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Raymond Poulidor ...


Paul MARPAUD

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Quelles images!!!! Quels textes!!!!! Magnifique et merci Bernard.

N'oublions pas que notre Poupou national s'est élevé à ce niveau en 1965 en gagnant l'étape du Ventoux exactement à la manière de Louison BOBET, avec en plus un Julio Jimenez des grands jours accroché à sa roue, un grand moment dans la carrière de POULIDOR, hélas gâché ensuite par son éternel attentisme.

Pour en revenir aux images, en voyant KUBLER arc-bouté sur sa machine, avec à l'époque des braquets démesurés, on se demande comment il a pu finir l'escalade du ventoux et boucler les 80 derniers kms.

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en matiere de vélo et concernant la légion d'honneur,il faut reconnaitre que le "Grand Charles" ne voyait pas plus loin que le bout de bout de son grand nez  😃 ,le principal pour lui,étant d'entendre la Marseillaise et voir le drapeau bleu,blanc rouge se hisser au plus haut ...  le reste,il ne voulait surtout pas en entendre parler ..

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MERCI de nous remémorer ces grands moments du tour, car ils resteront uniques. A cet effet et encore pour les 100 ans du TDF, je m'étais attelé sur un écrit, en citant tous les grands moments de cette grande scène et bien entendu j'avais mieux placé le doyen des vainqueurs, et je vous propose un extrait :

A 36 ans Ferdi est au départ du TDF 1955, pas pour figurer, pour se battre conformément à son statut de guerrier. Et le 19 juillet vaut un commentaire pour mieux situer l’homme, ce jour là sous un ciel de feu, le Ventoux version Bédoin est au menu, avec arrivée en Avignon. A l’approche du géant de Provence, il s’isole à l’avant avec Scodeller et Géminiani qui avait toujours trop chaud dans un peloton. Dès les premières rampes « Le grand Gem » voulut modérer l’ardeur de Ferdi « Attention Ferdi ce col n’est pas comme les autres », que diantre quel était cet empêcheur ? Et il rétorqua « Mais Ferdi non plus, pas coureur comme les autres ». Et bien sûr les difficiles pentes arides, peu ombragées, propices à la dégradation physique, châtièrent une fois de plus un non calculateur, travers qu’il assuma en donnant de la voix, et si ce n’était pas sa première détresse, elle s’avéra suffisamment cuisante pour que ce soit la dernière. Il est vrai qu’il n’apparût plus dans les résultats, néanmoins en 1957, au critérium de Daumesnil qui se courrait derrière scooter, il fut un des 4, avec Bobet, Baldini et Darrigade, à ne pas prendre un tour par le nouveau prodige Jacques Anquetil.

Le grand Ferdi était unique et très éclectique, il eut des succès sur tous les terrains, et comme demain se déroule "la doyenne", sachez qu'il l'a remportée 2 fois et avec la Flèche en hors d'œuvre la veille le samedi, car dans les années 50 c'était le WE Ardennais.

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Pour en revenir à Raymond Poulidor (puisque ce post lui est consacré),j'ai appris l'année passée au cours d'un reportage sur FR3,qui était consacré à la carriere de Géminiani (et oui,toujours lui 😆..),que celui-ci d'après ses explications,avait proposé à Raymond Poulidor (dans les années 65/66) de rejoindre l'équipe "Ford France" et que dans ce cas,il aurait gagné le tour ..   Raymond,n'aurait pas dit non à cette proposition de Gem,mais devant la réaction des sponsors de l'équipe Mercier qui auraient mis la clé sous la porte au cas où Poulidor serait parti,ce qui aurait alors mis au chomage la plupart des coureurs de l'équipe au maillot mauve et jaune pour les années suivantes..  à partir de là,Raymond aurait fait le choix de rester chez Mercier,vis à vis de ses équipiers de chez Mercier ..

Si tout cela est véridique,je pense,que là aussi,on peut penser qu'il est passé très près d'une réelle possibilité d'être sur la plus haute marche du podium du tour .. ne pensez vous pas ?

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OUI c'est vrai que je me souviens vaguement de cet épisode, mais c'est ni plus ni moins le sport PRO. On achète ! nous vivons de plus en plus à ce rythme. sachez qu'en L1 le classement est fait fin août, il suffit de connaître le budget des équipes et à 1 ou 2 places près c'est cadré, alors pourquoi jouer les 38 matchs ? Pour le spectacle des naïfs supporteurs et pour que les joueurs puissent faire leurs 20 h hebdomadaires.

L'argent est le danger de tous les sports et le cyclisme n'y échappe pas, mais ne possède pas encore le spectateur payant. Mais après l'épisode que tu cites, nous avons eu une sérieuse alerte avec "La vie pas très claire" de Bernard T, qui a acheté pas mal de courses et donc de TDF.

Alors, félicitons Raymond de ne pas avoir remporté de TDF artificiellement. C'est un personnage à part, avec un rapport avec l'argent bien particulier. Et toute sa valeur est là, et pour nous observateurs il n'est nul besoin de compter les places, il faut se placer bien au dessus. Et pour moi RP a gagné le TDF 1964.

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Tour 1950 : Ferdi Kubler remporte le Tour de tous les excès.

 

 

1950 marque pour tout un chacun un grand chambardement dans la société et la politique du monde entier. Mutation économique et industrielle vont de pair et, aussitôt les ultimes relents nauséabonds et tenaces, du dernier conflit planétaire, résorbés le monde, en général, et l'Europe, en particulier vont connaître un essor à nul autre pareil. Cette frontière virtuelle entre deux époques sera, néanmoins, progressive mais linéaire dans le temps à savoir qu'elle ne souffrira d'aucun répit malveillant ni d'arrêts inopportuns malgré quelques conflits d'intérêts ponctuels annihilés plus de façon conjoncturelle que de manière démocratique. Le Tour de France n'échappe, bien évidemment, pas à la règle de ces bouleversements et malgré une organisation qui demeurait invariablement déficitaire, il s'acheminait, imperceptiblement mais inexorablement vers des sommets d'obésité mal appréhendée, de boulimie récalcitrante et de grandeur quelque peu égocentrique qui aujourd'hui effraient nombre d'inconditionnels, suiveurs, journalistes ou passionnés de la planète vélocipédique. Cette période coïncidera, d'ailleurs, à un changement radical et irréversible de mentalité d'un peloton en mal de reconnaissance. De tous temps la notoriété du champion cycliste s'est avérée sans égale en rapport à leurs homologues des autres disciplines sportives.

 

Le public s'est toujours identifié aux « Forçats de la Route ». Spectacle éminemment attrayant et gratifiant de par son essence même, le cyclisme permet à toutes les couches de la société d'ovationner et d'applaudir ses idoles quelque soit le lieu, la saison ou la météo. Nombre d'entre eux, bravent chaque saison les conditions climatiques exécrables pour assister aux joutes pittoresques et dantesques de leurs héros. Le coureur, autrefois, était adulé et membre à part entière des familles Françaises. On l'affublait volontiers d'un petit nom ou d'un pseudo pour la postérité. Les coureurs du cru généraient un véritable enthousiasme dans les régions de l'hexagone et celle-ci se déplaçaient en masse, au Parc des Princes par exemple, pour acclamer son champion au terme d'un Tour de France particulièrement abouti. En outre, la légende, née des conditions de courses d'un autre âge, colportée de manière mythologique et portée au paroxysme de son idéologie par les non moins légendaires journalistes de l'époque, engendrait la pâmoison chez certains de nos compatriotes. Le vélo, plus que tout autre sport, s'avérait être l'école de la vie par excellence où les sacro saintes vertus de l'existence étaient appliquées à lettre à savoir, courage, abnégation, solidarité et souffrance. Pourtant, les prémisses d'un professionnalisme latent dans nombres de sports vont générer une redistribution des rôles.

 

Les surplus budgétaires occasionnés par l'immuable croissance de la kermesse de juillet allaient plonger Jacques Goddet et Felix Lévitan dans un monde de perplexité. L'Equipe et le Parisien Libéré supports et mécènes ventripotents de la plus grande compétition cycliste de la planète ne suffisant plus à garantir la pérennité de l'entreprise, nos deux larrons, l'un, Goddet ancien patron de l'Auto et fondateur de l'Equipe et l'autre, Lévitan journaliste à la Pédale puis au Parisien Libéré, se tournèrent vers d'autres sources pécuniaires loin d'être des œuvres à vocation philanthropique. Effectivement, leurs efforts et sollicitations se concentreront exclusivement du côté des régions, municipalités et collectivités locales. Les villes étape ou de transit ainsi que les lieux stratégiques de ravitaillement seront mis à contribution. Il n'est pas vain de rappeler, à ce propos, que des « Fêtes du Tour » étaient organisées au soir de chaque étape et il n'était pas rare d'y reconnaître nombre d'artistes chevronnés de l'époque, tels Tino Rossi ou Charles Trenet. La démarche de l'organisation auprès des firmes régionales n'était pas étrangère à cet état de fait. Que diantre n'aurait-on pas sacrifié pour inclure la flamboyante et très reconnaissante caravane publicitaire. La publicité ou réclame débutait son harcèlement et sa démesure au sein du sport.

 

Les classements annexes et challenges de tous poils étaient dorénavant parrainés aux grands soulagements des organes de presse trop longtemps seuls dépositaires du label Tour de France. De la laine Sofil assujettie aux primes quotidiennes du porteur du maillot jaune à la Vittelloise ou Cuir de France partenaires du Grand Prix de la Montagne en passant par Martini ivre de joie d'offrir des gains substantiels à un challenge international des plus anodins, toute la panoplie du parfait pool commercial déployait son implacable réalisme. Nous étions à des années lumières, désormais, de la confidentialité, la clandestinité et du puritanisme du sport d'avant 1920. Georges Briquet, témoin de son époque, orateur hors pair et journaliste à l'intégrité reconnu fut choisi pour animer chaque soir des troisièmes mi-temps de haut vol où les anciens champions s'époumonaient au sein d'un chapiteau qu'un Bouglione n'aurait nullement renié. La flotte de la caravane publicitaire écrasait, dorénavant, un peloton chétif devenu soudainement comparse. Dans ce contexte éléphantesque, nos deux joyeux lurons, Goddet et Lévitan, nageaient en eaux troubles nantis de la délectation d'hommes de pouvoir ayant bouleversé à bon escient une entreprise en stagnation. Ces derniers, en outre, n'avaient que moyennement apprécié l'hégémonie Transalpine de 1949 et l'écrasante domination du duo Coppi - Bartali.

 

Le festival réalisé, un an plus tôt, par les deux meilleurs ennemis de la « Botte » avait eu le don, selon les organisateurs, de neutraliser toutes les velléités offensives d'un peloton par trop respectueux du "Campionissimo" et de « Gino le Pieux ». L'étape de légende de Briançon et du triptyque Vars-Allos et Izoard, où les deux héros s'offrent un mano à mano d'anthologie, étant la goutte d'eau d'une exaspération toute Française. Pour remédier à une telle main mise sur la course, néfaste à toutes initiatives, et ainsi booster les tempéraments des plus téméraires, Goddet et Lévitan n'allaient pas rechigner à la tâche. Les formations seraient réduites à dix unités, pour commencer, ensuite les limitations des délais d'arrivée, réductions des bonifications en montagne et enfin redécoupages des étapes de haute montagne, afin que les difficultés ne s'enchaînent plus systématiquement, devraient, pensait on en haut lieux, permettre un nivellement des valeurs.

L'incontournable favori Fausto Coppi absent, Gino Bartali sera le dépositaire de la formation Italienne épaulé en la circonstance par le talentueux et prometteur Fiorenzo Magni. Face à « Gino le Pieux » et sa meute de renégats, les Français opposeront un quatuor de fort belle facture avec, sous la houlette d'un Raphaël Geminiani toujours aussi grincheux, Louison Bobet, Apo Lazarides et Jacques Marinelli, superbe troisième et premier non italien la saison précédente.

 

Les Belges avec Stan Ockers et Raymond Impanis et les Suisses avec Ferdi Kubler devraient, selon toute vraisemblance, être les seuls à pouvoir rivaliser avec les sus cités. Reste à savoir, néanmoins, où se situe l'inénarrable Jean Robic de la formation Ouest, le persévérant Gilbert Bauvin, élu chef de file des Ile de France Nord Est voir l’ «  Ecureuil » Robert Chapatte membre éminent, s'il en est, du groupe Parisien. L'atmosphère de cette Grande Boucle, au départ de Paris en cette veille de fête nationale, était loin d'être faste et enthousiaste. La guerre faisait rage en Corée, les absences d'Hugo Koblet, tout frais émoulu lauréat du Giro que Fausto Coppi avait dû quitter victime d'une fracture du col du fémur ainsi que le drame vécu par la France cycliste suite au décès accidentel de Camille Danguillaume sur le ciment de Montlhéry, semblaient imprégner et étendre sa chape de plomb sur les esprits las d'un peloton tristounet plus en proie au recueillement qu'à la compétition proprement dit. La première partie de l'épreuve fut rondement menée. Après un crochet vers Metz, le peloton bifurquait vers le Nord pour redescendre en direction de la Bretagne. Rien à signaler de bien transcendant, si ce n'est l'incursion, lors une échappée au long cours entre Liège et Lille, du Drômois Bernard Gauthier qui lui vaudra d'endosser le paletot jaune au soir d'une troisième étape musclée et ventée remportée pour l'occasion au sprint par l'Italien Alfredo Pasotti.

 

A la veille de la sixième étape, un contre la montre de presque quatre-vingt bornes entre Dinard et Saint Brieuc, le quadruple lauréats de Bordeaux Paris (1951, 54, 56 et 57) trône toujours en jaune et précède le surprenant Luxembourgeois Jean Goldschmit de deux minutes et Maurice De Muer, futur patron des Bic et des Peugeot, de deux minutes et vingt-six secondes. Ce chrono accouchera d'un vainqueur quelque peu inattendu. En effet, le Suisse Ferdi Kubler, certes en gros progrès, ne faisait pas partie des favoris patentés au départ de Dinard. Pourtant, le coureur de Marthalen, âgé de 31 ans, dominera des rouleurs tels Magni, Bobet ou Ockers de fort belle manière, Goldschmit, héritant pour sa part du leadership de la kermesse de juillet. L'acheminement du serpent multicolore, le long de la côte Atlantique, à destination des Pyrénées se déroule sans heurt. Fiorenzo Magni se montrera intraitable du côté de Niort tandis que le coureur de La Châtre, membre du comité Centre Sud-Ouest, Marcel Dussault s'offrira un raid solitaire et héroïque entre Bordeaux et Pau reléguant ses deux poursuivants, Prouzet et Diederich, à quelques huit minutes et le gros du peloton à plus de onze minutes. Au matin du triptyque Aubisque, Tourmalet, Aspin, le futur Champion de France (1956) Bernard Gauthier, qui, en vieux briscard qu'il est, s'était une nouvelle fois judicieusement infiltré dans une échappée ponctuelle lors de l'étape Saint Brieuc - Angers, caracole en tête de l'épreuve neuf minutes devant une concurrence aux abois, certes, mais pas vraiment inquiète.

 

Cette étape sera le théâtre d'un fait à nul autre pareil qui, plus que la victoire finale de Kubler à Paris, marquera cette 37ème édition du Tour de France. Dès le départ de Pau, le peloton frétille d'impatience d'en découdre. Sur les premières pentes de l'Aubisque noires de monde les attaques suicides fusaient de toutes parts et les démarrages successifs et incendiaires écrémaient un peloton déjà passablement en difficulté. En tête des dynamiteurs on pouvait reconnaître, bien évidemment, les immuables "mouflons des cimes" que sont les « Biquet » et « Il Vecchio ». Jean Robic, plus désarticulé et saccadé dans la pédalée que jamais, et Gino Bartali toujours aussi besogneux se tiraient une bourre fantastique et démoniaque. « Gino le Pieux », visant la victoire finale, abandonna alors le Breton  à ses caprices et se relèvera quelque peu, prenant ainsi soin d'en garder sous la pédale. « Biquet », qui n'en demandait pas tant, poursuivit imperturbable son ascension en solitaire dans son style si particulier et passa au sommet de l'Aubisque sous les acclamations d'une foule en délire. Dans la vallée, un petit groupe restreint se constitue en tête de la course où figure, outre Robic, Bartali, bien sûr, Bobet, Ockers, Geminiani, Piot et Magni. Le col du Tourmalet est escaladé dans la foulée sans trop de dommage pour les neuf rescapés qui ouvrent, à ce moment-là, la route.

 

Le Val d'Oisien Kléber Piot, du comité de Maurice de Muer, basculera le premier au sommet du Tourmalet et entraînera, dans son sillage, ses compagnons à vive allure à l'assaut d'Aspin. Tous les favoris, à l'exception de Ferdi Kubler peut être, sont aux avants postes et cela laisse augurer une montée d'Aspin des plus apocalyptiques. Dans les premiers lacets surchauffés de la dernière difficulté de la journée, les hommes de têtes éprouvent un mal fou à se frayer un chemin au sein d'un public en transe, pas toujours respectueux et encore moins judicieux dans leurs choix d'encourager des coureurs en proie à une fatigue naissante. A mi pente, Gino Bartali place une attaque magistrale, dont il a le secret, et décramponne in extenso ses compagnons de galère. Seul « Tête de Cuir » tente de limiter l'hémorragie en secouant sa carcasse tel un pantin désarticulé. Devant, l'Italien commence à subir les affres et quolibets d'un public hostile. Paralysé par la peur, anxieux de la tournure des évènements ? Toujours est-il que « Il Vecchio » semble moins aérien et apparaît soudain vulnérable. Cet incompréhensible baisse de régime permet à Jean Robic de colmater la brèche et de rejoindre bientôt le Transalpin. C'est l'anarchie sur le bord de la route. Les aficionados surexcités, à la limite de l'ébriété pour nombre d'entre eux, chahutent le clan Italien en tête desquels Gino Bartali et Fiorenzo Magni. Des barrages humains, qui tentent de neutraliser le natif de Ponte-Ema, empêchent la progression de « Gino le Pieux » au profit de « Biquet ». Sur un obstacle humain plus compact que les autres Bartali chute en voulant l'éviter.

 

L'Italien entraîne, bien malgré lui, le Français dans celle-ci. C'est la confusion la plus totale. Les deux hommes sont relevés prestement mais des énergumènes plus avinés encore s'activent toujours auprès des Italiens furax. Piot passe en tête d'Aspin dans un imbroglio, une confusion des plus indescriptibles. Touché mais pas coulé, le « Vétéran Florentin », mettra un point d'honneur à remporter l'étape à Saint Gaudens, terme de cette journée tumultueuse. Au général, Fiorenzo Magni s'installe confortablement en tête de l'épreuve, chère à Henri Desgrange et Léo Lefèvre, plus de deux minutes devant un Kubler, qui aura formidablement limité la casse, et plus de trois minutes devant les Bobet, Geminiani et Ockers. Gino Bartali, pour sa part, se tient en embuscade, en sixième position, à quatre minutes de son compatriote Magni. Seulement voilà, suite aux inadmissibles et honteuses échauffourées d'Aspin, la colonie Italienne, dans sa totalité « cadetti » inclus, prit la décision solennelle, officielle et gravissime, et ce malgré les adjurations effrénées des organisateurs et des officiels, de ne pas reprendre la route le lendemain à Saint Gaudens. Cette première, dans l'histoire du Tour de France, laissera une trace indélébile dans l'histoire et les mémoires de la plus importante épreuve du calendrier international.

 

Le premier « Lion des Flandres » de l'histoire, en jaune au soir de cette 11ème étape, dépité et anéanti, abandonnera, sans doute là, ses dernières illusions de remporter le plus beau challenge d'une carrière auréolée, tout de même de trois Tour d’Italie, trois Tour des Flandres consécutifs, s’il vous plaît et trois titre de Champion d'Italie, excusez du peu. Quant à « Gino le Pieux », il remettra bien l’ouvrage sur le métier, pour des raisons commerciales et économiques, l'année suivante mais sans sa verve d'antan (4ème). Aspin aura marqué, bien qu'il s'en défende notre homme. Par peur de représailles, les organisateurs annuleront l'étape entre Menton et San Remo. L'Helvète Ferdi Kubler se retrouve, bien malgré lui, projeté au sommet de la pyramide sans se douter un seul instant d'un destin final des plus favorables. Par solidarité il refusera le port de la tunique tant convoitée au départ de Saint Gaudens. Les Italiens absents le peloton se cherche et les baroudeurs libérés de tout garde chiourme s'en donne à cœur joie. La course devient débridée, échevelée et indécise. Le Tour basculera définitivement lors de la 13ème étape emmenant les rescapés de l'enfer de Perpignan à Nîmes. Les Français, coupables de somnolences chroniques en seront pour leurs frais.

 

Sous une chaleur caniculaire, l' « Aigle d'Adliswil » tenta le tout pour le tout afin d'asseoir un peu plus sa position et déclencha une offensive gargantuesque que seul, des favoris invétérés, « Stan » le Wallon, réussit à intégrer. A l'arrière, le « Boulanger de St Méen » et le « Grand fusil », seuls tricolores à encore entretenir l'illusion à défaut d'espoir, défaillants et balbutiants les fondamentaux, se sabordèrent et terminèrent à dix minutes des premiers arrivants. A noter, pour la petite histoire que c'est lors de cette étape que débuteront les frasques du facétieux et inimitable Algérois Abdelkader Zaaf, coureur atypique, s'il en est, et qui poursuivra ses tribulations lors d'un Tour 51 remportée par le « Pédaleur de Charme ». Au soir de cette étape, remportée par Marcel Molines, un Algérien naturalisé du comité Nord Afrique, Ferdi Kubler ne possède plus qu'une minute et six secondes sur Stan Ockers. Pierre Brambilla du Sud Est, premier Français, pointe à neuf minutes tandis que Louison Bobet précède Raphaël Geminiani à dix et onze minutes. Les Alpes qui se dressent devant le peloton ne devraient pas inverser la tendance tant nos deux gaillards semblent rompus aux caprices des dénivellations. La chaleur accablante plongeait le peloton dans la torpeur et les fontaines des villages traversés étaient prises d'assauts par des cohortes de morts de soif.

 

Avant d'appréhender les premiers contreforts Alpins, toujours sous une canicule éprouvante pour les organismes, les coureurs épuisés et las s'offriront, sous l'œil inquisiteur et réprobateur de Jacques Goddet, un bain de jouvence dans la méditerranée lors d'une étape Nîmes - Toulon tronquée. Les contrevenants, par trop nombreux, seront amandés à défaut d'être mis hors course. Après une victoire emblématique au sprint du maillot jaune à Nice, où Robic et Bobet s'illustrèrent en passant en tête aux sommets des col de Castillon et du Turini, Raphael Géminiani retrouvera quelque peu de sa verve et de son agressivité en triomphant, en solitaire, et de fort belle façon lors de la 17ème étape, Nice - Gap. Les Alpes seront l'apanage des Tricolores, désireux de montrer un autre visage que celui afficher trois jours plus tôt du côté du Gard. Louison Bobet nous gratifia d'un superbe et grand numéro sur les pentes de l'Izoard, noires de monde. Le Breton reprendra, dans l'opération, trois minutes, au duo Kubler - Ockers devenus inséparables. L'auvergnat de Clermont Ferrand, après sa chevauchée vers Gap deux jours plus tôt, récidivera dans le Forez pour vaincre à Saint Etienne, toujours devant les siamois Kubler et Ockers.

 

Les Tricolores rétablissaient, donc, une situation plus que compromise peu en rapport avec les ambitions des uns et des autres au départ de la Grande Boucle. Lors du dernier chrono de Saint Etienne à Lyon, support de la 20ème étape, Ferdi Kubler démontra, si cela était encore nécessaire, sur les cent bornes du parcours qui empruntait le col de la Croix de Chabouret, que son succès à Saint Brieuc n'était nullement usurpé. En outre, l'écart qu'il infligea à tous ses adversaires démontrait l'étendue du talent de l'Helvète. Stan Ockers dauphin au général et encore second sur ce tracé tourmenté déboursait la bagatelle de cinq minutes et trente-quatre secondes au fringant Suisse. Louison Bobet et Raphaël Geminiani essuyaient, eux, un débours énorme de l'ordre de neuf minutes et plus, un véritable océan. Ferdi Kubler mettait un point d'honneur à rendre son triomphe, à un moment de la course contesté suite au retrait de la squadra, éclatant et indiscutable. Il sera, d'ailleurs, indiscuté, les dix minutes d'avance sur Stan Ockers, second, et les vingt-deux minutes sur Louison Bobet, se chargeant de clore le bec aux grincheux et empêcheurs de tourner en rond de tous poils. Le Suisse, même s'il ne récidivera pas dans sa quête d'un second Tour, confirmera l'année suivante en devenant Champion du Monde et en s'adjugeant des épreuves à la notoriété éprouvée telles Liège Bastogne Liège, la Flèche Wallonne, le Tour de Romandie et le Tour de Suisse.

 

Ferdi Kubler, fera l'impasse les trois années suivantes et se présentera en 1954 pour jouer la gagne. Hélas, pour le Suisse, il tombera, les armes à la main, sur un Louison Bobet au sommet de son art, en route pour son triptyque d'anthologie. Dauphin du Breton, le Suisse se consolera avec le maillot vert qui, par voie de conséquence, en fait un des coureurs les plus complets de tous les temps.

Les Français, quant à eux, devront patienter deux ans avant de renouer avec la victoire. Raphael Géminiani tombera sur un autre Suisse, pétri de talent, Hugo Koblet en 1951. Face Hugo Koblet, Geminiani abandonnera toutes ses ambitions de remporter un jour la Grande Boucle. Le retour du « Campionissimo » revanchard en 1952 priva, une nouvelle fois, les Français de la victoire finale. En route pour son deuxième doublé Giro - Tour, Fausto Coppi atomisera la concurrence terminant à Paris près de trente minutes devant Stan Ockers.

Le Tour de France rentrait de plein pied dans une ère nouvelle où plus rien ne serait comme avant.

 

Michel Crepel

 

 

 

 

 

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c'est vrai que cet épisode reste assez vague,car jusqu'à ce que Gem nous le raconte dans ce reportage,je n'avais jamais entendu parler de cette possibilité pour Poulidor de pouvoir gagner le tour sous l'égide de Raphael Géminiani ..  n'empèche que si cela est vrai, le comportement de Raymond Poulidor est tout à son honneur, car d'autres dans le même situation,auraient changé d'équipe pour l'argent et la gloire sans se soucier de ce qu'il adviendrait des équipiers .. il avait du coeur et de la reconnaissance vis à vis d'équipiers qu'il estimait ..

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Comme Leicester en Angleterre ou l'Athletico Madrid en champion's league?

mais forcément, plus une entité sportive a de moyens, et mieux elle doit arriver à ses fins de par la qualité de ses effectifs, mais rien n'empêche une structure moins dotée de faire du très bon travail en actionnant d'autres leviers, en matière de football, comme la formation, la qualité du coach, le style de jeu prôné, etc etc

Angers, Caen, Nice, Marseille et Bordeaux sont d'autres contre exemples qui montrent que la notion d'argent ne suffit pas à expliquer la qualité d'un projet sportif de qualité.

 

 

 

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L'Auvergnat aurait, tout autant que le Limougeaud, mérité de remporter une "Kermesse de Juillet" ! Un grande gueule l'adffable et souvent "bonimenteur" Clermontois, certes, mais sur sa bécane, un sacré flambeur et surtout un "gus" qui allait au bout de ses idées et de ses paris, comme ce jour là :

 

Tour 55 : Briançon - Monaco, « Gem » est « Géant » !!!!!

 

Ha ! Charly Gaul ! Il était novice à cette époque et pas vraiment « fufute »  étant donné qu'il était alors encore immaculé, vierge de tout exploit digne de ce nom, et pourtant ... Et pourtant, ce qu'il réalisa lors de cette 8ème étape sur les pentes crasseuses et savonneuses des Aravis, du Télégraphe et du « Tsar Galibier », résonnera à l'unisson au nirvana de la « Légende » jusqu’à la fin des temps ! L'atmosphère était aussi apocalyptique, pour les jeunes d'aujourd'hui,  que lors de la chevauchée fantastique du « Pirate » vers les Deux Alpes en l’an 98. Maintenant, la route n'a plus vraiment la même consistance ni le même revêtement  qu'à l’époque des faits sus-cités, en effet, plus quarante ans nous contemplent ! Quatorze minutes à Briançon, Louison était stupéfait mais nullement abattu ! « Incroyable ! J'étais pourtant pas mal ! Qu'est ce qui va nous mettre dans les Pyrénées !» Voilà, c'est en ces termes que le Breton de St Méen s'exprimait à sa descente de vélo.

Concernant « Le Grand Fusil », il y a un moment que l'ombre de Charly embuait voir hantait l'esprit et les pensées de l'Auvergnat. D'ailleurs, il avait juré ses « grands diables »  de lui « faire sa fête » le lendemain, au « Nain Virevoltant ». L'affable Clermontois l'avait, comme à son habitude vociféré à qui voulait l'entendre mais surtout à l'oreille d'Antonin Rolland, la veille ! Pourtant, le jour dit, « Gem »  en compagnie de « Biquet » « ardoisaient »  déjà à onze minutes au pied du Vasson sur le Luxembourgeois, auteur à l'avant de l'« Envol du Condor »  un jour d'effroi. Le temps est épouvantable, la pluie glace les os et le vent accentue encore cette impression de descente aux enfers. Le natif de Pfaffenthal, quant à lui, abhorre la chaleur mais vénère le déluge. Tous pensent alors à une rediffusion du film de la veille, mais ....

 

Une attaque malencontreuse et inappropriée car désuète de « Tête de Cuir », dans les lacets du Vasson, rendit l'ami « Gem » furibard ! Se hissant sur les « étriers » avec rage, il éperonna, alors son destrier et, Robic dans ses sacoches, avala les pentes tel un glouton en rupture d'enzymes. Cette poussée d'adrénaline lui permit de reprendre quatre minutes au futur « Aigle des Cimes » au sommet. Dans la vallée et la traversée des gorges du Cians, les torrents dévalant la montagne inondaient les routes et les sentiers boueux. Une vraie patinoire, une gabegie monstre  s'instaurait alors que seul, Geminiani appréhendait avec maestria et domptait avec aisance et une facilité déconcertante alors que les autres, tous les autres, partenaires, adversaires, motards et tutti se vautraient lamentablement sur l’abject macadam.

Dans un état comateux qui frisait l'inconscience, « Gem »  poursuivait son raid dévastateur à la poursuite homérique d'un fantôme aux contours vaporeux car inaccessible. Au Plat de Var, le présomptueux grognard des sommets rejoint Rolland et Bobet en compagnie de Marcel Bidot. Ce dernier n'a pas de mot pour décrire l'admiration qu'il éprouve pour cette inénarrable « grande gueule » capable de tous les excès, certes mais doté d'un panache inouï, incommensurable.

Au passage, il lance vertement mais nanti d'une arrogance candide à son directeur sportif : « Alors Marcel, tu en connais des mecs comme moi ? Il est où votre Charly ?»

« Seul devant avec Bauvin et « Walko » !»

Se dressant de nouveau sur sa monture, il s'en fut tel un diablotin insatisfait et insatiable, abandonnant, par la même occasion, à leur triste sort ses petits camarades de galère. Bientôt, il se retrouvera dans l'aspiration des trois renégats déserteurs, bientôt, il les toisera avec perfidie et délectation et bientôt les lâchera au détour d'un lacet plus prononcé du Col d'Eze. La pluie n'ayant jamais cessé et victime d'une « perce »  dans la descente qu'il aborda tel un malade mental, le « Grand Machin »  coupera la banderole à Monaco plus de trois minutes devant le Luxembourgeois.

Le « Gem » s'était bel et bien payé le « Charly »  !!!!! C'était aussi ça la « Grande Pétoire » !

 

Michel Crepel

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Michel,

C'est vrai que le TDF est un très long feuilleton (que dis-je ? Une très belle histoire). Et ceci confirmé par tes très bons écrits.

Mais 1950, n'est que le 4e TDF de l'après guerre, et mis à part le mauvais comportement des supporteurs (je pense Français) vis à vis des coureurs italiens dans les pyrènèes, je ne vois pas d'exception dans le contexte et le déroulement. C'est vrai que par la suite, nous devons en observant bien constater toutes les évolutions, et bien entendu d'ordre financier, qui offre plus de confort aux coureurs. A savoir plus de crevaisons à réparer, plus de boyau sur les épaules, et surtout plus de routes de montagnes non asphaltées. Mais réveillons nous ! 1950 c'était hier, mais aussi 65 ans d'écoulés ( bon sang 2/3 de siècle).

Pour Jean Marc et Steven, MERCI de vos réponses, et nous semblons d'accord sur les faits.

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Allez Michel, surpris aussi que le temps passe et bien je joue les prolongations sur le sujet provoqué par notre Raymond (National). Donc toujours début 2003, voilà encore une partie de l'écrit que le 100e anniversaire du TDF m'avait inspiré.

56 TDF se sont déroulés depuis 1947, année de la reprise d'après guerre, offrant 30 vainqueurs différents, 20 ont empoché une édition ce qui est déjà méritoire, plus chanceux ou tout simplement plus doués 6 se sont partagés 16 éditions, puis 4 plus boulimiques ont 20 TDF à leur actif.

La veille de la présentation de ce centenaire, l'organisation eut une idée lumineuse en conviant les 22 anciens vainqueurs encore en vie, à une soirée le 23 octobre dernier, 21 ont pu être présents, on se demande ce qui a pu retenir Roger PINGEON pour rater cette prestigieuse réunion.

Donc l'on peut dire que 8 nous avaient quittés, et pour Gino né en 1914, cela semble anecdotique. Et puis beaucoup plus loin j'ajoutais :

Bien sûr, et pour être juste, il y a aussi ceux qui n’ont pu le remporter, mais qui ont singulièrement rehaussé le succès des vainqueurs, et largement contribué à l’histoire de ce monument, ils méritent citation.

«  L’enfant Grec » vainqueur lui du petit TDF, organisé à la hâte en 1946 sur Monaco- Paris, « Le roi René », « Fach », « La Brambille » celui là même qui était de la première Marmotte en 1982, le « Lion des Flandres » pourtant vainqueur de 3 giri, puis « Gem » ou « le grand Gem », devenu « le grand fusil » mais après sa retraite cycliste, « Poupou », « L’empereur d’Herentals », « Le Cesco », « Il diablo ».

Une très longue histoire que le TDF

        
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Oui, on pourrait, effectivement, porter ce sujet au record de post sur Vélo 101, tant l'histoire de la "Kermesse de Juillet" est longue et riche en actes de bravoure et en anecdotes savoureuses ou non ! J'ai dû rédiger une centaine de textes sur le sujet de 1903 à 2003. Je me suis arrêté au "Centenaire" pour le symbole mais, effectivement, j'ai stoppé en 1993. A partir de cette date j'ai éprouvé un certain malaise à encenser les coureurs donc je me suis abstenu. Dans la catégorie des coursiers qui auraient mérité de voir leur nom apparaître au palmarès, ils sont légions. Le "Roi René" me vient tout de suite à l'esprit en compagnie d'Eugène Christophe. Une légende à lui tout seul le "Vieux Gaulois" ! Il y a également ceux qui auraient fait de beau lauréat comme la "Locomotive Humaine" Learco Guerra (même s'il a fait deux podium derrière l’intouchable "Dédé" Leducq et Georges Speicher) la "Joconde" Alfredo Binda, ou le "Primo Campionissimo", Constante Girardengo, ces deux derniers sans y avoir participé ! 

 

Désolé, je dois quitter je repasserais demain, Bernard !😉

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