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Bonjour,

nouveau fil pour raconter ma derniĂšre montĂ©e en enfer, hier matin, sur ce que je considĂšre ĂȘtre la plus difficile ascencion cycliste (Ă©videmment, je ne connais pas tout...).

En référence, j'ai Soulor-Aubisque, Spandelles, Le Pont d'Espagne, Hautacam, Ahusquy, le Tourmalet, Couraduque, les petites montées du Pays Basque (Ibardin, Lizarrieta, Lizuniaga, Ispeguy, Otxondo, Gorramakil, Arichulegui, Jaizkibel, Gamia, Osquich etc...), les cols empruntés par le Tour de l'Ain, le Challenge du Vercors, La CAC, la Beaume Drobie et quelques autres que j'oublie. Et bien pas un ne s'approche de la difficulté de l'Artzamendi.

L'Artzamendi, "Montagne de l'Ours" en Basque est un des derniers sommets Pyrénéens vers l'Ouest du massif. Environ 900 mÚtres à son sommet, de forme arrondie, que l'on reconnait depuis la plaine aux antennes et à la boule radar dressées sur son sommet, et auxquelles on doit la route. On peut l'aborder par Itxassou, avec un départ réel au restaurant situé aprÚs le pas de Rolland (route magnifique au bord de la Nive), ou alors par la route reliant Espelette à Itxassou, en prenant à droite avant Itxassou. Les 2 routes se rejoignent à Laxia. D'Itxassou, la montée se déroule en environ 11 km pour 874 m de dénivellé positif (mesuré hier sur mon VDO).

Voilà pour la présentation topographique.

Le terrain maintenant.

Quand on aborde cette montĂ©e, il convient d'oublier toutes les rĂ©fĂ©rences que l'on peut avoir en montagne au sujet du braquet, rythme, gestion du palpitant, cadence de pĂ©dalage etc... Il ne faut pas se bercer d'illusion, ici, c'est la pente qui commande. On n'y vera point d'Ours, mais on se retrouvera face Ă  de nombreux et longs murs. MĂȘme bon grimpeur, on subit. Et surtout, surtout, je m'en suis encore rendu compte hier, le 39x25 est beaucoup, beaucoup, mais alors beaucoup trop gros !!!

Les 3 premiers km, faciles, avec une pente moyenne tournant autour de 5/7%, sont entrecoupĂ©s de lĂ©gĂšres descentes, qui inciteraient presque Ă  la relance et Ă  l'attaque. Ce serait une grave erreur et connaissant ce qui m'attend, je m'en abstient. D'autant qu'il me restera encore 2h de selle aprĂšs la descente pour finir mon parcours du jour. ArrivĂ© Ă  Laxia, oĂč les 2 itinĂ©raires de dĂ©part se rejoignent, et au gros virage Ă  gauche, les choses sĂ©rieuses commencent. On attaque des rampes qui flirtent avec le 15%, ponctuĂ©es de nombreuses et incessantes ruptures de pente. Il y a encore quelques moments de rĂ©pit, et s'ils empĂȘchent l'adoption de tout rythme rĂ©gulier, il faut en profiter pour souffler un peu, ce qui sera impossible plus haut.

Arrivé au restaurant "St Pierre", à environ 5 km du sommet, on passe encore un cran. Les pentes les plus dures deviennent plus dures, les portions "faciles" moins faciles, et surtout moins fréquentes. Toujours des ruptures de pente et pas le moindre espoir de pouvoir "trouver son rythme". On est alors sur des pourcentages tournant autour des 10%, et qui arrivent à 16% au max.

AprĂšs environ 7,5 km d'ascension, et un raidar de 15/16% suivi d'un "replat" de 8/9%, on sort de la partie boisĂ©e, et on bifurque Ă  gauche, vers le sommet. On ne peut pas se tromper. La pente est lĂ . Elle se dresse devant le cycliste, raide, implacable, rectiligne sur plusieurs centaines de mĂštres, et si l'asphalte a Ă©tĂ© rĂ©cemment refait et est un vrai billard, il ne faut pas se tromper. Ca va ĂȘtre trĂšs, trĂšs dur. A partir de cet endroit, pour un peu moins de 3,5 km, la pente moyenne sera de 13,8%, ne passant pour ainsi dire jamais sous les 10%, exceptĂ© le replat du col de MĂ©hatchĂ© sur environ 2 Ă  300 mĂštres.

Ici commence l'enfer. Tout Ă  gauche dĂ©jĂ  avant d'attaquer cette portion, le dĂ©railleur ne sera plus d'aucun secours jusqu'au sommet. Il est environ 9h45, et j'ai 24°C au compteur. C'est dĂ©jĂ  trop (pourtant j'aime bien la chaleur). Je plains ceux qui monteront plus tard, sous le cagnard de l'aprĂšs midi. La pente augmente, de degrĂ© en degrĂ©, tous les 10-15 mĂštres pour atteindre 19%. Quand la pente "faiblit", c'est pour descendre Ă  12%. En hyperforce imposĂ©e, la vitesse dĂ©croit inexorablement, pour descendre Ă  7,5 km/h sur les pentes les plus fortes, Ă  environ 30 rpm de cadence de pĂ©dalage. Je suis presque en rupture. Mon cardio, qui n'est pas descendu en dessous de 180 depuis dĂ©ja une quinzaine de minutes est Ă  188 pulses. Le col de MĂ©hatchĂ© et son replat salvateur arrive. Le plus dur est passĂ©. Il ne reste plus "que" 1,5 km Ă  13%, mais sans dĂ©passer les 15%. En haut, c'est la rĂ©compense. Pied Ă  terre 5 mn pour profiter du panorama sur le paysage. A l'Ouest, la Rhune et la cĂŽte Basque, un apperçu sur les monts du Guipuzkoa. Au nord, les vallons Basques et la plaine Landaise Ă  perte de vue. A l'est, les PyrĂ©nĂ©es majestueuses oĂč on voit nettement se dĂ©couper les massifs de l'Orhy, de l'Anie, l'Ossau qui dĂ©passe et le Pic de Midi de Bigorre. Je crois mĂȘme deviner le NĂ©ouvielle tant la visibilitĂ© est bonne. C'est magique.

S'ensuit la descente, dangereuse, sur une route Ă©troite oĂč on croise quelques automobiles, et surtout oĂč des Pottoks (petits chevaux Basques) paissent en libertĂ©. On a parfois l'impression de se jetter dans le vide. Prudence donc. Je croise des cyclistes qui se dirigent vers l'enfer, et que j'encourage. Pour moi, c'est fait. J'ai mis 47 mn, sans mettre le pied Ă  terre (dĂ©tail qui a son importance ici !!!). Je continue mon pĂ©riple du jour en me jurant de ne jamais plus monter ici sans mon 28 Ă  l'arriĂšre...

VoilĂ . Ca faisait longtemps que je n'avais pas grimpĂ© cette montagne, et mĂȘme si depuis la derniĂšre fois, certaines grandes montĂ©es PyrĂ©nĂ©ennes et celles du Challenge du Vercors avaient "rabottĂ©" dans mon souvenir la difficultĂ© de cette ascencion, cette derniĂšre s'est clairement rappelĂ©e Ă  moi hier, relĂ©guant le Tourmalet ou le col de la Machine au rang de vulgaire faux plat.

Vivement la prochaine fois...

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Félicitations, et joli récit, c'est épique.

J'ai bien aimĂ© le 188ppm, tu dois ĂȘtre en trĂšs bonne forme (39x25!) et plutĂŽt lĂ©ger comme gabarit.😃

Moi j'y monte dĂšs le 9-10%, Ă  188ppm, autant te dire que je ne passe pas les cols ayant des passages de plus d'1-2 km > 10% sans replat pour rĂ©cupĂ©rer. La faute Ă  mes 90kg. 😉

C'est dur d'avoir un corps de rugbyman en vĂ©lo. 😃

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C'est vrai, beau rĂ©cit, ça donne envie d'aller en dĂ©coudre ! 😆

Plus je lis des rĂ©cits concernant les montĂ©es du Pays Basque et plus je me dis que ce sont les plus durs de france, pas nĂ©cessairement longues mais avec des pentes Ă  se retourner sur le dos 😆

Comme là http://www.iratixtrem.com/fr/datos_tecnicos.php l'Artaburu Errozate que j'ai découvert sur le forum !

Quelqu'un connais d'autre montĂ©es comme celle ci ? 😄

Posté

Je me demande quand mĂȘme si on peut passer en hyperforce avec la plaque, ça c'est un gros dĂ©fi 😄

Sur la Vuelta l'an dernier, quand ils annonçaient une Ă©tape avec un final et des passages a 18 %, Philippe Gilbert avait mis un 30 je crois bien đŸ˜Č Bon aprĂšs je ne connais pas le plateau qu'il utilisais mais mettre aussi petit a l'arriĂšre n'est pas commun

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Enéfé...

Mais bon, timing serrĂ©, le vĂ©lo prĂȘt Ă  partir sur le 25, 10' pour mettre le 28, un peu de flemme... et le tour est jouĂ©, me voilĂ  comme un gland Ă  forcer comme un Ăąne pour faire presque du sur place...

Posté

Les cols du Pays Basque sont peu médiatisés mais sont effectivement parmi les plus pentus de France

Le col d'Arnosteguy par le pic de Beilurti ou par Hounto et le col d'Errozaté depuis Beherobie sont des ascensions magnifiques et particuliÚrement difficiles avec de nombreux passages entre 15 et 22%.

L'Irati Xtrem est une belle randonnée trÚs bien organisée qui se déroule mi-juin et gravit les col d'Orgambide, Errozaté, Bagargui, et Larrau (cette denriÚre ascension est chronométrée) au départ d'Ochagavia sur le versant espagnol du port de Larrau donne un bel aperçu de la région

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30 tours/minutes en 39/25, en supposant un diamÚtre de roue de 2,1 m cela fait une vitesse de 6 km/h environ. Un poil moins mais j'arrondis, comme pour les calculs suivants, puisque je n'ai pas la donnée exacte du diamÚtre de roue.

Rouler à 6 km/h en 34/28 signifie tourner les jambes à
 40 tours/minutes. C'est pas beaucoup mieux! 

En 34/32, c'est 45 tours/minutes. Pour arriver aux 60 tours/minutes, il faut aller chercher du cÎté des braquets de VTT, comme 24/30. C'est ce genre de braquets que je monte sur ma machine, justement pour mieux dompter ce type de monstre.

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Et a en voir certaines photos ce ne sont pas les moins beaux ! 😄

Merci des infos, oui cette épreuve à l'air sympa a faire 

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Salut Rémy

Un petit lien sur la mĂȘme rĂ©gion 

http://hountarrouya.over-blog.com/des-brebis-des-vautours-des-marcheurs-et-des-pentes-effrayantes

De longues suites de kilomÚtres entre 13 et 18% et des passages a 22. Louis qui m'accompagnait avec Pierre était en 38/27 !!!

A partir de Mendive, il y a la montée qui rejoint le col d'Alphanize avec une pente de 8kms a 11%.

Je me dis que cela vaut le coup de souffrir vu la beautĂ© des paysages 😉

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dans les vignes par chez moi ,il y a des pentes superieures a 20%!!!!!le max c'est 26% .je ne l'ai jamais montĂ©e ,mĂȘme a VTT j'ai pas pu .par contre un jour ,je me suis essayĂ© a la descendre .Avec le poids (90kg) impossible de s'arreter (ou presque) j'ai donc decidĂ© de finir a pied .

Et bien chose impensable ,le n'ai pas pu passer le pied au dessus de la selle ,pour descendre de vélo .J'ai du passer le pied par dessus le guidon tellement le vélo etait incliné vers le bas .
PS je ne suis pas de marseille !





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