Aller au contenu

Michel CREPEL

Membre
  • Compteur de contenus

    2 919
  • Inscription

  • Dernière visite

Tout ce qui a été posté par Michel CREPEL

  1. A l'instar de nombre de "génies" de naguère qui trouvèrent la notoriété qu'à titre posthume ! Aujourd'hui on ne fait pas de l'art pour l'art mais pour gagner du pognon et être reconnu par les médias et ainsi faire partie intégrante du monde "People" ! Pas vraiment "bandant" ! D'ailleurs, l'art n'existe plus car autant j'ai la "trique" devant les "Hollandais", les "Ritals de la Renaissance", Greco, Poussin, Monet, Manet ........ autant je me fait "chier" en contemplant du contemporain, cubisme ou impressionisme. Et je n'aborderai pas l'écriture et les auteurs car là, on est dans la fiente ! 😉
  2. Ce serait opter pour Jacques Brel ou bien Dario Moreno ! Quel dilemme ! Disons alors le Cervantès ! D'ailleurs, Oscar louait tellement les écrits et frasques de ce dernier qu'il s'est exilé toute sa cariière durant au pays des moulins à vent et accessoirement des tulipes ! 😉
  3. "Si on faisait le pari que Armstrong vivra plus vieux? (pour Coppi, c'est déjà fait)." Cette réflexion m'étonne de toi, "JG", sachant les progrès de la médecine mais sur le fond tu n'as pas tort. Bruynel a sans doute dégrossi le personnage mais la classe, Armstrong en est pourvue depuis 93 et même avant ! Ensuite, c'est un Américain avec tout ce que cela signifie lorsque tu parles professionnalisme, patriotisme et objectifs. Pour moi, il s'est "fait" tout seul et le plus, celui qui lui a permis de se hisser au dessus de ceux qui le dominaient alors dans les épreuves par étape, il l'a puisé au sein de ses deux années de traumatisme. Le reste c'est de la littérature pour "Blaireaux" en manque de "papiers fumants" !😉 A propos tu vas bien ?
  4. Salut "MImi" Freddy et "Mimile" Cet "enfoiré" qui empêche le "Kaiser" cette passe de quatre, justement, en 2004 après avoir course gagnée mais en savourant et anticipant, donc, son exploit bien avant la ligne ! En dehors de ce cime de lèse majesté qui m'avait fait sortir de mes gonds, à l'époque, le cousin de notre ami forumeur José Manuel est un fin limier qui à l'art de se faire oublier pour mieux réapparaitre et venir du diable Vauvert ôter l'enthousiasme exacerbée des plus impudents usurpateurs de couronnes ! Malgré sa taille "Sarkozienne" et un physique fragilisé par un dos en marmelade, il a su se forger un palmarès des plus respectables sans, en outre, faire de bruit. Un Espagnol dont peut être fier le dénommé "Nanard" Kuip, le "Don Quichotte" ou "Sancho Panza" (au choix) des Ibères ! 😉
  5. Michel CREPEL

    Anquetil

    Chaud devant !! Duel Poulidor - Anquetil?: Tour 1966. Plus que l'antagonisme régnant entre nos deux belligérants, c'est l'invraisemblable conflit qui émanent des "pro-Poulidor" face aux "pro-Anquetil" qui promet de chaudes et âpres empoignades lors de la prochaine, 53ème édition de la, Grande Boucle (ce Tour fera partie d'une prochaine écriture). Remontés comme des pendules helvètes et profondément excédés par les "malversations", dont c'est rendu coupable, comme nous allons le vérifier instamment et de manière objective, le clan Anquetil sur les routes de la Course au Soleil, à l'encontre de "Poupou", les enthousiastes, mais un tantinet revêches, "Poulidoristes" estiment qu'il serait de bon ton que leur brave mais récalcitrant Limougeaud favori terrasse enfin le boulimique et impétueux Normand. A l'inverse, les fiers et orgueilleux "Anquetilistes" gèrent à merveille cette irréversible montée d'adrénaline qui n'est pas sans rappeler, pour les "dinosaures" de la "Petite Reine", les joutes d'anthologie que se livrèrent, vingt ans plus tôt, les deux "monstres" Transalpin, Fausto Coppi et Gino Bartali. Un bref mais significatif rappel des faits est nécessaire pour bien comprendre le degré d'animosité qui ébranle la France cycliste en cette année 1966, en pleine "Beatlesmania" aigue. Après une année "sabbatique", opportune mais bien légitime, qui le vit faire l'impasse sur la kermesse de juillet, Jacques Anquetil nous revient tel qu'il nous était apparu un semestre plus tôt, lors de son exemption du Tour à savoir, serein, jovial et indubitablement, fort ambitieux. "Poupou", l'"homme orchestre" de toutes les épreuves auxquelles il fait don de sa participation, arbore une mine déconfite. Sa désillusion, ou plutôt sa déconvenue, de l'été 65 face au néophyte "Bergamasque" l'a meurtri plus qu'il ne le laisse apparaître. Le résidant de Saint Léonard de Noblat, est animé d'un sentiment pour le moins cocasse. Dépité, furieux, revanchard, il ne peut, néanmoins, jamais se départir de sa sacerdocale "banane" qui irrite au plus haut point "Tonin le Sage". C'est tout le paradoxe "Poupou". Raymond demeure, malgré les situations les plus dramatiques, d'un optimisme béat. Il n'est heureux et fringuant que lorsqu'il chevauche sa docile monture. Sa passion communicative est telle que tout le bon peuple de France et de Navarre lui pardonne, inlassablement et immuablement ses absences maintes fois réitérées, ses erreurs enfantines voir ses défaillances chroniques. Bref, on lui offre le Bon Dieu sans confession.... Enorme sensation lors de ce Paris Nice 1966. L'irréel, l'inconcevable se produit un 13 mars. Et oui, trois ans après l'assassinat de JF Kennedy et deux avant le meurtre de son cadet "Bob", mais aussi trois saisons avant que Neil Armstrong ne foule de ses "petons empruntés" le sol, jusqu'alors inexploré et vierge de notre "cousine" la Lune, un autre fait, tout aussi extraordinaire, va se produire sous nos yeux de misérables terriens. L'Ile de Beauté, hôte ô combien enthousiaste, de l'épreuve, chère à Jean Leulliot, sera le témoin privilégié et le théâtre "Shakespearien" du premier revers, de la déroute même, de "Maîtres Jacques", dans son exercice de prédilection, le chrono, et comble d'ignominie, face à son rival de toujours. Le camouflet engendre les interprétations les plus rocambolesques de la part d'inconditionnels et suiveurs émoustillés et avares d'objectivité. Il est vrai qu'un débours d'une seconde au kilomètre, le premier quintuple lauréat de la Grande Boucle, n'était pas coutumier du fait. En outre, la mémorable punition lui avait été infligé par l'ennemi intime celui qui doit perdurer dans son rôle d'indécrottable souffre douleur. Les "Mouches ont changé d'âne", entendons nous, à loisir, de Bastia à Ajaccio et en échos dans toute l'Europe vélocipédique. Quel affront ! L'"Empereur" détrôné et châtié en Corse, tout un symbole ? Que nenni ! Pour qui connaît, un tant soit peu, le natif de Mont Saint Aignan, d'aucun vous diront que le Normand blessé, humilié et lacéré par la critique que ne manque pas de lui asséner, à grands coups de manchettes sarcastiques, des "journaleux" en pénurie de scoop et dépourvus de matière grise, est tout excepté une victime expiatoire. Au petit matin de la dernière étape, Raymond Poulidor exulte et aspire à une dernière journée de tout repos. Le parcours de cent soixante dix bornes qui emprunte la corniche entre Antibes et Nice doit satisfaire les desseins de quiétude d'un leader en pleine confiance. On subodore, naturellement, notre "Poupou" national auréolé de cette certitude.Toujours est il que ce dimanche 15 mars, le Normand usera de tous les expédients, sportifs et, pourquoi le nier, par moment beaucoup plus douteux, pour inverser la tendance et reléguer, une nouvelle et énièmes fois, le Limougeaud au rang qui lui est du à savoir, celui de Dauphin du "Maître" ! C'est dans cet atmosphère vicié voir glauque que les rescapés de ce Paris Nice de légende se rangent, un brin penauds, sous les ordres du "Monsieur Loyal" de l'épreuve. Les premières heures de course sont poignantes, chacun se toise du coin de l'oeil. La tension est palpable, le suspense, qui demeure, toutefois, rôde et tâtonne. A croire que le destin capricieux n'a encore pas choisi son camp. Les formations serviles des deux protagonistes sont figées, la moindre erreur, la plus petite incompréhension peut s'avérer fatale à son chef de file. Il serait, en outre, suicidaire de s'attirer les foudres du "chef" pour une faute d'inattention. La pérennité de la carrière de ces besogneux est à ce prix. Le temps qui passe, inexorablement, compromet d'autant les chances d'Anquetil d'inverser l'inéluctable. Les journalistes, frétillants de la plume, sont aux abois et, en mal d'Hollywood, mâchouillent stylo et crayon, les télescripteurs, ancêtres incontournables mais bruyant de nos ordinateurs actuels, frémissent mais ne frissonnent pas encore seuls, les "clans" déchaînés, qui bordurent l'étroite chaussée, vocifèrent leurs encouragements ou leur dédain, à défaut de haine. C'est à ce moment précis, en plein marasme tactique, que le "Grand Fusil" ose une approche au sein d'un peloton apathique. Le conciliabule entre Raphaël Geminiani et le leader de Ford France est des plus expressifs, les grands moulinets décrits et la bouche béante et difforme de l'Auvergnat en atteste. Bien qu'infiniment respectueux de "Maître Jacques", Geminiani reste Geminiani. La marche à suivre est in extenso et immédiatement assimilée et adoptée. C'est alors un harcèlement en règle du leader des Mercier. Les Ford sont à la planche et ne relâchent à aucun moment leur étreinte, une vague déferlante s'abat sur la tête du peloton. "Stab", Pierre Everaert, Jean Claude Annaert, Paul Lemeteyer et Jean Claude Wuillemin giclent à tour de rôle tels des sternes affamées "reniflant" un ban de sardines en goguette, isolant un peu plus, par la même occasion, le maillot blanc. Sur un de ses énièmes démarrages le Breton de Plougasnou, Wuillemin "balance" sans vergogne le "British" des Mercier, Barry Hoban, coupable, à ses yeux, de nuire à l'"opération rachat". Bout en train de grand talent, le sprinter d'Antonin Magne, terminera et abandonnera ce Paris Nice vautré dans un fossé.Toutes ces péripéties, plus ou moins légales, n'affectent pas le moins du monde le Normand en revanche pour le Limougeaud, c'est une toute autre histoire. La confiance, accumulée tout au long de l'épreuve et sublimée, en outre, par son exploit de la veille, vacille et commence à prendre l'eau de toute part. L'adversité, pourtant il connaît, "Poupou", d'ailleurs elle jalonne sa carrière depuis ses prémices, par contre, lorsque celle-ci use de tous les artifices, même les moins avouables, pour s'arroger le droit de le déstabiliser, là, il fulmine notre "bonhomme". Assailli de tous côtés, Poulidor est à l'orée de la rupture. Une ultime et tranchante attaque d'Anquetil aura, finalement, raison de la résistance du maillot blanc. Ce démarrage subtil et imparable ajouté au barrage savamment érigé et orchestré, de main de maître, par les Ford, ruinera tout espoir de retour du leader de la course. Il parviendra, néanmoins, dans un dernier sursaut d'orgueil, à recoller à la roue arrière du fuyard mais renoncera, finalement, peu après en moins de temps qu'il n'en faut pour le rédiger. Epuisé par les coups assénés et répétés du Normand, de ses équipiers et des alliés de circonstance, "Poupou" abandonnera, à trente misérables bornes de l'arrivée, étape et victoire finale à son rival de toujours. Pour se faire une idée du travail colossal accompli par les Ford lors de cette dernière demi heure, il convient de rappeler que, outre Jacques Anquetil, bien évidemment, seuls Arie Den Hartog et Bernard Vandekerkhove parviendront à rallier Nice dans les délais. Les autres, tous les autres durent abandonner exténués. A l'arrivée, hors de lui, "Poupou" hurle au complot, avouant qu'il lui serait, à l'avenir, terriblement ardu de remporter des courses contre ce "Patron renégat". La France cyclisme est en feu, une deuxième "guerre de religion", renaît de ses cendres, en quelque sorte. Le Tour qui se profile à l'horizon nous suggère des chaleurs incandescentes en perspective. Dorénavant, et à partir de ce 15 mars, "Poulidoriste" et "Anquetiliste" ne parleront plus le même langage.
  6. Michel CREPEL

    Anquetil

    Extraordinaire doublé, Dauphiné - «Derby» 1965 de «Maître Jacques». L'exploit que je m'apprête à vous narrer, aujourd'hui, s'apparente plus à un cas d'aliénation qu'à un quelconque fait de course, fut ce t'il d'anthologie. Ce qui va suivre dépasse, en effet, l'entendement. Souvent la légende nous a confronté à des situations dantesque, chevaleresques, burlesques, parfois même, et nos héros se sont montrés en toutes circonstances dignes de nos idéaux vélocipédiques à savoir, braves, héroïques, incomparables que ce soit dans la liesse enivrante ou la détresse affligeante. Les défis, les challenges, les «?sautes ruisseau?», d’hier et d’aujourd’hui, les ont relevé sans jamais subodorer que ceux-ci génèreraient l’admiration sans borne de leurs contemporains. Le cyclisme est, certainement, l’unique discipline où l’irrationnel, avec un grand I, peut convaincre un cartésien invétéré, pur et dur, tel que votre serviteur. A l’aube du vingtième siècle, lorsque le cyclisme se situait aux prémices de sa floraison, les conditions de courses, primaires et exécrables, favorisaient l’évènement et l’avènement. Nos aïeux se sont délectés sans modération de faits qui apparaissent, de nos jours, utopiques et chimériques pour des personnes non avertis des choses de la «?Petite Reine?». L’incompréhension mêlée à la jalousie, nés de ce «?patrimoine culturel?», que renie sans cesse les irascibles «?biens pensants?», ont engendré, au fil du temps et des années, le mépris et la désaffection d’une partie de l’opinion publique. L’authenticité du cyclisme interpelle et la «?folie ponctuelle?» des «?Géants de la route?» ravive d’anciennes querelles dues à l’excellence de sa notoriété passée. Pourtant le vélo, de par sa conception et son utilisation, demeurera, à jamais, synonyme d’exploit, de courage, de solidarité et d’abnégation. Le récit que je m’achemine à vous dévoiler, humblement, vient corroborer cet état de fait. Tout récemment auréolé d’un cinquième succès dans la Grande Boucle, ce qui en fait, naturellement, le recordman absolu, «?Maître Jacques?» s’adonne, songeusement, aux plaisirs du farniente réparateur et salvateur. Ses pensées vagabondes et l’amertume l’étreint soudain. Cette dernière levée n’a pas, selon lui, été obtenu de la manière dont il l’aurait souhaité. Un Giro arraché aux griffes d’une coalition de tous les instants semble avoir été l’élément déterminent à son, bref mais douloureux, fléchissement lors de l’étape dantesque du Puy de Dôme. La dépense d’énergie engendrée et abandonnée sur les pentes escarpées des Dolomites a, n’en déplaise à l’intéressé, nuit au rendement final du Normand lors de cette inoubliable journée du 12 juillet. En outre, la popularité dont a été ceint, ce jour là, son adversaire du jour, le très pugnace Raymond Poulidor, l’a rendu un soupçon maussade. Cette morosité conflictuelle et ambiante qui flâne puis pèse sur et dans l’entourage du natif de Mont Saint Aignan aura des répercussions insoupçonnée, car insoupçonnable, sur le déroulement, et l’essence même, de la saison 1965. En effet, Jacques Anquetil, après avoir, mûrement et longuement, réfléchi et évalué, en toute sérénité, les tenants et les aboutissants de son intime résolution, décide que le Tour de France 65 ne le verrait pas défendre son titre si chèrement acquis un an plus tôt. Les raisons invoquées sont multiples mais toutes portent en elles la légitimité de son auteur. La popularité du Limougeaud l’agace et l’excède au plus haut point, c’est un secret de «?Polichinelle?», et une année sabbatique pourrait s’avérer, selon lui, bénéfique à son image d’insatiable despote. En outre, la motivation d’un sixième succès ne le tenaille pas, outre mesure, en revanche, nombres de défis, jamais encore relevés car nullement imaginés, nourrissent son excitation et attisent sa convoitise jamais rassasiée. Ce challenge ahurissant et, osons, «?suicidaire?» sera d’enchaîner, sans la moindre journée de repos, le Critérium du Dauphiné Libéré et Bordeaux Paris dans la foulée, deux épreuves atypiques demandant des aptitudes diamétralement opposées. L’hérésie de ce futur «?feuilleton?» mélodramatique, soulève la désapprobation de l’ensemble de la corporation des «?biens nés?», éternels traditionalistes. Les frasques et le franc parlé du Normand sont pourtant monnaie courante, en ce bas monde, mais abondance de biens, ironie du sort, nuit en ces temps d’opulence, c’est bien connu. Enfin, connaissant le «?bonhomme?», la phrase sibylline, aujourd’hui obsolète car galvaudée, «?…l’essentiel est de participer…?», De l'évêque de Pennsylvanie, empruntée bien fortuitement, par notre cher Baron Pierre de Coubertin, n’a certainement pas due être la composante d’un livre de chevet de notre fougueux Rouennais d’adoption. Ce pari?? Il le veut gagnant?! Le Normand est fier et exerce son métier en bureaucrate un tantinet zélé. Même s’il se lance des défis gratinés, ce n’est pas pour euphoriser son aura, c’est simplement pour se prouver, à lui-même, qu’il est apte à se surpasser. Les lauriers, il les fustige et les abandonne, volontiers à autrui. Un jour de 65, «?Bob?» Chapatte lui demandait s’il accepterai?: «?de courir pour une médaille?», la réponse fusa tel un boomerang?»?Non?! Le cyclisme est trop dur pour que je puisse courir pour un colifichet?!?» Là-dessus, il s’en alla participer à un «?gala cycliste?» de solidarité organisé par le monde journalistique. C’était tout Jacques ça?! Raymond Poulidor demeure son plus sérieux rival à la veille de l’envol de ce Dauphiné 1965. La rivalité latente, initialement, a atteint des sommets d’incompréhension dès que le monde médiatique s’en est fait l’écho. La suprématie des épreuves par étape est à ce prix. Jacques Anquetil porte le maillot de leader depuis l’étape qui l’a vu vaincre à Oyonnax. Grand et judicieux calculateur devant l’éternel, le Normand a pris un malin plaisir à s’octroyer le maximum de bonifications aux arrivées d’étapes. On n’est jamais trop prudent. Cette cinquième étape, menant le peloton de Thonon les Bain à Chambéry et longue de deux cent vingt six bornes, est propre à décanter, confirmer voir chambouler l’ordre établi jusqu’ici. C’est en tous les cas l’espoir qui hante les songes et pensées «?emberlificotés?» du fringuant Limougeaud. Dès le Mont Revard, «?Poupou?» affiche ses ambitions en explosant un peloton déjà à l’agonie. Le moment de stupeur évanoui, «?Maître Jacques?» accompagné du jeunot de chez Peugeot, Raymond Delisle, de l’espagnol Fernando Manzanèque et du «?Tom pouce?» Germain Karl Heinz Kunde, recolle au boyau arrière du fuyard. Ce dernier apparaît serein et métamorphosé. Après un éphémère mais significatif coup d’œil vers ses compagnons d’escalade, ce dernier improvise une nouvelle accélération démoniaque. Cette deuxième couche appliquée avec la grâce d’un bûcheron Alpin a pour effet de scier les «?guibolles?» flageolantes de ses quatre acolytes. Saint Léonard de Noblat est en liesse, l’enfant du pays s’est libéré de l’étreinte du «?pompeux?» Normand. Seul, il passe au sommet du Revard, vingt secondes devant Anquetil et le «?souffre douleur?» de Roger PIngeon, Delisle qui se liquéfiera, un peu plus tard. Dans la descente, secteur privilégié, de «?Nation’s man?» on ne donne pas cher des chances de Poulidor de rallier Chambéry en solitaire. Pourtant, au pied de celle-ci, le Limougeaud caracole toujours à l’avant et ce, malgré les quatre vingt dix Km/h affichés sur le cadran des motos épousant les courbes ondoyantes du leader de l’épreuve. La portion finale de plat qui se profile nous promet un mano a mano d’envergure et épicé. Il le fut, Anquetil dans sa position traditionnelle d’esthète fait tomber les bielles dans l’huile à la perfection. Plus en avant, sur sa monture, le dos rond, Poulidor semble piocher mais l’efficacité se révèle être une constante de cette sobriété. En effet, l’écart se meurt imperceptiblement mais irréversiblement également. Le Normand est en phase d’accélération continue et c’est «?Homèrien?». Le Limougeaud s’arrache mais ne se désunit pas le moins du monde et c’est «?Shakespearien?». L’apothéose s’annonce «?Hitchcockienne?». Bientôt, en point de mire puis dans l’aspiration, Raymond Poulidor appréhendera, la mine déconfite, le retour du TCV Paris Rouen. Détestant les omnibus, le Normand ne flânera pas en route et poussera la galéjade jusqu’à coiffer le Limougeaud sur la ligne pour la victoire d’étape. Ce dernier résistera tant bien que mal à la locomotive lors du dernier chrono de Romans et s’inclinera, finalement, pour une minute et quarante trois secondes. Un écart correspondant, peu ou prou aux bonifications dont Anquetil s’était fait un devoir de cueillir tout au long de l’épreuve chère à Thierry Cazeneuve. Nous venions de clore trois journées démentielles où les combats âpres et sans concession furent légions et harassantes physiquement et nerveusement. Jacques Anquetil ne se trouvait, alors, qu’aux deux tiers de son insensé pari. En outre, la tâche restant à accomplir était diablement plus aléatoire, car nouvelle, comme nous allons le constater. Le «?Grand Fusil?» l’incontournable auteur et ordonnateur de cette folle équipée n’a pas, un seul instant, quitté son coureur des yeux qu’ils possèdent malicieux et très, mais alors très avertis. Raphaël Geminiani, tel une éminence grise, est inexorablement, de tous les coups d’éclats et de génie mais aussi de tous les revers et camouflets du Normand. Sitôt délesté du podium, vers 17h00 où il reçoit le bouquet du vainqueur, le Normand rentre à l’hôtel où il s’adonne aux joies d’un bain régénérant. Après être passé dans les mains complices de son masseur attitré, Anquetil se rend sans attendre à l’aérodrome de Nîmes – Garons où il s’accorde le droit de répondre aux journalistes avides de confidences. Il est alors 18h passé de trente minutes. Le grand oiseau de zinc s’ébranle sur le tarmac peu avant 19h direction Bordeaux Mérignac. Arrivé sur les bords de la Gironde, environ une heure plus tard, il prend possession de sa chambre où il s’autorise un «?farniente?» d’un désuet tour d’horloge. Après un nouveau massage et un décrassement en règle, c’est coiffé d’un bonnet de laine du plus bel effet, que «?Maître Jacques?» se présente aux Quatre Pavillons, point de départ traditionnel du «?Derby?». Peu après le départ, le Normand souffre le martyr. Des soucis respiratoires viennent se greffer au sommeil errant qui taraude son corps endolori et noueux. Peu après la mi-course, les choses sérieuses prennent enfin formes par l’intermédiaire d’une attaque tranchante et enlevée de François Mahé. Le Breton d’Arradon ouvre la route comme à ses plus beaux jours. Il est vrai que le Morbihannais s’achemine vers sa dernière saison professionnelle. Anquetil, lui, souffre et tente de s’abriter en queue de peloton. A Chartres, «?Stab?», toujours aussi impulsif et rageur, élabore une contre attaque dans laquelle il convie le «?Major?» et … «?Maître Jacques?», en personne. Les trois hommes rejoignent le gendre de Léon Le Calvez et l’abandonnent à son imminente pré retraite. Le Parc des Princes, terme de Bordeaux Paris gronde de plaisir à l’écoute des annonceurs. A quinze bornes de là, Jacques Anquetil requinqué et opiniâtre à souhait place, alors, un «?caramel?» à la faveur de la côte de Picardie. Tom Simpson tente un instant de s’ériger à la hauteur de «?Goliath?» mais le «?bonbon?» déposé, plus avant, par ce dernier est frelaté et reste en travers de la gorge du Britannique. «?Stab?», à son tour se retrouve occis par l’insolence et le toupet du néophyte. Le Normand fond sur Paris et son aisance n’a d’égale que le grain de folie qui anime ce phénomène de certitude. Le Parc des Princes est au garde à vous, tout Paris chante les louanges de l’?«?ange blond?» exterminateur. La foule enthousiaste hurle son nom, c’est un délire indescriptible. Le Normand, les yeux embrumés de larmes, donne ses derniers tours de manivelles. L’émotion étreint ce prédateur pourtant imperturbable. La fatigue mêlée à la messe que lui alloue le peuple de la capitale, sorte de réhabilitation ponctuelle, lui inspire des sentiments jusqu’alors méconnus et inavouables pour un cador de son rang. Plus que le Tour, ces quatre jours de pure folie ont éclaboussé cette saison 1965. L’exploit n’est pas mince car jamais réalisé, auparavant, et pas davantage depuis. Je crois que personne d’autre que le Normand n’aurait pu tenter et dompter pareille ineptie. Jacques Anquetil que l’on blasphème à loisir pour son autoritarisme légendaire, sa faconde outrancière et son indécrottable impudence laissera l’empreinte d’un coureur, hors norme. Novateur, pugnace, pétri de classe il restera celui qui aurait pu porter le record des victoires dans la Grande Boucle à des sommets que l’on n’imagine même pas encore aujourd’hui. Pour tout ce qu’il a réalisé, le Français occupe dorénavant et pour l’éternité une place au sommet de la hiérarchie des «?Géants de la Route?». On peut aisément situer le Normand juste derrière l’intouchable «Cannibale» à hauteur du «Campionissimo» et juste devant le «Blaireau» et «Gino le Pieux»? !
  7. Ouai, ouai, génial !!! Le classement des sprints intermédiaires aussi, chic !! Le meilleur jeune, ouai !!!!! Bertrand va être joisse !!! 😉😃
  8. 5 étapes le même jour ? Aie, en effet, là il y a overdose ! Ou bien une année sur deux on cible la "Niçoise" puis la "Tirreno" ! Idem pour le Dauphiné et le "Suisse" ! 😉
  9. Je n'ouvrirai pas de polémique mais souvent le Dauphiné de le "Suisse" se chevauchent !
  10. Oui, oui, pas faux, c'était simplement mon sentiment initial aux prémices du jeu, aux temps immémoriaux où la couleur n'était encore qu'utopie ! Aujourd'hui, il y a longtemps que j'ai abandonné toute idée de me prendre le choux avec le règlement des "pronos" ! 😉 Je n'ai effectivement pas eu la chance d'endosser le maillot irisé en 2008, ni le jaune, ni l'"amarillo" ........😉
  11. Et oui, "MImi", parfois, l'esprit devrait prendre la mesure de la lettre. Ainsi, tu peux très bien devenir Champion du Monde auréolé de deux misérables points. Or, il est de notoriété publique que le titre honorifique de CM sur les "pronos" est l'un des plus "inaccessibles" à obtenir. Je me suis longtemps insurgé sur le manque de considération de ce titre à l'instar du titre Olympique. En effet, j'avais émis, un temps un "forfait point" plus en rapport avec l'aura de l'épreuve et l'excitation toujours à fleur de peau de cette compétition à part ! Maintenant, je m'en "bat", je pronostique et basta, je laisse à autrui l'ingratitude, ha ha ha ha !! A propos, à l'image d'un "FX" souvent, parfois ton favori peut très bien se nommer "Tartempion" et faire partie des illustres inconnus d'une épreuve. De ce fait, peu importe sa place sur le podium, ce serait un exploit, non ?😉
  12. Tiens, depuis longtemps, je vais donner mon avis ! Et bien, j'aurai rédigé EXACTEMENT le même post qye Bertrand à savoir que je n'éprouve aucune motivation pour les épreuves de février voir de janvier tel le Tour Down Under ou plus tard comme le Tour de Pologne ou du Benelux. Pareillement la "Clasica" ne m'a jamais fait "bander" et la notoriété de ses dompteurs n'est pas à la hauteur des "Légendes", telle Paris Tours, par exemple, que l'on cconserve pour cet état de fait ! Feu "Het Vollk" devait depuis longtemps intégrer les "pronos" vu la richesse de son palmarès et sa place dans le calendrier et la "Tirreno" recense souvent un meilleur plateau que la "sauce Niçoise", alors ... etc Enfin, tous les quatre piges, le "JO" sont au programme, donc ..... 2012 ne devrait pas déroger à la règle. On a beau tenter de ne pas louper une épreuve comme pour une fois j'ai essayé de le faire en 2011 afin enfin de décrocher le "Graal", les aléas de la vie te rappelle à leurs bons souvenirs. Donc je relativise !
  13. Quoique "Jaja" déconne aussi, Christian, comme hier lors de la descente du Pramartino où au teme de celle-ci, il annonce avec l'approbation du "panurge de service" à ses côtés, que le "Bouffeur ...." et Sanchez ont largué Evans, Cunego et consorts, qu'ils possèdent 50" d'avance et tutti. Seulement, les images de l'arrivé montre les dits largués dans l'aspiration puis devant des deux pseudos fuyards. L'erreur de "Jaja" ? C'est d'avoir penser un si long moment que le Castillan et Basque pouvaient mettre 50" en trois bornes environ à des "gus" tels Evans ou Cunego dans une descente. Ce fait étant primordial pour la suite des évènements (L'Espagnol qui reprend 50" à l'Australien est tout excepté anodin), "Jaja" aurait du suggérer aux "branleurs-aboyeurs" sur leur bécanes à moteur de se rendre au niveau du groupe Evans pour éviter de passer pour un %@!? à l'arrivée. Car si pour l'un, c'est dans sa nature, pour l'autre, ça le devient !😉
  14. Voilà le "mp" que "Papy Isaac" m'a adressé en toute humilité, suite au sujetet à mon intervention sur la longévitéde "La Longo" "Mais je la bat que sur la longévité sportive (24 longueurs d'avance). Pour les résultats ,même dans les courses avec les D4 ou GS je ne gagne plus. Les watts me manquent maintenant et je me contente de petites places de 2,3,4 ou 5ème comme ce dernier Dimanche à Bourgueuil .Une bonne bouteille de ce cru m'a été offerte et je penserais à toi lorsque nous la boirons !" JE RAPPELLE QUE ISAAC EST AGE DE ....... 76 PIGES ! Respect mon ami !😉
  15. Salut "Lucho", la santé ? Florian et Mme "Juan Luis Castellanos",tu bien gustada ? Mouai, je sais, ami mais pour un texte nomminatif circulant sur la toile et ailleurs, il n'est pas simple d'égratigner une "icône" sans preuves tangibles (de l'auteur s'entend) et ce même si je connais ces allégations de personnes qui l'ont côtoyé, comme toi, "JL" ! Mais au delà d'entâcher sa réputation sulfureuse ça donne encore plus de "force" charismatique à ce "bonhomme" à nul autre pareil !😉 PS : Si la "Gobelette" a tendance à épargner cette génération, la magouille, elle, perdure et crois moi elle s'emplifie mais demeure confidentielle car insidieuse !
  16. Le "Grand Fusil" ? C'est ça !!!! Tour 58?: «?Gem?» éclabousse de sa classe un Tour que Charly Gaul remporte dans la Chartreuse. ? La 45ème édition de la Grande Boucle fera honneur, une fois n'est pas coutume, à nos voisins d'Outre Quiévrain en érigeant son chapiteau sur l'incontournable et emblématique Grand-Place de Bruxelles. Cataloguée à juste titre par Victor Hugo comme une des places au monde les plus belles et les plus grandioses, la Grand-Place abrite, en effet, outre l'Hôtel de Ville de la cité de l'OTAN, la Maison du Roi, ou Broodhuis voir, pour les amateurs invétérés de houblon, le Musée des Brasseurs Belges et elle s'avère, en outre, être inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO, depuis l'an 1998. Quel plus bel et représentatif endroit pour rendre hommage à un peloton et une nation pour lesquels cyclisme rime avec authenticité que la ville du "père" de la Fanette ou de l'"amant" éconduit de Mathilde et de Madeleine. 1958, la rebelle, représente pour nombre d’entres nous l’éclosion d’une demi-siècle de domination Castriste et paradoxalement l’intronisation du plus placide et respectable Pape contemporain, Jean XXIII. Plus spécifiquement, cette année chère aux adorateurs invétérés de la cinquième République constitutionnelle Gaulliste verra la RTF se pourvoir du premier directeur du service des sports de la télévision naissante en la personne de l’inénarrable et très talentueux Raymond Marcillac. Outre la Coupe du Monde de football en Suède, retransmise pour les heureux bénéficiaires de la petite lucarne, le cyclisme par l’intermédiaire de la Grande Boucle fera son apparition à l’occasion d’un résumé d’étape en début de soirée à la clôture de la, déjà, grande messe du 20 heures. Le sport et la politique ne font pas nécessairement bon ménage et ce n’est pas le cri «?Je vous ai compris?», lancé, un jour de juin au balcon du gouvernement d’Alger par le «?Général?», devant une foule exubérante qui, un mois suivant, cautérisera, cicatrisera la plaie béante, qui taraude encore et toujours l’indéracinable Marcel Bidot. Cette meurtrissure indélébile, née du désistement du «?Boulanger de St Méen?» et du «?Grand Fusil?» un an auparavant lors du Tour 1957, demeurera à jamais ancrée dans l’esprit tortueux et torturé du «?boss?» de l’équipe de France. Ce crime de lèse majesté aura, soyons en sûr, des répercussions quant à l’annonce de la composition de la formation tricolore pour la kermesse de juillet de cette année d’hiver Olympique. L’émergence du gamin de Mont Saint Aignan, vainqueur, malgré tout, de son premier Tour à l’âge de 23 ans ajouté au triomphe de «?Stab?» sur les routes Ibériques en ce printemps 1958 n’apaiseront pas le moins du monde la rancœur du Champion de France de Montlhéry 1929. Aujourd’hui, Jacques Anquetil étant, de par son succès de 57, devenu incontournable, c’est à lui que reviendra la délicate mission de trancher en faveur de Louison Bobet et Raphaël Geminiani. Le Breton ou l’Auvergnat, au sein de la formation tricolore, étant la seule alternative abandonnée au Normand par le Champenois. Finalement, le Giro interviendra à point nommé pour départager les deux belligérants et la place obtenue, derrière Baldini, Brankart et Gaul, par le lauréat du triptyque Tour 53-54-55 s'avèrera plus convaincante que le huitième rang du Clermontois. A propos de ce Tour d'Italie remporté, avec maestria, par Ercole Baldini, il serait bon de rappeler que ce coureur natif de Villanova di Forli apparaissait, à l'époque à 25 ans, comme un futur très grand. En effet, Champion du Monde de poursuite et Champion Olympique amateur en 1956, deux ans auparavant, le Romagnol poussa l'impudence jusqu'à devenir Champion d'Italie professionnel la saison suivante. C'est donc ceint de sa tunique tricolore que Baldini triomphera lors du Giro 58, dominant, bien naturellement et outrageusement les contre la montre, chevauchant, pour l'occasion une monture nantie de pneus gonflés à l'hélium. Ainsi, au départ de Bruxelles ce 26 juin, autour de Jacques Anquetil et Louison Bobet, la formation nationale présentera Gilbert Bauvin tout frais émoulu lauréat du Tour de Romandie , Louis Bergaud double vainqueur de la Polymultipliée (57,58), André Darrigade le "Basque Bondissant" qu'il n'est plus nécessaire de présenter, Jean Forestier maillot vert sortant, Joseph Groussard auréolé d'un succès lors des Boucles de la Seine, François Mahé équipier modèle onzième de la dernière Vuelta, le surprenant espoir Francis Pipelin vainqueur du Midi Libre et dauphin de Louis Rostollan sur le Dauphiné Libéré, René Privat premier au Tour du Var, Jean Stablinski "Stab" l'inénarrable multiple Champion de France et grand triomphateur du récent Tour d'Espagne et enfin Roger Walkoviak "Walko" le toujours aussi décrié maillot jaune de 1956. Que du beau linge à n'en pas douter. Le "Grand Fusil", pour sa part, fulmine et le Clermontois, dont la dialectique n'a d'égale que sa hargne en course, rumine une vengeance qu'il concocte nanti d'une certaine délectation. En attendant, incorporé au sein de l'équipe Centre-Sud, aux côtés des Henry Anglade, Jean Dotto, Jean Graczyk, Marcel Rohrbach ou Antonin Rolland, "Gem" est, néanmoins, conscient que ses chances de remporter, un jour, la Grande Boucle sont comptés et que seule une course de mouvement, débridée et échevelée, peut, éventuellement, lui permettre de jeter le trouble dans les esprits des leaders des formations nationales afin de parvenir à honorer ses desseins de succès. Il va s'y employer. Pendant ce temps, faisant fi de toutes ces querelles de clochers, la métamorphose de la Grande Boucle poursuit son petit bonhomme de chemin. Ainsi, la texture des tenues des coursiers est devenue beaucoup plus fonctionnelle et surtout l'esthétisme commence sensibiliser l'organisation, télévision oblige. Un service médicalisé de haute tenue, parfaitement équipé, apparaît et s'est substituée aux traditionnels médecins. Outre le fait de disposer d'une camionnette d'assistance technique, qui remplace très avantageusement l'imposant et lourd véhicule de l'organisation, les directeurs sportives disposent, dorénavant, d'une radio intérieure apte à informer ces derniers du déroulement événementiel de la course. La presse et médias bénéficieront également de ce privilège et pourront ainsi diligenter l'information et la diffusion de leurs propos au sein d'une salle de presse, nouveau havre de réflexions pour journalistes de tous bords. Enfin, la kermesse de juillet, ne serait pas digne de cette appellation sans l'intronisation d'une caravane publicitaire. Celle-ci, s'ébranlera et précédera l'avant garde du peloton d'une heure et trente minutes, ce facteur temps sera, bien évidemment, régulé en fonction de l'évolution de la course, par le Commissaire général commercial. Ce dernier a pour mission de naviguer entre la tête de course et la caravane publicitaire afin d'organiser le service d'ordre statique en fonction des aléas du parcours. Il doit, enfin, informer Jacques Goddet et Félix Lévitan, trônant devant le peloton en liaison radiophonique constante, de tous problèmes pouvant nuire au bon ordonnancement de l'étape. De Bruxelles à Gand, terme de l'étape initiale, la formation tricolore démarre en fanfare cette 45ème édition par l'entremise d'un "Basque Bondissant" flageolant et punissant partenaires et adversaires de toute sa classe. L'entrée en France verra le Batave Gerrit Voorting régler, à Dunkerque, le transalpin Piero Baffin et l'Irlandais de la formation Internation, Seamus Elliott, respectivement second et troisième. Sur les routes menant au Tréport, le valeureux Gilbert Bauvin, lauréat du récent Tour de Romandie, sera l'instigateur d'une échappée de sept hommes, dont "Stab" et le Belge Noël Foré, qu'il s'adjugera avec maestria, cinq minutes devant un peloton désarçonné pour la circonstance. Le paletot jaune est désormais sur les épaules du Néerlandais Wim Van Est, pistard et rouleur émérite, devant Bauvin et Foré, tous deux sous la minute. Le peloton prend alors la direction de la capitale avant de rejoindre dans la foulée la Normandie. A Versailles, donc, le régional Jean Gainche, du comité Ouest Sud Ouest, se permet le luxe et l'outrage à la fois de coiffer André Darrigade en personne à l'emballage. La remontée sur Caen sera le théâtre d'une échappée royale de huit coursiers où figureront des cadors tels Louison Bobet, Gastone Nencini, Raphaël Geminiani, Gilbert Bauvin, Jacques Anquetil et Jozef Planckaert, excusez du peu. Profitant du marquage implacable de toutes ces "huiles", le roublard et besogneux Lot et Garonnais Settimio "Tino" Sabbadini offrira, pour l'occasion, au comité Ouest Sud Ouest sa deuxième victoire d'étape après celle glanée par Gainche, la veille. Au soir de cette cinquième étape, Gilbert Bauvin enfile la tunique d'or de leader plus de trois minutes devant Jozef Planckaert et André Darrigade. Cette hégémonie tricolore en haut de la hiérarchie laisse, à ce moment de la course, augurer des lendemains enchanteurs. Toutefois, lorsqu'on se penche objectivement sur le comportement des uns et des autres, tout n'apparaît vraiment pas si rose que cela. Le "Boulanger de St Méen" ne semble plus posséder les jambes du petit mitron qu'il fut, "Maître Jacques", quant à lui, marié depuis peu, convole plus sûrement en juste noce qu'à l'assaut des aspérités du macadam, "Walko" à laisser un quart d'heure et toutes ses illusions sur la route de Caen en offrant sa roue à Bobet et le "Basque Bondissant" prêche dans un désert d'ingratitude, seul au sein de l'adversité en nombre. Seul le teigneux et volontaire Gilbert Bauvin, dauphin malheureux de "Walko" deux ans auparavant, entretient encore un faux semblant d'unité. C'est le moment choisi par notre "Gem" national pour honorer sa dette envers "Bidot and Co". Et pour qui connaît le "Grand Fusil", ses élans gouailleurs ne sont jamais dépourvus d'actes impulsifs et dévastateurs. Depuis une semaine, déjà, l'Auvergnat rongeait son frein en silence (sic). Lors de la sixième étape, qui menait les coureurs de Caen à St Brieuc, Raphaël Geminiani fit montre d'une science de la course et d'un sens hybride de la communication à nul autre pareil. Le crachin, le plafond bas accentuait la morosité d'un peloton en apathie. En outre, les routes Normandes ne sont pas nécessairement propices à réveiller les velléités offensives des plus nantis. Pourtant le facétieux Clermontois s'était, depuis des lustres, montré circonspect sur la condition physique de ses compatriotes mais néanmoins ennemis patentés de la formation tricolore. Pour étayer les sensations du "Renard des Volcans", le "Boulanger de St Méen" souffrait de problèmes intestinaux et traînait sa misère en queue de peloton. Pendant ce temps les baroudeurs de la formation Centre Midi se démenaient à l'avant et plaçaient des banderilles fulgurantes dans le but d'éprouver un peu plus des tricolores passablement amorphes et empruntés. Soudain, une accélération plus acérée que les précédentes propulsa une quinzaine d'hommes à l'avant. Outre Geminiani, Darrigade, Mahé, Pipelin, et Groussard, côté Français, Nencini et Adriaenssens côté étranger étaient de la partie de manivelles qui allait embrayer. Tel un capitaine de route aboyeur, l'Auvergnat remontait la file des coureurs en exhortant ces derniers de rouler à bloc. "Gem" se porta même à hauteur de Nancini et Adriaenssens pour les fustiger et les convaincre que cette échappée pouvait servir leur dessein de victoire finale à Paris. Impayable l'Auvergnat. En effet, hilare et pas mécontent de l'énigmatique imbroglio qu'il provoquait sur la course et dans les esprits, le roublard et diplomate coureur du confins des plaines de Limagne se contentait de faire de la "patinette" dans les roues de ceux là même qu'il venait de motiver à l’extrême. Un soupçon agacé tout d'abord, Bidot fit décrocher ses deux ouailles Pipelin et Groussard pour tenter de sauver l'essentiel à l'arrière. En pure perte. Furieux, ensuite, le boss des Tricolores sacrifia le "Basque Bondissant", alors virtuellement maillot jaune. Toutes ces manoeuvres parvinrent finalement à leur fin et un regroupement se produisit une dizaine de bornes plus loin. Toutefois, les inspirations de Raphaël Geminiani s'avèreront démoniaques à court terme. En effet, le groupement effectué, "Gem" qui n'avait pas, jusqu'alors, donné un coup de pédale de trop dans l'échappée initiale se hissa irrésistiblement sur celles ci, à la faveur d'une côte bienvenue, et plaça un démarrage détonant. La tactique du truculent Auvergnat était parfaite, un modèle de pugnacité et d'intelligence. Les tricolores aphones après la poursuite, Nencini et Adriaenssens aux abonnés absents, éreintés par les efforts que leur avaient imposés le farceur, les adversaires de ce dernier ne possédaient plus les ressources nécessaires à éviter la débâcle que ce manipulateur hors norme ne tarderait pas à leur infliger. A St Brieuc, Bobet, Anquetil, Nencini et consorts déboursèrent la bagatelle de dix minutes. Goguenard et hâbleur invétéré ce fan de "Baptistou", croisé lors de ses succès au Bol d'Or des Monédières, ne tarit pas d'éloge sur ses dons de tacticiens et harangue l'assistance sur le manque d'audace et de courage de la jeune classe montante. Pierre Chany résumera superbement l'état d'esprit de l'Auvergnat au soir de cette étape lorsque ce dernier interrogera la presse "Mais qu'est ce qu'ils croient dans l'Equipe de France ? Si Anquetil veut gagner le Tour, il devra venir me chercher. Vous y croyez, vous ? Moi, pas ! Venez me voir à l'hôtel. Vous aurez des tas de choses à écrire et vous ferez de bons papiers ! J'ai 33 ans, bon Dieu, mais ils sont deux fois plus vieux que moi !". Au classement général, le Hollandais Gerrit Voorting trône en jaune une minute devant Mahé et à un peu plus de deux minutes Geminiani suit, imperturbable. Des favoris déclarés, au départ de Bruxelles, seuls Bauvin et à un degré moindre Planckaert sont positionnés sous les dix minutes. La huitième étape donnera l'occasion aux rouleurs de tenter de grappiller du temps et de remonter dans la hiérarchie. Sur le circuit de Châteaulin, long de 46 bornes, c'est, ô surprise, l'"Ange de la Montagne", le Luxembourgeois Charly Gaul, qui se permet le luxe inouï de coiffer "Maître Jacques", en personne, sur la ligne pour sept secondes. "Gem" assure à un peu plus de deux minutes du Champion du Grand Duché, juste devant Louison Bobet. Le lendemain, sur la route de St Nazaire, André Darrigade revêtira le maillot jaune à la faveur d'une échappée à sept dont il règlera aisément le sprint. Les sprinteurs, les Italiens Pierino Baffi et Arrigo Padovan ainsi que le Belge Martin Geneugden s'illustreront, d'ailleurs, lors des étapes suivantes qui mèneront les coureurs aux pieds des Pyrénées. Au matin de la montée de l'Aubisque, Raphaël Geminiani se trouve idéalement positionné en embuscade à une minute trente de Darrigade. Cette étape qui conduit les coureurs à Pau sera snobée et malgré le passage au sommet de l'Aubisque de l'"Aigle de Tolède", un groupe d'une quinzaine d'unités se formera dans la descente où figureront tous les favoris de l'épreuve encore valides. Pour la petite histoire, Louis Bergaud, membre de la formation tricolore, redonnera un peu de baume au coeur à Marcel Bidot en s'adjugeant l'étape devant le Néerlandais Piet Damen. Il est vrai que les Pyrénées ont été passablement escamotés par les organisateurs. Seul le Portet d'Aspet viendra agrémenter la seconde et dernière journée dans le massif Franco-Espagnol. Après un nouveau numéro de Frédérico Bahamontes sur les pentes de la seule difficulté du jour, André Darrigade règlera un peloton, sans surprise, d'une quarantaine de coursiers. Baffi et Darrigade feront fructifier leur capital victoire d'étape en s'imposant à Béziers et Nîmes. En jaune à la veille d'affronter le "Géant de Provence", l'Italien Vito Favero ne se berce guère d'illusion sur le sort que lui réserve la montée du monstre qui sera escaladé, pour la circonstance, en solitaire. Ce contre la montre de vingt deux bornes, véritable ascenseur vers l'échafaud, hante insidieusement et de manière pernicieuse les esprits, même les plus blindés, des coursiers depuis le départ de Belgique. Après le festival réalisé sur le circuit de Châteaulin, une semaine auparavant, personne n'ose imaginer une défaite du lauréat du Giro 56. Charly Gaul, ne laissera pas le doute s'installer dans l'imagination fertile des jeunes prédateurs présomptueux aux dents acérées. En effet, il atomisera la concurrence, excepté peut être Bahamontes relégué à la demi minutes au somment du Ventoux. Le "Mont Chauve", véritable juge de paix, où la souffrance dépasse l'entendement, venait de délivrer sa sentence implacable et, par la même occasion, redistribuer les cartes. Tout le monde à trois minutes et plus. Les favoris ? Brankart à trois minutes, Anquetil à quatre, Bobet et Geminiani à cinq et Nencini à sept minutes. Bonne nouvelle, tout de même, "Gem" se pare de jaune mais l'"Ange de la Montagne" se trouve désormais dans l'aspiration du Clermontois à environ trois minutes. L'étape de transition du lendemain entre Carpentras et Gap s'annonçait pourtant relativement tranquille en raison des deux jours dantesques à venir. La chaleur accablante et suffocante qui régnait dans le Vaucluse et les Hautes Alpes en ce jour de Fête Nationale laissait subodorer une trêve consensuelle et salvatrice. C'était sans compter sur les aléas de la course et les subterfuges ponctuels des coureurs qui font que le cyclisme n'a que rarement été une discipline rationnelle. Ainsi, environ soixante bornes après le départ de Carpentras, parcourus à un train de sénateur en goguette, Charly Gaul fut victime d'un bris de dérailleur. Rien de bien obsédant, ni d'angoissant pour le Luxembourgeois, se dit on alors, à cette allure de halage. Excepté qu'un précédent connus de tous, sauf du principal protagoniste apparemment, a eu lieu deux ans plus tôt sur les routes surchauffées du Giro. Et ce précédent est déjà entré de plein pied et à jamais dans la légende du cyclisme sous le terme, on ne peut plus réaliste et représentatif, de "Coup de la Pissette". Ce qu'il avait osé, deux années auparavant, pour une "pissette" de trop, Raphaël Geminiani allait il récidiver, aujourd'hui, pour un dérailleur de moins ? L'idée de rejeter cette sangsue ancré à son porte bagages à des années lumières de son paletot immaculé ne résistera pas bien longtemps au soupçon de compassion, qui lui a subrepticement effleuré l'esprit. Le "Grand Fusil" porta, aussitôt, une attaque tranchante et entraînera dans son sillage Favero, Planckaert, "Stab", Adriaenssens et Bergaud. Plus loin, Darrigade, arc bouté sur sa monture, ramènera Anquetil dans le groupe. Nencini et Graczyck profiteront de la providence et de l'aspiration du Normand à la planche. Les piégés du haut du classement Bauvin et Mahé se retrouvèrent marris en compagnie d'un Bobet incapable de prendre les roues et d'un Gaul malchanceux qui réintègrera le peloton des battus un peu plus tard. Le Breton se ressaisira dans la descente de Foreyssasse où Gaul, toujours autant béni des dieux, sera victime d'une chute malencontreuse. Dans l'aventure, le "Boulanger de St Méen" reprendra trois minutes au Luxembourgeois, mais en cèdera sept à Nencini, vainqueur au sprint à Gap. Au général, la situation est on ne peut plus limpide. "Gem" arbore une tunique jaune seyante et apparemment solidement accrochée sur ses épaules. Son plus sérieux adversaire, Anquetil pointe à huit minutes, Nencini, lui, avoisine le quart d'heure, quart d'heure que Gaul, pour sa part, a allègrement franchi. Gap - Briançon, par les cols de Vars et d'Izoard permet à l'"Aigle de Tolède" de s'affirmer comme un futur danger à venir pour la victoire finale à Paris. L'Espagnol réalise, pour l'occasion, un sacré numéro sur les pente d'un l'Izoard jonché d'une foule en délire et remporte l'étape non sans avoir préalablement écrémé, majestueusement et pour le compte, le groupe auquel il appartenait initialement. Aucun bouleversement notable au général ne vient obscurcir la mine rayonnante et réjouie de "Gem". A la veille d'aborder la dernière étape Alpestre, personne n'imagine un seul instant une défaite de l'Auvergnat. Anquetil est trop loin et ne fera rien pour nuire à son "ami". Nencini, dépité, s'est montré convaincant et entreprenant, lors des dernières étapes aux parcours accidentés, mais ses douze minutes de débours semblent rédhibitoires. En ce qui concerne Gaul ......... Cette vingt et unième étape Briançon - Aix les Bains offre un tracé des plus tourmentés. Pas moins de cinq escalades, le Lautaret, le Luitel, Porte, le Cucheron et enfin le Granier. Pas de quoi, néanmoins, effrayer un coursier de la trempe d'un "Gem" euphorique. Pourtant, ce matin là, la météo est exécrable, les nuages bas et noirs emprisonnent les cimes et la pluie qui tombe dans un flot incessant glace les os des coursiers déjà passablement affaiblis et meurtris pas les efforts fournis depuis le départ de Bruxelles. Un temps apocalyptique règne sur la course et les présages les plus néfastes voire les plus rocambolesques vont bon train et foisonnent dans l'aire de départ. Le Lautaret monté au train par l'ensemble des survivants ne laisse aucunement augurer le séisme qui va suivre. Les premiers lacets du Luitel sont abordés avec la même nonchalance que le Lautaret lorsque soudain Charly Gaul jaillit tel un diable de sa boîte et se porte énergiquement en tête de la course. Seul à réagir, Bahamontes demeure, toutefois, à distance respectable du diablotin revigoré. Derrière c'est l'hallali, la curée. Tous, suiveurs, journalistes, inconditionnels et coureurs pensent à cet instant précis et à juste titre, ne soyons pas hypocrites, que le présomptueux Luxembourgeois désirent réaliser un show et tenter de s'attribuer le plus de points possible au sommet des cols afin de bien figurer au classement final du Grand Prix de la Montagne. Que nenni, plus la course évolue dans le temps, plus les écarts deviennent conséquents. Esseulé, loin derrière, "Gem", sentant son paletot s'effilocher aussi promptement que les secondes qui s'égrènent, tente de limiter l'hémorragie mais la compagnie énigmatique d'un Bobet agonisant à ses côtés ne lui est d'aucun secours. En effet, mainte fois l'Auvergnat s'écarte et invite le Breton à un relais que jamais il n'assurera. Cet épisode douloureux demeurera à jamais une énigme pour le "Grand Fusil". Avant de traverser Grenoble, Charly Gaul précède Frédérico Bahamontès de deux minutes. Anquetil, qui s'est débarrassé de Favero, victime d'une crevaison, est en point de mire de l'Auvergnat auteur d'une descente du feu de dieu. Le col de Porte se présente alors devant les belligérants. La pluie a redoublé d'intensité et les muscles des "sautes moutons" sont noueux et durs comme l'ébène. Le froid paralyse les membres décharnés et tels des automates les coureurs commencent à négocier les premières pentes de Porte. A ce moment précis, Jacques Anquetil essuie une impressionnante défaillance. Sans force, le visage hagard, affalé sur sa monture, le Normand, lui l'esthète du vélo, suggère à l'Auvergnat de poursuivre seul son périple. Lorsque Bobet arrive, à son tour, à hauteur d'Anquetil, le Normand adresse au Breton les mêmes consignes, les mêmes suggestions de détresse qu'il avait délivré à l'Auvergnat, quelques instants plus tôt. A mi pente, "Gem" qui avait récupéré Adriaenssens, au hasard d'un moment où l'acuité visuelle se montrait favorable, fut contraint de changer de pédale. Le Belge s'en fut alors, à la poursuite du Luxembourgeois, sans le moindre égard envers un maillot jaune en très mauvaise posture. Malgré les renforts, plus virtuels qu'efficaces, de Rorhbach, Dotto et Anglade, l'écart ne cesse de se creuser entre le maillot jaune et le Luxembourgeois aérien, virevoltant dans la tourmente. A chaque sommet la punition s'accroît. Elle sera de plus de sept minutes au Cucheron et franchira les douze au Granier. Quand il franchira la ligne un peu plus de douze minutes après son bourreau du jour, l'Auvergnat s'effondrera en larmes. Ereinté, dépité mais toujours aux abois et belliqueux envers les traîtres, "Gem" vindicatif, vomira, alors, son ressentiment, tel un venin, à l'encontre de ceux qui, pour lui, l'avaient abandonné à son triste sort. "Des Judas ...tous des Judas !". Récoltait il, à ce moment là, ce qu'il avait semé avec gourmandise et boulimie quelques jours auparavant ? Un fait est certain cependant à savoir, qu'au même titre que la disparition prématurée de ses amis Fausto Coppi et Jacques Anquetil, cette journée d'abomination, où le rêve utopique de toute une existence de cycliste s'envola, demeurera à jamais dans le coeur et la mémoire du plus Latin des Auvergnats comme une plaie béante, une déchirure insoutenable, une plaie béante dont les cicatrices indélébiles ne cicatriseront jamais tout à fait. Pourtant, jamais Geminiani n'éprouvera de ressentiments à l'encontre de Jacques Anquetil. Homme de coeur, certes impétueux et parfois colérique à l'extrême, mais toujours affable, généreux et respectueux d'autrui, "Gem" s'enquit de la santé de son futur poulain abandonné seul et malade au bord de la rupture sur les pentes de La Faucille, le lendemain de sa défaillance dans la Chartreuse. On apprendra, plus tard, que le Normand avait bel et bien faillit ce jour là, y abandonner tout espoir de carrière à défaut d'y laisser son existence même. A Besançon, donc, le "Basque Bondissant" claquait sa cinquième victoire d'étape, quant au classement général, au soir de l'étape, il n'apparaissait plus d'une grande importance ni d'une quelconque signification tant la suprématie, affichée depuis le départ par Charly Gaul lors des exercices en solitaire, ne laissait planer aucun doute quant à l'issue finale de l'épreuve. Vito Favero, maillot jaune et auteur d'un Tour plus qu'honorable ne se fait, d'ailleurs, plus guère d'illusion tout comme son malheureux dauphin Raphaël Geminiani pointé à seulement trente secondes de L'Italien à la veille de mettre "tout à droite" pendant soixante quatorze interminables bornes. Charly Gaul, toise, en effet, tout ce petit monde de sa troisième place à une minute de l'usurpateur Transalpin. Pourtant, de Besançon à Dijon, le Luxembourgeois, pas épargné non plus par la lassitude, n'irradiera, ne surclassera pas la concurrence, il fera le métier à savoir, se contentera de rejeter, de mettre hors de portée ses principaux rivaux. Propre et sans bavure, du bel ouvrage. Pour l'anecdote, L'Italien Pierino Baffi clôturera, à trois victoires, son compte de succès d'étape en réglant, nanti de la vélocité qui le caractérise, le vainqueur final du classement par points, le tricolore Jean Grazcik. L'"Aigle de Tolède", pour sa part devancera de très peu Charly Gaul au Grand Prix de la Montagne et se contentera d'un accessit à Paris avant de connaître les mêmes émotions, les mêmes sensations que l'"Ange de la Montagne" l'année suivante. L'Auvergnat, maudit dans la Chartreuse, alors qu'il s'était montré absolument éblouissant tout au long des trois semaines que dura cette Grande Boucle, restera, néanmoins, comme l'homme incontournable de cette édition. Charly Gaul aura su profiter, à merveille certes, des conditions de course apocalyptique de la vingt et unième étape pour dompter les montagnes et bousculer les évidences mais Raphaël Geminiani, même dans l'adversité, se sera montré omniprésent tous les jours. Pesant sur la course, agissant à sa guise, faisant montre d'une science et d'une connaissance de la course parfaite voir incomparable, le Clermontois s'érigea au fil des jours comme le véritable patron de ce Tour 58. Mais voilà, à l'instar d'un Raymond Poulidor, "Gem" ne recueillera jamais les fruits du labeur de toute une vie de coureur cycliste de grand talent. ?
  17. En outre, j'ajouterai, qu'il est le maître incontestable et incontesté de l'exercice solitaire et que les autres, tous les autres sont à des "années lumière" du bonhomme lorsque celui-ci est en forme et A décidé de tout faire péter. Or nombre de "gus" et également à des "années lumières" de posséder des talents de rouleur contre la montre ont chevauché ainsi devant un peloton aux trousses. Les Gilbert, Cunego, Ballerini, Museuuw, Tchmil, Vockler (Plouay), Virenque (Tours), A Schleck (Doyenne) et avant eux ou en même temps, Bettini, Bartoli ..... ses sont dépouillés devant un peloton en chasse sans pour autant être repris et personne ne s'en est offusqué !😉
  18. Ou quand le "Grand de Villava" mettait trois minutes à tous les meilleurs rouleurs du monde sur un clm au Luxembourg, par exemple ! 😉
  19. Restif, "Sylvain", il y a Usain Bolt ....... Tyson Gay ....... Asafa Powel..................................................... les anonymes ....... Comme il y a Michael Phelps et .................................................. les remous ! 😉
  20. 😉Le respect entre forumeur est sacerdotal, Pascal ! Perso, je me prends souvent le "choux" avec l'affreux "Jojo" mais jamais ô grand jamais, il baissera dans mon estime car c'est un ami !
  21. Le Giro ? Ca déchire, "Lolo", c'est LA course à ne pas manquer ! Avec FX, cela fait dix ans qu'on le répète !😉 Et ce même si le "Bouffeur de steack avarié" fait des "Cancel" ! 😃
  22. Salut Stef ! J'ai toujours ta superbe photo, tu sais celle où on dirait vraiment un clône de "Toupenellara" ! Il a copié ta position le "salopard" !😉
  23. Charly Gaul, l’?«?Ange de la Montagne?»?: «?Giro?» 1956. ? Le Luxembourgeois est un coureur énigmatique jusqu'au bout des orteils. En effet, l'"Ange de la Montagne", tel est son surnom, promène sa désinvolture au gré des épreuves sans jamais prêter un intérêt particulier aux classements généraux de celles-ci. Montagnard dans l'âme et escaladeur hors norme; Charly Gaul, de par ses dons innés d''"alpiniste du macadam", pourrait prétendre à tous les honneurs dus à sa classe, en vain. Pourtant ....en 1956, Charly Gaul participe pour la première fois au Giro. Comme à son habitude le jeune homme, alors âgé de 24 printemps, se contente de réaliser son numéro favori lors des étapes montagneuses sans se soucier, outre mesure, de sa position dans la hiérarchie du peloton. Ainsi, à la veille de la grande étape des Dolomites, l'enfant du "Grand Duché», accuse un retard rédhibitoire de l'ordre de seize minutes sur le leader de l'épreuve Transalpine, l'autochtone Pasquale Fornara. Pour conforter sa philosophie de course, le "dilettante" Luxembourgeois confie, en cette veillée d'armes, à son fidèle équipier Marcel Enzer : " Demain, je gagne l'étape et j'abandonne ..." . Au matin de ce 8 juin 1956, les conditions climatiques sont exécrables, le froid et la pluie mêlés laissent augurer une journée "Dantesque". Dès la deuxième ascension, le Col de Rolle, Charly Gaul débute son "one man show" accompagné du seul Italien Bruno Monti. Il bascule en tête de la difficulté et possède, déjà, une avance conséquente de 2'35" d'avance sur un autre "monstre" des cimes, l'"Aigle de Tolède" à savoir, l'Espagnol Frédérico Bahamontès. Hélas, des freins récalcitrants le pénaliseront sévèrement lors de la descente. En effet, tout au long de ce périlleux exercice, Charly fut contraint d'user de ses seuls pieds pour ralentir, un temps soi peu, sa progression vertigineuse. A ce petit jeu, tous les efforts entrepris auparavant, furent réduits à néant. Qu'on en juge : Au bas du Paso di Broccone, Gaul possède un débours de plus de six minutes sur la "colonie" Italienne représentée par le Romain Monti, donc, Fornara, le maillot rose, Nino De Filippis et Arrigo Padovan. Le temps, en ce milieu d'étape, est toujours aussi abominable et de la neige fondue se déverse, maintenant, sur des coursiers transis de froid. Par voie de conséquence, les premières défaillances (nous sommes à deux jours de l'arrivée et les organismes sont passablement affaiblis) apparaissent. Padovan, le premier, tente un baroud d'honneur en attaquant sèchement mais s'effondre quelques hectomètres plus loin, ayant trop présumé de ses forces du moment. Il abandonnera la course, anéanti, dans la foulée. Puis ce sera au tour de Monti surpris, quelques lacets plus loin, au fond d'un ravin paralysé par la froidure du blizzard. Nous sommes, à cet instant de la course, au pied de la montée finale vers Monte Bondone. Dans les premières rampes de la montée, De Filippis, alors leader virtuel du Tour d'Italie, est victime d'une terrible défaillance. Le malheureux Transalpin, ivre de fatigue, tremblant de tous ses membres s'affale de tout son poids sur le capot d'un véhicule suiveur tel un pantin désarticulé. C'est l'abandon inexorable. L'hécatombe est invraisemblable dans le peloton des rescapés de cette terrible journée. Requinqué, après sa mésaventure de "funambule malgré lui", et revenu du "Diable Vauvert", Charly Gaul, qui a une haine viscérale de la chaleur, prend les reines de la course et se propulse en tête de la colonne des rescapés en imposant un train d'enfer. C'est maintenant une vraie tempête de neige qui s'abat sur ce Giro 1956. Faisant fi de tous ces éléments, le Luxembourgeois creuse des écarts autant inexorables que décisifs voir définitifs sur ses adversaires médusés. L'Italien Fantini, pourtant auteur d'une fin de course hallucinante, termine à huit minutes. Florenzo Magni, lui, accuse un retard de près de douze minutes sur un "Ange de la Montagne" déchaîner. A peine franchie la ligne au sommet du Monte Bondone, Charly Gaul sera immédiatement emmitouflé mais incapable de s'extirper de sa monture, les instances médicales le "dés encastreront" avec une infini délicatesse tant il était engourdi par la froidure. Conduit, promptement, dans une grange voisine, il recouvrera, plus tard, l'usage de ses membres endoloris. Au nez et à la barbe de tous les favoris et en dépits de tous les pronostics contraires à son avènement, il remportera, deux jours plus tard, le premier de ses deux Tour d'Italie (le second en 1959). Son exploit n'est pas mince surtout lorsque l'on apprend que le Luxembourgeois s'est imposé sans l'aide d'un seul équipier, tous ayant abandonnés chemin faisant ! Charly Gaul triomphera, également, lors de la Grande Boucle 1958, en procédant de la même manière. Un schéma de course quasiment identique à son "Epopée 56" à savoir, en étant, pratiquement, hors course avant le franchissement des Alpes puis en nous gratifiant d'une étape, dont il avait le secret, dans la Chartreuse où il "atomisera" tous ses adversaires. Autres époques, autres moeurs, Benjamin ! Aujourd'hui, je ne vois plus un favori, lauréat d'étape de haute montagne, dans un état digne des vainqueurs d'étape d'autrefois. Merckx, Ocana, Coppi, Bartali, Christophe, Leducq, Vietto, Robic, Thevenet, Koblet, Bobet ........ franchissaient l'ultime difficulté dans un état de fatigue et de lassitude qu'on ne retrouve plus chez les Contador, Schleck, Armstrong ........ La condition physique des coursiers prend une part prépondérante à l'entraînement et à la préparation d'une saison et lorsque tu vois la morphologie d'un Gaul, tu comprends mieux le piteux état dans lequel il se trouvait, ce jour là ! Compares la morphologie d'un rouleur d'hier et d'aujourd'hui, Anquetil, Bracke face à "Cancel" et au "Teuton" c'est Laurel et Hardy revisité ! 😉
  24. Venant de Vasseur, tu parles d'une référence !😉 On dit bien sortir en facteur, on en travail pas pour autant à La Poste !
  25. Ok, moi je veux bien tout ce que vous voulez, je suis naif doublé d'un candide invétéré mais alors, dîtes moi ce que ce garçon a de plus que les autres ? Dites le moi, nom de "Matthias" ? Allez, lâchez vous ? Dans le cas contraire, toutes vos allégations ne sont pas fondées ! 😉
×
×
  • Créer...