais orientée vers le bas, toujours pour respecter ces fameux angles. C'est pour cela que les coureurs ont tendance à glisser, parce que leur selle pointe vers le bas.

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Il faut croire qu'au contraire, les triathlÚtes passent leur temps sur l'avant de la selle. Au point d'avoir des selles renforcées sur l'avant ! En témoignage cet article :

http://ironmarc.over-blog.com/article-15456779.html

Et c'est logique : comme je l'ai rappelé et selon Claude Genzling, spécialiste de l'ergonomie cycliste, plus on a une position avancée, plus on a tendance à faire du bec de selle. Les triathlÚtes n'y échappent donc pas, au contraire.

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Ça semble logique ce que tu dis, mais je n'ai pas vu de selles particuliĂšrement orientĂ©es vers le bas lors des chronos, par rapport aux vĂ©los classiques. Ça doit dĂ©pendre de la sensibilitĂ© du derriĂšre de chacun


Un vélo de CLM à la FDJ, bec de selle au contraire légÚrement relevé (deuxiÚme photo) : 

http://www.velo101.com/pros/article/le-lapierre-des-fdjfr--9176

Un des vĂ©los de Tony Martin himself, oĂč la selle ne me paraĂźt pas piquer nettement vers l'avant par rapport au reste du vĂ©lo :

http://2.bp.blogspot.com/-1rifRYsFz4w/U9PPzQKt9rI/AAAAAAAAESU/B6uPFYrMi1o/s1600/velo_martin_2014_1.jpg

 

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Ce que je voulais dire, c'est que pour ĂȘtre dans une position avancĂ©e alors que la selle Ă  un recul de 5 cm et bien tu es obligĂ© d'ĂȘtre sur le bec. Mais un recul de bec de selle de 5 cm c'est quand mĂȘme dĂ©jĂ  trĂšs avancĂ© et avec une telle position tu es plutĂŽt Ă  avancer vers le bec que de reculer lors du pĂ©dalage. 

 

Concernant l'inclinaison de la selle, il est lui aussi limité par les rÚgles UCI à 3%. Difficile à voir à l'oeil nu sur une selle qui fait 25 à 30 cm de long. 

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On est donc d'accord sur le recul de selle. J'ignorais que l'lnclinaison de la selle était rÚglementée par l'UCI.

Tout cela semble dĂ©cidĂ©ment complexe. Jean Guy Ă©voque l'aĂ©rodynamisme meilleur d'une position avancĂ©e et j'aurais tendance Ă  lui donner raison, mais je me souviens de coureurs Ă  l'assise reculĂ©e qui avaient aussi une position trĂšs aplatie sur le vĂ©lo : Bernard Hinault, Charly Mottet, Andrea Tafi
 Dans le bouquin qu'il avait rĂ©digĂ© avec Claude Genzling justement («Cyclisme sur route» 1986, Robert Laffont), Bernard Hinault affirmait que sa position reculĂ©e, idĂ©ale du point de vue ergonomique, Ă©tait Ă©galement celle qui lui assurait le meilleur aĂ©rodynamisme. Que croire? 

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J'aurais un certain nombre de remarques Ă  te faire :

-- Claude Genzling n'était pas un modÚle de rigueur, sans quoi il aurait remarqué que ses valeurs de puissance des cyclistes que l'on lisait sous sa plume étaient assez aberrantes. Il s'appuyait sur les travaux de son compÚre Ménard (?) à St-Cyr, qui devait y disposer d'une soufflerie je crois, mais qui devait avoir un pb d'étalonnage des valeurs absolues.

-- A l'Ă©poque de Hinault les clm Ă©taient trĂšs longs, jusqu'Ă  90 km, et pouvaient durer 2 h, les paramĂštres importants pour la position pouvaient donc ĂȘtre diffĂ©rents, d'autant plus que ...

-- l'équipe Moser/Conconi mise à part en 83-84, les cyclistes de l'époque étaient totalement ignorants en matiÚre d'aéro. Les progrÚs sont venus aprÚs, grùce aux 51,151 km de Moser en janvier 84 (roues pleines entre autres) qui ont déclenché une prise de conscience.

-- Avec les guidons de triathlĂšte (TdF 89) il faut repenser la position sur le vĂ©lo (voir Jean Guy plus haut) et les bouquins de Genzling deviennent presque totalement hors sujet. Tu dois renouveler ta bibliothĂšque 😄

-- Mottet était un cas à part : c'était sûrement une particularité de sa colonne qui lui permettait de la "casser" ds la région lombaire et lui procurait un avantage aéro naturel.

-- Hinault a des fémurs LARGEMENT plus longs que la normale, ce qui forcément influe sur sa position (reculée).

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Les coureurs que tu cites sont quand mĂȘme "anciens". Certes, Hinault a Ă©tĂ© l'un des premiers coureurs Ă  passer en soufflerie, mais dans ce domaine les progrĂšs ont Ă©tĂ© nombreux ces derniĂšres annĂ©es. Et puis peut-ĂȘtre qu'Ă  ce titre lĂ  aussi le blaireau Ă©tait exceptionnel. Etre Ă  la fois trĂšs bas et trĂšs reculĂ© est trĂšs compliquĂ© Ă  tenir sur la distance.

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J'ai trouvĂ© ma position grĂące au bouquin de C Genzling et n'en ai jamais changĂ©.Entre les saisons 78 et 79 B Hinault a changĂ© radicalement sa position: cadre plus long, selle plus haute et surtout selle beaucoup plus reculĂ©e.Il a gagnĂ© le TDF 79 de maniĂšre magistrale avec sa nouvelle position.Sur une photo de lui en 78 au GP des Nations il dĂ©clare: "j'avais l'air d'un crapaud", fort ramassĂ© sur lui-mĂȘme et faisant Ă©normĂ©ment de bec de selle.Son fort recul de selle s'expliquait par ses longs fĂ©murs (par rapport au tibia) apanage de tous les grands coureurs exception faite de Moser Ă  l'Ă©poque.

Dans l'équipe Renault puis Castorama Armel André a appliqué ces principes de forts reculs de selle.

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Donc tout ce que rapporte Genzling serait Ă  jeter ? Rien ne vient pourtant contredire ce constat : plus la position est avancĂ©e, et plus le cycliste glisse vers l'avant de sa selle, d'oĂč instabilitĂ©. InstabilitĂ© qui semble trĂšs fortement gĂȘner un Tony Martin par exemple, au point d'avoir recours Ă  sa rĂąpe Ă  fromage pour y remĂ©dier. Pourtant ça doit lui faire sacrĂ©ment mal


Maintenant le vrai problĂšme, tu l'as posĂ© toi-mĂȘme : le gain aĂ©rodynamique compense-t-il cet inconvĂ©nient ? Sans doute, sinon ça ne serait pas gĂ©nĂ©ralisĂ© ainsi, mais j'aimerais voir des Ă©tudes s'Ă©tant penchĂ©es sur la question. Pour l'instant je n'en ai pas eu sous la main.

Je ne pense pas qu'un guidon de triathlĂšte soit incompatible avec une position reculĂ©e. Il est par contre certain que combiner une position reculĂ©e avec un guidon de triathlĂšte et un bon aĂ©rodynamisme demande une grande souplesse lombaire. Ça n'aurait donc pas gĂȘnĂ© Hinault ou Mottet, je suppose, mais peut-ĂȘtre bien la grande majoritĂ© des autres coureurs ?

Hinault a des fémurs LARGEMENT plus longs que la normale, ce qui forcément influe sur sa position (reculée).

Coïncidence, moi aussi. Quand j'ai fait prendre mes cotes pour mon vélo sur mesure chez Gir's, c'est la premiÚre chose qu'ils m'ont dite : mes fémurs étaient nettement plus longs que la moyenne. Conséquence, mon vélo sur mesure a une tube vertical trÚs incliné : 71,5° (hauteur du cadre 56 cm axe-axe). Ce qui me rend, tu t'en doutes, assez réceptif à toute cette problématique.

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"Et si on raisonne en termes de recul de selle, finalement, ça ne change rien, puisque c'est tout le corps qui pivote autour du pédalier."

TrĂšs intĂ©ressant. Je te  suis jusqu'Ă  un certain point. En effet, la gravitĂ© reste la mĂȘme, donc cela joue sur la façon dont le muscle fonctionne. Tu vois ce que je veux dire ?

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C'est ce que je croyais aussi. En fait, non, pas dans des proportions de 2/3 cm (parce qu'on parle bien de ça, et pas plus).

Mes a priori avaient dĂ©jĂ  Ă©tĂ© Ă©branlĂ©s il y a sept ans quand j'ai changĂ© radicalement de style de vĂ©lo. Jusque lĂ , j'appartenais Ă  cette mĂȘme Ă©cole : moi aussi on m'avait racontĂ© que j'avais de longs fĂ©murs, qu'il me fallait un long recul de selle (par rapport Ă  ma taille), et qu'en dehors des cadres sur mesure, rares Ă©taient les cadres qui pouvaient me convenir. J'ai fait toute ma carriĂšre comme ça.

Alors que j'avais arrĂȘtĂ© de courir, j'Ă©tais plus dans l'optique de me faire plaisir avec un vĂ©lo qui me plaisait esthĂ©tiquement. Le reprĂ©sentant d'une marque italienne m'a simplement proposĂ© d'essayer son vĂ©lo. Il me manquait 1,5 cm de recul de selle, mais le poste de pilotage Ă©tait aussi plus bas. Il se trouve que je me suis senti immĂ©diatement aussi bien que sur mes vĂ©los habituels. J'ai donc optĂ© pour ce vĂ©lo, pour cette marque, sans le moindre soucis.

Pour pousser le bouchon encore plus loin, aprĂšs discussion avec des potes triathlĂštes, j'ai derniĂšrement transformĂ© un de mes vĂ©los (un mulet), en vĂ©lo de "chrono". Je suis donc parti d'une position de route classique, dĂ©jĂ  un peu plus avancĂ© que celle que j'ai utilisĂ© pendant 20 ans, j'ai baissĂ© le poste de pilotage de 2 cm, avancĂ© la selle de 2 cm, inclinĂ© trĂšs lĂ©gĂšrement l'assiette de la selle vers le bas, et j'ai testĂ©. En dehors des premiers km oĂč j'ai ressenti une diffĂ©rence dans le maniement de la direction, je me suis senti trĂšs bien, et surtout j'avais le dos beaucoup plus plat, mĂȘme avec les mains aux cocottes ou les mains en bas du cintre.

En fait, c'est juste les points morts haut et bas qui sont un peu décalés par rapport à l'axe de pédalier, mais à l'effort ça ne change rien. D'ailleurs, j'utilise toujours autant mes ischios quand je pédale. Ce n'est donc pas simplement une affaire de poussée. 

Je ne suis pas sûr qu'en montagne j'aurais été parfaitement bien par contre. Mais de toute façon, en montagne, il faut toujours se réadapter : dans la pente, tous les appuis sont rejetés vers l'arriÚre, du fait de la pente. La hauteur 'virtuelle" du poste de pilotage aussi. Et dans des proportions bien plus importantes que 2 ou 3 cm. Par exemple, pour une pente de 7,5 %, c'est comme si tu relevais l'avant de ton vélo de 9 cm !

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As-tu pu remarquer si tu faisais plus de bec de selle sur tes nouveaux vélos que sur tes anciens? Ou ça n'a rien changé ?

Pour parler de mon expérience personnelle : avant de faire faire mon vélo sur mesure chez Gir's, j'avais un vélo de taille 56 également, mais à inclinaison standard (74,5°). Hé bien aprÚs une année de pratique j'avais spontanément reculé la selle à fond de chariot. Le sur-mesure n'a fait donc que confirmer mes sensations.

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