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Il y aura bientôt 28 ans !


Michel CREPEL

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Il y aura bientôt vingt-huit ans !


  


Il adorait le football autant que le cyclisme et son altruisme légendaire l'amenait parfois, souvent même, à répondre présent lorsque l'émotion le gagnait. Ainsi, n'hésita-t-il pas un seul instant lorsque l'on fit appelle à sa générosité à l'occasion d'une rencontre informelle de ballon rond en faveur et au bénéfice d'une association pour handicapés. Dans la nuit du 25 octobre, alors qu'il réintégrait ses foyers, soudain son véhicule quitta la chaussée. Tué sur le coup, le « Titi Parisien », Pascal Jules nous abandonnait à l'âge de 26 printemps. Fidèle lieutenant d'un autre Parisien, Laurent Fignon, il en était surtout le meilleur ami. Routier sprinter émérite, dès le début de sa carrière en 1982, Pascal éclaboussait de sa classe naissante des classiques telles Paris Bruxelles, le Tour de Lombardie ou le Tour du Piémont, qu'il terminera, en ces trois occasions, à la seconde place, derrière des cadors de cette génération comme le Néerlandais Jaak Hanegraaf, le Transalpin Giuseppe « Beppe » Saronni ou l'Espagnol Faustino Ruperez, et cela à tout juste 23 ans. Après une saison 1983 marquée par une troisième place dans la « Doyenne » Liège-Bastogne-Liège derrière le Néerlandais Steven Rooks et une nouvelle fois le « Beppe », mais devant des finisseurs tels Phil Anderson, Henk Lubberding, Fons De Wolf ou Adri Van Der Poel, le résidant de La Garenne-Colombes, à deux pas des Batignolles un des hauts lieux des « écureuils » de Paname de la belle époque, s'illustrera dans la Grande Boucle, l'année suivante. Sous la houlette d'un Laurent Fignon impérial et intouchable cette année-là, Pascal s'offrira son premier et unique bouquet sur la « Kermesse de Juillet ». En effet, en 1984, lors de la 8ème étape entre Le Mans et Nantes, le coureur de Cyril Guimard se permit le luxe de sortir en costaud et faire la nique à un peloton lancé à ses trousses. Un peloton où figuraient, tout de même, Ludo Peeters, Éric Vanderaerden, Sean Kelly ou Jan Raas, excusez du peu. Pourtant, il ne se contentera nullement d'asseoir sa notoriété sur ce coup juteux, que nenni, Pascal épaulera, par la suite de manière éblouissante son leader lors de la montée vers Crans Montana, terme de la 20ème étape. Cette étape qu'il terminera en bonne compagnie à la quatrième place permettra à Laurent Fignon de remporter définitivement sa deuxième « Grande Boucle » d'affilé. Moins en vue, les années qui suivirent, sans doute dû à des problèmes conflictuels entre Guimard et son coureur, Pascal Jules envisageait, pourtant, une résurrection éclatante en 1988. Pour ce faire, le « Gamin de la Garenne » semblait avoir ravalé sa rancœur et s'en était retourné dans le giron du « boss Bourguenaisien ». Hélas, Pascal avait rendez-vous avec son destin une nuit automnale de l'an 1987, sur la RN 13. 


Je profite de ses instants particuliers pour y adjoindre deux autres grandes pertes, et non des moindres, lors de cette, décidemment, lugubre et funeste année 1987. 


Un jour, lui le surhomme, lui, l'effronté, le revêche, le belliqueux qui s'était permis, de par sa classe, d'écrabouillé les "Moulins à Vent" de Cervantès, s'adressa à son ami Lucien Bailly "Cette fois, Lucien, je crois que ça va être très dur !" et de poursuivre "Je suis disposé à me battre jusqu'au bout pour les miens et pour moi-même, mais je n'ai plus d'armes"


De la bouche de "Maître Jacques", 54 ans à l'époque des faits, et oui mon âge, ces paroles en forme de testament résonnent toujours à mes oreilles, cruelles et lancinantes, insidieuses et perverses. Comme sur sa monture, Jacques Anquetil aura combattu le mal avec une abnégation et un courage extraordinaire. Faisant fi de toute pudeur égoïste il s'offrit, tel un cobaye, à la France entière dans le seul but d'encourager ceux qui souffraient des mêmes maux. Lucide et d'une détermination sans faille, il poursuivait ses activités à la radio et à la télévision alors que tous le savaient en proie à un cancer de l'estomac. Patron des tricolores aux Mondiaux de Villach en Autriche, il s'enorgueillit de deux titres planétaires avec les sacres de Richard Vivien, chez les amateurs et de Jeannie Longo chez les dames.


La mort du plus grand cycliste français de tous les temps, avec le "Blaireau", fut accueillie comme une catastrophe par tout un peuple soudain orphelin de son enfant le plus cher. Versatile mais nullement amnésique celui-ci lui démontrera et lui accordera la détresse et la tristesse que, généralement, on accorde aux chefs d'état adulés. Le palmarès et les hauts faits d'armes, de l'"indomptable Normand" sont légions et illustrés en nombre dans la rubrique l'"Histoire du Vélo" sur "Vélo 101". Remember, nous sommes en 65 et Jacques accompagné de "Gem" tente le pari insensé de remporter le Dauphiné et le "Derby", dans la foulée .... Ça c'était Jacques !  


Un sans grade, mais ô combien "Géant de la Route" également, suivit les traces de Jacques, victime du même mal implacable, au mois de décembre de cette triste année 87. Philippe Tesnière, un ancien du Tour, comme on disait à l'époque fut un porteur d'eau, un fidèle parmi les fidèles, un combattant de l'ombre, un équipier et un homme avec un grand H.


 


 Michel Crepel, affublé, de-ci de-là, que dis-je, de-ci, principalement, du haillon des plus poussiéreux d’ardent et indécrottable aristarque de la caste des « saute ruisseau » hexagonaux !

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