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L.A. : Un homme


Philippe CATALDO

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Je n'entre plus dans la polémique "qui a couvert qui", "qui est compromis" etc ... car en définitive, quand le sport quitte les valeurs sportives pour devenir une industrie du spectacle, donc un business à part entière, ces collusions sont logiques.

Je dirais même qu'elles constituent une évidence. Quand Daniel Craig bénéficie des effets spéciaux pour ses cascades dans le dernier James Bond, je n'accuse pas le producteur de l'avoir soutenu non ? Pour moi, c'est une affaire réglée, l'industrie du sport, le sport spectacle, a quitté le champ des valeurs qui sont les nôtres, nous les sportifs "du dimanche".

Ce qui est fascinant dans cette histoire de "révélations", c'est que L.A. doit sa déchéance à son arrogance. (*) Car enfin, si il n'avait pas cherché à éliminer tous ses adversaires, tous ses contradicteurs, à piétiner tout le monde y compris certains de ses équipiers, je pense qu'il n'aurait jamais été déchu de ses 7 titres. Trop d'ennemis, trop d'arrogance, a fait qu'au bout d'un moment, tout le monde a voulu démasquer l'homme et le ramener à la réalité comme pour lui dire : "Dans l'industrie du sport spectacle tu es un Dieu, mais dans le monde des hommes, tu n'es rien !".

Ce type s'est brulé tout seul en se croyant invincible, intouchable, et je suis absolument fasciné par son orgueil, sa vanité aussi, sa capacité avancer comme si rien ne pouvait l'arrêter, dans cette quête absolue de pouvoir. Alors vous pouvez mettre en place tous les systèmes de contrôle que vous voulez, un jour se présentera un nouveau L.A., avec la même arrogance, car c'est dans la nature de l'homme de se brûler ainsi dans sa quête de pouvoir et de domination.

Qu'en pensez-vous ?

(*) il aurait pu se doper comme les autres, sans la ramener, mais non ! Quel culot pour déclamer sur le podium du Tour 2005 : «je voudrais adresser un message aux gens qui ne croient pas au cyclisme, aux cyniques, aux sceptiques. Je suis navré qu'ils ne croient pas au miracle, au rêve. Tant pis pour eux». Fascinant !

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A Bernard Vaillant

C'est intéressant ce que tu dis. Il vit ! Oui, sans doute, mais vit-il pleinement, harmonieusement, sereinement ?

C'est presque philosophique ça. Dans son cas, j'aimerais le savoir apaisé, mais je ressens chez lui une telle tension interne, qu'il semble porté par la revanche, peut-être même la haine parfois. Son enfance ? Sa relation au père absent ? Je ne sais pas si il vit vraiment ou si il s'est construit une armure pour attaquer et se défendre ...

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Et si LA visait plus haut encore dans des domaines ou l'on triche beaucoup.....Si on avait voulu l'eliminer d'une course aux titres......Cet orateur n'avait il pas quelque chose derriere la tête, une fois le sport terminé......C'est quand même bien les amerlocs qui l'ont fait plonger. On a bien fait plonger Tapie pour un match de foot arrangé......

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Il y a des gens qui évitent à tout prix les problèmes, les tensions, les confrontations. Et d'autres qui se construisent là-dessus, comme Armstrong. C'est surement parce qu'il a cette capacité à l'agressivité qu'il a été compétitif. En cela, il fait beaucoup penser aux politiques, que rien ne semble devoir détourner du but qu'il se sont fixés, du chemin vers le pouvoir.

Et on ne sait rien de leur éventuelle souffrance face aux revers de la vie. Peut-être que pour ne pas souffrir, ils sont obligés de continuer ce combat en s'adaptant aux circonstances. Ils nient ou ils avouent, selon ce qui leur semble opportun pour ne pas perdre, pour éventuellement se relancer plus tard. En fait, ils ne déposent jamais les armes, même dans des actes de contrition, de repentance. Cela fait partie du combat...

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A Mauro

Oui, je crois cela aussi. Ils ne baissent jamais les armes, se relèvent toujours.

Pour preuve concernant Armstrong, il n'a pas tout avoué semble t-il (dopage pendant les épreuves, pression sur les équipiers pour se doper, etc ...). Il a dit ce qu'il devait dire pour, au mieux préparer la suite, au pire limiter la casse.

Quand je vois ces gars là, je me dis que je suis un bisounours ... pas fait du même bois, c'est clair !

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Il a joué, il a perdu. C'est bien. 

Ce qui m'ennuie encore une fois, c'est que le vrai cyclisme paie encore la note. Il magnifie - comme beaucoup de sports d'endurance - l'effort, le dépassement de soi, les entraînements difficiles, les intempéries... Et pourtant, c'est le cyclisme que l'on traîne dans la boue.... Je pense plutôt aux bénévoles des clubs qui encadrent les mômes, gardent des carrefours et roulent propres. L'on disait - et j'adore cette expression surannée - ils pratiquent ''en bon père de famille ''. Eux sont les victimes, et je suis fatigué d'en faire partie.

Auparavant l'on estimait qu'une personne connue devait avoir une réserve, devait ne pas trop s'exprimer, et devait être '' valeur d'exemplarité''. Dans beaucoup de domaines, c'est l'inverse. Lance Armstrong incarne parfaitement cette inversion.

Après concernant le dopage, on fustige les sportifs mais on tolère dans notre société des artistes déclarant se droguer, des cadres chargés pour tenir le coup face au stress.... C'est bizarre.

Sportivement,

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Tu ne m'as pas compris. Je suis d'accord avec vous. Il faut arrêter d'être sur la défensive. Cool !

Quand j'écris '' laissons les grands hommes'' je ne parlais pas de vous ! Mais des grands hommes comme Armstrong.... Je fais référence aux stars médiatiques qui ne vivent pas la même vie que nous.

Sportivement,

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Je partage cette analyse. A la limite, c'est presque un personnage hollywoodien comme l'Amérique les aime. Hollywood en fera peut-être un jour un film bien édulcoré.

Tous les ingrédients sont réunis. Un gosse pauvre abandonné par son père, élevé par sa mère, mais qui veut prouver au monde entier qui il est. C'est typiquement américain. Il suscite l'admiration en guérissant d'un cancer. C'est beau car il montre l'exemple d'un battant et redonne l'espoir à des millions de malades. Il gagne peu de temps après la course qu'il considère comme la plus mythique : le Tour de France.  C'est fantastique: il montre au monde entier que le cancer n'est pas une fatalité. Puis il gagne un autre et encore un autre.... Il devient une icône. Les gens l'aiment: ne fonde-t-il pas une fondation contre le cancer. Il a la rage de vaincre et écrase ses adversaires. 

Puis un jour le mythe s'effondre. Le magicien a terminé son numéro. Il est démasqué. Rebondissement spectaculaire. C'est alors que le scénario devient palpitant. Car le spectateur va continuer à aimer le personnage qui se repentira de tous ses péchés, les larmes à l'oeil, en se présentant comme victime d'un système dont on finira par croire qu'il n'avait pas le choix de faire autrement. Certains continueront à l'admirer (c'est déjà le cas).

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Il y a une chose que je déteste par dessus tout. C'est l'acharnement et la curée contre quelqu'un.

On sent chez toi la compassion pour Betsy Andreu harcelée par L.A. traitée de pute, de grosse poufiasse, que sais-je encore.

On sent encore plus la compassion pour Emma O'Reilly chassée de son métier par le capo du cyclisme de l'EPOque.

On voit que tu détestes l'acharnement dont L.A. a fait preuve envers Christophe Bassons et Simeoni, envers tous ceux qui ont voulu se mettre en travers du dopage,qu'il a toujours considéré comme sa voie roxale et privée.

Il ne fait aucun doute que tu mépriseras son acharnement contre Mike Anderson quand tu auras lu son histoire

http://www.dailymail.co.uk/news/article-2196836/My-life-Lance-Armstrong-Personal-assistant-tells-steroids-cyclists-bathroom-cabinet-fired-year.html

Je ne cite pas les journalistes qui ont eu à le subir.

Peut-être Sheryl Crow nous en dira-t-elle plus maintenant puisque Kristin Armstrong ne peut pas parler elle, car elle doit penser aux enfants.

Comme toi j'ai horreur de la curée. Mais je me délecte que le chemin de croix de Lance Armstrong ne fasse que commencer.

 

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Je ne peux pas suivre ton raisonnement Bernard. Ce qui compte en tout homme, c'est la finalité de ses actes, au delà des qualités personnelles qu'il met en jeu pour y parvenir. On peut effectivement admirer les capacités de LA que tu soulignes, à savoir la combativité, l'obstination - l'acharnement même -, l'intelligence, etc. Mais n'est-il pas plus judicieux, lorsque l'on a ces qualités, de les mettre au service d'une cause noble, plutôt qu'au service d'une ambition égoïste dont l'accomplissement se fait au détriment des autres, et même de toute une communauté ?

Je ne suis pas étonné qu'une telle entreprise se soit soldée ainsi pour lui. C'est une leçon de vie qu'il aurait du connaître avant. C'est chose faite maintenant.

Des profils comme celui-ci, j'en ai croisés dans d'autres domaines. Ce qui les caractérise, c'est l'absence totale de recul, d'appréciation face aux enjeux d'une vie d'homme. Et souvent malgré une capacité d'analyse, d'observation et de décision très au dessus de la moyenne. Ils sont programmés pour satisfaire leur ambition dévorante, connaître le succès, parfois la gloire, et vlan, le destin semble se retourner, l'échec arrive, la déchéance, etc. La curée fait son oeuvre mais elle est indispensable. En fait le destin ne se retourne pas, il s'accomplit. La vraie vie commence après.

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Je défends Armstrong, mais je n'ai jamais dis que les pros sont pourris, ils se dopent, c'est tout. Même si un jour il faut stimuler ses glandes surrenales avec une plume d'oie pour pouvoir passer aux contrôles, ils le feront tous ou presque. Je parle de ceux qui voudront gagner....

Tu es désespérant.

On dirait que tu as peur de renier ton passé.

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C'est le système entier qui est pourri. Donc ceux qui y adhèrent, et donc le composent, sont aussi pourris. Je ne comprends pas que tu ne puisse pas l'admettre.

Que les cyclistes qui veulent marcher en pro se sentent obligés de se doper parce que sans ça, c'est impossible, je le comprends. Mais ce faisant, ils acceptent sciemment d'entrer dans ce système pourri, et le cautionnent de fait. Ils deviennent donc aussi pourri que lui. Un peu comme les métastases d'un cancer.

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Je ne vois pas en quoi l'envie de gagner est un passe droit. C'est trop simple.

Chacun a la possibilité de bafouer les règles mais chacun devra assumer ses choix face aux autres et le cas échéant payer. Trop simple de transiger les lois, les règles : l'on a toujours une bonne raison.

''Les pros se dopent, c'est tout ''. Tu as raison ne faisons rien, c'est comme ça..... Là, je fais de l'ironie mais vraiment j'aimerai que tu m'expliques pourquoi cela semble aussi évident ? Je ne suis pas naïf, mais donc on laisse faire ?

Sportivement,

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