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Rad am Ring 2017


Franck PASTOR

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Hier, c'était ma quatrième participation au Rad am Ring, une «grand'messe» cycliste qui a lieu chaque dernier week-end de juillet sur le circuit allemand du Nürburgring, dans le massif de l'Eifel, près de la Belgique et du Luxembourg.

L'Eifel est un très ancien massif montagneux de nature volcanique (dont les volcans sont éteints depuis longtemps), très semblable à l'Ardenne voisine en altitudes et en paysages. L'énorme complexe automobile du Nürburgring y a été construit en 1927, autour du vieux château en ruines de Nürburg (d'où son nom…) afin de dynamiser cette région qui était à l'époque la plus pauvre d'Allemagne.

Actuellement le Nürburgring est composé de deux circuits, reliés ou non suivant le contexte : le Grand-Prix Strecke, circuit de Formule 1 d'environ 5 km, et l'immense Nordschleife (boucle nord), circuit ultra-vallonné et sineux de 20,8 km de long avec pas moins de 500 m de dénivellation positive.

Pour plus de détails sur cette Mecque de l'automobile : 

http://www.focusauto.fr/le-mythique-circuit-du-nurburgring/

http://bit.ly/2vaulUp 

Dévolu à la compétition automobile en temps normal, et de temps en temps ouvert (pour la Nordschleife) à tout automobiliste qui aime se faire des sensations sur ses pentes vertigineuses et dans ses innombrables virages, le complexe est réservé aux cyclistes un week-end par an, à la fin de juillet, lors de ce «Rad am Ring».

La principale épreuve de ce week-end, ce sont les 24 h cyclistes, donc l'équivalent d'une journée entière à rouler, seul ou en équipe de 2, 4 ou 8 coureurs, sur la Nordschleife et le circuit Grand-Prix cumulés. Il y a également une épreuve VTT de ce genre, qui visite logiquement les environs du circuit plutôt que de s'y cantonner.

Mais il y a aussi un contre-la-montre le vendredi soir, des cyclosportives (Jedermann-Rennen) de 25, 75 et 150 km respectivement le samedi (parallèlement aux 24 h).

Et le dimanche matin, de 7 h à 11 h, la Nordschleife est ouverte aux cyclotouristes, qui peuvent faire autant de tours de ce circuits qu'ils veulent, les seuls impératifs étant de ne pas gêner les coureurs de 24 h qui tournent en même temps qu'eux, et que le dernier tour de Nordschleife doit être commencé avant 11 h. C'est le Nordschleife-Tourenfahren.

C'est Jérémie Laplac, participant régulier du forum, qui m'avait fait découvrir le Rad am Ring en 2014, sur la Nordschleife Tourenfahren. Ça m'avait tellement plus que j'y suis retourné en 2015, sur la même épreuve, et en 2016, pour la Jedermann-Rennen de 150 km. 

Cette année, j'avais prévu également d'y revenir, encore une fois pour la cyclosportive de 150 km, et j'avais réservé pour l'occasion une chambre d'hotel pour deux nuits (de vendredi à dimanche dernier), dans la localité de Barweiler à 8 km du circuit.

Ce que je n'avais pas prévu, c'est que je serais malade les jours précédents mon départ : attaque de fièvre mardi. Mercredi, idem. La fièvre était tombée le jeudi, ce qui m'a poussé à prendre la route pour l'Eifel comme prévu vendredi matin, soit 250 km de trajet environ à partir de Bruxelles.

Seulement voilà, sitôt arrivé, la fièvre se déclare à nouveau. C'était donc une évolution de la température en V (fièvre - rémission - à nouveau fièvre) typique d'une infection virale, ce que j'aurais dû anticiper.

Samedi matin, jour de la Jedermann-Rennen, encore 38° de fièvre : c'est cuit pour cette cyclosportive de 150 km et 3500 m de dénivellation que j'avais cochée depuis si longtemps dans mon agenda. Je devais y retrouver Jérémie Laplac, qui avait fait le déplacement de son côté. On se sera donc loupés cette année… 

Samedi soir, chute de la fièvre, confirmée le lendemain matin : je décide alors de sauver ce qui peut l'être de mon week-end et de participer à la Nordschleife-Tourenfahren. Pas de classement, pas de pression, autant de tours de Nordschleife que je peux accomplir et à mon rythme. Dans mon état de convalescence, c'est tout aussi bien.

J'arrive à 7 h du matin tout rond pour les quelques formalités d'inscription de dernière minute, et je me lance vers 7 h 20 sur la Nordschleife.

Les principales stats et la carte du circuit pour le cycliste :

https://www.radamring.de/en/tour/track-nordschleifen-tour

Petite description, forcément incomplète, d'un tour de ce circuit gargantuesque de presque 21 km. D'abord une descente sinueuse de 2 km environ (Hatzenbach-Hocheichen) puis un énorme «coup-de-cul» connu sous le nom de Quiddelbacher Höhe où on passe de 70 km/h à 10 km/h en quelques secondes, suivi d'un faux-plat appelé Flugplatz.

Puis à nouveau une longue descente (Schwedenkreuz), un virage très rapide à droite (Aremberg) et une ligne droite plongeant vertigineusement en ligne droite appelée Fuchsröhre : endroit propice s'il en est aux records de vitesse. L'année dernière j'y avais atteint 89,5 km/h.

http://bit.ly/2f07u7s

Brusque remontée à nouveau vers les lacets d'Adenauer Forst, faux-plat descendant de Metzgefeld, et à partir de Kallenhardt jusqu'à Breidscheid, dernière longue descente, moins rapide que Fuchsröhre, mais plus compliquée à négocier en raisons notamment de virages serrés où certains cyclistes vont dans le décor. 

À partir de Breidscheid, point bas du circuit, on remonte évidemment. D'abord par une butte digne en tout point du Raidillon de Spa-Francorchamps, appelée Ex-Mühle, suivie d'un faux-plat descendant (endroit du fameux crash de Niki Lauda, pour les connaisseurs) jusqu'au long virage incliné de Bergwerk, et de là ça monte sans trève pendant 2 km environ sur des pentes variant de 5 % à 10 %, voire plus par endroits (secteur Klostertal) jusqu'au secteur du Karussel, un virage en banking légendaire dans le milieu automobile.

Au passage, on est passé au pied d'une piste en béton très, très raide, malheureusement fermée cette année, qui shunte la portion du Karussel au prix de pentes allant jusqu'à 27 %. Je l'avais empruntée il y a deux ans :

http://www.velo101.com/forum/voirsujet/votre-pente-la-plus-raide--32730

Après le Karussel, très courte redescente, et c'est la dernière borne de la partie globalement montante du circuit : le secteur de la Hohe Acht. Jamais moins de 10 % et jusqu'à 17 %. Un parfait convertisseur de cyclistes en piétons, jugez-en :

Après cela, ce sont des montagnes russes, des descentes et montées parfois sèches mais relativement courtes : Wippermann, Brünnchen, Pflanzgarten, Schwalbenschwanz…, très redoutées des automobilistes mais pas trop effrayantes pour le cycliste entraîné, jusqu'au secteur final : une longue ligne droite de 2 km environ (Dottinger Höhe), irrégulière de pente elle aussi, ponctuée par une rude montée finale en chicane (Hohenrain), qui boucle le circuit en beauté.

J'aurai fait quatre tours cette année de ce circuit paradisiaque pour les cyclistes (du moins ceux qui aiment quand ça monte et descend sans cesse, et rudement, et longtemps 😆). Les sensations n'étaient forcément pas au top vu mon état de convalescence, donc je me suis bien gardé de «taper dedans». J'ai usé au maximum de mes tout petits braquets (26/34 mini), particulièrement bien sûr dans la Hohe Acht, mais aussi ailleurs (Quiddelbacher-Höhe, Ex-Mühle, Klostertal), ce qui m'a permis de rester sur deux roues tandis d'autres, beaucoup d'autres, étaient à pied.

Il n'y a donc pas eu d'anecdote particulière à raconter cette année, à part une vision inquiétante dans le virage à droite piégeux en descente de Kallenhard : ambulance et service d'urgence. Apparemment un cycliste avait méchamment chuté ici. Même sur un circuit réservé au cycliste, il convient d'être toujours prudent…

Pour le reste, le temps était beau, voire chaud vers la fin (jusqu'à 25°), mais très venteux. Un fort vent de secteur ouest qui rendait la ligne droite finale particulièrement rude à négocier. Pour moi la partie la plus difficile du circuit, incontestablement, puisque le vent est quelque chose que j'ai toujours eu du mal à gérer. Mon gabarit de poids-plume, bien utile dans Hohe Acht, n'arrangeait rien dans ce secteur-là.

Mais pas de fatigue particulière cette année, même pas de crampes alors qu'elles étaient un problème récurrent en fin d'épreuve les années précédentes. Juste la sensation que le moteur était poussif, et donc qu'il ne fallait jamais l'emballer. Toujours en dedans donc, profiter de l'environnement somptueux (l'Eifel par beau temps, c'est quelque chose !), lancer quelques conversations au passage, avec mes bribes d'allemand ou mon anglais bien plus complet. J'ai même pu converser avec deux Français à un moment. Bon, c'était en pleine grimpette de la Hohe Acht, ce qui a quelque peu limité la conversation ! 😃

Pour les stats : cette année, quatre tours de Nordschleife donc, soit 83,5 km, un peu plus de 2000 m de dénivellation totale, vitesse moyenne de 20,6 km/h, vitesse maximale de 82,9 km/h (Fuchsröhre, évidemment), cadence moyenne de 91 tours/minutes, cadence de pédalage maximale de 141 tours/minutes (toujours dans le Fuchsröhre). Des statistiques globalement en baisse par rapport à mes éditions précédentes, ce qui s'explique aisément par cette fichue maladie de cette semaine. J'espère que lorsque je reviendrai, l'année prochaine si possible, j'aurai un peu plus de chance à ce niveau.

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Vraiment dommage ton état de santé juste avant cet évènement majeur🙁

A propos du circuit sur Strava, j'ai regardé les perf des meilleurs, les pros de Wallonie Bruxelles sur le 150 km roulaient à plus de 38 de moyenne, mes meilleurs cyclosportifs que je connais à plus de 36.

Pour le segment "Hohe Acht" STRAVA donne 4,0 km à 6% de moyenne, le KOM est à 25,3 km/h.

https://www.strava.com/segments/657879

 

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Très mal nommé ce segment Strava. En fait il correspond à l'enchainement des segments réels suivants du circuit : Bergwerk, Kesselchen, Klostertal, Steilstrecke (au pied de la piste bétonnée du même nom, non empruntée), Karussell et enfin, dans le dernier km seulement, Hohe Acht avec ses 17%. Il y a quelques passages moins pentus et même en légère descente (après le Karussell, lui même en faux-plat) qui expliquent la moyenne à 6 %.

Quand même, 25,3 km/h c'est impressionnant, parce que lorsque ça monte vraiment, c'est pas pour rigoler…

Pour info, la Hohe Acht est nommée ainsi parce que c'est le nom du point culminant de tout l'Eifel (747 m), qui est situé tout près du circuit : https://en.wikipedia.org/wiki/Hohe_Acht

J'oubliais d'en parler, il y a effectivement une course pro lors du Rad am Ring depuis l'année dernière, elle a lieu le dimanche après-midi et s'appelle la Rudi Altig - Race (Rudi Altig a été champion du monde en 66 sur le Nürburgring, pour rappel, devant Anquetil et Poulidor).

Vainqueur cette année : Huub Duijn (Veranda-Willems) devant son coéquipier, un certain… Wout Van Aert. À noter aussi la 4e place de Stijn Devolder.

http://sporza.be/cm/sporza/wielrennen/1.3035918 (néerlandais)

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Pour ceux qui ont de la curiosité et de la patience, je replace ici une vidéo de 54 minutes, prise d'une dash cam, montrant l'intégralité du premier tour des 24 h du Rad am Ring 2013 (le circuit n'a pas changé depuis, ou alors des détails qui ne concernent pas le cycliste).

Jusqu'à 6 min, c'est sur le circuit Grand-Prix, ensuite c'est sur la Nordschleife. Vous pouvez vous amuser à repérer les différentes sections du circuit dont j'ai parlé plus haut. 😉 Par exemple, le secteur Hohe Acht, c'est entre 33'30'' et 37'10''. À peine le premier tour de toutes épreuves chronométrées comprises (hors contre-la-montre et VTT), et on y voit déjà des piétons ! 😲

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