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Champions....ou frileux


Rémy FAURE1639476388

Messages recommandés

À moins d'un vent vraiment fort, 2° ou 3° c'est parfaitement supportable pour des pros aguerris et bien équipés, enfin j'espère.

S'il y avait des rafales à 120 km/h alors je comprends les arrêts du peloton: un cycliste solitaire est depuis longtemps envoyé dans le décor à ce régime! Et en peloton, une chute en entraînant plein d'autres, ce serait un vrai jeu de quille.

Mais j'ai quand même un doute vu le comportement du Néerlandais échappé en solitaire. Il ne s'est apparemment jamais arrêté, lui, donc le vent ne soufflait certainement pas à 120 km/h… et il ne bénéficiait généralement d'aucun abri, ni contre le vent, ni contre le froid.

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Non jojo, pas moins 7 mais bel et bien 7degres. Un relevé en voiture pour un copain qui a fait le déplacement. Bien moins froid que la veille a Beaucaire, ou lui et moi on s'est gelé. Par contre vent violent, des rafales a 100km/h. Mais c'est vrai a 7°, je ne fais pas de vélo, je mets les runnings.

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Non mais 2 ou 3° avec un vent très fort, ça peut vite faire du -2/-3 ressenti, tu te les gèles, tu maitrises moins bien ton vélo, et ça peut devenir dangereux avec les rafales

Enfin bon, je donne juste mon avis, j'ai toujours du mal à critiquer des mecs qui roulent dans des conditions où je serais bien incapable de rouler, c'est tout

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100km/h dans le sud, cela arrive plusieurs fois chaque année.  Dans ces conditions, il est clair que 0° avec ce vent procurent des sensations de froids terribles (-10 ou -15°C et encore la correspondance n'est pas si évidente que ça).  Rien a voir avec une petit brise dans le nord... par -5 ou -10°C...    A juger en connaissance de cause

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Tu as déjà couru avec du vent a 110 et certainement d'autres sur ce forum et moi très souvent. Il y a tout de suite 1...2...3...4... bordures ou plus, faut pas faire une seule erreur, toujours au taquet. Des courses d'hommes en fait. J'en ai souvent entendu qui disaient que c'était n'importe quoi.....Sur, ils n'étaient jamais dans les classements.

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20 avril 1980, le « Blaireau » se joue de lapocalypse lors de la 66ème « Doyenne »

 

De tous temps les divers récits qui nourrissent les légendes les plus extraordinaires, les plus sensationnelles voir les plus épiques sont, pour la plupart, issues de l'imagination fertile et à fleur de peau de leurs auteurs respectifs. Elles vagabondent dans les esprits les plus réceptifs et viennent s'enraciner aux confins de l'imaginaire de chacun. Rares sont celles qui ne côtoient pas le virtuel. L'essence même de ces contes pour tous étant le rêve, il serait ardu voir vain de tenter de réaliser ou même de téléporter pareille épopée, quelle qu'elle soit, dans la réalité. Pourtant, il arrive parfois, au gré des époques traversées, des situations rocambolesques ou abracadabrantesques qui  défient toutes logiques d'entendement et de compréhension. Ces faits irrationnels confèrent des environnements susceptibles de les générer avec des hommes hors du commun dont seul le sport, en général,  et le cyclisme en particulier peut réellement y souscrire sans pour cela paraître suspecte aux yeux du commun des mortels.

A l'instar des milliers de passionnés de la « Petite Reine » tétanisés, abasourdis, médusés et pantois (tous les superlatifs ne sauraient infléchir cette tendance à lextase) par le spectacle auquel ils venaient dassister en ce dimanche 20 avril 1980, il ma fallu un temps diablement long pour extérioriser tout le ressenti de pareil ensorcellement du à lexploit, que dis-je à la prouesse danthologie perpétrée par un seul être. Jinsiste sur le terme « être » car il ne faut, bien évidemment, pas être grand clerc pour affirmer que « celui » qui a conjuré de la sorte lapocalypse dans tout ce qu’elle a de plus épouvantable voir de plus eschatologique était tout sauf humain. Mais que diable était-il venu faire dans cette galère ! A limage dun « Vieux Gaulois » arcbouté sur sa monture luttant tel un démon acariâtre dans une joute homérique et sans merci face à un Turchino majestueux, blanc, immaculé telle la ouate avant de se muer en linceul mortuaire, exactement sept décennie auparavant lors dune « Primavera » « stratosphérique ». Le « Blaireau » émergeant tout juste de létat dhibernation dont il sétait affublé les trois à quatre mois précédents cette échéance, fut confronté ce jour-là à un cataclysme identique, inouï et invraisemblable dont tous, coureurs, suiveurs, journalistes et passionnés se souviendraient des lustres après les faits.

A laube dun printemps encore frileux, la neige, depuis un moment déjà, errait un soupçon hostile et menaçant au sein dun ciel gris inquiétant, chargé de rancœur. Celle-ci rôdait et vagabondait insidieusement dans le nord de la « Vieille Europe » en ce mois davril polaire. Liège, « La Rebelle » commençait à saffubler de blanc lorsque le directeur de course de cette 66ème édition de la « Doyenne » rameuta ses troupes afin de lâcher enfin la bride aux cent soixante-quatorze héros de cette effroyable journée. Dès les premiers kilomètres, le peloton subit les foudres de « Chioné » sous la forme de denses averses de neige et de pluie mêlée puis de neige annonciatrice dun blizzard gourmet et dévastateur. Un froid glacial sinstalla peu à peu au sein dun paysage d'une austérité alarmante et d'une désolation hallucinante. Puis le blizzard, à nouveau, redoubla d'effroi et la température avoisina bientôt l'insupportable. Le mercure enregistra, alors, une descente vertigineuse vers le néant, ce même néant qui transpire parcimonieusement dans le subconscient, fragilisé à l'extrême, de ces « Gladiateurs de l'apocalypse ».

Le peloton, ou ce quil en reste progresse laborieusement, emberlificoté et emmitouflé tels des Inuits groggy. Peu avant midi, la neige cesse enfin de choir. L'atmosphère se réchauffe insensiblement. La pellicule encore vierge de toutes impuretés  commence doucettement à fondre puis à se muer en danonymes rus. En début d'après-midi, les routes, gorgées de neige en cours de  liquéfaction, redeviennent presque praticables. À 140 bornes de l'arrivée, sur le plateau de Bastogne, balayé par le blizzard, la chaussée empruntée par la « Doyenne » est toujours à la limite du carrossable et les concurrents bâchent par dizaines. Pendant ce temps, la neige continue à s'accumuler sur les sommets de Wanne, Stockeu et Haute-Levée. Les « saute ruisseau » qui composent cette macabre procession, sorte denchevêtrement de corps désarticulés sont frigorifiés, les pieds deviennent insensibles, les muscles des jambes sont raidies et durcies par le froid enfin les mains sont crispées et épousent fiévreusement les cocottes de freins comme rarement. La course enregistre un retard abyssal sur l'horaire le moins rapide. À Stavelot, vers 15 ou 16 heures, sous des averses de neige fondue et de pluie capricieuse, moins de trente rescapés de la « Bataille des Ardennes » revue et corrigée , se présentent toujours affublés et empêtrés de leurs accoutrements polaires au pied du monstre représenté par le redoutable et redouté « Mur » de Stockeu.

Cest au sein de ce décor et de cette atmosphère d« Ere Glaciaire » post apocalyptique que le « Menhir dYffiniac » déambule tel le « Yéti ». Plus tôt dans la journée, aux abords du plateau de Sprimont dans ce brouillamini de crêtes et de tiges condruziennes, les abandons pleuvent et parmi celles-ci, des éminents flahutes pourtant rompus à ce genre de phénomène météorologique tels le  besogneux grégario, accessoirement incontournable lieutenant de peu ou prou toutes les  « campagnes » du « Cannibale », Joseph De Schoenmaecker, le « Lilliputien », lauréat de la « kermesse de Juillet 1976 », Lucien Van Impe, le puissant rouleur-poursuiteur Norvégien Knut Knudsen ou le tout frais émoulu vainqueur de la « Primavera », le Bresciani Pierino Gavazzi. Dautres, moins avares de leurs efforts bâchent quelques bornes plus avant comme le récent  « Voltigeur du Mur dHuy », le Novaresi Giuseppe « Beppe » Saronni vainqueur de la Flèche Wallonne, accompagné pour loccasion par le porteur de la tunique de Champion de Belgique, Gery Verlinden voir le « renégat de lAlpe dHuez » Michel Pollentier et bien dautres encore. Les contreforts de la Côte de la Roche-en-Ardenne sont le théâtre dune capitulation en règle dune pléiade de « cadors » dont le Suédois Sven Ake Nilsson, intenable trois jours plus tôt sur la « Flèche », Giambatista « GB » Baronchelli, moins balbutiant cinq mois plus tard du côté de Domancy, ou le « Chamois Varesini » Wladimiro Panizza plus à son aise du côté de Maddalena ou confronté aux « labourés » ou enfin léternel espoir dHerentals, Daniel Willems ceint de sa cohorte de légionnaires en pleine déconfiture. Au terme des deux premières heures derrance « zombiesque », on notait déjà plus dune centaine de redditions. A leur décharge, il faut vraiment avoir été à la place de ces « voltigeur du macadam » en ce dimanche 20 avril 1980 pour se rendre vraiment compte du calvaire enduré par ces « Forçats de la Route ».

Personne sur le moment et encore moins après coup n'osera jeter la pierre à tous ceux qui se sont retirés ce jour-là. Le « Blaireau » en tête, après avoir été protégé, calfeutré un long moment, tel lenfant qui vient de naître par le fidèle des fidèles Briochin Maurice Le Guilloux, fut tout prêt de jeter l'éponge à quelques encablures du ravitaillement. A ce propos, Bernard Hinault  l'aurait volontiers fait si d'aventure il avait neigé de plus belle à ce moment-là, or cette dernière avait cessé de tourmenter ce quil restait de la meute en déroute et le soleil malicieux et somnolent clignait de lœil insidieusement à lattention des rescapés de lenfer. Enfin débarrassé de son par trop encombrant imperméable, lYffiniacais put de nouveau respirer à pleins poumons et reprendre in extenso sa chevauchée héroïque en direction du redoutable « Mur » de Stockeu et des autres raidards de lépreuve. Le peloton est décimé au pied de ce dernier. Pas plus de trente silhouettes errantes zigzaguent à lamorce des premiers pourcentages de la pente. Le Grammontois Rudy Pevenage, à deux pas de chez lui, caracole alors en tête avec près de trois minutes davance sur Bernard Hinault, reconnaissable à son bonnet de laine rouge et quelques autres coureurs dont Henk Lubberding (Ti-Raleigh), Silvano Contini (Bianchi) et « Didi » Thurau (Puch-Campagnolo-Sem). A la bascule, le natif de Moerbeke a « égaré » les deux tiers de son pécule. Une minute après le « Blaireau », le rude Batave de Noord Deumingen, Hennie Kuiper, soffre une randonnée pédestre du plus bel effet. Victime dune chute dans les pourcentages les plus abruptes (21%), le pourtant Champion des « Labourés » de son pays cinq ans plus tôt, ne parviendra jamais à relancer la machine.

Déambulant plus que ne courant à côté de sa « bécane », le futur lauréat du « Ronde 1981 » parviendra tout de même à rejoindre le sommet, fourbu. Ereinté certes mais pas désespéré, le bougre. A lavant, Rudy Pevenage poursuit sa progression même si celle-ci semble désormais sous la menace pressante de ses poursuivants. En effet, le trio composé dHinault, Lubberding et Contini reformé lors de la descente vers Stavelot, sentend comme larron en foire et récupère même un Thurau en indélicatesse avec les changements de rythme sur la glace et un instant décramponné dans les derniers hectomètres de Stockeu. Pas le temps de conter fleurette que déjà se profilent les premiers contreforts de la Haute-Levée, rendant ainsi obsolète et vaine tout espoir de récupération. Au pied de la bosse, Pevenage fait toujours illusion trente secondes devant le quatuor lancé plein pot à ses trousses. Les premières dénivellations lui seront néfastes et à court terme fatales puisquil sera repris dans la foulée. A cet instant précis, la légende est en marche. Sans vraiment démarrer, sans vraiment donner le sentiment de vouloir asséner un uppercut assassin à ses compagnons de galère, le « Blaireau » abandonne, fort courtoisement dailleurs, un à un ces derniers. Inexorablement, Lubberding, Contini et Thurau lâchent prise sans pouvoir ne serait-ce quesquisser la moindre réaction de défense, encore moins de rébellion. Le Breton ne procèdera, dailleurs, pas autrement quelques six mois plus tard, mais avec un peloton des plus conséquents, néanmoins, sur les hauteurs de Domancy lors dun autre chef dœuvre du « bonhomme ». Dorénavant seul en tête séchinant plus que virevoltant sur les pentes de « Haute-Levée », à quatre-vingt bornes de Liège, crapahutant dans un blizzard Sibérien ahurissant, Bernard Hinault ne distingue guère que des silhouettes ou formes fugaces, éthérées et suit tel un automate blasé la frêle trace laissée par les véhicules ouvreurs le précédant.

Frisant lhypothermie à tout instant le Costarmoricain bardé de givre nen poursuit pas moins sa route infernale vers le néant. Imaginez, quà ce moment de la course, le « Blaireau » doit encore se coltiner les côtes du Rosier, de la Vecquée, de La Redoute, de Sprimont, de la Roche-aux-Faucon et enfin de Saint-Nicolas, excusez du peu. Cest nanti dune totale béatitude hypnotique que le « naufragé de lapocalypse» appréhendera les ultimes difficultés du parcours. Il en conservera à jamais les séquelles. Gelé, cest létat de Bernard Hinault lorsquil parviendra enfin à Liège. Peu avant la ligne d'arrivée, cependant, le Breton, tel « César » saluant ses légions et ses centurions, aura un geste de gratitude envers ses équipiers regroupés derrière les baies vitrées de l'hôtel Ramada, dans lequel ils séjournaient. Frigorifié, lune de ses phalanges bloquée par le froid et la glace accumulée sur un de ses doigts, Bernard Hinault ne dira mot. Le « Menhir dYffiniac » est un homme de terroir rompu, depuis sa plus tendre enfance, à labsence chronique de plaintes futiles émanant de conditions atmosphériques exécrables voir abominables rencontrées ici et là. Pourtant, sil nest plus vraiment lui-même à larrivée, Bernard Hinault a tout de même fait du « Blaireau » sur sa « bécane ». Cest son label ce genre dextravagante épopée. Le Batave Hennie Kuiper, que nous avions abandonné à Stockeu en proie à un destrier récalcitrant, coupera la ligne plus de neuf minutes (924’’) après le lauréat du jour, bien avant ceux, néanmoins, qui lavaient précédé au sommet à savoir, Silvano Contini (12ème à 12'35") et Henk Lubberding (13ème à 16'03"). 

Pour la petite histoire, le Norvégien Jostein Willman sera le dernier classé…à la 21ème place à 27 minutes du Breton. Ce jour-là, Bernard Hinault est définitivement devenu « Grand », et entrera de plein pied dans la légende de son sport. Néanmoins, il serait quelque peu mesquin voir vil de ne pas associer à cet exploit hors norme les vingt et un « forçats de la route » qui sont parvenus tant bien que mal à négocier cette 66ème édition de Liège Bastogne Liège. Cest pourquoi je me permettrai de tous les citer : Bernard Hinault, Hennie Kuiper, Ronny Claes, Fons de Wolf, Pierre Bazzo, Ludo Peeters, Herman Van Springel, Guido Van Calster, Johan Vandevelde, Eddy Shepers, Gilbert « Gibus » Duclos Lassalle, Silvano Contini, Henk Lubberding, Stefan Muller, Pascal Simon, Jan Jonkers, Bert Oosterbosch, Paul Wellens, Frits Pirard, Jean Toso et Jostein Wilmann. En effet, si pour Bernard Hinault, le jeu en valait finalement la chandelle, pour les « saute ruisseau » arrivés à des années lumières, dans lanonymat le plus complet voire le plus indécent, que pouvaient ils réellement  espérer et retirer de pareille mésaventure. A linstar, sans aucun doute des grognards de la « Grande Armée » fierté non feinte de Napoléon Bonaparte, en personne, au soir de la victoire dAusterlitz, les vingt et un rescapés pourront alors sexclamer à qui voudra bien les entendre, « Ce 20 avril 1980,  jy étais ! ».

Quelques semaines plus tard, Bernard Hinault décrochera la première de ses trois victoires sur le Tour dItalie. Mais une douleur au genou lempêchera de remporter sa troisième « Kermesse de Juillet » daffilée au cours de lété. Revanchard, le Breton deviendra pour la première fois Champion du Monde, à Sallanches, réalisant à nouveau un sacré numéro sur les pentes monstrueuses de Domancy.

 

Michel Crepel

 

 

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Le post est sur une course de pros, mais pour ceux qui s'entrainent dans des régions comme la mienne ou le mistral dure quelquefois des semaines, on part rouler quand même et si on survit, les courses sans le vent deviennent trop faciles.

Dans le Ventoux, il y a un passage au col dit des tempêtes (1km du sommet) ou le mistral est démoniaque. Une fois j'ai fait 3 essais pour passer cet endroit en 2 fois les rafales m'ont fait retourner pour pas tomber et reprendre  le vent au dos.

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Pour moi, les tapettes sont ceux qui se plaignent de 40° au soleil. Comme quoi...

Néanmoins, il m'est arrivé de gagner une course à étapes internationale d'une semaine, avec 200 bornes tous les jours sous la flotte, devant des Bretons aguerris à ces conditions, mais aussi des Belges, des Hollandais, des Russes et des Polonais. A partir de ce moment-là, plus personne ne m'a fait chié avec ça...

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