Fractionné

[Franck PASTOR]

Le plat et la montagne n'ont rien à voir parce que ce ne seront pas les mêmes coureurs devant: la pesanteur entre en jeu et le rapport puissance-poids devient prédominant par rapport à la puissance seule. Évident aussi.

Mais les fréquences de pédalage devraient, elles, être les mêmes, ou semblables. Ce qui détermine la fréquence de pédalage idéale, ce devrait être uniquement l'intensité de l'effort et pas la pente. Plus l'effort est intense, plus la cadence de pédalage doit être élevée, quelle que soit la pente. On le comprend de plus en plus au niveau pro, c'est pourquoi les braquets ont été drastiquement réduits ces dernières décennies par rapport à ceux qu'on montait avant.

Le puncheur dont tu parles s'il tourne à 90/100 tours/minutes sur le plat pour de longs efforts, peut parfaitement tourner à 90-100 tours/minutes en col, s'il a les braquets adéquats. Il s'en trouverait mieux musculairement parlant, il récupèrerait mieux pour les efforts qui suivent, les récents travaux à ce sujet l'indiquent. Mais non, ça ne le fera pas grimper plus vite ou guère plus, et non, ça n'en ferait pas un grimpeur pour autant, ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit. Robbie McEwen avait parfaitement compris tout cela.

Un petit livre très instructif à ce sujet: «Pédaler» par Sébastien Moussay, édition «Savoir gagner», collection «les Carnets de l'entraîneur», qui prend en compte tous les paramètres, de l'intensité des efforts aux fibres musculaires en passant par le rendement énergétique et j'en passe. Il en arrive aux conclusions que j'ai évoqués… et que j'avais compris depuis pas mal de temps par ma propre petite expérience.

http://passionvelo.over-blog.com/article-4708898.html

 

 

[Franck PASTOR]

Et je ne vois toujours pas en quoi ça me contredit? Tu devrais me relire attentivement! De même que Froome ne mettra jamais le 38/28 sur du 5%, je ne mettrai jamais mon 26/34 sur de telles pentes! Sur du 12%, c'est une autre histoire. Froome mettra probablement son 28 dents sur ce type de pentes, et s'il veut démarrer sur ces pentes j'imagine qu'il garde ce braquet mais augmente brusquement sa fréquence. Ce qui lui permet de démarrer assis, d'ailleurs. Cancellara est un autre spécialiste de ce type de démarrage… sur des pentes bien plus courtes certes, son gabarit ne lui permettant pas de briller en montagne.

[Franck PASTOR]

Le bouquin dont je parle n'est venu que confirmer mon expérience précédente, quand il est sorti ça faisait presque dix ans que j'avais trouvé ma fréquence de pédalage idéale, et que j'adaptais mes braquets en conséquence. T'ai-je dit que j'ai commencé à grimper sur un 40/24 (vite abandonné) et que j'ai plusieurs années gardé un 40/26? Ça me permet de comparer…

Encore une fois tu fais l'erreur de généraliser tes sensations à toi. Un 36/21 à 36/25 c'est souple comme tout, dis-tu… pour toi. Pour bien des pros aussi, certainement, qui mettront même plus gros que ça… mais certains mettront cependant plus petit que toi, et iront plus vite que toi parce qu'ils utiliseront une fréquence de pédalage bien plus élevée. Façon Froome-Wiggins.

Écoute-moi quand même une dernière fois quand je te parle de mes sensations à moi: moi aussi je me tiens droit et je roule droit sur le genre de braquet que tu évoques et dans le genre de pente façon Redoute, j'ai cette qualité… mais mes muscles ont envie de sortir de leur gaine, je souffle comme un bœuf et j'ai besoin de plusieurs minutes pour récupérer au sommet. Tandis qu'avec mon 26/34 je ne vais pas plus vite mais je maîtrise ma respiration, mes muscles souffrent beaucoup moins et je peux enchaîner immédiatement avec ce qui suit. Qu'est-ce que tu crois que je préfère comme sensations?

Allez, je te laisse cela à méditer, je vais préparer mon vélo pour ma sortie de demain.

[Arnaud BOURCIER]

Toi et moi comprenons les choix de braquet de Jacques mais lui ne comprend pas les nôtres. A partir de là, le débat est sans issue.

C'est dommage car tes explications sont intéressantes. D'ailleurs si j'appliquais le même principe que toi jusqu'au bout, j'adopterais tes braquets mais comme je souhaite aussi avoir un bon étagement (pas plus de 2 dents d'écarts), j'ai placé mon compromis ailleurs.

[Stéphane MERTZ]

Il est logique de tourner les jambes moins vite en montagne que sur le plat car roulant moins vite tu possèdes moins d'inertie. A ton avis pourquoi on tourne les jambes plus vite en descente :p ?

Après je ne dis pas non plus qu'il faut passer du tout au tout, personnellement ma zone de confort est d'~100rpm sur le plat, 90 vers 3-4%, 85 autour des 6-7% et au-dessus plutôt vers 80.

Il vous aussi mieux avoir un pignon en plus qu'un pignon en moins, ça peut toujours être utile !

[Franck PASTOR]

«Logique», dans le sens où c'est instinctivement ce qu'on a tendance à faire, certainement. Mais est-ce recommandable pour autant? Je ne pense pas, pour les raisons évoquées ci-dessus (c'est l'intensité d'effort qui doit être le critère décisif).

Par ailleurs tes fréquences sont proches des miennes (je tourne un poil moins vite sur le plat et un poil plus vite en côte).

[Franck PASTOR]

La cadence.

[Stéphane MERTZ]

J'entends "logique" par physique. Avec de la vitesse, et donc de l'inertie, le pédalage "s'auto-entretient" et est donc plus rentable. Tu ne m'as pas répondu : si tu devais conserver la même puissance (et donc intensité) en passant d'une portion plate à une portion descendante de 3-4% où tu n'es pas encore sur le plus gros braquet, augmenterais-tu ta cadence de pédalage ?

D'autre part, pense-tu que si un record de l'heure était tenté sur une montée de 10% les cadences constatées seraient de l'ordre de 100-105rpm ?

Pour répondre à Jacques :

Comment ça quel braquet ? On s'en fiche de la puissance développée, on te parle ici de fréquence de pédalage et toi tu rapportes tout à la performance et à qui a la plus grosse on dirait..

[Franck PASTOR]

Pour répondre à la question qui me concerne : non, je n'augmente pas ma cadence dans ce cas-là, je descend les pignons pour la conserver. Ou s'il y a une différence de cadence, elle n'est pas notable.

Pour le record de l'heure: oui, pourquoi pas, ou guère moins… si le braquet est bien choisi! Quand on voit les cadences adoptées par de plus en plus de pros sur des montées genre Ventoux, il semble qu'on tende vers cette direction.

[Stéphane MERTZ]

Je crois qu'on est vraiment pas sur la même longueur d'onde ! Comme le dit Franck tout est question d'adaptation en fonction de l'intensité que l'on souhaite produire.

Chacun à ses cadences propres en fonction du relief, et ensuite en fonction de l'effort que l'on veut produire (endurance, résistance, seuil, pma, sprint, etc) on adapte cette cadence pour qu'elle "colle" au mieux à l'effort et le rendre le plus efficient possible.

J'te donne un exemple, sur un col de 4km à 7% de moyenne, si je veux le faire en :

- endurance/resistance (70%-80% FCM) --> ~80rpm

- seuil (90% FCM) --> ~85rpm

- fractions de pma --> ~90rpm

Même principe sur le plat mais avec une vingtaine de rotations supplémentaires. Peu importe la valeur des braquets que j'y colle, ça ne te donnera qu'une indication de mon profil de puissance et ici on ne te parle pas de ça, enfin je crois.

[Arnaud BOURCIER]

Stéphane, je partage également ton point de vue.

Plus l'intensité de l'effort est élevée, plus il est nécessaire d'augmenter la fréquence de pédalage pour garder un bon rendement. Ceci est vrai que l'on développe 200 ou 350W au seuil.

En fonction de son niveau et des fréquences de pédalage optimales, on en déduit son bon braquet, propre à chacun.

J'ai également tendance à tourner moins vite les jambes en montagne. En endurance, je respecte cette règle empirique: fréquence de pédalage (tr/min) = vitesse (km/h) + 55. Au seuil, j'ajoute effectivemernt 5-10 tr/min.