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6 jours home-trainer Cité des Sciences


Emmanuel LAMARLE

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Depuis dimanche 13 mai à 19 h, deux hommes sont en train de réaliser un défi en dehors des sentiers battus : Pierre-Michaël Micaletti, dit Mmi, et Philippe Dieumegard, dit Fifou, se sont lancés dans un 6 jours, le premier en courant, le second en pédalant, sans bouger d'un iota. Mmi court en effet sur un tapis roulant, alors que Fifou pédale sur un home-trainer. Le but : aligner le plus de kilomètres possible, avec pour objectifs avoués 800 km pour le coureur et 3000 km pour le cycliste.

 

L'un comme l'autre n'en sont pas à leur coup d'essai, Mmi détenant notamment le record du monde actuel de 6 jours sur tapis roulant (816 km, pour info le record du monde sur 6 jours est de 1036 km, détenu par le Grec Yiannis Kouros), et Fifou ayant participé à un grand nombre d'épreuves d'ultra, que ce soit à pied, à vélo, ou en mêlant les deux (ultra-triathlon).

 

Ce défi qui se déroule dans le cadre de la Cité des Sciences et de l'Industrie de Paris se veut en plus le cadre d'une étude scientifique menée par le Dr Mullens, spécialiste du sommeil. Les deux sportifs sont équipés d'un grand nombre d'électrodes et sont observés sous toutes les coutures, pendant leurs phases de progression comme pendent leurs repos. Mmi est déjà rompu à cet exercice, alors que Fifou en est à sa première expérience, ce qui se ressent largement après trois jours de course, puisque le premier parvient lors de ses micro-siestes à pénétrer dans les zones du sommeil profond, alors que le second a beaucoup plus de mal à trouver un repos salvateur.

 

Mmi et Fifou viennent de passer ce soir la mi-course, avec respectivement 436 et 1500 km ; tous deux sont dans les clous pour leur objectif initial, même si Fifou peine depuis les premières heures, handicapé par un sérieux mal au fondement.

 

Un direct (progression, interviews, webcams) permet de suivre les deux zigotos et leur entourage, c'est ici : http://www.ultrathletic.fr/

 

Si jamais vous passez par la Cité des Sciences d'ici samedi soir, n'hésitez pas à aller leur faire un petit coucou !

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Bonjour,

 

J'ai écouté l'émission sur France inter qui traitait de ce sujet mercredi après-midi.

Je suis admiratif devant le courage de ces sportifs qui vont au bout de la souffrance, mais je me demande si cette mode de l'ultra voir l'ultra-ultra endurance est une bonne chose.

Quelles sont les conséquences sur la santé de telle effort?

Le coureur à pied explique qu'il en est à son 3ième 6 jours cette année! comment peut-il récupérer? Je me demande si son organisme ne va pas lui faire payer  très très cher cette débauche d'effort.

 

 

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Bonjour Edgar,

 

Je suis admiratif devant le courage de ces sportifs qui vont au bout de la souffrance

Dans le cas précis de ce 6 jour sur tapis à la Cité des Sciences, pour bien connaître le coureur et un petit peu le cycliste, l'un comme l'autre sont loin d'être "au bout de la souffrance". Mmi est certes fatigué, un peu usé mentalement, mais physiquement il n'a aucun bobo. Quelques courbatures, et encore. C'est vraiment une fatigue générale qui est installée, d'où l'intérêt de l'étude sur le sommeil (Mmi parlait de la similitude avec l'état de semi-veille que certains peuvent avoir en conduisant). Pour Fifou, c'est un peu plus compliqué, à cause de ses fesses qui morflent bien. Mais en dehors de ça et de la fatigue générale, il est nickel.

 

je me demande si cette mode de l'ultra voir l'ultra-ultra endurance est une bonne chose

Là encore je ne pense pas qu'il s'agisse d'une mode : il suffit de se tester sur un 24 heures pour comprendre que si on n'aime pas, on ne peut pas se forcer. Mais si on accroche, alors oui on aura envie de recommencer, de mieux réussir, de mieux savourer. Quant à l' "ultra ultra-endurance", il s'agit d'un phénomène vraiment limité, qui est observé par les pratiquants même d'ultra-endurance avec des yeux comme des soucoupes. Parle à un circadien, un centbornard, ou même un coureur de 6 jours d'un 6 jours sur tapis, il te répondra neuf fois sur dix "ça va pas la tête ?"

 

Je me demande si son organisme ne va pas lui faire payer  très très cher cette débauche d'effort.

Pour la petite histoire, Mmi est ce qu'on peut considérer comme un "rescapé" : il a subi un grave accident de la route il y a une vingtaine d'années alors qu'il était cycliste (comme quoi, la course à pied est-elle réellement plus traumatisante que le vélo ?), et les médecins étaient mitigés sur sa capacité à remarcher. Il n'a pas repris le vélo en compétition, mais aujourd'hui il se situe dans les tous meilleurs au niveau mondial sur 6 jours. Il tourne en ultra depuis une dizaine d'années, et s'est spécialisé sur le 6 jours depuis quatre ans (podium et/ou victoire chaque année). Il a réalisé son premier 6 jours tapis l'année dernière, et celui en cours est effectivement son cinquième, et troisième depuis le début de l'année.

Ce petit résumé juste pour dire qu'il sait ce qu'il fait, qu'il a de l'expérience, qu'il connait son corps, qu'il a un mental hors normes. Je me fais cent fois moins de souci pour lui que pour mon frère (exemple pris totalement au hasard :) ), le parfait sédentaire.

 

 

Quelles sont les conséquences sur la santé de telle effort?

Elles sont étudiées depuis deux/trois ans par des physiologistes, notamment le Pr Guillaume Millet de l'Université de Saint-Etienne. Les magazines spécialisés relatent ces études de manière assez régulière (destruction musculaire, fatigue cardiaque par exemple).

 

Merci de t'intéresser au sujet en tous cas :)

 

 

 

 

 

 

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Bonjour Emmanuel,

Tout d'abord merci pour ta réponse.

J'ai posté sur ce sujet car je connais 1 personnes qui participe à ce type d'épreuve.

Petit moteur ( Jamais moins de 42' sur un 10km avec un beaucoup d' entrainement - certainement beaucoup trop en volume et en intensité - pareil en vélo - 11h à la marmotte - )

et il se met à l'ultra ( tour du mont blanc, course sur l'ile de la Réunion - je ne me rappelle plus le nom - ect....

Et voila qu'a 50 ans ses classements s'améliorent. Mais à quel prix, toujours blessé, mais je te fais des infiltrations  en veux-tu en voilà, des carences à affolé un étudiant de 1er année de médecine donc piqure de fer dans le ventre et tout ce que j'ignore.

Mais tous ces signaux ne l'inquiète pas. Normal avant il se classait 1000 sur 3000 maintenant 100 sur 1000.

Bien sur tes 2 amis sont suivis par des médecins et eux ne mettent peut-être pas leurs santés en jeux mais pour tous les autres?

Tu sembles bien connaitre le sujet et j'ai certainement tendance à me focaliser sur ce coureur pour généraliser mais je me demande quand même si le sport au delà d'une certaine limite - que je suis bien incapable de quantifier - n'est pas aussi mauvais que la sédentarité.

J'espère que mon avis ne te choque pas et je te remercie de m'avoir lu.

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Bonjour,

 

performance impressionnante.

 

Comment mesure-t-on une distance, notamment pour le cycliste ?

pour le coureur, je suppose qu'on peut admettre qu'on néglige sa trainée et que la distance correspond à la distance parcourue par le tapis.

mais pour le cycliste, comme sur le plat le seul effort à fournir l'est pour vaincre les différentes sources de frottement, et principalement la trainée, sur quelle base est faite l'estimation de la "vitesse" du cycliste ?

 

Merci et bonne journée

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Merci pour ce complément, et pas de souci, ça ne me choque pas. Pour préciser, je suis journaliste sportif spécialisé précisément en ultra-endurance et moi-même coureur d'ultra, d'où une connaissance et une implication un peu fortes.

 

La personne que tu évoques est courante dans le milieu : nous avions dénombré en 2009 50000 coureurs ayant pris le départ d'au moins une épreuve plus longue que le marathon en France. Ça représente très très peu par rapport au nombre de coureurs tout court. Le parcours-type d'un coureur, c'est de faire le tour des distances courtes (10 km/semi), puis de monter sur marathon, d'en faire le tour, puis de monter sur plus long. On voit toutefois de plus en plus de personnes arriver directement sur ultra, et du coup ne pas posséder les bases de la course à pied : voilà sans doute une des raisons pour lesquelles ta connaissance se classe bien souvent mieux par rapport au nombre de coureurs que sur distances inférieures. Il faut aussi avouer que le niveau global est moindre que sur 10 km ou marathon : pas mal de personnes sont moins affutées, ont moins l'esprit de compétition, sont plus dans la contemplation, le partage, le sens de la fête, plutôt que dans le chrono. Pour celui qui veut faire un temps ou un classement, il y a de la place (sauf sur les podiums : depuis 2/3 ans ça devient dur !).

 

Quant aux conséquences sur la santé pour ceux qui se lancent sur des épreuves ultra sans être forcément prêts physiquement, difficile de juger. Dans le cas que tu évoques, effectivement, ça craint : avoir recours aux médicaments en quasi-permanence devrait lui faire se poser de sérieuses questions. À mon avis, il s'entraîne trop (quantité et/ou qualité, à voir) et mal. On peut très bien finir une course comme l'Ultra-Trail du Mont-Blanc sans s'entraîner 7 jours sur 7 : le délai est de 45 heures, il y a de quoi le faire (presque, car il faut vraiment courir - courotter - au moins les premières dizaines de kilomètres) en marchant bien, ce qui est le cas de la plupart des épreuves (100 km de Millau = 24 heures de délai, Grand Raid de La Réunion = 3 jours...). Mais c'est sûr que quand on se prend au jeu du chrono/classement/performance individuelle, on peut flirter avec les limites.

 

>>> je me demande quand même si le sport au delà d'une certaine limite - que je suis bien incapable de quantifier - n'est pas aussi mauvais que la sédentarité

 

C'est très clair : pratiquer un sport, n'importe lequel, en compétition, est mauvais. Pratiquer une activité physique pour son hygiène de vie, ça c'est bon (ex : marcher 1 heure à bon pas pieds nus dans l'herbe tous les jours à plat). Maintenant, à chacun de juger de sa limite activité physique/sport et du bien-être (physique, psychologique) qu'il ressent en contrepartie du "mal" qu'il se fait. Dans le cas que tu cites, il me semble qu'il y a déséquilibre, mais peut-être que cette personne, sans cette "béquille", serait invivable ?

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Bonjour Jocelyn,

pour le coureur, effectivement, c'est tout simple : le tapis compte pour lui. La surface se déroule sous ses pas à une certaine vitesse, et le calcul de la distance en découle simplement.

Pour le cycliste, je ne suis pas sûr : soit il y a un compteur au niveau de la roue, mais du coup lorsqu'il ne pédale pas et que la roue continue de tourner sur sa lancée (roue libre), ça doit continuer à accumuler des mètres non réellement pédalés. Enfin je suppose qu'au final ça ne représente pas une grosse part du total. Autre possibilité moins imprécise : ils comptent le nombre de tours de pédale (cadencemètre) et multiplient par le développement adopté.

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Bonjour Emmanuel,

 

Tes réponses sont très intéressantes, tu sembles très bien connaitre ce sujet.

Quand tu dis " sans cette béquille cette personne serait peut-être invivable ", tu touches le point essentiel mais je crois que l'on peut certainement généraliser cette remarque à toutes les personnes qui font du sport 4 ; 5 fois par semaine. - je sais de quoi je parle c'est mon cas -

A propos de l'excès de sport connais tu des bouquins ou des revus qui traitent de cette question.

sportivement,

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Bonjour,

pour le cycliste, on ne peut pas juste mesurer le nombre de tours de roue. Il faut y adjoindre un couple résistant qui sur un vélo, sur le plat, est du aux différents frottements, notamment aero et donc à la position.

Il faut donc décider d'une position "équivalente" que le gars est supposé tenir tout le temps. Ils doivent surement fixer un couple résistant par trop stupide et enregistrer la vitesse de rotation tout au long.

Ensuite, les données doivent être retravaillées pour reconvertir en distance "équivalente".

...

Bonne journée

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Bonjour,

réponse un peu tardive, j'étais absent quelques jours.

Sport & Vie a traité le phénomène appelé "bigorexie" (l'addiction au sport) dans son n°126 (mai/juin 2011). Sinon l'ouvrage "Addictologie clinique" (http://elsangliator.over-blog.com/article-addictologie-clinique-100020664.html) traite également, entre autres, de la question.

Bonne journée,

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