Michel CREPEL PostĂ© le 9 octobre 2012 Share PostĂ© le 9 octobre 2012 Ce soir Ă 19h15 sur http://www.radio51.tk/  Eddy Merckx, un mythe est né : « Ronde Van Vlaanderen » 1969.Ce dimanche de mars 1969, l'atmosphĂšre est Ă la morositĂ©. Les conditions climatiques exĂ©crables laissent augurer, si ce n'est une journĂ©e de dupes, tout le moins une course des plus sĂ©lectives, Ăąpre et pour tout dire, contraignante Ă souhait. La bise du Nord, glaciale et revĂȘche, tourbillonne aux faĂźtes des grands bouleaux qui ploient dangereusement. Le feuillage naissant frissonne ajoutant Ă l'austĂ©ritĂ© ambiante une touche macabre. En outre, une pluie ininterrompue, mĂȘlĂ©e de neige fondue balaie lâassistance emmitouflĂ©e et promet, secrĂštement, aux flahutes un nivellement dĂ©mentiel par Ă©limination rĂ©dhibitoire. C'est dans ce climat de fin du monde que va s'Ă©lancer le Ronde Van Vlaanderen. Tous les artistes de la "petite reine" ont, nĂ©anmoins, rĂ©pondu prĂ©sent Ă la grande kermesse Flandrienne, notoriĂ©tĂ© oblige.Le jeune Eddy Merckx a tout juste vingt quatre ans lorsqu'il se prĂ©sente au dĂ©part de l'Ă©preuve mais tous ses adversaires prĂ©sumĂ©s connaissent, dĂ©jĂ , sa boulimie de succĂšs et son appĂ©tit de victoires Ă venir. Il est vrai que, nanti, Ă cet age, d'un titre de Champion du Monde (1967), d'un Giro (1968), d'un Paris Roubaix (1968), de trois "Primavera" (1966,67 et 69), d'une FlĂšche Wallonne (1967) et d'un Gand Wevelgem (1967), le jouvenceau de Meensel-Kiezegem est, non seulement, en train d'Ă©baucher la saison la plus accomplie de sa jeune carriĂšre, mais pire, d'inspirer une trouille innommable, insidieuse et irrĂ©versible Ă un peloton proche de la soumission. La course, en fait, s'est dĂ©roulĂ©e en trois actes distincts. A l'approche de Rudderwoorde, tout d'abord, Ă deux encablures de Courtrai, une chute dĂ©concertante dans son dĂ©roulement Ă©limine, prĂ©maturĂ©ment, un favori dĂ©clarĂ©, en la personne de Walter Godefroot. Le "Finisseur", pourtant rompu Ă ce genre d'exercice, se trouvait, malencontreusement, Ă ce moment lĂ , au beau milieu du peloton. La punition est immĂ©diate pour le Belge de Flandria. Elle se dessine sous la forme dâune vive accĂ©lĂ©ration, lĂ©gitime, des adversaires dĂ©clarĂ©s du futur ex-patron des T-Mobile. Un groupe dâune trentaine dâhommes se retrouvent, ainsi, au commandement dâune course qui est loin, trĂšs loin, dâavoir rendu son verdict. Tous les favoris, peu ou prou, figurent au sein de ce peloton rĂ©duit. Eddy Merckx, entourĂ© de sa garde rapprochĂ©e, Spruyt, Stevens et Van de Kerckhove, nâest pas le dernier, loin sâen faut, à « visser la poignĂ©e ». Les compagnons dâĂ©chappĂ©e du futur « Cannibale » ne sont pas en reste et lâĂ©noncĂ© de leur nom laisse subodorer, aux suiveurs de tout poil, que nul ne les reverra avant le final de Meerbeke. En effet, sont prĂ©sents, les Transalpins Gimondi, Bitossi, Basso, Adorni et Zilioli et les Français, Poulidor, Cadiou et Crepel (Philippe). Merckx nâa pas attendu le secteur des Monts pour jauger ses adversaires potentiels et câest dans son style caractĂ©ristique, arc boutĂ© sur sa monture, que le Wallon se porte en tĂȘte du groupe afin dâimprimer un train dâenfer dans le but dâopĂ©rer un Ă©crĂ©mage en rĂšgle. Sâensuit une accalmie salvatrice pour une partie du groupe des fuyards qui, toutefois, nâinspire rien de positif aux membres prĂ©sents de la Faema. Le train de sĂ©nateur qui sâest instaurĂ©, depuis un moment dĂ©jĂ , rend les desseins vellĂ©itaires de Merckx plus quâalĂ©atoires. Bravant la torpeur de lâassemblĂ©e prĂ©sente, le futur mythe de la « petite reine » porte une attaque du cĂŽtĂ© de Renaix, plus prĂ©cisĂ©ment au mont Cruche. Au Mur de Grammont le Belge voltige et nâaperçoit plus Ăąme qui vive dans sa roue, si ce nâest le coureur au « cĆur fou » Franco Bitossi dĂ©ambulant, dans un rictus cadavĂ©rique, Ă une poignĂ©e de seconde au sommet du cauchemardesque « raidar Flandrien ». Dans le faux plat descendant, un regroupement partiel sâopĂšre, nĂ©anmoins. Outre, Bitossi, la colonie Italienne est prĂ©sente dans son ensemble ou presque. Le « Bergamasque » entraĂźne dans son sillage ses compĂšres Basso et Zilioli, le « Show man » fermant la marche. Cette situation nouvelle et inespĂ©rĂ©e gĂ©nĂšre une suave dĂ©lectation voir un soupçon de jouissance dans le camp, hilare pour la circonstance, Transalpin. Pensez donc, un Belge, fusse tâil Merckx, pris en tenaille au sein dâune squadra de feu âŠÂ !Les cinq roulent de concert et le Belge ne rechigne, nullement, Ă la tĂąche et câest un euphĂ©misme que de lâaffirmer. Se prĂ©sente, alors, au lieu dit Vollezele, la bien nommĂ©e, un faux plat montant. Et alors, me direz vous, le Tour des Flandres regorge de ce genre de difficultĂ©s et ce nâest pas une rampe de plus âŠexceptĂ© que le cap des deux cent bornes est depuis un moment, dĂ©jĂ , remisĂ© au profit et perte. HonnĂȘte joueur de ballon rond, Eddy Merckx, produit une accĂ©lĂ©ration anodine Ă lâendroit mĂȘme, un stade municipal, oĂč des marmots galopent Ă la poursuite dâun ballon capricieux. Tout un symbole. En rĂ©alitĂ©, le terme accĂ©lĂ©ration semble galvaudĂ©e, ici, changement de rythme serait plus appropriĂ© Ă lâeffet escomptĂ©. Toujours est il que celui-ci a pour consĂ©quence dâopĂ©rer un trou imperceptible, encore, mais inexorable, pour la suite. Les Italiens abasourdis par tant dâinsolence se toisent, un instant, en « chien de faĂŻence » en maugrĂ©ant, dans leur patois latin, tout le mĂ©pris que leur inspirait le jeune prĂ©somptueux. Mal leur en prit, car au bout de cette interminable ligne droite, le jeune « pĂ©dant » pointait, dĂ©jĂ , avec vingt cinq secondes dâavance sans avoir, rĂ©ellement, donnĂ© lâimpression dâĂȘtre Ă bloc. Lâentreprise Ă©tait, tout de mĂȘme, osĂ©e. Le contre la montre par Ă©quipe qui sâĂ©branlait, tel un train en recherche dune vitesse de croisiĂšre, par les membres de la rĂ©sistance Italienne, aurait, Ă un moment ou Ă un autre, raison de pareille forfanterie. Câest en tout cas ce que Guillaume Driessens a subodorĂ© dans lâinstant. Le « Directeur sportif - mentor - manager » du jeune Eddy, se porte, alors, Ă sa hauteur au volant de sa 404 et se met, soudain, Ă vilipender, vertement, lâinsensĂ© coupable de ce coup de folie. La rĂ©ponse, de lâintĂ©ressĂ© fuse, tel un boomerang, Ă lâencontre du jovial patron de la Faema, par lâentremise dâun bras dâhonneur, du plus bel effet, que la dĂ©cence mâinterdit de reproduire ici. Tant et si bien que Merckx poursuit son cavalier seul, faisant fi, par la mĂȘme occasion, des plus Ă©lĂ©mentaires rĂšgles de prudence.Durant vingt cinq bornes, vent de face et malgrĂ© les averses incessantes qui perdurent et sâacharnent sur sa carcasse transie, le Bruxellois dâadoption, sâacharne Ă maintenir lâĂ©cart Ă une misĂ©rable minute. La qualitĂ© de lâopposition nâest, Ă©videmment, pas Ă©trangĂšre Ă cet Ă©tat de fait. Enfin, passĂ© les longs bouts droits peu propices Ă la dĂ©marche entreprise, la course bifurque Ă Niederbrakel pour emprunter des portions de route plus favorables Ă sa chevauchĂ©e suicidaire.A ce moment lĂ , dĂ©chaĂźnĂ©, Eddy creuse un Ă©cart qui sâavĂ©rera, finalement, dĂ©terminant. En prenant connaissance des nouveaux Ă©carts, le train des « azzuris », passablement harassĂ©, prend, alors, un vĂ©ritable « coup de blues ».La gamberge nâest pas bonne conseillĂšre et a pour effet de rendre irrĂ©mĂ©diable le simple vĆux ou le misĂ©rable espoir de revoir le maillot Faema avant Meerbeke. Eddy Merckx, loin de toute cette philosophie latente, dominateur impitoyable, franchira la ligne dâarrivĂ©e plus de cinq minutes devant le « Bergamasque » qui avait faussĂ© compagnie, dans les derniers hectomĂštres, Ă ses compagnons dâinfortune. Ces derniers, afficheront un dĂ©bours de plus de huit minutes sur le hĂ©ros du jour. Pour la petite histoire, Marino Basso ne se formalisera pas en rĂ©glant Franco Bitossi au sprint.Ce jour de 69 est nĂ©, vĂ©ritablement, le mythe et la lĂ©gende du « Roi Eddy ». Non seulement il a dĂ©montrĂ© une supĂ©rioritĂ© insolente vis-Ă -vis dâune opposition de tout premier ordre mais, en outre, il a eu le bon goĂ»t dây inclure un ingrĂ©dient dĂ©terminant et pour tout dire incontournable, dont tous les amoureux et passionnĂ©s de la « petite reine » sont friands et avares, Ă savoir le panache !Cette saison 1969 le verra de surcroĂźt, Ă©crire la premiĂšre de ses cinq pages Tour de France avec, au passage, un trust unique de tous les classements mis en jeu. Il triomphera, en outre, lors de la premiĂšre de ses cinq « Doyenne » et inscrira son deuxiĂšme Gand Wevelgem Ă un palmarĂšs, dĂ©jĂ , exceptionnel. Eddy Merckx terminera la saison en tĂȘte du classement Super Prestige Pernod, vĂ©ritable Championnat du Monde par points. MIchel Crepel Lien vers le commentaire Partager sur dâautres sites More sharing options...
Emile ARBES PostĂ© le 9 octobre 2012 Share PostĂ© le 9 octobre 2012 Merci Mimi, Lien vers le commentaire Partager sur dâautres sites More sharing options...
Eddy LEDOUX PostĂ© le 9 octobre 2012 Share PostĂ© le 9 octobre 2012 merci Michel , je chercher justement des articles sur Eddy Merkx cela tombe bien đ Lien vers le commentaire Partager sur dâautres sites More sharing options...
Claude CARRIES PostĂ© le 9 octobre 2012 Share PostĂ© le 9 octobre 2012 Merçi Michel.Comme toi certainement,j'ai vĂ©cu la plupart des exploits du cannibale,et j'en ai les frissons chaque fois que l'on Ă©voque ce qu'il a fait.Il faut l'avoir vĂ©cu Lien vers le commentaire Partager sur dâautres sites More sharing options...
Jean-luc BOURIOT PostĂ© le 9 octobre 2012 Share PostĂ© le 9 octobre 2012 Quel bonheur que de lire ce rĂ©cit....toute mon adolescence qui revient.....les posters qui ornaient les murs de ma chambre...Encore Michel  stp encoreeeee Lien vers le commentaire Partager sur dâautres sites More sharing options...
Jean-Pierre COURQUIN PostĂ© le 9 octobre 2012 Share PostĂ© le 9 octobre 2012 merçi pour ce bon moment de lecture qui nous ramĂšne a notre jeunesse ........n'oublie pas ma commande ....bon vĂ©lo Lien vers le commentaire Partager sur dâautres sites More sharing options...
Christophe MASSIE PostĂ© le 9 octobre 2012 Share PostĂ© le 9 octobre 2012  Pas de ma gĂ©nĂ©ration non plus Eddy Merckx, mais quel rĂ©cit captivant ! Cela remet ces hommes Ă leur juste place, Ă une Ă©poque oĂč les progrĂšs techniques et technologiques de toutes parts, et qui participent aux performances des coureurs d'aujourd'hui, voudraient presque dĂ©moder les performances de ceux d'hier.Je me suis un peu intĂ©ressĂ© Ă ce coureur, Ă son palmarĂšs, en essayant de comprendre en quoi il Ă©tait exceptionnel. Les explications que j'ai trouvĂ©es m'ont surprises et appris : un meilleur coeur ? non. De meilleures jambes ? non plus. Un meilleur vĂ©lo, un meilleur entrainement ? encore ratĂ©. Non, dâaprĂšs ses contemporains, ce en quoi il Ă©tait exceptionnel, c'Ă©tait dans son abnĂ©gation, sa dĂ©termination, sa capacitĂ© Ă supporter la douleur de l'effort, il savait aller encore plus loin que ses adversaires. Les limites mentales sont atteintes bien avant celles du corps. Question de survie d'ailleurs. Quand on regarde ce qu'a Ă©tĂ© la vie de certains grands hommes, mĂȘme en dehors du sport, reviennent souvent ces caractĂ©ristiques de tempĂ©rament. C'est bien le 3Ăšme levier Ă travailler lorsque l'on veut progresser Ă vĂ©lo, en plus des jambes et du coeur.Merci pour ce post, Michel. Lien vers le commentaire Partager sur dâautres sites More sharing options...
Michel CREPEL PostĂ© le 9 octobre 2012 Auteur Share PostĂ© le 9 octobre 2012 Tu t'exprimes ainsi lorsque tu parles Ă ton "vieux" ? Moi, il prendrait mon pied au cul et la lourde !đ Lien vers le commentaire Partager sur dâautres sites More sharing options...
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