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Agression d'un cameraman par mécano Saxo-Tinkoff


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les pompiers et urgentistes qui interviennent sur des accidents grave de la route qui demandent a la police de faire un périmètre de sécurité pour ne pas êtres gênés pendant l'intervention, c'est tendu aussi comme intervention car il s'agit certaines fois de sauver une vie (et pas un maillot vert) et ils ne distribuent pas pour autant des tartes dans la gueules pour obtenir ce qu'ils demandent 😉

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Jean Robic dit «Biquet»: Tour 1947.

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"Biquet", "Tête de cuir", "Gueule Cassée", "Tête de Choux" ... il aura tout subi, tout supporté Jean Robic. Ce Breton pur souche au visage tavelé comme une pomme acide, dira de lui Pierre Chany, use ses fonds de culotte du côté de Radenac (Anv brezhonek Radeneg, pour les initiés du canton de Rahan et de Moreac dont je suis natif) "bled" de 835 âmes, aujourd'hui. Gabarit de "lilliputien" (161 cm), le Breton, nanti d'un front cabossé, d'oreilles décollées, d'un torse court mais musculeux, n'incarne pas, loin s'en faut, le champion idéal. Plus proche du faciès d'un boxeur, que de l'esthétisme d'un avaleur de macadam, il en possède, en outre, le caractère entier. Révélé par le cyclocross, dont il fut le premier Champion du monde à Vincennes en 1950, "Biquet" est un volcan en constante éruption. Doté de ressources physiques hors du commun, il alliait une énergie peu commune à des talents de grimpeur très au-dessus de la moyenne. Pour couronner le tout, il honnissait, exécrait même, la hiérarchie du moment et les athlètes sculpturaux et esthètes, type "Adonis". Toute la carrière de ce "diablotin" sera, à cet égard, émaillée d'épisodes de chamailleries légendaires plus ou moins ourdis, d'ailleurs, par une paranoïa dont il usera fort à propos. Son Tour de France 1947, remporté sans avoir porté la tunique jaune, est un exemple d'abnégation et de ténacité.

Ce Tour 1947 est, tout d'abord, celui de la reprise et Jacques Goddet, fondateur depuis 1946 du tout nouveau journal l'Equipe, a été confronté à maintes difficultés afin de remettre sur pied la kermesse de juillet. Après sept années d'errances planétaires, l'engouement du public, pour l'épreuve chère à Henri Desgrange, est pourtant énorme, et dépasse l'entendement. La frustration ressentie par celui-ci rejaillie alors sur toutes les classes de la société. En outre, l'absence du duo Transalpin Fausto Coppi et Gino Bartali conforte le "Roi René" dans un rôle de favori légitime. René Vietto, dauphin du Belge Sylvère Maes, lors de la dernière édition, en 39, n'a toujours pas vaincu le signe indien. Le "Bon Samaritain" de "Tonin le Sage" lors de la Grande Boucle 34 a, une nouvelle fois, échoué cinq ans plus tard alors que, vêtu de jaune, il fut victime d'une amère défaillance en son royaume de prédilection à savoir, la montagne. Cette fois, pourtant, le "Roi René", dont le regretté Louis Nucera fut un tifoso acharné, possède toutes les cartes en mains pour, enfin, réaliser ce que tout un peuple attend depuis des années. Au soir de la quatorzième étape, Carcassonne - Luchon, remporté, en solitaire, par Albert Bourlon, René Vietto s'est idéalement positionné en tête de la course et trône, tel un monarque, ceint de son bel habit de lumière.

Si son avance n'est pas rédhibitoire sur ses proches poursuivants Camellini, Brambilla ou Ronconi, la colonie Transalpine, voir le tricolore et équipier du natif de Rocheville Fachleitner, puisqu'elle avoisine les deux à six minutes, en revanche, le fossé creusé par l'Azuréen sur son compatriote Jean Robic et plus encore sur le Belge Impanis semble, apparemment, du domaine de l'irréversible puisque celui-ci atteint la bagatelle de vingt minutes, pour l'un, et culmine à trente minutes en défaveur du représentant d'Outre Quiévrain. Luchon - Pau, quinzième étape, le peloton est concentré sur la "carré magique" Pyrénéen. Peyresourde, Aspin, Tourmalet et Aubisque, dans l'ordre, dernières grosses difficultés de ce Tour 47 sont les derniers remparts au triomphe attendu du "Roi René". C'est alors que résonnent aux tympans de certains suiveurs les vociférations abracadabrantesques d'un coureur de l'Ouest, maillot blanc et casque vissé sur la tête, à l'aurore de l'épreuve. Fulminant de ne pas avoir été enrôlé au sein de l'équipe de France notre "Biquet" avait alors prévenu équipiers et adversaires : "Je les aurai tous !" sur un ton laissant peu de place à l’équivoque. Conscient de l'ampleur de la tâche, le Breton attaque d'entrée. Insolent de panache il entraîne dans son sillage le prompt Brambilla, alors second au général. Nous sommes dans Peyresourde. Loin de se formaliser de la présence du "suceur de roue" Italien, "Biquet" se déhanche, place une énièmes attaques et décramponne, pour le compte cette fois, le besogneux Brambilla. Jean Robic passe trois minutes avant René Vietto au sommet, pas de quoi affoler, toutefois, un clan tricolore hilare.

Pourtant, les affaires du Cannois ne sont pas des plus brillantes au sommet du Tourmalet puisqu'il accuse, maintenant, un retard de près de treize minutes sur l'"Express du Morbihan". A noter qu'à ce moment précis de la course, Brambilla, à huit minutes du Breton au sommet du Tourmalet, est virtuellement maillot jaune. "Biquet" est irrésistible, il vole le "petit chose". Pour les plus jeunes, j'avouerai humblement qu'il y a du "Blaireau" dans "Biquet". Le "Roi René", hissé sans vergogne au sommet du Soulor par une marée humaine entièrement acquise à sa cause, ne rend, nullement, les armes et se bat avec sa machine comme un beau diable. Poussé dans ses derniers retranchements, au bord de l'asphyxie, Vietto jette toutes ses dernières forces dans la bataille. Il rejoint successivement Ronconi, Lazaridès puis au bout du rouleau, ivre de fatigue, il parvient, néanmoins, à recoller au duo Brambilla - Fachleitner. Le groupe de cinq, reconstitué, se lance alors à la poursuite de "Biquet'. En pure perte, bien évidemment, puisque notre Breton coupera la ligne plus de dix minutes avant le petit groupe de poursuivants dont le sprint pour la deuxième place reviendra à ...René Vietto, l’indomptable ! Au soir de cette quinzième étape Jean Robic n'est plus, si l'on ose dire, qu'à neuf minutes du Cannois. Reste le contre le montre de Vannes à St Brieuc pour départager, si besoin était, les deux Français, mais lorsque l'on connaît les aptitudes de Vietto pour ce genre d'exercice on ne loue plus guère les chances de Robic d'inverser la tendance.

Lors de cette 19ème étape, il va se produire, pourtant, une chose invraisemblable, une situation "ubuesque" que seul le vélo, en général, et le Tour, en particulier, génèrent à torrent. René Vietto doit, impérativement, profiter de ce chrono pour creuser, définitivement, les écarts sur ses poursuivants. Bien en phase avec sa machine, il va s'enquérir, auprès de Jean Leulliot, des écarts lorsqu'il aperçoit sur le bas-côté de la route un accident. Une moto s'est vautrée sur le macadam et le conducteur de celle-ci gît, inanimé et maculé de sang, dans le fossé. Le "Roi René" blême comme un linceul terminera les cent trente-neuf bornes en roue libre à plus de quatorze minutes de Raymond Impanis. A l'arrivée, il eut cette remarque bien dans la tradition du personnage. A quelqu'un qui s'inquiétait sur sa motivation à terminer le Tour, le "Roi René" lui retourna prestement, tel un soufflet : "Abandonner, qui parle d'abandonner, vous n'y pensez pas ? Un Vietto n'abandonne pas, il se retire !" Alors que s'est-il passé lors de ce chrono de légende ? Est-ce la vue de ce motocycliste ensanglanté sur le bord de la route ou bien, comme le suppose Louis Nucera dans la biographie du "Roi René", serait ce, plutôt, l'absorption d'une mixture (50% de bière et 50% de cidre) offerte, gracieusement, par un outragé en cours d'étape ? Finalement comme le suggérera, justement, Pierre Chany, l'histoire ne retiendra sans doute pas le fait comme l'un des éléments décisifs de l'affaire, pour autant qu'il y ait eu vraiment attentat.

Au soir de cette étape d'anthologie et à deux jours de l'arrivée à Paris, Pierre Brambilla porte le maillot jaune avec moins d'une minute d'avance sur son compatriote Ronconi. Jean Robic est troisième mais à près de trois minutes de l'Italien. Plus que ces trois minutes concédées depuis le départ du Palais Royal à Paris, c'est l'absence totale de difficulté qui semble vouer, inexorablement, le Breton à la troisième marche du podium final. A la veille de l'arrivée dans la capitale, les positions sont inchangés et l'on voit, alors, assez mal comment la situation pourrait se décanter favorablement pour nos Français, placés certes, mais ô combien éloigné du "Graal" alors qu'il ne reste que les deux cent cinquante-sept bornes de Caen à Paris dénués de toutes difficultés dignes de ce nom. Les premiers instants de l'étape voient sept hommes prendre le large. Parmi eux figurent le "dernier des Flandriens" Alberik "Brik" Schotte, flahute convaincu, et le Français Lucien Teisseire, équipier de Fachleitner et de Vietto au sein de l'équipe de France. A la sortie de Rouen, aux abords de l'anodine côte de Bonsecours, "Biquet" produit, alors, une accélération ahurissante qui a pour effet de faire exploser un peloton en "goguette". C'est l'ultime chance du Breton de changer la face de ce Tour. Les traits déformés par la souffrance et l'effort inouï qu'il vient de produire, Robic malmène rudement sa monture et sa pédalée saccadée et à l'énergie, à ne jamais montrer dans les écoles pour puristes, rend la scène démoniaque. Dans sa quête de Ko, il n'a pas aperçu Fachleitner et un peu plus loin Brambilla qui tente de le rejoindre.

Le Provençale de l'équipe de France parvenu à sa hauteur prend les choses en main et tente, un moment, de s'envoler seul et, ainsi rejoindre Teisseire à l’avant. Mais c'était mal connaître "BIquet" que de vouloir l'abandonner ainsi après tous les sacrifices consentis dans Bonsecours. Désormais, en effet, pour l'un comme pour l'autre, décramponner Brambilla est la seule chose qui compte, après on verrait. Cette association hétéroclite a pour effet soudain, dans un premier temps, de rejeter le maillot jaune au sein du peloton. Isolé, ne bénéficiant de l'appui que du seul Pierre Tacca, Brambilla semble à l'agonie. On murmure d'ailleurs dans le peloton que les "Transalpins" ne verraient pas d'un bon œil la victoire de leur condisciple à Paris. A mi-course, l'avance du duo infernal sur le maillot jaune est grimpée à trois minutes. A l'avant de la course Lucien Teisseire, Brik Schotte, Bernard Gauthier et consorts ouvrent la route de concert. C'est à ce moment précis que Léo Véron demande instamment à Teisseire de se laisser glisser et d'attendre Fachleitner, sacrifiant, sur l'autel de la stratégie aléatoire, la victoire d'étape au profit d'une hypothétique mais bien réelle, néanmoins, victoire finale dans la Grande Boucle. A cent bornes de Paris, environ, les deux Français opèrent la jonction avec Teisseire.

S'en suit une multitude de démarrages de Fachleitner, convaincu qu'avec l'appui de son nouveau compagnon il fera plier "Tête de cuir". Le Breton répond présent à chaque attaque du Provençale. Enfin, c'est au tour de Teisseire de poser une mine. Seulement là, mon "Biquet", qui sent le coup foireux à cent lieues à la ronde, ne bouge pas une seule de ses deux feuilles de choux. Le scénario se reproduit, pourtant, à l'infini mettant dans une rogne sans nom le Breton. A ce sujet, Pierre Chany écrira alors, que Robic et Fachleitener eurent ce conciliabule sulfureux : "Tu ne peux plus gagner le Tour, je ne te laisserai pas partir, cohabitons et je te verserai cent milles balles". Fachleitner aurait répondu par l'affirmative, et, comme par enchantement, la hache de guerre s'enterra d'elle-même. Seul un incident de course aurait pu "résilier" le "contrat". Hors, en dehors d'une dernière salve, pour l'esprit, dans la côte du Cœur Volant, rien ne viendra plus interférer dans la marche triomphale de "Biquet" vers Paris. Jean Robic ne regagnera plus jamais la Grande Boucle même s'il s'échinera encore et encore à réaliser de grands raids dévastateurs dans les massifs montagneux. Ainsi lors du Tour 52 remporté par le "Campionissimo", "Biquet" terminera cinquième à Paris. Et bien notre "joyeux drille", invoquera, paranoïa oblige, tous les artifices fallacieux dont partenaires et adversaires auront usé pour lui faire perdre l'épreuve.

Tous y passeront, Nello Lauredi, son équipier "Italien" de l'équipe de France, Marcel Bidot, le "patron" de celle-ci, "Stan" Ockers, Fausto Coppi, lui-même, et les commissaires de course. Tous auront droit aux gratifications d'usage même Louison Bobet, absent cette année-là, pour qui le fait d'être natif d'Iles et Vilaine n'en faisait pas, par conséquent, un vrai Breton. Voici, en résumé, le portrait de cet autre "Blaireau" qui, malgré un physique ingrat agrémenté d'un caractère de "goret", enchantera les foules de l'après-guerre et dieu sait si celle-ci en avait besoin.

 

 

Michel Crepel

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