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Les flottes du 13


Christian GILLON

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 Avec un peu de retard, juste le temps de sécher, mon CR des bosses.


S’il y a une chose que je déteste c’est faire du vélo sous la pluie, c’est mouillé, on n’y voit rien et en plus ça glisse.


Une autre chose que je déteste ce sont les escargots.


Un truc que j’aime bien par contre c’est le soleil et les beaux paysages. C’est pourquoi pour ma première cyclo j’ai choisi la sécurité : les bosses du 13. Pas de risque à mi septembre à Marseille on ne peut avoir que du beau temps. En tous cas ce n’est pas Franck du Loir et Cher (s’il me lit il se reconnaitra) qui me contredira…..


Je suis cycliste (ou prétendu tel) depuis quelques temps, mais je n’ai jamais osé affronter un chronomètre, ce qui, vu la qualité de mes performances prouve que je suis conscient, me contentant à titre de « compétition » de randonnées cyclosportives sans prises de temps (ni prises de têtes). Bien sur comme tout le monde lors d’une sortie je suis fier de passer un gars et j’enrage quand on me laisse sur place, bref j’ai le virus du vélo. Ceci pour vous dire que j’ai fini par me décider pour m’inscrire à une vraie cyclosportive : une comme on voit dans les revues de vélo ou qu’on peut trouver sur internet, une avec plein de concurrents au départ, avec des tronçons de routes sécurisées et des signaleurs à tous les coins de rues, une avec des temps officiels et des contrôles magnétiques, bref une cyclo avec des vrais cyclistes dedans…..


Les Bosses du 13 ça m’a paru cool pour concilier tous ces impératifs : une cyclo au soleil. Conscient de mes possibilités j’opte pour le parcours moyen (134kms)


3h45. Ils sont pas sympas les marseillais, on n’a pas idée de devoir se réveiller aussi tôt pour aller pédaler. Mais le triomphe n’attend pas et la Gineste appartient à ceux qui se lèvent tôt. Un coup d’œil au ciel nocturne, la météo hier soir n’était pas très optimiste, mais non il y a plein d’étoiles. C’est décidé, j’y vais. Un déjeuner substantiel mais rapide et me voilà sur l’autoroute. Aïe ! après quelques kilométres je vois les premiers éclairs et bientôt la pluie sur le pare brise, pendant deux heures ça va aller et venir en me faisant espérer le sec, mais j’arriverai à Marseille sous la flotte.


Un grand merci à TomTom qui m’a permis de ne pas me perdre et me voilà dans une file continue de voitures qui se dirigent dans la nuit vers Luminy. C’est fou la quantité de types assez cinglés qu’on peut trouver pour aller rouler à l’aube  sous la pluie moi qui pensait être le seul abruti, mes dernières hésitations sont balayées, je n’ai pas fait 200 bornes en voiture pour rien : c’est ma première course…


Je retire mon dossard et je m’équipe, ouf je n’ai pas oublié l’imper, et me voilà prêt au départ, direction les sas. Ça ressemble vraiment à une cyclo, il y a des voitures ouvreuses et des motards de la gendarmerie, des bénévoles qui parlent dans des radios, des banderoles et un village des sponsors, pas de doute je suis dans la cour des grands. Seul petit bémol la pluie redouble….et mouille le café que l’on vient de m’offrir. Deux bénévoles à l’accent caractéristique discutent météo, l’un  dit que ça devrait se dégager vers 10-11 heures, l’autre rétorque « alors ils vont se prendre le Mistral dans la Gineste…. ». ce ne sont pas ces paroles sibyllines qui vont arrêter un vaillant coursier, ça doit être une galéjade marseillaise. Me voilà dans mon sas au milieu de plusieurs centaines de vélo plus mouillés les uns que les autres. On échange sourires et plaisanteries pour se convaincre que le temps est à peine humide, tout le monde est de bonne humeur et fait un pied de nez aux intempéries. Soudain, ça y est ! ça s’anime devant. Avec quelques minutes de retard les fauves sont lâchés.


Il faut que je vous explique le dilemme du cycliste myope par temps de pluie : soit il regarde à travers ses lunettes et il ne voit rien à cause des gouttes et la buée soit il tente de voir par le petit espace entre le bord du casque et les lunettes et il n’y voit rien tout court….bref j’attaque la Gineste dans un flou artistique et humide, il parait que quelque part sur la droite on voit un panorama sur Marseille, je vois un vague halo de nuages.


Plusieurs concurrents sont victimes de crevaison. Je croise les doigts pour que ça ne m’arrive pas, je ne suis pas très doué pour réparer et je redoute la voiture balai


Je me concentre pour ne pas partir comme un fou et en même temps ne pas me faire décrocher, je repère à leurs maillots quelques concurrents  qui vont, semblent ils, au même rythme que moi, je n’ai pas l’impression d’être trop ridicule, tout va bien. Descente ver Cassis, la pluie diminue et se transforme en légère bruine la route est en parfaite état, moi qui ne suis pas un brillant descendeur je trouve le moyen de m’amuser. Les lacets s’enchainent, je joue au pro. Pas le temps de réfléchir voilà La Ciotat.


Il ne pleut plus j’enlève l’imper, de toutes façons, mouillé pour mouillé l’eau du Bon Dieu vaut bien ma transpiration. Montée de Ceyreste, je commence à comprendre pourquoi ça s’appelle les Bosses…mais je tiens toujours mon rythme. Soudain une bande de fusées me rattrape et me laisse sur place, ce sont les premiers du petit parcours, partis avec 20 minutes de retard, qui ont comblé l’écart et le creusent en sens inverse à grands coups de pédale. Je réalise que se prendre pour un pro c’est bien mais qu’il y a encore quelques progrès à faire….


Pour remonter le moral, il y a régulièrement des spectateurs qui nous encouragent au passage et des photographes qui immortalisent l’instant. Quand je vous disais que ça le fait….les gendarmes bloquent la circulation et on passe les ronds points (presque) à fond.


Les tipis d’OK Corral voient revenir la pluie, mais ce n’est plus grave. Je suis là pour mouiller le maillot dans tous les sens du terme, la météo a décidé d’y contribuer : il tombe des cordes jusqu’à Gemenos. Stoïques les bénévoles sous leurs parapluies voient passer notre caravane et nous dirigent vers nos parcours respectifs.


On quitte la grand route, pour une plus petite qui se met à grimper, je sais que j’ai plus d’une demie heure d’avance sur le balai, j’attaque la montée serein en me permettant de dépasser quelques gars, quand je vous disais que je me sentais bien….Soudain PAF ! Pchiiiiiiittt on croirait Fernandel dans « la vache et le prisonnier » mes yeux tombent sur mon pneu avant où fusent les bulles.moi qui n’aime pas réparer je vais devoir m’y coller sous la flotte, avec une angoisse : cette foutue voiture balai qui est quelque part derrière moi et qui se rapproche inexorablement.


Je découvre avec stupéfaction l’origine de mes malheurs : un escargot….quand je vous disais que ce sont des sales bêtes. Un gastéropode suicidaire s’est jeté sous ma roue et a achevé à la fois sa vie et mon rêve de faire un temps correct. Un morceau de la coquille est resté planté dans le pneu et j’ai toute les peines du monde à l’en déloger. Pendant que je m’escrime à tenter de l’extraire et changer ma chambre, des vélos me passent par grappes de plus en plus espacées, la source se tarit irrémédiablement…. Un couple….une féminine toute seule….plus personne…ça y est, je dois être le dernier.


Quand je reprends ma route la pluie s’est enfin arrêtée, le balai ne m’a pas rattrapé, tout reste à refaire (quand je vous disais que j’ai l’âme d’un coureur). Je ne veux pas être la lanterne rouge, je pars  en chasse…. Tu parles d’un chasseur, un bourrin serait un terme plus approprié…..Tartarin à la chasse à la casquette ….. Je demande au passage à un signaleur s’il sait si je suis le dernier et sa réponse n’est guère encourageante. Pour m’achever un peu plus la route jusque là excellente se met à tortiller sur des petits chemins rendus plus ou moins boueux par les orages de la nuit. Deux raidars dans les 12-13% me cassent les pattes mais bientôt j’ai un objectif en ligne de mire. Je passe un couple d’attardé puis une solitaire, ça y est je ne suis plus dernier….je continue à attaquer pour tenter de refaire mon retard, mais la route s’élève et je me rends compte que je ne suis pas Eddy Merckx.


Arrêt au ravito. La voiture balai surgit. Je suis désespéré. Ai-je fait tout cela pour rien ? Non. Le chauffeur me précise qu’il est en avance sur son planning et que je suis dans le chrono pour finir. C’est reparti. Je boucle l’Espigoulier dans la brume avec une visibilité à 30 mètres, je repasserai pour les beaux paysages. La descente qui commence dans le froid et l’humide voit le soleil s’affirmer enfin petit à petit, je grignote les secondes et le moral remonte même si une crampe menace.


Dernier ravito, dernier contrôle en passant sur le détecteur magnétique, je suis redevenu un pro ! Tout va bien,  je vais les boucler ces foutues bosses.


Je découvre alors le dernier piège : s’il fait enfin beau, il y a un prix à payer. Le Mistral s’est levé et je comprends la prophétie du départ. Finalement les marseillais n’exagèrent pas toujours. Je ne sais pas qui est l’abruti qui a laissé la porte ouverte dans la Gineste mais ça fait comme un courant d’air….les kilomètres deviennent terriblement longs ; une procession de cyclistes attardés se perd dans la garigue. Carpiagne, un dernier effort et c’est la bascule. Je descends vers Luminy. L’arche du dernier kilomètre, puis la ligne d’arrivée. Un coup d’œil au chrono, même si ce n’est pas brillant. L’honneur est sauf il y  en a quelques uns (peu nombreux et tout aussi méritants) derrière.


Je suis fier d’avoir bouclé ce que je considère, même si le terme est inapproprié, comme ma première course.


Rendez vous est pris pour l’année prochaine avec déjà deux résolutions :


-          Penser à réserver le beau temps


-          Prévoir dans la musette de l’ail est du beurre persillé pour faire fuir les escargots……

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BRAVO ; la pluie est aussi ce que je déteste et bien souvent et malgré parfois des mauvaises prévisions je me désiste pour ne pas me mouiller (être malade et surtout tomber)

mais quand la récompense est a la hauteur des espérances ce n est que du plaisirs , mes deux premières cyclosportive m ont donné envie de continuer encore plus , pour, comme toi les paysages , les amitiés  qui peuvent se nouer en cour de parcours , des petites tape dans les mains après une saine lutte sur la route

j attends avec impatience 2014 pour m y frotter encore , 2012 avait été un peu dure , 2013 mieux en préparation et maintenant avec un peu d'expérience  2014  on va voir ce q u on va voir    .....loool,

je sais a quoi parfois je me mesure , il y en a  ce sont de sacré bons rouleurs ,car je roule avec eux sur mes route d'entrainement des  top 20dans la ronde picarde grands parcours

bonne route

 

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Un grand BRAVO ; les gars de la voiture sans balai sont sympa. Il y a 2 ans pluie aussi nombreuses crevaisons. ils m'avaient dépanné dans le bas de l'Espigoulier ; je venais de terminer de remonter mon pneu et ils se sont arrêtés me disant en rigolant que j'étais hors délais ! Puis l'un d'eux a sorti une bonne pompe et m'a gonflé le pneu. Puis j'ai foncé pour rattraper mon épouse. Cette année pas de crevaison ; on est certainement le couple cité dans le reportage. Les occupants de la voiture sans balai nous ont bien soutenu tout au long du retour sur Luminy. On a bien discuté avec eux lors de la remise des récompenses.

Merci à eux.

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Compte rendu de maître, chapeau bas. Si ce n'est déjà fait tu devrais te lancer dans l'écriture

Par contre le Bourguignon d'origine que je suis a un peu de mal à croire que la coquille du gastéropode qui, entres autres, a fait la réputation de cette belle région a pu couper ton pneu.

Le Provonçal que je suis devenu regrette ce mauvais temps qui est, rassures-toi vraiment exceptionnel

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je le savais c'est un complot  de bourguignons qui est à l'origine de mon désaroi.....

aussi surprenant que cela puisse paraitre c'est pourtant bien une coquille d'escargot (exactement l'espéce de rebord plus épais qui borde l''entrée du trou où ce fourbe mollusque  se tapit en guettant les paisibles  cyclistes innocents) qui a perforé mon pneu. en fait la coquille s'est écrasée et le rebord a fait une sorte d'écharde acérée que j'ai eu toutes les peines du monde à retirer.

je me suis dit sur le coup: si je raconte ça personne en me croira....et pourtant....

le crime s'est commis sans témoin. l'animal est fourbe et hostile: il frappe sans prévenir là où on l'attend le moins, avec la vitesse de l'éclair (surtout par temps orageux)

je n'ai que la bonne foi de la paisible victime pour justifier mon propos

l'entaillle dans mon pneu est toujours bien visible, heureusement ça permet de déméntir tous ceux qui m'accusent ed galéjades ou d'éthylisme chronique. Non je ne vois pas encore d'escargots roses!!!!

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