-
Compteur de contenus
2 919 -
Inscription
-
Dernière visite
Type de contenu
Forums
Galeries photos
Calendrier
Articles
Tout ce qui a été posté par Michel CREPEL
-
Absolument mais j'apprécie tout de même ces étapes où les échappées, enfin les plus gaillards d'entre les survivants vont au bout et surtout lorsque en plus, il s'agit de jeunes pousses. 😉
-
Là, n'était pas mon propos ! Il perd en intérêt, ce qu'il gagne en attrait ! Et je suis arrivé à un âge où visionner du "beau" vélo m'importe plus que les dites "stars" de la "Petite Reine" que j'ai vu défiler depuis tant et tant d'années ! Il y a matière et plaisir à rédiger un article sur les étapes de ce début de Giro qu'on n'a plus lorsque tous les "cadors" s'entredéchirent pour une marche du "top 10" d'une épreuve World Tour ! Je sais bien, il faut qu'ils bouffent, l'argument est recevable même si naguère ils allaient les deux avec le même bonheur (Quoique même vainqueur, pour bouffer, ça allait mais pour la pacotille, c'était coton). Bref, il en va ainsi pour tous les sports, c'est ainsi que sur tous les terrains de France et de Navarre, mais aussi sur les routes, les pistes d'athlétisme etc. ... on voit fleurir les cheveux blancs de nombre d'admirateurs au détriment des jeunes plus accros à la télé, là où s'escriment leurs héros.😉
-
Un Giro où des nouvelles têtes font la loi, c'est rafraichissant, réchouissons-nous avant de retouver nos voisins (les coursiers, toujours les mêmes) que nous retrouvons tous les ans aux mêmes dates sur les routes de juillet pour les courses de côtes ! 😉
-
Dommage, certainement le meilleur Français de ces quinze dernières années !!!! Le plus gros gâchis aussi vu son potentiel, tu as raison Didier ! Putain, pourquoi ne s'est il pas expatrié !😉
-
Fronde anti-Merckx sur le Tour 1975
Michel CREPEL a répondu à un(e) sujet de Michel ROTH dans Discussions Route
Oui, il l'a ! Lorsque je lui ai présenté le récit de son Tour 1972, il l'avait encore ... en travers ! Tout ce que tu as mentionné est la réalité des évènements et le fait qu'il est appartenu à une formation Italienne, pour moi, n'a nullement agit favorablement sur la grande majorité du public Transalpin, fins connaisseurs et passionnés invétérés au demeurant, et ne se sont jamais ligués contre le « Cannibale », les cons, hélas, oui ! En France, hier comme aujourd'hui on châtie tout ce qui n'est pas local, les Anglais (« Rosbeefs ») en font souvent la triste expérience (contrairement au Allemands, par exemple ce qui paraît tout de même assez paradoxale) encore aujourd'hui avec Chris Froome ou « Wiggo », peu avant mais « pas que », il suffit de consulter, comme je le fais moi-même, les forums de rugby à l'approche d'un « Crunch » pour se rendre à l'évidence. « ...La 62ème « Kermesse de Juillet », Eddy Merckx l’appréhendera pourvu des mêmes convictions et certitudes que celles dont il s’était paré auparavant et qui avait contribué à tant de succès. A tout juste trente ans, jamais ô grand jamais, personne, avant et même, sans aucun doute, après n’aura autant dominé le cyclisme que le Bruxellois. Jamais, non plus, avant et certainement après, un coursier ne donnera autant de sa personne qu’Eddy Merckx. Sur le grill depuis 1966 et sa première victoire sur Milan – San Remo, Merckx aura écumé la « Vieille Europe » sans une once de répit si ce n’est une trêve hibernal au cours de laquelle, pendant que ses congénères profitaient d’un repos amplement mérité, lui, le perfectionniste, l’éternel insatisfait, arpentait les anneaux des vélodromes Européens autant pour le frisson qu’à la recherche de la perfection. Alors, que l’on ait pu agresser cet homme sur les pentes du « Géant Auvergnat » ce 11 juillet 1975 et privé le plus grand cycliste de tous les temps de son rêve absolu, est un « crime » impardonnable. Ce coup reçu à l’estomac engendrera une prise médicamenteuse qui s’avèrera calamiteuse lors du final de l’étape de Pra Loup et enclenchera, par la même occasion, une série de déboires, telle sa chute, suite à un accrochage avec Olé Ritter, sur la route d’Avoriaz, qui entraînera une fracture du maxillaire supérieur avec perforation des sinus, fatale aux ultimes sursauts d’un combattant désormais démuni de toutes ressources autre que son courage légendaire. Cependant, il n’abandonnera pas, « J'irai jusqu'au bout de la souffrance humaine mais je continuerai » déclarait-t-il à l’époque. Il terminera finalement sur la deuxième marche du podium sur les Champs Elysées qui inaugurait, pour la première fois, l’arrivée de la Grande Boucle. S’il existe un « saute ruisseau » qui aurait mérité, plus que tout autres coureurs, que l’on joue « La Brabançonne » sur les Champs, c’est bien le « Cannibale ». Le compte rendu de ce Tour de France 1975, à l’instar de celui de 1972, sera présenté au travers de la victoire du Bourguignon Bernard Thévenet, lauréat du premier de ses deux opus. La fin de saison d’Eddy Merckx aura un goût d’inachevé. Il ajoutera, pourtant, une cinquième Escalade de Montjuïc à son palmarès, terminera second de Paris – Bruxelles derrière Freddy Maertens et également deuxième d’A travers Lausanne, battu par Joop Zoetemelk, puis, Eddy Merckx enchaînera sur les critériums et autres « Six Jours ». » ... « Extrait du petit bouquin, « La Fabuleuse carrière d'Eddy Merckx en un survol » à venir. -
Ou bien encore : La Picardie ou comment découvrir la France d'en Haut ! 😉
-
Elle fut une "Marianne" charismatique quoique muette pour le bien du peuple !😆
-
En effet, Didier pourquoi pas Mireille Mathieu !😉
-
Oui les femmes Italiennes possèdent un putain de charisme ! C'est innée chez elles ! Cela me rappelle Anna Magnani, Gina Lolobrigida ou Sofia Loren l😉
-
Pas faux, j'écoute les commentaires Italiens, bien évidemment, Rémi !😉
-
Reçu 5 sur 5, Guillaume ! Ceci dit, je ne mets pas le son lorsque je visionne Bein, le temps du Giro car l'an dernier, j'ai tenté à de nombreuses reprises de faire part de ma réprobation relative à certaines énormités du duo Barth-Vasseur par le truchement de Twitter, en vain. Parfois, j'agis de même sur Eurosport lorsque Di Grazia part dans ses poussées d'adrénaline. La course avec le seul son des spectateurs sur le bord des routes, des motos et des vélos, c'est parfois assez reposant et je pense, sincèrement, que nous sommes assez "connaisseurs" pour décryter les images. A oui, je m'explique, sur Eurosport il y a un live spécial dénués de commentaires.😉
-
Pour le 100% de Vasseur au sujet de Kittel, en réponse à Barth ! Les réseaux sociaux, entre autre, sont à l'affût et pas que, puisque toi, tu t'en aies fait l'écho !
-
Oui, lorsque tu t'exposes ainsi, il est nécessaire de faire très attention à ce que tu dis, sinon, le retour de boomerang est immédiat !😉
-
En effet, ton analyse est identique à celle que j'ai rédigé sur Radio 51 avec la même conclusion concernant les "Mondiaux". Ce gus est imprenable sur les arrivées à l'ancienne tant sa puissance ajoutée à sa vélocité écrasent la concurrence. Il n'a effectivement été freiné qu'à cause de son malencontreux virus au printemps 2015. Concernant le "Rouquin", c'est une toute autre histoire. sa "Fureur de Vivre" a pris souvent le pas sur sa motivation de champion cycliste. C'est le plus gros gâchis du cyclisme pour un athlète au potentiel hors du commun.
-
Oui, on pourrait, effectivement, porter ce sujet au record de post sur Vélo 101, tant l'histoire de la "Kermesse de Juillet" est longue et riche en actes de bravoure et en anecdotes savoureuses ou non ! J'ai dû rédiger une centaine de textes sur le sujet de 1903 à 2003. Je me suis arrêté au "Centenaire" pour le symbole mais, effectivement, j'ai stoppé en 1993. A partir de cette date j'ai éprouvé un certain malaise à encenser les coureurs donc je me suis abstenu. Dans la catégorie des coursiers qui auraient mérité de voir leur nom apparaître au palmarès, ils sont légions. Le "Roi René" me vient tout de suite à l'esprit en compagnie d'Eugène Christophe. Une légende à lui tout seul le "Vieux Gaulois" ! Il y a également ceux qui auraient fait de beau lauréat comme la "Locomotive Humaine" Learco Guerra (même s'il a fait deux podium derrière l’intouchable "Dédé" Leducq et Georges Speicher) la "Joconde" Alfredo Binda, ou le "Primo Campionissimo", Constante Girardengo, ces deux derniers sans y avoir participé ! Désolé, je dois quitter je repasserais demain, Bernard !😉
-
Merci, c'est mon âge et celui de nombre de forumeur ! J'ajouterai que ce texte va bientôt sur ses vingt piges, ça relativise ton tiers de siècle, non ? 😉
-
L'Auvergnat aurait, tout autant que le Limougeaud, mérité de remporter une "Kermesse de Juillet" ! Un grande gueule l'adffable et souvent "bonimenteur" Clermontois, certes, mais sur sa bécane, un sacré flambeur et surtout un "gus" qui allait au bout de ses idées et de ses paris, comme ce jour là : Tour 55 : Briançon - Monaco, « Gem » est « Géant » !!!!! Ha ! Charly Gaul ! Il était novice à cette époque et pas vraiment « fufute » étant donné qu'il était alors encore immaculé, vierge de tout exploit digne de ce nom, et pourtant ... Et pourtant, ce qu'il réalisa lors de cette 8ème étape sur les pentes crasseuses et savonneuses des Aravis, du Télégraphe et du « Tsar Galibier », résonnera à l'unisson au nirvana de la « Légende » jusqu’à la fin des temps ! L'atmosphère était aussi apocalyptique, pour les jeunes d'aujourd'hui, que lors de la chevauchée fantastique du « Pirate » vers les Deux Alpes en l’an 98. Maintenant, la route n'a plus vraiment la même consistance ni le même revêtement qu'à l’époque des faits sus-cités, en effet, plus quarante ans nous contemplent ! Quatorze minutes à Briançon, Louison était stupéfait mais nullement abattu ! « Incroyable ! J'étais pourtant pas mal ! Qu'est ce qui va nous mettre dans les Pyrénées !» Voilà, c'est en ces termes que le Breton de St Méen s'exprimait à sa descente de vélo. Concernant « Le Grand Fusil », il y a un moment que l'ombre de Charly embuait voir hantait l'esprit et les pensées de l'Auvergnat. D'ailleurs, il avait juré ses « grands diables » de lui « faire sa fête » le lendemain, au « Nain Virevoltant ». L'affable Clermontois l'avait, comme à son habitude vociféré à qui voulait l'entendre mais surtout à l'oreille d'Antonin Rolland, la veille ! Pourtant, le jour dit, « Gem » en compagnie de « Biquet » « ardoisaient » déjà à onze minutes au pied du Vasson sur le Luxembourgeois, auteur à l'avant de l'« Envol du Condor » un jour d'effroi. Le temps est épouvantable, la pluie glace les os et le vent accentue encore cette impression de descente aux enfers. Le natif de Pfaffenthal, quant à lui, abhorre la chaleur mais vénère le déluge. Tous pensent alors à une rediffusion du film de la veille, mais .... Une attaque malencontreuse et inappropriée car désuète de « Tête de Cuir », dans les lacets du Vasson, rendit l'ami « Gem » furibard ! Se hissant sur les « étriers » avec rage, il éperonna, alors son destrier et, Robic dans ses sacoches, avala les pentes tel un glouton en rupture d'enzymes. Cette poussée d'adrénaline lui permit de reprendre quatre minutes au futur « Aigle des Cimes » au sommet. Dans la vallée et la traversée des gorges du Cians, les torrents dévalant la montagne inondaient les routes et les sentiers boueux. Une vraie patinoire, une gabegie monstre s'instaurait alors que seul, Geminiani appréhendait avec maestria et domptait avec aisance et une facilité déconcertante alors que les autres, tous les autres, partenaires, adversaires, motards et tutti se vautraient lamentablement sur l’abject macadam. Dans un état comateux qui frisait l'inconscience, « Gem » poursuivait son raid dévastateur à la poursuite homérique d'un fantôme aux contours vaporeux car inaccessible. Au Plat de Var, le présomptueux grognard des sommets rejoint Rolland et Bobet en compagnie de Marcel Bidot. Ce dernier n'a pas de mot pour décrire l'admiration qu'il éprouve pour cette inénarrable « grande gueule » capable de tous les excès, certes mais doté d'un panache inouï, incommensurable. Au passage, il lance vertement mais nanti d'une arrogance candide à son directeur sportif : « Alors Marcel, tu en connais des mecs comme moi ? Il est où votre Charly ?» « Seul devant avec Bauvin et « Walko » !» Se dressant de nouveau sur sa monture, il s'en fut tel un diablotin insatisfait et insatiable, abandonnant, par la même occasion, à leur triste sort ses petits camarades de galère. Bientôt, il se retrouvera dans l'aspiration des trois renégats déserteurs, bientôt, il les toisera avec perfidie et délectation et bientôt les lâchera au détour d'un lacet plus prononcé du Col d'Eze. La pluie n'ayant jamais cessé et victime d'une « perce » dans la descente qu'il aborda tel un malade mental, le « Grand Machin » coupera la banderole à Monaco plus de trois minutes devant le Luxembourgeois. Le « Gem » s'était bel et bien payé le « Charly » !!!!! C'était aussi ça la « Grande Pétoire » ! Michel Crepel
-
Tour 1950 : Ferdi Kubler remporte le Tour de tous les excès. 1950 marque pour tout un chacun un grand chambardement dans la société et la politique du monde entier. Mutation économique et industrielle vont de pair et, aussitôt les ultimes relents nauséabonds et tenaces, du dernier conflit planétaire, résorbés le monde, en général, et l'Europe, en particulier vont connaître un essor à nul autre pareil. Cette frontière virtuelle entre deux époques sera, néanmoins, progressive mais linéaire dans le temps à savoir qu'elle ne souffrira d'aucun répit malveillant ni d'arrêts inopportuns malgré quelques conflits d'intérêts ponctuels annihilés plus de façon conjoncturelle que de manière démocratique. Le Tour de France n'échappe, bien évidemment, pas à la règle de ces bouleversements et malgré une organisation qui demeurait invariablement déficitaire, il s'acheminait, imperceptiblement mais inexorablement vers des sommets d'obésité mal appréhendée, de boulimie récalcitrante et de grandeur quelque peu égocentrique qui aujourd'hui effraient nombre d'inconditionnels, suiveurs, journalistes ou passionnés de la planète vélocipédique. Cette période coïncidera, d'ailleurs, à un changement radical et irréversible de mentalité d'un peloton en mal de reconnaissance. De tous temps la notoriété du champion cycliste s'est avérée sans égale en rapport à leurs homologues des autres disciplines sportives. Le public s'est toujours identifié aux « Forçats de la Route ». Spectacle éminemment attrayant et gratifiant de par son essence même, le cyclisme permet à toutes les couches de la société d'ovationner et d'applaudir ses idoles quelque soit le lieu, la saison ou la météo. Nombre d'entre eux, bravent chaque saison les conditions climatiques exécrables pour assister aux joutes pittoresques et dantesques de leurs héros. Le coureur, autrefois, était adulé et membre à part entière des familles Françaises. On l'affublait volontiers d'un petit nom ou d'un pseudo pour la postérité. Les coureurs du cru généraient un véritable enthousiasme dans les régions de l'hexagone et celle-ci se déplaçaient en masse, au Parc des Princes par exemple, pour acclamer son champion au terme d'un Tour de France particulièrement abouti. En outre, la légende, née des conditions de courses d'un autre âge, colportée de manière mythologique et portée au paroxysme de son idéologie par les non moins légendaires journalistes de l'époque, engendrait la pâmoison chez certains de nos compatriotes. Le vélo, plus que tout autre sport, s'avérait être l'école de la vie par excellence où les sacro saintes vertus de l'existence étaient appliquées à lettre à savoir, courage, abnégation, solidarité et souffrance. Pourtant, les prémisses d'un professionnalisme latent dans nombres de sports vont générer une redistribution des rôles. Les surplus budgétaires occasionnés par l'immuable croissance de la kermesse de juillet allaient plonger Jacques Goddet et Felix Lévitan dans un monde de perplexité. L'Equipe et le Parisien Libéré supports et mécènes ventripotents de la plus grande compétition cycliste de la planète ne suffisant plus à garantir la pérennité de l'entreprise, nos deux larrons, l'un, Goddet ancien patron de l'Auto et fondateur de l'Equipe et l'autre, Lévitan journaliste à la Pédale puis au Parisien Libéré, se tournèrent vers d'autres sources pécuniaires loin d'être des œuvres à vocation philanthropique. Effectivement, leurs efforts et sollicitations se concentreront exclusivement du côté des régions, municipalités et collectivités locales. Les villes étape ou de transit ainsi que les lieux stratégiques de ravitaillement seront mis à contribution. Il n'est pas vain de rappeler, à ce propos, que des « Fêtes du Tour » étaient organisées au soir de chaque étape et il n'était pas rare d'y reconnaître nombre d'artistes chevronnés de l'époque, tels Tino Rossi ou Charles Trenet. La démarche de l'organisation auprès des firmes régionales n'était pas étrangère à cet état de fait. Que diantre n'aurait-on pas sacrifié pour inclure la flamboyante et très reconnaissante caravane publicitaire. La publicité ou réclame débutait son harcèlement et sa démesure au sein du sport. Les classements annexes et challenges de tous poils étaient dorénavant parrainés aux grands soulagements des organes de presse trop longtemps seuls dépositaires du label Tour de France. De la laine Sofil assujettie aux primes quotidiennes du porteur du maillot jaune à la Vittelloise ou Cuir de France partenaires du Grand Prix de la Montagne en passant par Martini ivre de joie d'offrir des gains substantiels à un challenge international des plus anodins, toute la panoplie du parfait pool commercial déployait son implacable réalisme. Nous étions à des années lumières, désormais, de la confidentialité, la clandestinité et du puritanisme du sport d'avant 1920. Georges Briquet, témoin de son époque, orateur hors pair et journaliste à l'intégrité reconnu fut choisi pour animer chaque soir des troisièmes mi-temps de haut vol où les anciens champions s'époumonaient au sein d'un chapiteau qu'un Bouglione n'aurait nullement renié. La flotte de la caravane publicitaire écrasait, dorénavant, un peloton chétif devenu soudainement comparse. Dans ce contexte éléphantesque, nos deux joyeux lurons, Goddet et Lévitan, nageaient en eaux troubles nantis de la délectation d'hommes de pouvoir ayant bouleversé à bon escient une entreprise en stagnation. Ces derniers, en outre, n'avaient que moyennement apprécié l'hégémonie Transalpine de 1949 et l'écrasante domination du duo Coppi - Bartali. Le festival réalisé, un an plus tôt, par les deux meilleurs ennemis de la « Botte » avait eu le don, selon les organisateurs, de neutraliser toutes les velléités offensives d'un peloton par trop respectueux du "Campionissimo" et de « Gino le Pieux ». L'étape de légende de Briançon et du triptyque Vars-Allos et Izoard, où les deux héros s'offrent un mano à mano d'anthologie, étant la goutte d'eau d'une exaspération toute Française. Pour remédier à une telle main mise sur la course, néfaste à toutes initiatives, et ainsi booster les tempéraments des plus téméraires, Goddet et Lévitan n'allaient pas rechigner à la tâche. Les formations seraient réduites à dix unités, pour commencer, ensuite les limitations des délais d'arrivée, réductions des bonifications en montagne et enfin redécoupages des étapes de haute montagne, afin que les difficultés ne s'enchaînent plus systématiquement, devraient, pensait on en haut lieux, permettre un nivellement des valeurs. L'incontournable favori Fausto Coppi absent, Gino Bartali sera le dépositaire de la formation Italienne épaulé en la circonstance par le talentueux et prometteur Fiorenzo Magni. Face à « Gino le Pieux » et sa meute de renégats, les Français opposeront un quatuor de fort belle facture avec, sous la houlette d'un Raphaël Geminiani toujours aussi grincheux, Louison Bobet, Apo Lazarides et Jacques Marinelli, superbe troisième et premier non italien la saison précédente. Les Belges avec Stan Ockers et Raymond Impanis et les Suisses avec Ferdi Kubler devraient, selon toute vraisemblance, être les seuls à pouvoir rivaliser avec les sus cités. Reste à savoir, néanmoins, où se situe l'inénarrable Jean Robic de la formation Ouest, le persévérant Gilbert Bauvin, élu chef de file des Ile de France Nord Est voir l’ « Ecureuil » Robert Chapatte membre éminent, s'il en est, du groupe Parisien. L'atmosphère de cette Grande Boucle, au départ de Paris en cette veille de fête nationale, était loin d'être faste et enthousiaste. La guerre faisait rage en Corée, les absences d'Hugo Koblet, tout frais émoulu lauréat du Giro que Fausto Coppi avait dû quitter victime d'une fracture du col du fémur ainsi que le drame vécu par la France cycliste suite au décès accidentel de Camille Danguillaume sur le ciment de Montlhéry, semblaient imprégner et étendre sa chape de plomb sur les esprits las d'un peloton tristounet plus en proie au recueillement qu'à la compétition proprement dit. La première partie de l'épreuve fut rondement menée. Après un crochet vers Metz, le peloton bifurquait vers le Nord pour redescendre en direction de la Bretagne. Rien à signaler de bien transcendant, si ce n'est l'incursion, lors une échappée au long cours entre Liège et Lille, du Drômois Bernard Gauthier qui lui vaudra d'endosser le paletot jaune au soir d'une troisième étape musclée et ventée remportée pour l'occasion au sprint par l'Italien Alfredo Pasotti. A la veille de la sixième étape, un contre la montre de presque quatre-vingt bornes entre Dinard et Saint Brieuc, le quadruple lauréats de Bordeaux Paris (1951, 54, 56 et 57) trône toujours en jaune et précède le surprenant Luxembourgeois Jean Goldschmit de deux minutes et Maurice De Muer, futur patron des Bic et des Peugeot, de deux minutes et vingt-six secondes. Ce chrono accouchera d'un vainqueur quelque peu inattendu. En effet, le Suisse Ferdi Kubler, certes en gros progrès, ne faisait pas partie des favoris patentés au départ de Dinard. Pourtant, le coureur de Marthalen, âgé de 31 ans, dominera des rouleurs tels Magni, Bobet ou Ockers de fort belle manière, Goldschmit, héritant pour sa part du leadership de la kermesse de juillet. L'acheminement du serpent multicolore, le long de la côte Atlantique, à destination des Pyrénées se déroule sans heurt. Fiorenzo Magni se montrera intraitable du côté de Niort tandis que le coureur de La Châtre, membre du comité Centre Sud-Ouest, Marcel Dussault s'offrira un raid solitaire et héroïque entre Bordeaux et Pau reléguant ses deux poursuivants, Prouzet et Diederich, à quelques huit minutes et le gros du peloton à plus de onze minutes. Au matin du triptyque Aubisque, Tourmalet, Aspin, le futur Champion de France (1956) Bernard Gauthier, qui, en vieux briscard qu'il est, s'était une nouvelle fois judicieusement infiltré dans une échappée ponctuelle lors de l'étape Saint Brieuc - Angers, caracole en tête de l'épreuve neuf minutes devant une concurrence aux abois, certes, mais pas vraiment inquiète. Cette étape sera le théâtre d'un fait à nul autre pareil qui, plus que la victoire finale de Kubler à Paris, marquera cette 37ème édition du Tour de France. Dès le départ de Pau, le peloton frétille d'impatience d'en découdre. Sur les premières pentes de l'Aubisque noires de monde les attaques suicides fusaient de toutes parts et les démarrages successifs et incendiaires écrémaient un peloton déjà passablement en difficulté. En tête des dynamiteurs on pouvait reconnaître, bien évidemment, les immuables "mouflons des cimes" que sont les « Biquet » et « Il Vecchio ». Jean Robic, plus désarticulé et saccadé dans la pédalée que jamais, et Gino Bartali toujours aussi besogneux se tiraient une bourre fantastique et démoniaque. « Gino le Pieux », visant la victoire finale, abandonna alors le Breton à ses caprices et se relèvera quelque peu, prenant ainsi soin d'en garder sous la pédale. « Biquet », qui n'en demandait pas tant, poursuivit imperturbable son ascension en solitaire dans son style si particulier et passa au sommet de l'Aubisque sous les acclamations d'une foule en délire. Dans la vallée, un petit groupe restreint se constitue en tête de la course où figure, outre Robic, Bartali, bien sûr, Bobet, Ockers, Geminiani, Piot et Magni. Le col du Tourmalet est escaladé dans la foulée sans trop de dommage pour les neuf rescapés qui ouvrent, à ce moment-là, la route. Le Val d'Oisien Kléber Piot, du comité de Maurice de Muer, basculera le premier au sommet du Tourmalet et entraînera, dans son sillage, ses compagnons à vive allure à l'assaut d'Aspin. Tous les favoris, à l'exception de Ferdi Kubler peut être, sont aux avants postes et cela laisse augurer une montée d'Aspin des plus apocalyptiques. Dans les premiers lacets surchauffés de la dernière difficulté de la journée, les hommes de têtes éprouvent un mal fou à se frayer un chemin au sein d'un public en transe, pas toujours respectueux et encore moins judicieux dans leurs choix d'encourager des coureurs en proie à une fatigue naissante. A mi pente, Gino Bartali place une attaque magistrale, dont il a le secret, et décramponne in extenso ses compagnons de galère. Seul « Tête de Cuir » tente de limiter l'hémorragie en secouant sa carcasse tel un pantin désarticulé. Devant, l'Italien commence à subir les affres et quolibets d'un public hostile. Paralysé par la peur, anxieux de la tournure des évènements ? Toujours est-il que « Il Vecchio » semble moins aérien et apparaît soudain vulnérable. Cet incompréhensible baisse de régime permet à Jean Robic de colmater la brèche et de rejoindre bientôt le Transalpin. C'est l'anarchie sur le bord de la route. Les aficionados surexcités, à la limite de l'ébriété pour nombre d'entre eux, chahutent le clan Italien en tête desquels Gino Bartali et Fiorenzo Magni. Des barrages humains, qui tentent de neutraliser le natif de Ponte-Ema, empêchent la progression de « Gino le Pieux » au profit de « Biquet ». Sur un obstacle humain plus compact que les autres Bartali chute en voulant l'éviter. L'Italien entraîne, bien malgré lui, le Français dans celle-ci. C'est la confusion la plus totale. Les deux hommes sont relevés prestement mais des énergumènes plus avinés encore s'activent toujours auprès des Italiens furax. Piot passe en tête d'Aspin dans un imbroglio, une confusion des plus indescriptibles. Touché mais pas coulé, le « Vétéran Florentin », mettra un point d'honneur à remporter l'étape à Saint Gaudens, terme de cette journée tumultueuse. Au général, Fiorenzo Magni s'installe confortablement en tête de l'épreuve, chère à Henri Desgrange et Léo Lefèvre, plus de deux minutes devant un Kubler, qui aura formidablement limité la casse, et plus de trois minutes devant les Bobet, Geminiani et Ockers. Gino Bartali, pour sa part, se tient en embuscade, en sixième position, à quatre minutes de son compatriote Magni. Seulement voilà, suite aux inadmissibles et honteuses échauffourées d'Aspin, la colonie Italienne, dans sa totalité « cadetti » inclus, prit la décision solennelle, officielle et gravissime, et ce malgré les adjurations effrénées des organisateurs et des officiels, de ne pas reprendre la route le lendemain à Saint Gaudens. Cette première, dans l'histoire du Tour de France, laissera une trace indélébile dans l'histoire et les mémoires de la plus importante épreuve du calendrier international. Le premier « Lion des Flandres » de l'histoire, en jaune au soir de cette 11ème étape, dépité et anéanti, abandonnera, sans doute là, ses dernières illusions de remporter le plus beau challenge d'une carrière auréolée, tout de même de trois Tour d’Italie, trois Tour des Flandres consécutifs, s’il vous plaît et trois titre de Champion d'Italie, excusez du peu. Quant à « Gino le Pieux », il remettra bien l’ouvrage sur le métier, pour des raisons commerciales et économiques, l'année suivante mais sans sa verve d'antan (4ème). Aspin aura marqué, bien qu'il s'en défende notre homme. Par peur de représailles, les organisateurs annuleront l'étape entre Menton et San Remo. L'Helvète Ferdi Kubler se retrouve, bien malgré lui, projeté au sommet de la pyramide sans se douter un seul instant d'un destin final des plus favorables. Par solidarité il refusera le port de la tunique tant convoitée au départ de Saint Gaudens. Les Italiens absents le peloton se cherche et les baroudeurs libérés de tout garde chiourme s'en donne à cœur joie. La course devient débridée, échevelée et indécise. Le Tour basculera définitivement lors de la 13ème étape emmenant les rescapés de l'enfer de Perpignan à Nîmes. Les Français, coupables de somnolences chroniques en seront pour leurs frais. Sous une chaleur caniculaire, l' « Aigle d'Adliswil » tenta le tout pour le tout afin d'asseoir un peu plus sa position et déclencha une offensive gargantuesque que seul, des favoris invétérés, « Stan » le Wallon, réussit à intégrer. A l'arrière, le « Boulanger de St Méen » et le « Grand fusil », seuls tricolores à encore entretenir l'illusion à défaut d'espoir, défaillants et balbutiants les fondamentaux, se sabordèrent et terminèrent à dix minutes des premiers arrivants. A noter, pour la petite histoire que c'est lors de cette étape que débuteront les frasques du facétieux et inimitable Algérois Abdelkader Zaaf, coureur atypique, s'il en est, et qui poursuivra ses tribulations lors d'un Tour 51 remportée par le « Pédaleur de Charme ». Au soir de cette étape, remportée par Marcel Molines, un Algérien naturalisé du comité Nord Afrique, Ferdi Kubler ne possède plus qu'une minute et six secondes sur Stan Ockers. Pierre Brambilla du Sud Est, premier Français, pointe à neuf minutes tandis que Louison Bobet précède Raphaël Geminiani à dix et onze minutes. Les Alpes qui se dressent devant le peloton ne devraient pas inverser la tendance tant nos deux gaillards semblent rompus aux caprices des dénivellations. La chaleur accablante plongeait le peloton dans la torpeur et les fontaines des villages traversés étaient prises d'assauts par des cohortes de morts de soif. Avant d'appréhender les premiers contreforts Alpins, toujours sous une canicule éprouvante pour les organismes, les coureurs épuisés et las s'offriront, sous l'œil inquisiteur et réprobateur de Jacques Goddet, un bain de jouvence dans la méditerranée lors d'une étape Nîmes - Toulon tronquée. Les contrevenants, par trop nombreux, seront amandés à défaut d'être mis hors course. Après une victoire emblématique au sprint du maillot jaune à Nice, où Robic et Bobet s'illustrèrent en passant en tête aux sommets des col de Castillon et du Turini, Raphael Géminiani retrouvera quelque peu de sa verve et de son agressivité en triomphant, en solitaire, et de fort belle façon lors de la 17ème étape, Nice - Gap. Les Alpes seront l'apanage des Tricolores, désireux de montrer un autre visage que celui afficher trois jours plus tôt du côté du Gard. Louison Bobet nous gratifia d'un superbe et grand numéro sur les pentes de l'Izoard, noires de monde. Le Breton reprendra, dans l'opération, trois minutes, au duo Kubler - Ockers devenus inséparables. L'auvergnat de Clermont Ferrand, après sa chevauchée vers Gap deux jours plus tôt, récidivera dans le Forez pour vaincre à Saint Etienne, toujours devant les siamois Kubler et Ockers. Les Tricolores rétablissaient, donc, une situation plus que compromise peu en rapport avec les ambitions des uns et des autres au départ de la Grande Boucle. Lors du dernier chrono de Saint Etienne à Lyon, support de la 20ème étape, Ferdi Kubler démontra, si cela était encore nécessaire, sur les cent bornes du parcours qui empruntait le col de la Croix de Chabouret, que son succès à Saint Brieuc n'était nullement usurpé. En outre, l'écart qu'il infligea à tous ses adversaires démontrait l'étendue du talent de l'Helvète. Stan Ockers dauphin au général et encore second sur ce tracé tourmenté déboursait la bagatelle de cinq minutes et trente-quatre secondes au fringant Suisse. Louison Bobet et Raphaël Geminiani essuyaient, eux, un débours énorme de l'ordre de neuf minutes et plus, un véritable océan. Ferdi Kubler mettait un point d'honneur à rendre son triomphe, à un moment de la course contesté suite au retrait de la squadra, éclatant et indiscutable. Il sera, d'ailleurs, indiscuté, les dix minutes d'avance sur Stan Ockers, second, et les vingt-deux minutes sur Louison Bobet, se chargeant de clore le bec aux grincheux et empêcheurs de tourner en rond de tous poils. Le Suisse, même s'il ne récidivera pas dans sa quête d'un second Tour, confirmera l'année suivante en devenant Champion du Monde et en s'adjugeant des épreuves à la notoriété éprouvée telles Liège Bastogne Liège, la Flèche Wallonne, le Tour de Romandie et le Tour de Suisse. Ferdi Kubler, fera l'impasse les trois années suivantes et se présentera en 1954 pour jouer la gagne. Hélas, pour le Suisse, il tombera, les armes à la main, sur un Louison Bobet au sommet de son art, en route pour son triptyque d'anthologie. Dauphin du Breton, le Suisse se consolera avec le maillot vert qui, par voie de conséquence, en fait un des coureurs les plus complets de tous les temps. Les Français, quant à eux, devront patienter deux ans avant de renouer avec la victoire. Raphael Géminiani tombera sur un autre Suisse, pétri de talent, Hugo Koblet en 1951. Face Hugo Koblet, Geminiani abandonnera toutes ses ambitions de remporter un jour la Grande Boucle. Le retour du « Campionissimo » revanchard en 1952 priva, une nouvelle fois, les Français de la victoire finale. En route pour son deuxième doublé Giro - Tour, Fausto Coppi atomisera la concurrence terminant à Paris près de trente minutes devant Stan Ockers. Le Tour de France rentrait de plein pied dans une ère nouvelle où plus rien ne serait comme avant. Michel Crepel
-
Sagan fait des émules !
Michel CREPEL a répondu à un(e) sujet de Michel CREPEL dans Discussions Route
https://www.youtube.com/watch?time_continue=6&v=X5t4lS1Gdb4 Essaie celui-ci, Cricri ! 😉 -
http://www.rtbf.be/sport/cyclisme/detail_la-danse-hilarante-de-la-victoire-d-un-coureur-norvegien?id=9279534
-
Je suis le cycliste masqué
Michel CREPEL a répondu à un(e) sujet de Didier BERNARD dans Discussions Route
C'était un coq de chez lui, en effet, maintenant, il est au vin et en boîte ! Miamiam !!😉 -
Liège-Bastogne-Liège
Michel CREPEL a répondu à un(e) sujet de Guillaume EDMONT dans Discussions Route
Oui, maintenant il y avait une quarantaine de partants et ce n'est pas la neige mais le brouillard qui fit que le départ fut retardé (Mémoire du Cyclisme un de mes supports pour mes récits mais pas que ...)😉 -
Liège-Bastogne-Liège
Michel CREPEL a répondu à un(e) sujet de Guillaume EDMONT dans Discussions Route
Voilà une question sensé de la part d'un "Ch'ti" pourtant délocalisé ! Oui est ce que Valverde va, coûte que coûte, s'engager dans un enfer au détriment de son principal objectif de la saison ? Rien n'est moins sûr ! Valverde est un filou ! On nous rabat la casquette qu’Etixx possède deux coursiers aptes à remporter la "Doyenne", certes je n'en disconviens pas mais ils ne sont pas les seuls, à mon humble avis ! Rodriguez et "Sucrette", pardon Zakarin pour Katusha, Costa, Ulissi et Meintjes (à l'attaque dans le final en 2015) pour Lampre, Gerrans, Albasini, Yates pour Orica et tant d'autres ont les moyens d'exorciser un final bloquer sans parler de Movistar, Izagirre, Visconti et surtout Dani Moreno peut très bien suppléer le Murcien si d'aventure, ce dernier attirait toutes les mouches à quelques encablures de la ligne fatidique ! Enfin bref c’est très ouvert comme d’habitude, le terme favori dans ce genre d’épreuve surtout avec une météo incertaine s’avère être des plus aléatoires !😉 -
Liège-Bastogne-Liège
Michel CREPEL a répondu à un(e) sujet de Guillaume EDMONT dans Discussions Route
Apocalyptique, en effet, 21 coureurs à l'arrivée, 27 en 1957, la seule chose qui change c'est que le "Blaireau" s'était coltiné 80 bornes seul alors qu'en 1957, un imbroglio au sujet d'un passage à niveau franchit par le futur vainqueur vint faire polémique avant que les commissaires ne classent l'outragé, Frans Soubben et le contrevenant, Germain Derijcke, sur la même ligne à Liège ! L'honneur était sauf, c'était deux représentants d'outre Quiévrain ! Mais tout ceci est du petit lait en rapport avec le Milan San Remo 1910, remporté par le "Vieux Gaulois", Eugène Christophe avec 4 arrivants !😉 Disputé le 3 avril 1910 sous des conditions terribles : la pluie, le froid et la neige. Luigi GANNA (Ita) arrivé 2° est déclassé pour avoir été surpris à bord d'une voiture. Piero LAMPAGGI (Ita) arrivé 5° est déclassé. Sante GOI (Ita) arrivé 7° est non classé pour arrivée après le fermeture du contrôle. Eugène Christophe ne possède pas, loin s'en faut, le palmarès le plus représentatif ni le plus boulimique du cyclisme Français et encore moins du peloton international, en revanche, les épreuves qu'il s'ingénia à dompter le furent d'une manière tout à fait extraordinaire. Bien avant l'icône le représentant re-brasant sa fourche brisée, sous l'oeil "insalubre" d'un commissaire récalcitrant, du côté de Sainte Marie de Campan, au pieds des cimes Pyrénéennes lors de la Grande Boucle de 1913, le gamin de Malakoff s'était déjà distingué, de l'autre côté des Alpes, à l'occasion d'un Milan San Remo 1910 apocalyptique. Nous sommes le dimanche 3 avril 1910 et les 63 courageux qui s'agglutinent, alors, sur la ligne de départ, ressentent, déjà et inexorablement, les prémices insidieuses du cauchemar qui les accompagnera toute la "sainte" journée. Les 290 bornes de l'épreuve s'annoncent, en effet, des plus dantesques. Le ciel bas, le froid glacial et la tempête de neige qui sévit lors de cette quatrième édition embrument les faciès congestionnés et éberlués des suiveurs, pourtant rares à cette époque, et des organisateurs locaux. Le train de sénateurs emprunté, pour la circonstance, par le serpentin humain, n'en est que plus irrationnel. Ainsi, se faufile t'il cahin-caha, en ordre presque martial jusq'aux contreforts machiavéliques du Turchino. A l'approche de celui-ci, dans ce paysage d'une austérité alarmante et d'une désolation sans nom, le blizzard a redoublé d'effroi et la température avoisine l'insupportable. Le mercure enregistre, alors, une descente vertigineuse vers le néant, ce même néant qui transpire dans le subconscient, fragilisé à l'extrême, de ces "Gladiateurs de l'apocalypse". L'ascension du col, ultime rempart avant de fondre et de rejoindre le bord de mer, est toujours envoûté par les frimas et appréhendé, par un peloton transi, de façon collégiale. Les coursiers qui composent ce "macabre" enchevêtrement de corps désarticulés sont frigorifiés, les pieds deviennent insensibles, les jambes sont raidies et durcies par tant d'agonie et les mains sont crispées et épousent les cocottes de freins comme jamais auparavant. Eugène Christophe, quant à lui, ne fait pas exception à la règle et à l'instar de ses compagnons de galère, le "Vieux Gaulois", arc bouté, sur sa monture, se bat tel un démon, contre les éléments contraires. Au détour d'un lacet, le "Titi Parisien" saute de sa machine prestement, malgré l'engourdissement, et commence un étirement en règle. Le peloton a, depuis longtemps, volé en éclats et les rares coureurs qui n'ont pas encore bâchés sont, désormais, éparpillés au sein de ce "no mens land" lunaire. Lorsque le Français franchi, enfin, le tunnel qui délimite le sommet du Turchino, la chaussée est absente car abondamment enneigée. Par endroit, des couches de poudre blanche de vingt centimètres rend caduque tout acheminement raisonnable. Il devient irréel de progresser à bicyclette. Christophe souffre le martyr, le froid le tenaille et les crampes commencent à diligenter leurs "poisons" dans son organisme passablement entamé et soumis à rude épreuve. Son estomac est victime de maux terribles et cruels dus à la malnutrition. La plupart du temps, à pied, il converge, aveugle, vers une destiné incertaine. Las, adossé à un rocher salvateur, le "Vieux Gaulois" attend. Quoi ? il n'en sait fichtrement rien ! Toujours est il qu'à un moment donné, il subodore plus qu'il n'aperçoit une ombre dans cette Sibérie Alpine. Cette ombre se libère, imperceptiblement, de sa chappe opaque et ses contours apparaissent, enfin, rassurantes. "Gégène" hèle, alors, à pleins poumons ce sauveur venu du "diable vauvert". L'inconnu, paysan hirsute, conduit l'infortuné coursier jusqu'à une auberge bienvenue où le tenancier du lieu le fera se dévêtir afin de sécher ses vêtements souillés et trempés. Enroulé dans une couverture de laine, généreusement offert par son hôte providentiel, le "Vieux Gaulois", de nouveau guilleret, ingurgite, englouti même, un grog bouillant. Rasséréné et gonflé à bloc, par cette obole, improbable quelque instant auparavant mais ignorant tout de la situation de la course, le Français, tel un grognard lors d'un remake de la "Campagne d'Italie", chevauche, pour la énième fois, sa monture, rejoint le bord de mer et file ardemment et vaillamment vers San Remo. A 25 printemps, Eugène Christophe, remporte cette "Primavera" d'anthologie. Quatre rescapés, seulement, se présenteront sur la Via Roma, terme de cette course hallucinante. Un mois de soins dans une clinique lui seront nécessaire pour recouvrer l'intégralité de ses membres endoloris et deux longues années pour retrouver la plénitude de son potentiel initial. Ces deux saisons blanches lui permettront de se reforger une condition telle, qu'à l'aube de l'année 1913, un forgeron pyrénéen qui tenait boutique au pied du Tourmalet, verra apparaître, un jour de juillet, un coursier pas comme les autres...Michel Crépel -
Liège-Bastogne-Liège
Michel CREPEL a répondu à un(e) sujet de Guillaume EDMONT dans Discussions Route
http://www.rtbf.be/auvio/detail_liege-bastogne-liege-1980-victoire-de-bernard-hinault-p-depre?id=1898664