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Tout ce qui a été posté par Michel CREPEL
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Pronostic 2012: Dauphiné prono n°3
Michel CREPEL a répondu à un(e) sujet de Guillaume LEROYER dans Les pronostics
1 C Evans 2 B Wiggins 3 V Nibali 4 LL Sanchez 5 J Van den Broeck -
Pronostic 2012: Tour de Suisse prono du CG
Michel CREPEL a répondu à un(e) sujet de Guillaume LEROYER dans Les pronostics
1 R Gesink 2 R Kreuziger 3 L Leipheimer 4 A Valverde 5 D Cunego -
A propos Guillaume, ce n'est pas toi qui m'a "balancé" l'autre jour que le Tour de Suisse n'était pas exigeant ? Trois arrivées en altitude et un clm de bornes avec un raidar en paliers montants de cinq bornes et le reste des étapes parsemées de côtes et cols de seconde à quatrième catégorie
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Pronostic 2012: Dauphiné prono n°2
Michel CREPEL a répondu à un(e) sujet de Guillaume LEROYER dans Les pronostics
1 T Martin 2 B Wiggins 3 C Evans 4 D Millar 5 R Porte -
😉
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😃 Je plaisante Guillaume ! 😉
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Que veut dire exigeant, pour toi ! Grimpeur ? Nous n'avons pas la même notion ni la même lecture du Larousse ! Désolé !
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Non ils sont sur "Roland" effectivement avec rediffusion de l'étape en configuration direct en prime time ! Maintenant, à partir du 9 ils seront sur le Tour de Suisse pour 8 jours, un Tour de Suisse que l'on dit (pas moi) plus exigeant que le Dauphiné ! A voir ! La santé ? Quelle santé ? L'hôtel de Mesrine ?😉
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A peine ! mais j'ai une excuse, cela fait deux piges que je n'en avait pas parlé ! 😉😃 En revanche j'échange volontiers sur Twitter et Facebook avec Laurent Vergne et Patrick Chassé entres autres !
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Put... le "blase" qui "interwieve" Moreno, trop fort !!! Cela fait deux piges que je n'avais pas visionné France Télévision pour le vélo (et le reste d'ailleurs) et bien ........ c'est encore pire qu'avant même que maintenant ils se foutent de la gueule des coureurs étrangers qui sont à la peine (Schleck, "Vino" ....) ! La culture de "Macadam" toujours au beau fixe, "Jaja" se rapproche de son camarade de micro RAS à "FT", je retourne à Eurosport !😉
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Pronostic 2012: Dauphiné prono n°1
Michel CREPEL a répondu à un(e) sujet de Guillaume LEROYER dans Les pronostics
1 E Boisson Again Hic ! Boasson Hagen 2 S Gerrans 3 J Degenkolb 4 T Voeckler 5 M Iglinsky -
Pronostic 2012: Dauphiné prono du CG
Michel CREPEL a répondu à un(e) sujet de Guillaume LEROYER dans Les pronostics
1 B Wiggins 2 T Martin 3 C EVans 4 V Nibali 5 J Van den Broeck -
Moment d'anthologie rare.
Michel CREPEL a répondu à un(e) sujet de Michel CREPEL dans Discussions Route
Crédulité récalcitrante et récurrente, à mon humble avis !😉 -
Moment d'anthologie rare.
Michel CREPEL a répondu à un(e) sujet de Michel CREPEL dans Discussions Route
Il s'y attendait tellement "Poupou" que ......... trois mois plus tard, lors du Tour 66, il se fait de nouveau piéger par Anquetil. (Lire Lucien Aimar ... je sais c'est long). 😉 -
Duel Poulidor - Anquetil: Paris Nice 1966. Plus que l'antagonisme régnant entre nos deux belligérants, c'est l'invraisemblable conflit qui émanent des "pro-Poulidor" face aux "pro-Anquetil" qui promet de chaudes et âpres empoignades lors de la prochaine, 53ème édition de la, Grande Boucle (ce Tour fera partie d'une prochaine écriture). Remontés comme des pendules helvètes et profondément excédés par les "malversations", dont c'est rendu coupable, comme nous allons le vérifier instamment et de manière objective, le clan Anquetil sur les routes de la Course au Soleil, à l'encontre de "Poupou", les enthousiastes, mais un tantinet revêches, "Poulidoristes" estiment qu'il serait de bon ton que leur brave mais récalcitrant Limougeaud favori terrasse enfin le boulimique et impétueux Normand. A l'inverse, les fiers et orgueilleux "Anquetilistes" gèrent à merveille cette irréversible montée d'adrénaline qui n'est pas sans rappeler, pour les "dinosaures" de la "Petite Reine", les joutes d'anthologie que se livrèrent, vingt ans plus tôt, les deux "monstres" Transalpin, Fausto Coppi et Gino Bartali. Un bref mais significatif rappel des faits est nécessaire pour bien comprendre le degré d'animosité qui ébranle la France cycliste en cette année 1966, en pleine "Beatlesmania" aigue. Après une année "sabbatique", opportune mais bien légitime, qui le vit faire l'impasse sur la kermesse de juillet, Jacques Anquetil nous revient tel qu'il nous était apparu un semestre plus tôt, lors de son exemption du Tour à savoir, serein, jovial et indubitablement, fort ambitieux. "Poupou", l'"homme orchestre" de toutes les épreuves auxquelles il fait don de sa participation, arbore une mine déconfite. Sa désillusion, ou plutôt sa déconvenue, de l'été 65 face au néophyte "Bergamasque" l'a meurtri plus qu'il ne le laisse apparaître. Le résidant de Saint Léonard de Noblat, est animé d'un sentiment pour le moins cocasse. Dépité, furieux, revanchard, il ne peut, néanmoins, jamais se départir de sa sacerdocale "banane" qui irrite au plus haut point "Tonin le Sage". C'est tout le paradoxe "Poupou". Raymond demeure, malgré les situations les plus dramatiques, d'un optimisme béat. Il n'est heureux et fringuant que lorsqu'il chevauche sa docile monture. Sa passion communicative est telle que tout le bon peuple de France et de Navarre lui pardonne, inlassablement et immuablement ses absences maintes fois réitérées, ses erreurs enfantines voir ses défaillances chroniques. Bref, on lui offre le Bon Dieu sans confession.... Enorme sensation lors de ce Paris Nice 1966. L'irréel, l'inconcevable se produit un 13 mars. Et oui, trois ans après l'assassinat de JF Kennedy et deux avant le meurtre de son cadet "Bob", mais aussi trois saisons avant que Neil Armstrong ne foule de ses "petons empruntés" le sol, jusqu'alors inexploré et vierge de notre "cousine" la Lune, un autre fait, tout aussi extraordinaire, va se produire sous nos yeux de misérables terriens. L'Ile de Beauté, hôte ô combien enthousiaste, de l'épreuve, chère à Jean Leulliot, sera le témoin privilégié et le théâtre "Shakespearien" du premier revers, de la déroute même, de "Maîtres Jacques", dans son exercice de prédilection, le chrono, et comble d'ignominie, face à son rival de toujours. Le camouflet engendre les interprétations les plus rocambolesques de la part d'inconditionnels et suiveurs émoustillés et avares d'objectivité. Il est vrai qu'un débours d'une seconde au kilomètre, le premier quintuple lauréat de la Grande Boucle, n'était pas coutumier du fait. En outre, la mémorable punition lui avait été infligé par l'ennemi intime celui qui doit perdurer dans son rôle d'indécrottable souffre douleur. Les "Mouches ont changé d'âne", entendons nous, à loisir, de Bastia à Ajaccio et en échos dans toute l'Europe vélocipédique. Quel affront ! L'"Empereur" détrôné et châtié en Corse, tout un symbole ? Que nenni ! Pour qui connaît, un tant soit peu, le natif de Mont Saint Aignan, d'aucun vous diront que le Normand blessé, humilié et lacéré par la critique que ne manque pas de lui asséner, à grands coups de manchettes sarcastiques, des "journaleux" en pénurie de scoop et dépourvus de matière grise, est tout excepté une victime expiatoire. Au petit matin de la dernière étape, Raymond Poulidor exulte et aspire à une dernière journée de tout repos. Le parcours de cent soixante dix bornes qui emprunte la corniche entre Antibes et Nice doit satisfaire les desseins de quiétude d'un leader en pleine confiance. On subodore, naturellement, notre "Poupou" national auréolé de cette certitude.Toujours est il que ce dimanche 15 mars, le Normand usera de tous les expédients, sportifs et, pourquoi le nier, par moment beaucoup plus douteux, pour inverser la tendance et reléguer, une nouvelle et énièmes fois, le Limougeaud au rang qui lui est du à savoir, celui de Dauphin du "Maître" ! C'est dans cet atmosphère vicié voir glauque que les rescapés de ce Paris Nice de légende se rangent, un brin penauds, sous les ordres du "Monsieur Loyal" de l'épreuve. Les premières heures de course sont poignantes, chacun se toise du coin de l'oeil. La tension est palpable, le suspense, qui demeure, toutefois, rôde et tâtonne. A croire que le destin capricieux n'a encore pas choisi son camp. Les formations serviles des deux protagonistes sont figées, la moindre erreur, la plus petite incompréhension peut s'avérer fatale à son chef de file. Il serait, en outre, suicidaire de s'attirer les foudres du "chef" pour une faute d'inattention. La pérennité de la carrière de ces besogneux est à ce prix. Le temps qui passe, inexorablement, compromet d'autant les chances d'Anquetil d'inverser l'inéluctable. Les journalistes, frétillants de la plume, sont aux abois et, en mal d'Hollywood, mâchouillent stylo et crayon, les télescripteurs, ancêtres incontournables mais bruyant de nos ordinateurs actuels, frémissent mais ne frissonnent pas encore seuls, les "clans" déchaînés, qui bordurent l'étroite chaussée, vocifèrent leurs encouragements ou leur dédain, à défaut de haine. C'est à ce moment précis, en plein marasme tactique, que le "Grand Fusil" ose une approche au sein d'un peloton apathique. Le conciliabule entre Raphaël Geminiani et le leader de Ford France est des plus expressifs, les grands moulinets décrits et la bouche béante et difforme de l'Auvergnat en atteste. Bien qu'infiniment respectueux de "Maître Jacques", Geminiani reste Geminiani. La marche à suivre est in extenso et immédiatement assimilée et adoptée. C'est alors un harcèlement en règle du leader des Mercier. Les Ford sont à la planche et ne relâchent à aucun moment leur étreinte, une vague déferlante s'abat sur la tête du peloton. "Stab", Pierre Everaert, Jean Claude Annaert, Paul Lemeteyer et Jean Claude Wuillemin giclent à tour de rôle tels des sternes affamées "reniflant" un ban de sardines en goguette, isolant un peu plus, par la même occasion, le maillot blanc. Sur un de ses énièmes démarrages le Breton de Plougasnou, Wuillemin "balance" sans vergogne le "British" des Mercier, Barry Hoban, coupable, à ses yeux, de nuire à l'"opération rachat". Bout en train de grand talent, le sprinter d'Antonin Magne, terminera et abandonnera ce Paris Nice vautré dans un fossé.Toutes ces péripéties, plus ou moins légales, n'affectent pas le moins du monde le Normand en revanche pour le Limougeaud, c'est une toute autre histoire. La confiance, accumulée tout au long de l'épreuve et sublimée, en outre, par son exploit de la veille, vacille et commence à prendre l'eau de toute part. L'adversité, pourtant il connaît, "Poupou", d'ailleurs elle jalonne sa carrière depuis ses prémices, par contre, lorsque celle-ci use de tous les artifices, même les moins avouables, pour s'arroger le droit de le déstabiliser, là, il fulmine notre "bonhomme". Assailli de tous côtés, Poulidor est à l'orée de la rupture. Une ultime et tranchante attaque d'Anquetil aura, finalement, raison de la résistance du maillot blanc. Ce démarrage subtil et imparable ajouté au barrage savamment érigé et orchestré, de main de maître, par les Ford, ruinera tout espoir de retour du leader de la course. Il parviendra, néanmoins, dans un dernier sursaut d'orgueil, à recoller à la roue arrière du fuyard mais renoncera, finalement, peu après en moins de temps qu'il n'en faut pour le rédiger. Epuisé par les coups assénés et répétés du Normand, de ses équipiers et des alliés de circonstance, "Poupou" abandonnera, à trente misérables bornes de l'arrivée, étape et victoire finale à son rival de toujours. Pour se faire une idée du travail colossal accompli par les Ford lors de cette dernière demi heure, il convient de rappeler que, outre Jacques Anquetil, bien évidemment, seuls Arie Den Hartog et Bernard Vandekerkhove parviendront à rallier Nice dans les délais. Les autres, tous les autres durent abandonner exténués. A l'arrivée, hors de lui, "Poupou" hurle au complot, avouant qu'il lui serait, à l'avenir, terriblement ardu de remporter des courses contre ce "Patron renégat". La France cyclisme est en feu, une deuxième "guerre de religion", renaît de ses cendres, en quelque sorte. Le Tour qui se profile à l'horizon nous suggère des chaleurs incandescentes en perspective. Dorénavant, et à partir de ce 15 mars, "Poulidoriste" et "Anquetiliste" ne parleront plus le même langage. MIchel Crepel
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Tour 66 : Jacques Anquetil booste Lucien Aimar Cette saison 1966, année charnière s‘il en est, demeurera à bien des égards et presque essentiellement, l’apogée de la « Guerre des Chefs ». Le point culminant, paroxysmique même de l’animosité, de l’inimitié entres deux personnages éminents et incontournables de la planète cycliste de cette période, bénie pour nous Français, à savoir Jacques Anquetil et Raymond Poulidor et par voie de conséquence des castes « Anquetilistes » et « Poulidoristes ». Cette rivalité exacerbée voir incongrue atteindra, alors, des sommets dignes des tragédies Shakespeariennes telle celle mettant en scène Capulet et Montaigu. Amorcée lors d’une « Course au Soleil » ébouriffantes et gratinées en « brigandages » plus ou moins licites ( voir Duel Poulidor - Anquetil : Paris Nice 1966) elle trouvera un semblant d’épilogue à défaut de dénouement sur les routes Allemandes du Nürburgring lors d’un enterrement de première classe. Un sabordage en règle en forme d’apothéose, en somme, auquel l’enfant du pays, l’autochtone Rudi Altig saura, à merveille, faire bon usage. Comme l’antagonisme de nos deux belligérants gloutons ne se satisfera pas le moins du monde d’un préambule et d’une conclusion, un plat de résistance sera organisé à l’occasion de la 53ème édition de la Grande Boucle. Comme mentionné plus haut, nous abordons les années charnières. En effet, une mutation générationnelle est sur le point de s’opérer dans le cyclisme et le Tour de France, à l’instar de toutes les épreuves du calendrier, n’échappera pas à la règle. De nombreux coureurs flirtent avec la limite d’âge et des « fluoriclasses » tels « Maître Jacques » ou l’ « Empereur d’Herentals » malgré de beaux restes sont conscients que leur avenir est désormais derrière eux. L’auteur, du coup de Trafalgar qui a irradié le Tour, la saison précédente, Felice Gimondi est absent mais l’exploit du « Bergamasque » demeure encore dans toutes les mémoires, surtout celles embuées de garçons tels Raymond Poulidor, le bien nommé, Henry Anglade, le Transalpin Gianni Motta voir le compatriote et équipier du futur lauréat, Vittorio Adorni. Jacques Anquetil, quant à lui, ne participait pas au traquenard se contentant, si j’ose dire, de glaner quelques lauriers en remportant entres autres Paris Nice, le Critérium National, le fabuleux doublé Dauphiné Libéré, Bordeaux-Paris, dans la foulée, le Grand Prix des Nations, le trophée Baracchi, le Critérium des As, le tout agrémenté du Prestige et Super Prestige Pernod. Dans le sillage de Gimondi, de jeunes espoirs, Français pour la plupart, piaffaient d’impatience dans l’ombre de nos deux acariâtres coureurs emblématiques. Le Drômois Maurice Izier, 22 ans, de la formation Pelfort Sauvage Lejeune chère à Maurice de Muer, par exemple. La formation à damiers n’est pas en reste avec le natif d’Avrillé, Christian Raymond, 22 ans, le Breton Désiré Letort, 23 ans, le Normand Raymond Delisle, 23 ans également et le déjà expérimenté, malgré ses 25 printemps, l’Hautevillois, Roger Pingeon. Les Mercier BP de « Tonin », outre le fait de posséder le favori de cœur de tout un peuple en la personne de notre « Poupou » national, ne sont pas à bout d’arguments avec le jeune Brestois de 25 ans, Jean Pierre Genet et l’Azuréen de 23 ans Gilbert Bellone. Enfin, la formation Ford France du « Grand Fusil » et de « Maître Jacques » ne sont pas en reste avec la présence en leur sein du dauphin du « Bergamasque » lors du Tour de l’Avenir 64, le Varois Lucien Aimar, tout juste 25 ans. Pour l’anecdote, il n’est pas vain de rappeler qu’Aimar avait fait l’objet d’une pénalisation d’une minute infligée à la suite d’une altercation à l’égard d’un coursier d’outre Quiévrain. Lorsqu’on se rappelle que Felice Gimondi s’était octroyé la victoire pour 42 misérables secondes, nous pouvons objectivement subodorer que mathématiquement …… toutefois, chacun sait que cyclisme et mathématique n’ont, dans le passé, jamais fait bon ménage. Sélectionné, la même année, pour participer à la course en ligne des JO de Tokyo, il n’achèvera pas la course à l’inverse de la fratrie Pettersson, d’Eddy Merckx, futur Champion du Monde à Sallanches, de Felice Gimondi, de Walter Godefroot, de Gerben Kartens, d’Ole Ritter, de Johnny Schleck ou de Roger Swerts, et de quelques autres futurs « stars » du peloton dont ne fera, paradoxalement pas partie, le vainqueur l’Italien, Champion de son pays, Mario Zanin. Le protégé de Raphael Geminiani, ne conserve, à ce moment là, pas un excellent souvenir de ses premiers pas sur la Grande Boucle. Néophyte en 65, lorsque le « Grand Fusil », le lança dans le grand bain en l’absence du Normand, il sera victime, à l’instar de beaucoup d’autres, d’une insolation contractée lors de la neuvième étape qui conduisait le peloton, sous une terrible canicule, de Dax à Bagnères de Bigorre par les ascensions de l’Aubisque et du Tourmalet. Dans l’Aubisque, Lucien Aimar fut pris de vertiges. Il descendit promptement à défaut de prestement de sa monture, les yeux hagards. Tel un pantin désarticulé nanti de gestes d’automate, il déambulera maladroitement quelques mètres avant de s’effondrer lourdement inconscient sur le macadam brûlant jusqu’à l’incandescence. Là, gisant les bras en croix, le jeune Varois ne devra son salut qu’au masque à oxygène que les médecins dépêchés en urgence lui appliqueront in extenso. Cette hécatombe ainsi que celle survenue peu ou prou au même moment sur le Tour de l’Avenir ravivera fortement la rumeur « doping ». Requinqué, Lucien Aimar se présentera, pour sa deuxième expérience, armé de bonnes résolutions. Auteur d’un début de saison sérieux et prolifique comme le démontre sa victoire dans la semi classique Gènes-Nice et sa très convaincante seconde place lors d’une Flèche Wallonne dominée au sprint par le très talentueux Transalpin Michele Dancelli. Pour la petit histoire, placé idéalement au sein d’un groupe de trois fuyards où figurait, outre Dancelli et lui-même, le « Teuton » Rudi Altig, le Varois parvint superbement à devancer l’Allemand au sommet du Mur d’Huy. Même s’il ne parvint pas à se hisser au niveau de l’Italien, réputé excellent finisseur, Lucien Aimar laissait présager avec ce coup d’éclat des lendemains enchanteurs dans le domaine des « Ardennaises », classiques peu prisées par nos compatriotes plus enclins à se préparer pour la « kermesse de juillet ». Finalement, les us et coutumes Gauloises n’ont pas réellement changées au fil des décennies. Cette 53ème édition se présentait donc sous les meilleurs auspices pour notre Azuréen même si dans son for intérieur, le leader de la formation Ford France, demeurait, bien évidemment, le Normand de Mont Saint Aignan. Outre les favoris locaux suscités, les candidats à la victoire finale étaient assez peu nombreux au sein des formations étrangères. Citons pêle mêle, le « Colosse de Mannheim », l’Allemand Rudi Altig, le Hollandais « à lunette » Jan Janssen, le Belge « Buster Keaton » Herman Van Springel voir les Espagnols tels Julio Jimenez, Joaquim Galera ou Francisco Gabica et enfin le Britannique de Peugeot, le « Major« Tom Simpson. On notera, bien évidemment, l‘absence en nombre des meilleurs Italiens et seul, peut être, le coureur au « cœur fou » Franco Bitossi au sein d’une modeste formation Filotex peut entretenir l’illusion. Les défections fâcheuses du « Showman » Vittorio Adorni, de Felice Gimondi, vainqueur sortant et du « Blond », Gianni Motta, omniprésents, sur les routes de l’hexagone, l’été précédent, générèrent les rumeurs les plus folles. A défaut d’être toutes foncièrement farfelues, je me garderai bien de cautionner celle concernant le « doping ». En revanche, la thèse du Giro échevelé et débridé très éprouvant physiquement et émotionnellement engendrant le refus, quoique opportun, de notre trio infernal, me sied à merveille. Même si Jacques Anquetil offrit, sur un plateau, la victoire aux Molteni de Motta, au détriment des Salvarini de Gimondi et Adorni. Le peloton se trouvait désormais sous les ordres du starter, au départ de Nancy en ce 21 juin 1966, et tous, suiveurs, journalistes, public et inconditionnels de tous bords se demandaient qui d’Anquetil ou de Poulidor allait « bouffer » l’autre. Le Normand avait un mal fou à adhérer à cette situation du favori à deux têtes et les absences de Gimondi et Adorni, par exemple, le chagrinait fortement. En effet, la pluralité de leaders synonyme de partage des responsabilités, servait à terme les desseins du quintuple lauréat de la Grande Boucle, à l’inverse leur absence signifiait qu’il s’apprêtait inévitablement à subir le poids de la course. Et ça, « Maître Jacques » n’appréciait que très modérément. Au départ de ce Tour de France, rares étaient les indécis, « Poulidoristes » et « Anquetilistes » s’affrontaient par journalistes interposés et si les premiers nommés se montraient convaincant à « l’applaudimètre virtuel » cela était surtout du à leurs propensions à se montrer bruyant à l’inverse de leurs adversaires moins démonstratifs. Personnellement, je n’ai jamais opter pour l’un ou pour l’autre, c’est comme si on me demandait de choisir entre Yesterday des Beatles et God only know des Beach Boys. Impensable ! Malgré l’énorme pression qui étreint nos deux favoris et cette hostilité latente mais exacerbée qui règne entres les deux protagonistes et par la même occasion entres leurs directeurs sportifs respectifs, les inénarrables Rafael Geminiani et Antonin Magne, la situation du Normand et du Limousin au deuxième jour de course s’avère des plus enviables. En effet, sans en avoir l’air, sans donner un coup de pédale superflus, ils ont réussi, tous deux, à hisser indirectement au commandement de l’épreuve, l’Allemand Rudi Altig. Ce dernier s’est évertué, à la grande joie de nos deux « tourtereaux », à s’agripper aux mailles de son très convoité paletot jaune jusqu’à Bayonne aux pieds des Pyrénées. Au cours de cette étape Bordeaux - Bayonne, une tentative de grève eu lieu, suite à un contrôle anti-dopage inopiné, ordonné la veille à Bordeaux par le professeur Dumas. Mettant pied à terre au lieu dit House près de Gradignan, ils parcoururent une centaine de mètres, bicyclette à la main, puis reprirent la route non sans ronchonner. Honnête grimpeur sans être un escaladeur ailé, le leader de la formation de Giorgio Albani estimait son rôle achevé. Les huit jours passés en jaune avait donné pleinement satisfaction à son sponsor et l’absence de Motta était de ce fait amortie. En vérité, cette première étape de montagne allait tout simplement s’avérer, décisive. Pourtant, si la distance est conséquente avec ses deux cent trente bornes, les difficultés, en revanche, ne sont pas légion. Seules les ascensions du Soulor et de l’Aubisque figurent au menu des quelques cent vingt rescapés. Les velléités offensives des uns et des autres n’allaient pourtant pas mettre longtemps à s’exprimer. Dès le départ en réalité des escarmouches ébranlent le peloton sans toutefois le désorganiser. Peu avant d’atteindre Orthez, neuf coureurs prennent la poudre d’escampette. Parmi les fuyards figurent l’Espagnol de la Kas, Sebastian Elorza, les Belges Willy In’t Ven et André Messelis de la Mann, Henri Dewolf de Solo Superia, l’Italien de Molteni, Giuseppe Fezzardi et le Luxembourgeois, Johnny Schleck de la formation Pelforth. A ces six hommes partis en éclaireurs viendront bientôt s’adjoindre, le Transalpin Tommaso De Pra, autre équipier d’Altig ainsi que les Français Jean Stablinski et Robert Cazala, parfaits et opportuns relayeurs de service de, respectivement, Jacques Anquetil et Raymond Poulidor. Excepté que de relais, il n’y en eu point comme nous allons le découvrir. Les neuf fuyards ouvrent la route et derrière c’est déjà l’hallali pour nombre de seconds couteaux. A mi course des vagues successives projettent à l’avant une trentaine de coureurs. Parmi ces 26 hommes, exactement, on reconnaît les Bataves Jan Janssen et Arie Den Hartog, les Français Lucien Aimar, Raymond Delisle, Jean Claude Lebaube, Désiré Letort, Raymond Mastrotto et Christian Raymond, les Ibères Mariano Diaz, Antonio Gomez del Moral, José Antonio Momene et Domingo Perurena, l’Allemand Karl Kunde ou l’Italien Guido de Rosso. Derrière, les favoris contrôlent. Au pied du col du Soulor, le groupe de tête, qui a perdu Cazala, compte un peu moins de quatre minutes d’avance sur le groupe de poursuivant de Lucien Aimar. Le peloton maillot jaune où figurent tous les favoris à la victoire finale pointe désormais à près de huit minutes des huit hommes de tête. Un gouffre. L’ascension du Soulor provoque de nombreux changement au sein des deux groupes d’échappés mais rien de bien significatif concernant les favoris et le déroulement des évènements. A cinquante bornes de Pau, au sommet de l’Aubisque, la situation se complique. Au sommet, De Pra et In’T Ven passe en tête devant Diaz à trente secondes. Fezzardi suit à une minute et trente seconde puis Dewolf à 2’15, Momene à 3’. Un groupe de quatorze unités comprenant, Kunde, Schleck, Janssen, Delisle, Lebaube, Perurena, Huysmans et Aimar bascule avec un retard de 4’ sur le duo Italo-belge. Le peloton Anquetil - Poulidor possède un débours de 6’40 quant au maillot jaune, Rudi Altig, il accuse un retard de plus de 8’. A l’arrivée sur le circuit automobile, Tommasso De Pra règle au sprint son compagnon de route Willy In’T Ven. Jan Janssen s’adjuge la troisième place en dominant son groupe de dix sept hommes dans lequel figure le discret mais malicieux Lucien Aimar. Le peloton des favoris parvient enfin, sous les huées d’un public furibard et pour le moins mécontent, a couper la ligne plus de 9’ après le héros du jour, Tommasso De Pra. Au classement général, De Pra endosse le maillot jaune un peu plus de deux minutes devant Janssen et un groupe de six coureurs à 2’14 dans lequel figure en bonne place, Lebaube et Aimar. A l’arrivée, les commentaires vont bon train. Chacun cherche à se disculper en évoquant leur lassitude respective face à l’isolement, seul coupable, à leurs yeux de leur déconvenue. Cela frise la paranoïa. Anquetil ne pouvait décemment pas prendre la poursuite et rouler sur Aimar et « Poupou » avait perdu Cazala à l’agonie, à l’avant, et se retrouvait démuni et sans équipier pour stopper l’hémorragie. La langue de bois n’est décidément pas l’apanage des seuls politiques. Les titres de la presse sont cinglant, en revanche. Pierre Chany : « Le tête de Poulidor dans le lasso d’Anquetil ! », Jacques Goddet écrivait dans son « édito » : « Le diabolique et l’innocent ! » Chacun y trouvera son petit ! Le « Boss » ajoutait que le Normand appliquait un plan diabolique, celui du naufrage volontaire. Un suicide collectif à la Jim Jones en quelque sorte. Nous sommes tombé dans le « délire d’initié » (sic). Pour l’homme au casque colonial, Anquetil se sachant moins dominateur que naguère dans son domaine privilégiée du chronomètre se serait saborder en entraînant son « meilleur ennemi » dans sa déchéance. Du Shakespeare revisité, vous dis je. Pourtant, ce passage dans le massif Pyrénéen, n’avait rien de cauchemardesque, il aurait très bien pu être escamoter par les favoris sans pour autant laisser une échappée de trente coureur se développer et prendre autant de champ. « Tonin le Sage » ne disait pas autre chose le soir dans la cité Paloise. Jean Claude Lebaube chipera, le lendemain à Luchon, le précieux sésame « bouton d’or » à Tommasso De Pra avant de se le faire souffler à son tour, pour le compte, du côté de Revel par le grimpeur de poche, l’Allemand Karl Heinz Kunde. A Val les Bains à l’occasion du premier contre la montre, Raymond Poulidor confirme ses récentes victoires sur Jacques Anquetil. En dominant, le Normand dans sa discipline de prédilection, le Limousin a pris un ascendant certain sur celui-ci. Mais n’est il déjà pas trop tard. Au général, Jan Janssen est désormais second à une trentaine de secondes de Kunde mais surtout Aimar, « grégario » de luxe d’un Anquetil en déconfiture, se hisse sur la troisième marche du podium à moins d’une minute du maillot jaune. Poulidor et Anquetil se tiennent en cinq secondes mais à près de six minutes. L’étape reine de ce Tour 66 conduisait les rescapés de Bourg d’Oisans à Briançon par les cols de la Croix de Fer, du Télégraphe et du Galibier. Cinq heures de manivelles à deux mille mètres d’altitude, de quoi en perdre le souffle. La brève distance, 150 bornes, suggère des attaques à outrance et les suiveurs, déçus par l’apathie récurrente d’une grande partie du peloton, abondent dans ce sens. Il est bon de rappeler, également, que le sommet de la hiérarchie de la course est « squatté » par les seuls membres de l’échappée de Bayonne - Pau. Dans la Croix de Fer, quelques soubresauts portent au commandement Joaquim Galera, Franco Bitossi et Julio Jimenez suivi d’un premier peloton où figurent les principales « têtes d’affiche ». Tom Simpson, Champion du Monde en titre et équipier de Kunde, en difficulté à l’arrière, s’arrache dans la descente. Au pied du Télégraphe, le « Major » possède 1’30 d’avance sur Jimenez parti en contre. L’espagnol de Kas rejoint bientôt l’Anglais et l’abandonne peu avant le sommet qu’il franchit seul. A 1’15 après Jimenez, un groupe de quinze hommes apparaît à son tour. On reconnaît parmi ces coureurs, Poulidor, Janssen, Anquetil, Altig, Bitossi, Aimar ou Pingeon. Simpson revenu sur Jimenez dans la descente, les deux hommes comptent désormais 1’20 sur un groupe Anquetil, Poulidor, Janssen et 2’30 sur un autre groupe où tente de surnager le maillot jaune Kunde. Dans le Plan Lachat, du côté du Lac des Cerces, sur les pentes abruptes de l’ « Ogre » Galibier, Anquetil dépose une mine. Le groupe explose et seul « Poupou » parvient à s’accrocher. Au sommet du Galibier, Jimenez, récitant sa partition de mouflon ailé à la perfection, bascule en tête devant Anquetil et Poulidor à 1‘35. Simpson, victime d’un coup de buis carabiné puis d‘une chute malencontreuse, est en perdition. Arguant, la position de ses deux équipiers, Jimenez et Aimar, le Normand refuse de relayer le Limousin dans la descente du Galibier. Julio Jimenez franchira seul la grande gargouille et la banderole d’arrivée de Briançon, 2’25 secondes devant « Maître Jacques » et « Poupou ». Suivront, dans l’ordre, Huysmans, Van Springel et Galera. Willy Planckaert règlera le groupe où figurent Janssen, Pingeon, Aimar et Gabica, entres autres. Au général, une profonde modification s’opère sans que cela relève du total bouleversement. Si devant, nombre de participants à la fameuse échappée de Pau ont rétrogradé, remplacé peu ou prou au même rang par des favoris en indélicatesse lors de cette 10ème étape, les écarts n’ont pas réellement suivit la même proportion en amplitude de temps. Ainsi, si Poulidor et Anquetil parviennent enfin à se hisser au sixième et septième rang au classement général, ils se situent, tout de même, à, respectivement, 3’40 et 4’40 de Jan Janssen, nouveau leader de cette 53ème édition de la Grande Boucle ….. 27 secondes devant Lucien Aimar. L’étape de transition du lendemain, veille de la journée de repos, devait servir à panser les plaies encore béantes pour nombre de rescapés, à la peine sur les pentes du Galibier qui avait fait tout de même 28 victimes. Il n’en fut rien. Sestrières est synonyme de mythe et un mythe, cela se respecte surtout lorsqu’il s’agit d’Italiens cheminant sur ses routes d’entraînement. Même si Sestrières est loin de l’arrivée à Turin, l’air du pays a le don de ragaillardir les velléités des autochtones. Après que Jimenez eut hissé son total point au classement de la montagne au rang d’inaccessible à son compatriote Galera, en passant en tête au sommet de Sestrières, huit hommes se firent la malle dont Bitossi, Perurena, Wolfshohl, Van Springel et Fezzardi. A soixante bornes de Turin, les fuyards portent leur avance à 2’30. Au sommet du Coletta, l’avance des huit demeure sensiblement la même mais derrière Poulidor, accompagné de cinq coureurs, s’assure une avance substantielle de deux cent mètres sur le gros du peloton où figure Anquetil et Aimar, entres autres. A la planche le Normand ramène Aimar dans la roue du Limousin en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Dès la jonction, Anquetil fait signe à Aimar d’attaquer dans la descente. Le Varois est si prompt à l’ordre émis par son leader que son démarrage surprend tout le monde, Poulidor et Janssen, compris. Excellent voltigeur, Aimar ne tarde pas à s’approprier un matelas de secondes confortables. A l’attaque du col de Braida, Aimar revient sur les talons de Perurena, décroché du groupe de tête. L’Azuréen est déchaîné. On le serait à moins. Bitossi bascule seul en tête au sommet du Braida 15 secondes devant Van Springel, Wolfshohl, Fezzardi et Gomez del Moral, 1’ sur Brands qui précède de quelques hectomètres le duo Franco-espagnol formé d’Aimar et Perurena. Intercalé à 3‘05 de Bitossi, on trouve Pingeon accompagné des Ibères Uriona et Lopez Rodriguez puis le gros du peloton, Poulidor-Janssen apparaît à 3’40. A l’avant, Van Springel a rejoint Bitossi aux abords de Turin puis porté une attaque violente à l‘entrée du « Stadio Communale », lieu cher aux « manchots » de la « Vieille Dame ». Nanti de cent mètres d’avance sur le « Coureur au cœur fou », « Buster Keaton » est alors mal aiguillé par le service d’ordre. Pris au piège, Van Springel dépité et passablement remonté du se résoudre à assister à la victoire de Bitossi. L’Italien dominera effectivement au sprint Gomez del Moral, Fezzardi et Wolfsholh, dans cet ordre. Après que Van Springel eu coupé la ligne sept secondes après ses compagnons de route, Brands, rejoint par Perurena et Aimar apparurent soudain et franchirent la ligne d’arrivée 1’40 derrière le lauréat du jour. L’attente, pour Lucien Aimar fut alors insoutenable. Enfin, le peloton qui s’était reconstitué entra à son tour sur le « Stadio Communale ». Les secondes s’égrenaient inexorablement. Willy Planckaert se montrera le plus véloce et coupera la ligne devant Nijdam, Huysmans, Karsten, Sels et Reybroeck …. Trois minutes et quarante deux secondes après Franco Bitossi et surtout deux minutes et deux secondes après Lucien Aimar. Ce dernier endossait pour la première fois le maillot jaune de leader du Tour de France avec 1’35 d’avance sur Jan Janssen et 3’23 sur Mugnaini. Raymond Poulidor était toujours sixième mais relégué à 5’11 et Anquetil huitième à 6’19. Piéger à deux reprises dans ce Tour, lors des 10ème et 17ème étape, Raymond Poulidor ne bénéficiait plus que de deux étapes pour tenter de faire entendre raison au protégé du Normand, celle de Chamonix et le contre la montre final. Tentant un baroud d’honneur dans l’étape qui conduisait le peloton d’Ivrea à Chamonix par les cols du Gd St Bernard, de la Forclaz et des Montets, soit un périple de 188 bornes, le Limousin fit preuve d’un panache évident mais vain. En effet, sorti seul dans la Forclaz il vit Jimenez bientôt le rejoindre. Jouant le jeu, l’Espagnol ne prit, bien évidemment, aucun relais, mieux même, Raphael Geminiani le pria de se laisser descendre auprès d’Anquetil et d’Aimar. Poulidor flanqué du seul Luxembourgeois Edy Schutz, qui s’était extirpé du peloton peu avant, ne pu rien contre les bouts droits de folie orchestrés par le natif de Mont Saint Aignan. Le Limousin ne reprendra finalement que 49 secondes à l’Azuréen tout auréolé d’une sérénité nouvelle. Celle-ci ne s’éteindra pas le moins du monde même lorsque celui qui l’avait fait « roi », à savoir Jacques Anquetil, abandonnera le jour suivant malade mais avec la satisfaction du devoir accompli. Le moral en berne, Poulidor ne pèsera aucunement sur le contre la montre final. Distancé par Rudi Altig et Ferdinand Bracke, dans cet ordre, le natif de St Léonard de Noblat concèdera 41 secondes en 51 kms à l’Allemand. Lucien Aimar ne concèdera finalement que 2’20 à son plus farouche opposant. Il remporte ainsi son premier et seul Tour de France avec une minute et sept secondes d’avance sur le Hollandais Jan Janssen, qui le remportera à son tour deux ans plus tard et deux minutes et deux secondes sur Raymond Poulidor qui, lui, ironie du sport, ne le remportera jamais. Même s’il ne rééditera pas son exploit les saisons suivantes, Lucien Aimar se construira un palmarès des plus honorables. L’arrivée sur la scène internationale de coureurs d’exception tels Eddy Merckx et Luis Ocana, la confirmation de l’immense talent de Felice Gimondi et la maturité nouvelle de coursiers en devenir tels Roger Pingeon ou Bernard Thevenet, explique plus que de fastidieux discours le pourquoi du plafonnement de Lucien Aimar. Au gré des saisons, le Varois saura rendre à autrui ce que Jacques Anquetil en 1966 lui aura enseigné et se mettra sans amertume, ni rancœur au service de ses leaders respectifs, mieux placés que lui. Et ça, croyez moi, ce n’est pas donné à tout le monde surtout d’un lauréat victorieux d’une épreuve telle que la Grande Boucle. Ce n’est pas la moindre de ses performances. Entre temps, il s’adjugera les Quatre Jours de Dunkerque, deviendra Champion de France sur le circuit très tourmenté et très accidenté d’Aubenas en devançant à l’emballage son compagnon d’échappée en la personne, autre ironie du sort (celle-là), de Roger Pingeon, son successeur au palmarès du Tour de France. Michel Crepel
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Giro 2012: prono n°10
Michel CREPEL a répondu à un(e) sujet de Guillaume LEROYER dans Les pronostics
1 G E Larsson 2 T Phinney 3 G Thomas 4 A Rasmussen 5 M Pinotti -
Il était une fois .... Cyrille Guimard.
Michel CREPEL a répondu à un(e) sujet de Michel CREPEL dans Discussions Route
Salut Thierry ! Il est certain que ce sont des Tours, ceux des années 70-75, qui ont marqué la mémoire collective. Surtout des Européens, des "gus" nés pendant ou juste après la "baby boom" tel que moi, par exemple ! (o) Je tiens, le pari, aux plus jeunes même si je ne souhaite pas nécessairement gagner qu'ils n'auront pas la même "nostalgie" des années Armstrong, Contador, Schleck, Basso, Boonen .......... dans 40 - 50 piges que nous des Anquetil, Poulidor, Merckx, Maertens, De Vlaeminck, Van Looy, Godefroot, Gimondi, Adorni, Zoetemelk, Ocana, Coppi, Bobet, Bartali, Koblet ....... et là j'en passe des wagons par rapport aux années 2000 !😉 -
1 Joaquim Rodriguez 2 M Scarponi 3 D Pzzovivo 4 J Rujano 5 I Basso
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Il était une fois .... Cyrille Guimard.
Michel CREPEL a répondu à un(e) sujet de Michel CREPEL dans Discussions Route
Merci Lionel d'avoir pris le temps de le lire. Les lecteurs deviennent denrée rare de nos jours. A leur décharge, ce récit est particulièrement long mais peut on résumer une carrière en dix lignes, j'en doute. Quoiqu'avec certains coursiers d'aujourd'hui ..........😉 -
Le «Caméléon» Cyrille Guimard ou le talent à multiple facettes ! Malgré une victoire lors de son passage chez les professionnels lors du Circuit des Trois Provinces en 1967, épreuve par étapes situées aux confins des régions Bretonne, Normande et du Maine, très prisée des coureurs locaux de l’époque et, accessoirement, de deux bouquets successifs glanés dans la semi-classique Gênes-Nice en 1968 et 69, le jeune espoir Bouguenaisien, Cyrille Guimard tardait à éclore. Cet ajusteur de formation, rompu aux contraignants, ingrats et exigeants labeurs des chantiers navales de l’Ile de Nantes dès l’âge de 14 ans, avait opté très tôt pour la bicyclette. Médaillé de bronze aux Championnats de France cadet à 16 ans, il intègrera, quatre saisons plus tard, les rangs très convoités de la formation de l’inénarrable homme au béret, Antonin Magne, alors «?patron?» du groupe Mercier BP Hutchinson. C’est donc en plein marasme estudiantin que notre jouvenceau s’apprêtait à livrer ses premières joutes professionnelles. Nous sommes en 1968. Catalogué routier sprinter à l’orée de sa carrière comme le démontrera son titre National en vitesse de 1970 où il rejoint, tout de même, des garçons tels «?Toto?» Gérardin, Lucien Michard ou Michel Rousseau, Cyrille Guimard n’aura de cesse de prouver, tout au long de sa carrière, l’étendue de son registre. Pourvu d’une vélocité aboutie, jamais démentie au fil des saisons, comme le prouvent ses nombreuses victoires à l’emballage, le Nantais s’avère être également un coureur complet comme le démontrent ses nombreux accessits lors d’épreuves atypiques telle l’?«?Enfer du Nord 1969?», le «?Ronde Van Vlaanderen 1971?» ou la «?Primavera 1973?» qu’il termine respectivement au troisième, septième et neuvième rang. Dans le même ordre d’idée, le futur «?manager?» du «?Blaireau?», apprivoise de fort belle manière les épreuves par étapes dites d’une semaine comme Paris Nice, le Tour du Pays Basque, le Dauphiné Libéré ou le Midi Libre, qu’il conquiert d’ailleurs en 1972. Funambule et rapide lors des arrivées au sprint, rouleur, un tantinet «?Flahute?» sur les pavés de Roubaix et les «?raidars?» qui mènent à Meerbeke, explosif et racé lors des ascensions nerveuses et tourmentées de la Cipressa ou du Poggio di San Remo, Cyrille Guimard possède, désormais, tous les atouts pour devenir à court ou moyen terme un «?saute ruisseau?» acteur incontournable lorsqu’à l’automne de chaque saison le parcours de la Grande Boucle sera dévoilé. Son baptême du feu aura lieu en 1970 et pour une mise en bouche ce fut «?Gargantuesque?». En effet, après un prologue plus ou moins bien appréhendé où il abandonnera une trentaine de secondes en sept bornes à un «?Cannibale?» plus prédateur encore que de coutume, le sprinter de «?Tonin le Taciturne?», s’adjugera sans coup férir et avec quelle maestria la première étape de ce Tour de France 1970. Dans les salons de son hôtel de La Rochelle, ville dans laquelle était jugée cette première levée de deux cent vingt borne et qui menait le peloton de Limoges à la préfecture de Charente Maritime et pour les férus d’histoire, cité chère au Cardinal de Richelieu, Cyrille Guimard jubilait. Le lauréat de ce premier emballage venait de recevoir un télégramme de son prédécesseur et «?maître?» en la matière, le «?Basque Bondissant?». André Darrigade, puisque c’est du Dacquois dont il s’agit, tenait à féliciter in extenso et personnellement celui qu’il tenait, depuis son ascension à la notoriété, comme son successeur le plus apte à battre son record de victoires sur le Tour de France à savoir, vingt deux bouquets. Toutefois, ce premier succès ne fut pas acquis dans l’aisance, la facilité, c’est le moins que l’on puisse dire. Il frisa même le burlesque, voir l’ubuesque, lorsqu’Eric Leman, Belge de son état, accessoirement triple vainqueur du «?Ronde?», entonna son récital de finisseur accompli un tour avant la cloche. Guimard eu alors la présence d’esprit, le reflexe inouï vu le contexte anarchique de la situation, de sauter dans la roue, aussi bienveillante que bienvenue, du Batave Leo Duyndam et de planté là, sans autre forme de procès, ces deux «?majestés?» que sont Jan Janssen et Eddy Merckx, dans l’ordre, plus Daniel Van Rijckeghem ! Excusez du peu ! L’opportunisme acéré presque à fleur de peau du Nantais en la circonstance démontrait, s’il en était encore besoin, tout le travail bénéfique effectué depuis deux saisons aux côtés de «?Tonin?le Sage». Cyrille Guimard achèvera, finalement, sa «?kermesse de juillet?» au 62ème rang, mais initialement, l’important n’était pas de faire une place au général mais d’engranger de l’expérience et se situer par rapport à ses adversaires potentiels pour l‘avenir. Toujours présent en compagnie du gratin lors des étapes en ligne, il s’est découvert des aptitudes d’escaladeur en ouvrant la route et en basculant en tête au col des Mouilles sur la route de Thonon et en récidivant le lendemain au col de Leschaux lors de l’étape menant le peloton à Grenoble. En revanche, ses carences criantes dans l’exercice du contre la montre, sans être rédhibitoire à long terme, semble problématique dans l’optique d’une future présence au sommet de la hiérarchie finale. En revanche, sa relative absence de la tête de course lors du dénouement en haute montagne tient, sans aucun doute, au fait que Guimard ne «?jouait?» pas, cette année là, une place au général. Donc, le jugement porté, si jugement il y eut, sur ses agissements en altitude s’avèrerait erroné car tronqué du fait de son manque flagrant de motivation. Maintenant, il serait bon de rappeler que le vice-champion de France (titre honorifique qu’il aurait pu obtenir à l’issue du déclassement de Paul Gutty, contrôlé positif) n’est âgé que de 23 ans à l‘époque des faits. Ce Tour 1970 verra un Eddy Merckx toujours aussi intraitable et implacable se succéder à lui-même, étendant encore un peu plus son hégémonie sur la discipline. A l’instar de la saison précédente, où pour son premier Tour de France, le «?Cannibale?» avait trusté l’ensemble des maillots et classements mis en jeu et repoussé son dauphin, Roger Pingeon, au-delà du quart d’heure, le Belge s’est montré tout aussi impétueux mais cependant moins boulimique, en abandonnant pour cinq misérables points le maillot vert à son compatriote Walter Godefroot et en reléguant son second, Joop Zoetemelk en dessous du quart d’heure. On se console comme on peut ! La Grande Boucle 1971, dominé par le duel épique entre Eddy Merckx et Luis Ocana, laissera peu de place aux péripéties autres que la dramaturgie de cette joute d’anthologie qui virera, finalement, au sinistre dénouement du col de Mente. Les passes d’armes entres les deux belligérants furent tellement nombreuses, étourdissantes, délirantes même et denses en émotion «?kaléidoscopique?» que parfois toute cette débauche de situations «?abracadabrantesques?» nous semblait irréelle, psychédélique. («?Ma Légende du Vélo?» Tome 1) Au milieu de ce «?capharnaüm pugilistique?» Cyrille Guimard, tirera à merveille son épingle du jeu et confirmera pleinement les espoirs placés en lui à l’issue de sa superbe prestation de 1970. Toujours aussi omniprésent lors des arrivées d’étape en ligne, le «?joker?» de la formation Mercier forcera le respect en affichant les énormes progrès réalisés en l’espace d’une saison en montagne. Sa septième place au sommet du «?Géant Auvergnat?», le Puy de Dôme derrière Ocana, Zoetemelk, Agostinho et Merckx, certes mais devant Thévenet et Motta, son cinquième rang à Grenoble après avoir escaladé le Cucheron et Porte, entres autres, derrière Ocana, toujours mais devant Van Impe et Merckx, en personne, démontre, s’il était nécessaire le fabuleux travail accompli durant l’inter saison et la confiance inébranlable emmagasinée depuis sa prise de conscience suite à ses passages en tête des cols lors de l’exercice précédent. Enfin pour couronner le tout, son aversion à l’effort solitaire, qui n’était apparemment qu’illusion est presque devenu un atout. Sa quatrième place à Albi sur seize bornes à 24?secondes du «?Cannibale?» mais à 11 de l’?«?Espagnol de Mont de Marsan?», son honorable neuvième place en haut de Superbagnères après neuf kilomètres de grimpette et le même accessit sur plus de cinquante bornes linéaires à l’arrivée sur l‘anneau en ciment de La Cipale, prouvent une fois de plus que le «?Petit Nantais?» est mûr pour défier, à défaut de le tutoyer, l’ogre Bruxellois. Septième à Paris à plus de vingt minutes du Belge, deuxième Français derrière le «?Bourguignon?», coureur essentiellement libellé «?Tour de France?», à 24 piges, l’avenir laisse augurer des lendemains enchanteurs. Enfin, nous étions en droit de le subodorer. Cyrille Guimard clôturera sa saison 1971 de la plus belle des manières en obtenant la médaille de bronze des «?Mondiaux?» de Mendrisio. Il sera devancé sur la ligne par deux fuyards appartenant à la caste très convoitée des «?Fluoriclasse?» à savoir, dans l’ordre, le «?Cannibale?» et le «?Bergamasque?». Merckx et Gimondi, auteurs d’un mano a mano d’anthologie termineront plus d’une minute devant notre Français qui règlera au sprint et en petit comité, le groupe de poursuivants auquel il appartenait en compagnie de l’Italien Giancarlo Polidori, du Belge Georges Pintens et du Danois Leif Mortensen. Lauréat du Prestige Pernod, titre honorifique destiné au meilleur Français de la saison écoulée, Guimard aura bien mérité de ses compatriotes pour cette saison bien remplie. La chute malencontreuse du col de Mente en 1971 avait attisé plus que de coutume les sensibilités déjà à fleur de peau d’Eddy Merckx et de Luis Ocana à l’aube de cette saison 2012. L’animosité entres les deux protagonistes atteignait son paroxysme à tel point que chacun des deux belliqueux se répandait, par voie de presse, en déversant leur «?fiel cyanuré?» . L’Espagnol orgueilleux à l’extrême clamait haut et fort que jamais, le Belge ne l’aurait terrassé sans son fâcheux accident. Le Belge, pour sa part, rétorquant que le plus Français des Ibères parlait trop et que son palmarès sur le Tour parlait pour lui. Les mois précédent le départ d’Angers furent pour le moins électrique. Sur le Giro, Merckx confronté à une coalition Espagnol, composé de Fuente, Galdos et Lopez Carril avait éprouvé toute les peines du monde à se débarrasser du premier nommé. José Manuel Fuente, leader de la formation Kas, grimpeur de poche à l’ancienne avait causé de grosses et amères misères au «?Cannibale?», remportant au passage deux étapes de montagne, cela va sans dire, pour finalement prendre la place de dauphin à moins de six minutes de l’indéracinable représentant d’outre Quiévrain. Bernard Thévenet, s’offrait, pour sa part, un Tour de Romandie de bonne facture devant Lucien Van Impe. Le «?Bourguignon?», toujours accompagné du «?Lilliputien?» Belge rejoignit bientôt Luis Ocana et tous les autres favoris du côté de Chalon sur Saône. En effet, tous, à l’exception de Merckx, décidèrent de se mesurer sur les routes escarpées d’un Dauphiné Libéré appétissant à défaut d‘alléchant. Si Luis Ocana s’adjugea l’épreuve chère à Thierry Cazeneuve devant Thévenet et Van Impe, c’est Roger Pingeon qui se montrera le plus à son avantage même si, une nouvelle fois victime d’un genou récalcitrant, «?La Guigne?» du se résoudre à abandonner ses compagnons de route et bâcher alors qu’il était ceint du maillot de leader. A la décharge du leader des Bic, il est à noter que durant toute sa préparation celui-ci du surmonter une bronchite tenace suivie d’une grippe carabinée. Terminer en tête d’une épreuve aussi exigeante dans ces conditions boosta un peu plus le moral alors friable et sujette aux doutes de la formation dirigée pas Maurice de Muer. Au départ du prologue d’Angers, ce 1er juillet 1972, les favoris à la victoire finale s’avèrent être peu ou prou les mêmes que la saison précédente. Si Merckx et Ocana, dans cet ordre, font figure d’épouvantail et trustent les deux premières places des parieurs zélés du «?Café du Commerce?», derrière c’est la bouteille à l’encre. De Bernard Thévenet à Felice Gimondi en passant par Roger Pingeon, Joaquim Agostinho, Lucien Van Impe, Joop Zoetemelk, Cyrille Guimard, tous possèdent les arguments pour jouer les empêcheurs de tourner en rond et pourquoi pas de créer la sensation. Sans parler du retour de l’enfant chéri de tout un peuple, j’ai nommé Raymond «?Poupou?» Poulidor, absent l’année précédente pour raisons commerciales (Europe 1). A ce propos, la nouvelle formation Gan Mercier de Louis Caput et de Claude Sudres superbement armée avec Guimard et «?Poupou?» promettait énormément. D’ailleurs, la mise en bouche des Mercier est tout sauf insipide. Après la victoire du «?Cannibale?» lors du prologue à l’issue duquel il revêt le paletot de leader, Guimard décide de rendre coup pour coup et s’adjuge à son tour l’étape du lendemain devant Wright, Kartens, Van Linden, Merckx, Basso, Verbeeck, s‘il vous plaît, engrange les bonifications et chipe le maillot jaune des épaules du Belge ébahi. Un vrai chassé croisé s‘engage. Le Nantais est sur un nuage. Il saute sur tout ce qui bouge, sprinte aux sommets de toutes les côtes, participe à tous les «?Points Chauds?». Sa boulimie soudaine émerveillera, une fois n’est pas coutume, Jacques Goddet. Peu disert et très réservé à son endroit d’ordinaire, le «?boss?» se laissera alors aller à quelques louanges du plus bel effet : «?J’ai l’impression que nous assistons à l’épanouissement d’un champion de style très moderne, adaptant avec une intelligence consommée ses moyens particuliers et sa technique aux besoins et aux développements de la course. Il dispose à la fois, du maillot jaune et du maillot blanc. Il est resté dans l?‘allure des rouleurs au prologue d’Angers; il a remporté le «?Point Chaud?» du jour et les six secondes de bonification qui y sont attachées; il s’est classé premier et second au sommet des deux côtes de la journée; et il a été, par-dessus le marché, récompensé comme ayant été le plus combatif de la course. Qui fera jamais mieux ??» Pas grand monde, effectivement ! Cyrille Guimard abandonnera pourtant son maillot jaune à l’issue du chrono par équipes de Saint-Jean-de-Monts mais le reprendra lors de la quatrième étape qui conduisait les coureurs à Royan. Cette étape sera meurtrière à cause du vent de trois quart et des «?bordures?» que cela engendra. Le bocage Vendéen étant propice à ce genre d’exercice atypique et périlleux, il ne fut donc pas étonnant de voir certains favoris plus «?flahutes?» que d’autres moins rompus aux épreuves du Nord, se porter en tête de peloton et se mettre à la planche. A l’exception de Poulidor, Pingeon et Agostinho tous les favoris figureront dans le groupe de tête à l‘arrivée. Le débours de trois minutes concédés par nos trois coureurs inattentifs sera rédhibitoire et par voie de conséquence, ils se retrouveront de facto écartés de la lutte à la victoire finale. Guimard est toujours ceint de jaune au soir de la première journée Pyrénéenne. Le «?Breton?» assidu s’est maintenu avec talent dans le sillage de Merckx tout au long de l’étape et terminé deuxième derrière Yves Hézard à Pau. Tous les favoris sont présents dans ce groupe excepté Luis Ocana retardé par une crevaison inopportune dans le Soulor au moment précis où le «?Cannibale?» posait une mine sismique dans le seul but de faire «?sauter?» Guimard, le présomptueux, l’usurpateur. Ce fait de course des plus anodins aura, paradoxalement, des conséquences dramatiques pour le jeune espoir Français de 22 ans, Alain Santy. Pris dans la chute, consécutive au dérapage d’Ocana, en quête d’un retour trop précipité à l’avant de la course, du côté d’Arthez-d’Asson, en compagnie de Thévenet, le Nordiste, au contraire du «?Bourguignon », ne se relèvera pas. Victime, entre autre, d’une fracture de la deuxième vertèbre cervicale, le visage ensanglanté, Alain Santy demeurera six mois le cou emprisonné au sein d’une minerve. Jamais, le natif de Lompret, ne confirmera les espoirs placés en lui à l’aube d’une carrière que tous les suiveurs s’autorisaient à penser qu’elle serait riche de succès. Outre Santy, cette étape avait fait de gros dégâts et nul doute que les aléas générés lors de celle-ci laisseraient des traces indélébiles. Thévenet commotionné mettra un long moment à se remettre de cette chute, même un bref passage à l’hôpital n’annihileront aucunement les séquelles engendrées par cette dernière. Van Impe et Agostinho, pour leur part, avait perdu dans l’affaire un temps infini et se demandaient encore quel stratagème ourdir afin de refaire leur important retard et enfin, Luis Ocana avait pris froid. Le lendemain, lors de l’étape Pau - Luchon, Eddy Merckx décida d’étouffer la «?jacquerie?» ambiante en s’imposant avec autorité devant Van Impe et Ocana. Au général, Guimard second, se retrouvait relégué à plus de deux minutes, juste devant Ocana, troisième. Idéalement placé au commande de l’épreuve, à la veille d’aborder les Alpes, Eddy Merckx apparaissait plus serein que jamais. Lors de la 11ème étape, le Belge contrôla admirablement la montée du «?Géant de Provence?» abandonnant la victoire à un Thévenet requinquer mais largué au général tout en contrôlant magistralement la concurrence. Merckx conservera pour le fun le premier accessit derrière le leader des Peugeot devant Ocana, Poulidor et les autres. Cyrille Guimard abandonnait encore une minute trente dans l’affaire. Néanmoins, on sentait poindre du côté des Mercier, et ce depuis un petit moment déjà, une rumeur insidieuse et inquiétante selon laquelle le Nantais se ressentirait de son genou. Les médecins consultés crurent déceler une tendinite. Il ne fallait pas être grand clerc pour, effectivement, subodorer qu’à ce moment de la course Cyrille Guimard souffrait d’une tendinite tenace. En revanche, je ne m’associerai nullement aux nombreuses supputations et allégations plus ou moins crédibles et souvent farfelues sur le pourquoi du comment. Certains avancent des choix de matériel par trop audacieux, des «?manivelles?» plus longues que d’ordinaire agissant sur les muscles et entraînant des traumatismes ligamentaires du genou etc. …. Toujours est il que du côté d’Orcières Merlette à la veille de l’étape de repos, Guimard eu toute les peines du monde à suivre le groupe de tête. Toutefois, à force de courage et d’abnégation, Guimard parvint non sans mal à ne concéder qu’une poignée de seconde sur ses principaux rivaux au général. Le Nantais demeurera cloîtré dans sa chambre d’hôtel toute la journée de repos. Il se laissera même aller à quelques confidences sur un possible retrait de l’épreuve ces prochains jours si d’aventure, le mal perdurait. A Briançon, où Merckx réalisa encore un numéro homérique afin d’asseoir définitivement son emprise sur l’épreuve, Cyrille Guimard tenta une nouvelle fois de limiter la casse. Il y parvint de fort belle manière en prenant la troisième place de l’étape juste derrière Felice Gimondi. Ocana, malade et en grande difficulté, le Mercier confortait sa place sur le podium. Le «?Cannibale?» récidivera le lendemain sur les pentes du Galibier au sommet duquel Guimard même amoindri reprenait du temps et la seconde place au général à Ocana, pour une trentaine de secondes. La question était, à ce moment là de la course, de savoir qui du Français ou de l’Espagnol était le plus mal en point. L’étape menant les rescapés de Valloire à Aix les Bains par les cols du Télégraphe, du Grand Cucheron et du Granier, nous donnera un semblant de réponse. En effet, surmontant ce mal sournois et lancinant qui le rongeait un peu plus à chaque instant qui défilait, Cyrille Guimard règlera le sprint du groupe de tête pour remporter une victoire à la Pyrrhus devant Merckx, Gimondi, Zoetemelk, Van Impe, Agostinho, Poulidor, Martinez et Delisle. Vous avez bien lu, pas de Luis Ocana dans le lot. L’Espagnol à la limite de la rupture, rendra les armes et ne reprendra pas le départ le lendemain pour l’étape du Revard. Luis Ocana abandonnait donc le Tour pour la troisième fois en quatre participation. Il n’assistera donc pas au triomphe de Cyrille Guimard au sommet de cette montée sèche de 28 bornes. Un triomphe et un nouveau succès de prestige car il précédait au sommet Merckx, d‘un centimètre (après photo finish), Van Impe et «?Poupou?» ! On ne parlait plus de tendinite au sein de la caravane concernant la douleur au genou de Cyrille Guimard mais d’épanchement de synovie. Bientôt, le mal empira et concerna les deux genoux. Le soir il ne quittait plus son lit et dînait allongé. Pour rejoindre la ligne de départ, on le portait sur une chaise avant de le placer sur sa selle. C’était une abomination de voir ce fier guerrier bataillant avec vigueur et panache une semaine auparavant ainsi dépourvu des atouts qui l‘avait mené jusqu‘au sommet de la hiérarchie de ce Tour 72. Les genoux bandés il n’était plus capable de marcher ni de se déplacer normalement. Des remèdes de charlatans et de grand-mère lui furent prescrit, en vain évidemment. Des infiltrations de novocaïne lui permettait toutefois de sauver les apparences et d’entretenir l’illusion. Jusqu’à quand ? Nombre de proches de son entourage, amis, partenaires et adversaires le pressaient de rendre les armes et d’abandonner, en pure perte. Il bénéficiait également de la complaisance bienveillante de ses adversaires conscients que le Nantais souffrait le martyre. Cette place de dauphin était si proche et si loin en même temps. Finalement, elle l’abandonna définitivement, l’avant-veille de l’arrivée, sur la route menant les rescapés, de cette 59ème édition du Tour de France, de Belfort à Auxerre du côté de Vesoul, la bien nommée. Meurtri, dépité, on le serait à moins, Cyrille Guimard assistera comme invité de l’organisation à l’arrivée sur la piste de La Cipale à Vincennes où son adversaire le plus farouche et vainqueur incontestable et incontesté de son troisième Tour de France consécutif, Eddy Merckx, bon prince, lui offrit son maillot vert. Tout un symbole que le principal intéressé du goûter que très modérément, à mon humble avis. Bref ! Cyrille Guimard terminera la saison en s’offrant une seconde médaille de bronze à Gap derrière les Transalpins Marino Basso et Franco Bitossi mais devant ….. Eddy Merckx ! En outre, il achèvera sa saison sur la troisième marche du podium du symbolique et très honorifique Super Prestige Pernod, derrière le «?Cannibale?», bien évidemment, et «?Poupou?». Cyrille Guimard ne sera plus jamais en mesure de rééditer ses superbes prestations passées lors des saisons suivantes. J’ai tout lieu de subodorer, que la cause de cet énorme gâchis tient au fait que le Nantais a sans doute trop demandé à un physique passablement entamé lors de ce fameux Tour 72. Mais seul Cyrille, lui-même, possède la réponse à cette interrogation qui pour moi demeurera une interrogation comme tant d‘autres. Guimard poursuivra sa carrière jusqu’en 76 et glanera ici et là quelques succès de prestige dont deux nouvelles victoires sur la Grande Boucle. Curieux de tout et novateur invétéré, il s’essaiera au «?Derby?» qu’il terminera au deuxième rang, en 1973, derrière son compatriote Enzo Mattioda mais devant un des meilleurs spécialistes, le Belge Walter Godefroot. Pour sa dernière saison il deviendra Champion de France de cyclo cross et dans la foulée butera au pied du podium des Mondiaux de la discipline à Chazay d’Azergues, derrière les spécialistes Suisses Zweifel et Frischknecht et le Français André Wilhelm. Au soir de sa retraite de coureur cycliste, cet éternel insatisfait embrassera la carrière de manager, formateur, recruteur, directeur sportif (au choix). Dénicheur de talent exceptionnel, Il exercera ces nouvelles fonctions et œuvrera avec le même professionnalisme, le même talent, la même passion et la même réussite insolente que lors de ses innombrables prouesses cyclistes. Cette seconde vie, fera l’objet d’un deuxième chapitre. Michel Crepel
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1 Joaquim Rodriguez 2 M Scarponi 3 D Pozzovivo 4 M Nieve 5 R Kreuziger
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Ha ? Je n'y avais pas songé, en vérité ! Je me rangerai à ton avis, ami !😉
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1 Joaquim Rodriguez 2 M Scarponi 3 D Pozzovivo 4 J Rujano 5 I Basso PS ; La photo représente un débat animé au sein de la formation "Mercenaire" au briefing de début de course. 😉
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1 G Visconti 2 A Ballan 3 T de Gendt 4 D Ulissi 5 D Cunego