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Tout ce qui a été posté par Michel CREPEL
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Pas grand chose, c'était pour faire avancer le Schmilblick ! 😉
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Rien, c'était pour faire avancé le schmilblik ! 😉
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Froome : Les chiffres
Michel CREPEL a répondu à un(e) sujet de David VANDERVEKEN dans Discussions Route
Et si on demandait les références des autres formations ? Après tout, la Movistar est bien devant la Sky au classement par équipes, non ? L'équité voudrait qu'il en soit ainsi ! 😉 -
Pra loup, hier et aujourd'hui ...
Michel CREPEL a répondu à un(e) sujet de Michel CREPEL dans Discussions Route
Je le suggère dans ma présentation de la 17ème étape où, malgré tout, il faut savoir se monter bref et concis ! Quant à Guimard, il surnageait à ses déboires passés (72) ! Néanmoins c'est un avis tout à fait respectable ! J'ai éprouvé de l'amertume et de la compassion lorsque le "Cannibale" a refermé ses puissantes et pantagruéliques mâchoires et j'ai, en outre, éprouvé une grande joie lorsqu'à l'approche de la remise de sa monture au "clou", il a remporté nanti d'un panache retrouvé, la der de der, sa septième "Pimavera" !!😉 Il est vrai que les Pélissier, Coppi, Bartali, Anquetil auraient très bien pu être des héros de "BD" où des sujets du 7ème art pour réalisateur empreint de romantisme ! -
Tu ne croises pas tous les jours un "déjanté", non plus, "Mimi" !😉
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Voilà, la présentation de la 17ème étape telle qu'elle figure sur Radio51.eu, la radio du vélo ! Au sortir d'une journée de repos et surtout la dernière, la reprise est souvent chaotique pour certains et cet état de fait n'épargne, évidemment pas le moins du monde, les favoris à la victoire finale. Lorsque ce retour à la vie active a, en outre, pour théâtre une étape, Digne-les-Bains - Pra-Loup, entrée dans la légende en l'"An75" de la Grande Boucle et qui a, de surcroît, fait déverser énormément d'encre et de salive mêlée, nous sommes en droit de nous attendre à tous les scénarios possibles et imaginaires. Tous les ingrédients, étrangement en étroite similitude, avec ceux du passé sont présents excepté peut être, la nationalité des protagonistes en présence. Sur les 161 kilomètres d'un parcours accidentés et variés mais, somme toute pas non plus gargantuesque, qui empruntera les cols des Lèques, de Toutes Aures, de la Colle-Saint-Michel à défaut de ceux de Saint-Martin, Couillole et Champs, les rescapés aborderont, alors la partie commune aux deux étapes distantes de quarante ans. De l'escalade interminable du Col d'Allos et de sa descente infernale où Eddy Merckx avait, une nouvelle fois démontré et ce malgré une santé chancelante que le bonhomme avait le panache chevillé au corps et la montée vers Pra Loup qui sonna le glas de ses espérances présentes et futures au détriment d'un Bernard Thévenet, alors, à l’apogée de sa gloire naissante, les coureurs du XXIème siècle tenteront de réécrire l'histoire. Seules, disais-je, les nationalités ont changé mais les quolibets et les "coups de poing" intempestifs et intolérables demeurent bien présents à quarante ans d'intervalle. Et voilà, la "Légende de Pra Loup" ! Tour 1975 : Il était une fois Pra Loup. "Depuis des années, on attend que je m'effondre. Mais la défaillance n'est jamais venue. Pour être battu, il fallait que je tombe sur plus fort que moi. C'est fait, Bernard Thévenet était plus fort que moi !" C'est par cette phrase sibylline mais ô combien sincère, quoique empreint d'un soupçon d'équivoque, que le "Cannibale" rendra hommage à son intraitable bourreau, le Bourguignon Bernard Thévenet, au soir de sa terrible désillusion. Dans la bouche d'un "despote" tel que le Bruxellois, cela dénote une certaine intégrité intellectuelle que peu de ses détracteurs semblaient vouloir avaliser. Il est pourtant le seul, des quintuples lauréats de la Grande Boucle, à admettre, en des termes surannés, certes, mais volontiers explicites, la domination d'autrui. Le cheminement de sa "déchéance" a conduit ce monstre d'abnégation et de pugnacité à réviser les réalités dogmatiques du commun des mortels. Outre, le Texan, sextuple vainqueur de la kermesse de juillet, seul à ne pas avoir rencontré son "Père Fouettard", tous ont, un jour ou l'autre, subit l'outrage de l'inexorable fin de règne. Par des chemins diversement empruntés ou suggérer, c'est selon, Anquetil, Merckx, Hinault et Indurain se sont tous les quatre heurtés, brutalement mais toujours dignement, aux flétrissures des saisons longues et harassantes. Eddy Merckx, demeure, néanmoins, l'unique légende du Tour à avoir dompté un orgueil, mainte fois encensé, mais aujourd'hui passablement écorné voir bafoué. La singularité et l'âpreté de l'aveu s'avère être un des exploits les plus retentissant que le "Cannibale" ait eut à réaliser. Pourtant, dieu sait si le teigneux Bruxellois aura tout tenté, en vain toutefois, pour retarder la fatale et implacable échéance. Sa boulimie invraisemblable de victoires depuis la catégorie des débutants en 1962 ne s'est jamais démentie. Cette tension, née de sa répulsion à l'échec, entamera inéluctablement et prématurément un potentiel physique même hors du commun. L'outrecuidance avec laquelle Eddy Merckx aura dominé partenaires et adversaires confine à l'extraordinaire, et ce n'est pas le moindre des euphémismes. Son insolente supériorité physiologique mêlée à une capacité innée à repousser le seuil de la souffrance confère au Bruxellois un avantage à nulle autre pareille. Sportif dans l'âme, le jeune Eddy a usé ses fonds de culottes sur toutes les aires de jeu d'Outre Quiévrain bien avant ne serait-ce que de subodorer enfourcher un vélocipède. Cette probité sportive l'aura indéniablement servi dans sa quête d'absolu et de reconnaissance mais inexorablement trahi lors du crépuscule de son existence d'athlète. Cette relative régression, quoiqu’imperceptible, apparaîtra à l'aube des années 70. Les prémices mueront, par exemple, un escaladeur génial et virevoltant en montagnard besogneux et emprunté. Paradoxalement, en revanche, ce "balbutiement décadent" n'aura aucun effet sur son emprise à se rassasier à satiété sur les épreuves dites d'un jour. Comme en témoigne sa campagne printanière à l'aube de 1975, le "Cannibale" demeure l'exemple type du prédateur "gargantuesque". Une "Primavera", une "Gold Race", un "Ronde" et une "Doyenne" tendent à démontrer, si besoin était, la voracité du "bonhomme". Cela dénote, en outre, un appétit toujours plus affirmé et dont la frugalité n'a d'égale que la portion congrue abandonnée à ses adversaires. Sa préparation stakhanoviste aux grands "Tour" n'a jamais engendré chez lui une obligation de résultats lors des épreuves d'une semaine. Il ne porte pas, loin de là, une affection débordante pour ces courses hybrides. Il se contente, d'ailleurs, d'y participer avec parcimonie privilégiant les secteurs physiologiques, apparemment, les plus vulnérables de sa personne. Ainsi s'autorisera t'il le premier accessit de la "Course au Soleil" et au Tour de Suisse. C'est, donc, nanti d'un baguage des plus conséquents que le leader des Molteni se présentera, chez lui, à Charleroi, hôte de départ de cette Grande Boucle 1975. Bien que dominé lors du prologue par un "Cecco" de feu, Eddy Merckx assoit sa domination sur ce Tour en s'adjugeant les deux chronos suivant. Et c'est le plus naturellement du monde que l'on retrouve le Belge, ceint de la tunique jaune tant convoité, à la veille d'aborder le massif Pyrénéen. A ce moment-là de la course, ses adversaires les plus crédibles se positionnent déjà au-delà des deux minutes. Soudain, aux yeux des suiveurs et inconditionnels de tous poils, la onzième étape, Pau - St Lary Soulan, apparaît comme le maître étalon, le test grandeur nature, de toutes les interrogations engendrées depuis des mois, concernant la soit disant "atrophie grimpante" d'Eddy Merckx. Depuis 1974, cependant, nous avions constaté, plus qu'avalisé, une certaine léthargie chronique du Belge en haute altitude, il subissait, en fait, plus qu'il n'imposait. C'était insuffisant, toutefois, pour ne pas se liquéfier et compromettre ses chances de succès. En outre, il semblait beaucoup plus affûté et volubile qu'un an auparavant. Au pied du Pla d'Adet, les ascensions du Tourmalet et d'Aspin ont déjà égratigné passablement un peloton éparpillé et décimé. Six hommes ouvrent la route. Merckx, Ocana, Thévenet, Delisle, Gimondi et Van Impe, que du beau linge, assurent un train soutenu dissuasif pour tous ceux qui ambitionneraient un retour intempestif. La liste non exhaustive des battus du jour est éloquente à plus d'un titre. Poulidor, Battaglin, Kuiper et Lopez Carril, entres autres, figurent, en effet, au ban des laisser pour compte et végètent, déjà, à près d'une minute des "éclaireurs" de tête. L'attaque initiale de Bernard Thévenet est ahurissante de spontanéité et de soudaineté. C'est l'imbroglio et la stupeur au sein du groupe. Le "Bergamasque", visage blême et cuisses noueuses à l'excès, en est la première victime. D'autres ne tardent pas à chanceler puis à être engloutis par la "Sorcière aux dents vertes" qui errait par-delà des hautes cimes. Jos De Shoenmaecker, le "Sherpa" de Merckx et Francisco Galdos, l'héritier du "Picador" sont les premiers "amuse-gueule" de l'emblématique fléau des "sans grades" et des faibles. Devant, le Bourguignon s'est repositionné sur sa selle et attend, sagement, le retour de Merckx, Ocana, Van Impe et de Zoetemelk, revenu, lui, du "Diable Vauvert". Ce dernier, contre aussitôt. Le Batave de Germiny l'Evêque, dans son déhanchement saccadé coutumier, s'envole, imperturbable. Les muscles saillants, le Néerlandais, n'osant aucun regard vers ses proies, poursuit son effort majestueux. Eddy Merckx, un instant, en difficulté s'est ressaisi et grimpe dès lors à son rythme, Thévenet, Van Impe et Ocana dans sa roue. Un nouveau démarrage de "Nanard" aura pourtant raison de la résistance du Belge. Pendant que le Français se lance héroïquement à la poursuite du Hollandais volant, Merckx, dans un sursaut d'orgueil a réussi à décramponner, sans le vouloir vraiment, l'"Espagnol de Mont de Marsan". Par trop respectueux, le "Lilliputien" Belge Lucien Van Impe accompagnera son illustre compatriote jusqu’à la banderole d'arrivée où il se permettra, néanmoins, de le devancer. Devant, Bernard Thévenot échouera à six secondes de Joos Zoetemelk pour la victoire d'étape. Mais l'important était ailleurs. En effet, le Français reprenait une cinquantaine de secondes au Belge sur les ultimes rampes d'une unique montée et cela suffisait amplement à son bonheur et à ses prétentions. Thévenet, Bourguignon de son état, est tout excepté un extraverti. Les plans présomptueux, les effusions prématurés, l'enthousiasme exacerbé et anticipé, il les a en horreur et les abandonnent volontiers à ses chefs de clan. Mature, "Nanard" reste convaincu que la "bête" blessé et meurtri dans ses chairs n'en est que plus assoiffé de revanche. Combien de victimes expiatoires n'a-t-il pas vu offertes ainsi en oboles à l'appétit toujours en éveil de la "Sorcière" récalcitrante, par un "Cannibale" furibond, au lendemain d'une déconvenue. Pourtant, et malgré une grosse défaillance admirablement bien masquée par le Bourguignon lors de l'étape de Super Lioran, l’hallali semble proche, néanmoins, pour le Belge. Dans l'ascension du Puy de Dôme, le lendemain, Bernard Thévenet place une mine diabolique et irradiante à cinq bornes du but. Scotché sur la pente surchauffée du monstre Auvergnat, le maillot jaune encaisse alors un véritable uppercut. Seul Van Impe, habile à user du "saut de puce" parvient assez aisément à prendre la roue du Français. Zoetemelk, quant à lui, est demeuré au chevet d'un Merckx tétanisé, crispé à l'extrême mais ô combien courageux et volontaire. Littéralement attelé à son porte baguage le Batave ne lui est d'aucun réel secours mais le pouvait-il seulement ? Thévenet grimpe allègrement vite, comme de coutume, le torse, dont la sueur suintante grisaille les damiers, en guise de balancier au-dessus de la potence de son destrier. Comme pour rythmer son ascension, il imprime chaque coup de pédale de tout le poids de son corps déjà passablement meurtri par l'effort. Pas très académique, ni très esthétique, le Bourguignon, mais diablement efficace. A environ un kilomètre du sommet le "Tom pouce" Belge, Lucien Van Impe, dépose le natif de Saint Julien de Civry écarlate, plus que jamais ramassé et recroquevillé sur son cadre blanc immaculé. Van Impe s'envole alors, léger et aérien, vers une victoire auréolé d'un certain panache et conforte, par la même occasion, un maillot à pois qui, par ailleurs, lui sied à ravir. Eddy Merckx épuisé, toujours flanqué du gluant mais opiniâtre Néerlandais, abandonne plus de trente secondes dans l'affaire à un Thévenet plus que jamais en passe d'entrer, de plein pied, dans la légende du Tour. La journée de repos salvatrice, sur les bords de la Méditerranée, arrive à point nommé, pensait-on, pour apporter au Maillot jaune un soupçon de la sérénité égarée aux détours des lacets Pyrénéens et Auvergnats. Mais une journée est-ce suffisant pour conserver la misérable minute qu'il dispose sur un Français décomplexé et déchaîné. Rien n'est moins sûr, les Alpes qui se profilent semblent, en effet, annoncer le glas des espérances du Belge. Journalistes et suiveurs, sans omettre un public des plus versatile quoique "franchouillard" par essence, épient, guettent et espèrent la "mort" du "Cannibale". La "mort en direct" de l'implacable et intraitable despote a quelque chose d'obscène et d'indécent. En fins psychologues, qu'ils ne sont nullement, heureusement, ces "bonimenteurs de kermesses", pour le moins avinés, suggèrent et revendiquent même une corrida sur les pentes en amont de Pra Loup. C'est peu ou prou la réalité des faits, historiquement parlant, excepté toutefois que cette réalité fut dépourvue de tout sens morale envers un homme "blessé" et dénuée, ne serait-ce, que d'une once de respect à l'égard du plus grand "saute ruisseau" de tous les temps. Prime à la stratégie devait être le mot d'ordre de cette journée particulière. La configuration du parcours prédisposait à merveille à ce type de réflexion. Les passages aux sommets des cols de Saint Martin, de la Couillole, des Champs, d'Allos et la montée finale vers Pra Loup présentaient plus les symptômes du coupe gorge que d'une loyale randonnée. L'éveil des hostilités aura pour théâtre l'interminable ascension du col des Champs. Le décor est planté sublime et austère à la fois et le duel qui va s'y dérouler, sous les yeux écarquillés et ahuris de millions de convives dignes de "Macbeth", sera à l'image des combats de gladiateurs très prisé en des temps immémoriaux. Il est à noter cependant, que la journée de repos a donné lieu, en outre, à de sirupeux conciliabules adipeux aujourd'hui surannés concernant l'élaboration et la mise en place de stratégies des plus glauques, frisant le guet-apens. Pourtant, le Bourguignon apparaît métamorphosé, en ce 11 juillet, il délivre alors une demi-douzaine de coups de poignard d'une violence inouïe, les impacts, tels des balles, font fondre la chaussée et rempli d'effroi partenaires et adversaires. Immédiatement, Merckx dans un élan de générosité insoupçonné place un contre exceptionnel qui ébranle mais ne tétanise aucunement le leader des Peugeot. Dans la descente, Thévenet perce et doit laisser le Belge s'enfuir à tombeaux ouverts dans la vallée en direction du col d'Allos. Dépanné assez rapidement, le Français est maintenant contraint à une poursuite drastique et alarmante, car soumis à des efforts superflus pouvant porter préjudice lors d'un final aussi musclé que la montée d'Allos et de Pra Loup. Sur les pentes de l'avant dernière difficulté de la journée, Eddy Merckx subodorant que sa sérénité en haute montagne est devenue, depuis peu, rédhibitoire pour espérer, ne serait que, suivre un "mouflon" tel que le Bourguignon, va tenter son ultime coup de bluff. A quelques encablures du sommet d'Allos, le maillot jaune porte une attaque foudroyante et assassine. Superbe de panache, le Bruxellois bascule seul au sommet et plonge tel un aliéné, flirtant avec le ravin abrupt. Sa vertigineuse entreprise suicidaire mais ô combien pensée et réfléchie se déroule à une vitesse jamais encore atteinte. Le macadam dans un état pitoyable jouait avec les boyaux du Belge. Le goudron fondu, les graviers représentaient autant de pièges que Merckx négociait avec maestria et insolence. Son insouciance avait fait des émules. A l'arrière, le véhicule de l'inénarrable Giancarlo Ferretti fit une pige quatre-vingt mètres en contrebas de la route. Plus de peur que de mal. Derrière l'"obus" c'était "Hollywood", tous voulaient assister à la vertigineuse escapade du "Cannibale" héroïque et dantesque. Robert Lelangue qui désirait un strapontin se fit alors vertement interpeller et réprimander par Jacques Goddet en personne : " Non, vous ne passez pas ! C'est une course cycliste, pas une course à la mort !". La mort, Eddy Merckx la côtoie, pourtant, à chaque virage, à chaque anfractuosité de la route caillouteuse à l'extrême. Il la repousse, d'un revers de guidon, avec violence mais conviction. Nous vivons un moment hallucinant et mémorable. Finalement, même si l'échelle des probabilités en avait fait un perdant au soir du Puy de Dôme, n'était-il pas, à l'inverse, tout simplement en train de tisser la trame d'un sixième succès ? N'a-t-il pas rivalisé, maîtrisé puis débordé ses plus dangereux adversaires sur son terrain de prédilection ? Toutes ces pensées positives car légitimes doivent nécessairement lui tarauder l'esprit au moment même où l'ardoisier lui dévoile l'avance qu'il possède sur le Bourguignon : une minute et dix secondes. Les chances du Français, de colmater la minute de débours, s'avéraient alors proche du néant. La montée vers Pra Loup s'annonce palpitante et engagée à défaut de décisive. Le soleil caniculaire plombe les crânes chauffés à blanc. Eddy Merckx ne semble pas se ressentir de son "one man show" tonitruant et éprouvant. Tout se passe merveilleusement bien pour le Belge jusqu'à quatre bornes du but. Quatre bornes pour la légende. A ce moment précis, Eddy Merckx se désunit soudainement. Alors que rien ne le laissait présager soixante secondes plus tôt, le maillot jaune est saisit de vertiges. Sa pédalée, de coutume heurtée mais cadencée, devient chaloupée puis syncopée. Le souffle d'ordinaire posé et calme devient brutalement saccadé et rauque. D'habitude, friand des changements de rythmes félins, il reste prostré sur sa selle dodelinant de la tête et du torse à la limite de la culbute. C'est la défaillance la plus dramatique, la plus déchirante aussi, de l'ère "Merckxienne". La jubilation et l'espoir à changer de camp. Le "Bergamasque" eut, le premier, l'honneur, si j'ose dire, de constater les dégâts. L'Italien demeurera un instant en compagnie de son "pire ennemi" puis s'en fut, sans autre forme de procès, vers une éventuelle victoire d'étape. Thévenet rapplique alors à son tour, l'œil ravagé par la fureur. Indisposé par la "correction" infligé par le "maître" à l'"élève" dans les derniers lacets d'Allos puis dans la descente de celui-ci, le Bourguignon tire, rapidement, l'avantage que peut générer un Merckx en perdition. C'était maintenant ou ce ne serait jamais. Debout sur les pédales, sans un regard pour le "chancelant" Thévenet s'envole alors vers sa destinée. Tout en moulinant, tel un damné, il réalisait subitement tout le parti qu'une telle situation lui offrait, à lui, fils et petit-fils de Morvandiaux. Cette nouvelle énergie, émanant de ce retournement de situation épique, mue le Français de mouton docile en "loup des Carpates". Au diable la prudence lorsque le nirvana est à portée de fusil. Felice Gimondi, devant, le faciès enjôleur, la tenue bien mise s'apprête alors à cueillir un bouquet historique. C'était sans compter avec l'énorme et invraisemblable motivation qui habitait notre Bourguignon depuis trois bornes. Celui-ci, en effet, ne désirait en aucun cas qu'autrui vienne lui ôter la pérennité de ce jour béni. Thévenet auteur d'un ultime rush rageur, le visage déformé par l'effort, les muscles bandés et les veines saillantes de l'homme en forme "pulvérisa" littéralement un "Bergamasque", surpris, incrédule puis marri et s'écroulera sur la ligne épuisé, inconscient, encore, de l'extraordinaire page qu'il venait de rédiger. Happé par Zoetemelk puis par Van Impe, Eddy Merckx franchira le sommet au bord de l'évanouissement. Le Belge venait d'abandonner dans l'affaire le double du crédit qu'il possédait le matin. En outre, il cédait le précieux sésame jaune, à son bourreau du jour, pour cinquante-huit secondes. Bon prince, le Wallon félicitera chaleureusement son adversaire et omettra, volontairement, d'admettre une forte douleur à la colonne vertébrale, fruit d'une chute sur le vélodrome de Blois, qui le handicapera fortement dès les premiers pourcentages du col des Champs. Le panache allié à la classe, le vaincu du jour possède, en outre, les vertus de l'humilité et de la sagesse. En tentant le diable tout au long de la journée, le Belge n'était pourtant pas parvenu à rééditer ce qui avait fait sa suprématie, il n'y a pas si longtemps. Un page se tournait, irrémédiable et inexorable. Il l'assimilait âprement mais sereinement sachant que ce jour n'était plus une utopie lointaine mais une réalité cinglante. Se connaissant parfaitement, il se rangeait au côté de l'immuable loi du milieu en se projetant, déjà, au-delà de cette deuxième place qu'il acquerra à Paris, sur les Champs Elysées. Une première pour une première, ce n'est pas banal. Le lendemain Bernard Thévenet soucieux de s'éviter des lendemains qui déchantent s'estime plus que jamais en droit d'enfoncer le clou fermement et définitivement. Imprégné du syndrome du vainqueur depuis la veille, l'enthousiasme à fleur de peau, certes, mais la concentration comme unique conseillère, le Bourguignon ajoutera à sa gloire naissante le panache nécessaire à sa reconnaissance. Malgré quelques bribes, mais désuètes velléités offensives du "Cannibales", lors de la descente de Vars notamment, le Bourguignon paraphera et transformera sa victoire en triomphe en sortant seul et en ramassant tous les "morts", dont Zoetemelk, échappés depuis le matin, pour clore sa chevauchée fantastique, en solitaire, à Serre Chevalier plus de deux minutes avant Eddy Merckx et tous les autres. Bernard Thévenet, le bienheureux, remportera le premier de ses deux Tour de France, six jours plus tard. Tel un symbole, l'arrivée, de cette Grande Boucle de grand cru, se déroulera pour la première fois sur ce qui est coutume de nommer la plus "grande avenue du monde", comme si les organisateurs avaient anticipé voir rêvé pareil scénario rocambolesque. Cette édition ô combien spectaculaire et captivante à plus d'un titre restera dans les annales pour le suspense et les drames humains qu'elle a engendré mais surtout, l'étape décisive de Pra Loup demeurera, pour l'éternité, comme l'acte de reddition du plus extraordinaire champion de notre discipline. Celle qui a rendu Eddy Merckx aux communs des mortels. Michel Crepel
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A propos, des nouvelles de "Fred", "Cricri" ? 😉
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T'excuses pas, j'ai "revisité", moi-même, la diffusion de l'étape de "FT" sur le streaming afin de revisionner le moment clé de l'embardé de Warren dans le final ! Et vu de l'arrière, on voit très distinctement et sans équivoque aucune que Barguil déchausse avant d'exécuter un tout droit ! Tejay, quant à lui est très loin d'y jouer un rôle, c'est bien le Français de Giant Alpecin qui se vautre tout seul !😉
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La morale, docteur est que je trouve inadmissible et même impardonnable qu'une entreprise de l'envergure d'ASO et son garant Christian Prudhomme qui, soit dit en passant, s'autoproclame pompeusement "Chevalier Ajax" (sic), s'appuient sur les dires, les approximations d'un docteur en physiologie de "mes deux" qui jette en pâture à des millions de "bidochons" les armes pour tirer à vue sur tout ce qui roule sur deux roues ! J'ai personnellement échappé à cette curée car cela fait un bail que Stade 2 est banni de ma culture télévisuelle. En vérité, depuis la disparition de "Bob" Chapatte, notre "maître" à tous (enfin les anciens, ceux qui l'ont bien connu) et de sa bande de joyeux drilles !😉
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Hommage a Peter Sagan
Michel CREPEL a répondu à un(e) sujet de Claude CARRIES dans Discussions Route
Je pensais, en ce mois de juillet houleux et caniculaire dans les "calebasses", parfaire mon anglais en noms d'oiseaux issus du royaume de "Sa Gracieuse Majesté". En effet, l'outrageante domination British sur la Grande Boucle et l'antagonisme des plus primaires éprouvé à son égard par une large et ô combien solidaire fange de la société autochtone semblaient être un vecteur porteur de ce genre de littérature primesautière très usitée chez nos congénères à deux pattes, à défaut de cerveau ! Or, la "Kermesse de Juillet" s'achevant, mon nouvel acquis dans le vocabulaire ignominieux de la langue de Shakespeare demeurera vain. Hélas, il faudra, désormais, vaille que vaille, me résoudre à me rendre à Londres afin de me plonger au sein des entrailles des bas-fond de Whitechapel !😉 -
Hommage a Peter Sagan
Michel CREPEL a répondu à un(e) sujet de Claude CARRIES dans Discussions Route
Certes ! 😃 -
Hommage a Peter Sagan
Michel CREPEL a répondu à un(e) sujet de Claude CARRIES dans Discussions Route
C'est vrai que le tennis est "populaire" sur les forums mais on assiste à un véritable antagonisme, pour être révérencieux envers les auteurs de ses posts, entre les pros "Rodger" et les pros "Rafa" orchestrés par les "pros" "Djoker" ! Sur Eurosport et L'Equipe, ça vole encore plus bas que sur "101" ! Le forum de rugby, en revanche, est un lieu des plus malsains pour Saint André ! Paradoxalement, les forumeurs apprécient leur "XV" comme les "footeux" avec leur "11", depuis la dernière Coupe du Monde (On se demande bien pourquoi, d'ailleurs). Pas trop d'insultes envers les joueurs, en rugby, contrairement au foot où les clans des formations se tirent dessus à boulets rouges agrémentés d'injures du plus bel effet ! Maintenant, sur les sites généralistes (Eurosport, L(Equipe, Sport 24 ...), ces trois sports sont beaucoup plus médiatisés que le cyclisme, hormis lors de la Grande Boucle !😉 -
http://pluzz.francetv.fr/videos/tour_de_france_france_2_,125456086.html Houuuuu le menteur ! Barguil déchausse, ce pauvre Yankee n'a rien à voir dans ce fait de course !😉
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Hommage a Peter Sagan
Michel CREPEL a répondu à un(e) sujet de Claude CARRIES dans Discussions Route
C''est vrai, le tennis, le cyclisme, la F1, ne sont pas des sports populaires, par exemple ! Le vélo l'a longtemps été et le redevient le temps d'un Tour de France à l'instar du tennis pour "Roland" ! Et encore, ces deux évènements n'ont de populaire que le nom car, à mon avis, ils sont devenus par la force des choses plus "people" que "peuple" ! 😉 -
Pour en Finir avec Froome et les Autres
Michel CREPEL a répondu à un(e) sujet de Michaël BERTHELOT dans Discussions Route
Elle est "sallet" celle-là, dis donc !😃 La parole est d'argent mais le silence est d'or, cette maxime ou adage ne fait plus partie des moeurs du XXIème siècle sinon ça se saurait !😉 -
😃
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Le Gallois et l'Anglais ne s'apprécie que modérément mais ils sont Britanniques, il doit bien exister des gènes iliens pour explique cet état de fait qu'est l'humour "british" ! En effet, pour moins que ça, en F1, un tel geste et c'est l'exclusion in extenso !
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A propos j'ai repassé la video en boucle, Van Garderen n'a rien à voir avec cette chute, c'est Barguil qui fait un tout droit tout seul !😉
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Le quasi "banal" même entre guillemets est superflu car si le gus éjecté s'était retrouvé au fond d'un ravin avec toutes les conséquences que cela suppose, ton "banal" entres guillemets aurait un goût amer !😉
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Là, je te reconnais Jacques ! La volée de bouclier pour défendre Barguil, c'est "101" tout craché ! 😉 Bien évidemment Warren ne le fait pas exprès, ce serait assassin, c'est pas la peine de le dédouaner ainsi et chercher des arguments pour sa défense ! Imaginez (enfin si vous êtes honnêtes) que c'est Barguil qui est balancé par un Sky de la même façon et qu'il avoue, en aparté, ne pas l'avoir exprès, son doigt ayant glissé ! J'imagine fort bien les "posts" !😃
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Mais pourquoi tant de hainne?????????
Michel CREPEL a répondu à un(e) sujet de Michel PELSENER dans Discussions Route
Dans une semaine c'est terminé, "Mimi", les "bidochons" et autres esclaves juillettistes rentreront au bercail et changeront d'âne bâté ! Pendant un an, ils déverseront, comme de coutume, leur fiel dévastateur sur les frêles épaules paradoxalement dodues du "Père Hollande" ou sur le crâne hâlé du "Catalan de Matignon" tels des "Pères Fouettards" de pacotille. Du repos, pour nous autres, qui pourront, alors, à loisir assister à la troisième super production de la "Petite Reine" de la saison, la Vuelta, en toute sérénité et surtout en toute quiétude !😉 -
Laurent Jalabert : de mauvaise foi !
Michel CREPEL a répondu à un(e) sujet de Laurent MARTORELL dans Discussions Route
Un qui pourrait s'en donner à coeur joie c'est bien "Moncoucou" et pourtant il ne dit mot ! Ca c'est un mec propre sur lui ! 😉 -
Laurent Jalabert : de mauvaise foi !
Michel CREPEL a répondu à un(e) sujet de Laurent MARTORELL dans Discussions Route
Même si je l'appréciais, oui même et surtout le "Panda" ! 😉 -
Agression d'un cameraman par mécano Saxo-Tinkoff
Michel CREPEL a répondu à un sujet dans Discussions Route
Jean Robic dit «Biquet»: Tour 1947. ? "Biquet", "Tête de cuir", "Gueule Cassée", "Tête de Choux" ... il aura tout subi, tout supporté Jean Robic. Ce Breton pur souche au visage tavelé comme une pomme acide, dira de lui Pierre Chany, use ses fonds de culotte du côté de Radenac (Anv brezhonek Radeneg, pour les initiés du canton de Rahan et de Moreac dont je suis natif) "bled" de 835 âmes, aujourd'hui. Gabarit de "lilliputien" (161 cm), le Breton, nanti d'un front cabossé, d'oreilles décollées, d'un torse court mais musculeux, n'incarne pas, loin s'en faut, le champion idéal. Plus proche du faciès d'un boxeur, que de l'esthétisme d'un avaleur de macadam, il en possède, en outre, le caractère entier. Révélé par le cyclocross, dont il fut le premier Champion du monde à Vincennes en 1950, "Biquet" est un volcan en constante éruption. Doté de ressources physiques hors du commun, il alliait une énergie peu commune à des talents de grimpeur très au-dessus de la moyenne. Pour couronner le tout, il honnissait, exécrait même, la hiérarchie du moment et les athlètes sculpturaux et esthètes, type "Adonis". Toute la carrière de ce "diablotin" sera, à cet égard, émaillée d'épisodes de chamailleries légendaires plus ou moins ourdis, d'ailleurs, par une paranoïa dont il usera fort à propos. Son Tour de France 1947, remporté sans avoir porté la tunique jaune, est un exemple d'abnégation et de ténacité. Ce Tour 1947 est, tout d'abord, celui de la reprise et Jacques Goddet, fondateur depuis 1946 du tout nouveau journal l'Equipe, a été confronté à maintes difficultés afin de remettre sur pied la kermesse de juillet. Après sept années d'errances planétaires, l'engouement du public, pour l'épreuve chère à Henri Desgrange, est pourtant énorme, et dépasse l'entendement. La frustration ressentie par celui-ci rejaillie alors sur toutes les classes de la société. En outre, l'absence du duo Transalpin Fausto Coppi et Gino Bartali conforte le "Roi René" dans un rôle de favori légitime. René Vietto, dauphin du Belge Sylvère Maes, lors de la dernière édition, en 39, n'a toujours pas vaincu le signe indien. Le "Bon Samaritain" de "Tonin le Sage" lors de la Grande Boucle 34 a, une nouvelle fois, échoué cinq ans plus tard alors que, vêtu de jaune, il fut victime d'une amère défaillance en son royaume de prédilection à savoir, la montagne. Cette fois, pourtant, le "Roi René", dont le regretté Louis Nucera fut un tifoso acharné, possède toutes les cartes en mains pour, enfin, réaliser ce que tout un peuple attend depuis des années. Au soir de la quatorzième étape, Carcassonne - Luchon, remporté, en solitaire, par Albert Bourlon, René Vietto s'est idéalement positionné en tête de la course et trône, tel un monarque, ceint de son bel habit de lumière. Si son avance n'est pas rédhibitoire sur ses proches poursuivants Camellini, Brambilla ou Ronconi, la colonie Transalpine, voir le tricolore et équipier du natif de Rocheville Fachleitner, puisqu'elle avoisine les deux à six minutes, en revanche, le fossé creusé par l'Azuréen sur son compatriote Jean Robic et plus encore sur le Belge Impanis semble, apparemment, du domaine de l'irréversible puisque celui-ci atteint la bagatelle de vingt minutes, pour l'un, et culmine à trente minutes en défaveur du représentant d'Outre Quiévrain. Luchon - Pau, quinzième étape, le peloton est concentré sur la "carré magique" Pyrénéen. Peyresourde, Aspin, Tourmalet et Aubisque, dans l'ordre, dernières grosses difficultés de ce Tour 47 sont les derniers remparts au triomphe attendu du "Roi René". C'est alors que résonnent aux tympans de certains suiveurs les vociférations abracadabrantesques d'un coureur de l'Ouest, maillot blanc et casque vissé sur la tête, à l'aurore de l'épreuve. Fulminant de ne pas avoir été enrôlé au sein de l'équipe de France notre "Biquet" avait alors prévenu équipiers et adversaires : "Je les aurai tous !" sur un ton laissant peu de place à l’équivoque. Conscient de l'ampleur de la tâche, le Breton attaque d'entrée. Insolent de panache il entraîne dans son sillage le prompt Brambilla, alors second au général. Nous sommes dans Peyresourde. Loin de se formaliser de la présence du "suceur de roue" Italien, "Biquet" se déhanche, place une énièmes attaques et décramponne, pour le compte cette fois, le besogneux Brambilla. Jean Robic passe trois minutes avant René Vietto au sommet, pas de quoi affoler, toutefois, un clan tricolore hilare. Pourtant, les affaires du Cannois ne sont pas des plus brillantes au sommet du Tourmalet puisqu'il accuse, maintenant, un retard de près de treize minutes sur l'"Express du Morbihan". A noter qu'à ce moment précis de la course, Brambilla, à huit minutes du Breton au sommet du Tourmalet, est virtuellement maillot jaune. "Biquet" est irrésistible, il vole le "petit chose". Pour les plus jeunes, j'avouerai humblement qu'il y a du "Blaireau" dans "Biquet". Le "Roi René", hissé sans vergogne au sommet du Soulor par une marée humaine entièrement acquise à sa cause, ne rend, nullement, les armes et se bat avec sa machine comme un beau diable. Poussé dans ses derniers retranchements, au bord de l'asphyxie, Vietto jette toutes ses dernières forces dans la bataille. Il rejoint successivement Ronconi, Lazaridès puis au bout du rouleau, ivre de fatigue, il parvient, néanmoins, à recoller au duo Brambilla - Fachleitner. Le groupe de cinq, reconstitué, se lance alors à la poursuite de "Biquet'. En pure perte, bien évidemment, puisque notre Breton coupera la ligne plus de dix minutes avant le petit groupe de poursuivants dont le sprint pour la deuxième place reviendra à ...René Vietto, l’indomptable ! Au soir de cette quinzième étape Jean Robic n'est plus, si l'on ose dire, qu'à neuf minutes du Cannois. Reste le contre le montre de Vannes à St Brieuc pour départager, si besoin était, les deux Français, mais lorsque l'on connaît les aptitudes de Vietto pour ce genre d'exercice on ne loue plus guère les chances de Robic d'inverser la tendance. Lors de cette 19ème étape, il va se produire, pourtant, une chose invraisemblable, une situation "ubuesque" que seul le vélo, en général, et le Tour, en particulier, génèrent à torrent. René Vietto doit, impérativement, profiter de ce chrono pour creuser, définitivement, les écarts sur ses poursuivants. Bien en phase avec sa machine, il va s'enquérir, auprès de Jean Leulliot, des écarts lorsqu'il aperçoit sur le bas-côté de la route un accident. Une moto s'est vautrée sur le macadam et le conducteur de celle-ci gît, inanimé et maculé de sang, dans le fossé. Le "Roi René" blême comme un linceul terminera les cent trente-neuf bornes en roue libre à plus de quatorze minutes de Raymond Impanis. A l'arrivée, il eut cette remarque bien dans la tradition du personnage. A quelqu'un qui s'inquiétait sur sa motivation à terminer le Tour, le "Roi René" lui retourna prestement, tel un soufflet : "Abandonner, qui parle d'abandonner, vous n'y pensez pas ? Un Vietto n'abandonne pas, il se retire !" Alors que s'est-il passé lors de ce chrono de légende ? Est-ce la vue de ce motocycliste ensanglanté sur le bord de la route ou bien, comme le suppose Louis Nucera dans la biographie du "Roi René", serait ce, plutôt, l'absorption d'une mixture (50% de bière et 50% de cidre) offerte, gracieusement, par un outragé en cours d'étape ? Finalement comme le suggérera, justement, Pierre Chany, l'histoire ne retiendra sans doute pas le fait comme l'un des éléments décisifs de l'affaire, pour autant qu'il y ait eu vraiment attentat. Au soir de cette étape d'anthologie et à deux jours de l'arrivée à Paris, Pierre Brambilla porte le maillot jaune avec moins d'une minute d'avance sur son compatriote Ronconi. Jean Robic est troisième mais à près de trois minutes de l'Italien. Plus que ces trois minutes concédées depuis le départ du Palais Royal à Paris, c'est l'absence totale de difficulté qui semble vouer, inexorablement, le Breton à la troisième marche du podium final. A la veille de l'arrivée dans la capitale, les positions sont inchangés et l'on voit, alors, assez mal comment la situation pourrait se décanter favorablement pour nos Français, placés certes, mais ô combien éloigné du "Graal" alors qu'il ne reste que les deux cent cinquante-sept bornes de Caen à Paris dénués de toutes difficultés dignes de ce nom. Les premiers instants de l'étape voient sept hommes prendre le large. Parmi eux figurent le "dernier des Flandriens" Alberik "Brik" Schotte, flahute convaincu, et le Français Lucien Teisseire, équipier de Fachleitner et de Vietto au sein de l'équipe de France. A la sortie de Rouen, aux abords de l'anodine côte de Bonsecours, "Biquet" produit, alors, une accélération ahurissante qui a pour effet de faire exploser un peloton en "goguette". C'est l'ultime chance du Breton de changer la face de ce Tour. Les traits déformés par la souffrance et l'effort inouï qu'il vient de produire, Robic malmène rudement sa monture et sa pédalée saccadée et à l'énergie, à ne jamais montrer dans les écoles pour puristes, rend la scène démoniaque. Dans sa quête de Ko, il n'a pas aperçu Fachleitner et un peu plus loin Brambilla qui tente de le rejoindre. Le Provençale de l'équipe de France parvenu à sa hauteur prend les choses en main et tente, un moment, de s'envoler seul et, ainsi rejoindre Teisseire à l’avant. Mais c'était mal connaître "BIquet" que de vouloir l'abandonner ainsi après tous les sacrifices consentis dans Bonsecours. Désormais, en effet, pour l'un comme pour l'autre, décramponner Brambilla est la seule chose qui compte, après on verrait. Cette association hétéroclite a pour effet soudain, dans un premier temps, de rejeter le maillot jaune au sein du peloton. Isolé, ne bénéficiant de l'appui que du seul Pierre Tacca, Brambilla semble à l'agonie. On murmure d'ailleurs dans le peloton que les "Transalpins" ne verraient pas d'un bon œil la victoire de leur condisciple à Paris. A mi-course, l'avance du duo infernal sur le maillot jaune est grimpée à trois minutes. A l'avant de la course Lucien Teisseire, Brik Schotte, Bernard Gauthier et consorts ouvrent la route de concert. C'est à ce moment précis que Léo Véron demande instamment à Teisseire de se laisser glisser et d'attendre Fachleitner, sacrifiant, sur l'autel de la stratégie aléatoire, la victoire d'étape au profit d'une hypothétique mais bien réelle, néanmoins, victoire finale dans la Grande Boucle. A cent bornes de Paris, environ, les deux Français opèrent la jonction avec Teisseire. S'en suit une multitude de démarrages de Fachleitner, convaincu qu'avec l'appui de son nouveau compagnon il fera plier "Tête de cuir". Le Breton répond présent à chaque attaque du Provençale. Enfin, c'est au tour de Teisseire de poser une mine. Seulement là, mon "Biquet", qui sent le coup foireux à cent lieues à la ronde, ne bouge pas une seule de ses deux feuilles de choux. Le scénario se reproduit, pourtant, à l'infini mettant dans une rogne sans nom le Breton. A ce sujet, Pierre Chany écrira alors, que Robic et Fachleitener eurent ce conciliabule sulfureux : "Tu ne peux plus gagner le Tour, je ne te laisserai pas partir, cohabitons et je te verserai cent milles balles". Fachleitner aurait répondu par l'affirmative, et, comme par enchantement, la hache de guerre s'enterra d'elle-même. Seul un incident de course aurait pu "résilier" le "contrat". Hors, en dehors d'une dernière salve, pour l'esprit, dans la côte du Cœur Volant, rien ne viendra plus interférer dans la marche triomphale de "Biquet" vers Paris. Jean Robic ne regagnera plus jamais la Grande Boucle même s'il s'échinera encore et encore à réaliser de grands raids dévastateurs dans les massifs montagneux. Ainsi lors du Tour 52 remporté par le "Campionissimo", "Biquet" terminera cinquième à Paris. Et bien notre "joyeux drille", invoquera, paranoïa oblige, tous les artifices fallacieux dont partenaires et adversaires auront usé pour lui faire perdre l'épreuve. Tous y passeront, Nello Lauredi, son équipier "Italien" de l'équipe de France, Marcel Bidot, le "patron" de celle-ci, "Stan" Ockers, Fausto Coppi, lui-même, et les commissaires de course. Tous auront droit aux gratifications d'usage même Louison Bobet, absent cette année-là, pour qui le fait d'être natif d'Iles et Vilaine n'en faisait pas, par conséquent, un vrai Breton. Voici, en résumé, le portrait de cet autre "Blaireau" qui, malgré un physique ingrat agrémenté d'un caractère de "goret", enchantera les foules de l'après-guerre et dieu sait si celle-ci en avait besoin. Michel Crepel -
Tu exagères un "chouilla", "Claudio" ! Il a été très bien les 10-15 premiers jours puis avec le temps pourri, il a quelque peu souffert puis est revenu, avec le soleil, à de meilleures dispositions. En outre, il a été moins bien lorsque Contador était au paroxisme de sa maîtrise sur l'épreuve et il est réapparu au premier plan revanchard quand "El Pistolero" a subit un coup de moins bien puis un "coup de grisou" !