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Le Doyen


Bernard PIGUET

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            Pendant que « les gamins » terminent leur critérium de France, ce prochain 24 juillet, Ferdi Kübler, fêtera ses nonante quatre ans, ou plutôt fir und neunzig jarh, et à l’approche du centenaire du TDF, début 2003, voici un extrait de ce qui m’avait cru bon d’écrire sur cet événement qui reste une vitrine de notre sport, et que son histoire ne peut laisser insensible :

56 TDF se sont déroulés depuis 1947, année de la reprise d’après-guerre, offrant 30 vainqueurs différents, 20 ont empoché une édition ce qui est déjà méritoire, plus chanceux ou tout simplement plus doués 6 se sont partagés 16 éditons, puis 4 plus boulimiques ont 20 TDF à leur actif.

 

 La veille de la présentation de cet anniversaire, l’organisation du TDF eut une idée lumineuse en conviant les 22 anciens vainqueurs encore en vie, à une soirée le 23 octobre dernier, 21 ont pu être présents, on se demande ce qui a pu retenir Roger Pingeon pour rater cette prestigieuse réunion.

 Faisons honneur au doyen de cette mémorable soirée d’anniversaire, Ferdi Kübler, né en 1919, l’homme semble intact, poids et taille de pantalon des années 50.

 « L’aigle d’Adliswil » « Le Cheval fou » ou hennissant, ou encore « Monsieur 100000 volts » suivant l’humeur des proches, des journalistes, ou du scénario en cours. Car que l’on se souvienne, les acteurs de cette époque hauts en couleurs, imprévisibles, libres de leurs mouvements, étaient et avaient le comportement de véritables champions.

Une grande élégance le caractérisait, jamais ou rarement en danseuse, très en ligne, j’ai encore en mémoire une photo de Ferdi prise dans un virage pavé du Lukmanier. C’est sur de tel cliché, que l’on apprécie toujours avec sévérité, le style et l’aisance d’un cycliste.

 

Déjà vainqueur de 2 étapes en 1947, il semble faire l’impasse en 1948 ayant remporté son tour national en juin, c’est donc en 1949 qu’il prépara son succès de 1950. Il remporte la 5e étape de Saint Malo, celle là même ou Fausto échappé lui aussi s’accroche avec « La perruche », chute et brise roue et fourche, les incidents y compris les crevaisons, prenaient toujours un contour dramatique, discussion, tergiversation, perte de moral, évocation d’abandon, si bien que le débours le soir est de 19’ pour le futur vainqueur de ce tour. Quelques jours plus tard, il en efface une partie sur la très longue étape CLM, Les Sables d’Olonne-La Rochelle pas moins de 98 km, et justement Ferdi son dauphin, se fit pénaliser pour le port d’un maillot de soie. Cela était strictement interdit, pour motif que tout le monde ne pouvait s’offrir un tel article et qu’en plus il procurait un avantage, de poids certes, mais aussi d’aisance, on ne parlait pas encore d’aérodynamisme. On croit rêver quand dans notre 21e siècle, ou l’on prêche hypocritement, tous les jours, l’égalité des chances, les équipes riches lors des arrivées en altitude, rapatrie dans la ville étape leur leader en hélicoptère, alors que les autres moins riches redescendent à vélo dans le trafic.

Arrivèrent les Alpes, elles s’effectuaient intégralement alors, en 3 jours du sud au nord pour ce tour qui tournait dans le sens + (trigo bien sûr). Cannes-Briançon était la première réjouissance, 285 km, 5200 mètres d’élévation, 3 cols seulement non asphaltés bien entendu, car on ne s’embarrassait pas de compter toutes les taupinières de France, ce qui fait que les 4 cols entre Grasse et Castellane étaient passés sous silence et n’étaient en fait, qu’un échauffement. Il faut croire que Ferdi était plus vite échauffé que les autres, car dès les premières pentes d’Allos il joua les  éclaireurs, pour prouver ce qu’il clamait depuis quelques jours, que le tour se gagnerait dans les Alpes et que les Pyrénées n’avaient servi qu’à vérifier le matériel. Passé cet obstacle et la vallée de l’Ubaye, il attaqua Vars, toujours avec fougue, hélas contrariée plus haut par 2 crevaisons. Je ne saurais dire s’ils disposaient alors de 2 boyaux de rechange, et le rôle que jouaient les voitures techniques, qui étaient alors des jeeps, mais comme mentionné plus haut la crevaison était alors pénalisante et la réparation à la charge de l’intéressé. Les « due campionissimi » qui allaient terminer l’étape en 10h05’, passèrent avec ce qu’il pouvait rester de l’avant garde, sans un regard pour cet infortuné qui implorait le ciel, pompe à la main. L’Izoard ne nous dira jamais le volume de ses invectives contre le sort, car comme « La Brambille », vainqueur ou vaincu, il manifestait verbalement ses états d’âme. quoiqu’il en soit il rejoignit Briançon, pour rester dans le jeu dans l’attente de jours meilleurs, mais peut être aussi pour honorer son public le surlendemain à Lausanne, ou encore tout simplement, pour conserver le rythme car 6 jours après le tour, il prenait le départ du tour de Suisse exceptionnellement placé début août, pour le remporter bien sûr.

 

Eclectique, il s’est exprimé sur tous les terrains, spécialiste du week-end Ardennais, qu’il a remporté 2 fois de suite en 1951 et 1952, en ratant un 3e de peu en 1954. Je précise bien WE, car à cette époque la flèche Wallonne se déroulait le samedi, et Liège-Bastogne-Liège le dimanche, avec classement sur l’ensemble à la clé. Par ailleurs, il fut champion du monde sur route en 1951 à Varèse au nez et à la barbe des Italiens. Et pour parfaire son répertoire il remporte Bordeaux-Paris en 1953, épreuve disparue aujourd’hui, pour sa trop grande spécificité, n’offrant pas une rentabilité garantie en image et en revenu tout court.

A 36 ans Ferdi est au départ du TDF 1955, pas pour figurer, pour se battre conformément à son statut de guerrier. Et le 19 juillet vaut un commentaire pour mieux situer l’homme, ce jour-là sous un ciel de feu, le Ventoux version Bédoin est au menu, avec arrivée en Avignon. A l’approche du géant de Provence, il s’isole à l’avant avec Scodeller et Géminiani qui avait toujours trop chaud dans un peloton. Dès les premières rampes « Le grand Gem » voulut modérer l’ardeur de Ferdi « Attention Ferdi ce col n’est pas comme les autres », que diantre quel était cet empêcheur ? Et il rétorqua « Mais Ferdi non plus, pas coureur comme les autres ». Et bien sûr les difficiles pentes arides, peu ombragées, propices à la dégradation physique, châtièrent une fois de plus un non calculateur, travers qu’il assuma en donnant de la voix, et si ce n’était pas sa première détresse, elle s’avéra suffisamment cuisante pour que ce soit la dernière. Il est vrai qu’il n’apparût plus dans les résultats, néanmoins en 1957, au critérium de Daumesnil qui se courrait derrière scooter, il fut un des 4, avec Bobet, Baldini et Darrigade, à ne pas prendre un tour par le nouveau prodige Jacques Anquetil.

 

Alors maintenant pour maintenir le ton de ce forum, que prenait Ferdi ? La question est intéressante, car il faudrait rapidement rattraper le temps perdu, car convenez en, nous sommes tous prêts à signer, pour une projection comme la sienne.

 

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Ca conserve les amphets, vu son age. Il y avait la "mémé" (méthédrine), diabolique. Le "tonton" (Tonédron) un passe partout. Mon preféré le "pinpin" (pervitin), certain disait le "tintin",même avec une petite dose il donnait de la joie de vivre, mais fallait -il en posséder un minimum naturellement..... 

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Dans les années cinquante tout le monde fumait on ne parlait pas du danger du tabac, çà m'étonnerait qu'on eut parlé du danger des amphétamines.

Il n'y avait pas la même approche qu'aujourd'hui par rapport au dopage, d'ailleurs on ne s'en cachait pas (Coppi avec sa bomba); les moyens étaient plus limités aussi et il n'y avait pas de contrôle.

Au début des années soixante on distribuait gratuitement du LSD dans les universités (interdit en 1966 seulement). L'héroïne existait depuis longtemps mais on ne parlait pas de ses ravages.

En 1967 avec la mort de Tom Simpson l'approche face aux produits dopants et à leurs dangers a commencé à changer avec plus de contrôles; d'ailleurs le peloton n'était pas content(descente de selle) en 1966 lors du premier contrôle antidopage et 6 coureurs positifs aux amphétamines.

Est-ce que Ferdi se dopait?On s'en fout; de toute façon Lance a du faire, à cause de son arrogance, un gros chèque avec 7 TDF dessus pour dédouaner les pratiques illicites passées ,actuelles et sans doute futures.

 

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